Possibilités infinies, chapitre 1 B
Chapitre 1 B
Cassie grimaça en
entendant un autre miaulement plaintif en provenance de la boîte de transport
suspendue à sa main droite. Bagheera était connu pour être pénible en voyage
surtout quand il s’agissait de téléportation. Il avait déjà souffert le saut de
Brisbane à San Francisco ce matin, sans mentionner l’indignité d’être laissé
dans une pièce de stockage pendant que Cass recevait ses ordres officiels et
ses instructions.
L’officier de Starfleet
n’était pas pressée de faire le petit saut jusqu’à la station McKinley et, si
le gémissement pathétique que produisait le chat était une indication, elle
allait passer une grande partie du mois à venir à se faire pardonner.
Elle se tenait dans la
queue devant le téléporteur, souhaitant avec ferveur que les prochaines heures
soient vite passées. S’ajuster à un nouveau vaisseau était toujours
déconcertant et elle avait hâte que les formalités soient finies et qu’elle
puisse mordre sa nouvelle affectation à pleines dents.
« Suivant ! »
Cria le chef du téléporteur et Cass s’avança. Le vétéran aux cheveux
grisonnants lui jeta un coup d’œil. « Bonjour, Lt. », dit-il. « Z’allez
où ? »
« McKinley,
Chef », répondit-elle en lui tendant une feuille de réquisition pour le
saut.
« Miiiiiiiiiiiiiaaaaaaaaoooouuuu. »
Le gémissement triste sortit de la boite et Cass leva les yeux au ciel.
« Baggiiiee »,
dit-elle d’un ton plaintif. « C’est bon, mon gars. On arrive
bientôt. »
Le chef du téléporteur
jeta un coup d’œil par-dessus son bureau élevé vers la boite dans sa main.
« Ah, content qu’il se soit fait connaître, Lt. Je n’aurais pas voulu
l’oublier par erreur. »
Cass sourit
inconsciemment. Mon Dieu, faites qu’il n’y ait personne qui m’attende de
l’autre côté, pria-t-elle. Je veux juste rejoindre mes quartiers et
l’installer. Et m’installer, admit-elle silencieusement. Les dernières
vingt-quatre heures avec ses parents avaient été rudes, car ils avaient réussi
à appuyer sur chacun de ses boutons sensibles. Cass se sentait déséquilibrée de
ce fait, ronchon et sur les nerfs.
« Montez là-dessus,
Lt. », dit le chef joyeux. « On va vous emmener là-bas en moins de
temps qu’il n’en faut pour le dire. »
Cass prit son étui à
guitare et le passa sur son épaule, puis elle fit de même avec le seul petit sac
qu’elle avait emballé. Ensuite elle et le chat montèrent les deux marches de la
rampe de téléportation. « Prête à votre signal, Chef »,
marmonna-t-elle.
« Energie. »
Le monde de Cassie
disparut en une cascade d’étincelles dorées. Dans les quelques secondes qu’il
fallut à ses atomes pour traverser l’éther, elle éprouva la sensation familière
de déconnection et elle entendit un autre miaulement effrayé de Bagheera. Elle
commençait à peine à former les mots destinés à calmer le félin que tout fut
terminé et ils étaient en sécurité sur la rampe de téléportation sur McKinley.
Et là, pour les attendre,
se trouvait le Capitaine Kathryn Janeway.
Bon
sang, pensa Cass en se
forçant à sourire poliment tandis que le petit officier s’avançait pour
l’accueillir. Depuis quand le capitaine accueille-t-il personnellement un
officier subalterne.
« Lieutenant. »
Janeway salua de la tête et tendit la main. Cass fit passer Bagheera dans sa
main gauche et rendit la poignée de main, tressaillant lorsque le chat reprit
sa série de hurlements.
« Capitaine »,
marmonna-t-elle avec embarras. « Désolée pour ça. Il déteste être en
cage. »
Janeway sourit d’un air
désarmant et se plia en deux pour regarder dans la boite.
« Ne vous inquiétez
pas, Lt. J’avais hâte de rencontrer notre premier passager. » Elle tendit
un doigt parfaitement manucuré et gratta avec précaution le félin malheureux
sous le menton, un mouvement qui le calma immédiatement. « Salut, jeune
homme », dit-elle d’une voix charmeuse, ce qui lui valut un sourcil dressé
de la part de sa nouvelle pilote. « J’imagine que tu meurs d’envie de
sortir de là et de t’étirer les pattes, n’est-ce pas ? Il s’appelle
comment, Cass ? »
« Bagheera »,
répondit le lieutenant en se posant des questions sur ce capitaine de vaisseau
qui prenait de son précieux temps pour faire ami-ami avec un chat étranger.
« Ahhh,
Kipling », répondit Janeway, en continuant à gratter l’animal qui
ronronnait maintenant bruyamment. Oh Baggie, qu’est-ce que tu peux être
bêcheur, pensa Cass. « La panthère noire. Oui, ça lui va plutôt
bien. » Le capitaine se redressa et sourit à Cass à nouveau. « Venez,
Lt. On va vous embarquer tous les deux sur Voyager et vous pourrez vous
retrouver. »
Une heure plus tard, Cass
était sur le canapé de ses nouveaux quartiers sur le vaisseau, ses longues
jambes allongées, les pieds posés sur la table basse de salon. Bagheera était
blotti sur ses genoux et ronronnait d’un air ensommeillé. Il avait passé cette
dernière heure à explorer son nouveau foyer pendant que Cass déballait et essayait
de rendre l’espace de Starfleet standard plus personnel. Elle jeta un coup
d’œil autour d’elle, vaguement satisfaite de ce qu’elle avait fait avec les
meubles et le peu d’affaires qu’elle avait apportées avec elle. D’un air
absent, elle gratta la tête du chat.
Pas
mal, songea-t-elle. Plus
grand que mes quartiers sur le Moonshadow, et de loin. Je ne m’attendais pas à
ça sur un vaisseau plus petit. Je présume que c’est une promotion dans le
monde.
Cass savait qu’elle avait
environ cinq heures avant de devoir se rendre à une réunion des officiers
supérieurs. Je pourrais passer ce temps à rattraper mon sommeil d’hier soir,
se conseilla-t-elle. Ou bien je pourrais partir en exploration. Le chat
prit la décision pour elle en s’étirant et en s’endormant profondément sur ses
cuisses. Elle sourit avec affection. Il est temps de faire une sieste, acquiesça-t-elle
en posant la tête sur le dossier du canapé et en fermant les yeux. Pour une
heure ou deux seulement.
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Lis Dayton passa son
nouveau bureau en revue avec satisfaction. Jusqu’ici le Voyager avait été une
surprise très plaisante et elle commençait soudain à voir combien le travail
dans l’espace pouvait représenter une gageure. Et ça lui plaisait bien. Le bureau
était spacieux et approprié pour une étude de conseiller, les couleurs étaient
fraîches et neutres, apaisantes. Le long d'un des côtés, il y avait une vitre
panoramique qui, à cet instant, offrait une vue spectaculaire de la Terre
Elle fit le tour en
plaçant quelques babioles personnelles et accrochant des choses aux murs, tout
en pensant aux ajustements qu’elle allait devoir faire les prochaines semaines.
Ça
fait longtemps que je n’ai pas été responsable de la santé mentale de
l'équipage de tout un vaisseau, songea-t-elle
en faisant glisser la photo d’elle et de Nick en lune de miel sur son bureau.
Comme tout le département de psychologie de l’Académie, Lis avait pris son tour
pour diriger le centre de conseil pour les étudiants plusieurs fois par mois.
Mais il y avait une grande différence entre traiter les traumatismes de jeunes
adultes quotidiennement à l’école et la réalité d’événements, parfois
catastrophiques à bord d’un vaisseau spatial. C’est un état d’esprit
totalement différent, songea-t-elle.
Elle devait admettre
qu’elle était un peu impressionnée. Il n’y avait que 140 personnes à bord du
Voyager, mais c’était le boulot de Lis de les connaître tous, d’essayer
d’anticiper les problèmes avant qu’ils n’arrivent. Il valait mieux commencer
tout de suite, pensa-t-elle en soupirant.
« Ordinateur,
combien de temps avant la réunion des officiers ? »
« Une heure, 17
minutes », répondit la douce voix féminine de l’ordinateur de bord.
« D’accord »,
murmura Lis en s’asseyant devant son bureau avant de rapprocher son terminal.
« Ordinateur, accès au fichier du personnel du USS Voyager, code de
sécurité personnel omega, trois, deux, deux, un. »
« Accès en
cours. »
Elle regarda le manifeste
de l’équipage s’afficher sur son écran, une longue liste de noms, de rangs et
d'exploits. Lis soupira.
« Je ferais aussi
bien de commencer par le haut », murmura-t-elle en appelant le fichier du
Capitaine Janeway. Elle se radossa dans son fauteuil et commença à lire.
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Lis fixait le nom sur
l’écran.
LANSDOWN, Lt. Cassandra
P.
Une profonde panique
parcourut la colonne vertébrale de la psychologue et elle se frappa le front,
soudainement devenu froid et humide.
« Oh mon
Dieu », murmura-t-elle. Ça ne peut pas arriver. Elle déroula
rapidement les éléments du passé récent de Cass, réalisant avec étonnement que
le jeune lieutenant avait été choisie pour cette affectation et serait le chef
de la sécurité pour la première partie de la mission. Lis se couvrit les yeux
des deux mains, luttant contre une vague montante de panique qui menaçait de
lui retourner l’estomac. « Oh mon Dieu, oh mon Dieu, oh mon Dieu. »
Dans un autre sursaut,
elle calcula qu’elle allait se trouver face à l’objet de sa consternation dans
moins de 10 mn. Et ce ne sera pas tout, pensa-t-elle en essayant de
reprendre le contrôle de son anxiété. Elle fait partie des officiers
supérieurs. C’est un petit vaisseau. On va se croiser pratiquement chaque jour.
Elle déglutit. Nick va la croiser pratiquement chaque jour. Elle appuya
fortement sur ses yeux pour éloigner la nausée.
Et il y avait autre
chose. Une lueur de quelque chose d’autre qu’elle ne voulait pas regarder de
trop près. Une étincelle de sentiment qu’elle pensait éteinte pour toujours. Vingt-six
mois, songea-t-elle. Ça fait vingt-six mois que j’ai dit à Cass que
j’arrêterais de croire en notre amour si je devais le faire pour survivre. Mais
était-ce pour mon bien ou pour le sien ?
Cass avait été très en
colère, très blessée par leur rupture, elle le savait. Mais peut-être que
cela lui permis de me laisser partir plus facilement ? Est-ce que j’ai
vraiment cessé de croire ?
Lis secoua la tête et
reprit ses esprits. Arrête ça, se morigéna-t-elle. Maintenant, plus
que jamais, tu dois arrêter ça. Cass est passée à autre chose sans aucun doute.
Tu ne peux pas revenir en arrière. Elle se leva et décrocha sa veste
d’uniforme du dossier de la chaise. Elle passa les bras dans le vêtement en
allant vers la porte de son bureau.
Seigneur,
Nick va être dévasté,
songea-t-elle, soudainement triste à l’idée que l’excitation durement gagnée de
son mari allait être gâchée par la connaissance de la présence de Cass aussi
près. Elle essaya de calmer son esprit en montant dans le turbolift. Je me
demande si elle est aussi belle que je m’en souviens…
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Cass se réveilla si brusquement
qu’elle en haletait et elle fit fuir le chat vers la sûreté de la chambre à
coucher. Elle lutta plusieurs secondes pour se souvenir de l’endroit où elle
était tandis que son cœur menaçait de lui sortir par la gorge. Elle n’avait
aucune idée de combien de temps elle avait dormi, ni de ce qui l’avait
réveillée. La nausée au creux de son estomac lui dit qu’il y avait toutes les
chances pour qu’elle soit en retard à sa première réunion d’officier du
Voyager. Elle se tortilla rapidement pour attraper sa veste et ses bottes
tombées sur le sol.
« Ordinateur,
combien de temps avant la réunion des officiers ? » Elle enfila une
botte, sautillant dans toute la pièce en essayant de garder son équilibre.
« La réunion des
officiers commence dans trois minutes et demie », répondit l’ordinateur.
« Merde »,
marmonna Cass. Finalement, la botte et sa jumelle furent enfilées et elle
courut vers la porte, freinée par une réalisation soudaine. « Ordinateur,
où se tient cette foutue réunion des officiers supérieurs ? » Demanda-t-elle
avec agacement.
« Dans la salle de
conférence au niveau de la passerelle. »
Cass fonça hors de ses
quartiers pour entrer dans les couloirs quasi-inconnus de son nouveau vaisseau.
Elle jeta un coup d’œil à gauche et à droite pour repérer le turbolift le plus
proche. Elle en vit un tout au bout du couloir qu’elle emprunta à petit trot,
reconnaissante quand les portes s’ouvrirent à son approche, laissant sortir un
jeune enseigne. Cass se glissa à l’intérieur et s’appuya avec gratitude contre
la cloison.
« Salle de
conférence numéro un », murmura-t-elle, sachant que le turbolift
l’amènerait le plus près que possible de sa destination.
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Janeway regarda tour à
tour les membres de son équipe assemblée. Ils étaient tous relativement jeunes
à l’exception du Premier Officier, le commandeur Cavit, un vétéran roublard qui
avait placé une requête spéciale pour rejoindre le Voyager. Et toi, Katie,
songea-t-elle ironiquement, tu peux difficilement te qualifier de bleue dans
cette assemblée.
Un enthousiasme reflété
par des yeux brillants l’accueillit tandis que son regard balayait la pièce. Le
capitaine avait opté pour que cette réunion soit plutôt informelle et un jeune
enseigne jouait les serveurs et passait des plateaux de boissons et de petits
fours.
Le
Cocktail du Capitaine,
pensa Janeway avec autodérision. Peut-être qu’on devrait faire ça
régulièrement. Elle jeta un nouveau coup d’œil circulaire. Il manque
quelqu’un, nota-t-elle avec un peu d’irritation. Qui… ah… Le lieutenant
Lansdown passa la porte à toute vitesse, ses cheveux noirs flottant autour
d’elle.
« Toutes mes
excuses, Capitaine », murmura le jeune officier, en baissant ses yeux
éblouissants avec embarras. « J’ai été un peu retenue. »
Janeway fit un geste élégant
de la main pour excuser son retard.
« Ne vous inquiétez
pas pour ça, Lt. », dit-elle d’un ton détaché. « Nous nous sentons
tous un peu déconnectés quand nous nous installons. » Elle amena
l’officier par le coude vers un groupe près de la vitre. « Mais le
principal, c’est que nous sommes à quatre heures du lancement et ce serait bien
que nous puissions faire connaissance les uns des autres assez vite. »
Elle s’arrêta devant un homme grand et distingué, au regard marron sérieux.
« Cass, voici notre Premier Officier, John Cavit. John, voici Cassandra
Lansdown, notre chef de la sécurité intérimaire jusqu’à ce que nous retrouvions
le Lt. Tuvok. Ensuite elle sera l’un de nos pilotes. »
Cass serra la main de
l’officier supérieur.
« Monsieur. »
La jeune femme brune se sentait un peu déconcertée par son réveil abrupt et
tous les visages nouveaux autour d’elle. Mais elle avait appris par expérience
que d’avoir l’air confiant faisait gagner la moitié de la bataille. Et être
plus grande que pratiquement tout le monde dans la pièce ne faisait pas de mal
non plus, se dit-elle, tout en souriant et en serrant la main de plusieurs
autres officiers dans le groupe de Cavit.
« Et voici notre
conseillère. » Le capitaine fit tourner Cass. La grande femme finit un
échange en riant avec le Premier Officier avant de tourner le regard vers la
personne que le capitaine lui présentait. « Lt. Lansdown, je vous présente
le Dr Elisabeth Dayton. »
Cass y repenserait plus
tard en se disant qu’il était miraculeux qu’elle ne se soit pas effondrée là,
morte sur le coup. Un regard vert droit mais attristé s’était levé vers elle et
une petite main, trop familière s’était enroulée autour de la sienne dans une
poigne ferme. A l’intérieur, Cass était abasourdie, ses pensées et ses émotions
tourbillonnaient. Mais ces deux années au fond de l’espace seule, avec sa
douleur n’avaient pas été complètement inutiles.
Les yeux bleus, froid
comme des glaçons, se vidèrent de même la plus petite lueur d’amitié à
l’encontre de la psychologue.
Mon
Dieu, pensa Lis en serrant la
main du grand lieutenant rapidement. Qu’est-ce que je lui ai fait ? « Je
suis contente de vous revoir, Cass », dit-elle d’un ton hésitant en
laissant retomber sa main sur le côté.
« Docteur »,
répliqua Cass d’un ton sec.
« Vous vous êtes déjà
rencontrées ? » Demanda Janeway vaguement consciente que les choses
n’étaient pas franchement cordiales entre les deux officiers.
« Oui,
Capitaine », dit la plus grande des deux femmes. « Quand je me suis
trouvée entre deux missions, j’ai été rattachée à l'amiral Paris à l’Académie
pour une courte durée. » Cass regarda par-dessus l’épaule de son
commandant et repéra le jeune Paris qui parlait au Lt. Stradi, le troisième
pilote du Voyager. « Si vous voulez bien m’excuser, il faut que je parle aux
deux autres pilotes. » Avant qu’aucune des deux femmes n’ait le temps de
protester, Cass sortit du groupe et se dirigea vers les eaux plus sûres des
officiers subalternes.
Janeway se tourna vers sa
conseillère.
« Les choses iront
certainement plus vite si vous vous connaissez déjà », dit-elle d’un air
plaisant, en offrant un autre cocktail à Lis au passage du serveur.
« Merci »,
murmura celle-ci en prenant le verre. « Je ne suis pas sûre que ce sera
d’une grande aide, Capitaine. Mais je vous promets que ce ne sera pas un
obstacle. »
Janeway haussa un sourcil
élégant et fixa la jeune femme blonde de son regard gris acier.
« Est-ce que je veux
connaître les détails ? » Demanda-t-elle.
Lis sourit tristement,
mais regarda son nouveau capitaine droit dans les yeux avec confiance.
« Non,
madame », répondit-elle fermement. « Je suis certaine que ça ne
posera pas de problème. »
Janeway hocha la tête,
refoulant le sujet de son esprit, sachant que le professionnalisme des deux
officiers de Starfleet prendrait soin des antécédents qui existaient entre
elles.
« Et votre mari, son
installation ? » Demanda-t-elle en notant que Lansdown revenait vers
elles.
Lis suivit son regard et
se blinda en regardant Cass approcher prudemment. Seigneur, elle est
toujours aussi superbe que dans mon souvenir, songea-t-elle avec nostalgie.
La silhouette sombre et élancée s’arrêta près de l’épaule gauche du capitaine,
évitant soigneusement le contact visuel avec la psychologue. Réponds à la
question, Lis, se rappela la jeune femme blonde.
« Il est très
heureux, merci Capitaine », dit-elle vivement. Mais j’ai le mauvais
pressentiment que ça ne va pas durer, admit-elle tristement pour elle-même.
« Excusez-moi,
Capitaine », murmura Cass. « Si ça ne vous ennuie pas, j’aimerais
aller rencontrer les différentes équipes de sécurité avant que nous
partions. »
Janeway hocha la tête,
notant à nouveau le bizarre frisson de tension entre les deux femmes. Elle
soupira intérieurement. Rien n’est jamais très facile.
« Bien entendu,
Lt. », répondit-elle. La grande femme tourna les talons et quitta la salle
de conférences sans même un regard pour Lis. Janeway retourna son attention
vers la jeune blonde et lui sourit. « Elle va aller loin, je pense »,
dit-elle. « Du moins, j’ai de grands espoirs. »
Lis hocha la tête, ressentant
un pincement étrange de fierté au compliment de l’officier à l’égard de Cass.
« C’est une personne
très spéciale, Capitaine », répondit-elle doucement.
Le regard gris soutint le
sien pendant de longues secondes.
« J’ai bien cette
impression, Docteur », dit tranquillement le capitaine.
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Cass se tenait dans la
pénombre de son bureau, les coudes posés sur la table, le visage enfoui dans
ses mains. Elle tremblait de la tête aux pieds, l’effort consenti pour survivre
au cocktail du capitaine sans même remuer un sourcil, ayant fini par avoir eu
raison d'elle.
« Je suis coincée
dans un foutu cauchemar », marmonna-t-elle sans viser personne. Et
comment ça a pu arriver, Bon Dieu, se demanda-t-elle. Et si ce que j’ai
entendu est correct, il est ici aussi. « Ça va être génial, je
sens ? » Cass se sentait nauséeuse et elle savait bien que le
tremblement dans ses mains était dû au choc.
Et
à la colère, reconnut-elle. Deux
années passées aux confins de l'espace et elle me réduit à une épave tremblante
en cinq minutes à peine. Je suis toujours furieuse contre elle depuis tout ce
temps. « Comment est-ce possible ? » dit-elle d'un ton suppliant
à la pièce vide. Bon Dieu, comment est-ce que ça va bien pouvoir
marcher ?
Le son audible d'un carillon
annonça l'arrivée de quelqu'un de l'autre côté de la porte du bureau.
Seigneur,
faites que ce ne soit pas elle, s'il vous plait, pensa Cass. « Entrez »,
cria-t-elle, en espérant ne pas avoir l'air aussi tremblant qu'elle se sentait.
Elle passa les doigts dans ses mèches rebelles et se mit au fond de son
fauteuil tandis que les portes s'ouvraient, admettant un des jeunes enseignes
assignés à sa section. Merci.
« Les équipes de
sécurité sont là, Lt. », dit l'enseigne diligent.
Cass soupira et chercha
le bandeau dans sa poche. Elle se leva et commença à rassembler sa chevelure
dans une queue de cheval plus gérable, tout en suivant l'enseigne vers la salle
d'instructions principale du département de sécurité. Reprends-toi, Lansdown,
se dit-elle fermement. Fais ton travail. Elle jeta un coup d'oeil au
groupe des officiers qui se trouvaient tous sous sa responsabilité , du moins
jusqu'à ce que le redoutable Tuvok soit de retour à bord. Survis au mois qui
vient, fais ton travail, demande un transfert et fiche le camp loin de ce
vaisseau et d'elle.
« Très bien, passons
en revue les rotations de périodes », dit-elle en leur faisant signe de
s'asseoir tandis qu'elle s'avançait vers l'avant de la pièce. « Ensuite,
nous parlerons de ce qui nous attend dans les Badlands. »
Va
au Diable, Lis Dayton.
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Lis faisait nerveusement
les cent pas dans les quartiers qui leur avaient été assignées à Nick et à
elle. Son mari allait passer la porte d'une minute à l'autre maintenant et il
faudrait qu'elle lui dise que Cassandra était à bord. Il n'y avait aucune
raison de le lui cacher, pensa-t-elle en réarrangeant quelques décorations sur
la table du dîner de la salle à manger.
Regardez-moi.
Réalisant combien elle
était anxieuse, elle prit un padd et alla au canapé placé sous la fenêtre. Voyager avait décollé quelques
heures plus tôt et le champ de distorsion qui entourait le vaisseau déformait
l'espace étoilé en faisceaux de lumière argentée. Elle les fixa pensivement,
essayant de laisser leur mouvement précipité l'apaiser.
Quel
gâchis, elle soupira. Cass est
toujours furieuse contre moi, Nick va recommencer à me surveiller comme un
faucon et à soupçonner tout ce que je vais faire, et Janeway sait déjà qu'il se
passe quelque chose. Elle rit doucement à l'ironie de tout ça. Et moi
qui ne voulais pas être ici au départ. Elle se frotta le visage d'une main fatiguée. Je
ne peux pas gagner.
Elle entendit le
sifflement de la porte et se tourna pour accueillir son mari. Un regard sur son
visage et elle sut que la bonne nouvelle lui avait déjà été annoncée. Il avança
dans la pièce, les bras ballants, toute l'excitation de la journée partie de
ses yeux.
Lis se leva et s'avança
vers lui en silence.
« Tu
savais ? » Murmura-t-il d'une voix rauque, mettant les bras devant
lui pour la repousser quand elle avança la main vers lui. Lis se tint devant
lui, impuissante, et secoua la tête.
« Pas jusqu'à dix
minutes avant la réunion des officiers supérieurs », répondit-elle. Ses
grands yeux marron la regardaient, emplis de larmes. « Nick, je te le
jure. Comment aurais-je pu savoir ? »
Il continua à la fixer
jusqu'à ce qu'elle soit forcée de baisser le regard, la bonne vieille
culpabilité la rongeant. Il finit par passer près d'elle et aller sans énergie
dans leur chambre à coucher sans un mot de plus.
Je
fais quoi maintenant ? Se
demanda Lis en regardant son mari se laisser tomber sur leur lit. Il se blottit
en position foetale en lui tournant le dos. Rien de ce que je pourrais dire
ne le fera se sentir mieux. Je ne peux rien changer aux choses, pas plus qu'il
y a deux ans, ni au fait que nous sommes coincés sur ce vaisseau avec Cass pour
le mois à venir.
Elle alla calmement dans
la chambre sombre et grimpa sur le lit, puis elle s'enroula autour du corps
mince de son mari.
« Je suis
désolée », murmura-t-elle. « Je suis désolée de t'avoir blessé et je
suis désolée que ça revienne nous hanter. » Elle glissa les bras autour de
sa taille et posa le front sur sa nuque. « Je ne sais pas quoi dire
d'autre, Nick. »
Elle savait qu'il
pleurait, le son de sa respiration comme un coup de poignard dans son coeur.
« T-tu l'aimes
toujours ? » Balbutia-t-il.
Oh
Seigneur, Nick, ne me demande pas ça.
Lis grogna intérieurement. Comment puis-je répondre sans mentir ou te
blesser ? Elle soupira profondément.
« Je ne sais pas
comment répondre à ça, mon amour », répondit-elle aussi honnêtement que
possible, sachant que ce n'était pas ce qu'il voulait entendre. « Tu sais
ce que je ressentais pour elle à l'époque et, pour être honnête, j'ai essayé
très fort de ne pas y penser depuis. Tu sais que je... que je ne... » Elle
lutta pour trouver les mots pour les émotions qu'elle ressentait.
Nick soupira, une
expiration profonde et tremblante.
« Je sais que tu ne
tombes pas amoureuse facilement », murmura-t-il et il sentit son hochement
de tête d'affirmation derrière lui. « Dieu sait qu'il m'a fallu assez
longtemps pour te convaincre de m'avoir » Elle le serra brièvement.
« Ne fais pas ça,
Nick », dit-elle.
« Mais c'est
pourtant vrai », répliqua-t-il et elle pouvait entendre la note triste de
résignation dans sa voix. « Et je sais ce que tu ressens... ressentais...
pour elle. » Il appuya sur les mots avec une pointe d'amertume. « Je
n'ai aucune chance. »
« Ce n'est pas
vrai », dit Lis violemment, en lui tirant l'épaule pour le faire se
retourner jusqu'à ce qu'il soit sur le dos. Elle le regarda et essuya les
larmes sur sa joue. « Je suis là, non ? J'ai rompu avec Cass et je
suis restée avec toi parce que je t'aime et que je veux que notre mariage
fonctionne. Ce que nous avons construit importe pour moi. »
« Mais elle est
celle avec laquelle tu veux vraiment être », persista-t-il.
« Comment peux-tu
dire ça ? » Implora-t-elle. « C'est une coïncidence que nous
soyons sur le même vaisseau, Nick. Une coïncidence. Et ça n'est que pour un
mois. Ensuite nous demanderons un transfert le plus loin possible de Cassandra.
Bien qu'à en juger par la colère qu'elle semble encore avoir à mon égard, je
présume qu'elle va déposer sa demande de transfert bien avant nous. »
Mais Nick ne semblait pas
prêt à être apaisé aussi facilement.
« En colère ?
Et de quoi elle, elle pourrait bien être en colère, bon sang ? »
Lâcha-t-il en roulant hors du lit pour aller s'asseoir dans un fauteuil dans le
coin. Il s'y laissa brutalement tomber. « Elle a eu ce qu'elle voulait,
elle. »
Lis secoua la tête
lentement, en souhaitant pouvoir expliquer qu'il n'y avait eu aucun vainqueur
dans cette situation, au bout du compte.
« Elle ne l'a pas
eu. Aucun de nous ne l'a eu. » Elle alla se mettre au bout du lit et
s'assit en face de son mari, les coudes sur les genoux. « Je lui ai fait
beaucoup de mal, comme à toi. » Elle le regarda et nota sa mâchoire serrée
et son front plissé. « Et elle est en colère, tout comme toi »,
dit-elle doucement.
Il se tourna pour la
regarder, ses yeux rougis et sinistres.
« Je me fous pas mal
de ce qu'elle ressent, Lis », marmonna-t-il.
Elle hocha la tête.
« Je
comprends », répondit-elle calmement. « Mais le fait est que si nous
devons coexister durant le mois qui vient, j'aimerais pouvoir te dire que nous
allons rester loin l'une de l'autre, mais nous faisons toutes les deux partie
de l'équipe de commandement et c'est un petit vaisseau. » Elle
s'interrompit, sachant que le plus difficile était à venir. « Il faut que
tu me fasses confiance, Nick. »
Son mari ne dit rien. Il
finit par se lever et alla dans la salle de bains. Après un instant, Lis put
entendre la douche couler.
« Ça aurait pu être
pire », murmura-t-elle à personne en particulier. Epuisée par le tourbillon
d'émotions de la journée, elle enleva son uniforme et passa un vieux tee-shirt
qu'elle utilisait pour dormir. Elle réalisa avec choc qu'il appartenait
autrefois à Cass. Je pense que je ferais mieux de ne pas le dire à Nick,
songea-t-elle en se glissant entre les draps de coton bleu Starfleet.
Les bruits dans la salle
de bains s'arrêtèrent et Nick entra, une serviette autour de la taille. Lis le
regarda en silence se préparer et enfiler un pantalon de pyjama. Il se mit au
lit et s'allongea sur le dos, les mains derrière la tête.
Lis ne savait pas quoi
faire. Ils n'avaient jamais été le genre de couple qui dormait enroulés l'un
contre l'autre, alors ça n'aurait pas semblé normal qu'elle se blottisse contre
lui. Elle se mit alors sur le côté attendant qu'il dise quelque chose.
« Je ne suis pas sûr
de pouvoir te faire confiance », finit-il par dire, l'émotion faisant
trembler sa voix. « Ça a été le plus dur. J'avais l'habitude de te croire
pour tout. Si tu disais que c'était comme ça, alors c'était comme ça. »
Lis gardait le silence, reconnaissant que c'était la première fois qu'ils en
disaient autant depuis le jour où elle avait dit à Nick qu'elle avait rompu
avec Cass. « J'ai essayé depuis... depuis cette fois... de te faire
confiance à nouveau et je pensais que les choses étaient arrangées. » Il
déglutit et elle fit sa pomme d'Adam bouger. « Mais apprendre que cette
femme était sur le vaisseau aujourd'hui... » Il secoua la tête.
« Maintenant, je dois me demander combien de temps ça va prendre... »
Il déglutit à nouveau. « Avant que ce soit plus attrayant pour toi d'aller avec
elle qu'avec moi. »
Lis ferma les yeux pour
lutter contre la douleur qui émanait de la silhouette mince près d'elle.
« Ça ne va pas se
produire, Nick », murmura-t-elle. « Je sais que tu n'as aucune raison
de me croire, mais tout ce que je peux faire c'est le dire encore et encore et
le prouver chaque jour. »
« Ça fait
mal. »
« Je sais. Je suis
désolée. »
Il se mit sur le côté et
tourna le dos à sa femme. Quelques minutes passèrent et Lis se rendit compte
qu'il pleurait à nouveau, trahi par ses reniflements. Elle tendit lentement la
main et commença à tracer des cercles entres ses épaules. Elle finit par le
sentir se détendre et elle continua le mouvement jusqu'à ce qu'elle soit sûre
qu'il avait fini par sombrer dans l'oubli du sommeil.
Je
ne réussirai jamais à lui faire oublier ça, fut sa dernière pensée avant qu'elle ne glisse à son tour
dans le sommeil.
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« Vous voulez faire
quoi ? » Le Capitaine Kathryn Janeway n'était pas souvent prise au
dépourvu, mais Cass pouvait voir qu'elle avait assurément secoué son officier
supérieur. « La mission sur ce vaisseau a à peine commencé depuis deux jours et
vous me dites que vous voulez demander un transfert ? » Le regard gris
acier de la petite bien qu'intimidante femme assise derrière le bureau, fixait
celui de Cass.
Celle-ci bougea d'un pied
sur l'autre, douloureusement consciente qu'elle atteignait la limite de la
patience du capitaine. Janeway jeta un coup d'oeil encore au padd que
son chef de la sécurité intérimaire lui avait tendu et elle le jeta sur le
bureau.
« Asseyez-vous,
Lt. », dit-elle, sa voix déjà caractéristique, basse et dangereuse.
Cass se laissa tomber
avec hésitation dans le fauteuil indiqué.
« Qu'est-ce qui se
passe ? » Janeway adoucit volontairement le ton de sa voix, sachant
d'instinct qu'il y avait plus dans cette situation que l'incapacité d'un nouvel
officier à s'accoutumer à une affectation. Elle soupçonnait très fortement
qu'elle savait ce qu'il y avait derrière la requête du jeune lieutenant. Mais
elle attendit, voulant entendre ce que Lansdown avait à dire. La beauté brune
avait déjà prouvé qu'elle était un chef de la sécurité plus que compétent et
Janeway souhaitait vraiment la garder dans l'équipage du Voyager si cela était
possible.
Cass baissa les yeux.
« C'est personnel,
Capitaine », dit-elle calmement. « Rien à voir avec le vaisseau, ou
vous-même, ou la mission. » Elle bougea nerveusement ses longues et
élégantes mains sur ses cuisses.
« Ça ne va pas
suffire, Lt. » Grogna Janeway. « Vous êtes vitale pour la réussite de
cette mission. Transfert ou pas, j'ai besoin que votre esprit soit entièrement
dévoué au travail. Mais visiblement, si la seule chose qui vous a préoccupée
pendant ces deux premières journées, ça a été comment partir de ce vaisseau,
alors peut-être que j'ai fait une erreur en vous y nommant. »
Ces paroles firent mal et
Cass leva rapidement les yeux pour croiser le défi dans le regard gris en face
d'elle.
« Capitaine, avec
tout le respect que je vous dois, ce n'est pas juste. » Ces mots firent
hausser un sourcil à l'officier et Cass lutta contre le désir de faire marche
arrière. « Tout est prêt pour les Badlands. Les équipes sont en place et
s'entraînent, et je fais tout ce que je peux pour m'assurer que nous sommes
pleinement préparés. »
Janeway ne dit rien mais
se leva et contourna son bureau, puis tapota négligemment le lieutenant sur
l'épaule et lui fit signe de son index recourbé.
« Venez avec moi,
Cass », dit-elle calmement, se retournant pour aller sur le plus haut
niveau du bureau, là où un long canapé était aligné contre la cloison sous la
fenêtre et où une table basse supportait une cafetière et deux tasses vides.
Janeway s'assit et tapota le coussin près d'elle. « Asseyez-vous et
détendez-vous. »
Cass ne pouvait imaginer
une requête moins relaxante, mais elle obéit malgré tout. Elle sentit une
impression naissante de malheur en pensant que le capitaine allait lui arracher
la vérité, qu'elle le veuille ou non. Elle pencha la tête d'un côté en
regardant Janeway verser du café fumant dans les deux tasses, et hocha la tête
quand le capitaine haussa un sourcil en indiquant le sucrier.
Elle
a vraiment un style de commandement unique, songea Cass. Elle avait découvert qu'elle se sentait
embarrassée et gauche quand elle était en présence sur capitaine, comme un
éléphant dans un magasin de porcelaine. Mais on ne pouvait nier la personnalité
imposante de cette femme.
Janeway tendit sa tasse
au lieutenant et s'adossa dans [au] le canapé, son bras gauche posé le long du
dossier. Elle regarda la jeune femme jongler avec la tasse et la soucoupe avec
élégance. C'est un rébus enveloppé dans un mystère enveloppé dans une énigme,
songea le capitaine. Si élégante et si calme mais avec un esprit d'acier et
un instinct de tueuse en-dessous. Et belle.
A nouveau, la jeune femme
sembla satisfaite de laisser le capitaine mener la danse. Janeway décida qu'il
était temps d'être directe.
« Ceci concerne Lis
Dayton, n'est-ce pas ? »
Les yeux bleus surpris s'écarquillèrent
à ces mots, mais Lansdown recouvra rapidement son calme apparent, vu de
l'extérieur, du moins. « Etait-ce si évident ? » Murmura-t-elle.
Janeway sourit.
« Vous êtes passée de brillante et joyeuse avec les autres membres
d'équipage à froide et abrupte en l'espace de trente secondes pendant la
réunion des officiers, Lt. » Elle nota l'inconfort de Cass et tapota le
genou de la jeune femme. « Je ne m'implique habituellement pas dans la vie
personnelle des membres de mon équipage, Cass », dit-elle doucement.
« Et je ne vais pas commencer, mais quoi qu'il y ait entre vous deux est
assurément quelque chose qui ne peut rester en l'état. Après tout, vous êtes
restée au fond de l'espace deux ans. » Elle se pencha en avant. « Je
ne vous ai pas recrutée juste pour cette mission, Lt. Vous êtes douée. Et nous
avons besoin de vous ici. »
Cass posa sa tasse et sa
soucoupe avec soin sur la table basse et se radossa, fixant son capitaine d'un
regard ferme.
« Si je ne pars pas,
Capitaine, Lis et son mari le feront. Je vous le garantis. Même si elle peut
accepter de se trouver près de moi, lui ne le supportera certainement
pas. » Elle sentit la rougeur monter sur sa gorge et sur son visage,
consciente que son corps laissait voir la force de ses sentiments. « Vous avez
peut-être besoin de moi, Capitaine, mais pas au détriment de deux autres
officiers de valeur. »
Janeway sirota son café
en étudiant la situation. Puis elle posa également sa tasse sur la table.
« J'ai beaucoup plus
de foi en vous que vous ne semblez en avoir vous-même, Lt. », dit-elle.
« Je sais que vous – et notre conseillère – pouvez apprendre à travailler
ensemble. Le fait est que vous devez le faire. Nous sommes déjà bien au-delà de
l'espace de la Fédération
« Oui,
Capitaine », répondit Cass calmement, en essayant d'oublier la douleur qui
lui tordait les tripes. Elle vit l'expression de Janeway s'adoucir.
« Je vais mettre
votre demande de transfert en attente, Lt. », dit le capitaine.
« Nous avons un mois devant nous. Nous allons attendre et voir comment
vous vous sentez à la fin de cette période. Et si j'ai une demande de la part
du Dr Dayton ou du Dr Standish, je leur dirai la même chose. »
C'était la seule solution
viable et Cass le savait. Elle hocha lentement la tête et se leva, le capitaine
en fit autant. La jeune femme dominait son officier supérieur mais ça n'empêcha
pas Janeway de lever une main rassurante pour la poser sur son épaule.
« Patience, Lt. Et
persévérance. Qui sait de quoi le mois qui vient sera fait. »
A
suivre - Chapitre 2