Conquise, partie 5
Par Leslie Ann Miller
Disclaimers- Les personnages de Xena et
Gabrielle appartiennent à Universal et Renaissance Pictures. Aucune violation
du copyright n’est intentionnée.
Violence- Oui, assez. Rien de pire que
ce que vous pouvez voir dans la série.
Subtext/sexe- Oui, cette histoire décrit
des actes sexuels entre femmes. Si c’est illégal où vous êtes, vous devriez
essayer de lire autre chose.
Hurt/Comfort- Oui
Autres- Cette histoire est basée sur
l’épisode d’Hercules « Armaggedon Now »
Remerciements- Je suis spécialement
reconnaissante à Fizz pour toute son aide. Egalement merci à Ellen et les ex-
gardes ? pour leur relecture et leur assistance.
Laissez-moi
savoir en anglais ce que vous en pensez, bon ou mauvais ! Mon adresse mail
est : Gunhilda@ionet.net (auteur)
Ou
en français à gagamare@free.fr ! (traductrice)
Le lendemain matin, sortant de mon jeune nocturne, je pris le déjeuner avec les gardes dans le réfectoire. Je préférais d’habitude manger seule dans mes quartiers confortables, mais j’avais envie d’un peu de compagnie ce matin et je ne voulais pas rendre visite si tôt à Xena. Je suspectais quelle attendait impatiemment mes visites, et je ne voulais pas qu’elle pense que je faisais la même chose.
Je fus déçue lorsque le Capitaine Braxis s’assit
droit en face de moi ; il était le moins amical des gardes de l’île et
gardait normalement ses distances avec tout le monde sauf la dirigeante. Il ne
s'éloignait d'elle que rarement. Là encore, je lui souris chaudement.
« Bonjour ! » lui dis-je. Il me retourna mon sourire, mais je
n’y perçus aucune gentillesse. Pendant un moment, je me demandai s’il
n’allait pas protester contre le fait que je racontais des histoires le soir.
Il n’avait pas vraiment le profil d’une personne qui apprécie un bon récit,
mais ses mots suivants me réconfortèrent.
« C’était une belle épopée que vous avez récitée
cette nuit, » dit-il, et ça semblait même être honnête.
« Merci, » répondis-je.
Il acquiesça, fronçant les sourcils. « Vous êtes ici depuis presque un mois maintenant, n’est-ce pas ? » demanda-t-il.
« Oui », je reconnus, me demandant si
c’était un problème.
« Avez-vous eu un peu de succès avec
Xena ? »
« Pas vraiment, » admis-je. « Mais je ne m’attendais pas réellement à ce qu’elle me dise quoi que ce soit aussi rapidement. »
« Elle ne vous dira rien du tout
volontairement, vous savez, » dit-il, et il me semblait qu’il parlait
exactement comme Thalassa.
« En ce moment, elle montre quelques signes
d’assouplissement, » lui dis-je. « J’ai quelques espoirs sur ce
point. »
Son expression me dit qu’il ne me croyait pas, mais
il acquiesça quand même. « Pourquoi vous ne nous laisseriez pas, la
dirigeante et moi, lui délier la langue pour vous, » proposa-t-il.
« Ce serait plus rapide. »
Une image du corps nu de Xena couvert de blessures
de fouet clignota dans mon esprit. A ma grande surprise, ce n’était plus aussi
tentant que ça l’avait été. Je me raclai la gorge. « Est-ce que vous
voulez vous débarrasser de moi ? » plaisantai-je.
Braxis rit nerveusement. « Bien sûr que
non ! Nos approvisionnements sont beaucoup mieux remplis depuis que vous
êtes arrivée. La nourriture s’est très certainement améliorée. Mais vous n’avez
sûrement pas envie de rester ici plus longtemps que nécessaire ? »
Je haussai les épaules. Honnêtement, j’étais aussi
heureuse ici que n’importe où d’autre où j’avais été, sauf peut-être à la
maison quand j’étais petite, même si Alexandre me manquait. La plupart du temps
on me laissait seule, et ça me
permettait d’écrire un peu. Le
cuisinier était talentueux, mes quartiers étaient confortables, et j’avais de
la compagnie quand je le voulais. De quoi pouvais-je me plaindre ?
« J’ai passé plusieurs années avec l’armée, Capitaine. Ici c’est le luxe
en comparaison. » Je lui souris.
Il fronça à nouveau les sourcils. « Ah, oui.
J’avais oublié. » Il leva la tête lorsque Thalassa entra, et son visage
sembla s’éclairer pour quelque raison inconnue. « Excusez-moi, je vous
prie, » dit-il vivement avant de la rejoindre alors qu’elle allait prendre
sa nourriture.
J’étais perplexe après notre bref échange, et il me
semblait qu’en dépit de ce qu’avait dit Braxis tout haut, il n’aimait pas ma
présence ici. J’observais ses agissements avec Thalassa, espérant un indice de
pourquoi il voulait me voir hors de cette île. Il aida la dirigeante à porter
son petit déjeuner lorsque ce fut trop pour son unique main, et je me souvins
comment son visage s’était illuminé lorsqu’il l’avait vue.
Je fronçai les sourcils. Il semblait évident
maintenant que c’était ce que je cherchais. Le bon Capitaine avait des
sentiments pour la dirigeante. C’était, il n’y avait aucun doute, la raison
pour laquelle il voulait que je parte. Il était jaloux. Il devait avoir senti
le lien entre nous. Thalassa faisait vraiment très, très attention à moi. Même
maintenant, elle se dirigeait vers ma table.
Un peu énervée par ce que je venais de réaliser, je
finis mon petit déjeuner à la hâte. Je ne voulais pas me mettre à dos le
Capitaine Braxis, et même si j’avais une amitié grandissante avec Thalassa, je
n’étais certainement pas intéressée par elle de cette manière !
L’étais-je ?
« Vas-tu nous quitter dès
maintenant ? » demanda Thalassa, manifestement déçue que je me lève à
son approche.
« Oui, je suis désolée, » dis-je,
tâtonnant pour trouver mes béquilles. « J’ai encore plein de choses à
écrire que je veux avoir finies aujourd’hui. »
« Tu ne vas pas aller voir Xena ? »
« Non, pas aujourd’hui. Pas pour quelques
jours, probablement. »
Thalassa et Braxis échangèrent un regard que je ne
pus comprendre, mais aucune explication ne semblait être en vue.
« Je vais m’occuper de
vos couverts, ma dame » dit Braxis poliment.
« Merci, » lui dis-je, avant de quitter la salle à manger bondée pour rejoindre la sécurité de ma chambre privée.
Trois
jours plus tard, je décidais de ressortir et d’aller voir Xena. Elle était
assise avec indolence dans un coin de la cage à côté de l’égout, et elle ne
releva pas la tête tandis que je m’asseyais. J’étais consternée par son
apparence. Elle avait des blessures de fouet à vif sur ses bras et son cou, et
il y avait des taches de sang sur sa tunique. Apparemment, Thalassa l’avait
corrigée à nouveau, et elle semblait… brisée.
Je me souvins du regard échangé entre la dirigeante et le capitaine lorsque je leur avais dit que je n’avais pas l’intention d’aller la voir pendant quelques jours. J’en conclus qu’ils avaient prévu ça ensemble, et pour une quelconque raison, cela me rendit très en colère.
« Xena, » demandai-je calmement, « est-ce que Thalassa t’a posé des questions lorsqu’elle t’a fait ça ? »
Elle
me regarda avec un air féroce sur son visage. « Tu devrais le
savoir ! Tu es la seule qui voulait connaître mon passé ! »
Mon cœur sombra. Ils lui avaient fait ça en mon nom.
Je fermais les yeux et secouais la tête. « Non. Non. Je le jure. » Si
j’avais pu faire des aller-venues dans la salle, je l’aurais fait. « Je… ce… » Je voulais m’excuser, croyant que c’était ma
faute, mais je ne pouvais me résoudre à dire les mots. « Xena, je ne crois
pas en la torture. »
Elle me lança un regard méprisant et plein de doute.
« C’est plus ton genre, » je lui
renvoyais, avant de le regretter lorsqu’elle tressaillit. « Ecoute, je te
jure que je ne lui ai pas demandé de le faire. Je ne voulais pas qu’elle le
fasse ! »
La figure de Xena se relaxa dans un air maussade.
Elle détourna le regard. « Tu n’avais pas à le demander. Elle n’a pas
besoin d’excuses. »
« Laisse-moi voir si je peux convaincre Thalassa
de laisser le guérisseur jeter un coup d’œil sur toi. »
« Je n’ai pas besoin de
guérisseur ! » grogna-t-elle.
« Certaines plaies ne sont pas belles à
voir. »
« Ce n’est rien ! » rétorqua-t-elle.
« Est-ce que tu me laisserais les
traiter ? » demandai-je.
Elle se tourna vers moi et me regarda fixement
tandis que je combattais l’urgence de bouger sous son inquisition.
Par les dieux,
mais qu’est-ce qui m’a pris de dire ça ? !
« Pourquoi voudrais-tu faire une telle chose ? » demanda-t-elle finalement.
Pourquoi, en
effet ? Je
pris une inspiration. « Parce que… parce que tu es blessée. »
« Qu’est ce qui te fait penser que je n’en
profiterais pas pour te tuer lorsque tu t’approcheras de moi ? » me
demanda-t-elle les yeux plissés.
« Rien, » admis-je finalement.
« Alors pourquoi cette
proposition ? »
« Je ne t’aime pas, Xena, mais ce qu’ils t’ont
fait n’est pas bien. »
« Je ne veux pas de ton aide ni de ta
pitié ! »
« Parfait, » lui dis-je. « Tu n’auras
aucune des deux. » Je tendis les mains vers mes béquilles pour
pouvoir partir. J’étais vraiment énervée par toute cette conversation, encore
plus énervée que je ne voulais l’admettre.
« Amphipolis, » dit-elle doucement avant
que je ne puisse me lever.
« Amphipolis ? » répétai-je, confuse.
« J’étais née à Amphipolis, » dit-elle
posément.
« Tu étais ? » demandais-je
stupéfaite.
Elle acquiesça. « Repose tes béquilles,
d’accord ? Juste… Parle-moi juste. S’il te plaît. »
Et voilà,
encore ces mots. « D’accord, » lui dis-je. « Qu’est-ce que tu voudrais
entendre ? »
« N’importe quoi, » murmura-t-elle.
Alors je me mis à lui raconter la même histoire que
j’avais racontée aux gardes dans la salle à manger la nuit d’avant, à
propos de la poursuite entre le renard magique qui ne pouvait pas être attrapé
et le chien de chasse d’Orion qui avait toujours capturé ses proies.
Xena fit un demi sourire lorsque j’eus fini.
« C’est dommage que Zeus se soit impliqué. Ils seraient encore en train de
se poursuivre l’un l’autre aujourd’hui. »
J’acquiesçai. « Et de faire des ravages dans
toute la Grèce
« Oui ? »
« Es-tu
vraiment d’Amphipolis ? »
« Oui. »
« Qui étaient tes parents ? »
Elle grimaça un sourire. « Reviens demain,
Gabrielle, et je te le dirai. »
« Je reviendrai, » lui promis je.
J’allai faire face à Thalassa après être partie. Je
la trouvai dans son bureau en haut des escaliers. « Tu l’as à nouveau
torturée, » lui dis-je lorsqu’elle se leva, souriante, et je ne cherchai
même pas à dissimuler ma colère.
« Tu as fouetté Xena ! »
Elle sourit. « Bien sûr ! Le capitaine et
moi essayions d’obtenir quelques informations pour toi. »
« J’ai dit que je ne voulais pas de votre
aide ! »
Le sourire s’évanouit de sa figure.
« Gabrielle, elle ne te parlera pas. Et en plus, je ne l’avais pas punie
depuis des semaines. Xena mérite tout ce qui lui arrive. Elle t’a crucifiée et
m’a laissée mourir ! Comment peux-tu dire qu’elle ne le mérite
pas ! ? »
Je ne pus lui répondre. Bien sûr qu’elle le
méritait. Elle le méritait entièrement. Mais ça ne rendait pas ça plus juste.
« J’exécute la justice ! » dit
Thalassa, frappant son poing sur la table.
J’ingurgitai difficilement, les émotions se bousculant en moi. « Le même genre de justice que celle qu’elle nous a donnée, » lui dis-je amèrement.
« Nous n’étions pas
coupables ! ! ! » me cria presque dessus la dirigeante.
« Et cette fois-ci, elle non plus ! »
« Quoi ? ! » Thalassa me regarda
comme s’il venait de me pousser une seconde tête.
« Comment pouvais-je lui faire
comprendre ? « Thalassa, sa punition est l’emprisonnement, la perte
totale de sa liberté pour le reste de sa vie. Ce que tu fais est de la torture.
Et la torture est quelque chose que Xena ferait. Nous sommes supposés être
meilleurs qu’elle. »
Les yeux de la dirigeante étincelèrent de fureur.
« Est-ce que tu oserais me comparer à elle ? !
Tu penses que l’emprisonnement est une punition suffisante pour tout ce qu’elle
a fait ! ? Je suis autant prisonnière de cette foutue île qu’elle !
Je ne peux pas partir avec ça ! » Elle agita son moignon devant moi.
« Je suis coincée ici pour le reste de ma vie, tout comme elle ! Et
par les dieux, j’ai bien l’intention de la faire souffrir ! »
Je considérai rapidement mes options face à sa rage. Je pouvais continuer à développer mon point de vue, ce qui ne la rendrait que plus en colère, ou je pouvais essayer de dissoudre sa colère. Je lâchai mes béquilles et levai les mains en supplication. « Thalassa, » dis-je aussi calmement que possible, « je suis désolée, je n’aurais pas dû te comparer à elle. S’il te plaît, je ne suis pas ton ennemie. Je comprends tes sentiments, je t’assure ! »
« Vas-t’en ! » gronda-t-elle.
« Retourne à Corinthe dans ton palais et ta vie tranquille avec
Alexandre ! Tu ne comprends rien du tout ! »
Elle ne m’avait pas frappée, mais elle aurait très
bien pu le faire. Mes mains retombèrent et je me retournais pour partir
promptement.
« Gabrielle… » commença Thalassa tandis
que je boitais hors de la pièce.
« Pas la peine de t’excuser, Thalassa, »
lui dis-je sans même me retourner. « Je préfère savoir où j’en suis avec
les gens. »
« Attends… »
Je boitillai jusqu’en bas des escaliers et retournai
à ma chambre. Elle ne me suivit pas.
Je m’effondrai sur mon lit et mis la tête dans mes
mains. J’étais à la fois furieuse et blessée. Je pensais avoir trouvé une vraie
amitié et une véritable compréhension avec la dirigeante, mais ça n’était pas
du tout le cas. Elle était amère d’une façon qui m’effrayait autant que la
froide cruauté de Xena.
Etait-ce ce que je serais devenue ainsi si je
n’avais pas eu ma vision sur la croix ? Si je n’avais pas fait
l’expérience de la lumière blanche ni n’avais reçu la prophétie pour m’aider à
me guider à travers le mauvais temps, est-ce que je me serais traînée au loin
pour me cacher sur une île quelconque, honteuse d’être vue par le reste de
l’humanité, remplie de dépit et de ressentiment ?
Je suppose que Thalassa m’effrayait parce qu’en
elle, je pouvais voir un miroir de moi-même ; un miroir de ce que j’aurais
pu devenir. Je pris une profonde inspiration frissonnante d’horreur.
Que devais-je faire désormais ? Devais-je
partir comme elle l’avait suggéré ; retourner dans mon palais, avec ma
servante et la chaleur de l’amitié d’Alexandre ? Ou devais-je demander à
Alexandre de remplacer la dirigeante en envoyant un message avec le prochain
bateau d’approvisionnement ? Ou devais-je partir avec le bateau et le
faire en personne ? Ou peut-être valait-il mieux rester en dépit de
l’hostilité de la dirigeante et essayer de finir ma tâche ?
Partir était sans aucun doute l’option la plus
attirante. Je pouvais partir sans jamais regarder en arrière. Je pouvais
oublier tout à propos de Thalassa et Xena et les laisser toutes les deux à leur
horrible disgrâce. Chacune le méritait. Oui, je devrais seulement partir. Oui,
je devrais les laisser pourrir sur ce rocher délaissé des dieux jusqu’à ce
qu’Hadès aille les voir pour les réclamer.
Le cuisinier avait un petit bateau attaché au port.
Je l’embaucherais pour me ramener sur le continent demain matin. Je ne voulais
pas imaginer le mal de mer que j’obtiendrais sur un si petit vaisseau, mais ce
serait toujours mieux que rester ici un jour de plus.
Décidée, je défis mon lit et commençai à empaqueter mes affaires. Ce ne fut que lorsque je commençai à ranger mes parchemins dans leurs boites du cuir ciré que je réalisai ce que je faisais.
J’étais en train de fuir. J’étais en train de fuir
vers ma propre île, ma propre place confortable et sûre où j’étais débarrassée
des curieux et parfois des yeux pleins de pitié, protégée comme toujours par
Alexandre. Je l’avais bien gagné mon havre de paix, aucun doute là dessus, mais
qu’avais-je à faire au palais ? Je m’enfermerais moi-même avec mes
parchemins ; le moins je rencontrerais de personnes, le mieux ce
serait. Je me cacherais dans le palais exactement comme Thalassa se cachait
ici. La seule différence était que ma prison était plus glorieuse que la
sienne. J’éclatai presque de rire à cette pensée. Nous avions plus en commun, elle
et moi, que je ne l’avais reconnu. Peut-être qu’elle n’était pas si éloignée de
la vérité : qu’est ce que je
comprends vraiment, de toute façon ?
Peut-être pas grand chose, mais j’avais au moins
résolu une chose. Je ne voulais pas partir maintenant.
Suite dans la partie 6