Indiscrétions, épisode 11 A
INDISCRETIONS
Deuxième saison
Accord parental ignoré
Crédits :
Créé produit, écrit et réalisé par :
Fanatic et Tnovan
Épisode 11 : Je
suis sans défenses.
Eh ben, c’était vraiment l’une des expériences les pus désagréables de
ma vie. Je retourne en rampant dans le lit, m’enterre le plus possible au fond
et me recouvre la tête avec les couvertures. Je ne me lève pas aujourd’hui. Je
me fous de combien de fois Harper va me le demander.
Je sais, d’après le livre de grossesse que je traîne partout, que je
peux m’attendre à ce que ça dure à peu près jusqu’à la fin du premier
trimestre. Ça ne va pas être six semaines très drôles.
« Ok, Petit Gourou, il faut qu’on parle. Je t’aime, petit bout,
vraiment. » Je murmure en caressant mon ventre. « plus que ce que tu
pourras jamais imaginer. Mais tu ne crois pas que tu pourrais rendre les choses
plus faciles pour ta vieille maman ici? »
Je sens que quelque chose me rejoint sur le lit. Je me découvre la tête
juste assez longtemps pour trouver Pépin assis sur le rebord du lit, en train
de faire méticuleusement sa toilette tout en ronronnant comme s’il n’allait
plus pouvoir le faire pour le reste de sa vie.
« Eh bien bonjour gros garçon. C’est bien le moment de venir me voir. T‘as apporté ton poisson avec toi
ou quoi? Espèce de traître. »
Il ronronne encore plus fort, tourne sur lui-même une ou deux fois et
se pose finalement en boule au pied du lit. « Ouais, je comprends bien ce
que tu ressens. » Et je retourne dans mon nid douillet sous les
couvertures. Je fais la misérable expérience des mes premières nausées
matinales.
J’entends la porte d’entrée qui claque au rez-de-chaussée, puis je l’écoute
monter les escaliers quatre à quatre alors qu’elle rentre de son footing avec
Papa. J’entends aussi Mama l’appeler depuis la cuisine.
« Cours pas dans la maison. » Elle la réprimande.
Je sors la tête assez longtemps pour faire mon devoir de future maman
et la gronder aussi. « Ouais, ne cours pas dans la maison, Tabloïde. »
Ensuite je retourne sous les couvertures.
C’était une grosse erreur. Ma partenaire adorée et très joueuse prend ça
comme un signe de mon désir de jouer et commence à sauter sur le lit à côté de
moi.
« Et sauter sur le lit, j’ai le droit? Ou c’est aussi contre les règles? »
Elle continue à rebondir sur le lit. Je
pense que je vais mourir.
« Arrête! Oh bon Dieu, Harper! Arrête maintenant! » Je sais
que je crie comme si j’étais folle mais il faut vraiment qu’elle arrête ça immédiatement.
Elle enlève les couvertures de sur ma tête, son visage est inquiet. « Je
suis désolée. » dit-elle en me regardant. « Kels, tu es réellement je
veux dire vraiment, verte d’une oreille à l’autre. »
« Hum hum. » Je repose les couvertures sur ma tête, la lumière
me donne la nausée. « Je dois remercier ton fils ou ta fille pour ça. »
Je murmure depuis mon cocon.
Elle descend les couvertures tout doucement en baissant les yeux vers
moi. « Ça a commencé hein? »
« Oh oui. » J’acquiesce de la tête en l’enfonçant dans l’oreiller.
« Il y a quelque chose que je peux faire? »
Je secoue la tête. « Je crois pas. Tu peux pas porter cet enfant
pour moi n’est-ce pas »
Elle rit doucement. « J’ai bien peur que non mon cœur. Tu vas te
lever? »
« Je ne crois pas. »
« Je sais que tu vas détester cette idée, mais je crois que ça
irait mieux si tu descendais et que tu avalais un thé avec un toast. »
Je peux pas faire autre chose que grogner à l’idée d’une quelconque
nourriture. « Tabloïde, t’avais pas dit que tu voulais pas parler du bébé à
Mama avant dimanche? Si je descends maintenant, crois-moi, y’a plus de
secret. »
« Comment tu sais ça? »
« Elle a été enceinte cinq fois et elle a onze petits-enfants. Je
suis même étonnée qu’elle ne s’en soit pas encore aperçu. Regarde ça, j’ai déjà
pris une taille de plus que la dernière fois qu’on est venues ici. »
Elle me lance un regard langoureux. « Si bon. » Sa
main bouge et vient recouvrir un de mes seins. « Définitivement plus
gros. »
« Non temporairement, alors ne t’habitue pas trop à cette taille,
Tabloïde. Des seins que je vais cacher sous un T-shirt géant et vomir dans la
cuisine, ça va tuer l’amour ça c’est sûr. »
« C’est vrai. Je peux peut-être t’apporter quelque chose
ici. »
« Ce serait génial. Voilà la femme que j’aime. »
« Mama va juste penser que je t’ai épuisée par une longue nuit de
débauche sexuelle. »
Je grogne. Cette famille essaie de me tuer de honte. Je le sais.
*****
Je saute les dernières marches pour arriver en bas et m’aventure dans
la cuisine. Mama est, bien sur, dans son domaine en train de préparer les différents
plats pour la célébration de Pâques demain. Si elle savait tout ce qu’elle va célébrer
demain, ma demande en mariage, la grossesse de Kels, la grossesse de Renée. Notre
famille est bénie, ça s’est sur.
Ce soir, c’est le soir.
Je ris tout bas. J’ai la musique dans la tête. C’est une tradition
familiale, une à laquelle je pensais ne jamais participer.
Papa a emmené Mama voir la comédie musicale « Annie get your
gun » le soir où il a fait sa demande en mariage. (NDLT : le titre français
de la comédie est Annie du Far west,
aucune des chansons n’a été reprise en français.) C’était une petite troupe
régionale mais ils ont toujours dit tous les deux que c’était magique, bien
mieux que la version de Broadway quatre ans plus tard. Ils avaient bien sûr
fait le voyage jusqu’à New York pour y assister.
Depuis cette nuit-là, c’est la comédie musicale préférée de Mama. Elle
chantait ça à la maison quand elle ne chantait pas de berceuse française pour
nous cinq. Donc, tout naturellement, quand Gerrard a fait sa demande à
Katherine, il l’a fait sur la chanson « The girl that I marry ». Gerrard a une voix correcte,
mais il a surtout le souffle qui lui a fait finir sa chanson de façon très
romantique. Ça lui a plus servi que sa voix.
Après ça, Jean ne pouvait pas chanter sans mourir de honte. Donc, quand
ça a été son tour de faire sa demande, on l’a convaincu de faire un duo. On a réussi
à convaincre Elaine que notre famille faisait très souvent des soirées chansons
et qu’elle devait chanter « Who do you love, I hope » avec Jean. Elle
ne s’est jamais douté de rien.
Ensuite ce fut Robbie. Il a choisi « An old fashion wedding »
espérant que sa promise chanterait avec lui aussi. C’était la chanson parfaite,
tout à fait adaptée au timbre de voix de Renée. Tous les deux étaient fabuleux.
Plus tard, Renée a reconnu devant moi, qu’elle s’était douté de quelque chose dès
le début. Robbie n’a jamais pu lui cacher quoi que ce soit.
On a donné à Lucien « Doin’ what thing naturelly » quand est
venu pour lui le temps de chanter. Il a tenté de se soustraire à tout ça en
organisant un rancard avec Rachel le soir prévu. On a simplement été la
chercher avant qu’il le fasse. Robbie et moi l’avons amenée à la maison et nous
avons tous attendu que Lucien arrive et chante.
Les garçons se sont toujours foutu de moi en me disant que je devrais
chanter « You can’t get a man with a gun. » Jusqu’à ce qu’ils réalisent
que, avec ou sans pistolet, je ne voudrais jamais un homme. Ça ne laissait plus
qu’une seule chanson appropriée.
Et je vais la chanter ce soir, devant la famille entière, Mama, Papa,
les garçons, leurs femmes et tous leurs enfants, je vais me mettre à genoux et
demander à Kels de passer le reste de sa vie avec moi.
Je ne crois pas que Kels se doute d’un truc. Mais cette fois, en dehors
de Robbie et Renée et puis Papa à qui je l’ai dit ce matin en allant courir,
personne d’autre n’est au courant. La famille entière devait déjà venir ici ce
soir ce qui m’a évité de les inviter. Renée joue suffisamment bien du piano
pour m’accompagner. J’ai la bague soigneusement cachée dans ma valise, enroulée
dans une chaussette, dans une pochette intérieure, à l’intérieur d’un sachet
plastique, juste au cas où Kels irait fouiner.
Tout est prêt.
Tant que je ne meurs pas d’une crise de nerfs d’ici ce soir.
« Où est Kelsey? » Mama me demande sans lever la tête
de son travail.
Ravie de te voir moi aussi, Mama. « Bonjour Mama. » Je me penche et l’embrasse sur la
joue. « C’est une belle journée. »
« Tu as encore épuisée cette pauvre fille? »
« Mama! C’est assez! » C’est plus qu’assez. « Sois
gentille avec elle. Tu n’as jamais dit ce genre de trucs à Robbie ou les autres
garçons. »
Elle hausse les épaules. « C’est parce que je n’ai jamais été
inquiète à ce sujet pour eux. »
Je la regarde durant un long moment, pas très sûre de la façon dont je
dois prendre ce commentaire. Je décide de l’ignorer. « Mama, est-ce que tu peux au moins éviter
d’en parler devant Kels? Elle n’a pas l’habitude d’être dans une famille aussi…
ouverte que la nôtre. »
Mama soupire bruyamment. « Bon,bon. Il y a un plat de
beignets tout prêt pour vous. »
« Merci, Mama. » J’embrasse sa joue une fois de plus
et attrape le plat de beignets, une bouteille de jus de fruits, un pot de thé
pour Kels et un de café pour moi et puis je remonte l’escalier.
Ce soir, ce soir ça va pas être n’importe quel soir.
*****
Je suis ravie, mes nausées matinales ont l’air de n’être que ça. Des
nausées matinales. Je sais que malgré le nom, ça vient à peu près quand ça
veut, mais pour moi, ça semble se limiter au matin. Le temps que Harper réussisse
à me convaincre de boire un thé et de manger un des beignets que Mama nous
avait préparé, et je suis prête à affronter la journée.
Mama et moi avons eu un merveilleux moment dans la cuisine aujourd’hui
en préparant le dîner pour tout le monde ce soir. J’adore vraiment quand le
Complot est réuni au grand complet, mais c’était vraiment super d’avoir la
cuisine et Mama rien que pour moi aujourd’hui. C’était comme d’avoir une vraie
maman à moi pour quelques heures.
On a cuisiné, on a parlé, on a ri, en nous arrêtant immédiatement quand
Papa ou Harper passait la tête à l’intérieur. Non pas que nous parlions d’eux
mais, ça leur fait se poser des questions et rester toujours près de nous.
J’ai aussi appris quelques-uns des plats préférés de Harper et aussi
comment les faire. Dieu, je deviens tellement ’femme au foyer’. Ça fait presque
peur.
On va tous dîner ensemble ce soir. C’est une grand réunion, comme d’habitude.
J’ai remarqué que Harper semble un peu ailleurs. Elle paraît vraiment nerveuse.
Je pense qu’elle stresse pour demain, pour annoncer à Mama la venue du bébé. Ça
va aller Tabloïde, je ne vais pas la laisser te faire de mal.
Harper et moi avons décidé que la nouvelle serait un très joli cadeau
de Pâques pour Mama. Je suis très excitée de l’annoncer à toute la famille. C’est
bon de penser que notre bébé va être aimé et accepté au sein de ce clan merveilleux.
Robbie et Renée sont aussi un peu perdus ce soir mais c’est normal, ils
ont la même annonce que nous à faire demain. On pourrait penser qu’après Christian et Clark ils auraient pris l’habitude,
mais je crois que l’annonce d’un bébé est vraiment merveilleuse dans cette
famille et peu importe combien de bébés il y a déjà eu.
Je regarde Harper de l’autre côté de la pièce alors que je fais un câlin
à Christian. Ouais, elle stresse. Elle garde ses mains dans ses poches et
marmonne dans sa barbe. Elle ne fait ça que quand elle réfléchi à propos d’un
truc. Je ne peux rien faire d’autre que rire dans mon coin. Elle avait peur que
je le lâche à Mama dans la cuisine aujourd’hui, mais si elle ne fait pas
attention, elle va finir par le lâcher devant tout le monde ce soir.
Christian se retourne et s’assoit à califourchon sur mes genoux, me
faisant face. « Tata Kels? »
« Oui, petit homme. »
« Je t’aime. »
Je le prends dans mes bras et lui fais un énorme câlin. « Je t’aime
aussi, mon petit cœur. »
« J’ai eu tous les doublons ».
« Je sais. »
« Merci pour le vert. »
« Oh mais de rien mon cœur. Mais tu te souviens que c’est notre
petit secret n’est-ce pas? Tu ne devras jamais dire à Tante Harper que je te l’ai
donné. »
Son nez remonte alors qu’il me sourit et me donne un baiser sur la
joue.
Robbie commence à réunir toute la famille dans le salon. Je me demande
pourquoi? Encore une autre tradition Kingsley, sans aucun doute. Cette famille
en a des tonnes et je ne pourrai sans doute jamais les connaître toutes mais j’adore
les découvrir.
« Tiens, Kels, laisse-moi te libérer les mains, plutôt les genoux
d’ailleurs. Je veux voir mon petit-fils. » Papa tend ses mains vers
Christian. J’ai tellement hâte de le voir tenir notre bébé. J’essuie vite une
larme de joie de la main. Mon enfant va avoir des grands-parents qui vont l’aimer
comme mes grands-parents m’ont aimée.
Dieu, Pa, merci pour ça. Je t’aime. Tu me manques.
Christian va à contrecoeur dans les bras de son Grand-père, non
sans prendre le temps de me faire encore un bisou bien baveux. Je ris alors que
Papa m’offre sa main pour sortir du fauteuil.
« Et pour la vaisselle? »
« Ah chérie. » Dit Papa la voix traînante. Bon Dieu, je sais
où Harper a eu ça. « T’inquiète pas de ça. On verra plus tard. C’est
pour ça que Mama et moi avons cinq enfants. Y’a toujours quelqu’un pour
nettoyer à notre place. Viens, allons prendre une peu de bon temps et de
dessert.
« Dans cette maison? Y’a-t-il autre chose à faire? »
*****
Robbie vient vers moi et me donne une petite tape sur l’épaule. « Tu
es prête? » Il me demande ça avec un une voix qui fait très ’grand frère’.
J’acquiesce de la tête. Ma gorge est toute sèche. Je n’arriverai pas à
chanter. Y’a pas moyen. Dieu. Qu’est-ce que je vais faire?
Il met un verre d’eau fraîche dans ma main. « Tiens. J’en ai eu
besoin à ce moment précis. »
Je l’avale d’un coup. « Merci. » Bien. Au moins, je peux
parler à nouveau.
Robbie se marre de me voir aussi mal à l’aise. « T’inquiète pas
Harper, ça va aller. Elle est absolument dingue de toi. Je le sais. »
J’acquiesce de la tête. Je me tais. Je dois garder ma voix pour la
chanson. Pourquoi est-ce que j’ai été d’accord pour faire ça?
Respirer.
Inspirer. Expirer.
« C’est le moment. » Il me pousse un peu vers le salon où ma
promise attend. « Tu as la bague, n’est-ce pas? »
Mon cœur s’arrête.
Ma main se pose sur la poche de mon jean où est placé l’anneau. Il est
là. « Oui. » Ma voix est très grave. « Allons-y. »
On pénètre dans le salon où se trouve le reste de la famille, ils sont
tous là, les vingt, sans compter encore Kels, ils nous attendent. Je remarque
que Papa s’est assuré que Kels est assise près du piano. Merci, Papa. Je m’appuie
contre l’arche et laisse Robbie jouer les Monsieur Loyal.
« C’est à nouveau le moment. » Il sourit aux garçons qui
savent instantanément de quoi il parle. « Le moment pour une autre soirée
chansons en famille » La salle explose de rire et plusieurs regards
vraiment pas discrets se posent sur Kels. « Pour être fidèle à la
tradition, le bébé de la famille doit commencer. Donc, sans plus attendre,
voici Harper! »
Les garçons se mettent à crier et à hurler. Gerrard crie par-dessus. « Chante
nous une belle comédie musicale, Harper Lee! »
Les enfants applaudissent d’excitation. Quelques-uns d’entre eux sont
assez vieux pour se souvenir des demandes de Lucien et Robbie. Restez cools les
petits. Je vous étrangles si vous faites tomber ma surprise à l’eau.
Je regarde Kels. Elle a l’air complètement paumée. Elle regarde partout
dans la pièce pour essayer de comprendre la blague dont elle n’est pas au
courant. Bientôt, Bébé. Tu sauras très bientôt.
« Qu’est-ce que ça va être, Harper? » Papa me parle, me
rappelant pourquoi je suis là.
« Je pense que je pourrais en chanter une de « Annie get your
gun. »
La réaction des garçons est de crier, de siffler et de sauter en l’air.
Si je les connaissais pas aussi bien, je dirais que c’est vraiment un groupe de
tapettes.
Je m’éclaircis la gorge, avance un peu et prends le verre des mains de
Kels. « Est-ce que je peux avoir ça? » Je bois même tout le reste du
thé glacé qu’il contient. « Merci. »
Renée joue l’intro de la chanson et me regarde, elle attend.
C’est maintenant ou jamais, Harper. C’est toute ta vie.
« I’ve had my way with so
many girls"
J’ai traîné avec
beaucoup de filles.
Encore plus de cris. Mais bon, c’est vrai après tout. C’est pas pour
rien que les garçons m’ont filé cette chanson.
"And it was lots of
fun"
Et c’était
vraiment bien
Je hausse les épaules. C’est vrai aussi. Cependant, ça n’avait rien à
voir avec les émotions et le bonheur que je ressens avec Kels.
"My system was to know
many girls
J’étais faite pour
connaître toutes ces filles
To keep me safe from
one."
Et pour n’en aimer
qu’une seule
Bon Dieu, Irvin Berlin me connaissait quand il a écrit ça.
"I find it can’t be
done."
Je pensais que c’était
impossible.
Ça l‘était non? OK Harper, concentre-toi sur Kels. C’est sa soirée.
"My defenses are down
Je suis sans défenses
She’s broken my résistance
Elle a brisé ma résistance
And I don’t know where I am
Et je ne sais plus
où je suis
I went into the fight like a
lion
Je suis entrée
dans le combat tel un lion
But I came out like a
lamb."
Mais j’en suis
sortie comme un agneau.
Je souris et hausse les épaules vers ma famille. Je vois Christian
assis sur les genoux de Papa. Je vais vers eux et le prends dans mes bras, je
chante pour lui, comme si je lui disais un secret.
"My defenses
are down
Je suis sans défenses
She’s got me where she wants
me
Elle m’a emmenée là
où elle voulait
And I can’t escape no how
Et maintenant, je
ne peux m’échapper
I could speak to my heart when
it weakened
Je pourrais parler
à mon cœur quand il se réveillera
But my heart won’t listen now.
Mais il ne m’écoutera
pas désormais.
"Like a toothless,
clawless tiger"
Je suis comme un
tigre sans croc ni griffe
Christian, béni soit-il, rugit comme un tigre à cet endroit-là. Cela
entraîne une explosion de rire chez tout le monde, même moi, pour une fraction
de seconde.
"Like an organ-grinder’s
bear"
Comme un ours qui
ne peut plus grogner
Mon petit cochon crie encore.
"Like a knight without
his armor"
Comme un chevalier
sans son armure
Cette phrase-là le déconcerte un peu.
"Like Sampson without his
hair"
Comme Sansom sans
ses cheveux
Et celle-ci aussi. Je le dépose dans les bras de Robbie. Mon grand final
arrive.
"My defenses are
down"
Je suis sans défenses
Je reviens devant Kels.
"I might as
well surrender
Je ferais mieux de
me rendre
Because the battle can’t be
won"
Parce que je ne
peux pas gagner cette guerre.
Je me mets à genoux devant elle. Ses yeux s’ouvrent un peu plus. Je
crois qu’elle commence à comprendre.
"But I must
confess that I like it
Mais je dois avouer
que j’apprécie
So there’s nothing to be
done"
Alors il n’y a
rien à faire
Je cherche dans la poche de mon jean. Ouais, la bague est toujours là.
Et je suis même arrivée à la sortir sans la faire tomber. Je la mets devant
moi, Kels peut la voir maintenant. Elle devient toute verte. Oh s’il te plait Bébé,
ne t’évanouis pas maintenant, et ne me vomis pas dessus non plus.
"Yes, I must confess that
I like it
Oui, je dois
avouer que j’aime ça
Being miserable is gonna be
fun."
Perdre va être
merveilleux.
Le piano se tait, la famille applaudit autour de nous, mais je ne les
remarque presque pas. Au lieu de ça, je suis très attentive à Kels et à tout ce
qui l’entoure. L’éclat du chandelier se reflète dans ses cheveux, les faisant
briller. Le vert pâle de ses yeux me rappelle la couleur des premières feuilles
au printemps. Par-dessus tout, elle est adorable, absolument merveilleuse.
Et sa bouche est encore ouverte de stupéfaction.
Tu dois terminer, Harper.
« Je t’aime, Kelsey. Et je veux passer le reste de ma vie à faire
ton bonheur. Veux tu m’accorder ce grand honneur? »
Et j’attends.
Qui aurait cru que quelques secondes pourraient avoir l’air d’être une éternité?
Pourquoi est-ce qu’elle pleure? Jésus, j’ai fait un truc qu’il fallait
pas. Je sens mon cœur tomber dans mes chaussures.
Je m’apprête à remettre l’anneau dans ma poche quand j’entends Kels
murmurer « Oui. »
Je crois qu’elle vient d’accepter. « Oui? » Je répète pour être
bien sûre.
Kels saute du fauteuil et me plaque sur le sol. « Oui! »
La salle explose de rire.
Sauf Kels et moi. Je suis bien trop occupée à l’embrasser.
Par miracle, je ne sais pas comment, j’ai réussi à garder la bague dans
ma main. Quand nous nous arrêtons enfin pour respirer, je cherche sa main
gauche. Avec précaution, je passe la bague à son doigt, ravie de voir que c’est
la bonne taille.
Juste comme elle est parfaite pour moi.
So there’s nothing to be
done"
Alors il n’y a
rien à faire
"Yes, I must confess that
I like it
Oui, je dois
avouer que j’aime ça
Being miserable is gonna be
fun."
Perdre va être
merveilleux.
*****
Je ne peux que m’émerveiller devant cette bague. C’est la deuxième plus
belle chose que j’ai vue. La première, c’est le bonheur et la fierté dans les
yeux de ma compagne. Une fois que l’on a pu se libérer de Mama et du reste de
la famille, Harper m’a fait sortir par la porte de derrière pour une promenade.
On marche doucement dans le jardin, main dans la main. L’air du soir
est plein des senteurs de fleurs. Ajoutée aux parfum de l’air, la chaleur du
corps pressé contre le mien et les évènements de la soirée, font que je me sens
comme ivre.
« Alors comment tu te sens? » Harper me demande doucement.
« Je ne sais pas trop comment le dire avec des mots. » C’est
assez surprenant si l’on considère que mon gagne-pain est fondé sur ma capacité
à transformer des évènements en mots pour les autres. « Je me sens
vraiment très bien en ce moment. Je ne suis pas très sûre de quelle émotion
arrive en premier par contre. » J’arrête de marcher, je me tourne vers
elle et la serre contre moi. « Honnêtement, je ne me suis jamais attendue à
ça. Je sais que c’est logique, surtout dans ta famille. Mais je n’ai juste
jamais pensé que je me marierais un jour. »
Elle rit un peu et acquiesce. « Ouais,
eh ben, c’est une grande première pour moi aussi, crois-moi. »
« En tout cas, je suis absolument sûre d’une chose. » Je fais
glisser mes mains autour de sa taille et l’attire contre moi. Je ne sais pas ce
qui sent le meilleur, elle ou les fleurs. Diable, bien sur que si je le sais,
Harper gagne haut la main.
« Quoi donc, Bébé? »
« En ce moment précis, je suis la femme la plus heureuse du monde
et je suis vraiment très amoureuse de toi. »
Pour toute réponse, elle se penche vers moi et, avec une tendresse
infinie, ses lèvres se posent sur les miennes. C’est l’un des baisers les plus
doux que nous ayons échangés, et là maintenant, c’est parfait, très romantique.
Elle pose sa main sur ma joue, je sens sa chaleur.
«Tu n’es que la deuxième femme la plus heureuse du monde. Tu as fait de
moi la plus heureuse, ma chér. Tu m’as donné tout ce dont je rêvais dans
la vie en croyant que je ne l’aurais jamais. » Ses pouces caressent mes
joues et elle m’embrasse à nouveau. « Merci de m’aimer. »
« On se donne la même chose l’une à l’autre Harper, parce que je
ressens la même chose. Dieu sait que j’ai passé des années à chercher tout ça. Et
puis, je t’ai trouvée. »
« Je suis ravie qu’on ne se soit pas cachée l’une à l’autre. »
Je ris un peu en me souvenant de ces quelques premiers mois avec elle. Je
prends sa main et on recommence notre promenade. « Non, on était déjà bien
trop obsédée l’une par l’autre depuis le début. Je pense que c’était écrit dans
le grand schéma de l’univers pour que deux caractérielles comme nous soient
ensembles. C’est vrai, qui d’autre pourrait nous supporter? »
« Oh, tu serais pas en train de me dire que je suis une tête dure
par hasard? » Elle blague en enroulant son bras autour de mes épaules. « C’est
un droit qui est réservé à ma Mama. »
« Et ta femme. » Je le lui rappelle en bougeant mon précieux
cadeau devant nous. Whaou, cette chose accroche même la plus faible lumière. « Je
vais avoir besoin d’un garde du corps armé pour ça. »
« Elle te plait n’est-ce pas? »
Je m’arrête à nouveau, elle me prend immédiatement dans ses bras
pensant que je veux un autre baiser. J’en veux un autre bien sûr, mais je dois
dire quelque chose avant. « Tu plaisantes? Bien sûr que je l’aime. Je l’adore.
Elle est magnifique. Elle est énorme mais elle est magnifique. » Un
sourire étire mes lèvres. « A ton avis, combien de temps ça va leur
prendre avant de s’en apercevoir au boulot? » J’ai hâte de voir la réaction
de Langston. Eh ouais mec, je suis enceinte et je vais me marier avec ma
compagne. Qu’est-ce que t’en dis?
« J’sais pas. Si tu marches en tenant ta main devant tes yeux sans
arrêt, peut-être pas longtemps. » Elle rit en m’imaginant marcher en
montrant ma bague avec insistance.
Je lève la main pour capturer la lumière de la lune dans les diamants. « Ben
c’est dur de ne pas la montrer quand même. » Je passe mon bras autour de
sa taille, pour reprendre notre ballade. « Depuis combien de temps tu prévois
tout ça? »
« Hum, laisse-moi réfléchir, depuis la nuit où une certaine
cigogne est venue me voir. »
« Whaou. Tu sais vraiment comment garder un secret. »
« C’est vrai. Ça vient d’avoir été élevée avec quatre frères qui
se mettaient tout le temps dans les problèmes. En tout cas, t’as pas idée à quel point je suis contente que ça soit
fait. Ça devenait vraiment trop compliqué de vous duper Langston et toi pour
pouvoir sortir du studio assez longtemps pour chercher ta bague. »
Je lui donne un coup sur le ventre. « Espèce de vache! C’est
là que tu étais toutes ces fois où je pouvais pas te joindre. Et tu mentais
quand je te demandais. ‘Oh Kels, je suis sortie pour des recherches vraiment
importantes’ tu mens comme un arracheur de dents! »
« Hé! C’était une recherche importante. C’était la recherche la
plus importante de ma vie. »
*****