Sassem, partie VII e
Chapitre 9 :
-
Bonne soirée ? fit une voix derrière Linya.
Elle
se retourna et tomba nez à nez avec une des deux personnes qu’elle souhaitait
le plus éviter.
-
Tia, fit-elle en évitant son regard.
Un
petit rire moqueur attira son œil et elle se retrouva à fixer le visage
goguenard de la mercenaire.
-
Tu ne vas quand même pas rester gênée toute ta vie ? lui lança-elle. Ce
n’était rien qu’un petit intermède rigolo, remets-toi.
Une
flambée de colère envahit la dirigeante et elle planta un regard furieux dans
celui de sa compagne.
-
Un petit intermède rigolo ?! répéta-elle d’une voix sifflante. Pour toi
peut-être, mais pour moi, c’était… c’était, bon sang tu m’as montrée ma
meilleure amie comme je n’étais pas supposée la voir ! Tu te prends pour
qui, nom de dieu ?!
Un
sourcil se leva et toujours avec son sourire amusé en coin, la grande femme
répondit.
-
Eh si ça te gênait tant que ça, tu pouvais sortir…
Le
sourire coquin s’agrandit.
-
Chose qui tu n’as pas faite très rapidement… C’est que le spectacle devait te
plaire finalement.
-T’as
aucune pudeur, cracha-t-elle furax.
Tia
soupira et perdit son sourire. Fronçant les sourcils, elle dit d’une voix
mi-dur mi- compatissante :
-
C’est quoi le problème exactement ? Que ça t’es réellement embarrassée
d’assister à une scène assez hot où ta meilleure amie était la vedette et que
ça ne l’ai pas gênée, ou bien que ça t’es plu et que tu n’aies pas eut le
courage de venir te joindre à nous ?
Au
rougissement soudain qui enflamma ses joues elle sut que sa deuxième hypothèse
était la bonne et réprima un sourire. Elle ne voulait pas l’énerver plus que
c’était déjà le cas.
-
Eh, respire Lin. Ce n’est rien. Je sais très bien exciter les gens, ça a fait
partie de ma… formation, déclara-t-elle d’un air dégoûtée, alors que tu l’es
été n’a rien de… surprenant pour moi. Tu as remarqué que Lex n’a pas
bronché ? Elle n’a pas été surprise non plus. Et pourquoi à ton
avis ? Arrête de t’en faire, ça ne signifie pas grand-chose. A part,
peut-être que tu es en état de manque grave et qu’il serait temps que ton corps
relâche la pression, dit-elle avec un petit rire.
Le
bref, mais visible passage d’une expression douloureuse et haineuse sur le
visage de Tia, calma quelque peu la colère de Linya. Ses propos eurent quant à
eux l’effet escompté et sa colère retomba tout à fait. C’était vrai que ça
faisait un moment qu’elle n’avait pas… satisfait à ses besoins et avec une
mercenaire formée à ce genre de choses qui flirtait avec elle depuis plusieurs
semaines maintenant, il était plutôt normal qu’elle finisse par démarrer. Mais
bon… avec sa meilleure amie et la nana de celle-ci… ce n’était plus gênant mais
carrément humiliant ! Elle allait quand même mettre du temps à s’en remettre.
A se poser des questions.
Puis,
décidant que ce genre d’endroit ne se prêtait pas à de telles pensées, elle
préféra changer de sujet et se concentra sur ce qu’elle avait remarqué,
quelques secondes plus tôt.
-
Pourquoi dis-tu que ça a fait partie de ta formation ?
Tia
resta silencieuse un moment, la considérant un peu, avant d’estimer qu’elle
pouvait répondre.
-
Que t’as dit Lex de mon passé exactement ?
-
Pas grand-chose. Que tu as été soldat très tôt et que tu le dois à Sassem, que
tu le connais bien et que c’est pour cela que tu sais de quoi il est capable.
-
Elle ne t’a rien alors, fit-elle un peu surprise.
Linya
haussa les épaules.
-
Elle n’allait pas me raconter tes secrets Ti. Se sont les tiens.
-
Oui, mais vous êtes meilleures amies.
-
Ça ne veut pas dire qu’il n’y a pas de limite. Tu n’as jamais eu de meilleure
amie ?
-
Je n’ai pas eu d’enfance, alors ça m’aurait été difficile, répondit-elle
distraitement, réfléchissant à la notion d’amitié et à tout ce que cela avait
apparemment de complexe.
La
révélation étonna Linya qui se demanda quelle vie elle avait bien pu avoir.
Finalement, Tia reprit la parole.
-
Sassem… à été mon « patron » durant de nombreuses années. Mon
enfance, je l’ai passée dans une de ses armées en Colombie. Là-bas, j’y ai appris
l’art de la guerre et de la manipulation. La séduction, le trouble… comment
déstabiliser un individu, quel que soit son sexe et son orientation, c’est
là-bas que je l’ai appris. Je crois que si j’ai voulu jouer avec toi c’était
pour… modifier un peu les sentiments liés à ces… apprentissages. Je… j’ai voulu
transformer quelque chose de négatif, « vraiment négatif »
songea-elle en revoyant des images de ce qu’elle avait été obligé d’apprendre
pour satisfaire son instructeur, en quelque chose de plus léger… mais j’aurais
dû savoir que pour celui qui subirait mon petit jeu, ce ne serait pas aussi
léger. J’aurais dû faire ça avec quelqu’un d’autre, désolée.
Linya
réfléchit un moment à ce que venait de lui apprendre d’elle-même la mercenaire
et ce que son aveu impliquait. Elle soupira et décida que ce n’était pas si
méchant après tout.
-
Non, ça va… j’ai juste été surprise de ma… réaction. Si tu m’avais embrassée à
ce moment là, non seulement je t’aurais laissé faire, mais en plus je crois
bien que j’aurais aimé ça.
-
Et tu as peur de ce que ça pourrait signifier ?
Tia
secoua la tête.
-
C’était un contexte Lin, rien de plus. Si je t’embrassais maintenant tu ne
ressentirais rien, à moins que je ne le veuille, finit-elle avec un sourire
canaille. Mais même si ça signifiait quelque chose, serait-ce si
terrible ? Tu vis au milieu de femmes, y’en a bien une qui va te plaire,
alors où est le problème ?
-
Le problème ? Eh bien, il se situe dans la réorganisation de l’image que
j’ai de moi. Il va falloir que j’accepte cette nouvelle image et que je m’y
habitue. Ça peut être long et je n’ai pas envie de passer mon temps à
m’interroger vainement.
-
Eh bien, si tu veux être fixée, va embrasser Lex.
-
Quoi ?!
-
Va embrasser Lex, répéta-t-elle, t’as ma permission.
-
Ça va pas, t’es dingue ?! J’ai pas envie d’embrasser Alexia !
Tia
réprima un nouveau sourire.
-
Et moi ? fit-elle en se rapprochant soudainement. Tu veux
m’embrasser ? Ça pourrait être instructif. Je pourrais t’apprendre
quelques trucs.
Linya
se recula brusquement, buttant contre le mur derrière elle.
-
Aïe !
-
On a peur d’apprécier ? fit la grande femme railleuse.
-
Beuh, t’es chiante Ti ! fit-elle en se frottant la tête. J’ai pas envie de
t’embrasser.
-
Mais tout à l’heure tu en mourrais d’envie.
-
Hey ! Faut pas exagérer ! J’ai dit que je ne t’aurais pas repoussée
c’est tout ! Et là, j’en ai vraiment pas envie !
-
Eh ben, tu vois, tu l’as ta réponse, déclara-elle en souriant.
La
jeune femme la dévisagea surprise, puis lui dédia un grand sourire et passa
gentiment, mais fermement, ses bras autour de sa taille. Elle la serra contre
elle en gardant son visage en visuel.
-
Merci.
Tia
la serra aussi contre elle.
-
De rien.
-
Tu sais, j’ai l’impression qu’avoir été choisie par toi pour cet intermède
rigolo, comme tu l’appelles, était… en fait plutôt flatteur.
-
Flatteur ? Là, tu m’épates et il faut que tu m’expliques.
-
Ben, j’ai été choisie pour rendre tes souvenirs plus beaux… c’est flatteur.
Tia
rit.
-
T’es pas l’amie d’Alexia pour rien toi ! Y’a que vous, pour interpréter
les choses de cette façon ! Mais merci… j’apprécie.
Linya
se dégageait quand Tia l’attira vers elle dans une nouvelle étreinte. Elle posa
sa bouche près de son oreille et murmura :
-
C’est bon d’avoir une amie comme toi.
Le
cœur de Linya fit un petit saut dans sa poitrine et elle rendit l’étreinte.
-
Merci. Ça me touche. Et… tu es une bonne amie toi aussi. Un peu tordue, mais
marrante.
-
Tordue moi ? Ça me ressemble pas du tout, affirma la grande femme en la
relâchant. Au fait, t’es pas mal comme ça.
-
Toi aussi t’es mignonne.
La
mercenaire leva un sourcil et se détailla. Linya lui avait acheté une chemise
blanche à l’ancienne, avec de grandes manches en dentelle qui s’évasaient sur
les poignets et un col long qui mettait en valeur son cou. Elle portait aussi
un pantalon noir en cuir, qui offrait un contraste saisissant avec la chemise.
Linya lui avait aussi acheté un collier en velours noir tout simple, mais elle
avait préféré garder celui que lui avait offert Alexia à Noël.
-
C’est original et pas trop mal, je dois en convenir. T’as bon goût.
-
Qu’est-ce que tu crois ?
-
Bon, j’ai faim. C’est un buffet ce soir c’est ça ?
-
Hum hum.
-
Montre-moi où il est alors. Et profite-en pour m’expliquer ce que tu as fait de
Genshenka et Jodie.
Linya
lui fit signe de la suivre et elles se frayèrent un chemin à travers la foule
bruyante.
-
Eh bien, pour le temps de la fête, des Nazaréens sont venus sur l’île. Un juge
et deux policiers. Pour le long terme… y ‘a une sénatrice qui veut faire passer
un projet de loi pour que nous puissions rendre la justice sur notre
territoire, enfin mes terres puisque la plupart m’appartiennent que se soit par
l’intermédiaire de diverses sociétés écran ou directement.
-
C’est plutôt cool.
-
Non, ça ne l’est pas. Nous sommes une association pas un état souverain et je
ne veux pas qu’on en devienne un. En plus ça nécessiterait de se mettre en
accord avec tous les pays où des villages séjournent et ça, ça va être très
très long.
-
Mais ça vaut peut-être mieux non ?
-
Non. Mais… peut-être que si on passait des accords avec les différents services
de police… ouais ça c’est une idée ! Merci Ti !
-
A ton service, fit celle-ci avec un petit rire.
-
Je m’occupe de ça dès ce soir. Enfin, demain après-midi, après une longue nuit
de fête et quelques heures de sommeil durement gagné. Dis-moi chérie, tu
n’aurais pas quelques contacts avec le gouvernement Grec ?
-
Quelle province ?
-
C’est vrai tu en as ?
-
Quelques uns. Alors quelle province ?
-
Ben, comme le problème le plus urgent à résoudre concerne G et J et que la plus
proche de l’île est la
Thessalie
-
Je connais le roi de cette province. Un service rendu il y a quelques années.
Je peux t’obtenir un rendez-vous si tu veux.
-
Super ! Si tu fais ça, tu es mon héroïne à vie !
Un
rire retentit.
-
Tu es plutôt facile à contenter, dis donc.
*****************************************
Le
lendemain soir, Tia sortit rapidement sur le balcon où elle respira l’air sein
à plein poumon en se demandant ce qui lui avait pris d’accepter de participer à
un truc aussi énervant… Elle aperçut une tête blonde en train de rire et son
sourire lui revint. « Ha oui… pour ça ».
Elle
croisa son regard et même d’aussi loin, elle put voir la joie traverser ses
yeux si verts et cela lui réchauffa le cœur. Alexia lui fit un petit signe et
lui offrit un baiser du bout des doigts. Tia leva la main et l’attrapa dans les
airs puis le porta à son cœur.
Alexia
fondit devant l’image et elle eut envie de la rejoindre, mais elle fut prise de
vitesse par Gin. Elle les observa quelques temps, trouvant à sa compagne une
meilleure mine. Elle se remettait de ses blessures à une vitesse ! Le
médecin de l’hôpital, avait refait les radios de ses côtes, peu avant leur
départ de l’île hier et il se trouvait que c’était déjà presque cicatrisé. Bon
il faudrait encore quelques jours, mais c’était nettement plus rapide que la
moyenne ! De même son front avait déjà cicatrisé et sa commotion avait
entièrement disparue à peine trois jours après le diagnostic ! Quand à la
plupart de ses brûlures, elles avaient disparu. Enfin celles sur son visage.
Elle
se demandait comment une chose pareille était possible, puis se dit que ce
devait être un effet de son incroyable volonté. Depuis sa capture par la milice
en Colombie, elle avait dû faire preuve d’une volonté sans faille pour
seulement survivre au milieu d’eux et la moindre blessure, la moindre douleur,
surtout à l’époque de Pedro, devait être reléguée au plus profond d’elle-même,
si elle ne voulait pas lui et leur offrir à tous la satisfaction de la voir
s’effondrer.
Tia
portait aujourd’hui un ensemble noir en soie qui brillait comme la lune sur de
l’obsidienne. C’était une tunique d’inspiration asiatique, avec un liseré rouge
et un dragon d’un bleu riche dans le dos, acheté apparemment par Linya pour
l’aider à cacher ses bandages. Et outre le fait que cela remplissait
parfaitement son office, elle mettait en valeur sa taille fine et son corps
musclé mais bien proportionné.
Elle
avait détaché ses cheveux qui descendaient en vagues brillantes sur ses épaules
et son dos. Elle avait l’air à la fois parfaitement à son aise et totalement en
dehors. Le noir profond de l’ensemble et le fait qu’elle se tenait dans un
recoin où l’ombre dominait, lui donnait un air dangereux et faisait ressortir
l’intensité du bleu de ses yeux. Alexia sourit, complètement accro, mais ne
dérangea pas le tête à tête qu’elle avait avec son oncle. Ils en avaient si
peu.
Un
de ses « amis » l’interpella et elle répondit joyeusement, oublieuse
des ennuis qui existaient en dehors de sa bulle. Elle avait droit à une semaine
de superficialité vaine et elle n’allait pas s’en priver !
******************************
Tia
salua son oncle avec un plaisir évident. La veille, pour diverses raisons, ils
n’avaient même pas eu l’occasion de se parler, exception faite des salutations
d’usages. Apparemment, le mot avait été donné que c’était elle qui devait
régler les divers détails et problèmes innérants à chaque fête. Elle avait
soupçonné un coup de Linya et le fait de ne pas parvenir à lui mettre la main
dessus en était, pour elle du moins, la preuve.
Hier,
à la fin de la soirée, ou plutôt tôt ce matin, à bout de nerf devant toutes ces
fichus questions auxquelles elle était incapable de répondre, elle avait hurlé
sur les pauvres serveurs et employés et depuis ils l’évitaient tous comme la
peste. Elle avait conscience qu’elle devrait s’excuser mais si elle le faisait
trop tôt, ils se croiraient autorisés à recommencer et elle voulait vraiment
éviter de passer la semaine à s’occuper de tous ces… chichis.
-
Bonjour jeune dame, fit-il en faisant une petite courbette.
-
Salut !
-
Cette fête est magnifique, tout comme la dame qui la préside, déclara-il en
levant son verre en un toast muet.
-
Je ne suis pas cette dame là, répondit-elle, pas si je peux l’éviter !
Cela
arracha un petit rire à son oncle.
-
Où est Lizzie, je ne l’ai pas aperçue aujourd’hui.
-
Oui, en effet, elle a préféré rester à l’hôtel. Ces manifestations sont loin
d’être sa tasse de thé et elle croyait que tu serais encore très prise, alors…
-
Je comprends. J’aurais bien fait comme elle moi aussi.
-
Tu n’aimes pas ce genre de fête ? fit-il railleur. Comme c’est étrange.
Elle
sourit puis reprit.
-
Et Trinity ?
-
Par là-bas, avec des connaissances, des fils de personnes avec qui nous faisons
affaires. Elle doit certainement les entretenir de nos dernières nouveautés ou
techniques ou je ne sais quoi d’autres.
-
Attends, tu veux dire qu’elle utilise une fête pour travailler ?
interrogea-t-elle incrédule.
Gin
lui fit un sourire indulgent.
-
Je t’accorde qu’elle n’est pas toujours très diplomate mais elle prend les
affaires très au sérieux.
-
Je vois ça. Désolée, je ne voulais pas paraître insultante.
-
Ne t’en fait pas, je comprends ta surprise. Mais tu sais, tout les gosses de
riches ne sont pas comme ceux-là et même eux peuvent changer, fit-il en les
englobant tous d’un geste.
-
Mmmm oui, sûrement.
Elle
repensa à Alexia et dû convenir que oui, mais elle ne parvenait pas à saisir ce
qu’elle avait pu trouver de si intéressant dans ce milieu, de même qu’elle ne
comprenait pas comment deux mondes si opposés, le sien et celui qui s’étalait
devant ses yeux, pouvaient tout deux plaire à sa compagne. Ils étaient si
différents… Alexia avait l’air d’un poisson dans l’eau et elle se demanda si ce
monde, cette façon de vivre ne lui manquait pas plus que ce qu’elle avait bien
voulu lui dire. Encore une fois, elle s’interrogea sur son droit à priver Lex
d’une telle chose.
-
Ça va ? l’interrompit son oncle.
-
Oui, oui.
-
Tu es sûre ? Si tu as un problème, n’hésite pas, tu sais. Je suis là pour
toi maintenant.
Tia
leva les yeux et croisa son regard, un peu surprise de la déclaration et du
ton, très sérieux et un peu mélancolique qu’il venait d’utiliser.
-
Rien sur lequel je puisse avoir une influence, répondit-elle en ne le quittant
pas des yeux.
Il
hocha la tête et elle aperçut un éclair, bref mais visible, d’une douleur bien
présente.
-
Un problème ? l’interrogea-elle en posant une main sur son bras.
-
Non. Je te remercie.
-
Tu sais, Gin. Une des choses que j’ai apprises pendant mon enfance, c’est de
déceler les mensonges. Et, désolée de te dire ça, mais tu ne sais pas mentir.
Il
secoua la tête vaguement amusé puis la dévisagea en se demandant jusqu’à quel
point il pouvait être sincère.
-
C’est juste un regret. Rien sur lequel je puisse avoir une emprise, fit-il pour
reprendre ses mots.
-
A quel propos ? Si ce n’est pas indiscret.
-
Ça ne l’est pas vraiment puisque ça te concerne.
Tia
hocha la tête et Gin prit une courte inspiration avant de se lancer :
-
Je suis désolée, le lieu n’est pas vraiment approprié pour ce genre de sujet
mais… c’est toi qui l’a demandé.
-
Je t’écoute. Et le lieu importe peu quand on a mal.
-
C’est vrai, acquiesça-il avec un petit sourire. Tu ne cesses de me surprendre.
Enfin bref… mon regret… concerne notre séparation. Je regretterai toujours de
ne pas t’avoir retrouvé avant, de même que je regrette le fossé qu’il y aura
toujours entre nous à cause de cela.
Tia
accusa le choc. Elle ne s’attendait certes pas à ça.
-
Heu… je…
Elle
inspira puis recommença.
-
De quel fossé parles-tu ? Pour ma part il n’y en a pas. Je… ne me confie
pas c’est tout. Une… vieille habitude, fit-elle avec un sourire triste, mais…
rien qui ne soit en rapport avec toi, tu sais. C’est… juste… un moyen de
protection. Pourtant, tu sais énormément de choses sur moi et je pensais que tu
savais que c’était parce que j’avais confiance en toi.
Une
pause.
-
Apparemment pas. J’imagine que tout le monde n’est pas capable de lire entre
les lignes… Pardon... Je m’exprimerais plus clairement la prochaine fois.
-
Voilà que je me sens coupable maintenant. C’est à moi de m’excuser.
-
Y’a pas de raison, et comme dit Linya on ne va pas y passer la nuit, alors
oublions ok ?
-
Ok. Mais au fait, la dernière fois que j’ai parlé avec ta compagne, elle m’a
dit quelque chose qui m’a rendu un peu perplexe et elle n’a pas souhaité
répondre à mes questions. Elle m’a dit de t’interroger à ce sujet. Que c’était
à toi de me le dire, si tu le souhaitais.
-
Ah… et c’est ?
-
Elle a dit que Sassem Ricardo m’avait fait du mal à moi aussi, mais j’ai eu
beau chercher, je n’ai pût trouver en quoi.
La
mercenaire resta un moment silencieuse, perdue dans ses souvenirs doux-amers.
-
Pour te répondre, dit-elle enfin, il faudrait que je t’explique mon histoire en
détail. Mais pour faire cour et te donner une première raison… je peux te dire
qui est responsable de la mort de mon père, de ma mère et de mon frère.
-
Lui ?
-
Oui. Il… son armée ou du moins l’une d’elle, a tué ton frère, ton neveu et ta
belle-sœur. Ensuite… ensuite ils m’ont emmenée.
Gin
resta muet, submergé par la colère, la tristesse et une infinie compassion pour
cette femme, sa nièce, qui avait traversé plus d’épreuves qu’il ne le
soupçonnait.
-
Pour ce qui est des regrets pour ne pas m’avoir retrouvée plus tôt, n’en aies
plus. C’est Sassem qui nous a éloigné l’un de l’autre. A dessein. Il avait
d’autres projets pour moi, que de me rendre à ce qu’il restait de ma famille.
-
Je commence à détester de plus en plus ce personnage, fit-il avec dureté.
-
Bienvenue dans la famille ! lança Tia subitement, une étincelle malicieuse
au fond des yeux.
-
Merci, fit-il avec le sourire qu’elle souhaitait lui voir.
Il
posa sa coupe de champagne et l’étreignit doucement. Elle lui rendit son
embrassade et ils se dévisagèrent un instant. Puis ils reprirent une
conversation moins sérieuse, Tia s’appuyant sur le mur derrière elle, les mains
croisées dans son dos et Gin récupérant sa coupe et montrant la salle de la
main.
*******************************
Le
troisième soir fut un peu différent. Linya avait prévu une soirée dans une
boîte branchée de Thessalie et Alexia avait insisté pour que Tia accepte d’y
venir. Si la mercenaire détestait les fêtes de riches, elle ne portait pas non
plus dans son cœur les sorties en boîte alors les deux ensemble…
Elle
était d’une humeur massacrante. Mais elle faisait bonne figure devant sa
compagne. Après tout, elle avait organisé ça pour elle, autant ne pas lui
gâcher son plaisir.
Elle
observa l’environnement alentour et concéda que ce n’était pas mal. Mais
c’était cependant très loin des boîtes où elle allait pour draguer une fille
pour la nuit. En fait, elle ne détestait pas les boîtes, seulement celles
fréquentées par les gosses de riches. Il lui était arrivé d’y faire un tour et
d’y lever une gamine friquée, mais c’était surtout pour le fun ou à cause d’un
pari avec Enyalios. Jamais sérieusement.
Pourtant
elle se trouvait là, avec une de ces filles de riches honnies. Elle sourit à la
jeune femme qui revenait avec leurs consommations. Et elle ne le regrettait
pas. Alexia portait une robe verte ultra moulante au design plutôt audacieux
étant donné qu’elle dénudait le dos, les côtes et les épaules et était fendue
sur le haut de ses cuisses. Alexia posa son jus de fruit sur la petite table
devant le canapé et avala une gorgée de son gin-fiz avant de le mettre à son
côté et de s’affaler contre sa partenaire.
-
Je voulais te traîner dans une boite de nuit comme celle là pour notre
anniversaire mais… on avait d’autres trucs à penser… Mais je suis contente que
tu sois là aujourd’hui, déclara-elle en posant sa tête contre son torse.
Tia
qui avait posé son bras sur le dossier, le fit descendre sur les épaules
attirantes de sa petite amie.
-
Notre anniversaire ?
-
Celui de notre rencontre, pas de notre première fois ou de notre premier baiser
ou encore celle de notre premier rendez-vous.
Deux
sourcils se levèrent à la vue de la liste.
-
On en a tant que ça ?
Alexia
hocha la tête
-
Et… tu connais toutes les dates ? demanda la grande femme un peu
hésitante.
-
Oui. Mais ne t’en fait pas, je sais que se ne sont pas des choses auxquelles tu
penses, alors pas de stress inutile, mon cœur, j’y penserais pour nous deux.
-
Euh… ok.
-
On va danser ? fit-elle en entendant une musique entraînante.
-
Si tu veux mais…
-
Mmmmm ?
-
Je ne réponds pas de mes actes.
-
Ce qui veut dire ? interrogea-t-elle en la tirant sur la piste par la
main.
-
Que les seules fois où j’ai dansé, c’était pour draguer et que ma partenaire et
moi ne sommes pas restées très longtemps sur la piste.
-
Oh ! Et bien, j’aime les défis, dit-elle avec un petit sourire.
La
musique changea au moment où elles se mirent l’une en face de l’autre. Si la
précédente était vivante et donnait envie de bouger, celle-ci était plus lente,
plus sensuel et quelque peu plus sombre. Tia sourit, parfaitement à l’aise dans
ce genre d’ambiance. Alexia lui retourna son sourire et elles commencèrent à
bouger.
D’abord
lentement et sans se toucher. Puis les mouvements s’accélérèrent, suivant la
cadence de la musique. Elles se rapprochèrent et se tournèrent autour, en
rythme et toujours sans se toucher. Tia leva ses deux mains et suivit les
contours du corps d’Alexia sans jamais poser la main sur la peau dénudé.
Les
yeux de sa compagne brillèrent d’anticipation. Elles dansèrent ainsi un long
moment, se rapprochant de plus en plus, sans pour autant entrer en contact. La
fin de la musique les trouva à un souffle l’une de l’autre. Les yeux dans les
yeux, elles attendirent le début de la chanson suivante.
Lorsque
les premières notes lentes d’un slow retentirent, Tia posa doucement, du bout
des doigts, ses mains sur les côtes nues d’Alexia. Sa partenaire posa ses mains
sur les bras qui l’entouraient, sans la rapprocher, et elles bougèrent lentement,
suivant le doux rythme de la musique.
Les
doigts de la mercenaire glissèrent lentement sur la peau chaude et envoyèrent
des frissons le long de l’échine de son amante. Ils remontèrent calmement et
parvinrent bientôt au point sensible qui faisait la jonction entre les seins et
les côtes. Elle fit une pause puis poursuivit sa lente exploration. Elle posa
le bout de ses doigts sur le sein d’Alexia, pendant que son autre main glissait
dans son dos, vers le bas de ses reins et la pressait lentement contre son
corps. La respiration soudainement saccadée de sa compagne indiqua à la grande
femme que ses caresses avaient l’effet voulu.
Elle
pressa doucement le corps souple de sa petite amie contre son bassin, sa main
droite redescendant le long de ses côtes vers sa cuisse. Leur nez se frôlant,
leur souffle se mêlant et leurs yeux plongés l’une dans l’autre, les deux
femmes n’avaient plus conscience de l’endroit où elles se trouvaient.
Seuls
ce que ressentaient leurs corps et la chaleur montant au creux de leur bas
ventre comptait. Elles se rapprochèrent encore sans cesser d’onduler. Les
doigts de la main droite de la mercenaire caressaient sensuellement le haut de
la cuisse de son amante. Alexia avait les mains sur son dos et faisait des
cercles langoureux. Elle ferma les yeux, profitant de ce que sa grande compagne
lui faisait ressentir.
Son
front entra en contact avec le sien et les mains d’Alexia descendirent
inconsciemment vers les reins de son amie qu’elle enserra fermement et pressa
contre elle-même.
Un
soupir lui échappa et la main de Tia s’égara vers l’intérieur de sa cuisse. Un
gémissement monta de ses lèvres et enfin la mercenaire se pencha et l’embrassa
avec passion. Tia écarta le tissu gênant de son chemin, passant par un des
grands trous dont était parsemée la robe, près du sexe de son amie, et y passa
les doigts. Elle constata avec un sourire coquin, qu’Alexia ne portait pas de
dessous.
Elle
fit glisser un de ses longs doigts fins sur le clitoris de sa partenaire lui
arrachant un nouveau gémissement. Soudain, Tia souleva sa jeune compagne et la
plaqua contre un pilier en l’embrassant sans plus de retenue. Les jambes autour
de la taille de la grande femme, Alexia n’entendait même plus la musique et
ignora les regards surpris de ses amis.
-
On rentre ? grogna Tia d’une voix rendu rauque par l’excitation.
-
Vite… souffla son amie.
Elles
sortirent avec une rapidité surhumaine, sans se lâcher des yeux mais n’eurent
pas la patience de rentrer à l’hôtel. Elles prirent une chambre dans le premier
hôtel sur leur chemin et se jetèrent l’une sur l’autre sans attendre. Elles
s’arrachèrent quasiment leurs vêtements et s’affalèrent sur le lit.
Alexia
dégusta le corps de son amie, en commençant par le ventre et en remontant
progressivement, alternant langue et lèvres, pour le plus grand plaisir de son
amante. Elle arriva rapidement aux seins aux pointes tendues et elle les
titilla, les mordilla et les lécha, ses mains s’occupant du reste du corps.
Tia
se cambra en proie à une envie dévorante. Elle poussa sa compagne vers le bas
de son corps, retenant les gémissements et les cris qu’elle mourrait d’envie de
pousser.
Alexia
comprit le message et descendit s’occuper de ce qui réclamait son attention.
Elle passa une langue douce sur le sexe humide de sa petite amie et titilla le
clitoris gonflé avant de descendre rapidement plus bas. Elle introduisit sa
langue dans le sexe ouvert et Tia écarta ses cuisses plus largement, pressant
la tête un peu plus fort. Alexia y ajouta un doigt, puis deux et bientôt un
troisième vient les rejoindre. Elle retira sa langue et posa sa bouche autour
du clitoris douloureux tout en faisant aller et venir ses doigts dans le sexe
engorgé de son amie.
Tia
se cambra violemment sous la caresse et gémit longuement.
-
Plus loin, plus loin… réclama-t-elle encore.
Alexia
ressortit alors ses doigts et les réintroduisit, mais en commençant par le
pouce pour finir par le petit doigt. Elle avança doucement, lentement,
vérifiant régulièrement sur le visage de son amante qu’elle ne lui faisait pas
mal, mordillant le clitoris pour relancer l’excitation par vagues de plus en
plus intenses et bientôt sa main entière, jusqu’au poignet, fut à l’intérieur
du sexe palpitant.
Les
sensations étaient uniques et Alexia en profita largement. Le sexe de Tia se
contractait tout seul tellement elle aimait ça et la pression que cela faisait
subir à sa main était exquise. Elle se mordit la lèvre et céda enfin aux
supplications de la mercenaire. Elle fit aller et venir sa main avec douceur.
Elle lécha tendrement le clitoris avant de remonter vers sa compagne sans
cesser ses mouvements. Elle embrassa le ventre dur et mit sa langue dans le
nombril. Puis accéléra la cadence de sa main.
Bientôt
le corps de Tia se raidit et un râle rauque se fit entendre. Son corps se
détendit soudain et Alexia retira doucement sa main du sexe repu de son amie.
Elle déposa un doux baiser sur le ventre humide de sa petite amie et remonta en
déposer un autre sur ses lèvres. Elle se coucha à ses côtés et regarda la
respiration se calmer doucement.
Tia
finit par tourner la tête vers elle et lui sourit.
-
C’était nouveau ça.
-
Je n’ai fait qu’accéder à tes demandes, chérie. Et elles étaient plutôt
pressantes, répondit-elle en faisant la maligne.
Tia
ne lui répondit pas.
En
tout cas pas avec des mots.