Possibilités infinies, chapitre 7A
1ère partie
« Ton cœur est ton foyer » (Home is where the heart
is)
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Elles décidèrent de migrer vers le canapé
pour le dessert. Lis avait préparé un gâteau au chocolat qui faisait venir
l’eau à la bouche de Cass rien qu’à le regarder. Le chef de la sécurité apporta
la bouteille de champagne et les verres à la petite table, tandis que Lis
saupoudrait les tranches de sucre glace et les posait sur des assiettes, avant
de les apporter.
« Eh ben, Lissy », s’exclama Cass
en attaquant la première bouchée. « Ce truc devrait être interdit. »
Elle mâcha avec enthousiasme. « C’est fantastique. »
Lis sourit. « C’est une recette de ma
mère », répondit-elle en se calant contre les coussins, son épaule contre
le bras de Cass. « Et c’est encore meilleur quand ça n’est pas
synthétisé. »
Cass grogna en y pensant. « Oh, bon
sang, j’ai hâte de goûter ça », marmonna-t-elle en attaquant un autre
morceau de sa fourchette. Une pensée lui vint et elle tourna la tête pour
regarder la jeune femme qui mangeait joyeusement près d’elle. « Tu penses
que ta mère va m’apprécier ? » Demanda-t-elle calmement.
Le regard vert chercha le sien et elles
prirent conscience d’un long futur à passer ensemble. Lis hocha la tête en
souriant.
« Je pense qu’elle va beaucoup
t’apprécier », répondit-elle. « Et tu seras suprêmement charmeuse, je
n’en doute pas. » Elle sourit en voyant le haussement de sourcil canaille
que ces paroles provoquèrent.
« Comme d’habitude, non ? »
Demanda Cass.
« Non », répondit Lis en riant.
« Tu peux être positivement odieuse quand tu t’y mets. »
Cass lui sourit. « C’est mon boulot
d’être odieuse parfois », dit-elle en poussant doucement la jeune femme du
coude. Elle regarda Lis. « Elle doit te manquer beaucoup. »
Lis hocha lentement la tête. « C’est
vrai », répondit-elle. Sa mère avait fini par quitter son père abusif
quand Lis avait 18 ans. Mère et fille s’étaient occupées l’une de l’autre
jusqu’à ce qu’elle et Nick se marient et, même après, elles étaient restées
très proches. « Ce paquet de messages que nous avons réussi à recevoir de
Starfleet ne suffisait pas », dit-elle avec un sourire triste.
Cass se pencha et embrassa le dessus de sa
tête tendrement. « Tu as raison », dit-elle. « Je n’ai jamais
prétendu avoir les meilleures relations avec mes parents, mais, bon sang,
c’était bon de recevoir cette lettre de leur part. » Elle posa son
assiette sur la table et se retourna pour s’étirer sur la longueur du canapé et
poser la tête sur les genoux de Lis.
La jeune femme blonde plongea ses doigts dans
la garniture de sa tranche de gâteau et l’offrit à Cass, peignant les lèvres
pleines du chocolat tendre. Des yeux bleus brillants l’invitèrent à se
rapprocher et elle se tourna légèrement pour poser son assiette sur le bord de
la fenêtre. Puis elle accepta l’invitation et se pencha pour goûter le chocolat
sur les lèvres de Cass du bout de sa langue.
Cass sentit quelque chose la remplir et se
déverser en elle. Tandis que leurs mordillements et leurs coups de langue se
changeaient en un autre baiser profond, le relâchement d’une tension latente
qu’elle n’avait même pas réalisé avoir en elle, commença à se faire. Elle se
mit à trembler, même lorsque Lis l’enroula de ses bras et la redressa. Entre
les baisers, un petit sanglot s’échappa et immédiatement la jeune femme blonde
la berça tendrement contre sa poitrine, apaisant une Cass secouée de
tremblements.
« Chhhhhh, ma chérie, tout va
bien », chantonna Lis.
« Je suis d-désolée », murmura Cass
contre le tissu doux de sa chemise. « Ç-ça m’a p-prise p-par
sur-prise. »
« Mhmmmmm », je comprends, mon
bébé », la rassura la jeune femme. « Tu as attendu si longtemps et
maintenant tout arrive à pleine vitesse, n’est-ce pas ? » Elle sentit
la jeune femme hocher la tête. « Nous pouvons vraiment ralentir,
Cassie », suggéra-t-elle. « Que sont quelques jours… ou semaines… si
c’est ce dont tu as besoin ? » Tendrement, elle repoussa des mèches
noires rebelles du front de Cass et y déposa un léger baiser. « Nous ne
sommes pas pressées, ma douce. »
« M-mais, c’est juste… » Cass
hoqueta en pleurant. « Je n’ai pas l’impression que nous devons
attendre. » Elle tendit la main et traça la joue et la mâchoire de Lis de
ses doigts. « Je te connais mieux que je n’ai jamais connu
personne », murmura-t-elle, voyant la confirmation dans les yeux de Lis.
« Et personne n’est aussi près de me connaître que toi. » Cela lui
valut un sourire. « Je t’aime de tout mon cœur et je ne pense pas que ce
soit une grande surprise pour toi non plus. » Elle obtint un sourire encore
plus épanoui et un rapide coup de tête en réponse. « Alors, à moins que tu
aies besoin d’attendre… »
Lis tendit la main et prit celle de Cass pour
embrasser sa paume. « Je n’en ai pas besoin », murmura-t-elle.
La jeune femme brune hocha sa tête posée sur
ses genoux. « Je me sens si soulagée », dit-elle.
« Soulagée ? »
« Mhmmmmm. Que toute cette attente soit
derrière moi. » Lis hocha la tête de compréhension. « Je pense que
c’est ce qui a provoqué les larmes. » Cass regarda Lis porter sa main sur
son cœur et elle sentit le battement fort et rapide du pouls de la jeune femme
blonde. « Nous avons été ensemble si souvent depuis… l’accident. Une
partie de moi essaie toujours d’intégrer que nous sommes vraiment
ensemble. » Elle se couvrit les yeux de son autre main. « Je raconte
un peu n’importe quoi, non ? »
Lis rit doucement. « En fait,
oui », répondit-elle. « Est-ce que tu as l’impression que je t’ai un
peu prise au dépourvu ? »
Cass prit un petit air penaud. « Oui,
peut-être un peu. » Elle sourit. « Mais je ne m’en plains pas. »
Lis hocha la tête. « Je présume que
j’aurais dû préparer un peu tout ça », admit-elle. « J’y pensais
depuis un petit moment déjà. »
Cass lui sourit. « Qu’est-ce qui t’a
fait te décider ? » Demanda-t-elle.
« Le mariage », répondit la jeune
femme. « Pendant que nous étions témoins pour Kathryn et Annika, je t’ai
regardée et tu avais l’air si… et bien, magnifique… » Elle rit doucement
en voyant la rougeur qui montait rapidement sur les joues de Cass. « Mais
aussi, pour la première fois, je me suis rendu compte que je pouvais te
regarder et avoir envie d’être avec toi, sans autres complications, bagages,
problèmes ou culpabilité. Et je voulais tellement être avec toi que j’ai failli
tendre la main pour prendre la tienne sur-le-champ. »
« J’ai croisé ton regard une fois
pendant les vœux, tu t’en souviens ? » Demanda Cass. Lis hocha la
tête. « Je voulais aussi t’embrasser à ce moment-là. »
« Et pendant que nous dansions, je
pensais à nous et à notre première rencontre, et il m’est revenu que notre date
anniversaire était proche », continua Lis. « Et j’ai décidé que ce
serait la première que nous puissions pleinement célébrer. » Elle pressa
doucement la main de Cass. « Je sais que les autres ont été nulles. »
Cass scruta le regard vert océan. « Pour
toi aussi ? »
« Oh oui, mon amour », répondit
tranquillement Lis. « Tous autant qu’ils sont. » Elle déglutit.
« Je me trouvais une bonne raison pour être toute seule ce jour-là. Et
j’allais à un de nos endroits… »
« Castagnola », dit Cass en
souriant.
« Mhmmmm. Ou cette petite plage que nous
avions trouvée, tu te souviens ? Sur la côte ? » Cass acquiesça
de la tête. « Et je passais la journée à penser à toi… à me demander où tu
étais, si tu allais bien. Et à me souvenir. »
Cass tendit la main et du bout du doigt, elle
essuya la larme qui glissait sur la joue de la jeune femme.
« Nous sommes faites pour être ensemble,
Lis », murmura-t-elle. « C’était la seule chose qui me faisait
avancer. Je l’ai su dès notre première rencontre. »
Lis hocha la tête. « Oui, moi aussi.
C’est ce qui a rendu les choses si difficiles. » Elle s’égaya un peu.
« Jusqu’au jour où je me suis réveillée sans ressentir de douleur. Et
c’est là que j’ai réalisé que les sentiments que j’avais toujours eus pour toi
pouvaient exister sans aucune restriction. » Elle se pencha en avant et
embrassa Cass sur le front. « Je suis désolée de t’avoir tendu une
embuscade, ma chérie. »
Cass ferma les yeux et posa sa joue sur
l’épaule de la jeune femme, savourant chaque seconde de la chaleur et de la
sécurité qu’elle y ressentait.
« Ne sois pas désolée », dit-elle
calmement. « Nous avons attendu horriblement longtemps. Tu as fait ce qui
était juste. » La tentation du cou si proche fut trop forte et elle laissa
traîner ses lèvres lentement sur la peau douce.
« Ooooohhhhhh Cassie », grogna Lis,
son corps répondant immédiatement et profondément à la caresse de la jeune
femme brune.
Encouragée, Cassie continue à embrasser et à
effleurer de ses lèvres vers le point doux et sensible qu’elle connaissait
juste en-dessous de l’oreille de la jeune femme blonde. Elle effleura
légèrement de sa langue le lobe, souriant quand Lis prit une inspiration
tremblante. Elle glissa les mains sur le torse chaud sous elle et sentit Lis
commencer sa propre exploration. Cass sentit les mains glisser sous son
tee-shirt et elle hoqueta.
Lis avait l’impression que sa peau était en
feu. Les mains de Cass semblaient être partout, dans ses vêtements, caressantes
et excitantes. La jeune femme sentit un besoin irrépressif d’embrasser Cass et
elle chercha sa bouche avec avidité. Elles se laissèrent aller dans le baiser,
bougeant maladroitement pour être allongées côte à côte sur le canapé, Lis
légèrement au-dessus du corps plus solide de Cass.
« J'ai tellement envie de toi »,
murmura cette dernière d’une voix rauque tandis que la langue de Lis passait
dans le creux de sa gorge, envoyant des éclairs de désir brûlant en elle.
« Oh oui », gronda la jeune femme.
Ses mains trouvèrent rapidement le bas du tee-shirt de Cass et le repoussèrent
avec impatience vers le haut jusqu’à ce que ses doigts effleurent le bas de son
soutien-gorge. Elle laissa ses mains voyager plus loin, traçant des cercles
excitants sur les seins de Cassie, puis s’arrêtant sur les tétons durcis à
travers le tissu fin, ravie par la réponse immédiate. Cass gronda et s’arqua
sous elle. « Mmmmm, il faut que cette chemise disparaisse », marmonna
Lis en tirant sur le vêtement.
« La tienne aussi », dit Cass d’une
voix insistante.
Elles tâtonnèrent et remuèrent, essayant
d’enlever la chemise de l’autre, ne réussissant qu’à s’emmêler un peu plus.
Elles changèrent de rôle simultanément et luttèrent avec leur propre vêtement,
évitant au passage les coudes et les mains qui volaient dans leur précipitation
à sentir la peau de l’autre.
« On a toujours été aussi
maladroites ? » Dit Cass en riant même lorsqu’elle frissonna de
plaisir au contact de la peau soyeuse de Lis contre la sienne.
« Seulement quand on ne pouvait pas
attendre d’être l’une dans l’autre », répondit la jeune femme d’une voix
rauque tout en poussant sa cuisse entre les jambes de Cass, peu surprise mais
profondément excitée par la chaleur qu’elle y ressentit.
« Oooooohhhhhhh
Liiiiiiiiiiisssssssssssss. »
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« Est-ce qu’il n’est pas un peu tard
pour vous, Mlle Wildman ? » Demanda le capitaine Janeway avec un faux
ton formel, surprise de voir la fillette, seul enfant du Voyager, se tenir
juste devant la porte de son bureau.
« Un bon Assistant de Passerelle fait
toujours le point avec son commandant avant d’aller au lit, Capitaine »,
répondit Naomi avec un ton confiant, les mains serrées derrière le dos dans une
imitation inconsciente de son autre modèle, Seven of Nine.
Janeway sourit avec indulgence. La gamine
avait été un bonus inattendu tout au long de ce long voyage, avait-elle décidé.
Précoce, indépendante et déterminée à se trouver un rôle utile, Naomi lui avait
proposé de la nommer Assistante de Passerelle, premier pas dans la quête de la
fillette pour devenir le capitaine Wildman. Le fait qu’il n’y ait aucun grade
de la sorte n’avait pas été dissuasif. Janeway s’était rendu compte qu’assigner
Naomi à des petites tâches était un exercice qui se montrait utile pour elles
deux.
« Tu veux te joindre à moi ? »
Dit Janeway tout haut depuis l’endroit où elle se trouvait au niveau supérieur
de son bureau. Elle était en train de contempler le champ d’étoiles, ayant
choisi de rester en service vu que Seven travaillait tard à une mise à jour
importante du logiciel d’astrométrique. L'arrivée de Noami était bienvenue.
Elle attendit que son membre d’équipage le plus petit grimpe les marches du
niveau supérieur et vienne se tenir près d’elle. « Avez-vous eu une
journée chargée ? » Demanda, en sirotant la tasse de café qu’elle
tenait dans la main.
« Oui, madame », dit Naomi en
hochant la tête, les yeux levés vers le capitaine en pleine adoration. De tous
les adultes sur le Voyager, la jeune fille était la plus proche de Seven, mais
depuis le mariage de Janeway avec l’ex-Borg, Naomi avait été une visiteuse
régulière de leurs quartiers. Elle avait développé un énorme béguin pour le
capitaine ce faisant.
Comme si tu n’adorais pas ça, Katie,
dit sa voix intérieure en riant.
« J’ai eu des cours ce matin et puis
Maman m’a laissée l’aider avec le diagnostic astrométrique », dit Naomi,
heureuse de raconter sa journée au capitaine.
Janeway posa sa tasse puis tapota le bord de
la grande baie, invitant la fillette à grimper. Elle lui donna la main pour
l’aider et bientôt elles furent presque à niveau. Elle sourit à la gamine.
« Quels étaient tes cours ce
matin ? » Demanda-t-elle, heureuse de laisser l’enfant parler.
« Avec l’enseigne Roberts pour une heure
sur la théorie sur le moteur à distorsion et puis avec Chakotay pour la
philosophie religieuse », répondit Naomi. « Aujourd’hui nous avons vu
le bouddhisme. »
Janeway se mit à rire. De nombreux membres
d’équipage s’étaient portés volontaires pour enseigner à Naomi aussitôt que
l’enfant avait été assez âgée pour apprécier les leçons. Le résultat en était
une éducation qui devenait à tout le moins éclectique.
« Et que penses-tu du
bouddhisme ? » Demanda-t-elle.
Naomi réfléchit à sa réponse pendant quelques
secondes. « Je pense que j’aime bien », dit-elle enfin. « C’est
plutôt paisible. » Janeway hocha la tête. « Mais il y a une chose qui
m’ennuie un peu. »
« Et quoi exactement ? » Elle
se demanda brièvement si elle en connaissait assez sur le bouddhisme pour avoir
cette conversation. Trop tard maintenant,
Katie.
« Chakotay m’a donné un livre de
citations », lui dit Naomi. « L’un des dictons était ‘Je suis
totalement sans défense. Je n’ai aucun besoin de me défendre ou quiconque
d’autre. Dans mon état d’impuissance total se trouve mon invincibilité’. »
L’enfant avait l’air intrigué. « Je pense que je ne comprends pas. Est-ce
que ce n’est pas ce que nous faisons tout le temps ? Défendre des gens qui
ne peuvent pas se défendre eux-mêmes, je veux dire. »
Bon sang, pensa Janeway.
Il fallait que tu me poses cette question.
Elle réfléchit avec soin à sa réponse,
essayant de réconcilier la philosophie pacifiste avec ce qu’elle faisait tous
les jours.
« Je ne suis pas sûre que Bouddha pense
que nous ne devrions pas défendre les gens sans défense », répondit-elle
avec précautions. « Je pense que ce qu’il dit, c’est que nous devrions
accepter les choses qui nous arrivent. Je ne pense pas qu’il veuille dire que
nous ne devons pas y répondre. »
Naomi fronça les sourcils en essayant de
comprendre. « Alors, quand de mauvaises choses nous arrivent, nous ne
devrions pas perdre du temps à nous demander pourquoi mais simplement nous en
occuper ? » Demanda-t-elle.
Janeway hocha la tête, à nouveau
impressionnée par les capacités intellectuelles de la fillette. « Je pense
qu’il veut dire sans défense dans le sens d’accepter », clarifia-t-elle.
« D’accord », dit Naomi.
« Cela a plus de sens que de rester à ne rien faire pendant que quelqu’un
d’autre est blessé. »
« Mhmmmm. »
Naomi la regarda avec une expression de
franche honnêteté. « Beaucoup de mauvaises choses nous arrivent »,
dit-elle carrément.
Janeway ne cilla pas. « Oui, c’est
vrai », acquiesça-t-elle. « Mais aussi beaucoup de bonnes choses.
C’est juste qu’elles sont plus difficiles à se rappeler. »
Les lumières se mirent à vaciller brièvement
et Janeway regarda autour d’elle, se demandant à demi si elle l’avait imaginé.
« Quelque chose ne va pas », dit
Naomi.
Avant que Janeway puisse atteindre son
communicateur, une silhouette verte fantomatique scintilla pour devenir un être
devant elle, rapidement suivi par un autre, puis un troisième. Des Borgs.
Immédiatement, le capitaine se mit devant Naomi pour protéger l’enfant. Elle
tapota son communicateur tandis que l’adrénaline montait en elle.
« Janeway à sécurité, alerte
d’intrusion. »
Les drones avançaient sur elles et elle
recula, tiraillée entre le besoin de protéger la fillette derrière elle et
celui de l’éloigner du danger immédiat. Mais il n’y avait nulle part où aller.
Les trois Borgs les avaient plus ou moins encerclées, leur coupant toute
possibilité de s’échapper. Elle sentit Naomi entourer son biceps de ses petites
mains tout en regardant par-dessus l’épaule du capitaine les créatures
intimidantes. Janeway tendit la main vers le phaseur qui ne se trouvait pas sur
sa hanche, se maudissant intérieurement d'être désarmée, bien qu’elle n’ait eu
aucune raison de l’être.
« Qu’est-ce que vous
voulez ? » Demanda Janeway, alors qu'une frayeur nauséeuse commençait
à se former dans ses tripes. Elle ne s’attendait pas vraiment à une réponse et
elle n’en reçut pas, les trois Borgs blafards à l’allure de zombie continuaient
à avancer. Les lumières du Voyager étaient réduites à l’ambre pâle d’une alerte
jaune et elle pouvait entendre des sirènes vibrer dans tout le vaisseau.
Chakotay et deux officiers de sécurité
entrèrent en trombe, les phaseurs dressés. Mais alors même qu’ils commençaient
à tirer, le Borg à la gauche de Janeway serra son bras de sa main autrefois
humaine. Le capitaine tenta de le faire lâcher prise, le repoussant de son
autre main, mais il faisait deux fois sa taille et il était bien trop fort.
Elle s’attendait à moitié à voir des tubules d’assimilation serpenter dans sa
direction mais il n’y en eut pas.
Un drone tomba au sol sous l’assaut des armes
des officiers de Starfleet, mais les autres s’adaptèrent à la fréquence des
phaseurs, leurs boucliers personnels les bloquant. Le Borg qui lui tordait le
poignet tendit la main vers le module de transport sur son épaule et Janeway se
rendit compte que Naomi serait téléportée aussi si elle restait en contact avec
elle.
« Naomi, lâche-moi »,
murmura-t-elle par-dessus son épaule, tout en essayant de secouer l’enfant pour
qu’elle lâche prise. Mais la fillette effrayée n’en avait cure et elle serra
encore plus fort son bras, le visage pressé contre l’omoplate de Janeway. Le
capitaine sentit la traction du rayon de téléporteur du Borg les entraîner
tandis que Chakotay les atteignait.
Bon sang.
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Cass respirait par à-coups tandis que Lis
excitait et torturait ses seins avec sa bouche et ses doigts. La jeune femme
brune pouvait à peine réfléchir. Chaque terminaison nerveuse de son corps était
exacerbée et bourdonnait sous les attentions de son amante même lorsqu’elle
faisait de son mieux pour lui rendre la faveur. Elle glissa ses mains sous la
ceinture du pantalon de Lis, se réjouissant du gémissement de la jeune femme en
réponse lorsqu’elle saisit ses fesses fermes et douces.
Elles bougèrent et glissèrent l’une sur
l’autre, le rythme leur échappant tandis que la hâte les rendait maladroites.
Leurs vêtements étaient à moitié enlevés, leurs jambes, bras et langues
emmêlés. Les mouvements devenaient de plus en plus frénétiques tandis que leur
passion surpassait leur capacité à se coordonner. Des petits bruits de plaisir
luttaient avec la musique de fond.
Lis se souvenait très bien – presque trop
bien – du corps sous le sien. Je veux
être partout en même temps, pensa-t-elle. Je veux qu’elle soit partout en même temps.
Son attention fut distraite lorsque Cass
glissa vers le bas et captura son sein nu dans sa bouche. La jeune femme blonde
s’arqua en pure réponse, puis elle glissa sa main à l’arrière de la tête brune,
serrant la jeune femme contre elle.
« Oh, Cassie », gémit-elle, sentant
la succion répondre plus fort et plus profondément.
Cass perdait presque le contrôle de désir. Le
téton de Lis était dur et doux sous sa langue, son sein plein et soyeux. Sans
réfléchir sur l’endroit où elles se trouvaient, Cass se redressa et se tortilla
avec l’intention de les faire rouler pour être au-dessus de Lis.
Malheureusement, le canapé étroit sur lequel elles étaient allongées ne put les
accepter et Lis cria quand elle sentit l’univers plonger sous elle.
Cass tenta de limiter leur chute avec ses
mains et ses coudes, mais elles heurtèrent rudement le sol, Lis grognant quand
le chef de la sécurité atterrit sur elle.
« Ouufff. »
Nez à nez, elles clignèrent des yeux.
« Je pense que tu es encore tombée pour
moi », railla Cass, en souriant à la jeune femme. Elles commencèrent à
rire, prises par le ridicule de la situation. « Bon sang, Lissy, on merde
là », s’exclama Cass. « Dis-moi qu’on n’a pas toujours été aussi
maladroites. »
Lis se mit à rire et écarta les cheveux sur
le beau visage au-dessus d’elle. « Nous étions très, très douées en
fait », dit-elle doucement, de doux souvenirs refaisant surface. « Je
crois qu’on précipite juste un peu les choses. »
Cass baissa la tête et prit la bouche de la
jeune femme dans un autre baiser sincère qui les fit à nouveau frissonner.
« Mmmmmm…. Si c’est aussi mauvais que ça
en a l’air, mon amour, alors je ne me plains pas du tout », murmura-t-elle
lorsqu’elles se séparèrent enfin.
Lis se mit à rire et étreignit Cass.
« Ça va aller, mon ange. Il faut juste que nous… »
« Janeway à sécurité. Alerte
d’intrusion. »
Cass se redressa d’un bond tandis que les
lumières diminuaient en statut d’alerte jaune. Immédiatement après l’annonce
inquiétante du capitaine, leurs deux communicateurs, partis avec leurs
chemises, se mirent à résonner. Cette fois c’était Chakotay.
« Officiers supérieurs, enseigne
Wildman, sur la passerelle. »
Cass était debout et attrapait ses vêtements
avant même qu’il n’ait fini sa phrase, Lis se tortillant derrière elle.
« Merde », marmonna Cass en se
battant pour remettre son soutien-gorge.
« Bouge pas », dit Lis en se
rapprochant pour aider la grande femme à s’en sortir. Elle savait qu’il était
plus important pour elle de se mettre en route. La jeune femme ramassa la
chemise de Cass sur le sol et la tint ouvert pour elle, lui permettant de
n’avoir qu’à y glisser les bras.
« Tu viens ? » Demanda Cass
brusquement, en la boutonnant tout en se dirigeant vers la porte.
« Je te suis », répondit la
conseillère, en enfilant son tee-shirt pour la suivre dehors. Elles coururent
jusqu’au turbolift, criant à deux enseignes de sortir pour prendre leur place.
« Passerelle », aboya Cass. Elle
commença à faire les cent pas dans l’ascenseur, anxieuse de savoir quelle était
la situation exacte. « Pourquoi appeler Samantha ? » Dit-elle
d’un ton songeur.
« Nous le saurons dans un instant,
Lt », dit Lis calmement, tout en essayant de rester calme et tranquille,
appuyée sur la cloison de l’ascenseur.
Cass se retourna en s’entendant appeler par
son rang, et elle soupira à l’occasion perdue.
« Je suis désolée, mon amour »,
dit-elle. On n’a pas vraiment eu la chance de redresser la situation,
hein ? »
Lis secoua lentement la tête mais elle sourit
à la grande femme. « Non, mais c’est ça la vie à Starfleet »,
dit-elle en haussant les épaules. « Surtout quand on est follement
amoureuse du meilleur chef de la sécurité de la flotte. »
Les mots s’enroulèrent autour du cœur de Cass
comme une brise d’été. Elle se rapprocha, mettant momentanément de côté la
crise en cours. Elle glissa sa main dans celle de Lis, savourant la chaleur du
bref contact. Le regard bleu croisa le vert.
« Tu es amoureuse de moi ? »
Demanda-t-elle avec hésitation.
« Oh oui, Lt », dit Lis d’un ton
confiant. Elle se mit à rire. « Je me disais bien que ce serait le point
que tu discuterais et pas celui du ‘meilleur chef de la sécurité de la
flotte’. » Elle sourit.
Cass lui rendit son sourire, baissa la tête
et la regarda à travers ses cils noirs.
« Ehhh bien », dit-elle d’un ton
traînant. « Ça, tout le monde le sait. »
Le turbolift s’arrêta et, fascinée, Lis
regarda Cass reprendre une attitude de service une fois de plus, s’éloigner
rapidement d’elle et partir à grands pas sur le pont de la passerelle,
directement à sa station de travail tactique.
La psychologue regarda autour d’elle, notant
le haut niveau de tension dans la pièce. Chakotay parlait à Harry Kim, les deux
hommes penchés sur des informations sur la console de l’enseigne. Lis regarda
les mains de Cass voler sur son propre écran, et monter en vitesse. La jeune
femme blonde se rapprocha d’elle.
« Qu’est-ce qui se passe ? »
Demanda-t-elle calmement.
« Une sphère borg », répondit le
chef de la sécurité d’un ton lugubre, les yeux balayant les informations.
« Elle est sortie sans prévenir du sub-espace et a pénétré nos
boucliers. » Elle serra la mâchoire. « Elle a pris le capitaine et
Naomi. »
« Naomi ? » Demanda Lis d’un
ton incrédule. « Pourquoi est-ce qu’ils… »
Elle fut interrompue par l’arrivée de Seven
of Nine et de la mère de Naomi, Samantha Wildman. Chakotay alla rapidement vers
les deux femmes et leur parla à voix basse. Mais il n’était pas besoin d’être
devin pour comprendre ce qu’il leur disait, ni quelles étaient leurs réactions.
L’enseigne Wildman porta les mains à sa
bouche, mais la réponse de Seven fut bien plus difficile à lire. Lis nota le
léger pincement autour de la bouche de la jeune femme mais elle était autrement
calme en apparence. Mais la conseillère connaissait assez l’ex-drone pour
savoir que c’était bien différent au-dedans.
Seven alla immédiatement à sa station sur le
niveau supérieur de la passerelle et elle commença à faire une série de scans
de la sphère borg, qui se tenait immobile et malfaisante, en dehors de leur
rayon de téléporteur.
« Je vais les ramener », dit-elle
succinctement.
« Les téléporteurs ne fonctionneront
pas, Seven », dit Chakotay. « Nous avons déjà essayé mais les Borgs
bloquent notre signal.
« Alors je vais prendre une
navette », dit la jeune femme blonde immédiatement en partant vers le
turbolift.
« Attendez », dit Chakotay d’un ton
d’avertissement. « Je ne vous envoie pas là-bas seule. En fait, je ne suis
pas sûr que ce soit une bonne idée de vous y envoyer du tout. Vous êtes trop
impliquée. »
« C’est précisément la raison pour
laquelle je dois y aller, Commandeur », protesta Seven en retenant le
tremblement dans sa voix.
« Je pense qu’elle a raison,
Chakotay », dit Cass calmement, sans vouloir contredire l’officier
supérieur, mais approuvant fortement Seven quoi qu’il en soit. « Personne
ne connaît les Borgs autant que Seven. Elle est notre meilleure chance de les
sortir de là. »
Samantha s’agitait de plus en plus.
« Pourquoi ont-ils pris Naomi ? »
Demanda-t-elle anxieusement. Lis alla près de la jeune femme pour lui offrir un
soutien silencieux mais subtil.
« Je ne pense pas qu’ils en avaient
l’intention », dit Chakotay. « Elle et le capitaine étaient toutes
proches quand les drones ont téléporté le capitaine. Naomi a été aspirée dans
le rayon. »
« Est… est-ce qu’ils vont
l’assimiler ? »
« C’est improbable », dit Seven
brusquement. « Tant qu’elle reste près du capitaine, elle sera
relativement en sécurité. »
« Si on assume qu’ils n’ont pas encore
assimilé le capitaine », dit l’enseigne Kim, qui regretta immédiatement
ses paroles quand il vit Samantha pâlir. « D… désolé »,
marmonna-t-il.
« C’est aussi improbable »,
répondit Seven. « Ils n’ont pas fait tout ce chemin simplement pour
assimiler un humain. » Elle se retourna pour regarder le grand écran
rempli de l’image de la sphère. « Ils sont venus chercher Kathy pour une
autre raison. »
Tom Paris se mit à parler depuis sa station
de pilotage.
« Ce que je ne comprends pas, c’est
pourquoi ils sont toujours là. »
Le regard bleu froid se posa sur lui.
« C’est un vaisseau éclaireur, Lt », dit Seven, sa voix dénuée de
toute émotion.
Cass eut un écalir de compréhension.
« Ce qui veut dire qu’il y a un cube en route », dit-elle, en sentant
une frayeur mortelle s’enrouler autour de ses tripes.
« Précisément », confirma Seven.
« Il serait inefficace de dépenser de l’énergie pour bouger quand le cube
devrait arriver sous peu. »
« Jolie pensée », marmonna Tom.
« Nous perdons du temps,
Commandeur », dit Seven en faisant face à Chakotay.
« Je pars avec vous », dit Cass
calmement. L’ex-Borg la regarda et hocha la tête, satisfaite que le chef de la
sécurité soit à son côté.
« Très bien », approuva Chakotay.
« Prenez les fusils phaseurs modifiés que nous avons utilisés la dernière
fois que nous sommes tombés sur les Borgs. Et, Lt », il attrapa le bras de
Cass alors qu’elle se tournait pour partir. Elle le regarda d’un air
interrogateur. « Faites vite », murmura-t-il. « Qui sait à
quelle distance se trouve ce cube. »
Elle aquiesça de la tête puis entra dans le
turbolift à la suite de Seven, Lis et Samantha. Cass s’appuya contre la
cloison, son esprit faisant tournoyer des stratégies et son estomac noué
faisant des saltos arrière. Elle regarda vers la conseillère qui parlait
doucement à Samantha.
Je l’adore, songea
Cass. C’est dur de croire qu’il y a vingt minutes nous faisions l’amour sur
mon canapé. Elle sourit à demi en croisant le regard de lis. Ou du
moins, nous tentions de faire l’amour, pensa-t-elle en riant intérieurement.
Lis haussa le sourcil depuis l’autre côté de l’ascenseur, visiblement surprise
de voir un signe de gaieté émaner du chef de la sécurité.
Le turbolift s’arrêta au Pont 8 et Cass
sortit.
« Je vous retrouve à la navette »,
dit-elle en se dirigeant vers l’armurerie. Alors que la porte se refermait, Lis
se surprit à envoyer une prière silencieuse à l’univers.
Ne me la prenez pas maintenant,
supplia-t-elle.
*******************************
Dix minutes plus tard, Cass entrait dans le
hangar à navettes en portant trois fusils phaseurs. Seven avait apporté
quelques modifications borg aux armes quelques mois auparavant. Elles étaient
maintenant adaptées pour modifier automatiquement leurs variations de phase
dans une rotation aléatoire. Ce qui voulait dire qu’il faudrait plus de temps
aux Borgs pour adapter leur bouclier personnel.
Mais ils finiraient bien par le faire,
se rappela Cass tout en tendant un des fusils à Seven, et en mettant un autre
en bandoulière sur son dos et le troisième au creux de son bras. Nous
n’allons pas avoir beaucoup de temps pour cette opération.
Lis quitta Samantha un instant et vint vers
Cass. Bien avant qu’elle n’arrive, le regard bleu fixa le sien et elle sentit
une vague de chaleur la traverser. Un fois en face du chef de la sécurité, elle
glissa sa main dans celle de Cass et la pressa doucement.
« Ça va ? » Murmura Cass en voyant
l’inquiétude et l’amour dans les yeux verts qui la fixaient.
« Ça ira quand tu seras revenue », dit
Lis calmement, sentant les doigts de Cass se resserrer autour des siens pour la
rassurer. « Tu as un plan ? »
Cass eut un sourire de dénigrement pour
elle-même. « C’est Seven l’experte ici », dit-elle. « Moi, je
fournis juste les muscles. »
Lis ricana. « Je peux penser à beaucoup
d’expressions pour te décrire », dit-elle, en regardant Seven se préparer.
« ‘Juste les muscles’ n’en fait pas partie. »
« Vous êtes prête, Lt ? »
Demanda Seven. Cass pouvait voir l’impatience dans chaque mouvement de
l’ex-Borg, même si pour la plupart des gens, Seven avait l’air aussi calme que
d’habitude.
« Oui », dit-elle. Lis glissa les
bras autour de sa taille et Cass se pencha pour embrasser le haut de sa tête.
« Ne t’inquiète pas, d’accord ? Nous serons de retour à la
maison avant que tu ne t’en rendes compte. »
« Je compte là-dessus », murmura
Lis, en laissant Cass partir à contrecoeur.
Samantha Wildman s’avança tandis que Cass et
Seven montaient la rampe de la navette.
« S’il-s’il vous plait », dit-elle
d’un ton anxieux. « Ne les laissez rien f-faire à Naomi.
Ramenez-la. »
« Ne vous inquiétez pas,
Enseigne », dit Seven d’un ton ferme. « Peu importe ce qui se
passera, nous ne laisserons pas Naomi Wildman derrière nous. »
« Merci. »
Lis ne pouvait quitter Cass des yeux. Elle
avait une douleur dans la poitrine qu’elle n’aimait pas beaucoup. Le regard
bleu soutint le sien avec une expression égale de confiance et d’assurance. Avec juste une touche d’amour en plus,
pensa Lis. Plus qu’une touche.
Seven entra le code d’ouverture sur le
panneau de contrôle et la rampe commença à remonter.
Cass fixa longtemps et sans ciller les yeux
verts de son amante tandis que la porte se fermait. Revenir vers toi, c’est tout ce que je veux, projeta-t-elle
mentalement vers Lis. Plus que tout.
****************************
Janeway pressait sa main contre le dos de
Naomi, tentant de faire passer du réconfort à la fillette qui entourait la
taille du capitaine de ses bras, le visage enfoui dans la chaleur de la veste
d’uniforme. Elle pouvait sentir la gamine trembler contre elle et elle tenta de
calmer son cœur qui battait rapidement.
Protège-la, Katie, se dit-elle avec force. Quoi qu’il arrive, protège-la.
Janeway serra la mâchoire tout en regardant
les drones bouger autour d’elle, en ignorant, pour le moment du moins, leurs
prisonnières. Elle essaya de se souvenir de tout ce qu’elle connaissait sur les
sphères borgs.
Ce sont des sous-unités,
se rappela-t-elle. Ce ne sont que les sous-unités d’un cube. Alors il y a
lieu de penser qu’il y a un cube en route. Elle déglutit fortement. Devant
elle se trouvait un grand écran. Le Voyager y flottait pleinement, suspendu
immobile et beau dans l’espace. Et nous n’allons nulle part, ce qui voudrait
dire que le cube n’est pas si loin, pensa Janeway d’un ton raisonnable.
Génial.
Naomi remua et le capitaine baissa le regard
vers les yeux effrayés et écarquillés.
« C-capitaine, est-est-ce qu’ils vont
nous ass-assimiler ? »
Janeway tapota le dos de la fillette avec
autant de réconfort que possible. « Je ne le pense pas »,
répondit-elle en produisant un sourire confiant venu d'on ne savait où.
« S’ils avaient voulu le faire, ils l’auraient déjà fait. » Elle
décida de ne pas dire à Naomi que probablement, la seule chose qui l’avait
sauvée, c’était sa proximité avec le capitaine. Ça n’a aucun sens qu’ils viennent me chercher juste pour me transformer
en un autre drone. Ils ont quelque chose de spécifique à l’esprit. Et j’ai le
mauvais pressentiment que la
Reine
L’atmosphère dans la sphère était confinée,
chaude et humide. Janeway sentait une coulée de sueur le long de son dos. Elle
compta les drones. Sept. Et, comme
d’habitude, aucun chef définissable. Les Borgs passaient à côté d’elle en
silence, accomplissant les tâches qu’ils avaient à faire avant l’arrivée de
leur vaisseau mère.
« Qu’est-ce que vous nous
voulez ? » Cria Janeway, se demandant si le Collectif lui répondrait.
Il n’y eut rien. Les sept drones ne changèrent pas leur pas ferme, ne
tournèrent pas la tête dans sa direction.
C’est plus agaçant qu’une attaque directe,
pensa Janeway avec un tremblement. Elle regarda autour d’elle, notant les
panneaux de contrôle éparpillés dans le petit espace. Des unités de
régénération encerclaient la zone, une pour chaque drone. Janeway les rapprocha
toutes deux d’une des consoles.
S'ils sont fidèles à eux-mêmes,ils
m’ignoreront jusqu’à ce que je devienne une menace pour eux¸raisonna-t-elle.
D’un autre côté, une équipe de secours va arriver d’une minute à l’autre et ils
apprécieront la diversion. Naomi bougea contre elle, resserrant sa prise
autour de la taille du capitaine. D’un autre côté encore, il faut penser à
sa sécurité.
« Naomi », murmura-t-elle et elle
attendit que la fillette la regarde. « Quoi qu’il arrive, je veux que tu
restes tout près de moi, d’accord ? » Les grands yeux marron
s’agrandirent, mais la gamine hocha la tête.
« Cet endroit sent mauvais »,
murmura Naomi, en plissant le nez de dégoût.
« Oui, c’est vrai », approuva
Janeway, en souriant à la jeune fille. « Je ne pense pas que l’hygiène
personnelle soit une grande priorité. »
« Est-ce que Seven va venir nous
chercher ? » Demanda Naomi.
Bon sang, j’espère bien,
pensa Janeway en imaginant sa compagne, furieuse sans aucun doute. « Je
suis sûre qu’elle sera là bientôt, ma chérie », murmura-t-elle. Si
j’étais toute seule, je mettrais le bazar là maintenant, mais je ne peux pas le
risquer avec Naomi ici, pensa-t-elle. « Tant que nous ne faisons rien
pour les ennuyer, ils nous laisseront tranquilles. »
Naomi bougea contre elle et se blottit un peu
plus.
« Pourquoi est-ce qu’ils nous ont
emmenées, Capitaine ? » Demanda-t-elle.
Janeway la regarda.
« C’est une très bonne question »,
dit-elle. « Je pense qu’ils t’ont emmenée parce que tu étais tout près de
moi à ce moment-là. Et je me demande toujours pourquoi ils m’ont emmenée
moi. »
Naomi réfléchit quelques secondes tandis que
Janeway continuait à regarder les drones qui travaillaient en silence.
« Peut-être que c’est Seven qu’ils
veulent en fait », dit tranquillement la fillette. « C’était ça la
dernière fois, non ? » Demanda-t-elle en se souvenant de la dernière
tentative de la Reine
Janeway y réfléchit. Elle y était allée et
avait secouru Seven elle-même cette fois-là, alors le Collectif savait sûrement
qu’elles comptaient l’une pour l’autre d’une façon ou d’une autre. Une pensée
froide lui parvint. Peut-être que cette
fois ils vont proposer à Seven un marché qu’elle ne pourra pas refuser. Sa vie
contre la mienne.
Elle repoussa cette pensée.
« Je ne pense pas que ça ait de
l’importance, Naomi », finit-elle par dire. « Seven et une équipe de
secours vont bientôt arriver et nous serons de retour sur le Voyager avant que
tu ne t’en rendes compte. » Elle tapota à nouveau le dos de la fillette.
« Je l’espère », murmura Naomi.
Moi aussi, gamine, moi aussi,
pensa le capitaine.
*********************************
Seven savait qu’elles devraient se déplacer
rapidement une fois qu’elles seraient à bord de la sphère. Elle avait sa propre
théorie sur la raison pour laquelle les Borgs avaient emmené Kathryn et elle
soupçonnait qu’ils utilisaient le capitaine comme appât.
Pour moi, pensa-t-elle
tandis que Cass manoeuvrait la navette vers la sphère. Je me mets en danger
en allant directement me jeter dans leurs bras. Elle serra la mâchoire et
imagina le visage de sa compagne. Ce n’est pas pertinent.
Cass était profondément mal à l’aise en
gardant la navette sur sa course. C’est
calme, songea-t-elle. Trop calme. « Ils
ne nous tirent pas dessus », marmonna-t-elle tout fort.
« Correct », répondit Seven
succinctement.
« Alors c’est qu’ils nous
attendent », dit le chef de la sécurité d’un ton raisonné, en jetant un
coup d’œil à Seven pour recevoir un petit signe de tête en réponse. « En
fait, ils veulent qu’on leur rende visite, pas vrai ? Plus précisément,
ils veulent que vous veniez ? »
« En effet, Lt », confirma Seven,
en gardant le regard fixé sur la sphère menaçante. « Je m’attends à ce que
dans très peu de temps, ils… » La navette sursauta tandis qu’un rayon vert
sortait de la sphère et l’entourait.
« … nous capturent avec un rayon
tracteur », finit Cass. Elle leva les mains du panneau de contrôle tandis
que le rayon prenait les commandes pour les rapprocher.
La navette fut entraînée dans un quai
d’amarrage plus que minuscule, si petit que Cass inspira fortement et retint sa
respiration tandis qu’elles négociaient l’ouverture étroite. L’appareil
s’installa en douceur sur le pont en métal. C’était serré – juste assez de
place pour la navette et marcher autour. Les deux femmes sortirent et se
dirigèrent vers le couloir d’accès.
« Pas prévu pour être confortable,
hein ? » Murmura Cass en combattant le sentiment soudain de
claustrophobie. Seven, par contraste, avait l’air concentré et singulièrement
chez elle dans l’atmosphère moite et les environs métalliques.
« C’est une sphère borg, Lt »,
répondit l’ex-drone sèchement. « Elle a été prévue pour les
reconnaissances, pas pour l’assimilation de masse comme un cube.
« Et bien, c’est une pensée
réconfortante. » Elle enleva la sécurité sur son fusil phaseur.
« Quel est votre plan ? » Demanda-t-elle calmement.
Le regard bleu se tourna vers elle.
« Je dois m’insérer dans le
Collectif », dit Seven calmement. « Ensuite je pourrai leur donner de
fausses instructions et peut-être même les forcer à entrer en cycle
d’hibernation. »
Cass la regarda d’un air incertain.
« Est-ce que ce n’est pas dangereux pour
vous de faire ça ? » Demanda-t-elle.
« Oui », répondit Seven.
« Mais c’est nécessaire si nous voulons récupérer Kathryn et Naomi, et
détourner le cube. »
Cass hocha la tête. « D’accord, je vois »,
murmura-t-elle. « Est-ce qu’ils savent que vous êtes là ? »
« Quasi certainement », dit Seven.
« Et aussitôt que je me reconnecterai au Collectif, ils le sauront très
certainement. » Elle marcha lentement le long d’une banque d’ordinateurs
borgs, cherchant le port d’accès dont elle avait besoin. Elle s’arrêta devant
un terminal en particulier.
« Lt, allez les chercher »,
dit-elle, en faisant passer son fusil dans sa main droite. « Ne provoquez
pas les drones. Ignorez-les et ils vous ignoreront… du moins pour
l’instant. »
« D’accord », acquiesça Cass. Elle
regarda Seven lever sa main gauche encore en partie borg vers la console,
étrangement fascinée par la vue des tubules d’assimilation de la grande blonde
qui émergeaient de l’implant sur son poignet. Les tubes balancèrent quelques
secondes avant de se connecter au port d’accès sur le panneau de contrôle.
Seven ferma les yeux et l’ex-drone s’immobilisa et devint silencieuse. C’est sinistre, songea Cass.
Elle repoussa son malaise et marcha lentement
le long du couloir étroit dans la direction générale du centre de la sphère.
Elle savait qu’elle y trouverait la plupart, si ce n'était la totalité des
drones et, elle l’espérait, le capitaine et Naomi.
**********************
Seven retint sa respiration tandis que les
tubules d’assimilation serpentaient vers le port d’accès. Elle était vaguement
consciente que Cass la regardait calmement, mais elle ne pouvait que se
concentrer sur ce qu’elle allait ressentir. Elle avait peur, elle le savait,
mais il y avait également une touche déconcertante d’anticipation qui vibrait
quelque part tout au fond d’elle.
Je ne le veux pas,
pensa-t-elle tandis que les bouts des tubules glissaient dans l’entrée étroite
du port. Je ne veux pas aimer ce que je vais ressentir. Elle lutta
contre la panique qui montait tandis que les tubules trouvaient leur place. Elle savait que la ligne était ténue entre se
permettre d’être emportée par le Collectif et rester en contact avec sa propre
individualité. Mon humanité, pensa-t-elle. Je dois me raccrocher à
Annika et Kathryn.
Les tubules cliquetèrent, se mirent en place
et Seven hoqueta quand le flot sensuel de milliers de voix parlant comme Une la
submergea. Après presque deux ans à n’avoir entendu que sa propre voix dans sa
tête, c’était un choc intense. Seven plongea dans le flux de conscience du
Collectif et la vague de bruits internes menaça de la noyer pendant quelques
secondes avant qu’elle ne retrouve son équilibre mental.
C’est si bon,
exalta Seven of Nine, Adjointe Tertiaire de l'Unimatrice 01. Les nombreuses
voix séduisantes glissaient sur la surface de son esprit, l’attirant et
l’incitant à se soumettre.
Mais Annika Hansen, humaine, épouse du
Capitaine Kathryn Janeway, garda ses distances, s’enveloppant dans une chaude
couverture d’humanité. Comme un saumon qui remonte le cours d’eau, elle flotta
et se faufila entre les assauts des ordres en provenance du Collectif. Elle
réprima sa personnalité du mieux possible pour ne pas alerter les Borgs sur son
identité réelle.
Mais il est peut-être déjà trop tard pour ça,
elle le savait. Elle fit passer sa conscience dans des sous-programmes et des
protocoles, recherchant la chaine de commande mineure qui lui donnerait
l’ouverture dont elle avait besoin. Une partie de son esprit écoutait les
directives apaisantes, un message en particulier se fraya un passage à l’avant.
Nous avons Seven of Nine, Adjointe Tertiaire
de l’Unimatrice 01 et l’humaine Janeway. Tout va bien. Un
message adressé au cube qui arrivait.
Seven se saisit des mots, les programma en
une boucle que son implant cortical continua à émettre, enroulant autour d’eux
pour les cacher tous les autres messages des drones de la sphère.
Ne plus être seule,
murmura l’esprit de Seven of Nine, tentée de laisser le Collectif l’emporter. Ne
plus jamais être seule. Annika Hansen continua à rechercher le
sous-programme dont elle avait besoin. Je dois les faire dormir,
pensa-t-elle en laissant son esprit travailler.
***************************
Cass aurait aimé être en uniforme. C’était
une pensée incongrue qui lui venait tandis qu’elle se frayait son chemin dans
le passage humide et froid du vaisseau borg, mais les vêtements ordinaires
qu’elle portait depuis sa rotation de repos étaient trop lâches pour ce boulot.
Elle soupira. Arrête de te distraire, se
morigéna-t-elle.
Ce n’était pas la première fois que Cass se
trouvait dans un vaisseau borg, mais la familiarité ne faisait rien pour
apaiser la boule de tension au fond de son estomac. Elle avait eu une théorie
pendant longtemps, dans laquelle les Borgs seraient bien plus faciles à gérer
psychologiquement s’ils avaient été une espèce distincte en elle-même. Mais au
lieu de ça, ils assimilaient des individus de chaque espèce possible dans la
galaxie.
Ce sont des témoignages vivants de notre
mortalité, pensa-t-elle en entamant un virage avec
précaution. Des zombies qui vivaient, qui tuaient. Elle frissonna. C’est
facile de dire de les ignorer, Seven, mais si l’un d’eux arrive dans ce couloir
en même temps que moi, on ne va pas pouvoir s’éviter. Ce serait bien ma veine
de tomber sur quelqu’un que je connais. Elle frissonna à cette pensée.
Le bourdonnement de fond omni-présent depuis
leur arrivée à bord grandissait et Cass savait qu’elle se rapprochait du centre
de la sphère. Elle passa la tête avec précautions à un autre coin. Janeway et
Naomi se trouvaient à environ six mètres de l’autre côté de la salle de
contrôle circulaire.
En un seul morceau et pas assimilées. C'était
déjà ça, pensa Cass, le soulagement la traversant. Elle
scanna la pièce du regard pour compter les drones. Deux d’entre eux étaient
dans des alcoves de régénération, mais les cinq autres bougeaient
silencieusement autour. A faire ce que font les drones quand ils n’aspirent
pas la vie des vrais gens, pensa-t-elle ironiquement.
Elle avait le choix entre deux choses
maintenant, elle le savait.
Je pourrais commencer à tirer et voir combien
j’en abats avant que leurs boucliers ne s’adaptent,
pensa-t-elle d’un ton raisonné, son doigt chatouilleux de le faire. Bien
sûr, ça pourrait bien ne faire que leur taper sur les nerfs. Elle regarda
vers Janeway, notant que les Borgs avaient pris son communicateur. Naomi avait
les bras autour de la taille du capitaine. Ou bien je pourrais juste avancer
et voir jusqu’où je peux aller avant qu’ils ne me perçoivent comme une menace.
Elle soupira.
D’une façon ou d’une autre, je dois compter
sur Seven pour réussir un petit miracle ex-borg,
se rendit-elle compte. Elle prit une inspiration profonde. Autant faire les
choses jusqu’au bout. Elle replaça le fusil entre ses mains et carra les
épaules, puis elle s’avança au milieu du nid de Borgs.
*********************************
La sphère borg flottait dans l’espace devant
la baie du restaurant comme une sorte de lune artificielle tordue.
Lis la fixait, essayant d’imaginer ses
collègues – son âme-sœur - dans son labyrinthe de couloirs. Elle ferma
momentanément les yeux, laissant l’image de Cass flotter devant elle. Si belle. Et si courageuse. Elle n’a pas
hésité à se porter volontaire pour partir avec Seven. Lis rouvrit les yeux
et tressaillit légèrement à la vue de la sphère. Je sais que c’est son job, mais même si ce n’était pas le cas, elle
aurait été la première à lever la main. Elle soupira, même alors qu’un
minuscule sourire se posait sur ses lèvres. Elle
adore être au milieu des choses. Et je ne la changerais pour rien au monde.
La sphère remplissait la baie, dominant le champ d’étoiles. Même si ça me fiche une trouille bleue,
pensa-t-elle.
Lis retourna dans la pièce. Samantha Wildman
était assise à une table, les mains entourant nerveusement une tasse de café.
Neelix, l’ami le plus proche de l’enseigne à bord, était assis près d’elle et
parlait doucement à la femme anxieuse. Deux ou trois amis étaient venus au mess
pour apporter également leur soutien, nota Lis avec plaisir. Elle retourna à la
table et s’assit en face de Samantha.
« Parfois je me dis que j’ai mal fait de
terminer la grossesse », disait Samantha. « Pas que je n’adore pas
Naomi, mais est-ce que c’était juste pour elle ? » Elle regarda Lis,
de l’angoisse dans les yeux. « Nous sommes si souvent en danger… ce n’est
pas une vie pour une enfant, n’est-ce pas ? »
C’était une conversation que Lis avait eue
souvent avec elle dans le passé.
« Sam, ne vous mésestimez pas comme
ça », répondit la conseillère. « Naomi est intelligente et équilibrée
et elle adore sa vie sur le Voyager. »
L’enseigne Wildman passa rapidement en mode
panique.
« Peut-être, mais elle doit être
tellement terrifiée en ce moment », dit-elle. La terreur agrandit soudain
ses yeux marron. « Oh pitié, et s’ils l’assimilent ? »
Gémit-elle.
Neelix lui entoura les épaules de son bras.
« Chhhhhut ma chérie, ne pensez pas à ce genre de choses », dit-il
d’un ton apaisant.
« Le capitaine, Seven et Cass ne
laisseront rien lui arriver », la rassura Lis. « Elles vont faire
tout leur possible pour la garder en sécurité, Sam. Et elles la ramèneront
aussi vite qu’elles le pourront. »
Samantha hocha la tête, essayant de se
calmer. « Je sais », murmura-t-elle. » Mais les Borgs sont le pire
cauchemar de Naomi, ils l’ont toujours été. Connaître Seven y a un peu remédié,
mais elle se réveille toujours certaines nuits à cause de ça. »
Lis hocha la tête. « Beaucoup d’entre
nous aussi. Pas besoin d’être un enfant pour avoir peur des Borgs. » Elle
tendit la main et la mit sur celle de Sam. « Mais Seven est la personne la
plus à même de tenter de la ramener. »
« Je sais, je sais », répondit Sam,
les larmes montant à ses yeux. « Je suis désolée, je sais que tout le
monde fait de son mieux. »
« C’est bon. » Lis lui tapota la
main. « Si c’était ma fille là-bas… » Elle ferma les yeux un moment
face à la piqûre de cette pensée. « … je grimperais aussi aux murs »,
finit-elle.
*******************************
Cass s’avança et marcha à grands pas jusqu’au
milieu de la salle de contrôle circulaire, directement vers le capitaine et
Naomi. Janeway écarquilla les yeux à la vue du grand chef de la sécurité qui
marchait avec confiance vers elle. Mais avant qu’elle ne puisse dire quelque
chose, deux énormes drones se mirent devant le Lt, l’empêchant de la voir.
Bon, je pense que ça répond à ta question, songea
Cass avec ironie tandis que l’un des drones balançait son bras artificiel vers
elle. Elle plongea et se releva en tirant, ce qui fit tomber le Borg sur la
passerelle. Un de moins, plus que six.
Le second l’attaqua avec plus de force et
l’agrippa, et Cass pria pour que les modifications sur le fusil phaseur fassent
leur travail tandis qu’elle pressait la gâchette à nouveau. Il fallut un peu
plus de temps mais il finit par tomber à ses pieds, bien qu’il fût assez près
pour qu’elle puisse sentir son odeur, puis son haleine sur son visage avant
qu’il ne tombe.
Les deux drones dans les alcoves de
régénération reprirent vie et se mirent entre Cass et le capitaine, qui faisait
de son mieux pour protéger Naomi du feu croisé. Le capitaine ne peut pas beaucoup m’aider, se dit Cass. Ils n’hésiteront pas à assimiler Naomi si
elle se met entre les Borgs et l’une de nous.
Les drones avançaient vers le chef de la
sécurité et elle tira à nouveau. Cette fois, le Borg qu’elle toucha tituba
momentanément vers l’arrière, mais il revint à l’attaque, le second tir
rebondissant inutilement sur son bouclier personnel.
Merde, pensa Cass. Ils
s’adaptent de plus en plus vite à chaque fois qu’on les rencontre. Elle
renversa le fusil entre ses mains, l’attrapa par le canon et le balança comme
une massue. Elle frappa le drone sur le côté de la tête avec un craquement
satisfaisant. Ce ne fut pas assez pour l’assommer, cependant et d’autres
rejoignaient maintenant le combat.
« Attention derrière vous, Cass »
cria le capitaine mais il était trop tard.
Le chef de la sécurité sentit des bras froids
et durs l’encercler par derrière. Elle lança la tête en arrière pour frapper la
bouche du drone. Elle tressaillit en sentant l’impact de ses dents sur son
crâne, mais ça lui donna brièvement une fenêtre d’opportunité. Elle fit tomber
le second fusil de son épaule et le lança vers Janeway. Avant qu’elle puisse
voir s’il avait atteint sa cible, le drone la tenait à nouveau. Cette fois, il
retint sa tête d’un bras et ses bras de l’autre.
Cass se débattait entre ses bras, essayant de
lui faire lâcher prise de quelque façon. Sa peau était froide et humide. Et morte, pensa-t-elle. Très, très morte. Elle leva les deux
jambes, utilisant le poids du drone comme levier et elle frappa son frère qui
arrivait, de ses deux pieds dans la cage thoracique. Le Borg tituba en arrière,
puis se remit d’aplomb.
Janeway attrapa en plein air le fusil que
Cass lui avait envoyé.
« Reste derrière moi, Naomi, peu importe
ce qui arrive », ordonna-t-elle, satisfaite de sentir la chaleur de la
fillette sur son dos. Cass a des ennuis,
pensa-t-elle, en vérifiant rapidement les contrôles du fusil. Elle leva l’arme
et visa le drone qui tenait Cass par derrière, mais le chef de la sécurité
bougeait trop pour lui permettre un tir précis. Elle regarda Cass repousser un
autre drone d’un coup de pied, mais il revint à la charge et le capitaine visa
à nouveau et cette fois, elle abattit le Borg. Trois de moins, encore quatre, pensa-t-elle. Maintenant les chances commencent à s’équilibrer un peu.
Mais les drones, toujours adaptables,
changèrent rapidement de stratégie. Deux modifièrent leur trajectoire, laissant
les deux autres attaquer Cass, avant de se diriger vers le capitaine.
Ou plus précisément, ils se dirigent vers
Naomi, se dit Janeway, en bougeant son arme. Son fusil
était encore bon pour un tir efficace, elle le savait et elle choisit sa cible
avec soin, attendant que le drone soit sur le point de la contourner, sur sa
route vers la fillette. Elle appuya sur la gâchette et maintint le tir alors
que le drone titubait, son bouclier personnel lançant des étincelles et se
tendant pour trouver un moyen de bloquer le tir.
Le Borg tomba à genoux et Janeway saisit sa
chance, plaça un pied au milieu de son torse et arracha de sa main les tubes et
les câbles. Il tomba au sol, en se contorsionnant et en sursautant sur le dos,
des éclairs bleus d’énergie jaillissant de sa tête et de son cou.
Mais Janeway n’avait pas beaucoup de temps
pour se réjouir de son succès, parce qu’un hurlement de Naomi l’alerta d’un
autre danger. L’instinct lui dit de bouger et elle leva le fusil au-dessus de
sa tête pour bloquer un coup vicieux vers le bas du bras artificiel du drone
suivant.
Elle grogna en essayant de contrer la force
de la grande créature, la pression la forçant à se mettre à genoux.
Ils savent que Seven est à bord,
se rendit-elle compte. Ils pensent qu’ils ont ce qu’ils veulent. Ou alors
ils ne m’attaqueraient pas aussi fort. Elle poussa vers le haut de toutes
ses forces, tentant de retrouver un peu d’équilibre. Ils n’ont plus besoin
de moi, pensa-t-elle d’un ton sinistre, tandis que le drone la poussait dos
contre la console, la crosse du fusil dure sous son menton.
***************************
Cass savait qu’elle était sur le point de
perdre connaissance. Le drone qui la retenait par derrière serrait sans cesse
sa gorge avec le bout dur de l'implant de son bras en métal. Sa vision
commençait à se réduire et des éclairs rouges déconcertants ne pouvaient que
signifier un évanouissement imminent.
Allez, Seven, pria-t-elle
mentalement tandis qu’elle se débattait, essayant d’attraper le bras du grand
drone. Le peu de vision périphérique qu’il lui restait, lui dit que le
capitaine était engagé dans sa propre bataille. Je ne peux foutrement rien
faire pour ça maintenant, se dit-elle. Des images du visage de Lis
alternaient avec les étoiles et les étincelles qu’elle voyait derrière ses
paupières.
Le dernier des trois drones, celui qu’elle
avait envoyé bouler d'un coup de pied, revint sur elle. Cass tenta de lever à
nouveau les jambes, mais elles semblaient être des poids morts. Le Borg qui la
tenait tira cruellement sur son bras et Cass put sentir le métal qui
s’enfonçait dans la peau de son cou.
Je ne vais pas laisser Lissy comme ça,
pensa-t-elle lugubrement, en faisant appel à ses dernières forces. Je ne
vais pas devenir un drone sans vie.
Elle tenta d’assurer fermement son équilibre
au sol et trouva prise sur le pont en métal alors que le second drone arrivait
à portée de bras. Cass banda ses muscles, tendit la main derrière elle et
trouva prise sur la tête du premier drone. Avec un grognement d'épuisement,
elle tenta de le tirer vers l’avant par-dessus son épaule, mais son poids était
trop important même pour sa force considérable. Elle ne réussit qu’à les
trainer plus près de son camarade. De sa main organique, celui qui se trouvait
devant elle l’attrapa par les cheveux, la forçant à garder la tête immobile.
Des tubules d’assimilation sortirent de son implant et Cass cria en sentant les
bouts acérés percer la peau de son cou.
« Nooooooooon ! » Hurla-t-elle
en luttant pour lever ses mains et arracher les tubules, mais les deux drones
la maintenaient fermement.
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Suite et fin – Chapitre 7, 2ème partie