Possibilités infinies, chapitre 7B, FIN
2ème partie
« Ton cœur est ton
foyer » (Home is where the heart is)
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Seven of Nine était également engagée dans un
combat pour sa vie, même si elle ne le menait pas avec des poings et des
fusils. Des milliers de voix luttaient pour prendre le contrôle de l’esprit de
la jeune femme. Son implant cortical était à la fois son ami et son ennemi. Il
luttait pour imposer sa version des transmissions qui émanaient de la sphère
vers le cube, et recherchait en même temps la subroutine de régénération qui
permettrait à Seven de désactiver les drones à bord de la sphère. En passant,
elle avait trouvé les contrôles du rayon tracteur de la sphère et les avaient
neutralisés.
Mais l’implant ouvrait aussi la porte à une
certaine forme de séduction. Les dix-huit années passées à avoir été One of
Many coulaient dans les veines de Seven, apaisantes et réconfortantes,
tentatrices et conspiratrices. Annika Hanson luttait pour rester concentrée sur
sa compagne, ses amis, pour essayer de trouver un chemin à travers le bruit et
la confusion que son humanité ne comprenait pas – ne voulait pas comprendre.
Elle savait exactement ce qui était en train
d’arriver à Cass et à Kathryn ; les drones qui les attaquaient diffusaient
l’information. Il lui fallut toute sa concentration pour empêcher ces messages
d’atteindre le cube.
Je dois trouver la subroutine de régénération¸pensa
Annika. Mes amies vont mourir si je ne la trouve pas. La panique
menaçait de la submerger tandis que son esprit plongeait et zigzguait entre les
tourbillons et les eaux plus calmes du courant du Collectif.
Et soudain il fut là. Le nœud qu’elle
recherchait. Nous… Je… peux faire quelque
chose avec ça.
Elle fit rapidement les changements nécessaires,
mais ce faisant, elle sentit son humanité commencer à s’échapper. Annika
Hansen, redevenue la petite fille de six ans effrayée, assimilée par les Borgs,
se recroquevilla en une petite boule pour se protéger des attaques des voix.
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Les deux drones laissèrent tomber Cass comme une
pierre. Elle tomba sur le pont métallique, s’éraflant les genoux et les coudes
sur sa surface froide. Elle hoqueta pour reprendre son souffle et porta la main
à sa gorge, peu surprise d’y sentir un liquide chaud.
« Bordel », dit-elle d’une voix rauque
en clignant des yeux à la vue du sang sur ses doigts. L’oxygène n’avait jamais
eu aussi bon goût, tandis qu’elle l’aspirait en grosses goulées haletantes.
« Qu’est-ce qui s’est passé ? »
S’exclama le capitaine, en regardant les trois drones restants aller sans
raison droit vers leurs alcoves de régénération. Ils fermèrent les yeux,
presque en même temps, et la lueur verte s’atténua autour d’eux.
« Seven doit avoir trouvé la routine de
régénération », dit Cass d’une voix rauque, en s’essuyant le cou avec sa
manche tout en se remettant debout.
« Où est-elle ? » Demanda
vivement Janeway, tout en s’avançant vers le chef de la sécurité.
« Montrez-moi ça », marmonna-t-elle en levant le menton de Cass.
« Ce n’est rien, juste une
égratignure », répondit Cass en bloquant tactiquement la main de son
commandant. « Et Seven est à l’arrière près du hangar de la
navette. » Elle regarda les yeux gris inquiets du capitaine. « Elle
s’est connectée au Collectif. »
Janeway hocha la tête, les lèvres finement pincées.
« Je pensais bien qu’elle tenterait ce coup-là. »
« Capitaine. »
Janeway regarda dans la direction que Cass
fixait. Naomi était près d’une console. Elle était recroquevillée et tremblait
de manière notable.
« Bon sang », marmonna le capitaine en
repartant vers la fillette. Elle s’agenouilla devant Naomi et prit la fillette
par les épaules. Le regard vitreux fixait par-dessus son épaule les Borgs en
train de se régénérer. « Naomi, tout va bien se passer », dit Janeway
doucement. « Il faut juste qu’on trouve Seven et ensuite on pourra
repartir sur le Voyager. »
Sans un mot, Naomi détourna son regard des Borgs
et scruta le visage du capitaine. Janeway qui hocha la tête en réponse à la
question silencieuse et la fillette entoura son cou de ses bras. Momentanément
prise de court, le capitaine hésita une demi-seconde avant de répondre. Elle
serra l’enfant contre elle, puis la souleva en se relevant, et elle la porta
tandis que Naomi s’accrochait à elle.
Cass observait une facette inconnue de son
commandant se dévoiler devant elle. Elle sourit en dépit des circonstances,
mais son regard fut alors attiré par l’écran.
Oh merde.
« Chakotay à Lansdown », crachota son
communicateur. Elle le frappa de la main.
« Ouais, on sait, Commandeur »,
répondit-elle avant qu’il ne puisse ajouter autre chose. Elle fixa en grimaçant
la raison de l’avertissement du premier officier. « Capitaine »,
dit-elle. « On a des ennuis. »
Janeway s’avança vers elle, Naomi toujours dans
ses bras. Le cube borg, énorme et imposant, flottait dans l’espace, à
proximité.
« Pas d'avertissement », murmura Cass,
faisant courir ses yeux sur les panneaux de contrôle devant elles. Son regard
bleu fixa le regard gris du capitaine.
« Seven », répondit Janeway et Cass
hocha la tête. « Sortons d’ici avant qu’ils ne décident de lancer un rayon
tracteur. Prenez la tête, Lt. »
Cass se pencha pour prendre les deux phaseurs
tombés et en passa un sur son épaule. Ils
sont probablement inutiles maintenant, réalisa-t-elle. Mais je me sens mieux avec. Elle prit le second dans ses mains,
étrangement réconfortée par le poids de l’arme.
« Par ici », dit-elle, en faisant
signe au capitaine de passer devant avec Naomi.
Le trio se fraya un chemin dans les couloirs
étroits et peu éclairés, Cass en arrière-garde au cas où le contrôle de Seven
sur les drones lâcherait. Elles émergèrent dans le minuscule hanger à navette
et Cass entendit le capitaine prendre brusquement une inspiration.
« Seven ? » Janeway déposa
doucement Naomi sur le pont et la jeune fille la suivit vers l’endroit où
l’ex-drone se trouvait, silencieuse, près d’un groupe de consoles. Cass sentit
son estomac faire des nœuds à cette vue.
Oh, ça n’est pas bon, ça, pensa-t-elle. Elle
regardait Janeway s’approcher de la grande femme blonde et tendre la main.
Janeway avait la nausée. La peau habituellement
pâle de sa compagne était moîte et commençait à montrer des signes de la
marbrure pâle caractéristique des drones borgs. Lorsqu’elle mit la main sur le
bras de Seven, celle-ci tourna des yeux froids presque sans couleur vers elle.
« Annika », dit Janeway doucement.
« Il faut qu’on parte maintenant. Le cube est ici. »
« Nous savons que le cube est ici »,
répondit la jeune femme blonde d’une voix effrayante. « Nous sommes en
contact avec le Collectif. » Un regard dénué d’émotion et perçant fixa le
capitaine de Starfleet. « Nous leur avons dit que nous avons ce que nous
voulons. »
« Et c’est pour ça qu’il faut que nous
partions maintenant, Annika », répliqua Janeway, usant volontairement du
prénom humain de sa compagne. « Avant qu’ils n’envoient un rayon tracteur
sur la sphère. »
Cass observait l’échange avec malaise. Elle est bien trop loin dans le Collectif,
songea-t-elle. Il va falloir faire
quelque chose de drastique pour l’en ressortir. La jeune femme se pencha en
avant et tapota l’épaule de Naomi. La fillette se retourna vers elle à
contrecoeur, son regard toujours attiré par Seven et le capitaine.
« Naomi, écoute-moi », dit Cass en
mettant sur un genou à terre pour être à niveau de la fillette. Les grands yeux
marron se tournèrent enfin vers elle. « Tu sais faire fonctionner la porte
de la navette, n’est-ce pas ? »
Naomi tourna brièvement le regard vers le petit
appareil et elle hocha la tête.
« Bien. Je veux que tu l’ouvres, que tu
entres à l’intérieur et que tu t’attaches pour être prête au départ,
d’accord ? » Elle regarda Naomi tourner à nouveau le regard vers
Seven, visiblement tiraillée entre les ordres du chef de la sécurité et son
inquiétude pour son amie. « Nous n’allons pas la laisser, ma chérie »,
dit doucement Cass. « Je te le promets. Mais il faut que tu ailles dans la
navette, parce quand nous la libèrerons, il faudra que nous partions très
vite. »
Naomi hocha la tête pour marquer sa
compréhension. « Oui madame. »
« C’est bien », dit Cass en souriant.
« Tu as été très brave Naomi. Ta maman va être fière de toi. » Ceci
lui valut un minuscule sourire de la part de l’enfant. Cass la regarda aller
vers la navette et entrer le code d’ouverture avant d’entrer. Le chef de la
sécurité se releva et s’approcha du capitaine et de Seven.
« Nous devons rester en contact avec le
Collectif », insistait l’ex-drone d’une voix froide qui donna des frissons
à Cass.
«Tu as fait tout ce que tu pouvais,
Annika », insista Janeway. « Tu nous a donné du temps pour nous
enfuir, mais nous n’allons pas te laisser ici. »
Seven ferma les yeux et les deux officiers de
Starfleet retinrent leur souffle. Cass vint lentement se mettre derrière
l’ex-drone en ramenant le second fusil sur son autre épaule.
Si je dois l’arracher d’ici à mains nues, je le
ferai, pensa Cass en se préparant à combattre.
Mais Janeway avait une toute autre idée. Tandis
que Seven se perdait dans la communication avec le Collectif, le capitaine
s’avança. Elle se mit sur la pointe des pieds et effleura les lèvres de sa
compagne, essayant d’ignorer la sensation froide et morte de la peau de la
jeune blonde. Reviens-moi, Annika.
Cass s’avança, comprenant ce que Janeway tentait
de faire. Au début, Seven n’eut aucune réaction, mais le capitaine insista,
approfondissant le contact avec son épouse. Elle prit le visage froid de
l’ex-drone entre ses mains tout en continuant à l’embrasser.
Cass se sentit rougir en voyant son commandant
avoir un geste aussi personnel et intime. Elle baissa les yeux dans une
tentative inconsciente de donner au couple marié autant d’intimité que possible
dans de telles circonstances. Mais son attention fut à nouveau brusquement
attirée lorsque Seven commença à réagir.
La grande femme blonde hoqueta soudain contre la
bouche de sa compagne. Les tubules d’assimilation, qui avaient connecté
l’ex-drone au Collectif à travers le port d’accès de la console, rentrèrent
brusquement dans l’implant de son poignet avec un bruit sec et métallique qui
fit tressaillir Cass. Les genoux de Seven s’entrechoquèrent et le chef de la
sécurité l'attrapa par derrière et l'entoura rapidement sa taille de ses bras.
« K-Kathryn ? » Murmura Seven
d’une voix enrouée, en clignant des yeux de confusion vers le capitaine.
« Je suis là, mon amour », répondit
Janeway calmement en se glissant sous le bras droit de Seven tandis que Cass
contournait l’ex-Borg pour venir la soutenir sur la gauche. « Viens, ma
chérie, il faut qu’on y aille. »
« Nous… je… je… ils pensent que tout va
bien… qu’ils m’ont, et que vous trois, vous avez été a-assimilées »,
hoqueta Seven tandis que les autres commençaient à avancer vers la navette en
la portant à demi.
« Ils ne leur faudra pas longtemps avant de
répérer la navette », marmonna Cass. Elle laissa Janeway soutenir la jeune
femme fléchissante pour grimper dans la navette, puis elle se retourna pour
aider à trainer Seven rudement dans l’appareil.
« J- J’ai aussi p-pensé à ça »,
balbutia Seven. Elle frissonnait et tremblait, couverte de sueur. Ça doit être la réaction à la rupture d'avec
le Collectif, pensa Cass en aidant Janeway à monter. « Leurs
détecteurs ne verront que des o-ordures. Du moins pendant un petit
moment. »
« C’est pas si mal », répondit Cass en
laissant Janeway aider Seven à s’asseoir dans le siège opposé à Naomi,
elle-même sanglée dans le fauteuil derrière celui du pilote. Le chef de la
sécurité s’installa dans le cockpit et commença la séquence de lancement.
Naomi fixait son amie les yeux écarquillés
tandis que le capitaine s’affairait et s’assurait que Seven était bien attachée
pour le vol. L’ex-Borg avait l’air malade et la fillette avait peur de dire
quoi que ce soit qui puisse la déranger. Les yeux clairs qui retrouvaient
lentement leur couleur bleue clignèrent dans sa direction et Seven tenta un
sourire hésitant vers sa jeune amie. Elle tendit sa main droite avec précaution
et Naomi l’attrapa avidement et la pressa avec douceur.
« N-Ne t-t’inquiète pas, Naomi
W-Wildman », murmura Seven. « Nous… je… vais me remettre. »
« Merci d’être venue me chercher,
Seven », dit doucement la fillette.
Seven se contenta de fermer les yeux et de
hocher la tête, tandis que Janeway finissait de la sangler. Le capitaine
s’interrompit et étudia le visage pâle de sa compagne un instant. Elle leva la
main et effleura avec affection la joue de Seven du bout des doigts, en
souriant doucement quand la jeune femme blonde ouvrit les yeux.
« Trouvez-vous un siège, Capitaine »,
aboya Cass depuis le cockpit. « Je vais nous sortir d’ici dans trois,
deux.. » Janeway s’accrocha en étreignant sa compagne, tandis que Seven
l’entourait faiblement de ses bras. « … Un ! » Le chef de la
sécurité fit reculer d'un bond la navette et hors du hangar étroit, puis elle
la fit tournoyer et la pointa vers le Voyager. Une fois la navette stabilisée,
Janeway embrassa rapidement Seven, puis vint en trébuchant s’asseoir près de
Cass.
« Ce cube va nous suivre, Capitaine »,
dit Cass calmement. « Je ne les vois pas laisser Seven s’en sortir une
fois qu’ils auront compris qu’ils se sont fait avoir. »
« Ce ne sera pas un problème, Lt »,
dit Seven derrière elle. Elle commençait à avoir l’air de revenir à la normale.
Les deux officiers regardèrent par-dessus leur épaule vers l’ex-drone.
« Ils doivent d’abord faire entrer la sphère dans le cube avant de nous
poursuivre. »
« Ça ne va pas nous donner assez de temps,
Seven », dit Janeway d’un ton terre à terre. « Même le Voyager en
distorsion 9 ne peut semer pas un cube Borg à pleine puissance. »
« Comme je l’ai dit, Capitaine, ce ne sera
pas un problème », insista Seven. Trois paires d’yeux se tournèrent vers
elle. « J’ai programmé la sphère pour qu’elle s’auto-détruise une fois à
l’intérieur du cube », dit-elle calmement.
Cass se sentit sourire comme le Chat du Cheshire
dans Alice au pays des Merveilles, tandis que l’expression sur le visage de
Janeway ne pouvait être décrite que comme de l’adoration. En riant, Cass appuya
sur les contrôles d’un panneau et fit apparaître une vue de ce qui se passait
derrière elles. Le cube avait déjà saisi la sphère dans un rayon tracteur et
avait presque amené le petit appareil à l’intérieur.
« Ça va aller très vite », avertit
Seven.
Janeway ouvrit rapidement une communication avec
le vaisseau.
« Janeway au Voyager », dit-elle d’un
ton brusque.
« C’est bon d’entendre votre voix,
Capitaine », répondit Chakotay.
« On n’a pas de temps pour ça,
Commandeur », répliqua-t-elle calmement. « Le cube est sur le point
d’exploser. Dirigez-vous vers le Quadrant Alpha à la plus grande vitesse
possible, tout de suite. Nous vous rattraperons dès que possible. »
Cass lança un cri de joie quand le cube donna
naissance à une boule de feu vert clair. Elle tenta rapidement de calculer à
quelle vitesse l’onde de choc s’étalait vers elles. Trop vite, se rendit-elle compte, son exaltation retombant aussi
vite que les débris du cube avançaient. Sans hésiter, elle lança la navette à
vitesse maximale, à distorsion 4, au moment même où l’onde de choc les
frappait. Les amortisseurs inertiels du petit appareil luttèrent pour maintenir
la sécurité de ses occupants et elles furent secouées tandis que Cass luttait pour
reprendre le contrôle de la navette.
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Lis hoqueta lorsque le cube explosa en une
myriade de particules vertes dans un coin de la vitre du réfectoire. Elle
s’était tenue au bord de la fenêtre avec Sam Wildman et regardait dehors, quand
la minuscule navette avait émergé de la sphère. Les deux femmes s’étaient
regardées en souriant dans un soulagement hésitant, sachant au moins que
l’équipe de secours ne quitterait pas le vaisseau borg sans que tout le monde
soit à bord.
« V-vous pensez qu’elle va
bien ? » Avait demandé Sam avec hésitation, inquiète pour sa petite
fille.
« Nous le saurons bientôt », avait
répondu Lis. Elle était préoccupée par des pensées de Cass, essayant de
ressentir la présence de son âme-soeur d’une façon ou d’une autre. La jeune
femme blonde voulait croire qu’elle saurait si quelque chose de définitif était
arrivé à Cass, mais ce n’était pas une théorie qu’elle souhaitait vraiment
tester.
Puis le cube s’était désintégré dans une
explosion massive, d’un silence inquiétant dans le vide de l’espace. Lis eut à
peine le temps de reprendre brusquement son souffle avant que le champ
d’étoiles ne se déforme et bouge tandis que le Voyager passait en mode
distorsion.
La femme près d’elle poussa un cri d’angoisse.
« Où sont-elles passées ? » Cria
Sam en se penchant en avant, les mains sur le rebord de la baie vitrée. Elle
scruta en vain le champ d’étoiles qui défilait. Lis tapota son communicateur,
son propre malaise lui rendant facile la décision de déranger le personnel de
la passerelle.
« Dayton à Chakotay. »
« Parlez, Conseillère », répondit le
Premier Officier d’une voix de basse.
« Désolée de vous déranger,
Commandeur », répondit Lis. « Je me demande ce qui est arrivé à la
navette, monsieur. L’enseigne Wildman brûle d’avoir des nouvelles. » Sans parler de moi, pensa-t-elle.
« Nous n’avons eu qu’un bref contact,
Dr », répondit Chakotay. « Mais nos scans nous ont montré qu’elles
étaient toutes les quatre à bord et vivantes. Nous nous éloignons de l’onde de
choc de l’explosion en ce moment. » Alors même qu’il parlait, le Voyager
sortit de distorsion, les étoiles se solidifiant devant les baies vitrées
tandis que le vaisseau s’arrêtait. « Je suis sûr que la navette a fait de
même », continua-t-il. « Bien sûr, elle ne peut pas atteindre notre
vitesse maximale aussi il va falloir un moment avant qu’elle ne nous
rattrape. »
« Mais Naomi va bien ? »
Intervint Sam.
« Pour autant que nous sachions, Enseigne,
oui », répondit calmement Chakotay. « Comme je l’ai dit, j’ai eu une
courte conversation avec le capitaine et elle semblait aller bien. Je veux bien
parier que si elle est en bonne santé, Naomi l’est également. »
Sam hocha la tête pour elle-même, sachant que
l’officier supérieur se serait sacrifié avant de permettre que Naomi soit
blessée. Elle laissa un sourire hésitant se former sur ses lèvres. Lis
l’observa, satisfaite que, pour le moment du moins, la situation était aussi
bonne que possible.
« Merci, Commandeur », dit-elle
tranquillement. « Y a-t-il un moyen de savoir quand, elles vont nous
rattraper exactement? »
« Si l’on considère qu’elles sont passées
directement à leur vitesse maximale, ça pourrait être dans 24 heures, ou dans
deux jours si elles ont souffert de dommages à cause de l’explosion »,
répondit-il. « D’une façon ou d’une autre, nous resterons ici jusqu’à ce
qu’elles arrivent. »
« Pouvons-nous repartir les chercher,
Commandeur ? » Demanda Sam.
Lis connaissait déjà la réponse. Janeway avait
depuis longtemps développé la règle de ne jamais rebrousser chemin de leur
trajet vers le Quadrant Alpha, sauf si cela était absolument nécessaire.
« Elles seront bientôt à portée de nos
systèmes de communication, Enseigne », répondit Chakotay. « Si elles
nous disent qu'elles ont besoin d'aide pour revenir, alors nous le ferons,
autrement, c’est mieux de leur donner une cible stationnaire à
atteindre. »
« Pas de problème, monsieur »,
répondit Lis à la place de l’enseigne. « Merci pour les nouvelles. »
« A votre service. Chakotay terminé. »
Lis se tourna vers Samantha qui avait porté les
mains à sa bouche tandis que l’émotion des dernières heures la rattrapait. Ses
larmes débordaient sur ses joues et Lis s’avança pour prendre sa collègue dans
ses bras.
« Je suis sûre qu’elles vont bien »,
murmura-t-elle, tandis que Sam pleurait doucement contre son épaule. Elle la
sentit hocher la tête.
« Je sais… je sais… » dit Sam entre
deux sanglots. « C’est juste que… »
« Il est tard et la nuit a été
stressante », finit Lis pour elle. « Il va falloir un moment avant
que nous n'entendions à nouveau parler d’elles. Pourquoi n’allez-vous pas
essayer de dormir un peu, Sam ? Je suis sûre que le Docteur peut vous
aider si vous êtes trop tendue. »
Sam acquiesça de la tête.
« Je pense que c’est ce que je vais faire»,
murmura-t-elle en sortant de l’étreinte de Lis. « Merci pour tout votre
soutien. » Elle produisit un faible sourire.
« Pas de souci », dit Lis, heureuse
d’avoir au moins pu offir un peu de réconfort. « Vous m’aidiez aussi, vous
savez. »
Sam la regarda avec perplexité avant de
comprendre. « Vous et Cass… ? » Demanda-t-elle avec hésitation.
Lis lui sourit, l’estomac douloureux d’un
étrange mélange d’anxiété et d’exaltation. « Oui », murmura-t-elle.
« Je serai très heureuse de l'avoir à nouveau à la maison. »
Sam sourit avec plus de confiance cette fois.
« C’est merveilleux », dit-elle.
« Vous avez tellement attendu l’une après l’autre. »
Lis haussa un sourcil à ces mots. Parfois, je me demande s’il y a une seule
partie de ma vie qui ne circule pas dans le moulin à rumeurs de ce vaisseau,
pensa-t-elle avec ironie. Elle décida de simplement accepter les bons
sentiments pour ce qu’ils valaient.
« Oui, c’est vrai », répondit-elle.
« Là maintenant, tout ce que je veux, c’est qu'elle soit saine et
sauve. »
« Oh, je connais ce sentiment », dit
Sam tandis que les deux femmes sortaient du réfectoire et se dirigeaient vers
le turbolift.
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Cass soupira en regardant le champ d’étoiles se
déformer autour de la navette minuscule. Le vaisseau était le plus petit du
Voyager et n’était pas prévu pour de longs voyages ou une vitesse de distorsion
continue. Les conditions étaient difficiles pour quatre personnes, même si
l’une d’elles était une enfant, et Cass avait tiré la courte paille pour
prendre le premier quart aux manettes. Janeway la relèverait dans quatre
heures.
Elle regarda par-dessus son épaule et ne put
s’empêcher de sourire légèrement en voyant l’organisation des couchages dans le
minuscule espace entre la seconde rangée de sièges et la proue de la navette.
Elles avaient improvisé de la literie à partir des coussins de siège et de la
couverture du kit de première urgence. Naomi était pelotonnée, la tête sur
l'estomac de Seven. Le capitaine avait commencé à dormir en tournant le dos aux
deux autres, mais, avec le sommeil, elle s’était détendue et retournée, et elle
était maintenant coincée dans le creux de l’autre bras de Seven, pressée contre
le corps élancé de la jeune femme blonde.
Joli, pensa Cass en souriant. Mais je ferais
mieux de ne pas en parler quand elle se réveillera. Elle sourit en y
pensant tout en se retournant vers la vue à l’extérieur du cockpit. Qui
n’offre franchement pas grand-chose, songea-t-elle.
Elles avaient été touchées par l’avancée de
l’onde de choc juste au moment où elles allaient passer en mode distorsion.
Cela n’avait pas arrêté leur fuite mais les avait un peu secouées et causé
quelques dommages mineurs à la nacelle bâbord, ce qui demandait un contrôle
constant. Cass se pencha en avant et fit un léger ajustement au système de
propulsion. Elles s’étaient décidées pour un compromis, ne pas pousser la
navette à plus de trois points de distorsion pour tenter de la garder en un
seul morceau pour leur rendez-vous avec le Voyager.
Dans environ 36 heures,
calcula Cass. Elle soupira. Ce qui fait 36 heures de trop en ce qui me
concerne. Elle posa les pieds sur le siège du co-pilote et tenta de se
détendre. Elles avaient été un peu bousculées par l’onde de choc et Cass était
agacée de se rendre compte qu’elle était ankylosée et avait mal à plusieurs
endroits. Elle se massa le cou d’un air absent, sentant la sensibilité de la
peau là où le drone borg l’avait étranglée. Sans parler de ces foutues
tubules, frissonna-t-elle en pensant à quel point elle avait failli se
faire assimiler.
Beuuuh. Ça suffit maintenant,
décida-t-elle. Bon, comment je peux passer le temps et rester éveillée
pendant les prochaines quatre heures, réfléchit-elle. Un sourire lent et
sexy passa sur ses lèvres. Je pourrais toujours imaginer comment je vais
saluer Lissy une fois que je serai rentrée. Mmmmmmmmmmmm. Oh oui. Ça va le
faire.
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La navette se posa sur le pont du hangar du
Voyager avec un grattement métallique. Le bruit, étrangement amplifié, rebondit
sur les cloisons de la grande salle vide, annonçant leur arrivée. On était au
milieu de la rotation de nuit et à part l’enseigne en service, seules tois
autres personnes attendaient leur arrivée.
Cass n’eut pas besoin de regarder par la baie du
cockpit pour savoir que Lis n’était pas parmi elles. Elle avait parlé à la
conseillère plusieurs heures auparavant, une conversation qui la faisait encore
sourire.
Une fois à portée de communication, le capitaine
avait ouvert une liaison et pleinement briefé Chakotay. Puis elle avait laissé
sa place à Naomi et la jeune fille avait passé plusieurs minutes dans une
conversation joyeuse avec sa mère soulagée. Cass avait souri lorsque la
fillette avait transformé ce qui avait été une expérience terrifiante en une
chose qui semblait presque amusante avec le recul. Elle s’était même senti
rougir à la description faite par Naomi de son combat avec les drones.
Difficile de croire qu’on me bottait les fesses,
avait-elle pensé en riant pour elle-même.
Puis ça avait été son tour de venir au
communicateur. Ça avait été une sensation étrange d’attendre que Lis vienne en
ligne. Cass avait senti ses paumes de main un peu humides et son cœur battre.
Mais toute la nervosité avait disparu aux premières intonations de la voix
douce de son amie.
« Salut, toi », avait dit Lis. Cass
pouvait entendre le sourire dans sa voix.
« Salut, ma beauté », avait répondu le
chef de la sécurité tranquillement. Derrière elle, elle avait entendu Janeway
appeler Naomi pour lui donner, à elle et à Lis, autant d’intimité que possible
dans l’étroitesse de la minuscule navette. Il
faut que je pense à la remercier, pensa Cass.
« Comment te sens-tu ? » Avait demandé
Lis.
Cass avait ri. « Je me sens fatiguée et je
pue », avait-elle dit en souriant.
Le rire de soulagement résonna agréablement à
ses oreilles.
« Je pense qu’on peut arranger ça plutôt
facilement », avait répliqué Lis d’un ton anodin. « Autre chose qui
mérite un peu plus d’attention ? »
« Nan », avait répondu Cass d’un ton
traînant. « Juste quelques éraflures et des bleus. » Elle s’était
interrompue, se demandant ce qu’elle pouvait se permettre d’admettre. Comme si je pouvais lui cacher quoi que ce
soit. « Et j’ai l’impression d’avoir été mordue par un vampire »,
avait-elle fini par dire.
Il y avait eu une pause pendant que Lis digérait
la signification de ces paroles.
« Ils se sont approchés si
près ? » avait-elle demandé avec hésitation.
« Mhmmmm », avait reconnu Cass.
« Mais Seven a sorti un lapin de son chapeau. »
Une autre pause.
« Rappelle-moi de la remercier pour
ça », avait dit Lis tranquillement, d’un ton sérieux.
« T’inquiète », avait répondu Cass,
sachant combien elle devait à l’ex-drone.
« Quand seras-tu à la maison ? »
La maison. Est-ce que ce mot n’est pas
fantastique ? « Dans environ sept heures »,
avait-elle répondu, souhaitant que ce soit sept minutes.
« Mmmmmmm. J’ai hâte de te voir »,
avait dit Lis. Cass avait fermé les yeux, savourant les mots. « Tu m’as
manqué. »
Cass déglutit.
« Pareil », avait-elle répondu,
souhaitant pouvoir en dire plus. Bien,
bien plus. « Ecoute, euh, ne m’attends pas, d’accord ? On devrait
arriver au milieu de la rotation de nuit. »
« Je sais », avait dit Lis.
« Mais je veux te voir. »
« Pareil pour moi. Mais j’ai une meilleure
idée. » Elle s’était rapprochée du micro en baissant la voix un peu plus.
« Tu restes chez moi cette nuit ? Comme ça on pourra se dire bonjour
en privé. »
Il y eut une pause et pendant une seconde, Cass
pensa avoir trop présumé de la situation.
« Heu, Cassie ? » La réponse
était hésitante. « Je suis dans tes quartiers depuis ton départ »,
avait dit Lis d’un ton hésitant. « Je me suis dit qu’il fallait nourrir
Bagheera et… et bien… je me sentais mieux là. » Une autre pause.
« C’est plutôt pathétique, non ? »
Wow, avait pensé Cass.
« Non, pas du tout. Je trouve que c’est
merveilleux », avait-elle répondu doucement, et elle avait entendu Lis
soupirer brusquement de soulagement. « Alors je présume que je te verrai….
Heu… »
« … au lit. » Lis avait terminé la
phrase pour elle.
Cass s’était éclairci la gorge, très consciente
du silence pesant dans son dos. Oh, je
vais payer cette conversation, se rendit-elle compte. On s’en fiche après tout. « J’ai hâte d’être là »,
avait-elle dit tout haut, sans s’inquiéter que tout l’univers sache ce qu’elle
ressentait pour la conseillère. Elle ferma les yeux et se lança, ignorant sa
gêne. « Je t’aime, Lis. »
« Moi aussi, Cassie », avait répondu
immédiatement cette dernière. « Je suis contente que tout aille
bien. »
« A bientôt. »
« C’est sûr ! Voyager terminé. »
La liaison radio s’était coupée et Cass s’était
lentement tournée vers ses compagnes de voyage. Trois sourires l’avaient
accueillie et le chef de la sécurité s’était senti rougir.
« Oh la feeeeerme. »
Et nous y voilà,
pensa Cass en alignant la séquence d’arrêt de la petite navette. Derrière elle,
elle entendait Janeway qui ouvrait l’écoutille et saluait Chakotay, l’enseigne
Wildman et le Docteur. Naomi était profondément endormie dans le siège derrière
elle et Cass regarda Seven soulever la petite fille et la porter à sa mère.
Le grand chef de la sécurité se déplia en
sortant du cockpit étroit. Après une journée et demie à essayer de garder ses
longs membres recroquevillés en dehors du passage, elle ne voulait rien tant
que s’étirer, se gratter et s’étendre.
Et il faut que je sorte de ces vêtements,
pensa-t-elle, en regardant la chemise et le pantalon en coton sales qu’elle
portait quand la crise avec les Borgs avait commencé. Elle plissa le nez de
dégoût. Lis va me sentir arriver avant même de me voir.
Une poussée d’anticipation fit déraper son pouls
tandis qu’elle descendait la rampe vers le pont du hangar à navettes. Sam
Wildman tenait sa fille dans une étreinte soulagée, tandis que le Docteur
passait un tricordeur médical sur une Seven of Nine désintéressée.
« Docteur, j’ai pleinement récupéré »,
disait la grande blonde.
« Peut-être bien », disait
l’hologramme obstiné. « Mais ça ne fait pas de mal de s’en assurer. Vous
avez un nombre élevé de nanosondes dans votre flux sanguin », nota-t-il.
« Si on considère qu’elle est passée à ça
de se faire ré-assimiler, c’est à peine surprenant », dit le capitaine
avec sarcasme. « Je soupçonne que tout ce dont elle a besoin, c’est d’une
quantité décente de sommeil, Docteur. »
« Très bien », concéda-t-il en
refermant le tricordeur. « Mais je veux vous voir demain pour un check-up
complet », dit-il à Seven, qui hocha la tête d’un air las. L’officier
médical en chef tourna alors son attention vers Cass.
« Et vous, Lt ? » Demanda-t-il en
observant les bleus et les autres marques sur le cou d’un air critique.
« Rien de sérieux, Doc », dit Cass,
anxieuse d’en finir avec les formalités et de pouvoir aller où elle souhaitait
de plus en plus se rendre. « Ça ira. »
Il la regarda encore un moment, puis hocha la
tête, la connaissant assez pour savoir qu’elle ne cacherait rien de sérieux.
Cass se balança d’un pied sur l’autre tout en
écoutant Janeway et Chakotay échanger leurs rapports. Elle savait qu’elle
n’avait probablement pas besoin de rester mais elle observait quand même le
protocole, attendant que son commandant la renvoie. Le capitaine finit par
avoir pitié d’elle et hocha la tête avec un petit sourire.
« Je pense que nous avons gagné quelques
jours de repos », dit-elle, en jetant un coup d’œil à sa compagne fatiguée
puis à son chef de la sécurité silencieux. Elle tendit la main et tapota le
bras de Cass. « Bon travail, Lt, et merci. »
Cass carra les épaules. « J’ai juste
apporté mon soutien, Capitaine », dit-elle. « C'est Seven qui a tout
fait si on me demande mon avis. »
« C’était un bel effort d’équipe,
Lt », insista le capitaine. « Ce qui compte, c’est que le boulot a
été fait et sans pertes. »
« Je veux tous vous remercier »,
intervint Sam Wildman. Sa fille endormie était toujours dans ses bras et
l’enseigne avait l’air plus soulagée que n’importe qui d’autre que Cass avait
pu voir jusqu’ici. « Merci de l’avoir gardée en sécurité. »
« A la fin de la journée, nous sommes
toutes en sécurité et pour moi, c'est tout ce qui compte », dit calmement
Janeway. Sa compagne bâilla, un geste incongru de la part de l’ex-Borg, qui
avait habituellement l’air toujours fraîche et imperturbable. Tout le monde se
mit à rire.
« Je suis épuisée », dit Seven,
légèrement vexée quand tout le monde se mit à rire à nouveau.
« Allez », dit Janeway. « Il est
temps d'aller tous prendre du repos. » Elle se tourna vers son chef de la
sécurité dont l’esprit était visiblement ailleurs. « Et j’insiste sur le
mot repos, Lt », dit le capitaine pince-sans-rire, en haussant le sourcil
à l’intention de la grande femme.
Surprise, Cass marqua un temps d’arrêt, agacée
de se sentir rougir. « Oui, madame », grogna-t-elle en regardant
comment faire une sortie rapide.
**************************
Après sa brève conversation avec Cass, Lis était
retournée dans les quartiers du chef de la sécurité. La navette n’arrivant pas
avant plusieurs heures, elle s’était retrouvée désoeuvrée. Ce qu’elle avait dit
à Cass sur le fait de se sentir mieux dans ses quartiers était certainement
vrai, mais ça ne disait pas tout. La première nuit où Cass était partie, Lis
avait tenté de dormir dans son propre lit, mais elle ne se sentait pas à
l’aise. Alors elle avait traversé le vaisseau et était entrée chez la jeune
femme, avait nourri le chat et s’était glissée entre les draps.
Elle s’était immédiatement senti entourée et
réconfortée par la présence de Cass et avait dormi profondément, ce qui l’avait
plutôt surprise. Se réveiller avec l’odeur familière faite de la combinaison
unique de l’arôme de son amante et du léger parfum qu’elle utilisait, avait été
une révélation plaisante. Elle avait enfoui son visage dans l’oreiller et
s’était laissé aller dans un demi-sommeil jusqu’à ce qu’elle doive se lever.
Lis trainassait à présent et s’affairait en
faisant du rangement et en amusant le matou.
Je devrais plutôt être contente qu’elle soit
presque rentrée et en bonne santé, s’était-elle dit. Mais il y avait tellement
de courants sous-jacents aux sentiments qu’elle ressentait. Elle finit par s’y
laisser aller, se laissant tomber dans un coin du canapé, les pieds posés sur
la table basse. Nous n’avons jamais passé la nuit ensemble,
réalisa-t-elle soudain. Pendant ces cinq derniers mois, nous n’avons jamais
eu l’occasion de nous réveiller l’une à côté de l’autre, et nous avons enfin
cette opportunité.
Elle rit de sa nervosité. Allons, Elisabeth, qu’est-ce qui te rend anxieuse ? On parle de
Cass, là. Et elle va probablement être épuisée par-dessus tout. Alors
détends-toi et laisse les choses arriver comme elles le doivent.
Enfin satisfaite, la petite blonde s’était
dirigée vers la salle de bains, une douche chaude et une soirée enveloppée dans
des draps chauds et familiers.
*********************************
Cass marchait dans les couloirs pratiquement
vides. Elle se sentait incroyablement à cran, malgré presque deux jours de
sommeil intermittent, de rations minimales et de conditions exiguës.
Ça doit être l’amuuuuuuuuuur,
pensa-t-elle railleusement en se mettant à courir à petites foulées, chose
qu’elle ne croyait plus avoir l’énergie de faire. Elle sentit des palpitations
dans son estomac… jusqu’au moment où elle prit un virage et tomba la tête la
première sur B’elanna Torres.
« Ha ! » S’exclama l’ingénieur en
chef, en rebondissant sur la silhouette robuste de la grande femme.
« Fichue femme, tu devrais envoyer un signal quand tu débarques sur
quelqu’un comme ça. » Elle sourit à son amie. « Bienvenue à la
maison. »
« Désolée B », dit Cass d’un ton
bouuru, en lui souriant à son tour. « Et merci. C’est bon d’être
rentrée. »
« J’ai entendu dire que la situation a été
un peu tendue là-bas », dit B’elanna, en se retournant pour avancer avec
Cass, alors que le chef de la sécurité continuait son chemin dans le couloir.
« Il y a eu des moments », dit Cass en
haussant les épaules. Elle s’arrêta soudainement et regarda B’elanna.
« Attends un peu », marmonna-t-elle. « Depuis quand tu es en
rotation gamma ? On est au milieu de la nuit, Lt. »
« Ah. » B’elanna se gratta la nuque
d’un air penaud. « J’étais… euh… je rentrais de… euh… »
« Des quartiers de Tina », finit Cass
à sa place, en souriant. « Des problèmes de coloc, hein ? »
B’elanna leva les yeux au ciel. « Bon sang,
oui. Il faut que quelque chose change vite où nous allons devenir cinglées
toutes les deux. » Elles atteignirent le turbolift et s’arrêtèrent.
« Qu’est-ce qui ne va pas avec ton
logement ? » Demanda Cass.
« Trop petit », répondit B’elanna.
« Nous avons besoin de plus de place que ça. »
« Les quartiers pour famille », dit
Cass succinctement. Elle rit en voyant son amie pâlir sous sa peau
habituellement de teint olivâtre. « Relax, B. Tu peux au moins y
penser. »
L’ingénieur secoua la tête d’un air incertain et
elle regarda plus attentivement sa grande amie, qui avait l’air proprement
distraite tandis qu’elle attendait le turbolift.
« Alors », dit la demi-klingonne,
voyant une occasion de la taquiner un peu. « Je parie que tu as un lit
chaud qui t’attend. » Elle eut un large sourire tout en essayant d’avoir
l’air innocent.
« B’elanna », grogna Cass d’un ton
d’avertissement.
L’autre femme se mit à rire mais leva les mains
en signe de rédition. « Okay, okay », dit-elle tout en riant.
Le turbolift arriva et le chef de la sécurité
entra, souriant d’un air tolérant lorsque B’elanna se retourna pour reprendre
le chemin de ses quartiers.
« Oh, Cass ? » Dit l’ingénieur en
se retournant d’un coup. « Un autre conseil ? »
Cass haussa le sourcil.
« Prends une douche. » B’elanna sourit
tandis que les portes du turbolift se fermaient entre elle et une Cass outrée.
« La feeeeerme. » La réponse lui
parvint étouffée.
Des hurlements de rire demi-klingons résonnèrent
dans tout le couloir.
*********************************
Cass entra dans ses quartiers quelques minutes
plus tard. La pièce n’était pas complètement dans le noir, mais les lumières
étaient tamisées et tout était tranquille. Bagheera s’avança en silence jusqu’à
elle et sauta dans ses bras pour la saluer comme à l’accoutumée.
« Hé mon beau », murmura-t-elle dans
son pelage tandis qu’il la cognait doucement avec sa tête. Elle entendait le
grondement de son ronronnement et elle sourit légèrement. « Je parie que
tu as été pourri-gâté ces derniers jours, hein ? » Il plia et déplia
le bout de ses pattes en rythme, ses griffes s’accrochant et se décrochant de
sa chemise.
« Miiiiiiaaaaaaoooouuuuu »,
répondit-il joyeusement.
« Mhmmmm, tu parles », dit-elle en
riant doucement tout en grattant le point sensible à la base de sa queue avant
de lui déposer un baiser sur la fourrure de sa nuque. Il avait un endroit
dégarni là où une allergie alimentaire avait laissé des traces quand il était
chaton et il baissa la tête avec satisfaction lorsque ses lèvres l’effleurèrent
à cet endroit.
Elle le porta en riant jusqu’à son coin de repos
préféré au bout du canapé et le déposa sur les coussins. Il se lova dans une
boule d’aise et elle le gratta derrière les oreilles. « Bonne nuit,
matou », murmura-t-elle.
Cass se passa la main d’un air las dans ses
cheveux noirs et alla d’un pas tranquille jusqu’à la porte de la chambre. Ce
qu’elle vit la prit de court et lui coupa le souffle. Lis avait posé des
chandelles allumées dans toute la petite pièce et leur lueur tremblotante était
à la fois accueillante et apaisante.
La jeune blonde était blottie sur son côté droit
et affalée en plein milieu du lit double. Le sommeil et la lumière des bougies
l’entouraient d’une lueur douce, ses traits juvéniles, qui avaient toujours démenti
son âge, semblaient encore plus jeunes. Ses boucles étaient étalés sur
l’oreiller.
« Ça, ça réchauffe le cœur », murmura
Cass, ravie par le visage qui souriait légèrement tandis que la conseillère
dormait.
Cass marcha sur la pointe des pieds jusqu’au
bord du lit et s’agenouilla, puis elle tendit la main pour prendre
affectueusement la joue de Lis.
Les yeux verts à demi-clos clignèrent.
« 'Alut », marmonna Lis, la voix
enrouée par le sommeil.
« Salut toi », répondit Cass doucement
en souriant tandis que Lis tentait de se concentrer sur elle.
« Pourquoi tu n’es pas au lit avec
moi ? » Grommela la jeune femme blonde.
Cass se mit à rire. « Parce que j’ai
tellement besoin d’une douche que je pourrais bien utiliser jusqu’à la dernière
goutte d’eau fraîche à bord », répondit-elle en souriant alors que Lis
pressait sa main contre la sienne pour la maintenir contre sa joue. « Ça
ne va pas être long, je te le promets. »
« Bien », dit Lis en refermant les
yeux. « Parce que je veux sentir ta peau contre la mienne. » Elle
sourit d’un air béat, sachant très bien l’effet que ses paroles auraient sur le
chef de la sécurité.
Cass déglutit. Elle eut des chatouillis dans des
endroits qu’elle pensait endormis depuis des jours. « Oh, bon sang »,
murmura-t-elle, pas vraiment surprise par le rire endormi que cela provoqua
chez la jeune femme blonde. « Je reviens tout de suite »,
murmura-t-elle en se penchant pour effleurer le front de Lis d’un baiser.
« 'kay. »
Cass alla sans bruit dans la salle de bains, se
débarrassant de ses vêtements au fur et à mesure. Quelques ordres étouffés à
l’ordinateur et elle se tenait sous une douche d’eau chaude et fumante. Elle
ferma les yeux et laissa l’eau tomber en cascade sur elle. Elle avait mal de la
tête aux pieds, mais sous l’inconfort physique et la lassitude absolue,
pointait un autre sentiment inhabituel.
Je suis heureuse,
se dit-elle. J’ai quelqu’un qui m’attend à la maison. Quelqu’un qui est
allongé dans mon lit. Les yeux bleus brillants clignèrent pour se
débarrasser des gouttes d’eau. Quel sentiment génial, pensa-t-elle, un
sourire étirant ses traits anguleux. Je dirais bien que c’est de la chance
pure, mais j’ai dû attendre si longtemps, être si patiente… je vais mettre ça
plutôt sur le compte de la destinée, décida-t-elle. Elle commença à se
savonner rapidement, savourant le fait de se débarrasser de presque trois jours
de crasse et de saleté.
Cass se rinça une dernière fois la tête pour
enlever les restes de shampoing et coupa la douche d’un mot. L’air chaud emplit
la cabine et elle tendit la main pour attraper la serviette avant de se sécher
rapidement.
La douche l’avait
rafraîchie et c’est avec une sensation ravivée d’anticipation qu’elle revint
calmement dans la chambre à coucher. La petite silhouette sous le drap était
immobile et Cass soupçonna Lis de s’être rendormie. Elle sourit doucement et
souleva le coin du drap. Elle se glissa avec précaution dans le lit, désireuse
de sentir la chaleur du contact avec la femme nue tout près d’elle.
Cass posa la tête sur sa main en s’appuyant sur
son coude, et elle regarda les mouvements de respiration de Lis.
Je ne peux pas m’empêcher plus longtemps de la
toucher, pensa-t-elle. Elle tendit la main avec hésitation
et caressa affectueusement les cheveux blonds. Lis murmura dans son sommeil et Cass
se rapprocha, glissant la main sur le côté de la jeune femme, sous le drap, sa
main chatouillée par la découverte de la peau nue.
Lis soupira quand la main de Cass traça un
cercle sur son ventre. Elle se blottit contre elle, savourant le contact de la
peau chaude et nue contre son dos. Ses doigts trouvèrent ceux de Cass et
s’emmêlèrent tandis qu’elle attirait son amante plus près d’elle.
Cass inspira profondément, absorbant l’odeur
propre et sucrée des cheveux de Lis tandis qu’elle enfouissait son visage dans
la chevelure de la jeune blonde. Elle explora un peu plus et trouva la pointe
d’une oreille rose qu’elle embrassa doucement.
Lis sentit la chair de poule sur sa peau tandis
que le souffle chaud de Cass la chatouillait.
« C’est bon d’être à la maison »,
murmura la jeune femme brune, la basse de sa voix envoyant des vibrations le
long de l'épine dorsale de Lis de façon plaisante.
« Mmmmm », répondit celle-ci.
« C’est bon de t’avoir aussi. » Elle appuya sur ce point en se
blottissant encore plus dans le giron de Cass, goûtant le contact des bras
puissants de son amante autour d’elle et des jambes encore plus puissantes
derrière elle.
Cass pencha un peu la tête et traça une ligne de
baisers minuscules depuis l’épaule de Lis jusqu’à sa nuque. Elle sourit un peu
en sentant une onde de frissons traverser la forme compacte contre elle.
« Tu as froid, ma chérie ? » La
taquina-t-elle.
« Sûrement pas », répondit Lis
joyeusement en tournant la tête légèrement pour que Cass puisse voir le
minuscule sourire sur ses lèvres. « Tu es en train de baisser toutes mes
manettes d’allumage. » Elle saisit l’étincelle dans les yeux bleus
au-dessus d’elle. « Et tu le sais très bien, n’est-ce pas ? »
« Mhmmmmm », dit Cass d’un ton
trainant, qui délivra un autre argument en prouvant son approbation à nouveau
en enfouissant le nez sur le point sensible juste sous l’oreille de Lis.
« Ohhh, tu es diabolique », murmura
Lis dans un souffle, provoquant un rire de gorge profond chez son amante. La
jeune blonde soupira et leva le bras avant de se retourner et de se glisser
dans l’étreinte de Cass jusqu’à ce qu’elle soit sur le dos avec la jeune femme
installée dans le creux de son bras. « Laisse-moi te regarder »,
dit-elle, soudain submergée par le besoin de s’assurer que Cass était vraiment
revenue sans blessure de ses aventures.
Cass se redressa assez pour se mettre sur un
coude, connaissant assez Lis pour la laisser se rassurer. Celle-ci passa
doucement les doigts sur son visage et toucha chaque égratignure et chaque bleu
tendrement. Elle arrêta le bout de ses doigts sur le pire d’entre eux, une
marque cramoisie de la taille d’un œuf au-dessus de son sourcil gauche,
héritage de sa lutte avec les drones.
« Tu as mal ? » Demanda-t-elle
doucement.
Cass hocha lentement la tête. « Un
peu », murmura-t-elle. « J’ai aussi quelques côtes froissées, je
crois », ajouta-t-elle spontanément. « Mais ça n’est pas trop
moche », se dépêcha-t-elle d’ajouter, en voyant l’inquiétude dans les doux
yeux verts qui la regardaient.
Lis traça lentement la mâchoire du bout des
doigts, puis elle souleva le menton de Cassie, exposant son cou et les deux
marques révélatrices qui s’y trouvaient. Elle fut parcourue par un frisson, confrontée à la preuve
que son âme-soeur avait échappé de peu à une.
Cass la laissa tranquillement explorer les
blessures des doigts et vit les larmes qui montaient.
« Je vais bien », murmura-t-elle.
« Je... je sais », balbutia Lis.
« Ça me fiche juste la trouille de penser qu’ils étaient si
proches. » Elle se souleva et embrassa doucement chaque marque. Cass ferma
les yeux face à la vague d’émotion qui menaçait son calme.
« Ils n’ont attaqué que la surface »,
dit-elle, en essayant de faire mine de rien. « Et Seven a alors fait son
petit tour de magie et ils m’ont laissé tomber. »
Lis la regarda d’un air interrogateur, essayant
d’imaginer la scène. « Tu as dû avoir peur. » Elle pressa la paume de
sa main gauche sur le sternum de Cass, essayant de sentir les battements du
cœur de son amante.
Cass se contenta de hausser les épaules.
« Je ne pouvais pas faire
grand-chose », répondit-elle calmement. « Je me sentais plus sans
défense et frustrée qu’autre chose. » Elle fit une pause et couvrit la
main de Lis de la sienne. « Et tout ce que je pouvais voir, c’était ton
visage. Je me souviens avoir été vraiment en colère à l’idée que nous n’allions
plus jamais être ensemble. » Elle sourit contre le doigt qui vint soudain
se poser contre ses lèvres.
« Ça n’est pas arrivé », dit Lis.
« Alors on n’en parle même pas. »
Cass hocha la tête. « Ça me va »,
répondit-elle en souriant à la jeune femme blonde. « Comme je l’ai dit,
c’est bon d’être rentrée. »
Lis l’enveloppa dans une étreinte totale, les
cheveux noirs mêlés aux cheveux dorés, tandis que Cass s’installait sous le
menton de la jeune femme. Elle massa doucement en cercles la peau lisse du dos
de Cass, savourant la sensation des muscles d’acier sous la surface satinée. Le
corps élancé se détendit sous elle et elle respira doucement, absorbant leur
proximité par chaque pore de sa peau.
« Janeway m’a dit de prendre quelques jours
de congés », dit Cass. « Est-ce qu’il y a une chance pour que tu
puisses aussi ? »
Lis sourit et la serra doucement. « Je
pense que je peux arranger ça », répondit-elle. Elle sentit la main de
Cass glisser lentement sur son côté et elle hoqueta légèrement quand les longs
doigts enveloppèrent la courbe de son sein. Cass sourit en sentant la réponse
et effleura la peau douce d’une caresse coquine.
« J’ai souvent rêvé de me trouver dans
cette position avec toi », murmura Cass. « Et enfin nous y
sommes. » Lis la serra un peu plus fort. « Il y a eu tellement de
nuits où je me suis endormie en serrant l’oreiller, à essayer de me souvenir ce
que c’était de te serrer toi. »
Lis ferma les yeux, écoutant les restes de la
solitude perdue dans la voix de son amante.
« Je trouve que j’ai beaucoup de
chance », finit-elle par dire, la voix enrouée par les larmes retenues.
« Je n’avais aucun droit de m’attendre à ce que tu patientes. Mais tu l’as
fait quand même. »
Cass leva la tête légèrement et posa le menton
sur la poitrine de Lis pour la regarder.
« Je n’avais pas l’impression d’avoir
beaucoup d’autres options », répondit-elle. « Ce n’est pas exactement
comme ça que je voulais le dire. Je veux dire que… » Elle s’interrompit,
cherchant les mots justes. « Je me disais que j’avais deux choix. Je
pouvais continuer à t’aimer, en trouvant des moyens de survivre en t’attendant.
Ou je pouvais juste me recroqueviller et être malheureuse et inutile à quoi que
ce soit et à qui que ce soit. » Lis hocha la tête en compréhension.
« J’ai tenté la seconde option pendant un moment, et ça m’a rendue…
minable… en quelque sorte. »
Lis lui sourit, emmêlant ses doigts dans les
cheveux en désordre sur les tempes de Cassie.
« Ouille, je crois que mon cerveau est
grillé, » dit Cass. « Ça ne veut pas dire grand-chose,
hein ? »
« Ça veut dire beaucoup au contraire, mon
amour. »
Cass reposa la tête et se blottit un peu plus,
puis elle passa paresseusement le doigt de la base du cou de Lis jusqu’à son
nombril.
« Tu es si douce », murmura-t-elle.
Ses doigts continuèrent leur exploration et Lis sentit qu’elle se concentrait
presque complètement sur la sensation de chatouillis qu’ils déclenchaient. Elle
savait qu’elles étaient toutes les deux trop fatiguées pour aller plus loin,
mais il y avait quelque chose de délicieux et de sensuel dans la plus petite de
leurs caresses partagées.
Cass sombra dans un état de langueur à
demi-éveillé. Lis la serrait dans ses bras et son corps lui servait d’oreiller.
Elle ne s’était jamais sentie autant en sécurité. Des années de solitude se
détachèrent d’elle comme une vieille peau en mue, laissant derrière elle une
nouvelle, à vif qu’elle n'hésitait pas à laisser aux bons soins de Lis.
« Je t’aime », murmura-t-elle, sentant
l’épuisement la gagner.
Lis sourit et lui embrassa le sommet du crâne.
« Je t’aime aussi, mon coeur. » Le
long corps pressé contre elle se détendit totalement. Lis sourit dans la
lumière des bougies, sentant sa propre respiration et le battement de son cœur
ralentir au rythme de la femme endormie dans ses bras. Bonne nuit, ma
guerrière.
***********************************
La peau pressée contre sa joue était douce et
lisse. Cass bougea légèrement et effleura la surface soyeuse comme le velours,
au comble du bonheur. Elle était à peine éveillée, consciente du mouvement
rythmique de la respiration légère de Lis et elle garda les yeux fermés,
laissant ses autres sens prendre le dessus. Elle absorbait la chaleur de la
peau de Lis là où elles se touchaient, ses doigts bougeant légèrement dans des
mouvements à peine esquissés. Elle était blottie contre le côté droit de la
jeune femme, sa longue jambe passée sur les cuisses de Lis et son bras posé en
travers de son estomac.
Des doigts tracèrent les côtes de la jeune
blonde endormie, les lignes et les courbes. Cass flottait, à demi-éveillée,
absorbant le contact du corps sous le sien à travers chacune de ses
terminaisons nerveuses. Un chatouillis délicieux la traversa et elle bougea à
nouveau, se pressant contre la hanche de Lis. Elle tourna légèrement la tête et
posa un baiser sur la peau satinée que ses lèvres trouvèrent. C’était si bon
qu’elle décida de recommencer, cette fois en laissant sa bouche trainer sur les
courbes soyeuses du sein de Lis, en déposant des petits baisers sur son
passage.
Mmmmmm, encore, la supplia son
esprit en s'éveillant doucement. Cass se redressa et se mit au-dessus de Lis.
Elle glissa sa cuisse doucement entre celles de la jeune blonde et ne fut pas
surprise quand les jambes de celle-ci s’écartèrent dans son sommeil pour
l’accueillir. Cass sourit légèrement, ne souhaitant rien de plus que de réveiller son amante de la meilleure façon
possible. Elle s'abaissa lentement, se pressant contre la forme compacte et
chaude sous elle jusqu’à se soutenir sur ses coudes. Pour la première fois,
elle ouvrit les yeux et cligna plusieurs fois pour s’adapter à la lumière
diffuse. Elle sourit en regardant la belle conseillère, résistant à l’envie de
la réveiller d’une manière plus conventionnelle.
Elle préféra baisser la tête et tourner son
attention vers les seins de Lis. Elle déposa une ligne de baisers le long de
son sternum, caressant du nez au passage les courbes familères. Elle entoura de
ses mains les rondeurs soyeuses et glissa ses pouces sur les sommets jumeaux
qui grandissaient même dans le sommeil de Lis. Cass sourit à nouveau, adorant
la réponse inconsciente de la jeune femme. Incapable de résister plus
longtemps, elle embrassa un téton et l'attira lentement dans sa bouche tandis
que ses doigts continuaient à exciter l'autre.
Cass se perdit dans les sensations, savourant le
durcissement contre sa langue et dans ses doigts. Elle gémit doucement autour
du téton qu’elle suçait, le titillant et l'englobant de sa langue et de ses
dents, sentant son propre corps répondre avec une chaleur grandissante. J’ai attendu si longtemps pour l’aimer comme
ça, songea-t-elle, en s’émerveillant de l’intensité de sa réponse physique
aux caresses à la jeune femme blonde.
Lis reprit conscience avec une poussée de
sensualité qui lui coupa le souffle, alors qu’elle ouvrait les yeux. Une
chaleur humide entourait un de ses seins, tandis que des doigts excitaient
l’autre en le tirant. C’était comme si Cassie resserrait un câble invisible qui
emportait son désir de plus en plus haut.
La jeune femme blonde savait qu’elle bougeait –
ses hanches ondulaient contre Cass – elle savait qu’elle n’avait rien fait pour
amorcer le mouvement et elle savait aussi que tout ce qu’elle voulait, c’était
continuer, la douce pression grandissant alors qu’elle se frottait en rythme
contre la puissante cuisse de Cassie.
Lorsque Cass grogna autour de son téton, Lis
sentit les vibrations et trembla.
« Bon sang », murmura-t-elle, en
glissant ses mains dans les longs cheveux noirs qui s’étalaient sur sa
poitrine, masquant presque complètement le visage de Cass. « Viens par
ici », l’implora-t-elle en attirant la jeune femme doucement mais avec
insistance.
Cass arracha à regret sa bouche du sein de Lis
et glissa vers le haut, savourant le sursaut soudain de la jeune blonde tandis
que sa cuisse pressait encore plus fort contre le sexe chaud et humide de Lis.
Un regard bleu affamé croisa les yeux verts à demi-fermés et excités avant que
les deux femmes ne succombent au plus profond des baisers, se dévorant
mutuellement dans leur besoin d’un contact intime si longtemps ignoré.
Leus corps bougeaient maintenant de concert,
glissant et pressant, balançant et se frottant dans une lente danse d’échange.
Cass interrompit le baiser la première, à bout
de souffle. Lis emmêla ses doigts dans ses cheveux, la laissant reprendre son
souffle avant de l’attirer vers elle pour mordiller sa lèvre inférieure dans un
baiser.
« C’est le service de réveil le plus
merveilleux que j'ai jamais eu, Lt », murmura Lis d’une voix essouflée
tandis que Cass baissait à nouveau la tête pour déposer une trainée de baisers
dans le cou de la jeune femme blonde.
« Je me suis réveillée en te
désirant », gronda la jeune brune, la voix enrouée de désir envoyant des
frissons dans le dos de Lis.
« Mmmmm je vois ce que tu veux dire »,
répondit Lis, en laissant ses mains se balader le long des muscles puissants de
chaque côté de la colonne vertébrale de Cass, jusqu’à ce qu’elle trouve le
creux en bas de son dos, un de ses endroits les plus sensibles. Ses doigts
firent des cercles et appuyèrent et elle sentit Cass frissonner sous elle
tandis qu’elles remuaient en même temps.
« Ne t’arrête pas » dit Cass d’une
voix charmeuse à son oreille. Lis entendit le désir exacerbé dans sa voix et
sentit sa propre réponse fulgurante, comme une ligne directe jusqu’à son sexe.
« Que j’aime t'entendre »,
murmura-t-elle en trouvant le lobe de son oreille du bout de la langue avant de
le mordre doucement. La réponse de la jeune femme fut un gémissement sourd qui
lui donna raison, les envoyant toutes deux dans un mouvement encore plus
frénétique.
« Ne t’arrête pas s’il te plait », dit
Lis dans un souffle. « C’est… » Elle haleta à nouveau lorsque la
jambe de Cass créa le juste niveau de friction juste au bon endroit. « …
Absolumment p-parfait… ooooohh. »
Cass prit une longue inspiration tremblante, son
corps la suppliant d’aller plus vite, mais elle savait qu'il valait mieux pour
elles deux y aller lentement, que cela leur serait plus profitable d'être
patientes.
« Tu es si bonne », grogna-t-elle.
« Tellement mouillée. » Sachant que Lis n’était pas la seule tandis
qu’elle glissait facilement contre la cuisse lisse de la jeune femme.
« Chevauche-moi, chérie », la pressa
Lis, se souvenant combien son amante aimait qu’on lui donne la permission de se
laisser aller. « Prends ce que tu veux, mon amour. »
« Ooooh, Lissy. » Une vague
irrésistible commença à monter en Cass tandis qu’elles glissaient l’une contre
l’autre, le rythme s’accélérant rapidement malgré ses meilleurs efforts pour
ralentir. « Je ne pense pas… pouvoir… at-attendre plus longtemps »,
dit-elle dans un hoquet.
« N’attends pas », répondit Lis
rapidement. « N’attends pas, mon ange. Laisse-toi emporter. S’il te
plait. »
Cass se rendit à la vague de sensations qui
commençait déborder d’elle-même. Elle vibra et poussa contre la chaleur
excitante de la femme entre ses bras. A son summum, l’orgasme arracha un cri de
ses lèvres tandis qu’elle abandonnait tout semblant de contrôle.
Lis regarda l’extase sur le visage de son amante
et laissa la charge érotique de l’instant opérer sa magie sur son propre corps.
Sa jouissance explosa quelques secondes après celle de Cassie. A travers la
brume de sensation, elle était à demi consciente que la jeune femme brune
l’enveloppait de ses bras, la serrait tandis qu’elle laissait les spasmes
l’emporter.
Pantelantes et impuissantes dans les bras l'une
de l'autre, leurs regards se croisèrent dans la plus affectueuse des
connexions.
« Je t’aime », murmura Lis en
repoussant une mèche de cheveux collée de transpiration les yeux de Cassie de
sa main tremblante.
« Je t’aime », répondit Cass en
sentant les pièces manquantes de son âme se remettre en place.
Enfin.
******************************
« Tu as faim ? » Demanda Lis en riant à
la vue du sourcil dressé de manière sexy qui indiquait la réponse de Cass.
« De nourriture, Cassandra », la réprimanda-t-elle joyeusement, en envoyant un baiser sur le
ventre soyeux de la jeune femme.
« Mmmmm, oui, je crois », répondit
Cass. Elle se sentait cependant bien trop alanguie pour bouger, satisfaite de
subir simplement dans les douces explorations des doigts et des lèvres de Lissy
tandis qu’elles étaient allongées et entremêlées au milieu du lit.
« Est-ce que je pourrais te tenter avec un
petit déjeuner au champagne ? »
« Ça me semble indiciblement décadent »,
dit Cass qui aimait absolumment cette idée.
« C’est vrai, hein ? » Dit Lis en
souriant tout en glissant vers le bout du lit pour aller tranquilllement vers
le séjour. Des yeux bleus intéressés observaient sa silhouette nue avec
avidité. Bien qu'il n’ait pas été invité, Bagheera, sortit de nulle part et
sauta sur le matelas, en se frayant un chemin en miaulant jusqu’à la tête de sa
maîtresse sur l’oreiller.
« Salut mon matou », ronronna Cass en
passant les doigts sur son dos, le faisant s’arquer sous le toucher.
« Tout se passe merveilleusement bien, Baggie », murmura-t-elle d’un
ton confidentiel au félin, qui fit mine d’écouter. Il se rapprocha et cogna sa
tête contre son front pour la saluer. « Elle m’aime », dit Cass, en
enfouissant son visage dans la fourrure de son cou. « Tu peux le croire
ça ? »
Toute suite à cette conversation féline fut
interrompue par la réapparation de la blonde. D'une main, elle tenait une
bouteille de champagne par le goulot ainsi que deux flûtes. De l’autre elle
tenait en équilibre un plateau de fruits et de fromages. Lis grimpa sur le lit
et marcha jusqu’au centre du matelas, où elle s'assit en tailleur.
« Salut, Bagheera », dit-elle alors
que le grand chat noir tournait immédiatement le dos à Cass en faveur des
odeurs intéressantes émanant du plateau que la jeune femme avait posé sur le
lit. « Va-t-en, boule de poils », lui ordonna-t-elle, en le
distrayant avec un grain de raisin lancé sur le sol. « Et voilà »,
dit-elle à Cass, en tendant un des verres à la grande silhouette près d’elle.
« Du champagne au petit déjeuner,
hein ? » Cass l’accepta et se redressa lentement, tressaillant
légèrement à la raideur dans ses côtes froissées.
« Et bien, on a quelque chose à fêter,
non ? » Répliqua Lis en versant le liquide frais et mousseux.
« Oh oui », murmura Cass lorsque leurs
regards se croisèrent à nouveau dans une caresse mutuelle.
La jeune femme blonde finit de remplir leurs
verres et posa avec soin la bouteille sur le sol avant de se retourner vers son
amante.
« A nous », dit-elle, en faisant
tinter son verre contre celui de Cass.
« A nous », murmura celle-ci en
réponse. Elle regarda Lis boire une gorgée. « Le tien a l’air meilleur que
le mien », dit-elle soudain, en souriant à la vue de l’expression perplexe
de la jeune femme. Avant que Lis ne puisse avaler, Cass fonça et l’embrassa,
écartant les lèvres au goût de champagne du bout de sa langue.
« Oooooouuuuufff », grogna Lis en
ouvrant d'elle-même la bouche. Le liquide passa de l'un à l'autre en la chatouillant. « Continue comme ça
et ça pourrait bien devenir un déjeuner au champagne », murmura-t-elle,
secrètement ravie à cette perspective.
Lis regarda, les paupières à demi fermées, Cass
prendre une gorgée de son propre verre, puis elle s’avança pour récupérer le
liquide sucré. Cass entoura sa taille de son bras libre en l'embrassant, tout
en attirant Lis avec elle en se remettant contre les oreillers. Le champagne
déborda du verre de Lis tandis qu’elle se pressait contre son amante et le
liquide éclaboussa la poitrine de Cass, qui hoqueta de froid.
« Mmmmmm, désolée », murmura Lis.
« Laisse-moi faire. » Elle pencha la tête et lécha les gouttelettes
de champagne tombées sur les seins lourds de Cass. Pas du genre à laisser
passer une occasion, elle captura un téton entre ses dents, ce qui provoqua un
sursaut de la part de la jeune femme.
« Oh, tu es diabolique, vraiment
diabolique », gronda Cass. Elle vida rapidement le reste de son champagne
avant de jeter le verre de côté. Elle hésita alors, notant que Lis était
totalement absorbée dans sa tache de nettoyage, et elle prit le verre de la
jeune femme pour lui faire subir le même traitement. Au diable le petit déjeuner, songea-t-elle tandis qu’elle enserrait
son amante et l’amenait plus près.
*********************************
Une heure plus tard, elles reprirent leur
souffle.
« Beuh », dit Cass.
« Qu’est-ce qui ne va pas ? »
Répondit Lis de quelque part entre ses genoux.
« Je suis allongée sur les fruits »,
répondit Cass en prenant une tranche de mangue nichée entre ses seins. Lis gloussa.
« A propos… tu avais raison », murmura Cass paresseusement en posant
un baiser sur la cheville de Lis.
« A quel sujet ? »
« Nous sommes vraiment très bonnes à ce
jeu. »
Lis se remit à rire. Elle se lécha les lèvres,
savourant le goût caractéristique de son amante qui y trainait.
« Oui. Oui, c’est vrai »,
approuva-t-elle. « Et la bonne nouvelle, c’est que ça ne peut que
s’améliorer avec la pratique. »
Cass se mit à rire.
« Je déteste avoir à te dire ça mais je ne
pense pas avoir l’énergie de pratiquer encore », dit-elle en regardant son
amante par-dessus son épaule.
« Mmmmmm, moi non plus », acquiesça
Lis en souriant au plafond. « Peut-être qu’on devrait juste passer le
reste de la journée ici, à reprendre des forces. »
« Je ne discuterai pas », répliqua
Cass en tendant la main pour chatouiller l’arrière de la cuisse de Lis.
La jeune blonde s’éloigna en se tortillant et en
gloussant.
« Bon, ça t’a au moins fait bouger »,
dit Cass en riant.
« Sale gosse. »
L’ordinateur gazouilla.
« Demande de communication de la part du
Capitaine Janeway », dit la voix impersonnelle.
Elles se regardèrent, toutes deux impressionnées
par le respect de leur commandant pour la demande de temps privé qu’elles
avaient entrée dans l’ordinateur. Janeway aurait aisément pu l’outrepasser.
« Allez-y, Capitaine », dit Cass
calmement, en espérant de tout son cœur que le vaisseau n’était pas en proie à
une autre fichue crise qui tombait bien mal.
« Pardonnez cette intrusion,
mesdames », dit la voix rauque caractéristique de leur capitaine. Les deux
femmes haussèrent le sourcil à l'assurance de Janeway qu’elles étaient toutes
les deux présentes. « Annika et moi nous demandions si vous aimeriez venir
dîner dans nos quartiers ce soir. »
« Nous adorerions cela, Capitaine »,
dit Lis d’une voix flûtée, décidant que quoi qu'on en pense, elle avait fini
d'être mal à l'aise avec cette situation. Cass lui sourit, comprenant la ligne
silencieuse qu’elles venaient juste de franchir.
« Nous serons heureuses de vous voir à 19
heures alors », répondit Janeway.
« Faut-il apporter quelque chose,
Capitaine ? » Demanda Cass.
« Rien du tout, Lt. Débrouillez-vous juste
pour être habillées », dit Janeway pince-sans-rire. Elles purent entendre
Seven rire à l’arrière. « Nous nous occuperons du reste. »
La connexion se termina et les deux femmes se
regardèrent en rougissant.
« Des caméras cachées, j'en
jurerais », marmonna Cass tandis que la jeune blonde se blotissait contre
elle en riant silencieusement.
**********************************
« Cassie…. Oooohhh Cassie », implora
Lis, les mains serrées autour des draps tandis que son amante l’entrainait de
plus en plus près de l’extase. La jeune femme blonde était sur le ventre, le
dos arqué, se supportant sur ses coudes. Cass la soutenait de sa main droite
puissante qui était bien positionnée pour tourmenter ses seins déjà sensibles.
La jeune femme brune était allongée sur le dos de Lis et mettait celle-ci au
supplice en lui mordillant la nuque tandis que son autre main produisait une
série de manœuvres très excitantes. « Ooooohhh bon sang… »
Cass souriait sur la peau douce de la nuque de
Lis, savourant le contact des mouvements encore plus frénétiques de la jeune
femme sous elle. Elle maintint les mouvements incessants de ses doigts sur les
endroits les plus sensible de Lis, notant la tension dans son corps.
« J’aime comme tu bouges »,
murmura-t-elle dans l’oreille de Lis. Elle savait que son amante était proche
de de tout oublier sauf le rythme de leur passion. Elle reçut en réponse des
petits gémissements et des halètements et elle redoubla d’efforts, excitant et
cajôlant Lis. Elles bougèrent ensemble, les doigts de Cass dictant le rythme
avant que Lis ne se raidisse et ne crie tandis que son amante glissait
puissamment en elle.
« Je t’ai », dit Cass d’un ton
apaisant tandis que la jeune blonde s’effondrait dans ses bras, les larmes
coulant sur ses joues rougissantes. « Je t’ai, mon amour. » Elle
serra Lis plus fort contre elle, bougeant pour pouvoir l’étreindre face à face.
« Bon sang », murmura Lis, ses doigts
faiblement emmêlés dans les longs cheveux noirs de Cass. « Les choses que
tu me fais, toi. »
Cass sourit et baissa la tête pour embrasser les
larmes salées.
« Ça me semble juste »,
murmura-t-elle. « Tu me l’as fait toute la journée. »
Lis rit faiblement, le visage niché dans le
cocon chaud des bras et du cou de Cass. « Je ne te laisserai plus jamais
partir », répondit-elle, en éprouvant le besoin soudain de faire savoir à
sa jeune amante combien elle était importante.
« Mmmmm, même si tu le voulais, je ne te
laisserais pas faire », répondit Cass d’un ton léger. « Plus jamais,
ma chérie », murmura-t-elle. « Je ne veux plus jamais vivre sans
toi. »
Lis leva la tête et fixa le regard bleu et doux.
« Je t’adore », dit-elle en s’avançant vers les lèvres offertes de
Cass.
« Mais c'est normal (*Le contraire n’est
même pas envisageable) », dit Cass d’un ton narquois après leur baiser.
« Je suis totalement irrésistible. »
« Sale gosse. » Lis se blottit un peu
plus, sentant une vague de lassitude lui fermer les yeux. « Est-ce qu’on a
le temps pour une petite sieste ? » Marmonna-t-elle.
Cass bâilla puis posa la joue sur la tête de la
jeune blonde.
« Mhhhmmm », dit-elle d’un ton
trainant. Elle commença à chantonner doucement, laissant sa voix d’alto
agréable, mais rarement utilisée, entonner une berceuse que sa grand-mère lui
chantait des années auparavant.
« Oh j’adore quand tu fais ça », dit
Lissy d’un ton ensommeillé, incapable de garder les yeux ouverts plus
longtemps.
« Je ne le fais que pour toi »,
murmura Cass, souriant lorsqu’elle sentit la jeune femme se détendre
complètement tandis que le sommeil l’emportait. « Que pour toi. »
*****************************
« On va être en retard », cria Lis en
s’affairant avec une boucle d’oreille. C’était une combinaison de jade et de perle
qui mettait en valeur ses yeux et elle était satisfaite de l’effet produit.
Elle sourit à demi à son reflet et se détourna tandis que Cass entrait dans la
pièce.
« Je suis sûre que le capitaine ne va pas
nous envoyer en cour martiale pour quelques minutes », dit calmement la
grande femme en ajustant sa ceinture. Elle leva les yeux et saisit l’expression
légèrement hébétée sur le visage de la conseillère. « Qu’est-ce qui ne va
pas ? » Demanda-t-elle.
Lis secoua la tête et sourit.
« Absolumment rien », répondit-elle.
« Je viens soudainement d’être frappée par ta beauté. » Elle rit
tandis qu’une rougeur montait rapidement aux joues de Cass. « Cette
couleur te va très bien », dit Lis en s’avançant pour tirer légèrement sur
la chemise en soie bleu électrique que Cass rentrait dans son pantalon noir.
« Hum... merci », répondit Cass d’un
ton embarrassé en s’éclaircissant la voix. Jamais à l’aise avec les
compliments, elle opta pour un terrain plus sûr. « Tu es plutôt magnifique
toi aussi », dit-elle en souriant à la jeune femme blonde, dont la simple
robe vert clair réhaussait à la perfection ses bras et jambes bronzés.
Lis se mit sur la pointe des pieds et effleura
des lèvres celles de son amante.
« Merci mon cœur », dit-elle.
« On est prêtes ? »
« Ouaip. »
Cass alla vers la porte puis se retourna vers
Lis et lui tendit la main. Celle-ci sourit et la prit, savourant la force et la
chaleur des doigts de Cass avec un soupir de bonheur. La porte s’ouvrit en
glissant et elles sortirent dans le couloir.
« Une sorte d’annonce officielle,
hein ? » Dit Lis doucement tandis qu’elles avançaient main dans la
main vers le turbolift.
« Il est temps, tu ne penses
pas ? » Répondit Cass en hochant la tête à l’attention de l’enseigne
qui marquait un temps d’arrêt en croisant le couple.
Lis hocha la tête.
« Je n’ai absolumment aucun problème avec
ça, mon cœur », répondit-elle en pressant doucement la main de Cass. Elles
entrèrent dans le turbolift.
« Pont Cinq », ordonna doucement Cass
à l’ordinateur et elles restèrent de longues secondes à se regarder
silencieusement. Cass tendit la main et prit la joue de Lis, souriant lorsque
la jeune blonde profita dela caresse. « Je ne pensais pas qu’il était
possible d’être aussi heureuse », murmura-t-elle. « Dis-moi que ce
n’est pas un rêve. »
Lis se tourna légèrement et embrassa la paume de
la grande femme.
« Ce n’est pas un rêve, ma chérie, je te le
promets. »
L’ascenseur s’arrêta avant l’arrêt prévu et les
portes s’ouvrirent pour laisser entrer B’elanna Torres et Tina Roberts. Les
deux femmes portaient également des vêtements civils, décontractés et élégants.
Cass haussa le sourcil.
« Bonjour vous deux », dit-elle.
« Vous allez où ? »
Torres se mit à rire.
« Au même endroit que vous, Lt »,
répondit-t-elle en souriant. « J’ai le sentiment que Seven a une nouvelle
recette à essayer sur quelques cobayes. » Elles se mirent à rire tandis
que le turbolift reprenait sa course, les déposant rapidement sur le bon pont.
Les deux couples descendirent tranquillement le couloir vers les quartiers du
capitaine.
« En fait, je pense que c’est plus
important qu’une simple expérience culinaire », dit Lis d’un ton songeur.
Cass la regarda.
« Comment ça ? »
« Quand elle s'est mariée à Seven, le
capitaine en a gagné une vie sociale », continua la conseillère.
« Réfléchissez un peu. Nous avons eu plus d’invitations à dîner depuis
leur mariage que pendant tout le voyage avant ça. Elle s’est rendu compte
qu’elle pouvait toujours représenter l’autorité sans avoir besoin de s’isoler
du reste de l’équipage. Ça a été un grand pas pour elle. » Lis regarda les
trois autres femmes digérer cette théorie.
Cass acquiesça de la tête.
« C’est plutôt juste », répondit-elle
calmement. « Je n’ai jamais compris ce truc du « capitaine qui doit
s’isoler du reste de l’équipage » en fait. » Elle haussa les épaules.
« Je sais que je traverserais des murs pour elle, même si elle n’était pas
mon amie en dehors du service. »
Elles prirent le virage pour entrer dans le
couloir tranquille qui abritait les quartiers du capitaine.
Lis regarda vers Tina et nota l’anxiété sur le
visage de la jeune femme. L’enseigne saisit son regard et haussa les épaules.
« Je suis un peu nerveuse »,
admit-elle. B’elanna se rapprocha et passa le bras autour des épaules de sa
compagne légèrement plus petite.
« Détends-toi, chérie. Le Cap est un gros
nounours derrière toute cette façade de grosse dure », dit l’ingénieur en
chef.
« Et bien, je ne dirais pas les choses
comme ça », entendirent-elles prononcer en réponse, par une voix rauque et
reconnaissable, depuis le seuil voisin. Janeway regarda ses quatre invitées avec un haussement élégant de
sourcil au-dessus d’un regard gris presque acier.
B’elanna commença à balbutier une excuse que le
capitaine toléra environ cinq secondes.
« La ferme, Lt », dit-elle
pince-sans-rire. Elle se tourna vers l’enseigne. « Bienvenue, Tina »,
dit-elle en produisant un large sourire. « Ces trois-là vous diront que
dans mes quartiers, c'est bien différent de quand nous sommes en service. Alors
détendez-vous et entrez donc. »
*****************************
« Bon sang, Seven, c’était
fantastique », s’exclama B’elanna, en se tapotant un ventre bien plein
avec satisfaction.
« Merci », dit l’ex-Borg, bien loin de
son apparence de drone. Ses cheveux blonds presque blancs étaient détachés et
flottaient sur ses épaules. Elle portait une chemise bleu clair large sur une
mini-jupe gris foncé qui ne laissait pas beaucoup de place à l’imagination. Et
aucune femme dans la pièce ne manquait d’apprécier la beauté de la jeune femme
de haute taille.
Surtout Kathryn ; songea Cass, en souriant
à l’expression totalement enamourée sur le visage de la femme aux cheveux roux
tandis que Seven tournait autour de la table pour débarrasser la vaisselle.
La soirée avait été exceptionnellement plaisante
jusque là, pleine de conversations joyeuses et de rires. Les récents talents de
cuisinière de Seven avaient été à la hauteur de l’occasion et trois plats
délicieux leur avaient déjà été servis. Une soupe vichyssoise, suivie d’une
salade monumentale à sept couches et des pâtes cheveux d’ange avec une sauce
crémeuse aux fruits de mer à en mourir.
Cass se demandait ce que l'étiquette disait sur
le fait de déboutonner son pantalon pendant un dîner officiel, quand une main
vint se poser sur sa cuisse et lui pressa doucement le genou. Des yeux verts
brillants lui souriaient.
« Tout va bien ? » Murmura Lis
tandis que les conversations
continuaient autour d’elles.
« Mhmmmmm », répondit Cass en
souriant. « Je suis juste gavée. Et toi ? »
« Oh j’ai gardé de la place pour la
suite », répondit la jeune blonde d’un ton narquois. « Je suis prête
pour le dessert. »
Seven choisit ce moment pour poser un énorme
gâteau au chocolat au milieu de la table. Un grognement collectif salua son
arrivée.
« Quelque chose ne va pas ? »
Demanda Seven, intriguée par la réaction, et elle se tourna vers sa compagne
pour avoir des explications.
Janeway se mit à rire affectueusement.
« Pas du tout, mon cœur. Ça a l’air
divin », la rassura-t-elle. « Nous sommes juste un peu saturées,
c’est tout. »
« Pas moi, » intervint Lis en
souriant. Faites passer.
Tout le monde se mit à rire.
« Peut-être qu’on pourrait d’abord servir
le café et les alcools », suggéra Seven.
« C’est une bonne idée », acquiesça
Kathryn en se levant pour aider sa femme à apporter les tasses et les verres.
Cass regarda B’elanna de l’autre côté de la
table.
« Alors, est-ce que vous avez réglé votre
problème de logement ? » Demanda-t-elle.
Tina secoua la tête.
« Pas encore », répondit-elle.
« Et ma coloc nous rend dingues. »
Cass regarda Lis. Elles avaient passé une partie
de la journée à discuter de leurs propres arrangements et en étaient arrivées à
quelques conclusions. Elle haussa le sourcil vers sa compagne qui hocha la tête
en retour.
« Et bien, nous avons une solution pour
vous en fait », dit Cass en se tournant pour sourire à B’elanna et Tina.
« Dis-nous ça », la pressa l’ingénieur
en chef.
Cass prit la main de Lis et elles posèrent leurs
mains jointes sur la table.
« Nous avons décidé de vivre
ensemble », dit la jeune blonde joyeusement.
« Ooooouuuuuuhoooou », s’exclama
B’elanna en applaudissant.
« Félicitations », dit Seven avec le
demi-sourire qui comptait pour un sourire entier chez les Borgs.
« Tout arrive à qui sait attendre »,
dit Kathryn doucement, en venant derrière Cass et Lis pour mettre une main sur
l’épaule de chacune d’elles. C'est une super nouvelle, vous deux.
« Merci », murmura Cass, perdue dans
le regard vert océan qui la regardait. « Quoi qu’il en soit.. » Elle
se secoua pour reprendre sa conversation, rougissant face aux visages souriants
autour de la table. « Pour des raisons évidentes… heu.. »
« Nous avons décidé de ne pas nous
installer dans mes quartiers », finit Lis pour elle. « Alors nous
avons décidé de déposer une demande pour des quartiers doubles ». Elle
regarda son commandant d’un air interrogateur.
« Je n’y vois pas de problème », dit
Kathryn. « Je vais en parler à Chalotay demain matin. »
« Merci », dit Lis.
« Alors », continua Cass. « Cela
fait que les anciens quartiers de Lis et les miens sont libres. » Elle
regarda B’elanna et Tina et sourit. « Mes quartiers sont plus grands que
les tiens, B. Alors maintenant, vous avez une grande décision à prendre. »
Elle rit tandis que les deux femmes se regardaient en rougissant et sans voix.
« Alors, ce sera quoi ? »
« Tch. » Lis tapota pour rire l’épaule
de sa grande compagne. « Ne les taquine pas, Cassie. »
Janeway finit de leur verser un verre de Grand
Marnier avec leur café.
« On dirait bien que nous avons beaucoup de
choses à célébrer ce soir », dit-elle tranquillement en souriant à ses
membres d’équipage. Mes amies,
corrigea-t-elle. Elle leva son verre en décidant qu’un toast était tout à fait
de circonstance.
« Vous deux », elle tourna la tête
vers B’elanna et Tina. « Vous entamez une chose qui pourrait bien être la
plus importante de toute votre vie. » Les deux femmes se sourièrent.
« Vous deux », dit Kathryn en hochant
la tête vers Cass et Lis. « Vous vous êtes enfin trouvées après un voyage
plutôt extraordinaire. Vous méritez tout le bonheur du monde. »
« Très juste, très juste », approuva
B’elanna tranquillement. Cass leva leurs mains jointes vers ses lèvres et les
embrassa tandis que Lis lui souriait.
« Et nous deux… » Janeway tendit la
main et prit celle de sa femme la faisant s’asseoir près d’elle. Elle se pencha
en avant et l’embrassa tendrement. « Nous sommes enceintes. »
Un silence abasourdi accueillit la nouvelle
tandis que Seven rougissait joliment.
« Wow », dit enfin Cass. « C’est…
complètement… SUPER ! ! »
La confusion s’installa tandis que tout le monde
essayait de féliciter Seven et Kathryn en même temps. Le capitaine les fit
taire toutes en riant.
« Un toast, mesdames », dit-elle en
levant son verre à nouveau, attendant que tout le monde fasse pareil.
« Aux possibilités infinies qu’offre la vie. »
Cass et Lis croisèrent le regard dans un moment
infini d’amour.
« Aux possibilités inifinies »,
murmurèrent-elles en faisant tinter leurs verres.
FIN (Fin
de la traduction janvier 2010)