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5 avril 2010

Le poids du futur et du passé, partie IV

Partie IV : quand le futur s’en mêle.

 

Chapitre 1 :

 

Lex écouta attentivement les paroles de Tia. Sa compagne ne parlait japonais que dans des moments d’intenses émotions et ça envoyait toujours des frissons le long de la colonne de Lex et des bulles de joie éclataient alors à l’intérieur d’elle-même. Tia était si romantique et si poétique. L’entendre parler cette langue, c’était comme de la sentir effleurer du bout des doigts la partie la plus sensible et fragile de son cœur.

C’était intense, douloureux et magnifique. Ces moments étaient magiques et si fragiles… elle sentait toujours qu’un mot, un geste de travers et Tia s’écroulerait comme un vulgaire château de cartes en papier. Elle ne savait pas vraiment pourquoi, mais cette langue signifiait beaucoup pour la grande femme et représentait encore plus. Peut-être était-ce dû au contexte qui lui avait fait découvrir cette langue si raffinée ou plutôt à la personne qui la lui avait fait découvrir.

Peut-être se sentait-elle inexplicablement coupable d’aimer une langue qui avait tant plu à son bourreau ? D’avoir partager avec lui, l’amour de ce langage si riche et si complexe. Ou peut-être y avait-il autre chose ? Lex avait bien conscience que malgré les années et les confidences, Tia ne lui avait pas encore révélé toutes les horreurs qu’elle avait traversées.

Ce n’était pas un problème pour elle. Tia le ferait quand elle se sentirait prête, ou lorsque le besoin s’en ferait sentir. Peut-être même ne le ferait-elle jamais. Lex aurait pu se sentir vexée d’une telle possibilité mais ce n’était pas le cas. Elle n’avait pas besoin de tout savoir, même si elle le voulait, car parfois elle avait du mal à suivre sa compagne et la tristesse qu’elle voyait dans ses yeux, elle n’en comprenait pas toujours l’origine, mais elle saisissait le besoin de garder un jardin secret que pouvait avoir Tia. C’était une solitaire et c’était dans son caractère. Tia avait déjà beaucoup partagé avec elle. Et si elle n’en comprenait pas les raisons, elle savait que la langue japonaise était particulière pour elle.

Elle prenait donc ses déclarations dans cette langue très au sérieux et les accueillait avec toute la préciosité que l’on doit au plus fragile des cristaux.

- Aishïteru mo*, répondit-elle en se blottissant contre la mercenaire. (* je t’aime aussi)

Lex sentit sa compagne sourire.

- Notre mariage était pour le moins… différent, déclara soudain Tia.

- Différent en bien ou différent en mal ? S’inquiéta la petite femme. Je sais que tu ne crois pas en dieu, en fait tu détestes même la simple existence des religions et je suis désolée de t’avoir forcé la main et…

- Chhhhttt tchhhhhhht, l’interrompit la grande femme. Tu ne m’as forcé à rien. C’était important pour toi et ce qui est important pour toi, l’est pour moi. Et puis… il fallait bien en passer par-là, pour que je puisse légalement dire que tu es à moi. Et puis comme ça… la prochaine fois que Danzel t’appelle je pourrais « m’occuper » de lui en toute légitimité, ricana-t-elle. Je vais lui faire passer l’envie de draguer ma femme, fit-elle avec un sourire mauvais.

Lex secoua la tête et tapa son bras gentiment.

- Mauvaise, mauvaise Tia…

La grande femme ricana.

- Ose me dire que tu n’en as pas marre qu’il t’appelle tout le temps !

- Il ne le fait pas si souvent, murmura-t-elle.

Et elle aimait plutôt ça. A chacun de ces appels, des souvenirs refaisaient surface. Des doux, qui lui rappelaient combien elle l’avait aimé et pourquoi. Des moins doux, lors de leurs différentes ruptures et leurs nombreuses disputes. Des douloureux, lorsqu’il avait définitivement rompu avec elle.

Tout cela lui rappelait l’insouciance qui était la sienne à l’époque. Les problèmes qu’elle avait étaient tous si facilement résolubles… et ses lubies, son amitié avec Linya et son amour en dents de scie avec Danzel étaient les seules choses qui lui importaient.

La nostalgie douce-amère d’une vie qui n’était et ne serait plus jamais l’envahissait alors. Mais elle comprenait que cette vie ne lui aurait pas convenu encore très longtemps, quoi qu’en pense son père. Tia n’avait pas changé ce qu’elle était. Cette vie d’enfant gâtée, n’aurait de toute façon pas durée pour elle. Tia n’avait fait qu’avancer les choses plus vite.

Et en prime, elle lui avait montré qui elle était et qui elle voulait être. Avec la mercenaire, elle avait appris qu’elle était meilleure qu’elle ne le pensait et valait bien plus encore. Elle avait appris ce que valait vraiment la vie et ce que l’on devait faire parfois pour la préserver.

Tia lui avait montré ce qu’était vraiment le courage. Et elle lui avait fait découvrir ce qu’aimer voulait réellement dire.

Et cerise sur le gâteau… Tia l’aimait autant qu’elle l’aimait.

Elle lui offrait tous les jours des preuves de son amour. Chaque jour était comme une vie entière passée auprès d’elle. Un cadeau que nulle autre chose sur cette terre ne saurait jamais égaler. Tia lui avait offert, un foyer, une famille et des enfants. Tout ce dont elle rêvait enfant.

Et elle savait que quoi qu’elle veuille, Tia le lui donnerait. Parce que rien n’était impossible pour cette femme incroyable que le destin avait mis sur sa route. Rien. Tia était un être d’exception.

Mais un être d’exception avec un sale caractère et l’envie très prenante de refaire le portrait de tout homme ou femme s’approchant d’un peu trop près d’elle.

Lex secoua la tête. Comme elle la comprenait…

- Disons que j’accède à ta requête…, commença-t-elle.

- Vraiment ?

Tia s’imagina immédiatement des façons bien sanglantes de faire passer le message à ce crétin décérébré de Danzel. Ces trois dernières années, le fait qu’elle lui ait expliqué les choses à maintes reprises n’avait pas eu l’air de beaucoup l’inquiéter. Et comme Lex lui demandait d’être gentille, elle n’avait jamais pu lui faire entrer dans son petit crâne d’idiot que Lex n’était plus pour lui.

La frustration dans ce domaine était donc énorme… « et elle sera à la mesure des représailles », songea-t-elle avec un plaisir sadique. Elle avait drôlement hâte qu’il appelle !

- Vraiment. Mais à une condition.

- Tout ce que tu veux, fit la grande femme soudain guillerette.

- On se marie à chaque fois que je te le demanderais.

- Hein ?! fit Tia en sortant de ses rêveries sanguinolentes. Tu aimes les mariages à ce point ?

- Eh bien oui, mais ce n’est pas pour ça.

- Alors c’est pourquoi ?

- Réponds d’abord à ma proposition.

- Lex, c’est déjà fait. Je t’ai dit : tout ce que tu voulais. Ca veut dire que c’est déjà accordé, tu vois le topo ?

- Oh, c’était sérieux ? Mince, alors, si j’avais su j’aurais demandé autre chose ! fit-elle en lui tirant la langue quand elle fit la grimace.

Tia secoua la tête tout en levant les yeux au ciel.

- Bon, c’est vrai que j’aime les mariages, mais avec toi c’est carrément une nécessité de se marier !

Tia fonça les sourcils, de plus en plus en perdue.

- J’ai rien compris, dit-elle à sa compagne.

L’expression de Tia fit rire la petite blonde.

- Tu sais très bien que tu es canon, fit Lex en souriant.

- Bien sûr, acquiesça la grande femme sérieusement.

Lex se mordit la lèvre devant l’incroyable arrogance naturelle de la réponse.

- Bien, alors en toute objectivité, je sais que tu vas forcément intéresser d’autres personnes. Les mariages auront pour but de leur rappeler que tu m’appartiens et qu’elles rêvent éveillées.

- Tu as peur que je l’oublie ? fit Tia en levant des sourcils surpris. Tu ne me fais pas confiance ?

- Bien sûr que si ! Mais… c’est comme toi avec Danzel, expliqua-t-elle.

- Ok, je comprends, mais pourquoi nous remarier ? Je veux dire, je porte une alliance, on s’est mariée, deux fois. Je ne vois pas l’utilité de le refaire.

- Tu ne veux pas me ré-épouser ?

« Oula, fais gaffe à ta réponse », songea la grande femme soudainement.

- Heu… si, bien entendu. C’est juste que j’en voie pas l’utilité.

- Tia, si une alliance suffit à me débarrasser de beaucoup de prétendants, se ne sera pas ton cas.

- Pourquoi ça ?

- Tu n’es pas le genre de personne que l’on s’imagine se marier. La plupart ne voudront pas vraiment y croire et s’accrocheront, te feront des avances et je ne vois pas de façon plus claire qu’un renouvellement des vœux pour le leur faire saisir.

- T’es super optimiste toi ! Et puis je n’ai pas tant d’ex que ça. Si je ne drague pas de nouvelles filles, je ne vois pas comment elles pourraient se douter que ce n’est pas un genre d’existence auquel je pensais enfant.

Lex leva deux sourcils désabusés.

- Et les deux filles de la soirée de Linya ?

- Ben quoi ?

- C’était des ex à toi.

- Non.

Puis devant l’air sûr de sa compagne :

- Si ?

Lex confirma d’un hochement de tête.

- Ah ben mince alors…

Tia était consternée.

- Si tu ne te souviens pas de tes ex, elles doivent être vraiment nombreuses ! Le mariage répété devient une vraie nécessité on dirait ! Mais même sans ça… Tia tu as une façon de déshabiller du regard les femmes qui te plaisent, qu’on ne peut que penser que tu es célibataire ou sur le point de le redevenir.

- Mais je ferais rien avec elles ! protesta la grande femme.

- Je sais, mais elles non.

Tia soupira. Décidemment elle était loin de se douter de tout ça.

- Ca te gêne ? demanda-t-elle hésitante.

- Quoi donc ?

- Que je regarde d’autres femmes.

- Oui, évidemment. Je suis jalouse comme un tigre, tu le sais bien. Mais tu as des yeux et ils doivent bien servir. En plus… je fais pareil.

- Quoi ?! S’exclama la grande femme en sursautant brusquement. Ca pas question ! Ecoute je te fais une proposition, je ne regarde plus les autres femmes et toi non plus !

Lex rit.

- C’est tentant, mais tu n’y arriveras pas.

Et puis tant que ça reste sur le plan visuel…

Tia grommela qu’elle n’était pas du tout d’accord avec ça, mais Lex n’y prêta pas attention. Elle abattit sa dernière carte.

- Et puis… j’adore vraiment les mariages.

Tia soupira et ses épaules s’affaissèrent.

- Tant que c’est avec moi…

Lex sourit satisfaite.

- Mais pas plus de d’un par an, déclara la grande femme. Plus ça paraîtrait vraiment bizarre.

- Je suis d’accord.

- Bien.

Elles s’abimèrent tranquillement dans le silence et après une demi-heure qui sembla beaucoup trop courte à Lex, Tia reprit la parole.

- Tu as une idée des punitions à attribuer aux jumeaux ? Et de ce qu’on pourrait leur dire ?

- Pour ça, Frédéric s’en ait déjà chargé. Et ils sont loin d’être stupides, ils ont commis une erreur qui aurait pu avoir de graves conséquences et ils le savent. Je pense que ne rien leur dire aggravera leur culpabilité et leur honte. Donc j’opte pour le silence. Ca les marquera plus et portera probablement plus ses fruits qu’autres choses. Surtout qu’ils n’y sont pas habitués.

Tia sourit lentement.

- Tu sais que tu es une vraie sadique par moment ?

- Ouaip mam’zelle ! Et fière de l’être !

La grande femme eut un petit rire puis le silence retomba.

Un peu plus tard, Lex rompit le silence à son tour.

- Pour la punition je ne sais pas trop. Mais je pense qu’on devrait s’en soucier seulement après notre retour au ranch. Ca portera plus si on le fait une fois que tout est retombé. Enfin, je pense.

- Ok. De toute façon j’avais pas trop d’idée.

Lex hocha la tête puis poursuivit :

- Ce qui nous amène à notre problème principal. Enrick. Tu as un plan pour la fuite ?

- Oui. Et si tu es sage, je te dirais peut-être même que j’ai un plan pour la contre-attaque.

A ces mots, Lex se redressa brusquement et se tourna vers elle.

- Tu as un plan, c’est vrai ? Tu comptes attaquer ce type ?! Mais comment ? Il est plus invisible qu’un putain de fantôme !

- N’ai pas l’air si surprise, je vais finir par me vexer, sourit la mercenaire. Tu sais que la fuite n’est pas dans mon caractère, reprit-elle plus sérieusement, et j’ai déjà fui trois fois. C’est plus que je ne peux en supporter. Ce type nous coince littéralement, il nous pousse dans nos retranchements, menace nos enfants… je ne le laisserais pas s’en tirer comme ça. Ca fait deux mois qu’on fuit et ça ne s’arrange toujours pas. Enyalios ne peut pas continuer de s’occuper d’une affaire qui ne lui rapporte rien. Il doit reprendre son job. Et c’est Notre affaire, pas la sienne.

Lex pouvait entendre la détermination métallique marteler chaque mot et elle comprit que Tia y avait mûrement réfléchi et que rien ne la ferait changer d’avis.

- Alors ? Quel est ton plan ?

- Les jumeaux sont un fardeau. On ne peut pas bouger avec eux de façon discrète et rester ensemble nous expose à de trop grands risques. On va les laisser en Afrique.

Lex ouvrit la bouche stupéfaite.

- Les laisser ?! répéta-t-elle.

- Avec Frédéric, confirma la grande femme.

- Il n’acceptera jamais, protesta Lex. Enrick en a après lui. Il ne voudra pas être écarté.

- Pourtant il le sera. Il est bien trop vieux pour soutenir notre rythme et son entraînement est inexistant depuis des années maintenant. Il sera un fardeau au même titre que les jumeaux.

- Peut-être mais il n’acceptera pas.

- Il acceptera. Je ne lui laisserais pas le choix.

Lex était sceptique, mais elle connaissait sa compagne, elle était aussi entêtée qu’une mule devant une carotte.

- Très bien. Pourquoi en Afrique ?

- C’est sur le chemin de l’Argentine. On les débarquera de nuit et de façon discrète, pour ça on aura besoin d’Enyalios encore une fois. Puis on poursuivra notre route jusqu’en Argentine. Si on se débrouille bien et que Frédéric et les jumeaux font exactement ce que je leur dis, Enrick n’aura aucun moyen de savoir qu’ils ont débarqué avant notre arrivée. Et là, se sera trop tard. Pour avoir Frédéric il devra soit patienter très longtemps, soit traiter directement avec nous. Et je ne pense pas qu’il soit très patient. D’autant qu’il connaît ma réputation… il préfèrera traiter avec nous tant qu’il sait où je me trouve. Il nous faudra être très vigilantes une fois en Argentine.

Lex hocha la tête puis Tia se leva et prit son téléphone. Pendant que sa grande compagne joignait Enyalios, Lex l’observa. Il émanait de Tia une énergie sombre et électrique qui signifiait que la louve n’était pas loin. Mais à la différence d’avant leur liaison d’âmes, l’énergie était presque palpable. Elle se propageait en vagues bleutées lentes autour de Tia. Elles naissaient à chacun de ses mouvements et s’évadaient dans les airs. Pour finalement disparaître en s’éloignant d’elle.

Lex ne comprenait pas si ce qu’elle voyait était réel ou une émanation de son esprit. Et si c’était réel, tout le monde pouvait-il le voir ? Ou seulement elle ? Etait-ce un des effets de la cérémonie d’union des âmes ?

Elle regrettait vraiment de ne pas avoir posé plus de questions au petit homme. Mais dès que cette histoire serait réglée, elle y retournerait. Tout ceci était trop étrange pour qu’elle fasse comme si c’était naturel. Ca ne l’était pas et la raison pour laquelle le petit homme avait jugé nécessaire cette union ne cessait de l’inquiéter.

Elle prit conscience qu’elle avait baissé les yeux lorsque Tia raccrocha et s’assit devant elle pour lui prendre le menton et le relever.

- Qu’est-ce qui te tracasses ? demanda-t-elle gentiment.

Lex hésita. Elle savait combien ce genre de discussion mettait Tia mal à l’aise, mais sa femme ne se satisferait pas d’une demi-vérité. Elle inspira donc pour se donner un peu de courage et se jeta à l’eau.

- Sais-tu où j’ai trouvé ta bague ? fit-elle timidement.

- Non. Et d’ailleurs ça m’intriguait. Elle est si spéciale.

Le front de Lex se plissa.

- Tu n’aimes pas ?

Tia fit des yeux ronds.

- Bien sur que si ! Ce que je voulais dire c’est qu’elle est peu commune et… elle me correspond tellement ! C’est juste… incroyable.

- Oui. C’est ce que je me suis dit aussi.

Elle s’abima un instant dans la contemplation de la dite bague puis soupira.

- Bref, je l’ai trouvé dans une boutique d’un genre un peu spécial.

- Sado- maso ? suggéra la grande femme avec un sourire malicieux.

Lex resta bouche bée devant la proposition.

- Mais… non, enfin.

Elle secoua la tête et sourit.

- Ce que tu peux être obsédée alors !

- Et fière de l’être mam’zelle ! répondit la mercenaire en faisant un salut militaire qui tira un rire à sa compagne.

- Comme je le disais, cette boutique était… étrange, fit-elle en changeant délibérément de vocabulaire. Elle donnait l’impression d’être… hors du temps. C’était vraiment bizarre. Et le bonhomme qui tenait la boutique l’était tout autant. Je veux dire, il avait vraiment l’air vieux et pourtant il bougeait comme un homme dans la force de l’âge. Et il était vraiment, mais alors vraiment pas aimable ! Il ne doit pas vendre grand chose si tu veux mon avis.

Elle croisa le regard bleu intense de sa compagne et poursuivit en la fixant.

- Il ne m’aimait pas du tout pourtant il ne me connaissait pas. Et…

- Et ?

- Il semblait te connaître. Pourtant je n’ai dit ni ton nom, ni fais une description de toi. Je n’ai même pas dit que tu étais une femme. Ou à quoi je destinais cette bague. Il l’a deviné tout seul.

- Comment ça ?

- Je ne sais pas. Les trucs qu’il disait. Comme quoi cette bague était parfaite pour toi et…

Tia attendit mais Lex était trop nerveuse pour poursuivre.

- Lex ?

Elle attendit que sa compagne la regarde.

- Tu peux tout me dire, tu le sais ?

Lex hocha la tête et continua.

- La cérémonie d’union des âmes… c’est lui qui me l’a donnée. Il… il a dit qu’on en aurait besoin. Comme… comme s’il savait que tu avais rencontré la louve ou ce qui t’attendait dans le futur. Peut-être même les deux. Je ne saurais pas t’expliquer, mais le choix de ses mots, son ton et les sous-entendus… semblaient vraiment le suggérer.

Tia secoua la tête.

- Ca n’a pas de sens Lex. Tu te fais sûrement des idées.

- Je suis sûre que non, dit-elle avec fermeté. J’aurais aimé lui poser plus de questions. Mais je ne l’ai pas fait et c’est ça qui me tracasse, parce que je ne connais pas tous les effets de cette cérémonie et… j’aimerais savoir ce qui en fait partie et ce qui n’en relève pas.

Tia s’agita un peu. Elle n’était pas très à l’aise avec la cérémonie d’union. Si elle l’avait trouvé très belle et ne pouvait nier sa réalité, elle préférait ne pas se pencher plus que ça sur son aspect plus… ésotérique. Ou sa signification.

Elle haussa les épaules et dit :

- Eh bien, on n’a plus qu’à régler le problème Enrick alors. Après on y retournera.

- Je… je sais que tu préfèrerais que je laisse tomber, mais Tia on ne peut pas se le permettre. Pas avec les avertissements sibyllins de la louve sur ce qui nous attend. Et ça correspond pile aux propos bizarres d’un type que je ne connais pas. Et... bon sang Tia, tout ça est flippant, ok ?! Et j’aimerais vraiment savoir où on va mettre les pieds, parce que j’en ras le bol des réponses floues et autres conneries de ce genre !

Tia leva une main apaisante et caressa la joue de sa compagne.

- Ok, répondit-elle doucement. Après Enrick, on s’occupe de ton vieux bonhomme et si en route on retombe sur la louve, on lui demande des précisions sur ce à quoi on est sensée se préparer. Ca te va ?

Alexia se calma et inspira profondément. Elle hocha la tête et reposa sa joue contre la grande main ferme de sa mercenaire.

- Désolée, pour la crise de nerfs. C’est juste… que j’aimerais savoir où on met les pieds tu comprends ? J’ai peur de nous avoir embarqué dans la mauvaise voie avec cette cérémonie d’union.

- Aucune chance, la contredit gentiment la mercenaire. Une union des âmes, lorsqu’elle est faite dans l’amour ne peut pas être mauvaise. Ce n’est que de l’amour Lex. Et ce que je ressens pour toi, n’est pas mauvais.

- Je sais, mais…

- Lex… tout va bien. Tu n’as pas fait d’erreur. Sonde ton âme et… tu verras, fit Tia en souriant. J’y suis. Quelque chose qui nous lie ainsi, ne peut pas être mauvais, tu comprends ?

Alexia réfléchit aux propos de sa compagne puis sourit. Elle avait raison bien sûr.

- Je comprends. Alors ce coup de fil ?

Tia accepta le changement de sujet avec un sourire.

- Enyalios va s’occuper du débarquement.

- Hummm. Alors il va falloir que tu aies une discussion avec Lara ou Enyalios. Parce que ta fille…

- Notre fille, corrigea la grande femme distraitement.

- Notre fille, acquiesça-t-elle en souriant, est très très intéressée par ce grand et fort et courageux mercenaire.

- Quoi ?! S’exclama Tia aussi surprise que mécontente.

 

Chapitre 2 :

 

Une semaine plus tard, ils arrivèrent au point de contact avec Enyalios. La lune éclairait les flots sombres et Tia se demandait quand son ancien mentor arriverait enfin. Elle vérifia une fois de plus l’heure, minuit et demi et soupira.

Elle s’adossa à son siège et releva un pied chaussé de ranger qu’elle appuya contre le rebord du tableau de bord et fit un tour d’horizon attentif. Toujours rien. Elle espéra qu’il se dépêcherait. Elle avait eu une discussion houleuse avec Frédéric et si elle ne doutait pas qu’il ferait ce qu’elle attendait de lui, elle préférait qu’il débarque avant qu’il ne trouve un nouvel argument à lui opposer.

Alexia avait eu raison de douter. Elle avait vraiment eu du mal à le convaincre. Au final elle avait dû lui en donner l’ordre, chose qu’elle avait esperé plus que tout, éviter.

Elle et lui avait une relation spéciale depuis leur première rencontre. Ils étaient de la même espèce, de même nature et d’un caractère semblable. Il était un loup solitaire qui en avait beaucoup vu et fait encore plus lorsqu’elle était arrivée au camp pour la première fois. Il avait tout de suite reconnu la lueur dans ses yeux. La même que la sienne.

Et le loup solitaire avait pris le louveteau qu’elle était alors sous son aile, intégrant ainsi le premier membre à sa meute.

Lorsqu’ils s’étaient enfuis, ils avaient trouvé un ranch tranquille et isolé dans un coin du Canada où Sassem ne viendrait pas les chercher. Là-bas, ils n’étaient ni cachés, ni à la vue de tous. C’était parfait. Après deux mois, il avait fait venir Karl au Ranch. Karl avait 25 ans à l’époque, il venait d’intégrer l’école du FBI et s’il n’ignorait pas que son « père » et bienfaiteur avait fait des choses illégales, il fermait délibérément les yeux.

Frédéric voulait que Karl reste quelques temps au Ranch et fasse connaissance avec Tia, alias She-wolf, la louve, comme il la nommait à l’époque. Karl lui devait tant et Tia était dans un tel état, qu’il n’avait pas hésité une seconde.

Il avait confié un jour à Tia qu’il avait senti que les relations entre elle et son père étaient différentes. Ils communiquaient sans parole, se comprenaient sans se regarder et il avait compris ce qu’ils formaient, lorsque son père avait appelé She-wolf, petite louve sur trois pattes. Car elle était si abîmée à son arrivée, mentalement surtout, qu’elle ne marchait pas droit.

Ils étaient une meute, une meute, comprit-il un jour, qu’il avait intégrée. Il savait bien que ce n’était pas parce qu’il était de leur espèce. Mais il pensait que c’était en partie dû à son acceptation de leur mode particulier de vie, auquel il s’était adapté au point de le partager. Il l’avait appelé louveteau. Et aujourd’hui encore, malgré ses 41 printemps, ils l’appelaient toujours ainsi.

Il était de leur bord, mais ne serait jamais un vrai loup. Ce qu’ils avaient fait, et étaient encore capable de faire, lui ne le pourrait jamais. Mais il les couvrait, car aussi bizarre que cela puisse paraître aux yeux du monde, cette meute, sa famille, était prioritaire sur tout. Y comprit lui même.

Lorsqu’il était plus jeune, Frédéric était l’alpha et même s’il était plus vieux que la jeune fille blessée d’alors, il avait reconnu en elle le prochain de chef de meute. Il n’avait jamais remis cette hiérarchie ou ce mode de vie si particulier. Quelque part, il avait pensé et pensait toujours que c’était un mode plein de bon sens, bien meilleur que ceux que créaient les êtres humains.

Les loups ne vivaient que pour la meute et la famille qu’ils se créaient à l’intérieur. Ils restaient fidèles à leur partenaire toute leur vie. Réglaient les conflits avec rapidité et efficacité. Ils étaient capables de donner leur vie pour leur famille ou leur meute, sans se poser des milliers de questions. Le courage faisait partie intégrante de ce qu’ils étaient, de même que la survie en toute circonstance.

Ils ne tuaient pas pour le plaisir. Ne connaissaient pas la cruauté ou l’abandon. Ils ne connaissaient pas l’ambition ou la corruption. Ils ne connaissaient pas l’hypocrisie ou le mensonge. Leur mode de communication était subtile et pourtant très clair. Et ils chantaient…

La première fois que son père l’avait emmené dans une réserve, il avait eu peur lorsque les loups s’étaient mis à hurler. Frédéric avait ri et lui avait dit d’écouter plus attentivement. Il l’avait fait. Et il avait entendu.  Les loups chantaient. Ils hurlaient dans une communion d’esprit rare même chez les humains. Et c’était incroyable.

Leur mode de vie était beaucoup plus simple que celui des humains et Karl avait trouvé naturel et reposant de s’y intégrer.

Karl était très fier de son travail et des valeurs qu’il défendait. Pourtant il n’hésiterait pas une seconde à tout laisser tomber pour cette meute qui l’avait accueilli avec tant de naturel. C’était idiot mais c’était une vie qu’il chérissait plus que celle parmi ces êtres humains qui se disaient civilisés.

Un loup parmi les hommes. C’était ainsi qu’il avait toujours vu Frédéric, puis Tia. Et c’était ainsi qu’il se considérait.

Même lui, tout louveteau qu’il était, avait senti lorsque le pouvoir avait changé de main dans la meute. C’était juste après l’accouchement de Tia. Elle s’était éveillée un matin avec une rage qui avait automatiquement fait d’elle le nouvel alpha. En conséquence, et malgré ses 17 ans, Frédéric l’avait laissée partir lorsqu’elle l’avait exigé.

Il avait seulement demandé à Karl de veiller sur elle de loin, par l’intermédiaire de son nouveau travail. Ce qu’il avait fait. Après tout c’était son alpha et un loup protégeait toujours son alpha.

Tia avait toujours était consciente de sa place parmi eux, mais n’avait jamais exercé son pouvoir. Jusqu'à hier. Elle n’aimait pas la place qu’on lui avait attribuée, même si elle reconnaissait être la dominante de leur petit groupe.

Lorsqu’elle avait ordonné à Frédéric de débarquer avec les jumeaux, il avait cédé mais il l’avait fusillé du regard et elle en avait tressailli intérieurement. Il ne l’avait jamais regardé ainsi. Elle se sentait coupable, même si elle savait que sa décision était la bonne.

C’était vraiment galère d’être chef. Elle soupira et vérifia encore une fois les alentours. Mais qu’est-ce qu’il foutait bon dieu ?!

Enfin un bruit d’éclaboussures retentit à l’arrière du bateau et Tia se leva d’un bond. Elle descendit l’échelle en glissant et rejoignit le plongeur qui s’extrayait de l’eau. Elle l’aida à retrouver son équilibre et le débarrassa de ses bouteilles.

Il retira son masque et son tuba et sourit de toutes ses dents.

- Salut beauté, fit-il de sa voix de basse.

Tia ne put s’empêcher de lui rendre son sourire. Il avait toujours eu cet effet sur elle.

- Salut. Attends-moi là, lui dit-elle en déposant ses bouteilles, je vais chercher tes passagers.

Il hocha la tête et laissa son regarda errer sur le corps superbe qui s’éloignait. Elle avait les fesses les plus sexy qu’il lui avait été donné de voir. Et il en avait vu un sacré paquet !

Tia fit le tour du bateau et rejoignit l’avant. Elle descendit l’escalier et déboucha dans le vaste salon qui faisait un bon tiers du bateau à lui seul. Frédéric était dans un des fauteuils en cuir et les jumeaux jouaient à leur console portable sur le canapé. Alexia sortit de la cuisine à ce moment là et elle lui fit signe de s’asseoir.

Tia s’installa dans le second fauteuil en cuir et Lex s’assit sur son accoudoir. Elle inspira et se lança :

- Enyalios est arrivé, fit-elle et Tia vit combien la nouvelle semblait réjouir sa fille. Voilà ce que vous allez faire. Vous allez tous revêtir vos combinaisons de plongée et le suivre. La nage en elle-même ne devrait pas durer plus de deux heures. Vous grimperez ensuite dans un chalutier qui doit accoster au Cap demain matin. En échange de l’entrée en douce, vous devrez aider le capitaine du bateau jusqu’à son départ.

- Quoi ?! S’exclama Lara. On va devoir jouer les pêcheurs ? fit-elle d’un air dégoûté.

- Oui, Lara, répondit calmement sa mère. Et vous allez devoir être convaincant qui plus ait. Après ça, vous rejoindrez la maison qu’Enyalios vous désignera. C’est une de ses planques. Je ne sais pas où elle se trouve et c’est mieux comme ça. Vous y resterez que vous vous ennuyez ou pas, m’importe peu, l’essentiel à ce stade est la sécurité. Si vous faites tout ce qu’Enyalios vous demande de faire, alors tout ira bien.

- Et toi et Lex ? interrogea Len.

- On s’occupe d’Enrick. Une fois le problème réglé on vous récupère. Tout est clair pour tout le monde ?

- Génial, grogna sa fille. Alors on va d’abord jouer les joyeux esclaves et après on va s’amuser à être des petits Casper, c’est de mieux en mieux…

Tia réprima un sourire. C’est fou ce que par moment sa fille pouvait ressembler à Lex ! Elle se leva en prenant la main de sa femme et se pencha vers elle.

- Tu t’occupes de les aider à s’habiller ? Je vais parler à Enyalios.

Lex hocha la tête et profita de leur proximité pour déposer un baiser sur les lèvres tendres de sa compagne. Elle se recula, non sans avoir lécher les dites lèvres au passage, d’un lent mouvement sensuel, qui alluma une lueur reconnaissable entre mille dans les yeux bleus de Tia.

- Plus tard, murmura-t-elle comme une promesse, plus tard…

Et elle relâcha la main de sa femme en suivant les jumeaux dans l’escalier. Tia admira les jambes nues qui disparaissaient à sa vue avant de s’ébrouer et de les suivre à son tour.

Elle prit Enyalios à part et déclara tout de go :

- Tu as dû remarquer comment Lara te regarde.

Un peu prit au dépourvu, le mercenaire cligna des yeux avant d’acquiescer.

- Très bien, alors que les choses soient claires. Tu peux avoir toutes les femmes que tu veux exception faite de Lara.

Enyalios plongea son regard dans celui déterminé et mortellement sérieux de son ancienne élève. Il hocha lentement la tête.

- Tu sais que je ne ferais rien pour te déplaire, dit-il gravement.

Elle haussa un sourcil sceptique ce qui le fit sourire.

- Ok. Disons que je ne ferais rien qui me vaudrait un arrachage prématuré de ce qui me rend si fier.

La répartie la fit rire. Elle secoua la tête.

- Alors on est d’accord ? Quand bien même elle se jetterait à ton cou, tu ne céderas pas ?

- Tu me prends pour qui ? fit-il faussement vexé. Je n’couche pas avec les bébés !

Nouveau haussement de sourcils sceptiques. Il secoua la tête en riant et leva deux mains innocentes.

- Ok, ok, j’avoue ! Je te jure, fit-il plus sérieusement, que je ne toucherais pas à un cheveu du corps de ta fille.

Ils se dévisagèrent longtemps puis se sourirent. Enyalios se pencha vers elle et murmura d’une voix sexy:

- Et puis que ferais-je de la fille, quand je peux avoir la mère ?

Tia eut un mouvement de recul léger. Elle ne s’attendait pas à ça.

- Enyalios, commença-t-elle un peu embarrassée, je ne suis pas libre.

Il haussa les épaules.

- Pour l’instant.

Tia le dévisagea puis leva sa main droite.

- Pour toujours.

Le mercenaire fixa la bague qu’il voyait miroiter dans les rayons de lune et ne parvint pas à y croire.

- Tu… tu t’es mariée ?! S’exclama-t-il après un silence lourd et choqué.

Tia hocha la tête en rougissant un peu. Enyalios la dévisagea. C’était impossible. Tia ?! Mariée ?! Elle était comme lui ! Elle ne pouvait pas se marier ! Il avait toujours cru que la grande femme qu’il admirait depuis toutes ces années était comme lui, que son « couple » avec la petite blonde n’était qu’une lubie passagère.

Mais de toute évidence il s’était planté.

Il s’appuya au bastingage un peu découragé. Il avait toujours eu un faible pour elle. Et il savait qu’il avait été le seul homme de sa vie. Après lui, il n’y avait eu que des femmes dans sa vie. Et ça associé au fait qu’elle était sa plus longue relation, même si celle-ci avait été en dents de scie, n’étant pas particulièrement fidèle, il s’était toujours imaginé pouvoir la récupérer.

Il pensait dur comme fer qu’elle était faite pour lui. Elle était la seule pour qui il était prêt à abandonner son mode de vie papillonnaire. La seule qui lui en avait donné l’envie.

Il ne savait pas s’il aurait tenu, mais… il aurait essayé. Pour elle il aurait essayé. Il attendait juste qu’elle soit prête à revenir vers lui.

Bon sang.

Il avait pourtant été son seul homme. Ca devait bien vouloir dire quelque chose, non ?! Il releva la tête et l’observa. Il avait probablement trop attendu. Le coche était passé et elle ne l’avait pas attendu.

Il était déçu. Et triste. Vraiment. Mais aussi heureux. Elle avait l’air si sereine, si satisfaite. Elle n’avait pas de doute. De regret. Ce mariage avec cette petite blonde était ce qu’elle souhaitait vraiment. Et lui souhaitait vraiment qu’elle soit heureuse. Elle en avait tellement bavé.

Il soupira et passa une main dans ses cheveux mi-longs. Et lui tendit la main.

- Félicitations, fit-il avec un grand sourire. J’espère qu’elle te rendra heureuse.

- C’est déjà le cas, fit la grande femme soulagée qu’il approuve.

« J’en suis sûr » songea-t-il avec un brin de jalousie. Puis il réfléchit et son sourire s’agrandit. Elles étaient mariées ok. Mais rien ne lui interdisait de jouer un peu. Alexia était d’une jalousie mortelle. Il avait bien vu qu’elle ne le supportait pas. Sûrement parce que comme lui, elle savait qu’il était le seul homme que Tia ait jamais eu et que cela signifiait quelque chose pour la grande femme. Venant de lui, un rien excitait sa jalousie.

Ragaillardi, il se dit qu’il allait bien s’amuser à la prochaine réunion de famille !

Tia et Alexia firent leur adieux aux jumeaux puis à Frédéric et Tia fut surprise et soulagée lorsqu’il la prit dans ses bras et la serra à l’étouffer.

- Fait bien attention à toi, She-wolf. Je suis trop vieux et trop fatigué pour te remplacer.

Elle l’avait dévisagé les yeux écarquillés. Et avait hoché la tête.

- A ton retour, il faudra songer à agrandir la meute, fit-il en désignant Lex d’un signe de tête.

Tia hésitait à intégrer sa compagne et Frédéric le sentit.

- Elle n’a pas l’âme d’une chasseresse, malgré toutes ses qualités, fit Tia en soupirant.

- Mais pour défendre sa famille elle sera prête à tout. N’est-ce pas à ça que l’on reconnaît un bon loup ? Et la survie ça la connaît.

Tia fronça les sourcils et s’apprêta à protester.

- Elle a survécu à deux enlèvements, la coupa Frédéric. Dont un avec tortures. Elle n’a pas flanché. Ca l’a endurcie sans la détruire, ni même l’abîmer. Elle a tout ce qu’il faut pour faire un bon loup. Pense-y.

Tia hocha de nouveau la tête en regardant sa compagne d’une autre façon.

- Et Lizzie aussi, ajouta-t-il, attirant de nouveau son attention. J’ai entendu dire qu’elle ne fréquente pas les bonnes personnes. Elle est paumée Tia et avec son caractère ce n’est pas étonnant. Elle a besoin d’un cadre comme le nôtre pour s’épanouir. Un cadre où elle serait libre tout en étant obligée de suivre certaines règles. Elle a besoin de se sentir appartenir à quelque chose et c’est une louve Tia. Elle ne s’intégrera pas à leur monde, même si elle a essayé.

Une pause puis il reprit, un ton urgent dans la voix.

- Elle a survécu. Seule. Elle a tué. Seule. C’est une louve solitaire, elle en a l’instinct de la chasse et de la survie. Mais pire, Tia, c’est une alpha et si elle n’est pas rapidement dominée par la bonne personne, elle va s’égarer. Dans un monde moins civilisé, ça n’aurait pas eu autant d’importance, mais là, elle est obligée de réprimer tout ce qu’elle est, tout ce qu’elle a été.

- Et tôt ou tard, elle va exploser, finit la grande femme à voix basse.

Elle soupira puis acquiesça.

- Très bien. Je lui parlerais après toute cette histoire. Mais tu sais ce que ça signifie, non ?

- Qu’elle va devoir vivre avec nous un certain temps, acquiesça-t-il.

- Ok, si tu n’es pas contre, alors que puis-je dire ? Sourit-elle. Tu as d’autres suggestions de membres ?

Il releva la tête et fixa les jumeaux. Ti suivit son regard et son visage se ferma.

- Pas question.

- Tia, commença-t-il.

- Non. Pas question. Ils n’en ont pas l’instinct. Pas la force, ni même le caractère. Ils sont parfaitement intégrés.

Frédéric haussa un sourcil railleur.

- Pas l’instinct ? Tia, ils ont le tien associé à celui de leur père. Tu les as vus se battre, non ?

Mais la grande femme continuait de secouer la tête.

- Je ne dis pas qu’ils sont des alphas, mais ils sont loups, ça, ça ne fait aucun doute. Tia, fit-il en la prenant par les épaules. Ils ont ta force, ta volonté et ta farouche compassion envers le monde.

Là, Tia ouvrit de grands yeux.

- Attends une seconde où as-tu vu que j’étais compatissante ? Et sans vouloir te vexer, il ne faut pas se leurrer, Lara se fout complètement de ce qui n’est pas elle.

- Elle est jeune, mais de toute façon tu te trompes. Toi, Len et Lex, vous êtes tout pour elle. Elle ferait n’importe quoi pour vous. De tes deux enfants, c’est elle qui te ressemble le plus. Elle a ton instinct de combattante, ta force morale et ton inébranlable assurance. Alors oui, elle joue aussi les enfants gâtés et parfois capricieuse et foncièrement égoïste, mais ça lui passera avec l’âge. Elle possède ton intelligence et ta capacité d’adaptation. Len… Len a ton goût des combats et il est plutôt bon pour ça, mais il est loin d’être au niveau de sa sœur. Il n’accorde pas autant d’importance que toi à la stratégie. De ce point de vue là, il ressemble plutôt à Enyalios. Et il s’adapte plus difficilement aux changements. Tout comme Lara, l’âge lui apprendra la patience et l’importance de faire profil bas. Mais il est loup Tia. Notre mode de communication ils s’y sont adaptés très facilement et tu sais comme moi, qu’ils le trouvent plus logique que celui prôné par les humains. Ils ne leur manquent que les règles. Et le nom, ajouta-il après un instant.

- Parfois, fit la grande femme, je t’écoute et j’ai vraiment l’impression de voir un loup. Un loup dans la peau d’un homme.

- C’est ce que je suis, ce que nous sommes Tia. Dieu c’est juste trompé en nous donnant nos corps actuels. Mais c’est ce que nous sommes.

Tia soupira. Elle était bien souvent partagée entre sa nature profonde d’animal épris d’une liberté que l’être humain ne possédait pas malgré tout ce qu’il croyait, et son envie intense de faire totalement partie du monde des hommes.

« C’est sûrement ce que Moogli ou Tarzan ont ressenti lorsqu’on les a obligés à revenir parmi les « leurs » »songea-t-elle incongrûment. Cette réflexion la fit sourire. C’était des personnages fictifs, qui représentaient pourtant le désir le plus caché de l’être humain. Son envie déchirante d’être aussi libre qu’eux. S’intégrer à une vie qui leur paraissait plus naturelle que la leur.

Peut-être Frédéric n’avait-il pas tout à fait tord finalement ? Excepté pour la partie Dieu. Apparemment d’autres êtres humains de part le monde souhaitaient retrouver le temps béni où ils avaient plus à voir avec les bêtes qu’avec les humains.

Peut-être qu’il y avait de la place pour leur façon particulière d’être finalement ? Peut-être que ce n’était pas si incompatible que ça avec leur nature d’humain ?

Peut-être.

De toute façon cela n’entrait pas en ligne de compte pour l’instant. Elle était ce qu’elle était et si d’autres personne comme elle existait, elles avaient sûrement besoin de trouver ce qui lui avait apporté un tel équilibre. Et qui était-elle pour le leur refuser ?

- Ok. Je vais réfléchir pour Lex et Lizzie, mais pas pour les jumeaux. Ils ne sont pas perdus. Il ne leur est pas nécessaire d’intégrer la meute comme c’est le cas pour Lizzie. Laissons faire le temps, tu veux bien ? On verra ce qu’ils deviendront et voudront devenir. Ils n’ont pas besoin de savoir que d’autres règles existent, et se demander s’ils préfèrent obéir à celles-ci où à celles de tout le monde.

Frédéric secoua la tête.

- Ne me parle pas de Karl, le prévint-elle. Il était plus âgé quand tu lui en as parlé.

- Je ne lui en aie jamais parlé Tia. Il a deviné tout seul. S’est adapté et a demandé son entrée, sans utiliser une seule parole.

- Alors si les jumeaux veulent y entrer, ils devront faire le même chemin. Je ne vois pas pourquoi je leur en faciliterais l’entrée. Le rite de passage est le même pour tout le monde. Lizzie va venir vivre avec nous pour ça je te le rappelle. Quand à Lex, je ne suis pas vraiment contre, parce que tu as raison mais je ne suis pas sûre qu’elle est même seulement remarquée l’existence de la meute, tout comme les jumeaux. Karl a vécu dans la rue avant que tu ne l’adoptes. Il a appris à déceler inconsciemment toutes les infos non parlées pour survivre. Mais Lex et les jumeaux ont toujours eu une vie protégée et s’ils ont l’instinct du loup, je ne suis pas sûre qu’ils en aient la subtilité. Lizzie n’aura aucun mal à entrer, mais les autres…

Frédéric réfléchit et dut convenir que c’était vrai.

- Fais comme tu le sens, soupira-t-il en la relâchant. C’est toi l’alpha.

Comme à son habitude, Tia s’agita devant ce titre. Elle considérait leur groupe comme une sorte de meute, c’était vrai, ces personnes étaient son foyer et sa raison d’être. Pour eux elle tuerait, ce qu’elle allait d’ailleurs faire, mais si l’analogie avec le loup lui convenait parfaitement, elle n’oubliait pas qu’elle n’en était pas vraiment un.

Le fait était que Frédéric se voyait réellement comme un loup sur deux jambes. Un loup parmi les hommes. En conséquence, il voulait vivre comme eux. Et il avait décrété qu’elle était l’alpha et obéissait à ses ordres comme si c’était naturel. Mais ça ne l’était pas. Et elle n’avait pas aimé avoir dû entrer dans ce cercle pour qu’il fasse ce que son intelligence aurait dû lui faire comprendre.

Il avait même convaincu Karl que cette façon de vivre était normale. Et quelque part, elle l’était. Mais pour des personnes comme elle, Lizzie et Frédéric seulement. Leur enfance étant ce qu’elle avait été, ils avaient besoin d’un cadre spécifique capable d’accepter leur nature de tueur sans pour autant les empêcher de vivre dans le monde « civilisé ».

Pour tout autre personne, n’ayant connu ni la guerre, ni la mort, ni les mutilations, ni même le goût du sang pendant une grande partie de leur enfance, ce mode de vie qu’était la meute n’avait pas de sens. Ils appartenaient déjà à quelque chose. Ils étaient intégrés au monde des hommes, ils n’avaient pas besoin de quelque chose les contrôlant et les dirigeant.

Mais pour des personnes comme elle, Frédéric et Lizzie, et même quelque part pour Karl qui en avait connu pas mal dans son enfance, la meute était un lieu où ils pouvaient être eux-mêmes. A partir de là, ils pouvaient se construire. Ayant un repère, un foyer et un moyen de contrôle, ils pouvaient faire des efforts pour entrer dans ce monde extérieur si différent de ce qu’ils étaient au fond d’eux-mêmes.

Tout être humain a besoin d’un endroit où il est libre d’être lui-même pour s’adapter à ce qu’il n’est pas. Et c’était ce qu’était la meute pour eux.

Mais si Alexia avait d’indéniable qualité de louve, elle ne la voyait pas en devenir membre. Elle lui avait dit ne s’être jamais sentie à sa place dans son monde. Mais dans celui où elle était actuellement c’était le cas. Elle s’était intégrée au monde des humains. Elle n’avait pas besoin de la meute.

Elle soupira et chassa ses pensées de son esprit. Tout ceci était vraiment trop complexe. Elle n’avait pas le temps de se pencher dessus. Elle regarda ses enfants et Frédéric glisser doucement dans les eaux sombres et froides et lui faire un dernier petit signe avant de disparaître dans les flots.

Elle se tourna alors vers sa compagne et son profil, illuminé par l’argent de la lune, lui donna un coup cœur. Dieu qu’elle était belle…

Elle tendit la main et caressa doucement sa joue. Lex leva les yeux sur elle et sourit doucement.

Elles étaient seules au monde, enfermées volontaires, dans leur bulle faite d’amour et de tendresse, leur bateau seul au milieu de l’océan.

Elles étaient seules au monde et c’était merveilleux.

 

Chapitre 3 :

 

Tia se pencha lentement sur sa compagne et prit sa bouche avec délicatesse. Elle embrassa les lèvres douces avec préciosité et attention, elle encadra le visage de Lex avec gentillesse et introduisit sa langue dans la bouche chaude avec paresse. Elle enroula sa langue autour de la sienne et entama un lent ballet qui échauffa le sang de sa compagne.

Elle sentit la respiration de Lex s’accélérer et poursuivit son œuvre de séduction. Elle retira sa langue et à l’aide de la pointe, lécha le contour des lèvres de Lex en la regardant droit dans les yeux.

C’était si érotique que Lex haleta et crispa ses mains sur le bas de la chemise de Tia. Pendant que la mercenaire poursuivait l’exploration de son visage du bout de sa langue, elle ferma les yeux et gémit, ses mains voyageant toutes seules sur les côtés fermes de sa compagne.

Lex les glissa sous le tissu et toucha la peau, légèrement fraîche à cette heure, de la grande femme. Suivant le rythme lent de Tia, Lex caressa avec langueur le ventre et les côtes. Elle glissa les doigts sous le soutien-gorge et le remonta.

Lorsqu’elle passa les paumes sur les tétons sensibles, un gémissement rauque sortit de la gorge de Tia. La grande femme délaissa les pommettes de Lex et dirigea sa bouche, soudain avide, vers la gorge où le cœur de Lex battait à grands coups. Elle lécha et caressa les creux et les courbes de sa petite compagne avec une passion fortement contenue, alors même que Lex laissait ses mains s’égarer plus bas dans son dos.

Lex se mit à genou et d’un mouvement brusque arracha les pans de la chemise, faisant sauter les boutons, afin d’accéder rapidement au ventre plat et dur de sa compagne. Elle embrassa les abdos avec une fougue qui envoya des frissons le long de la colonne de Tia. Lorsque la petite femme déboutonna son jean en embrassant chaque parcelle de peau ainsi découverte, le ventre de la grande femme se contracta et elle haleta.

Soudain, Tia agrippa sa femme par les cheveux et la força à relever la tête. Tout sa retenue vola en éclat et Tia embrassa Lex avec une passion urgente. Elle s’agenouilla à son tour sans lâcher les cheveux ni cesser son baiser puis retira le t-shirt et le soutien-gorge de sa compagne dans un même mouvement efficace. Puis elle poussa Lex sur le dos.

Tia se recula légèrement et le souffle court, fixa les yeux embrumés de sa compagne alors qu’elle faisait descendre sa main vers les boutons du short. Elle les défit puis embrassa les seins de Lex avant de revenir à sa bouche.

Elle descendit brusquement vers le short récalcitrant et s’appuyant sur ses genoux, retira le vêtement, puis la culotte, qu’elle jeta au loin.

Aussitôt libérée, Lex se redressa et fit glisser la chemise des épaules de Tia tout en embrassant les épaules musclées. Elle détacha ensuite le soutien-gorge en dentelle de sa compagne et la mercenaire le retira rapidement.

Puis elle reprit possession de la bouche qui s’égarait sur ses seins et taquinait ses pointes érigées, avant de la repousser sur le dos. Après un baiser digne d’entrer dans le livre des records, Tia se recula et chuchota :

- Touche-toi.

Lex, les yeux voilés par la passion ne comprit pas tout de suite ce que voulait Tia. Celle-ci prit une des mains de la petite femme et la mena à son sexe trempé. Lorsque ses propres doigts touchèrent son intimité, Lex ouvrit de grands yeux.

Le sourire sensuel de Tia échauffa un peu plus ses sens et les mots crus de sa compagne, l’excitèrent.

- Touche-toi. Baise-toi.

Tia se pencha sur son oreille et chuchota :

- Je veux te voir te faire jouir.

Lex gémit et Tia se redressa pour mieux profiter du spectacle. Sous ce regard intense, les doigts de Lex furent tout d’abord maladroits. Elle n’avait pas l’habitude d’avoir un public pour ça. Elle ferma alors les yeux et laissa ses sens la guider.

Une de ses mains voyagea vers ses seins et titilla un mamelon déjà dur, pendant que la main sur son sexe partait en exploration. Elle toucha délicatement les bords de sa vulve puis remonta vers son clitoris et le pressa. Elle appuya dessus tout en faisant glisser son doigt sur les bords de ses lèvres.

Elle refit le mouvement plusieurs fois en changeant de cadence à chaque fois et trouva celle qui lui convenait le mieux. L’excitation monta encore d’un cran et elle rouvrit les yeux, curieuse de voir la réaction de sa compagne. Celle-ci avait les yeux fixés sur son intimité et haletait comme si c’était elle qu’elle caressait.

Lex la vit se mordre la lèvre et gémir et elle s’enhardit. Elle glissa un doigt dans son sexe, ce qui lui coupa le souffle un instant et l’enfonça doucement. Elle posa la paume de sa main sur son clitoris tendu et commença à aller et venir en elle. Elle ne quittait pas le visage de Tia des yeux, ses réactions augmentant son excitation et son plaisir.

Tia déglutit devant l’érotisme profond de la scène. Elle dut serrer les poings pour s’empêcher de toucher sa compagne. Elle sentait une chaleur sourde pulser au creux de ses cuisses et croisa les jambes, appuyant ainsi le tissu rugueux du jean contre son clitoris. Elle se frotta contre lui en adoptant le rythme prit par Lex.

Elle la vit écarter plus largement les cuisses, lui offrant une vue imprenable sur la moiteur dégoulinant de son sexe et n’en pouvant plus, Tia se débarrassa du jean et de sa culotte avant de coller son sexe tendu contre la cuisse ferme de Lex.

Elle se frotta sur celle-ci sans quitter des yeux les mouvements de plus en plus rapide des doigts de Lex. Elle sentit le plaisir monter et Tia haleta de plus en plus fort. Lex était si près de la jouissance qu’elle avait du mal à respirer.

L’intimité de Tia frottant contre sa cuisse enflammait ses sens. Au moment même où la jouissance explosait dans leurs deux sexes, répandant leur essence sur leurs cuisses nues et les mélangeant, leurs regards s’accrochèrent et ne se lâchèrent plus, s’envolant ensemble sur les sommets du plaisir.

Elles retombèrent essoufflées, de délicieux frissons parcourant leurs corps et apaisant leurs sens, les yeux toujours accrochés. Tia reposa sa tête sur la poitrine de sa compagne et ferma les yeux en souriant. Lex posa une main sur la tête de sa femme et caressa ses cheveux en fixant les étoiles.

- Le moins qu’on puisse dire c’est qu’en matière d’excitation et d’érotisme tu t’y connais, fit-elle la voix rauque.

Tia sourit caressa le ventre de sa compagne doucement.

- C’était très très jouissif de te regarder faire, déclara la grande femme.

- Et tout autant de te regarder en train de me mater. Je n’y aurais jamais pensé, soupira la petite blonde. Petite voyeuse. Il faudra remettre ça, sourit-elle une lueur dans les yeux. Mais la prochaine fois, j’aimerais que ce soit toi qui te touches.

Tia releva la tête et croisa le regard rieur de sa compagne.

- Quand tu veux chérie.

Lex sourit.

- Ca t’a vraiment plu de me regarder, hein ? J’ai bien cru que tu allais jouir à simplement me regarder faire.

- Ca a bien failli, grimaça la grande femme. J’étais loin de penser que ça me ferait un effet aussi puissant. Tu as un sex-appeal fou et tu dégages quelque chose d’incroyablement… excitant, souffla la grande femme en mordillant le ventre à sa portée, arrachant un cri à Lex.

Celle-ci la poussa et la fit rouler sur le dos en riant.

Et elles entamèrent le second round.

 

************************************

 

Lex fut la première à se réveiller et elle ouvrit des yeux lourds de sommeil lorsqu’un flot de rayons brillants la frappa. Elle leva une main pour se protéger les yeux et soupira. Puis elle prit conscience de la dureté du sol sur lequel elle reposait. Puis du corps chaud qui reposait sur le sien.

Enfin, elle sentit le vent frais sur sa peau et ouvrit de grands yeux ronds. Elle se regarda puis observa sa compagne, bienheureuse endormie que ni le soleil, ni le vent ne gênait le moins du monde.

Ses traits étaient détendus et un léger sourire flottait sur ses lèvres magnifiquement ourlées. Puis elle reposa sa tête sur le pont et secoua la tête amusée.

Non seulement, elles s’étaient endormies dehors et sur le sol, mais en plus elles l’avaient fait nues ! Lex passa une main légère sur le dos de sa compagne. Et fondit lorsqu’elle la vit se blottir en souriant un peu plus, marmonnant :

- Encore cinq minutes…

Elle passa la main sur les cheveux noirs et les caressa doucement. Ok, il ne faisait pas vraiment chaud, mais il ne faisait pas froid non plus. Elles pouvaient parfaitement rester ici encore un moment. Et puis le corps de Tia lui tenait lieu de couverture et… puis zut, pourquoi se chercher des excuses ? Elle était bien où elle était et n’avait aucune envie d’en bouger !

Elle se mit sur le côté, entourant de ses bras et de ses jambes le corps endormi de sa femme. Puis elle pressa sa joue contre le haut du crâne de Tia et ferma les yeux. Elle savoura la tranquille intimité, le calme et le silence absolu qui régnait. Le roulis lent qui les berçait et l’impression puissante et totale d’être complètement seules au monde la submergea.

Au lieu d’en avoir peur, elle en savoura la courte certitude et les sensations et sentiments que cette possibilité faisait naître en elle. Cela aurait rendu leur vie si belle… Rien d’autre que l’autre pour s’occuper. Rien d’autre à faire que de se consacrer à elle. A elles deux. A leur couple…

Elle s’endormit doucement, entre deux images de ce qu’elle aurait aimé faire si elles avaient vraiment été seules au monde.

Elle ne sut pas combien de temps passa, mais le soleil était haut dans le ciel lorsqu’enfin, elles se réveillèrent. Et Tia roula sur le dos avec une expression détendue. Elle s’étira et se cambra. Lex ne perdit pas une miette du spectacle et lorsque Tia se tourna vers elle, elle vit le sourire appréciateur et la lueur lubrique danser dans ses yeux verts.

- On aime reluquer depuis hier soir, on dirait, fit-elle d’une voix encore pleine de sommeil.

Le sourire de Lex se fit plus gourmand.

- C’était extrêmement instructif… confirma paresseusement la petite blonde.

Tia posa sa tête sur le sol et laissa son regard errer sur le corps doré de sa compagne. Une étincelle de désir embrasa de nouveau son bas-ventre et elle s’en émerveilla. Elle ne se lassait pas de Lex. De son corps, de sa compagnie, de ses caresses, de sa voix… après trois années d’amour et de sexe intense, elle n’en était toujours pas fatiguée. Cela l’étonnait toujours. Elle qui changeait de fille chaque nuit avant Lex. Elle sourit.

C’était bien mieux ainsi.

Elle roula de nouveau sur le dos et vit enfin le soleil. Aussitôt elle fronça les sourcils.

- Bon sang, mais on a dormi combien de temps ?!

Tia se redressa soudainement et bondit sur ses pieds. Elle se rua, nue comme au premier jour, à l’arrière du bateau et Lex la suivit en se demandant ce qui lui prenait, dans l’intention évidente de continuer à profiter du spectacle de sa grande compagne dans le plus simple appareil.

Tia grimpa l’échelle en quatrième vitesse et se rendit devant le poste de pilotage. Elle vérifia les instruments, la boussole, fit la comparaison avec la carte et pesta entre ses dents. Lex arriva à son tour et se pencha sur le côté.

- Un problème ? S’enquit-elle.

- On a dérivé, répondit Tia sèchement.

- Oh. Beaucoup ?

- Je dois refaire les calculs pour savoir.

Sur ce, elle s’installa sur le siège et prit un crayon et un papier. Lex la regarda faire un moment puis se lassa.

- Je vais prendre une douche.

Tia hocha la tête distraitement. Agacée, Lex essaya autre chose.

- Rejoins-moi quand tu auras corrigé notre cap, fit-elle coquine. Je serais facile à reconnaître. Je serais la fille toute mouillée et savonneuse, ajouta-t-elle en parlant plus lentement.

La tête de Tia se redressa brusquement et Lex sourit satisfaite. Elle lui tourna le dos et la mercenaire mata le déhancher en même temps que le fessier sublimement ferme et arrondi qui se mouvait à chacun de ses pas.

Elle revint à son papier et passa une bonne minute à essayer de virer les images lascives qui occupaient son esprit. Après quoi, elle se jeta sur son papier et le couvrit de calcul.

 

********************************

 

L’après midi, elles se trouvaient dans le salon, profitant du calme et de la solitude pour faire une partie de strip-poker, lorsque cela arriva.

Alexia était pieds nus et avait retiré son t-shirt alors que Tia était toujours complètement habillée. Elle sourit d’un air moqueur à sa compagne.

- Je vais encore gagner, alors tu retireras, hum, choix difficile… le jean ou le soutien-gorge ?

- C’est pas à toi de choisir, grogna la petite blonde vexée.

- Hooooooooo, on n’aime pas perdre, hein ?

- Dixit, la plus mauvaise perdante du siècle ! répliqua Lex de mauvais poil.

Tia ricana puis abattit ses cartes sur la table avec un sourire triomphant. Alexia fixa les cartes une minute puis jeta les siennes avec une moue dégoûtée. Elle s’apprêtait à retirer son soutien-gorge lorsqu’un bruit les figea. Tia se leva en faisant signe à Lex de se rhabiller et se pencha sur le hublot.

Un bateau approchait. Une vedette identifia la grande femme. Tout ça ne lui disait rien qui vaille. Elle se baissa vers le canapé et ouvrit la trappe qui s’y trouvait. Elle en sortit un semi-automatique, un classique que les flics aimaient utiliser et un CZ 75 d’origine tchèque.

Elle prit quatre chargeurs, deux pour chacune des armes et tendit la première arme à Lex. Elle attrapa son pull à capuche et l’enfila. Elle fourra son CZ dans la large poche sur le devant et les chargeurs dans ses poches.

- Pourquoi je peux jamais avoir le CZ ? Se plaignit la petite blonde en attachant ses cheveux en queue de cheval.

- Parce qu’il est à moi et que j’ai galéré pour l’avoir ? répondit la grande femme tout sourire en tressant rapidement ses cheveux.

Lex lui lança un regard noir et Tia prit un couteau de chasse, type militaire qu’elle adorait et l’attacha à sa cheville. Elle prit ensuite un fusil à pompe et une boîte de munitions et tendit le tout à sa femme.

- Bon, je monte pour voir de quoi il retourne. Toi tu restes ici et tu écoutes. Si c’est des hommes à Enrick tu appelles Enyalios, si c’est autre chose, tu appelles les gardes-côtes.

- Les gardes- côtes ? répéta Alexia surprise. Mais on doit faire profil bas ! protesta-t-elle.

- On doit surtout rester en vie, répliqua la mercenaire sèchement. On est au milieu de l’océan Lex, expliqua-t-elle quand elle vit sa compagne toujours indécise, on ne peut ni s’enfuir, ni se cacher. S’ils sont supérieurs en nombre on n’a aucune chance. Et ils le sont sûrement. On doit rester en vie Lex. On s’occupera du problème que notre visibilité pose après avoir réglé celui-là.

Elle fixa le visage de sa compagne.

- Compris ?

Lex hocha la tête.

- Bien. Mais quoi qu’il arrive Lex, tu ne sors pas d’ici. C’est clair ?

La petite femme hésita puis hocha de nouveau la tête. Tia lui tourna le dos et commença à grimper les escaliers qui menaient au pont avant.

- Et toi fais attention ! lança-t-elle alors que la mercenaire disparaissait.

Une tête apparut soudain et Tia lui fit un clin d’œil avant de disparaître à nouveau. Lex sourit un peu crispée et se postant à côté du hublot le plus proche des escaliers, attendit.

Tia arriva sur le pont au moment où le bateau les accostait. Elle vit deux hommes armés d’uzi encadrer un troisième homme, plus petit, mais baraqué, les bras croisés et l’attitude arrogante, le fit identifier immédiatement comme le chef du groupe. Un homme se trouvait dans la cabine de pilotage et deux autres étaient postés de chaque côté du bateau. Lourdement armés eux aussi.

Un dernier homme avec son uzi dans le dos se trouvait à l’avant du bateau, une corde d’amarrage à la main. En la voyant il sourit.

Il lui lança la corde et dit :

- Tu veux bien nous attacher, chérie ? fit-il en la détaillant allégrement.

Tia sourit. Des pirates. De simples et crétins de pirates. Ils n’étaient que sept et Enrick la connaissait trop bien pour n’envoyer qu’une poignée d’amateurs. Parce que malgré leurs armes, c’étaient exactement ce qu’ils étaient. Des amateurs. Elle n’allait en faire qu’une bouchée.

Tia savait que n’étant pas avec Enrick, elle ne pouvait les laisser repartir en vie. Mais elle savait aussi que Lex n’accepterait jamais de les tuer de sang-froid, même pour protéger leurs arrières. En conséquence, elle allait devoir les tuer tous, dans le feu de l’action. Ainsi, Lex n’y verrait que du feu. Elle ne saurait jamais que chaque mort était totalement préméditée.

A cette pensée, son lien avec la louve s’activa et une puissante vague de détermination, de joie anticipée et de force déferla en elle. Son ouïe s’accrut en même temps que sa vue et Tia plia et déplia les poings avec impatience.

Elle s’avança vers la corde que lui avait jetée l’homme près du bord et son sourire le déstabilisa quelque peu. Mais il ne se méfia pas. Elle n’était qu’une femme après tout. Elle ramassa la corde d’amarrage et se redressa. Une seconde, elle resta dans cette position, puis son sourire s’agrandit et elle montra les dents. Elle lança la corde de toutes ses forces dans le visage de l’homme qui la prit sur le nez.

Un flot de sang en sortit et il porta les deux mains à son visage en reculant. Tia bondit à sa suite et atterrit sur le bateau pirate. Dans un mouvement d’une rapidité hors du commun, elle attrapa l’homme au cou et l’attira à elle, s’en servant de bouclier, tout en récupérant son uzi pour le pointer sur le groupe de trois.

Sa rapidité alliée à la surprise lui permit de descendre un des gardes du corps du chef ainsi qu’un des hommes se trouvant sur le côté du bateau. Elle les regarda s’écrouler en riant et recula vers le bastingage en continuant d’arroser les environs. 

Le chef s’était jeté au sol et avait roulé hors de sa portée. Le deuxième garde du corps s’était jeté vers une caisse de marchandises, vraisemblablement volées, pendant que le deuxième homme sur le côté du bateau faisait le tour pour trouver un bon angle de tir.

Le garde du corps encore en vie l’arrosa de son arme mais ne fit que toucher son collègue. Tia sentit l’homme qui lui servait de bouclier s’affaler contre elle et tirer sur son bras. Immédiatement, elle le lâcha en se tournant vers le pilote qui avait ramassé son fusil à pompe et lui tirait dessus.

Un morceau du bastingage à quelques centimètres d’elle explosa mais elle n’y prêta pas attention. Elle visa le front et tira. Le pilote s’écroula et sans prêter plus d’attention au chef de ce groupa minable qui rampait sur le sol comme un misérable vers de terre, elle fit face au garde du corps.

L’homme s’était redressé lorsqu’elle s’était détournée de lui mais en voyant la lueur presque démente dans ses yeux, il eut un mouvement de recul qui lui fit perdre son avantage. Il n’eut que le temps de se baisser à nouveau pour se cacher derrière sa caisse avant qu’elle ne tire.

Mais qu’est-ce que tout ça voulait dire, bordel ?! Songea le pauvre homme en se collant à la caisse en métal. Ce devait être un autre pillage tout pépère. Qui était cette femme bon dieu ?! Elle les tuait tous comme s’ils n’étaient que des insectes sans importance.

Il jeta un œil sur la scène surréaliste devant lui et n’en crut pas ses yeux. La femme riait. Elle était debout devant eux, complètement à découvert, le cadavre de Yorg à ses pieds et elle riait à gorge déployée.

Elle était folle. Il n’y avait pas d’autres explications. Et une folle qui avait une chance de cocu qui plus était. Bordel, elle était debout sans protection, ne bougeait pas et pas un seul d’entre eux n’avait réussi à la toucher ! Et bon dieu, mais comment pouvait-on tirer si vite ?!!

Il vit son chef arriver à la cabine de pilotage et sut ce qu’il était parti y chercher. Il soupira de soulagement. Dans quelques minutes, elle ne ferait plus la maligne cette sale garce allait en prendre pour son grade !

Soudain, alors que l’homme qui faisait le tour du bateau débouchait sur l’avant, le uzi de Tia n’émit plus que des clics, indiquant qu’il n’avait plus de munition.

L’homme crut que c’était sa chance et il sortit de sa cachette en visant la grande femme. Mais elle s’était déjà baissée pour récupérer son couteau et alors que les premières balles sifflaient au-dessus d’elle, elle lança son couteau.

Il pénétra jusqu'à la garde dans le cœur de l’homme qui s’écroula, une expression incrédule sur le visage au moment où son chef se ramenait avec une sulfateuse dans les bras, un sourire carnassier sur le visage.

Tia s’amusait comme une folle. Elle n’avait jamais ressenti ça auparavant. Cette impression de puissance invincible. Cette joie sauvage qui la poussait à vouloir aller encore plus loin à voir plus de sang giclé, plus de douleurs explosées, plus de morts s’étalés.

Elle était si concentrée sur ses nouvelles sensations qu’elle faillit ne pas voir le chef de cette bande minable la braquer avec une sulfateuse.

Ses yeux se mirent à briller mais elle ne se jeta pas sur le sol. Elle était sûre qu’elle serait encore debout lorsqu’eux seraient à terre. Elle sortit son arme à feu et visa le garde du corps, mais le chef leva son arme à ce moment là et son instinct de prédateur se désintéressa du petit homme, pour se concentrer exclusivement sur le chef en avançant vers lui, courbée.

Le garde du corps en profita et fit feu. Elle vacilla lorsqu’une balle lui perça la cuisse, mais ne tomba pas.

Elle visa le chef qui l’arrosait sans se préoccuper de l’homme encore debout. Une seconde balle la toucha. Au flanc droit cette fois. Mais pas plus que pour la première elle ne le remarqua.

Elle visa le front de l’homme et tira. Il s’écroula et les bruits des tirs et des balles sifflantes disparurent. Tia fronça les sourcils et se retourna vers l’homme qui restait, mais ne vit personne. Elle baissa les yeux et le vit allongé sur le sol, se tenant l’épaule et la jambe en gémissant.

- Ca va ? fit la voix inquiète de Lex.

Tia se tourna vers elle et Lex poussa un cri de surprise en voyant son état. Elle sauta sur le bateau qui commençait à s’éloigner et vérifia les blessures de sa compagne en serrant la mâchoire.

Tia se dégagea et attrapant la corde d’amarrage, l’attacha à leur bateau. Elle retourna sur le pont arrière et fit signe à une Lex mécontente et inquiète de faire grimper l’homme encore en vie.

Lorsqu’il fut à bord, elle le fouilla puis l’attacha au bastingage sans écouter ses protestations ou ses cris de douleurs. Enfin, elle se laissa entraîner par sa femme dans le salon et s’affala sur le canapé.

- Tu devais rester ici, gronda Tia.

Lex lui jeta un œil agacé avant de lui retirer son pull et sa chemise pour voir l’état de son flanc.

- Heureusement que je t’ai pas écouté, grommela-t-elle. Bon sang Tia, mais qu’est-ce qui t’a pris de rester à découvert ?!

Le regard que la mercenaire posa sur sa compagne était sombre et farouche mais incertain. Elle haussa les épaules. Lex la fixa plus attentivement et reconnut le signe que la louve était là. Et bien là. Le rire qu’elle avait entendu, l’inconscience de sa compagne en plein combat, le réchauffement soudain dans sa poitrine au point qu’elle avait senti son cœur la brûler… tout ça, c’était la louve prenant possession de sa femme.

«  Oh bon dieu, mais qu’est-ce que j’ai fait ?! » songea la petite femme inquiète de ce lien qu’elle ne contrôlait pas et qui se renforçait un peu plus chaque jour et mettait sa compagne bien plus en danger que ce qu’elle aurait imaginé.

 

Chapitre 4 :

 

Alexia inspira profondément et chassa inquiétude et culpabilité de son esprit. Ce qui importait pour l’heure était le sang qui s’écoulait sans discontinuer des blessures de Tia. Elle récupéra la trousse médicale et secoua la tête, elle allait encore devoir inciser sa peau. Elle détestait blesser sa compagne, même pour la soigner.

Elle fixa le regard bleu, toujours sombre de Tia, et y chercha ce dont elle avait besoin, mais ne le trouva pas. Un peu choquée, Lex resta bouche bée. Elle plongea encore dans les yeux bleus et chercha… mais ne trouva pas une étincelle de la tendresse et de l’amour habituel.

Tia était encore entièrement dominé par le prédateur en elle. Lex savait qu’elle avait de l’influence sur elle grâce à leur lien, mais elle avait peur. Même en pleine mission, Tia avait toujours eut de la douceur pour elle. Elle n’avait jamais manqué de tendresse. A chaque fois, qu’elle posait son regard sur elle, ses yeux bleus prenaient une teinte plus douce, plus aimante.

Lex avait toujours sentie l’amour de Tia. Mais là… il n’y avait rien que la joie sauvage de la bataille gagnée, du sang versée et de la domination. Tia ne la voyait même pas. Elle revivait la bataille qui venait d’avoir lieu et n’entendait pas sa compagne inquiète l’interpeller.

En désespoir de cause, Lex encadra le magnifique et sauvage visage de sa compagne et posa ses lèvres sur les siennes. Elle ne reçut pas de réponse, alors elle intensifia le baiser. Après un instant de flottement, le sang brûlant dans les veines de Tia, se réveilla dans tout son corps, mais la brûlure changea de nature. Elle n’était plus due à l’excitation farouche du combat, mais à la morsure brutale du désir.

Tia repoussa Lex sur la banquette et l’écrasa en l’embrassant avec sauvagerie. La petite blonde eut un hoquet de douleur lorsque sa compagne mordit brusquement sa lèvre inférieure. Ce n’était pas du tout ce à quoi elle s’attendait. Tia ne revenait pas, la louve ne la lâchait pas au contraire, elle semblait prendre en puissance.

Elle repoussa le visage de Tia de son cou et essaya d’attirer son regard mais Tia repoussa ses mains et remonta son t-shirt pour lécher et mordre son ventre. Malgré elle, Lex sentit son ventre se contracter.

- Tia… sa voix se cassant lorsque la langue de sa compagne s’introduisit dans son nombril.

- Tia s’il te plaît !

Soupirant de frustration, la grande femme releva la tête et fusilla sa compagne du regard. Lex battit des cils, choquée par la colère qu’elle y voyait puis se mordit la lèvre. La peur qu’elle avait ressentit pour sa compagne en entendant les coups de feu se mélangea à la culpabilité qu’elle ressentait pour avoir lié si fortement sa compagne à sa louve et à son sentiment d’impuissance. Des larmes noyèrent ses beaux yeux verts.

Elle prit une inspiration tremblante et dit :

- Je t’aime… je suis désolée. Je… j’étais loin de m’imaginer que ça irait aussi loin, que ça te prendrais ainsi… pardon.

La grande femme se sentit un instant perplexe, puis comme si la lumière se faisait jour en elle, ses yeux bleus s’éclairèrent et s’adoucirent. Elle prit le visage de Lex entre ses mains et murmura :

- Pardon, pardon, je suis désolée, je ne voulais pas te faire de mal, pardonne-moi…

Elle passa un doigt léger sur la lèvre qui saignait et elle prit une expression désolée.

- Je suis désolée, Lex, vraiment.

Soulagée au delà du possible, Alexia déposa des milliers de baisers légers sur le visage de Tia.

- C’est rien, tout va bien, Tia, calme-toi, je ne t’en veux pas, tout va bien.

Tia attira la petite femme dans ses bras et elles s’étreignirent fortement. Après quelques minutes, Lex revint à la réalité en sentant le sang de Tia s’écouler sur elle et elle repoussa brusquement la grande femme, horrifiée.

- Bon sang, Tia tu continue de saigner ! Assied-toi ! Bordel, mais à quoi je pense ?!

La mercenaire se laissa faire. Elle fixait le visage préoccupé de Lex, perplexe. Elle baissa les yeux sur son flanc et ses jambes et vit que le sang avait imprégné le tissu du canapé et celui de la moquette, que ces vêtements était quasiment devenue rouge et que le t-shirt de Lex en était couvert.

Elle leva la main et toucha son flanc. Elle n’avait pas mal. Par contre maintenant que le calme revenait dans son esprit, elle sentait sa tête tourner un peu. Vu le sang qu’elle avait perdu, ça n’avait rien d’étonnant. Mais qu’est-ce qui lui avait prit de rester debout au milieu des tirs ?! Elle était devenue dingue ou quoi ?!

Elle releva la tête vers Lex et la vit saisir un scalpel et des pansements. Lex prépara du fil et une aiguille et du désinfectant. Elle stérilisa le tout puis posa son regard sur Tia.

La grande femme cligna des yeux pour essayer d’éclaircir sa vision trouble, mais Lex devenait de plus en plus flou.

- Merde, fit-elle en soupirant. Je vais m’évanouir.

Lex se raidit instantanément et lâchant ses outils tendit les bras juste à temps avant que sa mercenaire ne tombe tête la première sur la moquette. Elle la serra contre elle puis déglutit. Elle paniquait. Il fallait qu’elle se calme. « Bon dieu, mais comment je peux me calmer ?!!! On est au milieu de l’océan, sans chirurgien, ni poche de sang, ni aucun putain de médecin !!!!! »

Lex se mit à trembler puis s’obligea à se reprendre. Elle n’allait pas sauver Tia en perdant son sang-froid. Elle fila chercher une bâche qu’elle badigeonna d’alcool. Elle épongea le trop plein puis installa sa compagne dessus. Elle disposa les instruments à côtés d’elle et se mit au travail.

 

*************************************

 

Plusieurs heures plus tard, Lex, épuisée, veillait sa compagne. Elle l’avait installé sur le canapé n’ayant ni la force, ni l’envie de prendre le risque de rouvrir ces plaies en la bougeant. Elle avait retiré les balles, recousues les vaisseaux et tissus endommagés et nettoyé le tout avant de poser des points et de recouvrir le tout de bandage.

Elle ne regrettait plus du tout, son stage d’un an chez les médecins légistes que Tia l’avaient obligées à faire, deux ans auparavant. Elle avait ainsi eut l’occasion de s’entraîner sur de vrais corps et apprit énormément de chose sur l’anatomie humaine et même si cette année là resterait à jamais gravé dans sa mémoire comme une des plus répugnantes et effrayantes, elle reconnaissait l’utilité d’un tel stage.

Bien entendu pour être vraiment efficace, il aurait fallu qu’il dure plus longtemps et qu’elle s’occupent d’autre chose qu’uniquement les blessures par balle et par arme blanche, mais comme c’était celles qui étaient les plus fréquentes dans leur métiers et qu’elles ne voulaient pas devenir médecins, elle n’était pas aller plus loin. Tia, elle, s’était concentré sur les poisons et contrepoisons.

Lex soupira, non elle ne regrettait plus ce stage, mais elle détestait toujours autant charcuter sa femme. Elle se leva et changea la perfusion de physio qu’elle avait posé quelques heures plus tôt et reliée au bras de Tia. Elle s’assit sur le bord du canapé et descendit le drap sur la taille de sa compagne.

Elle observa le corps pâle et endormie et détailla les multiples blessures et cicatrices qui parsemaient sa peau. Il y en avait étonnamment peu. En fait Tia avait l’étonnante particularité de guérir vite, bien plus vite que la normal en fait, mais aussi de voir ses blessures disparaître totalement.

La blessure par balle reçu quelques semaines plus tôt à son épaule était la seule visible sur le haut de son corps. Son visage était exempt des imperfections que les multiples coups au visage aurait dû créer au fil des ans.

Son ventre plat et dur ne portait pas une trace de blessure. La seule autre trace visible était trois marques de brûlure de cigarettes dans le dos et une longue estafilade qui partait du creux de ses reins et remontait en diagonale jusqu'aux marques.

Tia lui avait dit que c’était là ses toutes premières blessures. Celle que Pedro lui avait faite la première fois qu’il l’avait torturé. Elle ne savait pas pourquoi, alors que tous les autres étaient parties, celles-ci étaient restées.

Lex avait avancé l’hypothèse que peut-être son corps ne s’était pas encore habitué à être malmené et que c’était cette habitude qui avait déclenché cette étonnante aptitude. Tia n’avait pas eut l’air convaincu. Et Lex a vrai dire non plus. En fait, elle penchait plus pour une explication psychologique. Comme si Tia avait voulu garder ces marques pour mieux se rappeler d’où elle venait, avec quelle injustice on la traitait et afin de garder sa colère intact, colère qui la tirait vers le haut et lui permettait de rester en vie.

Elle remonta le drap et posa sa main sur le front de sa compagne. Frais. Pas encore de fièvre. Espérons qu’elle n’en aurait pas du tout. Il lui faudrait juste faire attention à bien tout nettoyer régulièrement et à lui administrer ces médicaments.

Elle mourait d’envie de s’allonger à ses côtés mais ce ne serait pas prudent. Elle soupira de nouveau et se rassit sur le fauteuil. Deux semaines. Elles allaient mettre deux semaines pour arriver à destinations. Serait-ce suffisant pour que Tia guérisse ?

Et que faire de l’homme qu’elles avaient capturé ?

- Bon sang, le pirate !

Elle se leva d’un bond et se rua sur le pont. Lorsqu’elle déboucha à l’air libre, elle vit que l’homme était affalé contre le bastingage. Elle s’approcha rapidement de lui et posa ses doigts sur sa carotide.

Pas de pouls.

- Merde, grommela-elle entre ses dents consternée.

Elle fixa le cadavre quelques minutes, se sentant coupable de sa négligence. Puis elle se dit qu’a choisir, elle préférait que se soit Tia qui s’en soit sortit. Elle n’aurait de toute façon pas pût s’occuper des deux et c’était loin d’être un ange.

Mais qu’allait-elle faire de lui ? Et leur bateau ?

Elle décida finalement qu’elle était trop fatiguée pour s’en soucier maintenant et qu’elle verrait ça avec Tia, lorsque celle-ci irait mieux. Elle redescendit les escaliers et s’installa aussi confortablement qu’elle le pût dans son fauteuil.

Une longue et difficile veille l’attendait. Dieu savait combien les sommeils médicamenteux réveillaient les démons de sa compagne.

 

***************************************

 

Elles arrivèrent en Argentine deux semaines et demie plus tard. Tia était complètement remise à la grande stupéfaction de sa compagne. Elle ne portait plus que deux cicatrices rosées et encore légèrement sensible au touché.

Dès qu’elle avait été capable de se mettre debout, Tia s’était occupée du cadavre en le balançant aux requins sous le regard horrifié de Lex. Cependant, elle n’avait rien dit, Tia passait de très mauvaises nuits et elle était très affectés par ces remontés de souvenirs. Elle n’avait toujours pas voulu s’ouvrir à elle, parce que ce n’était pas le moment et non parce qu’elle ne le voulait pas.

Tia et Lex avaient partagé leur temps entre le repos et la mise au point de ce qu’elles feraient une fois arrivée. Lex avait passé le peu de temps qu’elle avait de libre à réfléchir aux réactions de Tia pendant et après la bataille. Elle devait absolument trouver un moyen de contrôler la louve lorsqu’elle était en Tia, ou de trouver un moyen de ramener sa compagne à elle une fois le besoin apporté par la louve réglé.

Elle ne pouvait pas laisser Tia perdre à nouveau le contrôle et oublier qui elle était vraiment. Bon sang, mais que pouvait-elle faire ?!! Tia n’était pas le problème, comprit-elle deux jours avant leur arrivée. Le problème s’était la louve. Il fallait l’apaiser. Trouver quelque chose qui l’empêche de prendre possession de Tia aussi intensément.

L’ennui c’était que même si elle trouvait, ce ne serait qu’une solution temporaire. Tôt ou tard, la louve devrait réintégrer l’âme de Tia. La seule chose à faire était… de faire confiance à sa femme. Tout dépendait de Tia en fait. De sa volonté et de son contrôle.

Il fallait qu’elle s’habitue au contact de son âme noire. Qu’elle lui trouve une place, une utilité et un moyen de contrôle sur elle.

Il faudrait qu’elles en parlent. Faire l’autruche comme elles le faisaient depuis deux semaines n’était pas la solution. Lex soupira et regarda sa compagne manœuvrer pour faire entrer leur bateau au port.

Elles débarquèrent une heure plus tard, après avoir régler les papiers à la marina. Tia avait délibérément signé avec son nom. Maintenant il n’y avait plus qu’à attendre et d’après la mercenaire ce ne serait pas long.

Elles avaient longuement débattues de la conduite à tenir et des risques inhérents à chacune des options. Tia avait décrété qu’elles n’allaient rien faire. Enrick n’avaient rien contre elle. Il voulait Frédéric et il ne savait pas où il était. Elles seules le savaient.

Evidemment il pouvait faire capturer l’une pour s’en servir de moyen de pression contre l’autre mais Tia avait prévu le coup. Elle seule serait visible. Lex resterait en arrière, comme renfort et protection.

La jeune femme avait protesté contre cette partie du plan. Tia était encore convalescente, c’était donc elle qui devrait rester en arrière. D’autant que la diplomatie était le fort de Lex et non celui de Tia. Mais la grande femme avait été inflexible. Elle ne connaissait pas cet homme, ne savait pas de quoi il était capable.

Tant qu’elle n’avait pas une petite idée de qui il était, elle ne le laisserait approcher personne d’autre qu’elle. Et puis là, il ne s’agissait pas de négocier, mais de jauger.

Elles se séparèrent à peine arrivé. Elles convinrent d’un moyen de communication discret et sécurisé, mais Tia ne demanda pas à Lex où elle habiterait. En fait, elles ne devaient avoir aucun contact jusqu'à ce qu’Enrick se manifeste.

S’il le faisait comme à son habitude, alors elle ne le verrait pas avant qu’il ne soit face à elle. Mais leur rencontre serait aussi immanquable et inoubliable qu’a son habitude. Elles s’étaient dit adieu dans le bateau juste avant d’accoster, histoire de ne pas attirer l’attention. Elles se regardèrent à peine en sortant de la marina et prirent des directions différentes.

Lex ne pût s’en empêcher, elle se retourna. Elle vit sa compagne tourner au coin de la rue et disparaître avec un pincement au cœur. Dieu, qu’elle haïssait leur séparation.

Elle se détourna et poursuivit son chemin en espérant que comme d’habitude le plan de Tia serait sans accroc.

 

*********************************

 

Il ne fallu que deux jours à Enrick pour les retrouver. Enfin retrouver Tia. Etant donné la visibilité avec laquelle elle se montrait, il en conclut qu’elle voulait lui parler et l’absence de personne autour d’elle, lui fit comprendre qu’elle ne le craignait pas. Elle avait paré à toutes les éventualités en mettant sa famille en lieu sûr, elle était seule, n’avait pas engagé de garde du corps ou des mercenaires. Elle voulait donc négocier.

Et comme elle n’était pas sa cible, il n’y voyait aucun inconvénient. Il débarqua dans le petit port le matin du 22 Juin. Il la trouva à l’endroit même où elle prenait son petit déjeuner chaque matin d’après son informateur et s’amusa à la suivre une partie de la matinée.

Il savait qu’il avait été repéré presque immédiatement, mais il ne se montra pourtant pas. Il trouvait ce petit jeu du chat et de la souris très distrayant et la souris était rarement aussi sexy. Il décida donc d’en profiter un peu.

Il observa avec délice le gracieux déhanché de sa proie et s’imagina passant un moment délicieux à déguster le dit fessier. Peut-être qu’après cette négociation… Après tout, elle n’avait pas été monogame avant sa rencontre avec l’héritière et puisqu’elle n’était pas dans les parages, il ne voyait pas pourquoi elle refuserait.

Il n’imaginait pas une seconde qu’elle puisse se refuser à lui. Il se savait extrêmement séduisant et bien battit. Il avait un charisme certain et un charme ravageur. Il était aussi canon, qu’elle l’était. Et aussi porté qu’elle sur le sexe. Aucune raison, donc, qu’ils ne s’amusent pas un peu tout les deux.

Elle le surprit en fin de matinée. Il la perdit de vue quelques secondes et la retrouva à quelques centimètres sur sa droite, un couteau près de ses parties intimes. Il sourit largement. Cette femme était décidemment très plaisante.

Lui même pointait arme à feu sur son torse. Son sourire de prédateur lui plût infiniment et ils se jaugèrent un moment. Enfin, ils reculèrent chacun d’un pas et rangèrent leurs armes. Il lui fit une petite courbette et déclara :

- Je suis enchantée d’enfin vous rencontrez, fit-il en se redressant un sourire charmeur aux lèvres.

Tia était surprise mais elle n’en montra rien. Ce type était l’exact opposé de ce qu’elle s’imaginait. Tant physiquement que mentalement. Il lui fit signe de la précéder et l’emmena s’asseoir à la terrasse d’un café.

En le suivant, elle appuya discrètement sur un bouton de sa montre, ce qui envoya le signal convenu à Lex.

Puis elle s’installa en face de lui et le détailla.

Il était jeune. Vraiment jeune. Il devait avoir entre 28 et 35 ans. Il était grand, avait un physique de sportif et le plus séduisant visage qu’elle avait jamais vu. Une mâchoire anguleuse mais ferme, un menton volontaire, un sourire… sexy en diable avec d’adorable fossette sur les joues. Des yeux marron rieurs et chaleureux et une coiffure décolorée de surfeur.

Il entama une discussion désinvolte pendant plus d’une heure et elle le trouva charmant, drôle et attentif. Il lui parla de sa famille, auquel il était très attaché, de ses loisirs dont le surf était le principal, de ses goûts en cuisine, il préférait les épices, et des derniers films qu’il était allez voir au cinéma. Transformers 2 l’avait épaté.

Elle rit plus d’une fois à ses blagues, oubliant presque qui il était. Il lui rappelait un autre mercenaire, cher à son cœur, aussi doué et charmant que lui.

- Où est-il ? demanda-il nonchalamment le sourire aux lèvres.

Le changement brusque de sujet et d’atmosphère n’ébranla pas du tout la mercenaire et cela lui plût beaucoup. Elle lui retourna un charmant sourire et il soupçonna qu’elle l’aimait bien. Peut-être finirait-il dans son plumard s’il se débrouillait bien, finalement ?

- Vous vous doutez bien que je ne dirais rien.

- En effet. Alors que voulez-vous en échange ?

- Pour commencez ? Sourit-elle finement. Qu’avez-vous contre Frédéric ?

Enrick croisa les mains et sourit.

- Moi ? Rien.

Tia fronça les sourcils.

- J’ai 30 ans, déclara-il. Ce qui signifie que je ne l’ai jamais rencontrez ou alors… comme vous… il était mon instructeur dans l’armée de Sassem.

Tia se figea et plissa les yeux. Non, impossible. Il n’avait pas cette lueur particulière dans le regard.

- Je ne pense pas, non.

- Vous avez raison, s’exclama-il soudain en souriant largement.

- Alors quoi ?

Il haussa les épaules et roula des yeux de façon comique.

- A votre avis ?

Tia pinça les lèvres et réfléchit.

- On vous a engagé.

- Bingo ! Vous remportez le gros lot !! diling diling diling !! Apportez son cadeau à la magnifique jeune femme aux yeux perçant !

La mercenaire le regarda froidement partager entre une déconcertante sympathie pour ce drôle de zèbre, et l’envie puissante de l’étrangler en lui disant que tout ceci n’avait rien d’un jeu.

Elle soupira en s’appuyant à son siège et le dévisagea. Quelle tactique adopter avec lui ? Il était si… étrange. Si différent de ce à quoi elle s’attendait. Jouait-il un rôle ou était-ce sa vraie personnalité ?

Quoi qu’il en soit et aussi sympathique qu’il lui semblait être, elle ne devait pas perdre de vue qu’il avait essayé de tuer sa famille et n’hésiterait pas une seconde à le refaire si elle était sur son chemin.

 

Chapitre 5 :

 

- Qui ? fit-elle brusquement.

Il ouvrit de grands yeux étonnés.

- Pourquoi tu m’engueules ? fit-il avec une moue triste.

Tia fronça les sourcils. Ce type… ce type était… trop bizarre !

- Je ne…

« Et pourquoi je m’embête à lui répondre ?! » songea-elle en secouant la tête. Elle soupira bruyamment.

- Pour qui travailles-tu ? demanda-elle néanmoins plus doucement.

Le jeune homme la fixa de ses yeux bruns velouté qui respirait l’innocence et la jaugea avec un air idiot. Malgré elle, Tia eut envie de rire. Elle dû se mordre la lèvre pour ne pas le faire. Il s’en rendit compte et sourit. Tia secoua la tête en levant les yeux aux ciels. Difficile de restez sérieux avec un tel énergumène en face. C’était sûrement la raison de son succès.

- Je n’ai jamais entendu parler de toi avant l’attaque du ranch. D’où sors-tu ?

Il sourit d’un air énigmatique.

- Je ne peux pas répondre à ça.

- Peux-tu me dire pour qui tu travailles ?

- Ca dépend.

- De quoi ?

- De ce que tu es prêtes à négocier.

- Propose toujours.

- Je réponds à tes questions sur mon employeur et te garantis la sécurité pour toi et le reste de ta famille. En échange tu me livres Frédéric.

Tia s’attendait à une telle proposition, aussi sourit-elle à Enrick. Ils restèrent silencieux un long moment tout les deux. Se dévisageant et se jaugeant. Les yeux bleus défiant les yeux marron. Les yeux marron remplis de pensées lascives et brillants de désirs et d’amusement.

Finalement Tia haussa les épaules.

- Admettons que je sois d’accord. Donne-moi une preuve de ta bonne foi.

- Mmmmm, fit le jeune homme en posant un doigt sur ses lèvres, que puis-je te donner ? Ha ! Je sais ! Un baiser, déclara-il d’une voix langoureuse en se penchant vers elle.

Surprise Tia fixa le visage se rapprochant avec des yeux ronds. Son ventre se contracta alors qu’elle sentait son souffle sur sa peau. Elle haussa un sourcil et se recula lentement, un sourire amusé sur les lèvres.

- C’est ça, ta preuve de bonne foi ?

Il stoppa son mouvement et sourit puis haussa les épaules en se rasseyant.

- J’ai tenté ma chance. Tu es une vraie bombe et tu excites ma libido depuis la première fois que je t’ai vu. Il fallait que je tente ma chance.

Elle secoua la tête.

- Ne fais pas celle qui n’est pas intéressée, fit-il en bougeant son index. J’ai vu le désir dans tes yeux lorsque je me suis approché.

Le sourire de Tia s’agrandit.

- Je ne nie pas. Il faudrait être un eunuque pour ne pas être excité par toi.

Enrick se rengorgea comme un gamin. Il carra les épaules et se fit nonchalant. Il n’avait aucun doute sur son pouvoir de séduction, mais se le faire confirmer par une aussi belle femme et de cette façon ne nuisais pas à son ego.

- Pourtant tu ne m’as pas laissé t’embrasser.

- Je suis fidèle.

Il fit la moue.

- Y’a pas moyen de négocier ça ?

Tia leva un sourcil élégant et amusée. Une lueur séductrice illuminant son regard bleu.

- Ca se pourrait, répondit-elle lentement.

Il était très sexy. Ca ne serait pas difficile de se forcer.

- Vraiment ?

Enrick se pencha en avant, son attention entièrement concentrée sur la femme incroyable en face de lui.

- Que veux-tu ?

- Le nom de ton employeur.

Il pinça les lèvres et s’adossa à son siège.

- Je ne peux pas faire ça.

- Bien sûr que si.

Tia se pencha en avant et fixa un regard intense sur le jeune homme sexy en face d’elle.

- Tu es tueur à gage, pas vrai ? Pas mercenaire. Ca explique pourquoi je n’ai jamais entendu parler de toi. Tu ne dois pas être connu pour être sûr d’exercer. On te contact par bouche à oreille. Et c’est toi qui prends contact avec tes clients. Il ne connaisse ni ton nom, ni ton visage. Tout le monde connaît ma réputation, trouver le nom de celui qui m’a collé un tueur aux basques ne les surprendra pas et personne n’ira te soupçonner, parce que rien que pour faire appel à toi il faut faire circuler l’information que l’on veut tuer quelqu’un. Ca fait un paquet de gens au courant. Je pourrais avoir l’info autrement. Ca serait plus long, mais je pourrais l’avoir.

- Alors pourquoi ne pas faire ça ?

Pour toute réponse, Tia laissa son regard errer sur le corps très attirant en face d’elle et le bas-ventre d’Enrick réagit instantanément.

- Tu es tueur à gage pas mercenaire, répéta-elle, tu n’as pas besoin d’avoir une réputation d’honnêteté, juste celle d’aller jusqu’au bout de tes contrats.

Il bougea la tête. Elle n’avait pas tord. Et même sacrément raison. Et puis… il avait exactement ce qu’il était venu chercher. Il avait une confirmation de l’excellence de son adversaire, il pouvait déterminer ses options en fonctions de ce qu’il voyait et en prime, une partie de jambe en l’air torride. Et puis… il était quand même plus facile de négocier sur l’oreiller. Il ne renonçait pas à sa cible. Il remettait juste les négociations à plus tard.

- Ok. Mais je veux une nuit entière.

Tia sourit. Elle avait ferré le poisson.

- Ca me va, accepta-elle en passant un doigt négligent sur le bord de son verre.

- Je veux une preuve de bonne foi, la singea-il.

Elle rit et se leva, lui tendant une main fine mais ferme. Il la prit et elle l’attira à lui. En déposant ses lèvres sur les siennes, elle envoya une pensée d’excuses à sa femme. Mais ce type était coriace et elle ne voyait pas d’autres solutions. La torture était exclue, Lex n’aurait pas accepté et de toute façon elle était sûre qu’avec un homme comme lui, cela aurait été une perte de temps.

Elle ouvrit les lèvres lorsque la langue dure d’Enrick exigea un passage et elle s’enroula autour de la sienne. Ils collèrent leur corps l’un contre l’autre et s’embrassèrent avec passion. Tia mit fin au baiser après plusieurs secondes d’exploration intense, le souffle court et le sang battant fort dans son corps.

Elle se lécha les lèvres et se détacha de lui à regret. Elle sentit soudain un point lui brûler le dos et retint une grimace. De toute évidence Lex n’avait pas manqué une seule miette du spectacle. Elle allait en entendre parler longtemps !

- Y’a un hôtel là, fit Enrick en tendant la main.

Sans attendre sa réponse, il prit sa main et la tira derrière lui. Ils se retrouvèrent dans une chambre moins de cinq minutes plus tard. A peine le pas de la porte franchit, il la plaqua contre le mur et l’embrassa avec fougue tout en laissant ses mains parcourir son corps. Il massa ses seins à travers le tissu puis descendit plus bas.

Il pressa sa main droite contre le sexe de Tia qui écarta les jambes pour lui faciliter l’accès, terriblement excité. Elle déboutonna sa chemise en même temps qu’il passait ses mains sous le t-shirt. D’un mouvement impatient, il le lui retira et dégrafa ensuite son soutien-gorge.

Il ne perdit pas de temps à contempler leur splendeur et les embrassa goulument. Elle repoussa la chemise des épaules musclées d’Enrick et d’une poussée, l’envoya s’allonger sur le lit.

Elle s’installa à califourchon sur lui et lécha et embrassa chaque parcelle du torse musclé sous elle. Ne voulant pas rester en arrière, Enrick passa ses mains sur le dos et descendis glisser les mains sous le pantalon. Il malaxa les fesses fermes qu’il trouva vite et repoussa soudain la grande femme.

Il la fit rouler sur le dos et retira son pantalon en même temps qu’elle se débarrassait du sien. Il ne resta bientôt plus que leur sous-vêtement. Il se laissa tomber sur elle et glissa une main sous la culotte. Il titilla le clitoris tendu et sentit le sexe de la mercenaire s’humidifier abondamment.

Il retira sa main et embrassant la grande femme à pleine bouche pressa son sexe tendu contre le tissu humide de sa culotte. Tia respira brusquement et le laissa retirer les dernières barrières qui les séparaient.

«  Encore un peu pensa-elle, encore un peu ». Elle croisa le regard brumeux mais encore lucide du jeune homme et lui sourit. Il reprit possession de sa bouche en lui écartant brusquement les jambes. Il chercha la fente dilatée et la trouvant, plaça son sexe turgescent tout contre.

Avant qu’il ne s’introduise en elle d’une brusque poussée, elle le fit rouler sur le dos et empoigna son sexe d’une main ferme. Elle vit sa respiration se faire plus saccadée et lorsqu’elle entama une série de va et viens rapide, elle se fit vite laborieuse.

Tia surveilla attentivement le regard du jeune homme guettant le moment où il serait tellement près de jouir qu’il lui donnerait tout ce qu’elle voulait.

Lorsqu’il s’approcha enfin de ce moment, Tia murmura à son oreille :

- Le nom.

Et elle stoppa le mouvement de son poignet. Un grognement de frustration intense se fit entendre. Pour ne pas perdre le contrôle, elle descendit rapidement vers le et sexe dur et tendu et en lécha le bout sensible.

Enrick s’arcbouta et empoigna ses cheveux, la pressant de le prendre en bouche. Elle résista et se redressant juste ce qu’il fallait pour ne pas toucher le sexe mais suffisamment proche pour que son souffle effleure le gland, elle répéta :

- Le nom.

Frustré, il poussa sur sa tête et elle le laissa la rapprocher légèrement. Elle en lapa doucement la base en remontant jusque sur la pointe ou elle s’attarda un moment, ce qui le rendit presque fou, puis répéta :

- Le nom.

Dans un soupir frustré, il souffla :

- Aniock Gretchev.

Puis il pressa sa tête sur son sexe et elle le lécha une dernière fois. Il relâcha la pression et elle rampa sur son corps. Elle l’embrassa fougueusement et se recula.

- C’était sympa, faudra remettre ça un de ses quatre, sourit-elle, avant de frapper sur sa glotte et de rouler sur le côté.

Il se redressa brusquement, le souffle coupé, les mains sur la gorge, et elle enchaîna avec un coup de coude violent dans sa tempe. Il s’écroula inconscient sur le lit. Elle laissa son regard errer un instant sur le corps superbe qu’elle venait de se refuser et soupirant, se rhabilla.

Avant de partir elle se tourna vers lui et lança :

- Je sais que tu vas m’en vouloir, mais souviens-toi que je ne t’ai pas prit en traître. Je t’ai dit que j’étais fidèle. Et je ne t’ai jamais promis de coucher avec toi toute la nuit ! Tu m’as demandé une nuit entière mais tu n’as pas précisé à faire quoi. Là, tu l’as ta nuit entière à l’hôtel… mais seul, conclut-elle avec un petit rire avant de se détourner et de sortir.

 

*******************************************

 

Elle retourna à son hôtel avec appréhension. Elle savait qu’Alexia l’y attendait, c’était ce dont elles avaient convenues, seulement, ce que sa compagne avait surprit n’était pas du tout prévu au programme et si Lex avait fait de gros progrès dans le contrôle de sa jalousie, elle se doutait bien que, là, ça ne passerait pas.

Elle ouvrit la porte et y pénétra avec circonspection, la lumière étant éteinte et les rideaux tirés, elle crut que Lex s’était endormie. Elle referma donc la porte avec douceur et retira ses chaussures.

Elle s’assit sur le bord du lit et se tourna vers l’endroit où elle pensait trouver sa compagne mais ne la vit pas. Elle fronça les sourcils et fit le tour de la pièce des yeux. Elle la trouva, appuyé contre le mur, les bras et les chevilles croisés, la fixant d’un air sombre.

Tia lui fit un sourire incertain.

- Ca va ?

La jeune femme ne répondit pas, elle se détacha du mur et s’approcha d’elle. Elle se pencha sur elle et… renifla. Puis elle se redressa avec brusquerie et serra des poings furieux, ses yeux reflétaient une vague de rage, de douleur et déception. Mais c’était la rage qui dominait.

- Tu sens le sexe, lança-elle d’une voix vibrante.

Là, Tia se demanda comment elle allait la convaincre qu’il ne s’était rien passée. Enfin, rien d’extraordinaire.

- Je n’ai pas couché avec lui, fit-elle vivement.

Lex était planté devant elle, la dominant, ses yeux brillants de colère et de larmes. Elle se pencha de nouveau sur elle et la sentit.

- C’est pas l’envie qui t’en a manqué on dirait. Puis elle passa le bout de sa langue sur son cou et se redressa en crachant par terre lorsqu’elle sentit un autre goût.

- Il existe bien des façons de faire jouir un homme sans forcément qu’il te pénètre.

- Il n’y a pas eu de ça entre nous, fit-elle en se levant et en posant les mains sur ses épaules.

Lex la fixa un moment, voulant plus que tout la croire, puis s’avança une fois de plus vers elle pour la sentir et Tia se maudit pour ne pas avoir prit une douche, avant de se dire que ça aurait été tout aussi douteux de sentir le savon frais.

- Tu sens son odeur, accusa la petite femme en se dégageant brutalement. De toute évidence, il s’est frotté à toi. Et ça t’a plut.

Tia se mordit la lèvre en se demandant comment désamorcer la situation.

- Lex, je n’ai pas… je t’ai été fidèle.

- Ah oui ? Tu ne l’as pas embrassée alors ? Tu ne l’as pas léché ? Tu ne l’as pas laissé te déshabiller ? Poser ses mains, sa langue sur toi ? Tu ne l’as pas laissé reposer nu, sur toi tout aussi à poil ? Ca ne t’a pas excité au point que tu mouilles encore maintenant ? Dis-moi que tu ne l’a pas fait et je te croirais.

Tia dévisagea sa compagne dont l’expression, mélange d’espoir fou, de douleur et de colère lui déchirait le cœur.

- C’était qu’une mission… répondit-elle en désespoir de cause. Lex, je te jure que ce n’était qu’un moyen d’avoir les infos dont on avait besoin. Rien d’autre.

- Oh, alors tu as prit ton pied dans l’intérêt de la mission et je suis sensé être rassurée ?!

- Je n’ai pas prit mon pied, bon sang !

- TU AS MOUILLE !!!!!!!!!! hurla Lex en pleurant. TU LE VOULAIS !!!!!!!!!!

Tia était désemparée par la profondeur de la blessure qu’elle voyait en Lex et ne savait pas comment gérer ça. Elle ne s’attendait pas à une réaction aussi violente. Elle n’avait rien fait de mal bon sang ! Elle passa une main frustrée dans ses cheveux et répondit :

- Lex je ne vais pas m’excuser d’avoir une libido, ok ? Oui, il était excitant, mais je n’ai rien fait de mal et rien de plus que ce que j’aurais fais s’il avait été repoussant. J’avais besoin d’infos et il était plutôt évident que je n’obtiendrais rien par la négociation.

- Tu pouvais le torturer ! Jeta la petite femme en tremblant de rage.

La mercenaire sembla choquée. Elle secoua la tête en reculant d’un pas et la fixa d’un air horrifié.

- Tu entends ce que tu dis ? Lex, tu m’en aurais voulu si j’avais fait ça. Bon sang, tu hais la violence gratuite !

- J’aurais préférée ça à ce que je ressens en ce moment, lâcha la petite blonde la voix tremblante.

- Bon dieu, souffla Tia n’en revenant pas. Lex, je n’ai rien fait de mal ! Plaida-elle. Je ne t’ai pas trahi même si tu penses le contraire ! Il n’aurait pas céder sous la torture ! Et je lui plaisais suffisamment pour qu’il accepte d’inclure « mes services » dans la négociation. J’ai vu que j’avais une ouverture pour avoir l’info sans trop de dommage et j’ai sauté sur l’occasion.

- Sauter, c’est le mot, ricana la petite femme méchamment.

- Lex, merde à la fin !!!

Sa compagne, la regarda furieuse avant de s’approcher d’elle et de lui murmurer, le désespoir emplissant ses yeux au fur et à mesure qu’elle parlait.

- Dis-moi qu’il ne t’a pas touché comme je te touche. Qu’il n’a pas posé les mains sur toi comme je le fais, qu’il n’a pas léché ta peau comme je le fais, qu’il ne t’a pas fait gémir comme moi, dis-moi que tu ne l’as pas touché comme tu me touches, que tu n’as pas embrassé sa peau comme tu embrasses la mienne… Dis-moi qu’il n’y a que moi, finit-elle des larmes douloureuses roulant sur ses joues.

Tia avait mal pour elle. Elle s’en voulait terriblement, elle n’avait pas pensé qu’une chose pareille pourrait arriver. Ce n’était qu’une mission… Elle attira sa femme dans ses bras en murmurant des excuses.

- Je suis désolée, je suis désolée, je suis vraiment désolée. Je ne pensais pas… je suis désolée, pardonne-moi…

- Dis-moi qu’il n’y a que moi…

- Il n’y a que toi. Il n’y a jamais eu que toi et il n’y aurais jamais que toi. Lex… Je… je suis vraiment désolée… Je… j’ai fait encore des bourdes, on dirait. Même après trois années… je ne suis toujours pas doué avec les notions de couple, je suis désolée… Je ne pensais pas… que ça serait un problème mais… je me suis trompée. Je suis désolée…

Lex s’enfouie dans l’étreinte forte et éclata en sanglot. Elle avait eut tellement mal quand elle les avaient vu se rendre dans l’hôtel et elle avait été si jalouse qu’elle n’avait pût s’empêcher de les suivre et de se mettre derrière leur porte lorsqu’ils étaient entré dans leurs chambres.

Elle avait entendu les bruits de baisers et les grognements satisfaits de l’homme. Son imagination avait comblé les blancs et elle les avait imaginé, collé l’un à l’autre. Si elle n’avait pas vu Tia réagir aussi fortement au baiser que ce connard lui avait donné sur la terrasse du café, elle n’aurait pas été aussi effrayée sur ce qu’ils faisaient dans cette chambre, mais il avait si manifestement plus à sa femme… Et puis elle l’avait entendu gémir et ça avait été la goutte d’eau en trop.

Elle avait tourné les talons et avait rejoint en courant la chambre d’hôtel que Tia avait loué deux jours auparavant. Et elle avait regardé les minutes s’égrener avec lenteur sur le réveil et plus le temps passait, plus la peur et la douleur lui nouait l’estomac.

Et si Tia restait la nuit ? Et si elle se rendait compte qu’elle préférait rester avec lui ?

Des tas de questions idiotes traversaient son esprit et à chacune d’entre elles, la colère montait. Elles venaient de se marier et Tia la trompait sans vergogne !

Et puis Tia était rentrée et elle avait eut l’air si surprise ! Elle parlait de mission, de moyen… elle ne pensait vraiment pas avoir fait quelque chose de mal. Et Lex la croyait. Tia ne maîtrisait pas toujours les choses les plus simples en termes de relation sociale et elle lui avait promis au début de leur relation d’être patiente et de lui apprendre ce genre de chose.

Mais c’était si dur… elle n’était pas sûre de parvenir à oublier les bruits de baisers et les gémissements et l’odeur de la peau de cet homme sur celle de sa femme…

- Je ne peux pas vivre sans toi… gémit-elle.

- Et tu n’auras pas à le faire.

Le ton de Tia était clair et sûr et cela réconforta la petite femme.

- Merci… mais je ne suis pas sûre de pouvoir oublier…

Elle sentit Tia se raidir et s’en voulu, mais elle ne revint pas sur ses propos. C’était la vérité, elle ne parviendrait jamais à oublier le plaisir que sa femme avait prit à être touché par cet homme. Mais elle parviendrait à lui pardonner… parce que Tia n’y était pour rien. Parce qu’elle ne comprenait même pas, mais qu’à l’avenir pourtant elle ferait attention.

Et parce qu’elle l’aimait. Et puis… elle n’avait pas couché avec. Elle se raccrocha à cette vérité, à ce fait comme s’il avait la moindre importance, alors que c’était faux et qu’elle le savait.

Tia l’avait trompé, pas dans les faits, mais dans le plaisir qu’elle y avait prit, pas dans les intentions, mais dans les moyens qu’elle y avait mit. Cet homme avait remplacé son odeur sur elle. Son touché sur sa peau. Et cela seul comptait.

Le reste n’était que détail.

- Je… je suis désolée. Je ne comprends pas pourquoi tu le prends ainsi, je suis désolée mais je ne le comprends pas. Ca n’a pas d’importance. Je n’ai pas couché avec lui. Je n’ai pas de sentiments pour lui. Je… c’était un piège, rien de plus. Et…

Tia soupira découragée.

- Mais je m’en veux de te faire souffrir. Je vois bien que ça t’a fait mal et pour ça je m’en veux. Je… ne peux que te promettre de ne plus utiliser ce genre de moyen pour obtenir des infos. Mais… ça va compliquer certaines choses. Lex… tu l’as fait et… enfin, je n’ai pas réagis ainsi. Et puis, ce n’est pas la première fois non plus, je veux dire, tu m’as vu faire ça des dizaines de fois.

- Pas dans une chambre d’hôtel ! cria-elle en s’arrachant à son étreinte. Et ça n’a jamais été aussi loin ! Putain, tu l’as laissé te toucher ! T’allonger sur un putain de lit ! Déposer sa putain d’odeur sur toi et je parie que la tienne le recouvre entièrement !

Elle lui tourna brusquement le dos en respirant profondément pour se calmer. Ca ne servait à rien. Tia ne comprenait pas. Cette fois était différente des autres. Séduire, embrasser… Ok. Elle les caressait parfois aussi, mais jamais nu, jamais dans un lieu fermer, encore moins avec un lit. Et…

- Ca ne t’as jamais plût avant… murmura-elle pour elle-même.

« C’était donc ça… » comprit la grande femme. Enfin pas seulement, mais en grande partie. Elle ne voyait pas encore ce qui la gênait tant, enfin, elle avait entendu les propos de Lex mais… elle ne comprenait pas pourquoi c’était différent cette fois. Ceci dit sa jalousie, c’était quelque chose avec laquelle elle avait l’habitude de vivre. Elle pouvait peut-être faire quelque chose.

Elle s’approcha de sa femme, la prit dans ses bras et la serra contre elle.

- Il était séduisant et avait quelque chose oui… mais ce n’était rien comparer à l’effet que tu me fais. Personne ne fait le poids face à toi Lex et…

Elle soupira.

- Tu ne vas pas me faire croire que tu n’as jamais été attiré par qui que se soit d’autre ? Je… ne dirais pas que ça ne me fait rien, mais je comprends. On n’est pas des machines Lex. On n’y peut rien. Du moment qu’on ne passe pas à l’acte.

- Oh, alors si je me dépoile devant Danzel et qu’il fait de même avant de me couvrir de baiser et de lécher chaque parcelle de ma peau, c’est pas un problème ? Du moment qu’on ne va pas jusqu’au bout c’est ça ? Railla la jeune femme sans se retourner.

Tia la retourna brusquement et le visage déformer par la colère lui jeta :

- Tu n’as pas intérêt à faire ça ! Gronda-elle.

- Et pourquoi pas ? La nargua Lex. Je vois pas la différence.

- C’ETAIT POUR LE BOULOT, BORDEL DE MERDE !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! LUI… LUI C’EST TON EX !!!!!!!!!!!!!!!! MERDE, LEX !!! TU FAIS CHIER !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

Tia lui tourna le dos et se rua sur la porte. Elle la claqua en sortant et partie à grand enjambée. Puis s’arrêta et prit de grande inspirations. Elle ne pouvait aller nulle part, Enrick était dans les parages et pour peu qu’il soit revenu à lui, il était sûrement furax.

Elle ferma les yeux et se concentra sur sa respiration. Lorsque celle-ci et son cœur eurent retrouvé un rythme normal, elle réfléchit.

Rien qu’imaginer sa femme avec ce type… le sang grondait à nouveau dans ses oreilles. Elle commençait à comprendre ce que ressentait Lex. C’était différent parce que Lex avait des sentiments pour Danzel et elle rien pour Enrick mais… elle commençait à comprendre.

Elle avait été nue et si rien n’avait été consommé et que pour elle cela n’avait eu aucune signification, le fait était qu’ils avaient partagé une intimité qu’elle n’aurait dû avoir qu’avec sa femme. Bon sang, comment avait-elle pût passer à côté d’une telle évidence ?!

Elle avait vraiment un problème, soupira-elle en revenant sur ses pas et en s’asseyant contre le mur. Elle était tordue. Ne voyait pas ce qui semblait évident aux autres et étaient complètement perdu dès qu’il s’agissait des relations. Bordel, mais que foutait Lex avec elle ?!

Et elle qui pensait avoir surmonté tout ça… elle avait été un peu trop optimiste. Trois années d’une vie normale ne faisaient pas le poids contre 14 ans d’une vie semblable à l’enfer ou la seule chose qu’elle avait apprise était comment tuer et comment survivre et 13 ans d’une vie où elle était sa seule préoccupation. Trois années ne suffisaient pas pour combler tout ses manques, tous les vides et les évidences qu’on apprenait en grandissant normalement. Elle… pensait avoir fait des progrès mais apparemment pas.

Que pouvait-elle faire maintenant ? Lex devait lui en vouloir à mort. Et elle avait raison. Ce qu’elle avait fait était immonde… Mais elle ne pensait pas…

Elle se prit la tête entre les mains.

Comment allait-elle se rattraper ? Le pouvait-elle seulement ?

 

Chapitre 6 :

 

Alexia sortit de la chambre et s’appuya au chambranle, les yeux baissés vers la silhouette assise à ces pieds. La tête entre les mains, les coudes sur les genoux, Tia respirait la culpabilité et Lex soupira. Quel gâchis.

Elle avança et s’assit à ses côtés. Elle garda les yeux fixé sur l’horizon un moment puis les ferma et posa sa tête sur l’épaule de sa compagne.

- Je suis désolée, fit la petite femme. Je n’ai dit ça que pour t’énerver. Mais Danzel n’est rien pour moi et je ne ferais jamais rien de ce type avec lui, je te le jure.

- Tu en aurais le droit pourtant, fit la voix étouffée de la mercenaire.

Lex se redressa et la fixa. Cette réponse… Tia avait comprit ?

- Tu crois ? Tenta-elle.

Tia hocha la tête, sans rien dire ni relevé les yeux, elle avait bien trop honte. Lex sourit. Tia avait comprit. Elle leva une main douce vers ses cheveux et les caressa légèrement.

- Moi, je ne pense pas, non.

Tia la fixa par en dessous, intriguée par le ton, la caresse et les paroles.

- Si je le faisais se serait en toute conscience. Toi, tu… n’avais pas conscience de ce que tu faisais et de ce que ça allait me faire. Tu n’as pas vu ça comme un acte ou un pré-acte, grimaça-elle, sexuel. Mais comme un outil utile. Je l’ai compris dès que tu es entrée dans la chambre mais j’étais si blessée, que je n’ai pas voulu te laisser t’en tirer comme ça et je… voulais que tu comprennes, pour ne plus que tu ne recommences.

- C’est gagné, fit la grande femme en se redressant timidement. Je suis désolée, Lex.

- Ca va, répondit-elle sans cesser sa caresse sur ses cheveux. Tu sais… j’ai parfois tendance à oublier que tu n’es pas comme la plupart des gens. Que ton enfance à été « spéciale » et à fait que ta conception du monde est un peu tordu. J’ai parfois tellement envie d’oublier tout ce qui t’a fait souffrir que je nie les conséquences que cela à eu sur toi. Alors c’est moi qui suis désolée…

Tia chercha dans les yeux verts, une trace de ressentiments, de colère ou de chagrin et ne vit qu’un sincère repentir. Elle hocha la tête avec hésitation et dit :

- Tu n’as pas à t’excuser…

- Bien sûr que si.

- Lex…, protesta la mercenaire.

- Tia, s’il te plaît, la coupa sa compagne, accepte mes excuses et oublions tout ça.

La mercenaire était complètement perdue, mais aussi infiniment reconnaissante au monde de lui avoir offert le cadeau merveilleux d’une femme qui l’aimait telle qu’elle était.

- D’accord, mais…

- Je te pardonne, la coupa-elle de nouveau.

Tia ouvrit puis ferma la bouche. Elle détourna le regard puis revint sur elle.

- Pourquoi as-tu tellement envie d’oublier mes… blessures ? demanda-elle doucement.

- Parce que je n’étais pas là pour te protéger. Parce que je n’arrive même pas à te les faire oublier. Elles te hantent encore. Certaines nuits… je donnerais n’importe quoi pour être sourde…

Tia écarquilla les yeux et ouvrit la bouche, stupéfaite.

- Je… je… je n’avais pas conscience que ça te faisais si mal. Je suis désolée… souffla grande femme en se sentant en dessous de tout.

- Tu n’y ais pour rien et puis, fit-elle en lui caressant la joue, si je te l’avais dit, tu aurais insisté pour dormir ailleurs, et même si mon impuissance à te soulager est douloureuse, je ne renoncerais pas à essayer pour tout l’or du monde. Je t’aime Tia, j’aimerais juste que tu sois heureuse.

- Mais je le suis…

- Pas complètement. Jamais complètement. Tu as trop de blessures. Subit trop de choses.

- Lex tu te trompes, je suis heureuse, fit-elle en prenant son visage entre ses mains. Ces cauchemars, j’en ai presque plus et puis… il ne reflète en rien mon état d’esprit quand je suis avec toi. Lex, fit-elle en y mettant toute sa conviction, quand j’ai mal il me suffit d’évoquer ton image pour qu’aussitôt ça ailles mieux. Ne va pas croire que tu es aussi impuissante que tu sembles le penser, parce que c’est faux !

- Tia…, fit la petite blonde en secouant la tête.

- Non, Lex ! Je ne vais pas te laisser croire une stupidité pareille, bon sang ! Quand j’ai des cauchemars et que tu m’en tires, tes bras, ta voix, ta chaleur, tout ça, me ramène au présent avec une rapidité que je n’ai jamais eu. Et je me sens très vite si heureuse et en sécurité que je n’ai pas peur de me rendormir.

Une pause.

- Lex, il faut que tu comprennes. Avant toi, je ne dormais plus après mes cauchemars et ils étaient bien plus fréquents qu’aujourd’hui ! Lentement, mais sûrement, tu me guéris.

- Vraiment ?

- Oui !

C’était son but, celui qu’elle s’était fixée lorsque sa compagne avait commencé à lui raconter son passé, se souvint Lex. Guérir Tia quelque soit le temps que cela prendrait. Et ça marchait.

Puis elle repensa aux cauchemars récents de Tia, pendant sa maladie en Colombie et elle se souvint qu’elle n’avait rien pût faire pour la soulager. Peut-être était-ce dû en partie à la maladie mais comment en être sûr ?

Et si Tia, même si elle comprenait pourquoi, lui cachait des choses qui la faisait souffrir, comment allait-elle faire pour la guérir complètement ?

Lex se mordit la lèvre et lâcha :

- En Colombie… quand tu étais malade, je ne suis pas parvenu à te calmer.

Tia fronça les sourcils. De quoi parlait Lex ?

- Je ne comprends pas.

Lex eut un sourire tordu.

- Normal, t’étais dans les vapes.

- J’ai fait des cauchemars ?

- Tu en fais toujours quand tu es malade.

- Comment le sais-tu ? Excepté en Colombie, je n’ais jamais été malade.

Alexia eut un sourire moqueur.

- Tu oublis lorsque tes blessures s’infectent, parce que tu te prends pour superwoman.

Puis elle secoua la tête en soupirant.

- Tu as parlé d’un certain Ronin.

Tia se raidit aussitôt et lui jeta un regard alarmé.

- Et… qu’est-ce que j’ai dit ?

Lex haussa les épaules.

- Rien de précis. Tu hurlais surtout et… tu avais l’air d’avoir vraiment mal. Etait-ce… était-ce un autre Diego ?

Tia détourna le regard et déglutit. Ronin… Elle inspira et ferma les yeux. Elle avait si honte…

- Je… non, répondit-elle enfin.

Elle ouvrit la bouche, puis la referma et fixa le goudron à ses pieds.

- Je l’aimais, murmura-elle. Je l’aimais tellement…

Elle se tut et resta un long moment les yeux dans le vague. Une main douce se posa sur son bras et une voix, pleine d’amour retentit à son oreille, la sortant avec douceur de son cauchemar éveillé. 

- Tia ?

Tia cligna des yeux, se redressa et fixa sa compagne.

- Je n’ai même pas tremblé pendant cette plongée. Et j’en suis revenu très vite. Tu vois bien que tu me guéris, fit-elle avec un pauvre sourire.

Les yeux de Lex brillèrent doucement et elle pressa son bras.

- On n’est pas obligé d’en parler maintenant, dit-elle gentiment. D’autant que je ne sais toujours pas ce que tu as pu tirer de ce… type, fit-elle en retenant quelque chose de plus grossier a l’encontre du tueur.

Son expression à l’évocation d’Enrick, fit rire Tia et elle sortie de son humeur triste. Elle se leva et prit la main de sa compagne.

- On va régler ce problème et je te parlerais de Ronin.

- Et on retourne en Grèce, pour trouver ce vieux bonhomme bizarre aussi, n’oublie pas.

Tia leva les yeux aux ciels. Quand Lex avait une idée en tête…

- Je n’oublis pas. Viens rentrons. Se serait mieux de le faire à l’intérieur parce que quand Enrick va se réveiller, il va être furax. Et il y a toutes les chances qu’il me cherche dans toute la ville.

- Ah bon, pourquoi ? fit Lex en suivant sa femme dans leur chambre.

- Ben, disons que je l’ai assommé au mauvais moment, je dirais.

- Au mauvais moment ?

- Hum. Pour lui.

Lex fronça les sourcils puis son visage s’illumina sous la compréhension puis prenant une expression vengeresse, elle dit :

- Bien fait pour lui.

Tia rit et pressa ses lèvres contre les siennes avant de se dégager pour aller prendre une douche.

- Non, fit la petite femme, l’air farouche, en la retenant, je veux faire disparaître moi-même son odeur de toi.

Sur ces mots, elle poussa sa compagne sur le lit et rampa sur elle.

- Je veux que l’excitation que je vais provoquer noie totalement celle que je sens encore là, fit-elle en glissant sa main sous les vêtements et sur le sexe de Tia.

La grande femme inspira brusquement et un sourire satisfait naquit sur le visage sombre et déterminé de sa compagne.

- Je parie qu’il n’était pas capable de t’exciter comme ça, fit-elle tout contre les lèvres de Tia.

Tia ne dit pas un mot mais hocha la tête. Cette situation était dérangeante, mais elle comprenait la nécessité qu’avait Lex de se réapproprier son corps et ses réactions. Alors elle la laissa faire, et s’abandonna complètement à elle, se montrant plus vulnérable qu’elle ne l’avait jamais été, afin que Lex comprenne qu’elle n’appartenait réellement qu’à elle.

 

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Lorsqu’il se réveilla, sa respiration siffla, sa gorge était douloureuse. Quand à sa tête, elle pulsait si fort qu’il crut qu’il allait vomir rien qu’en ouvrant les yeux. Il gémit et mit une main devant ses yeux.

Il roula sur le côté en se prenant la tête entre les mains. Il tenta de se remémorer ce qui s’était passé et où il se trouvait. Cela prit plusieurs minutes. Il dû d’abord repousser la douleur et la nausée, et ce ne fut pas une mince affaire.

Puis tout lui revint, comme une claque en pleine figure. Il se redressa brusquement ce qui contracta brutalement son estomac et il n’eut que le temps de se pencher sur le côté avant de rendre sur la moquette.

Il reprit sa respiration lentement, puis se rassit et fixant le mur en face, laissa la colère l’envahir.

Elle s’était foutue de lui.

Il s’attendait à ce qu’elle essai de l’avoir, à obtenir plus que ce qu’il n’avait eu l’intention de donner, mais pas à ne rien recevoir. Pire… elle l’avait frappé et… se souvint-il, elle s’était moqué de lui juste avant de l’assommer.

Et elle l’avait mené si loin, si près de la jouissance, sans la lui accorder, qu’il était maintenant plus qu’extrêmement frustré. La tension dans son corps était puissante et lui donnait envie de tuer pour se soulager.

Mais il ne le ferait pas. Il n’était pas n’importe qui parmi les tueur à gage. Il était le fantôme. Le tueur a gage qui ne déviait jamais de sa destination, quelque soit les obstacles et l’implication. Quelque soit ses émotions. Rien ne devait primer sur le contrat.

Et bien qu’il en veuille énormément à la mercenaire, il devait reconnaître aussi qu’elle était incroyable.

Elle était bien plus intelligente que ce qu’il avait cru. Et bien plus sexy. C’était une adversaire à la hauteur et il était heureux d’avoir trouvé quelqu’un de sa valeur.

Mais ni sa colère due à sa frustration, ni son intérêt, ne le détournerait. Sa cible était Frédéric et il était plutôt évident qu’elle ne le mènerait pas à lui de son plein gré. Connaissant sa réputation, elle devait l’avoir planqué quelque part pour le rejoindre plus tard.

Il avait donc deux solutions.

Soit il la suivait en espérant qu’elle le mènerait bien à Frédéric, mais ça elle devait s’y attendre et ça risquait d’être encore plus difficile, d’autant qu’il n’avait pas la moindre idée sur où elle pouvait se trouver en cet instant.

Soit il utilisait le seul moyen de pression qui semblait fonctionner avec elle. Sa famille.

Sa femme et ses enfants étaient partit avec elle, mais elle avait aussi un oncle et deux cousines. Et pour ce qu’il en avait apprit, elle en était proche. Cependant ça aussi elle s’y attendait.

Mais il y avait aussi quelqu’un d’autre qu’il pouvait utiliser. Quelqu’un auquel aucune des personnes impliqué ne penserait et qui était pourtant l’appât parfait pour faire sortir Frédéric de son trou.

Une fois le contrat exécuté, il rendrait une visite amicale à sa si charmante nouvelle amie. Cette partie de ses projets ne pouvait être valable que si elle survivait au contrat. Mais bon, si elle succombait et bien… il lui rendrait hommage. C’était une adversaire de valeur.

Mais elle ne devrait pas avoir de mal à survivre. Elle était bonne et lui encore plus.

Et quelle nuit ils passeraient alors ! Il savait qu’il lui plaisait et saurait bien lui faire oublier qu’il était responsable de la mort de son tuteur. Après tout... ce n’était qu’un travail.

De ce point de vue là, elle était comme lui. Le boulot était le boulot. C’était une chose qu’il aurait dû prévoir. S’il l’avait fait, il ne se retrouverait pas avec un bleu de la taille d’une balle sur la gorge et une bosse comme un œuf sur la tempe.

Mais ça en valait la peine, songea-il en se levant prudemment. Rien que pour la voir nue. Et il avait même pût la toucher ! Alors il n’allait pas se plaindre.

Il se glissa dans la douche en souriant, un plan en tête et des souvenirs éblouissants pleins les yeux.

 

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Elles se réveillèrent à la nuit tombée, toute deux satisfaite et souriante. Alexia se blottit dans les bras de sa mercenaire, respirant avec délice leur mélange d’odeur et constata avec contentement qu’elle ne sentait plus du tout l’odeur d’Enrick.

- Et maintenant ?

Tia ouvrit deux yeux interrogateurs.

- Que va-on faire ? As-tu appris quelque chose d’utile ?

- Le nom du commanditaire.

Lex fronça les sourcils.

- Du commanditaire ? Je croyais que c’était Enrick ?

- Non. Lui c’est juste l’exécutant. Un tueur à gage, en fait.

Lex se redressa brusquement et la dévisagea bouche bée.

- Un tueur à gage ?! Je comprends mieux pourquoi tu pensais que la torture ne fonctionnerait pas.

- C’est pas tellement sa profession. Plutôt ce qu’il avait dans le regard.

Lex se rallongea contre elle et réfléchit.

- Je sais que ça ne me ressemble pas de proposer de torturer quelqu’un pour obtenir des infos mais… je ne le regrette pas.

- Peut-être, mais tu es aussi bien contente que nous n’ayons pas eut à le faire.

Lex ouvrit la bouche pour protester puis la referma. Tia avait raison. Elle soupira. Décidément, elle faisait une piètre mercenaire.

- Ne crois pas ça, répliqua la grande femme comme lisant dans ses pensées. Tu me rends meilleurs tu sais. Pour être un bon mercenaire, il n’est pas nécessaire de toujours devoir tuer ou faire souffrir.

- Mais c’est parfois inévitable, fit la petite blonde. Et parfois même nécessaire.

- Ca dépend des personnes à qui l’on a affaire. Et ce que l’on veut obtenir. Mais si on voir qu’il y a une autre solution…

- On doit la prendre, finit Lex. Je sais. Je suis désolée d’avoir suggérer le contraire.

- C’est toi qui m’a apprit ça Lex. Je n’ai donc pas vraiment prit ta « suggestion » au sérieux rassure-toi, répondit la grande femme en écartant une mèche de cheveux de son visage. 

 

 

Elles se sourirent.

- Et donc le nom de ce commanditaire ?

- Aniock Gretchev.

- tu le connais ? Moi, ça ne me dis rien.

- A moi non plus, mais ça doit forcément évoquer quelque chose pour Frédéric. C’est lui que nous devons trouver. C’est pour ça que j’ai laissé Enrick en vie.

Lex la dévisagea.

- Tu te fiche de moi ? Tia, c’est un tueur !

- Nous aussi, si on y réfléchit un peu. Et puis… il fait juste son travail, ajouta-elle en haussant les épaules. Il n’a rien contre nous. Le contrat stoppera à la seconde où le commanditaire décèdera.

Lex pinça les lèvres et déclara d’une voix neutre.

- Tu l’aimes bien.

Tia détourna le regard, mal à l’aise.

- Là, n’est pas la question, il n’est pas un danger pour nous.

- Non mais comment tu réfléchis ?! Tia, bon dieu, il va faire tout ce qui est en son pouvoir pour remplir son contrat ! On ne peut pas se préoccuper de lui en plus de partir à la recherche de Gretchev !

Tia la fusilla du regard.

- Tu penses toujours manifestement que j’ai fais ce que j’ai fait par plaisir et que ça a déformé mon mode de pensée.

Elle se redressa et s’appuya contre la tête du lit.

- Lex, j’aimerais une fois au moins que tu es confiance en moi, en ce qui concerne notre sécurité. Je ne vais pas la mettre en danger pour une vulgaire partie de jambe en l’air, bordel !!

- Alors quoi ?! Tu croises les doigts pour qu’il ne nous retrouve pas ?! C’est quoi ton plan ?!

- Il va se concentrer sur des moyens de pression, autrement dit sur ma famille. Je vais téléphoner à Karl et Enyalios pour qu’ils s’occupent de leur sécurité. Je vais aussi leur demander de garder un œil sur ton père et Linya et sa famille. Pendant qu’il sera occupé avec eux, on aura le champ libre pour trouver son client.

- Mais, bon sang pourquoi prendre un tel risque ?!

- Ce n’est pas si risquer que ça. Il va avoir du mal à les approcher. Ils sont constamment sous garde du corps et avec les renforts d’Enyalios et de Karl, ils seront encore plus intouchables.

 - Ca ne te ressemble pas Tia.

La mercenaire soupira.

- C’est... Lex, c’est juste… un travail qu’il fait. Comme nous. Entre nous, on ne se tue pas, tu le sais. Enfin… pas sans raison. Le code pour les tueurs à gage est le même.

- Mais pourquoi ?! C’est pas des gentils !

- Non. Ce ne sont pas des gentils ? Et c’est pour ça qu’avoir un allié dans ce milieu est important. C’est rare et précieux. Et ils peuvent être très utiles. Les tueurs à gage ne sont pas n’importe qui. Ils sont vraiment bons. Et avoir un pied dans leur place, peut nous éviter pas mal d’ennui.

- Oh, alors tu comptes garder ce type dans tes relations, c’est ça ?!

« Génial ! Songea la petite femme. Moi qui pensais pouvoir nous en débarrasser ! » Elle avait eut l’impression en les observant de voir un nouvel Enyalios. En plus bizarre ? Et ca ne l’enchantait guère.

Seulement elle devait convenir qu’elle avait raison. Un allié parmi ce milieu ne serait pas du luxe ! Elle soupira. Dès la fin de cette histoire, elle allait devoir marquer très nettement son territoire. Une fois de plus.

Elle posa un regard déterminé sur sa compagne.

- Quand tout ça sera finit, tu seras gentille d’organiser un nouveau mariage sur la propriété. On invitera cette fois, la famille et les amis. Et Enyalios et Enrick. Histoire de sceller notre nouvelle amitié, railla-elle.

Tia réprima un sourire et acquiesça.

- Ca me va. J’aime bien te voir en robe de mariée. Tu es très sexy… fit-elle d’un ton traînant. Tu remettras la même, hein ?

Lex rougit en imaginant la tête des parents de Linya s’ils la voyaient dans cette tenue.

- Heu… on verra.

Tia lui sourit, amusée.

- Et donc, là le plan c’est de rejoindre Frédéric ?

- C’est ça.

- Mais…. On ne sait pas où ils sont.

- Nous, non, mais Enyalios oui.

- Ok. On reprend le bateau ?

- Je te laisse le soin de réfléchir à ce qu’il convient le mieux de faire.

- V…vraiment ?

Lex était partagé entre excitation devant cette « promotion », joie devant la confiance de Tia et appréhensions à l’idée de faire les mauvais choix.

Elle se rallongea sur le dos et serra la main de la mercenaire. Et réfléchit.

 

Chapitre 7 :

 

Elles se retrouvèrent le lendemain matin à bord d’un avion privé, piloté par Lance. Alexia avait conclu que si Enrick décidait de les suivre, il n’aurait aucun mal à le faire avec le bateau et de toute façon, étant arrivé avec lui, repartir avec était trop risqué.

Elle avait alors téléphoné à Linya à partir du téléphone de l’hôtel, même si Enrick surveillait les appels, il savait déjà qu’elles étaient ici alors il n’y avait pas de risque. Evidemment, il ne faudrait pas traîner dès le combiné reposé.

Son amie avait été enchantée de l’entendre enfin. Elle s’était fait un sang d’encre pour tout le monde et même si elle savait qu’il devait y avoir une bonne raison pour qu’elles ne l’aient pas appelé, elle était inquiète. Elle n’avait pas cessé de se demander si elles devaient les faire chercher ou si elles seraient plus en sécurité si elle ne faisait rien.

Dans le doute, Linya n’avait rien fait, mais ça l’avait hautement contrarié et frustrée et elle ne se gêna pas pour le lui faire comprendre.

Lex la laissa faire, amusée et un peu soulagé de retrouver un semblant de normalité dans une vie qui était devenu bien chaotique. Se faire engueuler par sa meilleure amie était… reposant. Lex avait sourit avant de l’interrompre pour lui relater les évènements depuis le début et la raison de son appel.

De son côté Tia était sortie et s’était rendue vers la cabine téléphonique près de leur hôtel et avait téléphoné à Enyalios et Karl avant de se résigner à appeler son oncle. Pas de bol, la personne qui avait décroché était justement celle qu’elle souhaitait éviter.

- Allo ?

Tia avait grimacé.

- Lizzie ? C’est Tia. Ton père est là ?

Il y avait eut un blanc puis un cri d’orfraie qui avait failli lui percer le tympan et l’avait obligé à éloigner le combiné de son oreille en toute hâte.

- Tia ?! avait hurlé la jeune femme une seconde après. C’est vraiment toi ?!

- Oui, répondit la mercenaire un peu amusée de cette question enfantine.

- Ohbonsangdebordeldeputaindemerde !!!!!!! Tu es vivante !!!! Je savais que tu te ferais pas avoir comme ça, hein ?! Mais ca fait du bien d’avoir une confirmation !

Tia avait rit et Lizzie avait poursuivit :

- Alors qu’est-ce qui se passe ?! Ou tu es ?! C’est quoi tout ces morts au ranch ?! Tu vas bien ?! Et les jumeaux ?! Et Frédéric ?!

Tia nota qu’elle évitait délibérément de mentionner sa compagne et elle grimaça de nouveau. Depuis leur dispute le jour où Lex était partie chercher ses résultats, il y avait quelque chose de casser entre Lex et elle. Lizzie avait prit ses distance avec la petite blonde. Pourtant elles s’entendaient bien avant ça et Tia se sentait vraiment coupable de la dégradation de leur relation, même si Lex lui avait affirmé que ce n’était pas grave, que Lizzie était jeune et amoureuse et que ça lui passerait à son prochain béguin.

- On va bien, répondit-elle avant d’ajouter. Lex aussi.

Seul le froid lui répondit. Puis un glacial :

- C’est cool. Je vais te chercher papa.

Tia l’entendit reposer le combiner et elle se demanda si Lizzie aurait été heureuse, comme le laissait supposer sa réponse ironique et froide, s’il était arrivé quelque chose à Lex. Ca ne ressemblait pas à la Lizzie qu’elle connaissait cette attitude ouvertement méchante.

Lorsque leur vie reprendrait un tour plus calme, elle devrait se pencher sérieusement sur les fréquentations de sa cousine. Lizzie n’avait jamais souhaité de mal à Lex, qu’elle appréciait et envers qui elle éprouvait une reconnaissance sans borne pour l’avoir sortie de son enfer personnel. Mais à voir ses réactions actuelles, le temps où elle lui souhaiterait ouvertement du mal, ne tarderait plus. Et c’était assez perturbant.

Elle aimait beaucoup Lizzie et se sentait responsable de la situation dans laquelle elle était. C’était son rejet qui avait fait cela. Et quelque part, tout avait en fait commencé le jour où elle l’avait attendu dans la rue derrière le foyer en Italie. Lorsqu’elle avait joué de sa séduction pour l’obliger à la suivre. Elle n’aurait pas dû.

De même qu’elle n’aurait pas dû lui parler de leurs expériences communes aussi vite. Cela les avait rapprochés trop soudainement. Elle s’y était mal prise, était aller trop vite.

Mais il était trop tard pour y faire quoi que se soit et Lizzie était une adulte maintenant. Elle était à même de comprendre certaines choses. Il fallait juste que Tia les fassent entrer dans son crâne d’ado.

Finalement l’intégrer à la meute n’était peut-être pas une si mauvaise idée. Elle était toujours mal à l’aise avec ce concept et ce qu’il sous tendait dans les relations de ses membres mais parfois, pour certaines choses, il fallait passer outre.

En fait c’était le mot meute qui l’ennuyait. Les relations particulière entre elle et ses membres, ne la gênait pas tant. Elles allaient de soi pour elle. Frédéric et elle était tellement semblable dans leur façon d’envisager le monde et les gens que ça ne la gênait pas. Karl s’était extrêmement bien adapté. A lui aussi leur mode de communication et de vie particulier lui avait semblé normal, en conséquence, ce n’était pas ça qui l’ennuyait. 

Même si elle en adoptait le fonctionnement, Tia n’oubliait pas qu’ils n’étaient pas une vraie meute. Elle n’assimilait pas ses membres à de vrais loups. Frédéric si. Et si elle se sentait parfois louve, elle n’en était pas une à chaque minute de son existence. Et depuis qu’il s’était installé au Canada avec les jumeaux, Frédéric non plus, même s’il avait du mal à l’accepter.

Néanmoins, ce souci là était surtout d’ordre sémantique, étant donné que rien dans leur fonctionnement, exception faite de la hiérarchie stricte, ne la gênait ou la choquait. En fait, c’était l’explication qu’elle devrait en donner à Lizzie qui la mettait mal à l’aise. Entre elle, Frédéric et Karl, ca avait été naturel. Il n’y avait pas eu de mots sur les attitudes. Tout allait de soi. Là… il faudrait pointer les comportements, règles et attitudes et leur donner un nom.

Mais c’était une chose qui devait être faite.

Un cadre aussi ouvert et strict que l’était la meute, et qui lui donnerait le sentiment d’exister pour plusieurs personnes sans pour autant rejeter son côté noir, lui permettrait peut-être de s’accepter tel qu’elle était et d’aller de l’avant.

Le seul ennui était qu’elle devrait vivre au ranch quelque temps et si les relations entre Lex et elle, ne s’améliorait pas… ça n’allait pas être une cohabitation de tout repos. Mais peut-être pourrait-elle profiter de cette proximité forcée pour rappeler à Lizzie que Lex n’était pas son ennemie ?

Une voix grave ou perçait une note d’espoir, interrompit ses réflexions.

- Tia ?

- C’est moi, répondit la grande femme avec un sourire dans la voix.

- Dieu merci tu es vivante… souffla son oncle.

- J’ai survécu à Sassem, je ne risquais pas de me faire avoir avec un seul tueur à gage, railla-elle. Homme de peu de foi.

Il rit soulagé puis reprit :

- Un tueur à gage, hein ? Tu sais qui la engagé ?

- Oui. Et ne t’en fais pas je ne suis pas la cible.

- Qui alors ?

La réflexion fit sourire la grande femme.

- Tu me vois si dangereuse que dès qu’il y a un tueur dans les environs, il est forcément pour moi ?

- Eh bien… oui.

Tia éclata de rire.

- Ok. Je ne sais pas si je dois être flattée ou vexée.

- Flattée. Je pense que tu es excellente dans ta partie et que ça en emmerde plus d’un, répondit tout de go son oncle, amusé.

- C’est pas faux. Merci. Pour répondre à ta question, c’est après Frédéric qu’il en a.

- Oh. Hum. Je présume qu’on aurait dû s’y attendre, non ? Je veux dire, il a un passé plutôt chargé.

- Oui, mais on le pensait suffisamment bien cacher. Ceci dit après l’affaire Sassem, on n’aurait dû savoir que ça allait changer la donne.

- Tu sais donc quoi faire ?

- Pas encore. Je dois d’abord parler avec Frédéric. J’ai obtenu quelques infos intéressantes.

- Je peux t’aider ?

Tia réfléchit à la question et se dit qu’il pourrait avoir un éclairage différent étant donné sa position dans les affaires.

- En fait, oui. J’aimerais que tu te renseignes, mais discrètement, sur un certain Aniock Gretchev.

- Ce nom me dit quelque chose, murmura-il en réfléchissant.

- Excellent. Ca doit vouloir dire qu’il est connu. Et s’il est connu, aucun souci pour lui mettre la main dessus !

Tia était plus que satisfaite. Elle allait bientôt pouvoir mettre un terme à cette histoire stupide.

- Probablement, acquiesça Gin. Je vais me renseigner. Comment puis-je te joindre ?

- Tu ne le fais pas. C’est moi qui m’en occupe.

- Très bien. Pour quand as-tu besoin ?

Tia se mordit la lèvre en réfléchissant.

- Deux jours ça irait ?

- Pas de problème. Autre chose ?

- Oui. Le tueur à gage pourrait s’en prendre à vous pour faire pression sur moi. Il faudrait que vous soyez plus prudent que d’habitude. Karl, arrivera bientôt avec des hommes à lui. En fait ça m’arrangerait si vous restiez aux Etats-Unis et sous leur protection, le temps que je règle cette histoire.

- Ca va être difficile Tia. J’ai des réunions importantes en Afrique et en Australie et Trinity doit m’accompagner. Ceci dit je veux bien qu’ils nous suivent. Et nous ferons tout ce qu’ils nous demanderont, ça te va ?

- Moi, je m’en fiche, c’est vos vies qui sont en jeu. 

Gin ne dit rien. Il était toujours un peu choqué par la brutalité de sa nièce, même s’il la comprenait. Il soupira.

- Ok, écoute je devrais pouvoir en reporter une au mois prochain, mais pour l’autre…

- C’est déjà ça. J’ai demandé à Enyalios de vous trouvé un garde-fou en sous-marin. Il te suivra sûrement dans tes déplacements.

- Ah, eh bien… merci.

- De quoi ? Ironisa la grande femme. De toujours vous mettre en danger ?

- Tia, tu n’y ais pour rien.

- Bien sûr que si. Enfin, ça ne sert à rien d’en discuter alors passons, ok ?

- OK. Est-ce qu’Enyalios pourrais mettre quelqu’un aussi pour Lizzie ? Elle plutôt du genre incontrôlable en ce moment et je doute qu’elle veuille suivre les recommandations du FBI.

- C’est prévu.

- Et tu as pensé à cette charmante Linya ?

Le ton désuet et l’ouverte admiration de son oncle pour la meilleure amie de Lex amusèrent Tia. Son oncle avait un gros béguin pour Linya et celle-ci n’y voyait rien du tout. C’était assez amusant à observer. D’autant que la différence d’âge n’était pas flagrante, son oncle étant plus que bien conservé.

- Ne t’en fait pas, Karl et Enyalios s’en chargent aussi.

- Oh. Enyalios se charge de Linya en personne ? Interrogea son oncle l’air de rien.

Tia failli ricaner. Il n’avait rien à craindre du mercenaire. Ces deux là avait déjà consommé ce qu’il y avait à consommer trois ans auparavant. Quoique… en y réfléchissant… possible qu’ils remettent le couvert à chacune de leur rencontre.

Hum… mieux valait ne rien lui dire, même si rien de durable n’arriverait jamais entre eux.

- Je ne sais pas. Mais elle sera sous bonne garde.

- Hum. Bien. Donc tout est sous contrôle ?

- C’est ça. Et… heu comment va Trinity sinon ?

Elle prenait rarement des nouvelles des gens. Si elle n’apprenait pas qu’ils étaient morts, c’est qu’ils allaient bien. Seulement Lex lui rabâchait tout le temps que les gens normaux n’attendait pas d’avis de décès pour s’enquérir de la santé et du bien-être des personnes qu’ils aimaient, alors Tia avait finis par faire des efforts, mais c’était si étranger à sa personne qu’elle était toujours mal à l’aise.

Gin sourit. Il avait été très surprit la première fois qu’elle avait prit des nouvelles comme n’importe quel personne civilisé, mais maintenant il était juste amusé par son malaise.

- Bien. Elle est très contente de ses nouvelles fonctions. Je lui donne plus d’autonomie et ce afin qu’elle me remplace le jour venue et cela la ravie.

- Oh. Bien. C’est cool.

Il sourit un peu plus.

- Tu veux lui parler ?

- Oh non ! Répondit précipitamment la grande femme, pas la peine ! Je… si elle va bien, c’est cool.

- Ok. Elle va être triste d’avoir manqué ton appel.

- Oh, Heu… vraiment ? C’est… heu… il faut pas, bredouilla-elle.

Gin réprima un éclat de rire.

- Les jumeaux vont biens ? fit-il en ayant pitié d’elle.

- Ouais. Heu… en fait Len à un chagrin d’amour. Et heu… ben, je sais pas comment gérer ça.

- Tu en as parlé avec Alexia ?

- Oui et elle lui a parlé, mais il est toujours aussi malheureux.

- C’est normal. Ca lui passera. Laisse faire Lara. Elle sait ce que c’est elle.

- Comment ça ? fit-elle en fronçant les sourcils.

- Et bien… je parle de David bien sûr.

- David ? Son ex ?

- Oui.

- Elle a pleuré pour lui ? s’exclama incrédule la mercenaire.

- Tu ne le savais pas ?

- Elle… non.

- C’est bien la fille à sa mère, marmonna-il avant de reprendre plus haut. Ne t’en fait pas pour Len. Lara s’en ai remise, enfin plus ou moins. Il le fera aussi.

- Dis donc on dirait que tu lui parles souvent à ma fille, répliqua Tia mécontente d’en savoir aussi peu sur elle.

- Elle me téléphone toute les semaines en général.

Tia fixa le combiné du téléphone, abasourdie.

- De toute évidence tu n’en savais rien, railla le grand homme.

- Et ça t’amuses, grommela-elle.

- Eh bien oui, fit-il avec un petit rire. Il n’y a pas mort d’homme, chérie. Et elle droit à son jardin secret. Elle ne veut pas que tu la voie comme une petite chose faible, ajouta-il après un silence. Elle t’admire plus que tout tu sais. Et ne souhaite rien tant que d’être à ta hauteur. D’où le fait qu’elle ne te parle pas de ses chagrins.

Tia allait de surprise en surprise et elle se demanda vaguement s’il y avait d’autre chose qu’elle ne savait pas sur ses enfants.

- Si tu le dis, soupira-elle un brin agacée.

- En dehors de Len, tout va bien alors ? fit-il en souriant devant sa mauvaise humeur.

- Eh bien…

L’humeur de Tia changea du tout au tout et elle se dandina sur place.

- Lex et moi… on s’est mariée.

Le silence qui suivit aurait pût enterrer un éléphant tant il fut pesant.

- Mariée ? répéta son oncle.

- Hum. Oui.

- Mais… comment avez-vous fait ?!

Il était stupéfait.

- Heu… eh bien c’est assez compliqué et… enfin bref, Lex y tenait vraiment et…

Tia reprit sa respiration et se calma.

- Mais ne t’en fais pas on se remariera à notre retour. Lex veut qu’on le fasse plusieurs fois. Et cette fois on vous invitera. Je… heu… suis désolée. Je… on ne voulait pas vous exclure, mais... eh bien les choses étant ce qu’elles étaient, on heu… ça nous a sembler la chose à faire sur le moment.

- Ok, ok, Tia, calme-toi. Y’a pas de problème. Je comprends. Vous avez eu votre petite escapade amoureuse.

Tia soupira de soulagement.

- Et Trinity ? Elle ne va pas m’en vouloir ?

- Si vous vous mariez à votre retour, et qu’elle est invitée à ce moment là, il n’y a pas de raison, qu’elle apprenne que ce n’est pas le premier, déclara-il en souriant.

- Cool…

Maintenant que tout les sujets difficile était passée, Tia avait l’impression d’être aussi légère qu’un ballon d’hélium.

- D’autres nouvelles ? l’interrogea son oncle.

- Non, non, c’est tout. Enfin…

Elle avait hésité. Elle voulait lui parler de sa rencontre étrange avec la louve et de ce qu’elle ressentait depuis. Il l’avait toujours écouté avec attention et elle savait qu’il ne la prendrait pas pour une folle et qu’il ne la jugerait pas.

- Oui ?

Mais elle renonça.

- Non, rien.

C’était quelque chose qui n’appartenait qu’à elle et Lex. Elle le sentait. C’était… leur histoire. Que toute cette folie soit vraie ou une vaste hallucination dont elle et Lex seraient les victimes n’y changeaient rien.

Cette histoire était la leur et ne regardait personne d’autre.

- Bon, alors, puis-je t’exhorter à être prudente et à faire bien attention à ta nouvelle petite femme ?

Les expressions désuètes qui émanaient parfois des discours de son oncle faisaient toujours monter un sentiment d’affection puissant en elle. Il essayait de s’en défaire lorsqu’il était avec elle, parce qu’il avait remarqué combien leur différence d’éducation la mettait mal à l’aise et qu’il ne voulait pas qu’elle se sente déplacer à ses côtés, mais il n’y parvenait pas toujours et lorsque c’était le cas, elle voyait ses efforts et cela la touchaient.

- Je ferais attention, dit-elle gentiment. Quand à ma femme, elle est la chose la plus précieuse dans mon existence et je la garde toujours à l’œil.

- J’en suis sûr, répondit-il avec bienveillance. Au fait, les jumeaux étaient là à votre mariage ?

- Oui. Et ils étaient ravis pour nous. C’était nos témoins.

- Lara à dû être soulagée, acquiesça-il.

- Heu… oui, peut-être.

Tia était un peu perdu en ce qui concernait les états d’âmes de sa fille et cette conversation avait au moins eut l’avantage de lui faire prendre conscience qu’elle était loin d’être aussi proche de sa fille qu’elle l’était de son fils.

Une chose à laquelle elle devrait remédier sitôt rentré. Même si elle ne savait pas encore comment.

- Bon alors je t’embrasse, jeune fille.

- Hum. Heu…oui. Moi, aussi. Salut.

Tia raccrocha avec le sentiment d’embarras habituel. Je t’embrasse. Etait-il toujours obligé de dire ça ? Et pourquoi devait-on toujours saluer quelqu’un quand on a finit de parler ? C’est idiot. On ne recommençait pas la conversation, on la terminait !

Tous ces salamalecs étaient une énigme sans aucun sens pour elle. Mais Lex lui disait que c’était « normal ». Alors elle s’y pliait. Mais ça restait bizarre pour elle.

Elle fit demi-tour et regagna leur chambre en respirant l’air doux de ce début de soirée. Lorsqu’elle entra dans la pièce, Lex était toujours pendu au téléphone en pleine conversation que Tia qualifiait de « filles » avec un amusement condescendant.

Elle s’attarda un long moment dans l’entrée, appuyé contre la porte, à contempler la splendeur dorée du corps nue de sa femme. Elle sentit une flamme s’éveiller dans son bas-ventre, mais la réprima, ce n’était pas le moment.

Ceci dit, sa femme était vraiment à tomber et elle resta encore à sa place un long moment. Lorsqu’enfin celle-ci s’avisa de sa présence et croisa son regard intense et assombrit par un désir flamboyant, sa gorge s’assécha instantanément.

C’était fou le pouvoir que Lex avait sur elle.

Elle vit le désir assombrir à son tour les yeux verts mais comme elles savaient toute deux le moment mal choisit, elles rompirent le contact et Lex reprit sa conversation la voix rauque pendant que Tia s’asseyait sur le bord du lit et posait son ordinateur sur ses genoux. 

Elle l’alluma et passa la demi-heure suivante à pirater toute les caméras des boutiques et commerces qui faisaient face au café où elle et Enrick s’était rencontrés. La plupart n’était pas en réseau et tournait de façon totalement indépendante. Elle ne pût donc rien obtenir d’elles. Mais elle eut plus de chance avec celles en réseau.

Elle réussit à avoir un cliché parfait du visage d’Enrick et un autre un peu plus floue, mais de bonne facture de sa personne entière.

Satisfaite, elle ouvrit un nouveau dossier dans lesquelles elle les mit, ainsi que tout ce qu’elle avait glané sur lui, comme infos et ses impressions. Elle intitula le dossier : Fantôme. De son nom de codeæ.

Elle n’avait pas de preuve que le fameux fantôme soit effectivement Enrick, mais tout ce qu’elle avait apprit sur lui, ainsi que ses propres déductions l’y conduisaient. Elle sourit en refermant son ordinateur. Le fantôme n’était plus si inconnu que ça, finalement.

Et il ne le savait même pas. Ce qui faisait qu’elle avait un avantage sur lui. Un moyen de pression.

Plus que quelques infos à réunir et… elle obtiendrait de lui tout ce qu’elle souhaitait. Y comprit le rejet du contrat pour le cas improbable où elle ne pourrait mettre la main sur Aniock.

Pour un tueur à gage, son identité et sa réputation était vital. Si elle menaçait l’un ou l’autre, voir les deux… il ferait ses quatre volonté. En menaçant son identité, elle pouvait l’obliger à lui donner son aide pour accéder à Aniock et ainsi ne pas ternir sa réputation en faisant de Frédéric son premier contrat raté.

Mais ça, c’était un dernier recours. Si elle le pouvait, elle garderait toute ces infos au chaud pour un autre jour. Une autre affaire.

Il allait regretter de l’avoir rencontré. Bien plus qu’a son réveil, sourit-elle.

En entendant le babillement s’éteindre enfin, Tia se retourna vers sa compagne.

- Tu es ok ?

La petite blonde hocha la tête.

Le lendemain matin, elles étaient dans l’avion qui les ramenait vers les jumeaux et Frédéric.

 

Chapitre 2 :

 

Une semaine plus tard, ils arrivèrent au point de contact avec Enyalios. La lune éclairait les flots sombres et Tia se demandait quand son ancien mentor arriverait enfin. Elle vérifia une fois de plus l’heure, minuit et demi et soupira.

Elle s’adossa à son siège et releva un pied chaussé de ranger qu’elle appuya contre le rebord du tableau de bord et fit un tour d’horizon attentif. Toujours rien. Elle espéra qu’il se dépêcherait. Elle avait eu une discussion houleuse avec Frédéric et si elle ne doutait pas qu’il ferait ce qu’elle attendait de lui, elle préférait qu’il débarque avant qu’il ne trouve un nouvel argument à lui opposer.

Alexia avait eu raison de douter. Elle avait vraiment eu du mal à le convaincre. Au final elle avait dû lui en donner l’ordre, chose qu’elle avait esperé plus que tout, éviter.

Elle et lui avait une relation spéciale depuis leur première rencontre. Ils étaient de la même espèce, de même nature et d’un caractère semblable. Il était un loup solitaire qui en avait beaucoup vu et fait encore plus lorsqu’elle était arrivée au camp pour la première fois. Il avait tout de suite reconnu la lueur dans ses yeux. La même que la sienne.

Et le loup solitaire avait pris le louveteau qu’elle était alors sous son aile, intégrant ainsi le premier membre à sa meute.

Lorsqu’ils s’étaient enfuis, ils avaient trouvé un ranch tranquille et isolé dans un coin du Canada où Sassem ne viendrait pas les chercher. Là-bas, ils n’étaient ni cachés, ni à la vue de tous. C’était parfait. Après deux mois, il avait fait venir Karl au Ranch. Karl avait 25 ans à l’époque, il venait d’intégrer l’école du FBI et s’il n’ignorait pas que son « père » et bienfaiteur avait fait des choses illégales, il fermait délibérément les yeux.

Frédéric voulait que Karl reste quelques temps au Ranch et fasse connaissance avec Tia, alias She-wolf, la louve, comme il la nommait à l’époque. Karl lui devait tant et Tia était dans un tel état, qu’il n’avait pas hésité une seconde.

Il avait confié un jour à Tia qu’il avait senti que les relations entre elle et son père étaient différentes. Ils communiquaient sans parole, se comprenaient sans se regarder et il avait compris ce qu’ils formaient, lorsque son père avait appelé She-wolf, petite louve sur trois pattes. Car elle était si abîmée à son arrivée, mentalement surtout, qu’elle ne marchait pas droit.

Ils étaient une meute, une meute, comprit-il un jour, qu’il avait intégrée. Il savait bien que ce n’était pas parce qu’il était de leur espèce. Mais il pensait que c’était en partie dû à son acceptation de leur mode particulier de vie, auquel il s’était adapté au point de le partager. Il l’avait appelé louveteau. Et aujourd’hui encore, malgré ses 41 printemps, ils l’appelaient toujours ainsi.

Il était de leur bord, mais ne serait jamais un vrai loup. Ce qu’ils avaient fait, et étaient encore capable de faire, lui ne le pourrait jamais. Mais il les couvrait, car aussi bizarre que cela puisse paraître aux yeux du monde, cette meute, sa famille, était prioritaire sur tout. Y comprit lui même.

Lorsqu’il était plus jeune, Frédéric était l’alpha et même s’il était plus vieux que la jeune fille blessée d’alors, il avait reconnu en elle le prochain de chef de meute. Il n’avait jamais remis cette hiérarchie ou ce mode de vie si particulier. Quelque part, il avait pensé et pensait toujours que c’était un mode plein de bon sens, bien meilleur que ceux que créaient les êtres humains.

Les loups ne vivaient que pour la meute et la famille qu’ils se créaient à l’intérieur. Ils restaient fidèles à leur partenaire toute leur vie. Réglaient les conflits avec rapidité et efficacité. Ils étaient capables de donner leur vie pour leur famille ou leur meute, sans se poser des milliers de questions. Le courage faisait partie intégrante de ce qu’ils étaient, de même que la survie en toute circonstance.

Ils ne tuaient pas pour le plaisir. Ne connaissaient pas la cruauté ou l’abandon. Ils ne connaissaient pas l’ambition ou la corruption. Ils ne connaissaient pas l’hypocrisie ou le mensonge. Leur mode de communication était subtile et pourtant très clair. Et ils chantaient…

La première fois que son père l’avait emmené dans une réserve, il avait eu peur lorsque les loups s’étaient mis à hurler. Frédéric avait ri et lui avait dit d’écouter plus attentivement. Il l’avait fait. Et il avait entendu.  Les loups chantaient. Ils hurlaient dans une communion d’esprit rare même chez les humains. Et c’était incroyable.

Leur mode de vie était beaucoup plus simple que celui des humains et Karl avait trouvé naturel et reposant de s’y intégrer.

Karl était très fier de son travail et des valeurs qu’il défendait. Pourtant il n’hésiterait pas une seconde à tout laisser tomber pour cette meute qui l’avait accueilli avec tant de naturel. C’était idiot mais c’était une vie qu’il chérissait plus que celle parmi ces êtres humains qui se disaient civilisés.

Un loup parmi les hommes. C’était ainsi qu’il avait toujours vu Frédéric, puis Tia. Et c’était ainsi qu’il se considérait.

Même lui, tout louveteau qu’il était, avait senti lorsque le pouvoir avait changé de main dans la meute. C’était juste après l’accouchement de Tia. Elle s’était éveillée un matin avec une rage qui avait automatiquement fait d’elle le nouvel alpha. En conséquence, et malgré ses 17 ans, Frédéric l’avait laissée partir lorsqu’elle l’avait exigé.

Il avait seulement demandé à Karl de veiller sur elle de loin, par l’intermédiaire de son nouveau travail. Ce qu’il avait fait. Après tout c’était son alpha et un loup protégeait toujours son alpha.

Tia avait toujours était consciente de sa place parmi eux, mais n’avait jamais exercé son pouvoir. Jusqu'à hier. Elle n’aimait pas la place qu’on lui avait attribuée, même si elle reconnaissait être la dominante de leur petit groupe.

Lorsqu’elle avait ordonné à Frédéric de débarquer avec les jumeaux, il avait cédé mais il l’avait fusillé du regard et elle en avait tressailli intérieurement. Il ne l’avait jamais regardé ainsi. Elle se sentait coupable, même si elle savait que sa décision était la bonne.

C’était vraiment galère d’être chef. Elle soupira et vérifia encore une fois les alentours. Mais qu’est-ce qu’il foutait bon dieu ?!

Enfin un bruit d’éclaboussures retentit à l’arrière du bateau et Tia se leva d’un bond. Elle descendit l’échelle en glissant et rejoignit le plongeur qui s’extrayait de l’eau. Elle l’aida à retrouver son équilibre et le débarrassa de ses bouteilles.

Il retira son masque et son tuba et sourit de toutes ses dents.

- Salut beauté, fit-il de sa voix de basse.

Tia ne put s’empêcher de lui rendre son sourire. Il avait toujours eu cet effet sur elle.

- Salut. Attends-moi là, lui dit-elle en déposant ses bouteilles, je vais chercher tes passagers.

Il hocha la tête et laissa son regarda errer sur le corps superbe qui s’éloignait. Elle avait les fesses les plus sexy qu’il lui avait été donné de voir. Et il en avait vu un sacré paquet !

Tia fit le tour du bateau et rejoignit l’avant. Elle descendit l’escalier et déboucha dans le vaste salon qui faisait un bon tiers du bateau à lui seul. Frédéric était dans un des fauteuils en cuir et les jumeaux jouaient à leur console portable sur le canapé. Alexia sortit de la cuisine à ce moment là et elle lui fit signe de s’asseoir.

Tia s’installa dans le second fauteuil en cuir et Lex s’assit sur son accoudoir. Elle inspira et se lança :

- Enyalios est arrivé, fit-elle et Tia vit combien la nouvelle semblait réjouir sa fille. Voilà ce que vous allez faire. Vous allez tous revêtir vos combinaisons de plongée et le suivre. La nage en elle-même ne devrait pas durer plus de deux heures. Vous grimperez ensuite dans un chalutier qui doit accoster au Cap demain matin. En échange de l’entrée en douce, vous devrez aider le capitaine du bateau jusqu’à son départ.

- Quoi ?! S’exclama Lara. On va devoir jouer les pêcheurs ? fit-elle d’un air dégoûté.

- Oui, Lara, répondit calmement sa mère. Et vous allez devoir être convaincant qui plus ait. Après ça, vous rejoindrez la maison qu’Enyalios vous désignera. C’est une de ses planques. Je ne sais pas où elle se trouve et c’est mieux comme ça. Vous y resterez que vous vous ennuyez ou pas, m’importe peu, l’essentiel à ce stade est la sécurité. Si vous faites tout ce qu’Enyalios vous demande de faire, alors tout ira bien.

- Et toi et Lex ? interrogea Len.

- On s’occupe d’Enrick. Une fois le problème réglé on vous récupère. Tout est clair pour tout le monde ?

- Génial, grogna sa fille. Alors on va d’abord jouer les joyeux esclaves et après on va s’amuser à être des petits Casper, c’est de mieux en mieux…

Tia réprima un sourire. C’est fou ce que par moment sa fille pouvait ressembler à Lex ! Elle se leva en prenant la main de sa femme et se pencha vers elle.

- Tu t’occupes de les aider à s’habiller ? Je vais parler à Enyalios.

Lex hocha la tête et profita de leur proximité pour déposer un baiser sur les lèvres tendres de sa compagne. Elle se recula, non sans avoir lécher les dites lèvres au passage, d’un lent mouvement sensuel, qui alluma une lueur reconnaissable entre mille dans les yeux bleus de Tia.

- Plus tard, murmura-t-elle comme une promesse, plus tard…

Et elle relâcha la main de sa femme en suivant les jumeaux dans l’escalier. Tia admira les jambes nues qui disparaissaient à sa vue avant de s’ébrouer et de les suivre à son tour.

Elle prit Enyalios à part et déclara tout de go :

- Tu as dû remarquer comment Lara te regarde.

Un peu prit au dépourvu, le mercenaire cligna des yeux avant d’acquiescer.

- Très bien, alors que les choses soient claires. Tu peux avoir toutes les femmes que tu veux exception faite de Lara.

Enyalios plongea son regard dans celui déterminé et mortellement sérieux de son ancienne élève. Il hocha lentement la tête.

- Tu sais que je ne ferais rien pour te déplaire, dit-il gravement.

Elle haussa un sourcil sceptique ce qui le fit sourire.

- Ok. Disons que je ne ferais rien qui me vaudrait un arrachage prématuré de ce qui me rend si fier.

La répartie la fit rire. Elle secoua la tête.

- Alors on est d’accord ? Quand bien même elle se jetterait à ton cou, tu ne céderas pas ?

- Tu me prends pour qui ? fit-il faussement vexé. Je n’couche pas avec les bébés !

Nouveau haussement de sourcils sceptiques. Il secoua la tête en riant et leva deux mains innocentes.

- Ok, ok, j’avoue ! Je te jure, fit-il plus sérieusement, que je ne toucherais pas à un cheveu du corps de ta fille.

Ils se dévisagèrent longtemps puis se sourirent. Enyalios se pencha vers elle et murmura d’une voix sexy:

- Et puis que ferais-je de la fille, quand je peux avoir la mère ?

Tia eut un mouvement de recul léger. Elle ne s’attendait pas à ça.

- Enyalios, commença-t-elle un peu embarrassée, je ne suis pas libre.

Il haussa les épaules.

- Pour l’instant.

Tia le dévisagea puis leva sa main droite.

- Pour toujours.

Le mercenaire fixa la bague qu’il voyait miroiter dans les rayons de lune et ne parvint pas à y croire.

- Tu… tu t’es mariée ?! S’exclama-t-il après un silence lourd et choqué.

Tia hocha la tête en rougissant un peu. Enyalios la dévisagea. C’était impossible. Tia ?! Mariée ?! Elle était comme lui ! Elle ne pouvait pas se marier ! Il avait toujours cru que la grande femme qu’il admirait depuis toutes ces années était comme lui, que son « couple » avec la petite blonde n’était qu’une lubie passagère.

Mais de toute évidence il s’était planté.

Il s’appuya au bastingage un peu découragé. Il avait toujours eu un faible pour elle. Et il savait qu’il avait été le seul homme de sa vie. Après lui, il n’y avait eu que des femmes dans sa vie. Et ça associé au fait qu’elle était sa plus longue relation, même si celle-ci avait été en dents de scie, n’étant pas particulièrement fidèle, il s’était toujours imaginé pouvoir la récupérer.

Il pensait dur comme fer qu’elle était faite pour lui. Elle était la seule pour qui il était prêt à abandonner son mode de vie papillonnaire. La seule qui lui en avait donné l’envie.

Il ne savait pas s’il aurait tenu, mais… il aurait essayé. Pour elle il aurait essayé. Il attendait juste qu’elle soit prête à revenir vers lui.

Bon sang.

Il avait pourtant été son seul homme. Ca devait bien vouloir dire quelque chose, non ?! Il releva la tête et l’observa. Il avait probablement trop attendu. Le coche était passé et elle ne l’avait pas attendu.

Il était déçu. Et triste. Vraiment. Mais aussi heureux. Elle avait l’air si sereine, si satisfaite. Elle n’avait pas de doute. De regret. Ce mariage avec cette petite blonde était ce qu’elle souhaitait vraiment. Et lui souhaitait vraiment qu’elle soit heureuse. Elle en avait tellement bavé.

Il soupira et passa une main dans ses cheveux mi-longs. Et lui tendit la main.

- Félicitations, fit-il avec un grand sourire. J’espère qu’elle te rendra heureuse.

- C’est déjà le cas, fit la grande femme soulagée qu’il approuve.

« J’en suis sûr » songea-t-il avec un brin de jalousie. Puis il réfléchit et son sourire s’agrandit. Elles étaient mariées ok. Mais rien ne lui interdisait de jouer un peu. Alexia était d’une jalousie mortelle. Il avait bien vu qu’elle ne le supportait pas. Sûrement parce que comme lui, elle savait qu’il était le seul homme que Tia ait jamais eu et que cela signifiait quelque chose pour la grande femme. Venant de lui, un rien excitait sa jalousie.

Ragaillardi, il se dit qu’il allait bien s’amuser à la prochaine réunion de famille !

Tia et Alexia firent leur adieux aux jumeaux puis à Frédéric et Tia fut surprise et soulagée lorsqu’il la prit dans ses bras et la serra à l’étouffer.

- Fait bien attention à toi, She-wolf. Je suis trop vieux et trop fatigué pour te remplacer.

Elle l’avait dévisagé les yeux écarquillés. Et avait hoché la tête.

- A ton retour, il faudra songer à agrandir la meute, fit-il en désignant Lex d’un signe de tête.

Tia hésitait à intégrer sa compagne et Frédéric le sentit.

- Elle n’a pas l’âme d’une chasseresse, malgré toutes ses qualités, fit Tia en soupirant.

- Mais pour défendre sa famille elle sera prête à tout. N’est-ce pas à ça que l’on reconnaît un bon loup ? Et la survie ça la connaît.

Tia fronça les sourcils et s’apprêta à protester.

- Elle a survécu à deux enlèvements, la coupa Frédéric. Dont un avec tortures. Elle n’a pas flanché. Ca l’a endurcie sans la détruire, ni même l’abîmer. Elle a tout ce qu’il faut pour faire un bon loup. Pense-y.

Tia hocha de nouveau la tête en regardant sa compagne d’une autre façon.

- Et Lizzie aussi, ajouta-t-il, attirant de nouveau son attention. J’ai entendu dire qu’elle ne fréquente pas les bonnes personnes. Elle est paumée Tia et avec son caractère ce n’est pas étonnant. Elle a besoin d’un cadre comme le nôtre pour s’épanouir. Un cadre où elle serait libre tout en étant obligée de suivre certaines règles. Elle a besoin de se sentir appartenir à quelque chose et c’est une louve Tia. Elle ne s’intégrera pas à leur monde, même si elle a essayé.

Une pause puis il reprit, un ton urgent dans la voix.

- Elle a survécu. Seule. Elle a tué. Seule. C’est une louve solitaire, elle en a l’instinct de la chasse et de la survie. Mais pire, Tia, c’est une alpha et si elle n’est pas rapidement dominée par la bonne personne, elle va s’égarer. Dans un monde moins civilisé, ça n’aurait pas eu autant d’importance, mais là, elle est obligée de réprimer tout ce qu’elle est, tout ce qu’elle a été.

- Et tôt ou tard, elle va exploser, finit la grande femme à voix basse.

Elle soupira puis acquiesça.

- Très bien. Je lui parlerais après toute cette histoire. Mais tu sais ce que ça signifie, non ?

- Qu’elle va devoir vivre avec nous un certain temps, acquiesça-t-il.

- Ok, si tu n’es pas contre, alors que puis-je dire ? Sourit-elle. Tu as d’autres suggestions de membres ?

Il releva la tête et fixa les jumeaux. Ti suivit son regard et son visage se ferma.

- Pas question.

- Tia, commença-t-il.

- Non. Pas question. Ils n’en ont pas l’instinct. Pas la force, ni même le caractère. Ils sont parfaitement intégrés.

Frédéric haussa un sourcil railleur.

- Pas l’instinct ? Tia, ils ont le tien associé à celui de leur père. Tu les as vus se battre, non ?

Mais la grande femme continuait de secouer la tête.

- Je ne dis pas qu’ils sont des alphas, mais ils sont loups, ça, ça ne fait aucun doute. Tia, fit-il en la prenant par les épaules. Ils ont ta force, ta volonté et ta farouche compassion envers le monde.

Là, Tia ouvrit de grands yeux.

- Attends une seconde où as-tu vu que j’étais compatissante ? Et sans vouloir te vexer, il ne faut pas se leurrer, Lara se fout complètement de ce qui n’est pas elle.

- Elle est jeune, mais de toute façon tu te trompes. Toi, Len et Lex, vous êtes tout pour elle. Elle ferait n’importe quoi pour vous. De tes deux enfants, c’est elle qui te ressemble le plus. Elle a ton instinct de combattante, ta force morale et ton inébranlable assurance. Alors oui, elle joue aussi les enfants gâtés et parfois capricieuse et foncièrement égoïste, mais ça lui passera avec l’âge. Elle possède ton intelligence et ta capacité d’adaptation. Len… Len a ton goût des combats et il est plutôt bon pour ça, mais il est loin d’être au niveau de sa sœur. Il n’accorde pas autant d’importance que toi à la stratégie. De ce point de vue là, il ressemble plutôt à Enyalios. Et il s’adapte plus difficilement aux changements. Tout comme Lara, l’âge lui apprendra la patience et l’importance de faire profil bas. Mais il est loup Tia. Notre mode de communication ils s’y sont adaptés très facilement et tu sais comme moi, qu’ils le trouvent plus logique que celui prôné par les humains. Ils ne leur manquent que les règles. Et le nom, ajouta-il après un instant.

- Parfois, fit la grande femme, je t’écoute et j’ai vraiment l’impression de voir un loup. Un loup dans la peau d’un homme.

- C’est ce que je suis, ce que nous sommes Tia. Dieu c’est juste trompé en nous donnant nos corps actuels. Mais c’est ce que nous sommes.

Tia soupira. Elle était bien souvent partagée entre sa nature profonde d’animal épris d’une liberté que l’être humain ne possédait pas malgré tout ce qu’il croyait, et son envie intense de faire totalement partie du monde des hommes.

« C’est sûrement ce que Moogli ou Tarzan ont ressenti lorsqu’on les a obligés à revenir parmi les « leurs » »songea-t-elle incongrûment. Cette réflexion la fit sourire. C’était des personnages fictifs, qui représentaient pourtant le désir le plus caché de l’être humain. Son envie déchirante d’être aussi libre qu’eux. S’intégrer à une vie qui leur paraissait plus naturelle que la leur.

Peut-être Frédéric n’avait-il pas tout à fait tord finalement ? Excepté pour la partie Dieu. Apparemment d’autres êtres humains de part le monde souhaitaient retrouver le temps béni où ils avaient plus à voir avec les bêtes qu’avec les humains.

Peut-être qu’il y avait de la place pour leur façon particulière d’être finalement ? Peut-être que ce n’était pas si incompatible que ça avec leur nature d’humain ?

Peut-être.

De toute façon cela n’entrait pas en ligne de compte pour l’instant. Elle était ce qu’elle était et si d’autres personne comme elle existait, elles avaient sûrement besoin de trouver ce qui lui avait apporté un tel équilibre. Et qui était-elle pour le leur refuser ?

- Ok. Je vais réfléchir pour Lex et Lizzie, mais pas pour les jumeaux. Ils ne sont pas perdus. Il ne leur est pas nécessaire d’intégrer la meute comme c’est le cas pour Lizzie. Laissons faire le temps, tu veux bien ? On verra ce qu’ils deviendront et voudront devenir. Ils n’ont pas besoin de savoir que d’autres règles existent, et se demander s’ils préfèrent obéir à celles-ci où à celles de tout le monde.

Frédéric secoua la tête.

- Ne me parle pas de Karl, le prévint-elle. Il était plus âgé quand tu lui en as parlé.

- Je ne lui en aie jamais parlé Tia. Il a deviné tout seul. S’est adapté et a demandé son entrée, sans utiliser une seule parole.

- Alors si les jumeaux veulent y entrer, ils devront faire le même chemin. Je ne vois pas pourquoi je leur en faciliterais l’entrée. Le rite de passage est le même pour tout le monde. Lizzie va venir vivre avec nous pour ça je te le rappelle. Quand à Lex, je ne suis pas vraiment contre, parce que tu as raison mais je ne suis pas sûre qu’elle est même seulement remarquée l’existence de la meute, tout comme les jumeaux. Karl a vécu dans la rue avant que tu ne l’adoptes. Il a appris à déceler inconsciemment toutes les infos non parlées pour survivre. Mais Lex et les jumeaux ont toujours eu une vie protégée et s’ils ont l’instinct du loup, je ne suis pas sûre qu’ils en aient la subtilité. Lizzie n’aura aucun mal à entrer, mais les autres…

Frédéric réfléchit et dut convenir que c’était vrai.

- Fais comme tu le sens, soupira-t-il en la relâchant. C’est toi l’alpha.

Comme à son habitude, Tia s’agita devant ce titre. Elle considérait leur groupe comme une sorte de meute, c’était vrai, ces personnes étaient son foyer et sa raison d’être. Pour eux elle tuerait, ce qu’elle allait d’ailleurs faire, mais si l’analogie avec le loup lui convenait parfaitement, elle n’oubliait pas qu’elle n’en était pas vraiment un.

Le fait était que Frédéric se voyait réellement comme un loup sur deux jambes. Un loup parmi les hommes. En conséquence, il voulait vivre comme eux. Et il avait décrété qu’elle était l’alpha et obéissait à ses ordres comme si c’était naturel. Mais ça ne l’était pas. Et elle n’avait pas aimé avoir dû entrer dans ce cercle pour qu’il fasse ce que son intelligence aurait dû lui faire comprendre.

Il avait même convaincu Karl que cette façon de vivre était normale. Et quelque part, elle l’était. Mais pour des personnes comme elle, Lizzie et Frédéric seulement. Leur enfance étant ce qu’elle avait été, ils avaient besoin d’un cadre spécifique capable d’accepter leur nature de tueur sans pour autant les empêcher de vivre dans le monde « civilisé ».

Pour tout autre personne, n’ayant connu ni la guerre, ni la mort, ni les mutilations, ni même le goût du sang pendant une grande partie de leur enfance, ce mode de vie qu’était la meute n’avait pas de sens. Ils appartenaient déjà à quelque chose. Ils étaient intégrés au monde des hommes, ils n’avaient pas besoin de quelque chose les contrôlant et les dirigeant.

Mais pour des personnes comme elle, Frédéric et Lizzie, et même quelque part pour Karl qui en avait connu pas mal dans son enfance, la meute était un lieu où ils pouvaient être eux-mêmes. A partir de là, ils pouvaient se construire. Ayant un repère, un foyer et un moyen de contrôle, ils pouvaient faire des efforts pour entrer dans ce monde extérieur si différent de ce qu’ils étaient au fond d’eux-mêmes.

Tout être humain a besoin d’un endroit où il est libre d’être lui-même pour s’adapter à ce qu’il n’est pas. Et c’était ce qu’était la meute pour eux.

Mais si Alexia avait d’indéniable qualité de louve, elle ne la voyait pas en devenir membre. Elle lui avait dit ne s’être jamais sentie à sa place dans son monde. Mais dans celui où elle était actuellement c’était le cas. Elle s’était intégrée au monde des humains. Elle n’avait pas besoin de la meute.

Elle soupira et chassa ses pensées de son esprit. Tout ceci était vraiment trop complexe. Elle n’avait pas le temps de se pencher dessus. Elle regarda ses enfants et Frédéric glisser doucement dans les eaux sombres et froides et lui faire un dernier petit signe avant de disparaître dans les flots.

Elle se tourna alors vers sa compagne et son profil, illuminé par l’argent de la lune, lui donna un coup cœur. Dieu qu’elle était belle…

Elle tendit la main et caressa doucement sa joue. Lex leva les yeux sur elle et sourit doucement.

Elles étaient seules au monde, enfermées volontaires, dans leur bulle faite d’amour et de tendresse, leur bateau seul au milieu de l’océan.

Elles étaient seules au monde et c’était merveilleux.

 

Chapitre 3 :

 

Tia se pencha lentement sur sa compagne et prit sa bouche avec délicatesse. Elle embrassa les lèvres douces avec préciosité et attention, elle encadra le visage de Lex avec gentillesse et introduisit sa langue dans la bouche chaude avec paresse. Elle enroula sa langue autour de la sienne et entama un lent ballet qui échauffa le sang de sa compagne.

Elle sentit la respiration de Lex s’accélérer et poursuivit son œuvre de séduction. Elle retira sa langue et à l’aide de la pointe, lécha le contour des lèvres de Lex en la regardant droit dans les yeux.

C’était si érotique que Lex haleta et crispa ses mains sur le bas de la chemise de Tia. Pendant que la mercenaire poursuivait l’exploration de son visage du bout de sa langue, elle ferma les yeux et gémit, ses mains voyageant toutes seules sur les côtés fermes de sa compagne.

Lex les glissa sous le tissu et toucha la peau, légèrement fraîche à cette heure, de la grande femme. Suivant le rythme lent de Tia, Lex caressa avec langueur le ventre et les côtes. Elle glissa les doigts sous le soutien-gorge et le remonta.

Lorsqu’elle passa les paumes sur les tétons sensibles, un gémissement rauque sortit de la gorge de Tia. La grande femme délaissa les pommettes de Lex et dirigea sa bouche, soudain avide, vers la gorge où le cœur de Lex battait à grands coups. Elle lécha et caressa les creux et les courbes de sa petite compagne avec une passion fortement contenue, alors même que Lex laissait ses mains s’égarer plus bas dans son dos.

Lex se mit à genou et d’un mouvement brusque arracha les pans de la chemise, faisant sauter les boutons, afin d’accéder rapidement au ventre plat et dur de sa compagne. Elle embrassa les abdos avec une fougue qui envoya des frissons le long de la colonne de Tia. Lorsque la petite femme déboutonna son jean en embrassant chaque parcelle de peau ainsi découverte, le ventre de la grande femme se contracta et elle haleta.

Soudain, Tia agrippa sa femme par les cheveux et la força à relever la tête. Tout sa retenue vola en éclat et Tia embrassa Lex avec une passion urgente. Elle s’agenouilla à son tour sans lâcher les cheveux ni cesser son baiser puis retira le t-shirt et le soutien-gorge de sa compagne dans un même mouvement efficace. Puis elle poussa Lex sur le dos.

Tia se recula légèrement et le souffle court, fixa les yeux embrumés de sa compagne alors qu’elle faisait descendre sa main vers les boutons du short. Elle les défit puis embrassa les seins de Lex avant de revenir à sa bouche.

Elle descendit brusquement vers le short récalcitrant et s’appuyant sur ses genoux, retira le vêtement, puis la culotte, qu’elle jeta au loin.

Aussitôt libérée, Lex se redressa et fit glisser la chemise des épaules de Tia tout en embrassant les épaules musclées. Elle détacha ensuite le soutien-gorge en dentelle de sa compagne et la mercenaire le retira rapidement.

Puis elle reprit possession de la bouche qui s’égarait sur ses seins et taquinait ses pointes érigées, avant de la repousser sur le dos. Après un baiser digne d’entrer dans le livre des records, Tia se recula et chuchota :

- Touche-toi.

Lex, les yeux voilés par la passion ne comprit pas tout de suite ce que voulait Tia. Celle-ci prit une des mains de la petite femme et la mena à son sexe trempé. Lorsque ses propres doigts touchèrent son intimité, Lex ouvrit de grands yeux.

Le sourire sensuel de Tia échauffa un peu plus ses sens et les mots crus de sa compagne, l’excitèrent.

- Touche-toi. Baise-toi.

Tia se pencha sur son oreille et chuchota :

- Je veux te voir te faire jouir.

Lex gémit et Tia se redressa pour mieux profiter du spectacle. Sous ce regard intense, les doigts de Lex furent tout d’abord maladroits. Elle n’avait pas l’habitude d’avoir un public pour ça. Elle ferma alors les yeux et laissa ses sens la guider.

Une de ses mains voyagea vers ses seins et titilla un mamelon déjà dur, pendant que la main sur son sexe partait en exploration. Elle toucha délicatement les bords de sa vulve puis remonta vers son clitoris et le pressa. Elle appuya dessus tout en faisant glisser son doigt sur les bords de ses lèvres.

Elle refit le mouvement plusieurs fois en changeant de cadence à chaque fois et trouva celle qui lui convenait le mieux. L’excitation monta encore d’un cran et elle rouvrit les yeux, curieuse de voir la réaction de sa compagne. Celle-ci avait les yeux fixés sur son intimité et haletait comme si c’était elle qu’elle caressait.

Lex la vit se mordre la lèvre et gémir et elle s’enhardit. Elle glissa un doigt dans son sexe, ce qui lui coupa le souffle un instant et l’enfonça doucement. Elle posa la paume de sa main sur son clitoris tendu et commença à aller et venir en elle. Elle ne quittait pas le visage de Tia des yeux, ses réactions augmentant son excitation et son plaisir.

Tia déglutit devant l’érotisme profond de la scène. Elle dut serrer les poings pour s’empêcher de toucher sa compagne. Elle sentait une chaleur sourde pulser au creux de ses cuisses et croisa les jambes, appuyant ainsi le tissu rugueux du jean contre son clitoris. Elle se frotta contre lui en adoptant le rythme prit par Lex.

Elle la vit écarter plus largement les cuisses, lui offrant une vue imprenable sur la moiteur dégoulinant de son sexe et n’en pouvant plus, Tia se débarrassa du jean et de sa culotte avant de coller son sexe tendu contre la cuisse ferme de Lex.

Elle se frotta sur celle-ci sans quitter des yeux les mouvements de plus en plus rapide des doigts de Lex. Elle sentit le plaisir monter et Tia haleta de plus en plus fort. Lex était si près de la jouissance qu’elle avait du mal à respirer.

L’intimité de Tia frottant contre sa cuisse enflammait ses sens. Au moment même où la jouissance explosait dans leurs deux sexes, répandant leur essence sur leurs cuisses nues et les mélangeant, leurs regards s’accrochèrent et ne se lâchèrent plus, s’envolant ensemble sur les sommets du plaisir.

Elles retombèrent essoufflées, de délicieux frissons parcourant leurs corps et apaisant leurs sens, les yeux toujours accrochés. Tia reposa sa tête sur la poitrine de sa compagne et ferma les yeux en souriant. Lex posa une main sur la tête de sa femme et caressa ses cheveux en fixant les étoiles.

- Le moins qu’on puisse dire c’est qu’en matière d’excitation et d’érotisme tu t’y connais, fit-elle la voix rauque.

Tia sourit caressa le ventre de sa compagne doucement.

- C’était très très jouissif de te regarder faire, déclara la grande femme.

- Et tout autant de te regarder en train de me mater. Je n’y aurais jamais pensé, soupira la petite blonde. Petite voyeuse. Il faudra remettre ça, sourit-elle une lueur dans les yeux. Mais la prochaine fois, j’aimerais que ce soit toi qui te touches.

Tia releva la tête et croisa le regard rieur de sa compagne.

- Quand tu veux chérie.

Lex sourit.

- Ca t’a vraiment plu de me regarder, hein ? J’ai bien cru que tu allais jouir à simplement me regarder faire.

- Ca a bien failli, grimaça la grande femme. J’étais loin de penser que ça me ferait un effet aussi puissant. Tu as un sex-appeal fou et tu dégages quelque chose d’incroyablement… excitant, souffla la grande femme en mordillant le ventre à sa portée, arrachant un cri à Lex.

Celle-ci la poussa et la fit rouler sur le dos en riant.

Et elles entamèrent le second round.

 

************************************

 

Lex fut la première à se réveiller et elle ouvrit des yeux lourds de sommeil lorsqu’un flot de rayons brillants la frappa. Elle leva une main pour se protéger les yeux et soupira. Puis elle prit conscience de la dureté du sol sur lequel elle reposait. Puis du corps chaud qui reposait sur le sien.

Enfin, elle sentit le vent frais sur sa peau et ouvrit de grands yeux ronds. Elle se regarda puis observa sa compagne, bienheureuse endormie que ni le soleil, ni le vent ne gênait le moins du monde.

Ses traits étaient détendus et un léger sourire flottait sur ses lèvres magnifiquement ourlées. Puis elle reposa sa tête sur le pont et secoua la tête amusée.

Non seulement, elles s’étaient endormies dehors et sur le sol, mais en plus elles l’avaient fait nues ! Lex passa une main légère sur le dos de sa compagne. Et fondit lorsqu’elle la vit se blottir en souriant un peu plus, marmonnant :

- Encore cinq minutes…

Elle passa la main sur les cheveux noirs et les caressa doucement. Ok, il ne faisait pas vraiment chaud, mais il ne faisait pas froid non plus. Elles pouvaient parfaitement rester ici encore un moment. Et puis le corps de Tia lui tenait lieu de couverture et… puis zut, pourquoi se chercher des excuses ? Elle était bien où elle était et n’avait aucune envie d’en bouger !

Elle se mit sur le côté, entourant de ses bras et de ses jambes le corps endormi de sa femme. Puis elle pressa sa joue contre le haut du crâne de Tia et ferma les yeux. Elle savoura la tranquille intimité, le calme et le silence absolu qui régnait. Le roulis lent qui les berçait et l’impression puissante et totale d’être complètement seules au monde la submergea.

Au lieu d’en avoir peur, elle en savoura la courte certitude et les sensations et sentiments que cette possibilité faisait naître en elle. Cela aurait rendu leur vie si belle… Rien d’autre que l’autre pour s’occuper. Rien d’autre à faire que de se consacrer à elle. A elles deux. A leur couple…

Elle s’endormit doucement, entre deux images de ce qu’elle aurait aimé faire si elles avaient vraiment été seules au monde.

Elle ne sut pas combien de temps passa, mais le soleil était haut dans le ciel lorsqu’enfin, elles se réveillèrent. Et Tia roula sur le dos avec une expression détendue. Elle s’étira et se cambra. Lex ne perdit pas une miette du spectacle et lorsque Tia se tourna vers elle, elle vit le sourire appréciateur et la lueur lubrique danser dans ses yeux verts.

- On aime reluquer depuis hier soir, on dirait, fit-elle d’une voix encore pleine de sommeil.

Le sourire de Lex se fit plus gourmand.

- C’était extrêmement instructif… confirma paresseusement la petite blonde.

Tia posa sa tête sur le sol et laissa son regard errer sur le corps doré de sa compagne. Une étincelle de désir embrasa de nouveau son bas-ventre et elle s’en émerveilla. Elle ne se lassait pas de Lex. De son corps, de sa compagnie, de ses caresses, de sa voix… après trois années d’amour et de sexe intense, elle n’en était toujours pas fatiguée. Cela l’étonnait toujours. Elle qui changeait de fille chaque nuit avant Lex. Elle sourit.

C’était bien mieux ainsi.

Elle roula de nouveau sur le dos et vit enfin le soleil. Aussitôt elle fronça les sourcils.

- Bon sang, mais on a dormi combien de temps ?!

Tia se redressa soudainement et bondit sur ses pieds. Elle se rua, nue comme au premier jour, à l’arrière du bateau et Lex la suivit en se demandant ce qui lui prenait, dans l’intention évidente de continuer à profiter du spectacle de sa grande compagne dans le plus simple appareil.

Tia grimpa l’échelle en quatrième vitesse et se rendit devant le poste de pilotage. Elle vérifia les instruments, la boussole, fit la comparaison avec la carte et pesta entre ses dents. Lex arriva à son tour et se pencha sur le côté.

- Un problème ? S’enquit-elle.

- On a dérivé, répondit Tia sèchement.

- Oh. Beaucoup ?

- Je dois refaire les calculs pour savoir.

Sur ce, elle s’installa sur le siège et prit un crayon et un papier. Lex la regarda faire un moment puis se lassa.

- Je vais prendre une douche.

Tia hocha la tête distraitement. Agacée, Lex essaya autre chose.

- Rejoins-moi quand tu auras corrigé notre cap, fit-elle coquine. Je serais facile à reconnaître. Je serais la fille toute mouillée et savonneuse, ajouta-t-elle en parlant plus lentement.

La tête de Tia se redressa brusquement et Lex sourit satisfaite. Elle lui tourna le dos et la mercenaire mata le déhancher en même temps que le fessier sublimement ferme et arrondi qui se mouvait à chacun de ses pas.

Elle revint à son papier et passa une bonne minute à essayer de virer les images lascives qui occupaient son esprit. Après quoi, elle se jeta sur son papier et le couvrit de calcul.

 

********************************

 

L’après midi, elles se trouvaient dans le salon, profitant du calme et de la solitude pour faire une partie de strip-poker, lorsque cela arriva.

Alexia était pieds nus et avait retiré son t-shirt alors que Tia était toujours complètement habillée. Elle sourit d’un air moqueur à sa compagne.

- Je vais encore gagner, alors tu retireras, hum, choix difficile… le jean ou le soutien-gorge ?

- C’est pas à toi de choisir, grogna la petite blonde vexée.

- Hooooooooo, on n’aime pas perdre, hein ?

- Dixit, la plus mauvaise perdante du siècle ! répliqua Lex de mauvais poil.

Tia ricana puis abattit ses cartes sur la table avec un sourire triomphant. Alexia fixa les cartes une minute puis jeta les siennes avec une moue dégoûtée. Elle s’apprêtait à retirer son soutien-gorge lorsqu’un bruit les figea. Tia se leva en faisant signe à Lex de se rhabiller et se pencha sur le hublot.

Un bateau approchait. Une vedette identifia la grande femme. Tout ça ne lui disait rien qui vaille. Elle se baissa vers le canapé et ouvrit la trappe qui s’y trouvait. Elle en sortit un semi-automatique, un classique que les flics aimaient utiliser et un CZ 75 d’origine tchèque.

Elle prit quatre chargeurs, deux pour chacune des armes et tendit la première arme à Lex. Elle attrapa son pull à capuche et l’enfila. Elle fourra son CZ dans la large poche sur le devant et les chargeurs dans ses poches.

- Pourquoi je peux jamais avoir le CZ ? Se plaignit la petite blonde en attachant ses cheveux en queue de cheval.

- Parce qu’il est à moi et que j’ai galéré pour l’avoir ? répondit la grande femme tout sourire en tressant rapidement ses cheveux.

Lex lui lança un regard noir et Tia prit un couteau de chasse, type militaire qu’elle adorait et l’attacha à sa cheville. Elle prit ensuite un fusil à pompe et une boîte de munitions et tendit le tout à sa femme.

- Bon, je monte pour voir de quoi il retourne. Toi tu restes ici et tu écoutes. Si c’est des hommes à Enrick tu appelles Enyalios, si c’est autre chose, tu appelles les gardes-côtes.

- Les gardes- côtes ? répéta Alexia surprise. Mais on doit faire profil bas ! protesta-t-elle.

- On doit surtout rester en vie, répliqua la mercenaire sèchement. On est au milieu de l’océan Lex, expliqua-t-elle quand elle vit sa compagne toujours indécise, on ne peut ni s’enfuir, ni se cacher. S’ils sont supérieurs en nombre on n’a aucune chance. Et ils le sont sûrement. On doit rester en vie Lex. On s’occupera du problème que notre visibilité pose après avoir réglé celui-là.

Elle fixa le visage de sa compagne.

- Compris ?

Lex hocha la tête.

- Bien. Mais quoi qu’il arrive Lex, tu ne sors pas d’ici. C’est clair ?

La petite femme hésita puis hocha de nouveau la tête. Tia lui tourna le dos et commença à grimper les escaliers qui menaient au pont avant.

- Et toi fais attention ! lança-t-elle alors que la mercenaire disparaissait.

Une tête apparut soudain et Tia lui fit un clin d’œil avant de disparaître à nouveau. Lex sourit un peu crispée et se postant à côté du hublot le plus proche des escaliers, attendit.

Tia arriva sur le pont au moment où le bateau les accostait. Elle vit deux hommes armés d’uzi encadrer un troisième homme, plus petit, mais baraqué, les bras croisés et l’attitude arrogante, le fit identifier immédiatement comme le chef du groupe. Un homme se trouvait dans la cabine de pilotage et deux autres étaient postés de chaque côté du bateau. Lourdement armés eux aussi.

Un dernier homme avec son uzi dans le dos se trouvait à l’avant du bateau, une corde d’amarrage à la main. En la voyant il sourit.

Il lui lança la corde et dit :

- Tu veux bien nous attacher, chérie ? fit-il en la détaillant allégrement.

Tia sourit. Des pirates. De simples et crétins de pirates. Ils n’étaient que sept et Enrick la connaissait trop bien pour n’envoyer qu’une poignée d’amateurs. Parce que malgré leurs armes, c’étaient exactement ce qu’ils étaient. Des amateurs. Elle n’allait en faire qu’une bouchée.

Tia savait que n’étant pas avec Enrick, elle ne pouvait les laisser repartir en vie. Mais elle savait aussi que Lex n’accepterait jamais de les tuer de sang-froid, même pour protéger leurs arrières. En conséquence, elle allait devoir les tuer tous, dans le feu de l’action. Ainsi, Lex n’y verrait que du feu. Elle ne saurait jamais que chaque mort était totalement préméditée.

A cette pensée, son lien avec la louve s’activa et une puissante vague de détermination, de joie anticipée et de force déferla en elle. Son ouïe s’accrut en même temps que sa vue et Tia plia et déplia les poings avec impatience.

Elle s’avança vers la corde que lui avait jetée l’homme près du bord et son sourire le déstabilisa quelque peu. Mais il ne se méfia pas. Elle n’était qu’une femme après tout. Elle ramassa la corde d’amarrage et se redressa. Une seconde, elle resta dans cette position, puis son sourire s’agrandit et elle montra les dents. Elle lança la corde de toutes ses forces dans le visage de l’homme qui la prit sur le nez.

Un flot de sang en sortit et il porta les deux mains à son visage en reculant. Tia bondit à sa suite et atterrit sur le bateau pirate. Dans un mouvement d’une rapidité hors du commun, elle attrapa l’homme au cou et l’attira à elle, s’en servant de bouclier, tout en récupérant son uzi pour le pointer sur le groupe de trois.

Sa rapidité alliée à la surprise lui permit de descendre un des gardes du corps du chef ainsi qu’un des hommes se trouvant sur le côté du bateau. Elle les regarda s’écrouler en riant et recula vers le bastingage en continuant d’arroser les environs. 

Le chef s’était jeté au sol et avait roulé hors de sa portée. Le deuxième garde du corps s’était jeté vers une caisse de marchandises, vraisemblablement volées, pendant que le deuxième homme sur le côté du bateau faisait le tour pour trouver un bon angle de tir.

Le garde du corps encore en vie l’arrosa de son arme mais ne fit que toucher son collègue. Tia sentit l’homme qui lui servait de bouclier s’affaler contre elle et tirer sur son bras. Immédiatement, elle le lâcha en se tournant vers le pilote qui avait ramassé son fusil à pompe et lui tirait dessus.

Un morceau du bastingage à quelques centimètres d’elle explosa mais elle n’y prêta pas attention. Elle visa le front et tira. Le pilote s’écroula et sans prêter plus d’attention au chef de ce groupa minable qui rampait sur le sol comme un misérable vers de terre, elle fit face au garde du corps.

L’homme s’était redressé lorsqu’elle s’était détournée de lui mais en voyant la lueur presque démente dans ses yeux, il eut un mouvement de recul qui lui fit perdre son avantage. Il n’eut que le temps de se baisser à nouveau pour se cacher derrière sa caisse avant qu’elle ne tire.

Mais qu’est-ce que tout ça voulait dire, bordel ?! Songea le pauvre homme en se collant à la caisse en métal. Ce devait être un autre pillage tout pépère. Qui était cette femme bon dieu ?! Elle les tuait tous comme s’ils n’étaient que des insectes sans importance.

Il jeta un œil sur la scène surréaliste devant lui et n’en crut pas ses yeux. La femme riait. Elle était debout devant eux, complètement à découvert, le cadavre de Yorg à ses pieds et elle riait à gorge déployée.

Elle était folle. Il n’y avait pas d’autres explications. Et une folle qui avait une chance de cocu qui plus était. Bordel, elle était debout sans protection, ne bougeait pas et pas un seul d’entre eux n’avait réussi à la toucher ! Et bon dieu, mais comment pouvait-on tirer si vite ?!!

Il vit son chef arriver à la cabine de pilotage et sut ce qu’il était parti y chercher. Il soupira de soulagement. Dans quelques minutes, elle ne ferait plus la maligne cette sale garce allait en prendre pour son grade !

Soudain, alors que l’homme qui faisait le tour du bateau débouchait sur l’avant, le uzi de Tia n’émit plus que des clics, indiquant qu’il n’avait plus de munition.

L’homme crut que c’était sa chance et il sortit de sa cachette en visant la grande femme. Mais elle s’était déjà baissée pour récupérer son couteau et alors que les premières balles sifflaient au-dessus d’elle, elle lança son couteau.

Il pénétra jusqu'à la garde dans le cœur de l’homme qui s’écroula, une expression incrédule sur le visage au moment où son chef se ramenait avec une sulfateuse dans les bras, un sourire carnassier sur le visage.

Tia s’amusait comme une folle. Elle n’avait jamais ressenti ça auparavant. Cette impression de puissance invincible. Cette joie sauvage qui la poussait à vouloir aller encore plus loin à voir plus de sang giclé, plus de douleurs explosées, plus de morts s’étalés.

Elle était si concentrée sur ses nouvelles sensations qu’elle faillit ne pas voir le chef de cette bande minable la braquer avec une sulfateuse.

Ses yeux se mirent à briller mais elle ne se jeta pas sur le sol. Elle était sûre qu’elle serait encore debout lorsqu’eux seraient à terre. Elle sortit son arme à feu et visa le garde du corps, mais le chef leva son arme à ce moment là et son instinct de prédateur se désintéressa du petit homme, pour se concentrer exclusivement sur le chef en avançant vers lui, courbée.

Le garde du corps en profita et fit feu. Elle vacilla lorsqu’une balle lui perça la cuisse, mais ne tomba pas.

Elle visa le chef qui l’arrosait sans se préoccuper de l’homme encore debout. Une seconde balle la toucha. Au flanc droit cette fois. Mais pas plus que pour la première elle ne le remarqua.

Elle visa le front de l’homme et tira. Il s’écroula et les bruits des tirs et des balles sifflantes disparurent. Tia fronça les sourcils et se retourna vers l’homme qui restait, mais ne vit personne. Elle baissa les yeux et le vit allongé sur le sol, se tenant l’épaule et la jambe en gémissant.

- Ca va ? fit la voix inquiète de Lex.

Tia se tourna vers elle et Lex poussa un cri de surprise en voyant son état. Elle sauta sur le bateau qui commençait à s’éloigner et vérifia les blessures de sa compagne en serrant la mâchoire.

Tia se dégagea et attrapant la corde d’amarrage, l’attacha à leur bateau. Elle retourna sur le pont arrière et fit signe à une Lex mécontente et inquiète de faire grimper l’homme encore en vie.

Lorsqu’il fut à bord, elle le fouilla puis l’attacha au bastingage sans écouter ses protestations ou ses cris de douleurs. Enfin, elle se laissa entraîner par sa femme dans le salon et s’affala sur le canapé.

- Tu devais rester ici, gronda Tia.

Lex lui jeta un œil agacé avant de lui retirer son pull et sa chemise pour voir l’état de son flanc.

- Heureusement que je t’ai pas écouté, grommela-t-elle. Bon sang Tia, mais qu’est-ce qui t’a pris de rester à découvert ?!

Le regard que la mercenaire posa sur sa compagne était sombre et farouche mais incertain. Elle haussa les épaules. Lex la fixa plus attentivement et reconnut le signe que la louve était là. Et bien là. Le rire qu’elle avait entendu, l’inconscience de sa compagne en plein combat, le réchauffement soudain dans sa poitrine au point qu’elle avait senti son cœur la brûler… tout ça, c’était la louve prenant possession de sa femme.

«  Oh bon dieu, mais qu’est-ce que j’ai fait ?! » songea la petite femme inquiète de ce lien qu’elle ne contrôlait pas et qui se renforçait un peu plus chaque jour et mettait sa compagne bien plus en danger que ce qu’elle aurait imaginé.

 

Chapitre 4 :

 

Alexia inspira profondément et chassa inquiétude et culpabilité de son esprit. Ce qui importait pour l’heure était le sang qui s’écoulait sans discontinuer des blessures de Tia. Elle récupéra la trousse médicale et secoua la tête, elle allait encore devoir inciser sa peau. Elle détestait blesser sa compagne, même pour la soigner.

Elle fixa le regard bleu, toujours sombre de Tia, et y chercha ce dont elle avait besoin, mais ne le trouva pas. Un peu choquée, Lex resta bouche bée. Elle plongea encore dans les yeux bleus et chercha… mais ne trouva pas une étincelle de la tendresse et de l’amour habituel.

Tia était encore entièrement dominé par le prédateur en elle. Lex savait qu’elle avait de l’influence sur elle grâce à leur lien, mais elle avait peur. Même en pleine mission, Tia avait toujours eut de la douceur pour elle. Elle n’avait jamais manqué de tendresse. A chaque fois, qu’elle posait son regard sur elle, ses yeux bleus prenaient une teinte plus douce, plus aimante.

Lex avait toujours sentie l’amour de Tia. Mais là… il n’y avait rien que la joie sauvage de la bataille gagnée, du sang versée et de la domination. Tia ne la voyait même pas. Elle revivait la bataille qui venait d’avoir lieu et n’entendait pas sa compagne inquiète l’interpeller.

En désespoir de cause, Lex encadra le magnifique et sauvage visage de sa compagne et posa ses lèvres sur les siennes. Elle ne reçut pas de réponse, alors elle intensifia le baiser. Après un instant de flottement, le sang brûlant dans les veines de Tia, se réveilla dans tout son corps, mais la brûlure changea de nature. Elle n’était plus due à l’excitation farouche du combat, mais à la morsure brutale du désir.

Tia repoussa Lex sur la banquette et l’écrasa en l’embrassant avec sauvagerie. La petite blonde eut un hoquet de douleur lorsque sa compagne mordit brusquement sa lèvre inférieure. Ce n’était pas du tout ce à quoi elle s’attendait. Tia ne revenait pas, la louve ne la lâchait pas au contraire, elle semblait prendre en puissance.

Elle repoussa le visage de Tia de son cou et essaya d’attirer son regard mais Tia repoussa ses mains et remonta son t-shirt pour lécher et mordre son ventre. Malgré elle, Lex sentit son ventre se contracter.

- Tia… sa voix se cassant lorsque la langue de sa compagne s’introduisit dans son nombril.

- Tia s’il te plaît !

Soupirant de frustration, la grande femme releva la tête et fusilla sa compagne du regard. Lex battit des cils, choquée par la colère qu’elle y voyait puis se mordit la lèvre. La peur qu’elle avait ressentit pour sa compagne en entendant les coups de feu se mélangea à la culpabilité qu’elle ressentait pour avoir lié si fortement sa compagne à sa louve et à son sentiment d’impuissance. Des larmes noyèrent ses beaux yeux verts.

Elle prit une inspiration tremblante et dit :

- Je t’aime… je suis désolée. Je… j’étais loin de m’imaginer que ça irait aussi loin, que ça te prendrais ainsi… pardon.

La grande femme se sentit un instant perplexe, puis comme si la lumière se faisait jour en elle, ses yeux bleus s’éclairèrent et s’adoucirent. Elle prit le visage de Lex entre ses mains et murmura :

- Pardon, pardon, je suis désolée, je ne voulais pas te faire de mal, pardonne-moi…

Elle passa un doigt léger sur la lèvre qui saignait et elle prit une expression désolée.

- Je suis désolée, Lex, vraiment.

Soulagée au delà du possible, Alexia déposa des milliers de baisers légers sur le visage de Tia.

- C’est rien, tout va bien, Tia, calme-toi, je ne t’en veux pas, tout va bien.

Tia attira la petite femme dans ses bras et elles s’étreignirent fortement. Après quelques minutes, Lex revint à la réalité en sentant le sang de Tia s’écouler sur elle et elle repoussa brusquement la grande femme, horrifiée.

- Bon sang, Tia tu continue de saigner ! Assied-toi ! Bordel, mais à quoi je pense ?!

La mercenaire se laissa faire. Elle fixait le visage préoccupé de Lex, perplexe. Elle baissa les yeux sur son flanc et ses jambes et vit que le sang avait imprégné le tissu du canapé et celui de la moquette, que ces vêtements était quasiment devenue rouge et que le t-shirt de Lex en était couvert.

Elle leva la main et toucha son flanc. Elle n’avait pas mal. Par contre maintenant que le calme revenait dans son esprit, elle sentait sa tête tourner un peu. Vu le sang qu’elle avait perdu, ça n’avait rien d’étonnant. Mais qu’est-ce qui lui avait prit de rester debout au milieu des tirs ?! Elle était devenue dingue ou quoi ?!

Elle releva la tête vers Lex et la vit saisir un scalpel et des pansements. Lex prépara du fil et une aiguille et du désinfectant. Elle stérilisa le tout puis posa son regard sur Tia.

La grande femme cligna des yeux pour essayer d’éclaircir sa vision trouble, mais Lex devenait de plus en plus flou.

- Merde, fit-elle en soupirant. Je vais m’évanouir.

Lex se raidit instantanément et lâchant ses outils tendit les bras juste à temps avant que sa mercenaire ne tombe tête la première sur la moquette. Elle la serra contre elle puis déglutit. Elle paniquait. Il fallait qu’elle se calme. « Bon dieu, mais comment je peux me calmer ?!!! On est au milieu de l’océan, sans chirurgien, ni poche de sang, ni aucun putain de médecin !!!!! »

Lex se mit à trembler puis s’obligea à se reprendre. Elle n’allait pas sauver Tia en perdant son sang-froid. Elle fila chercher une bâche qu’elle badigeonna d’alcool. Elle épongea le trop plein puis installa sa compagne dessus. Elle disposa les instruments à côtés d’elle et se mit au travail.

 

*************************************

 

Plusieurs heures plus tard, Lex, épuisée, veillait sa compagne. Elle l’avait installé sur le canapé n’ayant ni la force, ni l’envie de prendre le risque de rouvrir ces plaies en la bougeant. Elle avait retiré les balles, recousues les vaisseaux et tissus endommagés et nettoyé le tout avant de poser des points et de recouvrir le tout de bandage.

Elle ne regrettait plus du tout, son stage d’un an chez les médecins légistes que Tia l’avaient obligées à faire, deux ans auparavant. Elle avait ainsi eut l’occasion de s’entraîner sur de vrais corps et apprit énormément de chose sur l’anatomie humaine et même si cette année là resterait à jamais gravé dans sa mémoire comme une des plus répugnantes et effrayantes, elle reconnaissait l’utilité d’un tel stage.

Bien entendu pour être vraiment efficace, il aurait fallu qu’il dure plus longtemps et qu’elle s’occupent d’autre chose qu’uniquement les blessures par balle et par arme blanche, mais comme c’était celles qui étaient les plus fréquentes dans leur métiers et qu’elles ne voulaient pas devenir médecins, elle n’était pas aller plus loin. Tia, elle, s’était concentré sur les poisons et contrepoisons.

Lex soupira, non elle ne regrettait plus ce stage, mais elle détestait toujours autant charcuter sa femme. Elle se leva et changea la perfusion de physio qu’elle avait posé quelques heures plus tôt et reliée au bras de Tia. Elle s’assit sur le bord du canapé et descendit le drap sur la taille de sa compagne.

Elle observa le corps pâle et endormie et détailla les multiples blessures et cicatrices qui parsemaient sa peau. Il y en avait étonnamment peu. En fait Tia avait l’étonnante particularité de guérir vite, bien plus vite que la normal en fait, mais aussi de voir ses blessures disparaître totalement.

La blessure par balle reçu quelques semaines plus tôt à son épaule était la seule visible sur le haut de son corps. Son visage était exempt des imperfections que les multiples coups au visage aurait dû créer au fil des ans.

Son ventre plat et dur ne portait pas une trace de blessure. La seule autre trace visible était trois marques de brûlure de cigarettes dans le dos et une longue estafilade qui partait du creux de ses reins et remontait en diagonale jusqu'aux marques.

Tia lui avait dit que c’était là ses toutes premières blessures. Celle que Pedro lui avait faite la première fois qu’il l’avait torturé. Elle ne savait pas pourquoi, alors que tous les autres étaient parties, celles-ci étaient restées.

Lex avait avancé l’hypothèse que peut-être son corps ne s’était pas encore habitué à être malmené et que c’était cette habitude qui avait déclenché cette étonnante aptitude. Tia n’avait pas eut l’air convaincu. Et Lex a vrai dire non plus. En fait, elle penchait plus pour une explication psychologique. Comme si Tia avait voulu garder ces marques pour mieux se rappeler d’où elle venait, avec quelle injustice on la traitait et afin de garder sa colère intact, colère qui la tirait vers le haut et lui permettait de rester en vie.

Elle remonta le drap et posa sa main sur le front de sa compagne. Frais. Pas encore de fièvre. Espérons qu’elle n’en aurait pas du tout. Il lui faudrait juste faire attention à bien tout nettoyer régulièrement et à lui administrer ces médicaments.

Elle mourait d’envie de s’allonger à ses côtés mais ce ne serait pas prudent. Elle soupira de nouveau et se rassit sur le fauteuil. Deux semaines. Elles allaient mettre deux semaines pour arriver à destinations. Serait-ce suffisant pour que Tia guérisse ?

Et que faire de l’homme qu’elles avaient capturé ?

- Bon sang, le pirate !

Elle se leva d’un bond et se rua sur le pont. Lorsqu’elle déboucha à l’air libre, elle vit que l’homme était affalé contre le bastingage. Elle s’approcha rapidement de lui et posa ses doigts sur sa carotide.

Pas de pouls.

- Merde, grommela-elle entre ses dents consternée.

Elle fixa le cadavre quelques minutes, se sentant coupable de sa négligence. Puis elle se dit qu’a choisir, elle préférait que se soit Tia qui s’en soit sortit. Elle n’aurait de toute façon pas pût s’occuper des deux et c’était loin d’être un ange.

Mais qu’allait-elle faire de lui ? Et leur bateau ?

Elle décida finalement qu’elle était trop fatiguée pour s’en soucier maintenant et qu’elle verrait ça avec Tia, lorsque celle-ci irait mieux. Elle redescendit les escaliers et s’installa aussi confortablement qu’elle le pût dans son fauteuil.

Une longue et difficile veille l’attendait. Dieu savait combien les sommeils médicamenteux réveillaient les démons de sa compagne.

 

***************************************

 

Elles arrivèrent en Argentine deux semaines et demie plus tard. Tia était complètement remise à la grande stupéfaction de sa compagne. Elle ne portait plus que deux cicatrices rosées et encore légèrement sensible au touché.

Dès qu’elle avait été capable de se mettre debout, Tia s’était occupée du cadavre en le balançant aux requins sous le regard horrifié de Lex. Cependant, elle n’avait rien dit, Tia passait de très mauvaises nuits et elle était très affectés par ces remontés de souvenirs. Elle n’avait toujours pas voulu s’ouvrir à elle, parce que ce n’était pas le moment et non parce qu’elle ne le voulait pas.

Tia et Lex avaient partagé leur temps entre le repos et la mise au point de ce qu’elles feraient une fois arrivée. Lex avait passé le peu de temps qu’elle avait de libre à réfléchir aux réactions de Tia pendant et après la bataille. Elle devait absolument trouver un moyen de contrôler la louve lorsqu’elle était en Tia, ou de trouver un moyen de ramener sa compagne à elle une fois le besoin apporté par la louve réglé.

Elle ne pouvait pas laisser Tia perdre à nouveau le contrôle et oublier qui elle était vraiment. Bon sang, mais que pouvait-elle faire ?!! Tia n’était pas le problème, comprit-elle deux jours avant leur arrivée. Le problème s’était la louve. Il fallait l’apaiser. Trouver quelque chose qui l’empêche de prendre possession de Tia aussi intensément.

L’ennui c’était que même si elle trouvait, ce ne serait qu’une solution temporaire. Tôt ou tard, la louve devrait réintégrer l’âme de Tia. La seule chose à faire était… de faire confiance à sa femme. Tout dépendait de Tia en fait. De sa volonté et de son contrôle.

Il fallait qu’elle s’habitue au contact de son âme noire. Qu’elle lui trouve une place, une utilité et un moyen de contrôle sur elle.

Il faudrait qu’elles en parlent. Faire l’autruche comme elles le faisaient depuis deux semaines n’était pas la solution. Lex soupira et regarda sa compagne manœuvrer pour faire entrer leur bateau au port.

Elles débarquèrent une heure plus tard, après avoir régler les papiers à la marina. Tia avait délibérément signé avec son nom. Maintenant il n’y avait plus qu’à attendre et d’après la mercenaire ce ne serait pas long.

Elles avaient longuement débattues de la conduite à tenir et des risques inhérents à chacune des options. Tia avait décrété qu’elles n’allaient rien faire. Enrick n’avaient rien contre elle. Il voulait Frédéric et il ne savait pas où il était. Elles seules le savaient.

Evidemment il pouvait faire capturer l’une pour s’en servir de moyen de pression contre l’autre mais Tia avait prévu le coup. Elle seule serait visible. Lex resterait en arrière, comme renfort et protection.

La jeune femme avait protesté contre cette partie du plan. Tia était encore convalescente, c’était donc elle qui devrait rester en arrière. D’autant que la diplomatie était le fort de Lex et non celui de Tia. Mais la grande femme avait été inflexible. Elle ne connaissait pas cet homme, ne savait pas de quoi il était capable.

Tant qu’elle n’avait pas une petite idée de qui il était, elle ne le laisserait approcher personne d’autre qu’elle. Et puis là, il ne s’agissait pas de négocier, mais de jauger.

Elles se séparèrent à peine arrivé. Elles convinrent d’un moyen de communication discret et sécurisé, mais Tia ne demanda pas à Lex où elle habiterait. En fait, elles ne devaient avoir aucun contact jusqu'à ce qu’Enrick se manifeste.

S’il le faisait comme à son habitude, alors elle ne le verrait pas avant qu’il ne soit face à elle. Mais leur rencontre serait aussi immanquable et inoubliable qu’a son habitude. Elles s’étaient dit adieu dans le bateau juste avant d’accoster, histoire de ne pas attirer l’attention. Elles se regardèrent à peine en sortant de la marina et prirent des directions différentes.

Lex ne pût s’en empêcher, elle se retourna. Elle vit sa compagne tourner au coin de la rue et disparaître avec un pincement au cœur. Dieu, qu’elle haïssait leur séparation.

Elle se détourna et poursuivit son chemin en espérant que comme d’habitude le plan de Tia serait sans accroc.

 

*********************************

 

Il ne fallu que deux jours à Enrick pour les retrouver. Enfin retrouver Tia. Etant donné la visibilité avec laquelle elle se montrait, il en conclut qu’elle voulait lui parler et l’absence de personne autour d’elle, lui fit comprendre qu’elle ne le craignait pas. Elle avait paré à toutes les éventualités en mettant sa famille en lieu sûr, elle était seule, n’avait pas engagé de garde du corps ou des mercenaires. Elle voulait donc négocier.

Et comme elle n’était pas sa cible, il n’y voyait aucun inconvénient. Il débarqua dans le petit port le matin du 22 Juin. Il la trouva à l’endroit même où elle prenait son petit déjeuner chaque matin d’après son informateur et s’amusa à la suivre une partie de la matinée.

Il savait qu’il avait été repéré presque immédiatement, mais il ne se montra pourtant pas. Il trouvait ce petit jeu du chat et de la souris très distrayant et la souris était rarement aussi sexy. Il décida donc d’en profiter un peu.

Il observa avec délice le gracieux déhanché de sa proie et s’imagina passant un moment délicieux à déguster le dit fessier. Peut-être qu’après cette négociation… Après tout, elle n’avait pas été monogame avant sa rencontre avec l’héritière et puisqu’elle n’était pas dans les parages, il ne voyait pas pourquoi elle refuserait.

Il n’imaginait pas une seconde qu’elle puisse se refuser à lui. Il se savait extrêmement séduisant et bien battit. Il avait un charisme certain et un charme ravageur. Il était aussi canon, qu’elle l’était. Et aussi porté qu’elle sur le sexe. Aucune raison, donc, qu’ils ne s’amusent pas un peu tout les deux.

Elle le surprit en fin de matinée. Il la perdit de vue quelques secondes et la retrouva à quelques centimètres sur sa droite, un couteau près de ses parties intimes. Il sourit largement. Cette femme était décidemment très plaisante.

Lui même pointait arme à feu sur son torse. Son sourire de prédateur lui plût infiniment et ils se jaugèrent un moment. Enfin, ils reculèrent chacun d’un pas et rangèrent leurs armes. Il lui fit une petite courbette et déclara :

- Je suis enchantée d’enfin vous rencontrez, fit-il en se redressant un sourire charmeur aux lèvres.

Tia était surprise mais elle n’en montra rien. Ce type était l’exact opposé de ce qu’elle s’imaginait. Tant physiquement que mentalement. Il lui fit signe de la précéder et l’emmena s’asseoir à la terrasse d’un café.

En le suivant, elle appuya discrètement sur un bouton de sa montre, ce qui envoya le signal convenu à Lex.

Puis elle s’installa en face de lui et le détailla.

Il était jeune. Vraiment jeune. Il devait avoir entre 28 et 35 ans. Il était grand, avait un physique de sportif et le plus séduisant visage qu’elle avait jamais vu. Une mâchoire anguleuse mais ferme, un menton volontaire, un sourire… sexy en diable avec d’adorable fossette sur les joues. Des yeux marron rieurs et chaleureux et une coiffure décolorée de surfeur.

Il entama une discussion désinvolte pendant plus d’une heure et elle le trouva charmant, drôle et attentif. Il lui parla de sa famille, auquel il était très attaché, de ses loisirs dont le surf était le principal, de ses goûts en cuisine, il préférait les épices, et des derniers films qu’il était allez voir au cinéma. Transformers 2 l’avait épaté.

Elle rit plus d’une fois à ses blagues, oubliant presque qui il était. Il lui rappelait un autre mercenaire, cher à son cœur, aussi doué et charmant que lui.

- Où est-il ? demanda-il nonchalamment le sourire aux lèvres.

Le changement brusque de sujet et d’atmosphère n’ébranla pas du tout la mercenaire et cela lui plût beaucoup. Elle lui retourna un charmant sourire et il soupçonna qu’elle l’aimait bien. Peut-être finirait-il dans son plumard s’il se débrouillait bien, finalement ?

- Vous vous doutez bien que je ne dirais rien.

- En effet. Alors que voulez-vous en échange ?

- Pour commencez ? Sourit-elle finement. Qu’avez-vous contre Frédéric ?

Enrick croisa les mains et sourit.

- Moi ? Rien.

Tia fronça les sourcils.

- J’ai 30 ans, déclara-il. Ce qui signifie que je ne l’ai jamais rencontrez ou alors… comme vous… il était mon instructeur dans l’armée de Sassem.

Tia se figea et plissa les yeux. Non, impossible. Il n’avait pas cette lueur particulière dans le regard.

- Je ne pense pas, non.

- Vous avez raison, s’exclama-il soudain en souriant largement.

- Alors quoi ?

Il haussa les épaules et roula des yeux de façon comique.

- A votre avis ?

Tia pinça les lèvres et réfléchit.

- On vous a engagé.

- Bingo ! Vous remportez le gros lot !! diling diling diling !! Apportez son cadeau à la magnifique jeune femme aux yeux perçant !

La mercenaire le regarda froidement partager entre une déconcertante sympathie pour ce drôle de zèbre, et l’envie puissante de l’étrangler en lui disant que tout ceci n’avait rien d’un jeu.

Elle soupira en s’appuyant à son siège et le dévisagea. Quelle tactique adopter avec lui ? Il était si… étrange. Si différent de ce à quoi elle s’attendait. Jouait-il un rôle ou était-ce sa vraie personnalité ?

Quoi qu’il en soit et aussi sympathique qu’il lui semblait être, elle ne devait pas perdre de vue qu’il avait essayé de tuer sa famille et n’hésiterait pas une seconde à le refaire si elle était sur son chemin.

 

Chapitre 5 :

 

- Qui ? fit-elle brusquement.

Il ouvrit de grands yeux étonnés.

- Pourquoi tu m’engueules ? fit-il avec une moue triste.

Tia fronça les sourcils. Ce type… ce type était… trop bizarre !

- Je ne…

« Et pourquoi je m’embête à lui répondre ?! » songea-elle en secouant la tête. Elle soupira bruyamment.

- Pour qui travailles-tu ? demanda-elle néanmoins plus doucement.

Le jeune homme la fixa de ses yeux bruns velouté qui respirait l’innocence et la jaugea avec un air idiot. Malgré elle, Tia eut envie de rire. Elle dû se mordre la lèvre pour ne pas le faire. Il s’en rendit compte et sourit. Tia secoua la tête en levant les yeux aux ciels. Difficile de restez sérieux avec un tel énergumène en face. C’était sûrement la raison de son succès.

- Je n’ai jamais entendu parler de toi avant l’attaque du ranch. D’où sors-tu ?

Il sourit d’un air énigmatique.

- Je ne peux pas répondre à ça.

- Peux-tu me dire pour qui tu travailles ?

- Ca dépend.

- De quoi ?

- De ce que tu es prêtes à négocier.

- Propose toujours.

- Je réponds à tes questions sur mon employeur et te garantis la sécurité pour toi et le reste de ta famille. En échange tu me livres Frédéric.

Tia s’attendait à une telle proposition, aussi sourit-elle à Enrick. Ils restèrent silencieux un long moment tout les deux. Se dévisageant et se jaugeant. Les yeux bleus défiant les yeux marron. Les yeux marron remplis de pensées lascives et brillants de désirs et d’amusement.

Finalement Tia haussa les épaules.

- Admettons que je sois d’accord. Donne-moi une preuve de ta bonne foi.

- Mmmmm, fit le jeune homme en posant un doigt sur ses lèvres, que puis-je te donner ? Ha ! Je sais ! Un baiser, déclara-il d’une voix langoureuse en se penchant vers elle.

Surprise Tia fixa le visage se rapprochant avec des yeux ronds. Son ventre se contracta alors qu’elle sentait son souffle sur sa peau. Elle haussa un sourcil et se recula lentement, un sourire amusé sur les lèvres.

- C’est ça, ta preuve de bonne foi ?

Il stoppa son mouvement et sourit puis haussa les épaules en se rasseyant.

- J’ai tenté ma chance. Tu es une vraie bombe et tu excites ma libido depuis la première fois que je t’ai vu. Il fallait que je tente ma chance.

Elle secoua la tête.

- Ne fais pas celle qui n’est pas intéressée, fit-il en bougeant son index. J’ai vu le désir dans tes yeux lorsque je me suis approché.

Le sourire de Tia s’agrandit.

- Je ne nie pas. Il faudrait être un eunuque pour ne pas être excité par toi.

Enrick se rengorgea comme un gamin. Il carra les épaules et se fit nonchalant. Il n’avait aucun doute sur son pouvoir de séduction, mais se le faire confirmer par une aussi belle femme et de cette façon ne nuisais pas à son ego.

- Pourtant tu ne m’as pas laissé t’embrasser.

- Je suis fidèle.

Il fit la moue.

- Y’a pas moyen de négocier ça ?

Tia leva un sourcil élégant et amusée. Une lueur séductrice illuminant son regard bleu.

- Ca se pourrait, répondit-elle lentement.

Il était très sexy. Ca ne serait pas difficile de se forcer.

- Vraiment ?

Enrick se pencha en avant, son attention entièrement concentrée sur la femme incroyable en face de lui.

- Que veux-tu ?

- Le nom de ton employeur.

Il pinça les lèvres et s’adossa à son siège.

- Je ne peux pas faire ça.

- Bien sûr que si.

Tia se pencha en avant et fixa un regard intense sur le jeune homme sexy en face d’elle.

- Tu es tueur à gage, pas vrai ? Pas mercenaire. Ca explique pourquoi je n’ai jamais entendu parler de toi. Tu ne dois pas être connu pour être sûr d’exercer. On te contact par bouche à oreille. Et c’est toi qui prends contact avec tes clients. Il ne connaisse ni ton nom, ni ton visage. Tout le monde connaît ma réputation, trouver le nom de celui qui m’a collé un tueur aux basques ne les surprendra pas et personne n’ira te soupçonner, parce que rien que pour faire appel à toi il faut faire circuler l’information que l’on veut tuer quelqu’un. Ca fait un paquet de gens au courant. Je pourrais avoir l’info autrement. Ca serait plus long, mais je pourrais l’avoir.

- Alors pourquoi ne pas faire ça ?

Pour toute réponse, Tia laissa son regard errer sur le corps très attirant en face d’elle et le bas-ventre d’Enrick réagit instantanément.

- Tu es tueur à gage pas mercenaire, répéta-elle, tu n’as pas besoin d’avoir une réputation d’honnêteté, juste celle d’aller jusqu’au bout de tes contrats.

Il bougea la tête. Elle n’avait pas tord. Et même sacrément raison. Et puis… il avait exactement ce qu’il était venu chercher. Il avait une confirmation de l’excellence de son adversaire, il pouvait déterminer ses options en fonctions de ce qu’il voyait et en prime, une partie de jambe en l’air torride. Et puis… il était quand même plus facile de négocier sur l’oreiller. Il ne renonçait pas à sa cible. Il remettait juste les négociations à plus tard.

- Ok. Mais je veux une nuit entière.

Tia sourit. Elle avait ferré le poisson.

- Ca me va, accepta-elle en passant un doigt négligent sur le bord de son verre.

- Je veux une preuve de bonne foi, la singea-il.

Elle rit et se leva, lui tendant une main fine mais ferme. Il la prit et elle l’attira à lui. En déposant ses lèvres sur les siennes, elle envoya une pensée d’excuses à sa femme. Mais ce type était coriace et elle ne voyait pas d’autres solutions. La torture était exclue, Lex n’aurait pas accepté et de toute façon elle était sûre qu’avec un homme comme lui, cela aurait été une perte de temps.

Elle ouvrit les lèvres lorsque la langue dure d’Enrick exigea un passage et elle s’enroula autour de la sienne. Ils collèrent leur corps l’un contre l’autre et s’embrassèrent avec passion. Tia mit fin au baiser après plusieurs secondes d’exploration intense, le souffle court et le sang battant fort dans son corps.

Elle se lécha les lèvres et se détacha de lui à regret. Elle sentit soudain un point lui brûler le dos et retint une grimace. De toute évidence Lex n’avait pas manqué une seule miette du spectacle. Elle allait en entendre parler longtemps !

- Y’a un hôtel là, fit Enrick en tendant la main.

Sans attendre sa réponse, il prit sa main et la tira derrière lui. Ils se retrouvèrent dans une chambre moins de cinq minutes plus tard. A peine le pas de la porte franchit, il la plaqua contre le mur et l’embrassa avec fougue tout en laissant ses mains parcourir son corps. Il massa ses seins à travers le tissu puis descendit plus bas.

Il pressa sa main droite contre le sexe de Tia qui écarta les jambes pour lui faciliter l’accès, terriblement excité. Elle déboutonna sa chemise en même temps qu’il passait ses mains sous le t-shirt. D’un mouvement impatient, il le lui retira et dégrafa ensuite son soutien-gorge.

Il ne perdit pas de temps à contempler leur splendeur et les embrassa goulument. Elle repoussa la chemise des épaules musclées d’Enrick et d’une poussée, l’envoya s’allonger sur le lit.

Elle s’installa à califourchon sur lui et lécha et embrassa chaque parcelle du torse musclé sous elle. Ne voulant pas rester en arrière, Enrick passa ses mains sur le dos et descendis glisser les mains sous le pantalon. Il malaxa les fesses fermes qu’il trouva vite et repoussa soudain la grande femme.

Il la fit rouler sur le dos et retira son pantalon en même temps qu’elle se débarrassait du sien. Il ne resta bientôt plus que leur sous-vêtement. Il se laissa tomber sur elle et glissa une main sous la culotte. Il titilla le clitoris tendu et sentit le sexe de la mercenaire s’humidifier abondamment.

Il retira sa main et embrassant la grande femme à pleine bouche pressa son sexe tendu contre le tissu humide de sa culotte. Tia respira brusquement et le laissa retirer les dernières barrières qui les séparaient.

«  Encore un peu pensa-elle, encore un peu ». Elle croisa le regard brumeux mais encore lucide du jeune homme et lui sourit. Il reprit possession de sa bouche en lui écartant brusquement les jambes. Il chercha la fente dilatée et la trouvant, plaça son sexe turgescent tout contre.

Avant qu’il ne s’introduise en elle d’une brusque poussée, elle le fit rouler sur le dos et empoigna son sexe d’une main ferme. Elle vit sa respiration se faire plus saccadée et lorsqu’elle entama une série de va et viens rapide, elle se fit vite laborieuse.

Tia surveilla attentivement le regard du jeune homme guettant le moment où il serait tellement près de jouir qu’il lui donnerait tout ce qu’elle voulait.

Lorsqu’il s’approcha enfin de ce moment, Tia murmura à son oreille :

- Le nom.

Et elle stoppa le mouvement de son poignet. Un grognement de frustration intense se fit entendre. Pour ne pas perdre le contrôle, elle descendit rapidement vers le et sexe dur et tendu et en lécha le bout sensible.

Enrick s’arcbouta et empoigna ses cheveux, la pressant de le prendre en bouche. Elle résista et se redressant juste ce qu’il fallait pour ne pas toucher le sexe mais suffisamment proche pour que son souffle effleure le gland, elle répéta :

- Le nom.

Frustré, il poussa sur sa tête et elle le laissa la rapprocher légèrement. Elle en lapa doucement la base en remontant jusque sur la pointe ou elle s’attarda un moment, ce qui le rendit presque fou, puis répéta :

- Le nom.

Dans un soupir frustré, il souffla :

- Aniock Gretchev.

Puis il pressa sa tête sur son sexe et elle le lécha une dernière fois. Il relâcha la pression et elle rampa sur son corps. Elle l’embrassa fougueusement et se recula.

- C’était sympa, faudra remettre ça un de ses quatre, sourit-elle, avant de frapper sur sa glotte et de rouler sur le côté.

Il se redressa brusquement, le souffle coupé, les mains sur la gorge, et elle enchaîna avec un coup de coude violent dans sa tempe. Il s’écroula inconscient sur le lit. Elle laissa son regard errer un instant sur le corps superbe qu’elle venait de se refuser et soupirant, se rhabilla.

Avant de partir elle se tourna vers lui et lança :

- Je sais que tu vas m’en vouloir, mais souviens-toi que je ne t’ai pas prit en traître. Je t’ai dit que j’étais fidèle. Et je ne t’ai jamais promis de coucher avec toi toute la nuit ! Tu m’as demandé une nuit entière mais tu n’as pas précisé à faire quoi. Là, tu l’as ta nuit entière à l’hôtel… mais seul, conclut-elle avec un petit rire avant de se détourner et de sortir.

 

*******************************************

 

Elle retourna à son hôtel avec appréhension. Elle savait qu’Alexia l’y attendait, c’était ce dont elles avaient convenues, seulement, ce que sa compagne avait surprit n’était pas du tout prévu au programme et si Lex avait fait de gros progrès dans le contrôle de sa jalousie, elle se doutait bien que, là, ça ne passerait pas.

Elle ouvrit la porte et y pénétra avec circonspection, la lumière étant éteinte et les rideaux tirés, elle crut que Lex s’était endormie. Elle referma donc la porte avec douceur et retira ses chaussures.

Elle s’assit sur le bord du lit et se tourna vers l’endroit où elle pensait trouver sa compagne mais ne la vit pas. Elle fronça les sourcils et fit le tour de la pièce des yeux. Elle la trouva, appuyé contre le mur, les bras et les chevilles croisés, la fixant d’un air sombre.

Tia lui fit un sourire incertain.

- Ca va ?

La jeune femme ne répondit pas, elle se détacha du mur et s’approcha d’elle. Elle se pencha sur elle et… renifla. Puis elle se redressa avec brusquerie et serra des poings furieux, ses yeux reflétaient une vague de rage, de douleur et déception. Mais c’était la rage qui dominait.

- Tu sens le sexe, lança-elle d’une voix vibrante.

Là, Tia se demanda comment elle allait la convaincre qu’il ne s’était rien passée. Enfin, rien d’extraordinaire.

- Je n’ai pas couché avec lui, fit-elle vivement.

Lex était planté devant elle, la dominant, ses yeux brillants de colère et de larmes. Elle se pencha de nouveau sur elle et la sentit.

- C’est pas l’envie qui t’en a manqué on dirait. Puis elle passa le bout de sa langue sur son cou et se redressa en crachant par terre lorsqu’elle sentit un autre goût.

- Il existe bien des façons de faire jouir un homme sans forcément qu’il te pénètre.

- Il n’y a pas eu de ça entre nous, fit-elle en se levant et en posant les mains sur ses épaules.

Lex la fixa un moment, voulant plus que tout la croire, puis s’avança une fois de plus vers elle pour la sentir et Tia se maudit pour ne pas avoir prit une douche, avant de se dire que ça aurait été tout aussi douteux de sentir le savon frais.

- Tu sens son odeur, accusa la petite femme en se dégageant brutalement. De toute évidence, il s’est frotté à toi. Et ça t’a plut.

Tia se mordit la lèvre en se demandant comment désamorcer la situation.

- Lex, je n’ai pas… je t’ai été fidèle.

- Ah oui ? Tu ne l’as pas embrassée alors ? Tu ne l’as pas léché ? Tu ne l’as pas laissé te déshabiller ? Poser ses mains, sa langue sur toi ? Tu ne l’as pas laissé reposer nu, sur toi tout aussi à poil ? Ca ne t’a pas excité au point que tu mouilles encore maintenant ? Dis-moi que tu ne l’a pas fait et je te croirais.

Tia dévisagea sa compagne dont l’expression, mélange d’espoir fou, de douleur et de colère lui déchirait le cœur.

- C’était qu’une mission… répondit-elle en désespoir de cause. Lex, je te jure que ce n’était qu’un moyen d’avoir les infos dont on avait besoin. Rien d’autre.

- Oh, alors tu as prit ton pied dans l’intérêt de la mission et je suis sensé être rassurée ?!

- Je n’ai pas prit mon pied, bon sang !

- TU AS MOUILLE !!!!!!!!!! hurla Lex en pleurant. TU LE VOULAIS !!!!!!!!!!

Tia était désemparée par la profondeur de la blessure qu’elle voyait en Lex et ne savait pas comment gérer ça. Elle ne s’attendait pas à une réaction aussi violente. Elle n’avait rien fait de mal bon sang ! Elle passa une main frustrée dans ses cheveux et répondit :

- Lex je ne vais pas m’excuser d’avoir une libido, ok ? Oui, il était excitant, mais je n’ai rien fait de mal et rien de plus que ce que j’aurais fais s’il avait été repoussant. J’avais besoin d’infos et il était plutôt évident que je n’obtiendrais rien par la négociation.

- Tu pouvais le torturer ! Jeta la petite femme en tremblant de rage.

La mercenaire sembla choquée. Elle secoua la tête en reculant d’un pas et la fixa d’un air horrifié.

- Tu entends ce que tu dis ? Lex, tu m’en aurais voulu si j’avais fait ça. Bon sang, tu hais la violence gratuite !

- J’aurais préférée ça à ce que je ressens en ce moment, lâcha la petite blonde la voix tremblante.

- Bon dieu, souffla Tia n’en revenant pas. Lex, je n’ai rien fait de mal ! Plaida-elle. Je ne t’ai pas trahi même si tu penses le contraire ! Il n’aurait pas céder sous la torture ! Et je lui plaisais suffisamment pour qu’il accepte d’inclure « mes services » dans la négociation. J’ai vu que j’avais une ouverture pour avoir l’info sans trop de dommage et j’ai sauté sur l’occasion.

- Sauter, c’est le mot, ricana la petite femme méchamment.

- Lex, merde à la fin !!!

Sa compagne, la regarda furieuse avant de s’approcher d’elle et de lui murmurer, le désespoir emplissant ses yeux au fur et à mesure qu’elle parlait.

- Dis-moi qu’il ne t’a pas touché comme je te touche. Qu’il n’a pas posé les mains sur toi comme je le fais, qu’il n’a pas léché ta peau comme je le fais, qu’il ne t’a pas fait gémir comme moi, dis-moi que tu ne l’as pas touché comme tu me touches, que tu n’as pas embrassé sa peau comme tu embrasses la mienne… Dis-moi qu’il n’y a que moi, finit-elle des larmes douloureuses roulant sur ses joues.

Tia avait mal pour elle. Elle s’en voulait terriblement, elle n’avait pas pensé qu’une chose pareille pourrait arriver. Ce n’était qu’une mission… Elle attira sa femme dans ses bras en murmurant des excuses.

- Je suis désolée, je suis désolée, je suis vraiment désolée. Je ne pensais pas… je suis désolée, pardonne-moi…

- Dis-moi qu’il n’y a que moi…

- Il n’y a que toi. Il n’y a jamais eu que toi et il n’y aurais jamais que toi. Lex… Je… je suis vraiment désolée… Je… j’ai fait encore des bourdes, on dirait. Même après trois années… je ne suis toujours pas doué avec les notions de couple, je suis désolée… Je ne pensais pas… que ça serait un problème mais… je me suis trompée. Je suis désolée…

Lex s’enfouie dans l’étreinte forte et éclata en sanglot. Elle avait eut tellement mal quand elle les avaient vu se rendre dans l’hôtel et elle avait été si jalouse qu’elle n’avait pût s’empêcher de les suivre et de se mettre derrière leur porte lorsqu’ils étaient entré dans leurs chambres.

Elle avait entendu les bruits de baisers et les grognements satisfaits de l’homme. Son imagination avait comblé les blancs et elle les avait imaginé, collé l’un à l’autre. Si elle n’avait pas vu Tia réagir aussi fortement au baiser que ce connard lui avait donné sur la terrasse du café, elle n’aurait pas été aussi effrayée sur ce qu’ils faisaient dans cette chambre, mais il avait si manifestement plus à sa femme… Et puis elle l’avait entendu gémir et ça avait été la goutte d’eau en trop.

Elle avait tourné les talons et avait rejoint en courant la chambre d’hôtel que Tia avait loué deux jours auparavant. Et elle avait regardé les minutes s’égrener avec lenteur sur le réveil et plus le temps passait, plus la peur et la douleur lui nouait l’estomac.

Et si Tia restait la nuit ? Et si elle se rendait compte qu’elle préférait rester avec lui ?

Des tas de questions idiotes traversaient son esprit et à chacune d’entre elles, la colère montait. Elles venaient de se marier et Tia la trompait sans vergogne !

Et puis Tia était rentrée et elle avait eut l’air si surprise ! Elle parlait de mission, de moyen… elle ne pensait vraiment pas avoir fait quelque chose de mal. Et Lex la croyait. Tia ne maîtrisait pas toujours les choses les plus simples en termes de relation sociale et elle lui avait promis au début de leur relation d’être patiente et de lui apprendre ce genre de chose.

Mais c’était si dur… elle n’était pas sûre de parvenir à oublier les bruits de baisers et les gémissements et l’odeur de la peau de cet homme sur celle de sa femme…

- Je ne peux pas vivre sans toi… gémit-elle.

- Et tu n’auras pas à le faire.

Le ton de Tia était clair et sûr et cela réconforta la petite femme.

- Merci… mais je ne suis pas sûre de pouvoir oublier…

Elle sentit Tia se raidir et s’en voulu, mais elle ne revint pas sur ses propos. C’était la vérité, elle ne parviendrait jamais à oublier le plaisir que sa femme avait prit à être touché par cet homme. Mais elle parviendrait à lui pardonner… parce que Tia n’y était pour rien. Parce qu’elle ne comprenait même pas, mais qu’à l’avenir pourtant elle ferait attention.

Et parce qu’elle l’aimait. Et puis… elle n’avait pas couché avec. Elle se raccrocha à cette vérité, à ce fait comme s’il avait la moindre importance, alors que c’était faux et qu’elle le savait.

Tia l’avait trompé, pas dans les faits, mais dans le plaisir qu’elle y avait prit, pas dans les intentions, mais dans les moyens qu’elle y avait mit. Cet homme avait remplacé son odeur sur elle. Son touché sur sa peau. Et cela seul comptait.

Le reste n’était que détail.

- Je… je suis désolée. Je ne comprends pas pourquoi tu le prends ainsi, je suis désolée mais je ne le comprends pas. Ca n’a pas d’importance. Je n’ai pas couché avec lui. Je n’ai pas de sentiments pour lui. Je… c’était un piège, rien de plus. Et…

Tia soupira découragée.

- Mais je m’en veux de te faire souffrir. Je vois bien que ça t’a fait mal et pour ça je m’en veux. Je… ne peux que te promettre de ne plus utiliser ce genre de moyen pour obtenir des infos. Mais… ça va compliquer certaines choses. Lex… tu l’as fait et… enfin, je n’ai pas réagis ainsi. Et puis, ce n’est pas la première fois non plus, je veux dire, tu m’as vu faire ça des dizaines de fois.

- Pas dans une chambre d’hôtel ! cria-elle en s’arrachant à son étreinte. Et ça n’a jamais été aussi loin ! Putain, tu l’as laissé te toucher ! T’allonger sur un putain de lit ! Déposer sa putain d’odeur sur toi et je parie que la tienne le recouvre entièrement !

Elle lui tourna brusquement le dos en respirant profondément pour se calmer. Ca ne servait à rien. Tia ne comprenait pas. Cette fois était différente des autres. Séduire, embrasser… Ok. Elle les caressait parfois aussi, mais jamais nu, jamais dans un lieu fermer, encore moins avec un lit. Et…

- Ca ne t’as jamais plût avant… murmura-elle pour elle-même.

« C’était donc ça… » comprit la grande femme. Enfin pas seulement, mais en grande partie. Elle ne voyait pas encore ce qui la gênait tant, enfin, elle avait entendu les propos de Lex mais… elle ne comprenait pas pourquoi c’était différent cette fois. Ceci dit sa jalousie, c’était quelque chose avec laquelle elle avait l’habitude de vivre. Elle pouvait peut-être faire quelque chose.

Elle s’approcha de sa femme, la prit dans ses bras et la serra contre elle.

- Il était séduisant et avait quelque chose oui… mais ce n’était rien comparer à l’effet que tu me fais. Personne ne fait le poids face à toi Lex et…

Elle soupira.

- Tu ne vas pas me faire croire que tu n’as jamais été attiré par qui que se soit d’autre ? Je… ne dirais pas que ça ne me fait rien, mais je comprends. On n’est pas des machines Lex. On n’y peut rien. Du moment qu’on ne passe pas à l’acte.

- Oh, alors si je me dépoile devant Danzel et qu’il fait de même avant de me couvrir de baiser et de lécher chaque parcelle de ma peau, c’est pas un problème ? Du moment qu’on ne va pas jusqu’au bout c’est ça ? Railla la jeune femme sans se retourner.

Tia la retourna brusquement et le visage déformer par la colère lui jeta :

- Tu n’as pas intérêt à faire ça ! Gronda-elle.

- Et pourquoi pas ? La nargua Lex. Je vois pas la différence.

- C’ETAIT POUR LE BOULOT, BORDEL DE MERDE !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! LUI… LUI C’EST TON EX !!!!!!!!!!!!!!!! MERDE, LEX !!! TU FAIS CHIER !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

Tia lui tourna le dos et se rua sur la porte. Elle la claqua en sortant et partie à grand enjambée. Puis s’arrêta et prit de grande inspirations. Elle ne pouvait aller nulle part, Enrick était dans les parages et pour peu qu’il soit revenu à lui, il était sûrement furax.

Elle ferma les yeux et se concentra sur sa respiration. Lorsque celle-ci et son cœur eurent retrouvé un rythme normal, elle réfléchit.

Rien qu’imaginer sa femme avec ce type… le sang grondait à nouveau dans ses oreilles. Elle commençait à comprendre ce que ressentait Lex. C’était différent parce que Lex avait des sentiments pour Danzel et elle rien pour Enrick mais… elle commençait à comprendre.

Elle avait été nue et si rien n’avait été consommé et que pour elle cela n’avait eu aucune signification, le fait était qu’ils avaient partagé une intimité qu’elle n’aurait dû avoir qu’avec sa femme. Bon sang, comment avait-elle pût passer à côté d’une telle évidence ?!

Elle avait vraiment un problème, soupira-elle en revenant sur ses pas et en s’asseyant contre le mur. Elle était tordue. Ne voyait pas ce qui semblait évident aux autres et étaient complètement perdu dès qu’il s’agissait des relations. Bordel, mais que foutait Lex avec elle ?!

Et elle qui pensait avoir surmonté tout ça… elle avait été un peu trop optimiste. Trois années d’une vie normale ne faisaient pas le poids contre 14 ans d’une vie semblable à l’enfer ou la seule chose qu’elle avait apprise était comment tuer et comment survivre et 13 ans d’une vie où elle était sa seule préoccupation. Trois années ne suffisaient pas pour combler tout ses manques, tous les vides et les évidences qu’on apprenait en grandissant normalement. Elle… pensait avoir fait des progrès mais apparemment pas.

Que pouvait-elle faire maintenant ? Lex devait lui en vouloir à mort. Et elle avait raison. Ce qu’elle avait fait était immonde… Mais elle ne pensait pas…

Elle se prit la tête entre les mains.

Comment allait-elle se rattraper ? Le pouvait-elle seulement ?

Chapitre 6 :

 

Alexia sortit de la chambre et s’appuya au chambranle, les yeux baissés vers la silhouette assise à ces pieds. La tête entre les mains, les coudes sur les genoux, Tia respirait la culpabilité et Lex soupira. Quel gâchis.

Elle avança et s’assit à ses côtés. Elle garda les yeux fixé sur l’horizon un moment puis les ferma et posa sa tête sur l’épaule de sa compagne.

- Je suis désolée, fit la petite femme. Je n’ai dit ça que pour t’énerver. Mais Danzel n’est rien pour moi et je ne ferais jamais rien de ce type avec lui, je te le jure.

- Tu en aurais le droit pourtant, fit la voix étouffée de la mercenaire.

Lex se redressa et la fixa. Cette réponse… Tia avait comprit ?

- Tu crois ? Tenta-elle.

Tia hocha la tête, sans rien dire ni relevé les yeux, elle avait bien trop honte. Lex sourit. Tia avait comprit. Elle leva une main douce vers ses cheveux et les caressa légèrement.

- Moi, je ne pense pas, non.

Tia la fixa par en dessous, intriguée par le ton, la caresse et les paroles.

- Si je le faisais se serait en toute conscience. Toi, tu… n’avais pas conscience de ce que tu faisais et de ce que ça allait me faire. Tu n’as pas vu ça comme un acte ou un pré-acte, grimaça-elle, sexuel. Mais comme un outil utile. Je l’ai compris dès que tu es entrée dans la chambre mais j’étais si blessée, que je n’ai pas voulu te laisser t’en tirer comme ça et je… voulais que tu comprennes, pour ne plus que tu ne recommences.

- C’est gagné, fit la grande femme en se redressant timidement. Je suis désolée, Lex.

- Ca va, répondit-elle sans cesser sa caresse sur ses cheveux. Tu sais… j’ai parfois tendance à oublier que tu n’es pas comme la plupart des gens. Que ton enfance à été « spéciale » et à fait que ta conception du monde est un peu tordu. J’ai parfois tellement envie d’oublier tout ce qui t’a fait souffrir que je nie les conséquences que cela à eu sur toi. Alors c’est moi qui suis désolée…

Tia chercha dans les yeux verts, une trace de ressentiments, de colère ou de chagrin et ne vit qu’un sincère repentir. Elle hocha la tête avec hésitation et dit :

- Tu n’as pas à t’excuser…

- Bien sûr que si.

- Lex…, protesta la mercenaire.

- Tia, s’il te plaît, la coupa sa compagne, accepte mes excuses et oublions tout ça.

La mercenaire était complètement perdue, mais aussi infiniment reconnaissante au monde de lui avoir offert le cadeau merveilleux d’une femme qui l’aimait telle qu’elle était.

- D’accord, mais…

- Je te pardonne, la coupa-elle de nouveau.

Tia ouvrit puis ferma la bouche. Elle détourna le regard puis revint sur elle.

- Pourquoi as-tu tellement envie d’oublier mes… blessures ? demanda-elle doucement.

- Parce que je n’étais pas là pour te protéger. Parce que je n’arrive même pas à te les faire oublier. Elles te hantent encore. Certaines nuits… je donnerais n’importe quoi pour être sourde…

Tia écarquilla les yeux et ouvrit la bouche, stupéfaite.

- Je… je… je n’avais pas conscience que ça te faisais si mal. Je suis désolée… souffla grande femme en se sentant en dessous de tout.

- Tu n’y ais pour rien et puis, fit-elle en lui caressant la joue, si je te l’avais dit, tu aurais insisté pour dormir ailleurs, et même si mon impuissance à te soulager est douloureuse, je ne renoncerais pas à essayer pour tout l’or du monde. Je t’aime Tia, j’aimerais juste que tu sois heureuse.

- Mais je le suis…

- Pas complètement. Jamais complètement. Tu as trop de blessures. Subit trop de choses.

- Lex tu te trompes, je suis heureuse, fit-elle en prenant son visage entre ses mains. Ces cauchemars, j’en ai presque plus et puis… il ne reflète en rien mon état d’esprit quand je suis avec toi. Lex, fit-elle en y mettant toute sa conviction, quand j’ai mal il me suffit d’évoquer ton image pour qu’aussitôt ça ailles mieux. Ne va pas croire que tu es aussi impuissante que tu sembles le penser, parce que c’est faux !

- Tia…, fit la petite blonde en secouant la tête.

- Non, Lex ! Je ne vais pas te laisser croire une stupidité pareille, bon sang ! Quand j’ai des cauchemars et que tu m’en tires, tes bras, ta voix, ta chaleur, tout ça, me ramène au présent avec une rapidité que je n’ai jamais eu. Et je me sens très vite si heureuse et en sécurité que je n’ai pas peur de me rendormir.

Une pause.

- Lex, il faut que tu comprennes. Avant toi, je ne dormais plus après mes cauchemars et ils étaient bien plus fréquents qu’aujourd’hui ! Lentement, mais sûrement, tu me guéris.

- Vraiment ?

- Oui !

C’était son but, celui qu’elle s’était fixée lorsque sa compagne avait commencé à lui raconter son passé, se souvint Lex. Guérir Tia quelque soit le temps que cela prendrait. Et ça marchait.

Puis elle repensa aux cauchemars récents de Tia, pendant sa maladie en Colombie et elle se souvint qu’elle n’avait rien pût faire pour la soulager. Peut-être était-ce dû en partie à la maladie mais comment en être sûr ?

Et si Tia, même si elle comprenait pourquoi, lui cachait des choses qui la faisait souffrir, comment allait-elle faire pour la guérir complètement ?

Lex se mordit la lèvre et lâcha :

- En Colombie… quand tu étais malade, je ne suis pas parvenu à te calmer.

Tia fronça les sourcils. De quoi parlait Lex ?

- Je ne comprends pas.

Lex eut un sourire tordu.

- Normal, t’étais dans les vapes.

- J’ai fait des cauchemars ?

- Tu en fais toujours quand tu es malade.

- Comment le sais-tu ? Excepté en Colombie, je n’ais jamais été malade.

Alexia eut un sourire moqueur.

- Tu oublis lorsque tes blessures s’infectent, parce que tu te prends pour superwoman.

Puis elle secoua la tête en soupirant.

- Tu as parlé d’un certain Ronin.

Tia se raidit aussitôt et lui jeta un regard alarmé.

- Et… qu’est-ce que j’ai dit ?

Lex haussa les épaules.

- Rien de précis. Tu hurlais surtout et… tu avais l’air d’avoir vraiment mal. Etait-ce… était-ce un autre Diego ?

Tia détourna le regard et déglutit. Ronin… Elle inspira et ferma les yeux. Elle avait si honte…

- Je… non, répondit-elle enfin.

Elle ouvrit la bouche, puis la referma et fixa le goudron à ses pieds.

- Je l’aimais, murmura-elle. Je l’aimais tellement…

Elle se tut et resta un long moment les yeux dans le vague. Une main douce se posa sur son bras et une voix, pleine d’amour retentit à son oreille, la sortant avec douceur de son cauchemar éveillé. 

- Tia ?

Tia cligna des yeux, se redressa et fixa sa compagne.

- Je n’ai même pas tremblé pendant cette plongée. Et j’en suis revenu très vite. Tu vois bien que tu me guéris, fit-elle avec un pauvre sourire.

Les yeux de Lex brillèrent doucement et elle pressa son bras.

- On n’est pas obligé d’en parler maintenant, dit-elle gentiment. D’autant que je ne sais toujours pas ce que tu as pu tirer de ce… type, fit-elle en retenant quelque chose de plus grossier a l’encontre du tueur.

Son expression à l’évocation d’Enrick, fit rire Tia et elle sortie de son humeur triste. Elle se leva et prit la main de sa compagne.

- On va régler ce problème et je te parlerais de Ronin.

- Et on retourne en Grèce, pour trouver ce vieux bonhomme bizarre aussi, n’oublie pas.

Tia leva les yeux aux ciels. Quand Lex avait une idée en tête…

- Je n’oublis pas. Viens rentrons. Se serait mieux de le faire à l’intérieur parce que quand Enrick va se réveiller, il va être furax. Et il y a toutes les chances qu’il me cherche dans toute la ville.

- Ah bon, pourquoi ? fit Lex en suivant sa femme dans leur chambre.

- Ben, disons que je l’ai assommé au mauvais moment, je dirais.

- Au mauvais moment ?

- Hum. Pour lui.

Lex fronça les sourcils puis son visage s’illumina sous la compréhension puis prenant une expression vengeresse, elle dit :

- Bien fait pour lui.

Tia rit et pressa ses lèvres contre les siennes avant de se dégager pour aller prendre une douche.

- Non, fit la petite femme, l’air farouche, en la retenant, je veux faire disparaître moi-même son odeur de toi.

Sur ces mots, elle poussa sa compagne sur le lit et rampa sur elle.

- Je veux que l’excitation que je vais provoquer noie totalement celle que je sens encore là, fit-elle en glissant sa main sous les vêtements et sur le sexe de Tia.

La grande femme inspira brusquement et un sourire satisfait naquit sur le visage sombre et déterminé de sa compagne.

- Je parie qu’il n’était pas capable de t’exciter comme ça, fit-elle tout contre les lèvres de Tia.

Tia ne dit pas un mot mais hocha la tête. Cette situation était dérangeante, mais elle comprenait la nécessité qu’avait Lex de se réapproprier son corps et ses réactions. Alors elle la laissa faire, et s’abandonna complètement à elle, se montrant plus vulnérable qu’elle ne l’avait jamais été, afin que Lex comprenne qu’elle n’appartenait réellement qu’à elle.

 

***************************************

 

Lorsqu’il se réveilla, sa respiration siffla, sa gorge était douloureuse. Quand à sa tête, elle pulsait si fort qu’il crut qu’il allait vomir rien qu’en ouvrant les yeux. Il gémit et mit une main devant ses yeux.

Il roula sur le côté en se prenant la tête entre les mains. Il tenta de se remémorer ce qui s’était passé et où il se trouvait. Cela prit plusieurs minutes. Il dû d’abord repousser la douleur et la nausée, et ce ne fut pas une mince affaire.

Puis tout lui revint, comme une claque en pleine figure. Il se redressa brusquement ce qui contracta brutalement son estomac et il n’eut que le temps de se pencher sur le côté avant de rendre sur la moquette.

Il reprit sa respiration lentement, puis se rassit et fixant le mur en face, laissa la colère l’envahir.

Elle s’était foutue de lui.

Il s’attendait à ce qu’elle essai de l’avoir, à obtenir plus que ce qu’il n’avait eu l’intention de donner, mais pas à ne rien recevoir. Pire… elle l’avait frappé et… se souvint-il, elle s’était moqué de lui juste avant de l’assommer.

Et elle l’avait mené si loin, si près de la jouissance, sans la lui accorder, qu’il était maintenant plus qu’extrêmement frustré. La tension dans son corps était puissante et lui donnait envie de tuer pour se soulager.

Mais il ne le ferait pas. Il n’était pas n’importe qui parmi les tueur à gage. Il était le fantôme. Le tueur a gage qui ne déviait jamais de sa destination, quelque soit les obstacles et l’implication. Quelque soit ses émotions. Rien ne devait primer sur le contrat.

Et bien qu’il en veuille énormément à la mercenaire, il devait reconnaître aussi qu’elle était incroyable.

Elle était bien plus intelligente que ce qu’il avait cru. Et bien plus sexy. C’était une adversaire à la hauteur et il était heureux d’avoir trouvé quelqu’un de sa valeur.

Mais ni sa colère due à sa frustration, ni son intérêt, ne le détournerait. Sa cible était Frédéric et il était plutôt évident qu’elle ne le mènerait pas à lui de son plein gré. Connaissant sa réputation, elle devait l’avoir planqué quelque part pour le rejoindre plus tard.

Il avait donc deux solutions.

Soit il la suivait en espérant qu’elle le mènerait bien à Frédéric, mais ça elle devait s’y attendre et ça risquait d’être encore plus difficile, d’autant qu’il n’avait pas la moindre idée sur où elle pouvait se trouver en cet instant.

Soit il utilisait le seul moyen de pression qui semblait fonctionner avec elle. Sa famille.

Sa femme et ses enfants étaient partit avec elle, mais elle avait aussi un oncle et deux cousines. Et pour ce qu’il en avait apprit, elle en était proche. Cependant ça aussi elle s’y attendait.

Mais il y avait aussi quelqu’un d’autre qu’il pouvait utiliser. Quelqu’un auquel aucune des personnes impliqué ne penserait et qui était pourtant l’appât parfait pour faire sortir Frédéric de son trou.

Une fois le contrat exécuté, il rendrait une visite amicale à sa si charmante nouvelle amie. Cette partie de ses projets ne pouvait être valable que si elle survivait au contrat. Mais bon, si elle succombait et bien… il lui rendrait hommage. C’était une adversaire de valeur.

Mais elle ne devrait pas avoir de mal à survivre. Elle était bonne et lui encore plus.

Et quelle nuit ils passeraient alors ! Il savait qu’il lui plaisait et saurait bien lui faire oublier qu’il était responsable de la mort de son tuteur. Après tout... ce n’était qu’un travail.

De ce point de vue là, elle était comme lui. Le boulot était le boulot. C’était une chose qu’il aurait dû prévoir. S’il l’avait fait, il ne se retrouverait pas avec un bleu de la taille d’une balle sur la gorge et une bosse comme un œuf sur la tempe.

Mais ça en valait la peine, songea-il en se levant prudemment. Rien que pour la voir nue. Et il avait même pût la toucher ! Alors il n’allait pas se plaindre.

Il se glissa dans la douche en souriant, un plan en tête et des souvenirs éblouissants pleins les yeux.

 

***********************************

 

Elles se réveillèrent à la nuit tombée, toute deux satisfaite et souriante. Alexia se blottit dans les bras de sa mercenaire, respirant avec délice leur mélange d’odeur et constata avec contentement qu’elle ne sentait plus du tout l’odeur d’Enrick.

- Et maintenant ?

Tia ouvrit deux yeux interrogateurs.

- Que va-on faire ? As-tu appris quelque chose d’utile ?

- Le nom du commanditaire.

Lex fronça les sourcils.

- Du commanditaire ? Je croyais que c’était Enrick ?

- Non. Lui c’est juste l’exécutant. Un tueur à gage, en fait.

Lex se redressa brusquement et la dévisagea bouche bée.

- Un tueur à gage ?! Je comprends mieux pourquoi tu pensais que la torture ne fonctionnerait pas.

- C’est pas tellement sa profession. Plutôt ce qu’il avait dans le regard.

Lex se rallongea contre elle et réfléchit.

- Je sais que ça ne me ressemble pas de proposer de torturer quelqu’un pour obtenir des infos mais… je ne le regrette pas.

- Peut-être, mais tu es aussi bien contente que nous n’ayons pas eut à le faire.

Lex ouvrit la bouche pour protester puis la referma. Tia avait raison. Elle soupira. Décidément, elle faisait une piètre mercenaire.

- Ne crois pas ça, répliqua la grande femme comme lisant dans ses pensées. Tu me rends meilleurs tu sais. Pour être un bon mercenaire, il n’est pas nécessaire de toujours devoir tuer ou faire souffrir.

- Mais c’est parfois inévitable, fit la petite blonde. Et parfois même nécessaire.

- Ca dépend des personnes à qui l’on a affaire. Et ce que l’on veut obtenir. Mais si on voir qu’il y a une autre solution…

- On doit la prendre, finit Lex. Je sais. Je suis désolée d’avoir suggérer le contraire.

- C’est toi qui m’a apprit ça Lex. Je n’ai donc pas vraiment prit ta « suggestion » au sérieux rassure-toi, répondit la grande femme en écartant une mèche de cheveux de son visage. 

 

 

Elles se sourirent.

- Et donc le nom de ce commanditaire ?

- Aniock Gretchev.

- tu le connais ? Moi, ça ne me dis rien.

- A moi non plus, mais ça doit forcément évoquer quelque chose pour Frédéric. C’est lui que nous devons trouver. C’est pour ça que j’ai laissé Enrick en vie.

Lex la dévisagea.

- Tu te fiche de moi ? Tia, c’est un tueur !

- Nous aussi, si on y réfléchit un peu. Et puis… il fait juste son travail, ajouta-elle en haussant les épaules. Il n’a rien contre nous. Le contrat stoppera à la seconde où le commanditaire décèdera.

Lex pinça les lèvres et déclara d’une voix neutre.

- Tu l’aimes bien.

Tia détourna le regard, mal à l’aise.

- Là, n’est pas la question, il n’est pas un danger pour nous.

- Non mais comment tu réfléchis ?! Tia, bon dieu, il va faire tout ce qui est en son pouvoir pour remplir son contrat ! On ne peut pas se préoccuper de lui en plus de partir à la recherche de Gretchev !

Tia la fusilla du regard.

- Tu penses toujours manifestement que j’ai fais ce que j’ai fait par plaisir et que ça a déformé mon mode de pensée.

Elle se redressa et s’appuya contre la tête du lit.

- Lex, j’aimerais une fois au moins que tu es confiance en moi, en ce qui concerne notre sécurité. Je ne vais pas la mettre en danger pour une vulgaire partie de jambe en l’air, bordel !!

- Alors quoi ?! Tu croises les doigts pour qu’il ne nous retrouve pas ?! C’est quoi ton plan ?!

- Il va se concentrer sur des moyens de pression, autrement dit sur ma famille. Je vais téléphoner à Karl et Enyalios pour qu’ils s’occupent de leur sécurité. Je vais aussi leur demander de garder un œil sur ton père et Linya et sa famille. Pendant qu’il sera occupé avec eux, on aura le champ libre pour trouver son client.

- Mais, bon sang pourquoi prendre un tel risque ?!

- Ce n’est pas si risquer que ça. Il va avoir du mal à les approcher. Ils sont constamment sous garde du corps et avec les renforts d’Enyalios et de Karl, ils seront encore plus intouchables.

 - Ca ne te ressemble pas Tia.

La mercenaire soupira.

- C’est... Lex, c’est juste… un travail qu’il fait. Comme nous. Entre nous, on ne se tue pas, tu le sais. Enfin… pas sans raison. Le code pour les tueurs à gage est le même.

- Mais pourquoi ?! C’est pas des gentils !

- Non. Ce ne sont pas des gentils ? Et c’est pour ça qu’avoir un allié dans ce milieu est important. C’est rare et précieux. Et ils peuvent être très utiles. Les tueurs à gage ne sont pas n’importe qui. Ils sont vraiment bons. Et avoir un pied dans leur place, peut nous éviter pas mal d’ennui.

- Oh, alors tu comptes garder ce type dans tes relations, c’est ça ?!

« Génial ! Songea la petite femme. Moi qui pensais pouvoir nous en débarrasser ! » Elle avait eut l’impression en les observant de voir un nouvel Enyalios. En plus bizarre ? Et ca ne l’enchantait guère.

Seulement elle devait convenir qu’elle avait raison. Un allié parmi ce milieu ne serait pas du luxe ! Elle soupira. Dès la fin de cette histoire, elle allait devoir marquer très nettement son territoire. Une fois de plus.

Elle posa un regard déterminé sur sa compagne.

- Quand tout ça sera finit, tu seras gentille d’organiser un nouveau mariage sur la propriété. On invitera cette fois, la famille et les amis. Et Enyalios et Enrick. Histoire de sceller notre nouvelle amitié, railla-elle.

Tia réprima un sourire et acquiesça.

- Ca me va. J’aime bien te voir en robe de mariée. Tu es très sexy… fit-elle d’un ton traînant. Tu remettras la même, hein ?

Lex rougit en imaginant la tête des parents de Linya s’ils la voyaient dans cette tenue.

- Heu… on verra.

Tia lui sourit, amusée.

- Et donc, là le plan c’est de rejoindre Frédéric ?

- C’est ça.

- Mais…. On ne sait pas où ils sont.

- Nous, non, mais Enyalios oui.

- Ok. On reprend le bateau ?

- Je te laisse le soin de réfléchir à ce qu’il convient le mieux de faire.

- V…vraiment ?

Lex était partagé entre excitation devant cette « promotion », joie devant la confiance de Tia et appréhensions à l’idée de faire les mauvais choix.

Elle se rallongea sur le dos et serra la main de la mercenaire. Et réfléchit.

 

Chapitre 7 :

 

Elles se retrouvèrent le lendemain matin à bord d’un avion privé, piloté par Lance. Alexia avait conclu que si Enrick décidait de les suivre, il n’aurait aucun mal à le faire avec le bateau et de toute façon, étant arrivé avec lui, repartir avec était trop risqué.

Elle avait alors téléphoné à Linya à partir du téléphone de l’hôtel, même si Enrick surveillait les appels, il savait déjà qu’elles étaient ici alors il n’y avait pas de risque. Evidemment, il ne faudrait pas traîner dès le combiné reposé.

Son amie avait été enchantée de l’entendre enfin. Elle s’était fait un sang d’encre pour tout le monde et même si elle savait qu’il devait y avoir une bonne raison pour qu’elles ne l’aient pas appelé, elle était inquiète. Elle n’avait pas cessé de se demander si elles devaient les faire chercher ou si elles seraient plus en sécurité si elle ne faisait rien.

Dans le doute, Linya n’avait rien fait, mais ça l’avait hautement contrarié et frustrée et elle ne se gêna pas pour le lui faire comprendre.

Lex la laissa faire, amusée et un peu soulagé de retrouver un semblant de normalité dans une vie qui était devenu bien chaotique. Se faire engueuler par sa meilleure amie était… reposant. Lex avait sourit avant de l’interrompre pour lui relater les évènements depuis le début et la raison de son appel.

De son côté Tia était sortie et s’était rendue vers la cabine téléphonique près de leur hôtel et avait téléphoné à Enyalios et Karl avant de se résigner à appeler son oncle. Pas de bol, la personne qui avait décroché était justement celle qu’elle souhaitait éviter.

- Allo ?

Tia avait grimacé.

- Lizzie ? C’est Tia. Ton père est là ?

Il y avait eut un blanc puis un cri d’orfraie qui avait failli lui percer le tympan et l’avait obligé à éloigner le combiné de son oreille en toute hâte.

- Tia ?! avait hurlé la jeune femme une seconde après. C’est vraiment toi ?!

- Oui, répondit la mercenaire un peu amusée de cette question enfantine.

- Ohbonsangdebordeldeputaindemerde !!!!!!! Tu es vivante !!!! Je savais que tu te ferais pas avoir comme ça, hein ?! Mais ca fait du bien d’avoir une confirmation !

Tia avait rit et Lizzie avait poursuivit :

- Alors qu’est-ce qui se passe ?! Ou tu es ?! C’est quoi tout ces morts au ranch ?! Tu vas bien ?! Et les jumeaux ?! Et Frédéric ?!

Tia nota qu’elle évitait délibérément de mentionner sa compagne et elle grimaça de nouveau. Depuis leur dispute le jour où Lex était partie chercher ses résultats, il y avait quelque chose de casser entre Lex et elle. Lizzie avait prit ses distance avec la petite blonde. Pourtant elles s’entendaient bien avant ça et Tia se sentait vraiment coupable de la dégradation de leur relation, même si Lex lui avait affirmé que ce n’était pas grave, que Lizzie était jeune et amoureuse et que ça lui passerait à son prochain béguin.

- On va bien, répondit-elle avant d’ajouter. Lex aussi.

Seul le froid lui répondit. Puis un glacial :

- C’est cool. Je vais te chercher papa.

Tia l’entendit reposer le combiner et elle se demanda si Lizzie aurait été heureuse, comme le laissait supposer sa réponse ironique et froide, s’il était arrivé quelque chose à Lex. Ca ne ressemblait pas à la Lizzie qu’elle connaissait cette attitude ouvertement méchante.

Lorsque leur vie reprendrait un tour plus calme, elle devrait se pencher sérieusement sur les fréquentations de sa cousine. Lizzie n’avait jamais souhaité de mal à Lex, qu’elle appréciait et envers qui elle éprouvait une reconnaissance sans borne pour l’avoir sortie de son enfer personnel. Mais à voir ses réactions actuelles, le temps où elle lui souhaiterait ouvertement du mal, ne tarderait plus. Et c’était assez perturbant.

Elle aimait beaucoup Lizzie et se sentait responsable de la situation dans laquelle elle était. C’était son rejet qui avait fait cela. Et quelque part, tout avait en fait commencé le jour où elle l’avait attendu dans la rue derrière le foyer en Italie. Lorsqu’elle avait joué de sa séduction pour l’obliger à la suivre. Elle n’aurait pas dû.

De même qu’elle n’aurait pas dû lui parler de leurs expériences communes aussi vite. Cela les avait rapprochés trop soudainement. Elle s’y était mal prise, était aller trop vite.

Mais il était trop tard pour y faire quoi que se soit et Lizzie était une adulte maintenant. Elle était à même de comprendre certaines choses. Il fallait juste que Tia les fassent entrer dans son crâne d’ado.

Finalement l’intégrer à la meute n’était peut-être pas une si mauvaise idée. Elle était toujours mal à l’aise avec ce concept et ce qu’il sous tendait dans les relations de ses membres mais parfois, pour certaines choses, il fallait passer outre.

En fait c’était le mot meute qui l’ennuyait. Les relations particulière entre elle et ses membres, ne la gênait pas tant. Elles allaient de soi pour elle. Frédéric et elle était tellement semblable dans leur façon d’envisager le monde et les gens que ça ne la gênait pas. Karl s’était extrêmement bien adapté. A lui aussi leur mode de communication et de vie particulier lui avait semblé normal, en conséquence, ce n’était pas ça qui l’ennuyait. 

Même si elle en adoptait le fonctionnement, Tia n’oubliait pas qu’ils n’étaient pas une vraie meute. Elle n’assimilait pas ses membres à de vrais loups. Frédéric si. Et si elle se sentait parfois louve, elle n’en était pas une à chaque minute de son existence. Et depuis qu’il s’était installé au Canada avec les jumeaux, Frédéric non plus, même s’il avait du mal à l’accepter.

Néanmoins, ce souci là était surtout d’ordre sémantique, étant donné que rien dans leur fonctionnement, exception faite de la hiérarchie stricte, ne la gênait ou la choquait. En fait, c’était l’explication qu’elle devrait en donner à Lizzie qui la mettait mal à l’aise. Entre elle, Frédéric et Karl, ca avait été naturel. Il n’y avait pas eu de mots sur les attitudes. Tout allait de soi. Là… il faudrait pointer les comportements, règles et attitudes et leur donner un nom.

Mais c’était une chose qui devait être faite.

Un cadre aussi ouvert et strict que l’était la meute, et qui lui donnerait le sentiment d’exister pour plusieurs personnes sans pour autant rejeter son côté noir, lui permettrait peut-être de s’accepter tel qu’elle était et d’aller de l’avant.

Le seul ennui était qu’elle devrait vivre au ranch quelque temps et si les relations entre Lex et elle, ne s’améliorait pas… ça n’allait pas être une cohabitation de tout repos. Mais peut-être pourrait-elle profiter de cette proximité forcée pour rappeler à Lizzie que Lex n’était pas son ennemie ?

Une voix grave ou perçait une note d’espoir, interrompit ses réflexions.

- Tia ?

- C’est moi, répondit la grande femme avec un sourire dans la voix.

- Dieu merci tu es vivante… souffla son oncle.

- J’ai survécu à Sassem, je ne risquais pas de me faire avoir avec un seul tueur à gage, railla-elle. Homme de peu de foi.

Il rit soulagé puis reprit :

- Un tueur à gage, hein ? Tu sais qui la engagé ?

- Oui. Et ne t’en fais pas je ne suis pas la cible.

- Qui alors ?

La réflexion fit sourire la grande femme.

- Tu me vois si dangereuse que dès qu’il y a un tueur dans les environs, il est forcément pour moi ?

- Eh bien… oui.

Tia éclata de rire.

- Ok. Je ne sais pas si je dois être flattée ou vexée.

- Flattée. Je pense que tu es excellente dans ta partie et que ça en emmerde plus d’un, répondit tout de go son oncle, amusé.

- C’est pas faux. Merci. Pour répondre à ta question, c’est après Frédéric qu’il en a.

- Oh. Hum. Je présume qu’on aurait dû s’y attendre, non ? Je veux dire, il a un passé plutôt chargé.

- Oui, mais on le pensait suffisamment bien cacher. Ceci dit après l’affaire Sassem, on n’aurait dû savoir que ça allait changer la donne.

- Tu sais donc quoi faire ?

- Pas encore. Je dois d’abord parler avec Frédéric. J’ai obtenu quelques infos intéressantes.

- Je peux t’aider ?

Tia réfléchit à la question et se dit qu’il pourrait avoir un éclairage différent étant donné sa position dans les affaires.

- En fait, oui. J’aimerais que tu te renseignes, mais discrètement, sur un certain Aniock Gretchev.

- Ce nom me dit quelque chose, murmura-il en réfléchissant.

- Excellent. Ca doit vouloir dire qu’il est connu. Et s’il est connu, aucun souci pour lui mettre la main dessus !

Tia était plus que satisfaite. Elle allait bientôt pouvoir mettre un terme à cette histoire stupide.

- Probablement, acquiesça Gin. Je vais me renseigner. Comment puis-je te joindre ?

- Tu ne le fais pas. C’est moi qui m’en occupe.

- Très bien. Pour quand as-tu besoin ?

Tia se mordit la lèvre en réfléchissant.

- Deux jours ça irait ?

- Pas de problème. Autre chose ?

- Oui. Le tueur à gage pourrait s’en prendre à vous pour faire pression sur moi. Il faudrait que vous soyez plus prudent que d’habitude. Karl, arrivera bientôt avec des hommes à lui. En fait ça m’arrangerait si vous restiez aux Etats-Unis et sous leur protection, le temps que je règle cette histoire.

- Ca va être difficile Tia. J’ai des réunions importantes en Afrique et en Australie et Trinity doit m’accompagner. Ceci dit je veux bien qu’ils nous suivent. Et nous ferons tout ce qu’ils nous demanderont, ça te va ?

- Moi, je m’en fiche, c’est vos vies qui sont en jeu. 

Gin ne dit rien. Il était toujours un peu choqué par la brutalité de sa nièce, même s’il la comprenait. Il soupira.

- Ok, écoute je devrais pouvoir en reporter une au mois prochain, mais pour l’autre…

- C’est déjà ça. J’ai demandé à Enyalios de vous trouvé un garde-fou en sous-marin. Il te suivra sûrement dans tes déplacements.

- Ah, eh bien… merci.

- De quoi ? Ironisa la grande femme. De toujours vous mettre en danger ?

- Tia, tu n’y ais pour rien.

- Bien sûr que si. Enfin, ça ne sert à rien d’en discuter alors passons, ok ?

- OK. Est-ce qu’Enyalios pourrais mettre quelqu’un aussi pour Lizzie ? Elle plutôt du genre incontrôlable en ce moment et je doute qu’elle veuille suivre les recommandations du FBI.

- C’est prévu.

- Et tu as pensé à cette charmante Linya ?

Le ton désuet et l’ouverte admiration de son oncle pour la meilleure amie de Lex amusèrent Tia. Son oncle avait un gros béguin pour Linya et celle-ci n’y voyait rien du tout. C’était assez amusant à observer. D’autant que la différence d’âge n’était pas flagrante, son oncle étant plus que bien conservé.

- Ne t’en fait pas, Karl et Enyalios s’en chargent aussi.

- Oh. Enyalios se charge de Linya en personne ? Interrogea son oncle l’air de rien.

Tia failli ricaner. Il n’avait rien à craindre du mercenaire. Ces deux là avait déjà consommé ce qu’il y avait à consommer trois ans auparavant. Quoique… en y réfléchissant… possible qu’ils remettent le couvert à chacune de leur rencontre.

Hum… mieux valait ne rien lui dire, même si rien de durable n’arriverait jamais entre eux.

- Je ne sais pas. Mais elle sera sous bonne garde.

- Hum. Bien. Donc tout est sous contrôle ?

- C’est ça. Et… heu comment va Trinity sinon ?

Elle prenait rarement des nouvelles des gens. Si elle n’apprenait pas qu’ils étaient morts, c’est qu’ils allaient bien. Seulement Lex lui rabâchait tout le temps que les gens normaux n’attendait pas d’avis de décès pour s’enquérir de la santé et du bien-être des personnes qu’ils aimaient, alors Tia avait finis par faire des efforts, mais c’était si étranger à sa personne qu’elle était toujours mal à l’aise.

Gin sourit. Il avait été très surprit la première fois qu’elle avait prit des nouvelles comme n’importe quel personne civilisé, mais maintenant il était juste amusé par son malaise.

- Bien. Elle est très contente de ses nouvelles fonctions. Je lui donne plus d’autonomie et ce afin qu’elle me remplace le jour venue et cela la ravie.

- Oh. Bien. C’est cool.

Il sourit un peu plus.

- Tu veux lui parler ?

- Oh non ! Répondit précipitamment la grande femme, pas la peine ! Je… si elle va bien, c’est cool.

- Ok. Elle va être triste d’avoir manqué ton appel.

- Oh, Heu… vraiment ? C’est… heu… il faut pas, bredouilla-elle.

Gin réprima un éclat de rire.

- Les jumeaux vont biens ? fit-il en ayant pitié d’elle.

- Ouais. Heu… en fait Len à un chagrin d’amour. Et heu… ben, je sais pas comment gérer ça.

- Tu en as parlé avec Alexia ?

- Oui et elle lui a parlé, mais il est toujours aussi malheureux.

- C’est normal. Ca lui passera. Laisse faire Lara. Elle sait ce que c’est elle.

- Comment ça ? fit-elle en fronçant les sourcils.

- Et bien… je parle de David bien sûr.

- David ? Son ex ?

- Oui.

- Elle a pleuré pour lui ? s’exclama incrédule la mercenaire.

- Tu ne le savais pas ?

- Elle… non.

- C’est bien la fille à sa mère, marmonna-il avant de reprendre plus haut. Ne t’en fait pas pour Len. Lara s’en ai remise, enfin plus ou moins. Il le fera aussi.

- Dis donc on dirait que tu lui parles souvent à ma fille, répliqua Tia mécontente d’en savoir aussi peu sur elle.

- Elle me téléphone toute les semaines en général.

Tia fixa le combiné du téléphone, abasourdie.

- De toute évidence tu n’en savais rien, railla le grand homme.

- Et ça t’amuses, grommela-elle.

- Eh bien oui, fit-il avec un petit rire. Il n’y a pas mort d’homme, chérie. Et elle droit à son jardin secret. Elle ne veut pas que tu la voie comme une petite chose faible, ajouta-il après un silence. Elle t’admire plus que tout tu sais. Et ne souhaite rien tant que d’être à ta hauteur. D’où le fait qu’elle ne te parle pas de ses chagrins.

Tia allait de surprise en surprise et elle se demanda vaguement s’il y avait d’autre chose qu’elle ne savait pas sur ses enfants.

- Si tu le dis, soupira-elle un brin agacée.

- En dehors de Len, tout va bien alors ? fit-il en souriant devant sa mauvaise humeur.

- Eh bien…

L’humeur de Tia changea du tout au tout et elle se dandina sur place.

- Lex et moi… on s’est mariée.

Le silence qui suivit aurait pût enterrer un éléphant tant il fut pesant.

- Mariée ? répéta son oncle.

- Hum. Oui.

- Mais… comment avez-vous fait ?!

Il était stupéfait.

- Heu… eh bien c’est assez compliqué et… enfin bref, Lex y tenait vraiment et…

Tia reprit sa respiration et se calma.

- Mais ne t’en fais pas on se remariera à notre retour. Lex veut qu’on le fasse plusieurs fois. Et cette fois on vous invitera. Je… heu… suis désolée. Je… on ne voulait pas vous exclure, mais... eh bien les choses étant ce qu’elles étaient, on heu… ça nous a sembler la chose à faire sur le moment.

- Ok, ok, Tia, calme-toi. Y’a pas de problème. Je comprends. Vous avez eu votre petite escapade amoureuse.

Tia soupira de soulagement.

- Et Trinity ? Elle ne va pas m’en vouloir ?

- Si vous vous mariez à votre retour, et qu’elle est invitée à ce moment là, il n’y a pas de raison, qu’elle apprenne que ce n’est pas le premier, déclara-il en souriant.

- Cool…

Maintenant que tout les sujets difficile était passée, Tia avait l’impression d’être aussi légère qu’un ballon d’hélium.

- D’autres nouvelles ? l’interrogea son oncle.

- Non, non, c’est tout. Enfin…

Elle avait hésité. Elle voulait lui parler de sa rencontre étrange avec la louve et de ce qu’elle ressentait depuis. Il l’avait toujours écouté avec attention et elle savait qu’il ne la prendrait pas pour une folle et qu’il ne la jugerait pas.

- Oui ?

Mais elle renonça.

- Non, rien.

C’était quelque chose qui n’appartenait qu’à elle et Lex. Elle le sentait. C’était… leur histoire. Que toute cette folie soit vraie ou une vaste hallucination dont elle et Lex seraient les victimes n’y changeaient rien.

Cette histoire était la leur et ne regardait personne d’autre.

- Bon, alors, puis-je t’exhorter à être prudente et à faire bien attention à ta nouvelle petite femme ?

Les expressions désuètes qui émanaient parfois des discours de son oncle faisaient toujours monter un sentiment d’affection puissant en elle. Il essayait de s’en défaire lorsqu’il était avec elle, parce qu’il avait remarqué combien leur différence d’éducation la mettait mal à l’aise et qu’il ne voulait pas qu’elle se sente déplacer à ses côtés, mais il n’y parvenait pas toujours et lorsque c’était le cas, elle voyait ses efforts et cela la touchaient.

- Je ferais attention, dit-elle gentiment. Quand à ma femme, elle est la chose la plus précieuse dans mon existence et je la garde toujours à l’œil.

- J’en suis sûr, répondit-il avec bienveillance. Au fait, les jumeaux étaient là à votre mariage ?

- Oui. Et ils étaient ravis pour nous. C’était nos témoins.

- Lara à dû être soulagée, acquiesça-il.

- Heu… oui, peut-être.

Tia était un peu perdu en ce qui concernait les états d’âmes de sa fille et cette conversation avait au moins eut l’avantage de lui faire prendre conscience qu’elle était loin d’être aussi proche de sa fille qu’elle l’était de son fils.

Une chose à laquelle elle devrait remédier sitôt rentré. Même si elle ne savait pas encore comment.

- Bon alors je t’embrasse, jeune fille.

- Hum. Heu…oui. Moi, aussi. Salut.

Tia raccrocha avec le sentiment d’embarras habituel. Je t’embrasse. Etait-il toujours obligé de dire ça ? Et pourquoi devait-on toujours saluer quelqu’un quand on a finit de parler ? C’est idiot. On ne recommençait pas la conversation, on la terminait !

Tous ces salamalecs étaient une énigme sans aucun sens pour elle. Mais Lex lui disait que c’était « normal ». Alors elle s’y pliait. Mais ça restait bizarre pour elle.

Elle fit demi-tour et regagna leur chambre en respirant l’air doux de ce début de soirée. Lorsqu’elle entra dans la pièce, Lex était toujours pendu au téléphone en pleine conversation que Tia qualifiait de « filles » avec un amusement condescendant.

Elle s’attarda un long moment dans l’entrée, appuyé contre la porte, à contempler la splendeur dorée du corps nue de sa femme. Elle sentit une flamme s’éveiller dans son bas-ventre, mais la réprima, ce n’était pas le moment.

Ceci dit, sa femme était vraiment à tomber et elle resta encore à sa place un long moment. Lorsqu’enfin celle-ci s’avisa de sa présence et croisa son regard intense et assombrit par un désir flamboyant, sa gorge s’assécha instantanément.

C’était fou le pouvoir que Lex avait sur elle.

Elle vit le désir assombrir à son tour les yeux verts mais comme elles savaient toute deux le moment mal choisit, elles rompirent le contact et Lex reprit sa conversation la voix rauque pendant que Tia s’asseyait sur le bord du lit et posait son ordinateur sur ses genoux. 

Elle l’alluma et passa la demi-heure suivante à pirater toute les caméras des boutiques et commerces qui faisaient face au café où elle et Enrick s’était rencontrés. La plupart n’était pas en réseau et tournait de façon totalement indépendante. Elle ne pût donc rien obtenir d’elles. Mais elle eut plus de chance avec celles en réseau.

Elle réussit à avoir un cliché parfait du visage d’Enrick et un autre un peu plus floue, mais de bonne facture de sa personne entière.

Satisfaite, elle ouvrit un nouveau dossier dans lesquelles elle les mit, ainsi que tout ce qu’elle avait glané sur lui, comme infos et ses impressions. Elle intitula le dossier : Fantôme. De son nom de codeæ.

Elle n’avait pas de preuve que le fameux fantôme soit effectivement Enrick, mais tout ce qu’elle avait apprit sur lui, ainsi que ses propres déductions l’y conduisaient. Elle sourit en refermant son ordinateur. Le fantôme n’était plus si inconnu que ça, finalement.

Et il ne le savait même pas. Ce qui faisait qu’elle avait un avantage sur lui. Un moyen de pression.

Plus que quelques infos à réunir et… elle obtiendrait de lui tout ce qu’elle souhaitait. Y comprit le rejet du contrat pour le cas improbable où elle ne pourrait mettre la main sur Aniock.

Pour un tueur à gage, son identité et sa réputation était vital. Si elle menaçait l’un ou l’autre, voir les deux… il ferait ses quatre volonté. En menaçant son identité, elle pouvait l’obliger à lui donner son aide pour accéder à Aniock et ainsi ne pas ternir sa réputation en faisant de Frédéric son premier contrat raté.

Mais ça, c’était un dernier recours. Si elle le pouvait, elle garderait toute ces infos au chaud pour un autre jour. Une autre affaire.

Il allait regretter de l’avoir rencontré. Bien plus qu’a son réveil, sourit-elle.

En entendant le babillement s’éteindre enfin, Tia se retourna vers sa compagne.

- Tu es ok ?

La petite blonde hocha la tête.

Le lendemain matin, elles étaient dans l’avion qui les ramenait vers les jumeaux et Frédéric.

 

FIN PARTIE IV

 

 

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