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Guerrière et Amazone
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  • Vous trouverez ici des Fans Fictions francophones et des traductions tournant autour de la série Xena la Guerrière. Consultez la rubrique "Marche à suivre" sur la gauche pour mieux utiliser le site :O) Bonne lecture !!
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Guerrière et Amazone
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17 juillet 2010

Quand tombent les ténèbres, chapitre 2, partie 2

Quand tombent les Ténèbres

Par Melissa Good

Chapitre 2, 2ème partie

**************************************

Il faisait chaud à l’intérieur, se dit Gabrielle, et elle se dépêcha d’entrer dans la cabane avec un sentiment de soulagement. Elle alla vers le foyer et s’assit devant les jambes croisées, absorbant la chaleur avec avidité. L’entraînement au bâton avait été vif et elle ressentait la fatigue plaisante d’une après-midi de bon usage de son corps, mais c’était bon de se retrouver à l’intérieur, loin du vent froid et vif qui rougissait ses joues et lui faisait souffler des bouffées d’air.

Elle fronça les sourcils quand un courant d’air froid toucha son dos, puis son expression fâchée fit place à un sourire lorsque la porte se referma sur sa compagne, revenue de deux jours d’expédition de chasse. « Wow… je ne t’attendais pas aussi vite ! » Elle tournoya sur elle-même et absorba la vision de Xena qui rejetait son lourd manteau, laissant apparaître la combinaison en cuir bleu nuit qui sculptait sa silhouette en détails sensuels, et les épaisses jambières en laine enfoncées dans ses hautes bottes. « Mais je ne me plains pas de la vue. »

Xena sourit et leva les mains. « Je suis partie, j’ai trouvé ce que je cherchais, je suis revenue. Fin de l’histoire. » Elle accrocha son lourd manteau et traversa la pièce presqu’en bondissant, sa bonne humeur évidente avant même qu’elle ne s’installe près de Gabrielle et la serre contre elle. « Qu’est-ce qu’elle a ta vue ? » Elle étudia les yeux en question. « Ils m’ont l’air d’aller plutôt bien, ces yeux. »

« Hé ! » La barde se mit à rire, surprise de l’exubérance de l’accueil mais sans en être aucunement gênée. « Qu’est-ce qui t’arrive ? » Elle entremêla ses doigts dans les nœuds qui serraient la combinaison de Xena et tira. « Viens par ici… »

Celle-ci secoua la tête et se contenta de soupirer d’un air joyeux. « Rien », répondit-elle. « Je me sens juste super bien. » Son sourire s’agrandit. « Contente d’être rentrée… tu m’as manqué. » Elle se pencha en avant et captura les lèvres de la barde pendant un long moment étourdissant. Puis elle rit doucement et elles se séparèrent un instant.

Gabrielle lui fit un sourire éblouissant en retour. « Tu m’as manqué aussi… » Elle l’attira à nouveau et se laissa baigner dans la chaleur du feu, et celle de la flamme qui brûlait entre elles.

Lentement, la chaleur du rêve céda sa place à la couverture de soleil posée sur les épaules de la barde, dans un endroit très éloigné du songe et dans des circonstances qu’elle se serait bien passée de se souvenir.

A contrecœur, elle laissa le filtre de la réalité forcer l’émerveillement de son rêve, dans les lambeaux enfouis de souvenirs qui, jour après jour, semblaient sortir de plus en plus d’elle. Bon sang, songea-t-elle en soupirant, parfois je déteste me réveiller.

Mais… pensa-t-elle… c’était mieux qu’auparavant… Se réveiller de tels rêves seule… sur le sol froid… pour voir la forme enroulée loin d’elle, serrée dans sa propre détresse…

Elle lâcha un soupir pensif. Ça lui faisait toujours mal. Penser à ces mois où le silence s’était installé entre elles et que presque toutes traces de ce qu’elle aurait juré être une confiance inébranlable, et de l’amour…

Partis.

Au moins maintenant… ses doigts se plièrent sur la chaleur familière sous le tissu, et le son qui l’attirait doucement hors du sommeil était un battement de cœur fort et plein de vie, dont elle connaissait le rythme aussi bien que le sien. Elle sentit un mouvement de doigts sur son dos et ouvrit lentement les yeux pour voir un profil familier.

« Bonjour… »

Elle leva la tête et croisa le regard bleu sérieux de Xena. « Bonjour. » Elle cligna des yeux et sentit une larme couler sur sa joue, et elle ferma les yeux lorsque la guerrière la captura avec son pouce. « Désolée. »

« Qu’est-ce qui ne va pas ? » Demanda Xena d’une voix triste. « Un mauvais rêve ? »

Gabrielle secoua légèrement la tête. « Non… un beau rêve. » Puis elle se rendit compte de ce que ça pouvait signifier et elle leva les yeux vers Xena qui tentait de masquer une expression blessée. « Non… non. Je veux dire… » Elle hésita. « Ce n’est pas ce que je voulais dire. »

Un léger haussement d’épaules. « C’est bon, Gabrielle… Je… je comprends. »

« Ah oui ? » Dit la barde en soupirant. Est-ce que ce qui lui avait manqué, manquait aussi à Xena ? C’était dur de le dire parfois.

« Si je pouvais tout donner pour changer ces derniers mois, je le ferais », répondit calmement la guerrière. « J’espère que tu le sais. »

« C’est vrai que tu comprends », murmura Gabrielle. Elle garda le silence un long moment. « Ça ne va plus jamais être pareil, pas vrai, Xena ? » Elle put sentir le sursaut brusque de douleur en réponse à ses paroles, et la perte la submergea soudain et fit monter des sanglots légers et affreux de sa poitrine. Elle voulait tant que tout ça revienne… Son corps en avait tant besoin, de la chaleur, et de l’amour…

Ce n’était pas juste… lui murmura son esprit. Est-ce que ça n’aurait pas été mieux de ne jamais… Son esprit revint brusquement sur les réminiscences de son rêve et elle sentit les souvenirs la réchauffer. Non… ça aurait été… non… quoi qu’il se soit passé, on ne peut pas me reprendre ça.

Xena l’étreignit un peu plus et lui massa le dos pendant qu’elle pleurait, apaisant la douleur jusqu’à ce qu’elle se calme enfin. « Merci… Je… je suis désolée pour ça. » Elle renifla, se sentant coupable. « Ce n’est pas vraiment la meilleure manière de souhaiter une bonne journée. »

« C’est bon », murmura la guerrière dans son oreille. « De t’avoir ici me la rend belle de toutes les façons. »

La douleur s’apaisa. « Vraiment ? » Demanda doucement Gabrielle, quémandant le réconfort d’un air embarrassé.

« Vraiment », répondit Xena. « Gabrielle… Je… je sais que c’est dur… c’est… c’est dur pour moi aussi. Mais… » Elle prit une inspiration. « Ce que nous avons signifie tant pour moi… signifie… tout… vraiment. Et on ne me l’enlèvera plus. Non. » Le dernier mot était presque dit sauvagement dans son intensité. « Je… n’ai jamais pensé que je… » Xena s’interrompit puis reprit. « On va retrouver tout ça, Gabrielle. Je te le jure. »

La barde resta calmement allongée en la regardant. « Tu le désires vraiment. » Il y avait une note d’émerveillement dans sa voix.

« Plus que tout au monde », répondit la guerrière avec force. Puis elle baissa les yeux et déglutit. « Si… je… si c’est ce que tu veux, toi aussi. » Acceptant la possibilité que Gabrielle ne veuille pas se battre dans ce qu’elle savait être un long et rude combat. « Je veux dire. »

La barde sourit lentement. C’est une question de foi, n’est-ce pas ? Est-ce que je crois en elle ? Est-ce que je crois en nous ? En moi-même ?  « C’est ce que je veux. » Elle prit une inspiration. « Je me fiche de savoir combien de temps il faudra. »

Les yeux bleus brillèrent à ces paroles. Xena serra les bras un peu plus fort autour de la barde et bougea pour trouver une position plus confortable. « Bien. » Sa voix se brisa un peu sur le mot.

Qu’est-ce que ça lui a fait ? Songea la barde en soupirant avec nostalgie, tout en trainant les doigts de bas en haut sur les bras puissants qui la tenaient et fermant lentement les yeux. Ça me fait mal à moi, mais... je pense que c’est pire pour elle… Je sais que c’est pire pour elle… Comme j’aimerais pouvoir l’aider plus à remettre les choses en place... mais je présume que ça va prendre du temps. « On va avoir des remontrances », marmonna-t-elle. « Il est vraiment tard. »

« Mmm… » Acquiesça Xena d’un air absent. « J’ai déjà renvoyé Solari deux fois. » Elle observa les yeux verts maintenant bien ouverts et horrifiés. « Je lui ai dit que je n’allais pas te réveiller », expliqua la guerrière d’un ton raisonnable. « En plus… Eponine a besoin de se reposer. » Elle haussa légèrement les épaules. « Et… c’est… c’était si paisible… Tu… souriais… Je ne voulais pas te déranger. »

« Xena… »La barde se mit à rire doucement. « Alors tu es restée allongée là tout simplement à attendre que je me réveille ? » Elle se rendit compte que ses mains avaient commencé un mouvement léger mais agité et elle hésita, puis laissa faire.

« Oui. » Xena avait l’air légèrement satisfaite d’elle-même. « Mais on devrait probablement y aller… Johan vient avec nous jusqu’au territoire des Amazones, après il rentre à la maison. »

Gabrielle sentit le petit changement de rythme de cœur quand les Amazones furent mentionnées, et elle se redressa légèrement pour regarder sa compagne droit dans les yeux. « Est-ce que rentrer avec Eponine et Solari te pose un problème ? »

Bon sang. Xena haussa les sourcils. « Euh… un peu », admit-elle à contrecœur. « Ce n’est… rien, vraiment, Gabrielle… Je suis juste un peu… » Elle laissa les mots traîner et haussa les épaules. « Ça va aller. »

La barde prit une inspiration et réfléchit avec soin à ses paroles. « Je préfèrerais ne pas y aller si ça te pose un problème. » Elle fit une pause. « Et… euh… je… ne veux pas y aller seule. »

Xena leva la main et lui caressa affectueusement le visage. « Non… il faut qu'Ephiny sache ce qui se passe… Ce ne serait pas juste pour elle, Gabrielle… Je suis… habituée à ce qu’on ne m’aime pas. Je survivrai. » La seconde partie de la phrase de la barde lui avait grandement remonté le moral. « Je dois des excuses à Ephiny, de toutes les façons. Si elle les accepte. »

« Je lui briserai l’autre bras si elle ne le fait pas », marmonna Gabrielle pour elle-même. « Merci… » Sa main vint reposer sur le cou de la guerrière et traça nonchalamment sa clavicule. « Je vais essayer… de faire vite là-bas… Je… j’aimerais bien, euh… j’aimerais bien voir maman, et tout ça. »

Elle prit conscience du lent mouvement régulier de la main de Xena sur son dos, qui lui envoya des chatouillis chaleureux dans tout le corps. Elle décida qu’elle aimait bien ça et sentit ses muscles bouger sous les doigts baladeurs tandis qu’elle clignait des yeux. « Mmm. »

« Moi aussi… j’aimerais voir maman », murmura Xena, absorbant la douce pression connaisseuse contre sa peau sans commentaire. « Et Arès. » Elle sourit tranquillement à la barde. « Tu vas aimer les poulains. » Elle sentit sa respiration s’arrêter quand les mains baladeuses de Gabrielle glissèrent sous sa chemise. « Euh… hum… maman… hum… les a appelés Hercule et Iolaus. »

Gabrielle produisit un rire calme et moqueur. « On n’a pas fini d’en entendre parler. » Elle soupira. « Je… suis heu… un peu nerveuse… Xena… ta maman… ta famille… » Elle baissa le regard. « Je ne… »

Une main puissante glissa le long de son côté et vint la tapoter doucement. « Maman t’aime. Et Toris aussi. Même quand je suis rentrée à la maison pour… aller chercher Argo, elle s’inquiétait vraiment pour toi. »

« Je sais bien… mais… » Gabrielle passa le doigt sur une cicatrice familière sous la clavicule de la guerrière. « Tu lui as dit ce qui se passait ? »

Un soupir profond. « Elle avait deviné que quelque chose n’allait pas. Je… j’avais besoin d’en parler à quelqu’un », admit Xena doucement. « Elle… m’a fait promettre de ne pas laisser tomber ce qu’il y a entre nous. »

« Nous. » Gabrielle produisit un petit soupir satisfait. « J’aime bien ce mot. » Ses doigts continuèrent leur voyage, suivant la courbe des côtes et traçant les creux entre elles. Elle sentit les os sous ses mains bouger quand la guerrière prit une inspiration. « Je ne… » Elle leva les yeux et fut saisie par le regard de Xena si près du sien. Ce bleu dans lequel elle aimait se perdre, laissant ses problèmes s’éloigner pour le moment et se concentrant sur la pression des mains de Xena, et sur le soupçon de sourire au coin de ses lèvres.

Et elle se rendit compte comme leurs corps se touchaient, emmêlés confortablement sur toute leur longueur, tandis qu’une chaleur accueillante s’installait tranquillement, furtivement et commençait à faire de timides incursions dans ses sens.

C’était stupéfiant de voir comme leurs lèvres étaient proches. Elle pouvait voir la légère courbure sur celles de Xena, si elle regardait attentivement, et soudain, elle le voulut.

Ça arriva si vite qu’elle eut à peine le temps d’y réfléchir alors que son corps se laissait aller un peu vers l’avant et elles s’embrassèrent avant même qu’elle ait une chance de se préparer, de se souvenir ou de s’inquiéter.

Et elle s’aperçut qu’une autre chose n’avait pas changé, du tout, tandis qu’une vague de sensualité la traversait.

Elle s’écarta après un long moment, et elles se regardèrent, surprises. « Je… euh… hum… » La barde bredouilla. « Je n’étais pas… je ne voulais pas… euh… »

« Hum… oui… moi non plus… je… » Xena s’interrompit et prit une profonde inspiration. « Wow, c’était bon », finit-elle par dire, avec un petit sourire penaud, en regardant la barde anxieusement.

Gabrielle se lécha les lèvres. « Oui, c’est vrai », murmura-t-elle, en se détendant pour produire un vrai sourire. « C’est vrai. » Pas d’obscurité, pas de Dahok… juste elles deux. Une partie de son âme remua pour se libérer et prit son essor.

Elles se regardèrent, puis vers la fenêtre d’où la voix de Solari flottait sur la brise. « Oh oh », murmura Gabrielle. « Je présume qu’on nous attend. » Elle prit une profonde inspiration. « Et… je… je ne sais pas si je suis prête… » Elle croisa le regard de Xena et y vit de la compréhension.

« On a le temps », répondit immédiatement la guerrière, en glissant les doigts dans les cheveux clairs de la barde avant de les repousser sur sa nuque qu’elle commença à gratter doucement.

« Beuh. » Gabrielle ferma les yeux et pencha la tête en avant. « Continue comme ça et on ne va jamais sortir d’ici. » Elle réfréna un juron quand elle entendit des bruits de pas impatients qui approchaient. « Je pense qu’on est en retard. »

« Fichues Amazones », marmonna Xena. « On dirait des taons parfois. » Sans même réfléchir, elle se glissa hors du lit en portant la barde, la serrant contre elle tandis qu’elle se levait et allait vers la porte.

« Xena… où est-ce que tu… »

La porte s’ouvrit et Gabrielle se retrouva nez à nez avec Solari, dont l’expression passa rapidement d’agacée à stupéfaite, puis embarrassée en un temps record. « Bonjour », réussit à dire la barde en se mordant la lèvre. « On… euh… on arrive. » Elle leva les yeux. « Pas vrai ? »

« Vrai », répondit Xena d’un ton sérieux.

« Oui oui. » Solari hocha la tête et se retourna, disparaissant de leur vue tandis que Xena refermait tranquillement la porte derrière elle.

« Tu… euh… veux bien me poser par terre ? » Demanda la barde doucement. Elle fut posée immédiatement.

« Désolée. » Xena recula, confuse. « Je… je n’ai pas réfléchi. »

Gabrielle resta pensive un long moment puis la tapota doucement sur le côté. « Bien… ne réfléchis pas trop souvent. »

Elle laissa Xena méditer pendant qu’elle fouillait pour trouver des vêtements de rechange et commençait à rassembler leurs affaires.

********************************

Le soleil de la fin d’après-midi baignait la petite place du village, faisant monter une légère fumée de la boue remuée lors de la pluie de la veille au soir. L’air était toujours moite et la brise humide et agitée promettait encore plus de pluie, malgré les nuages blancs cotonneux qui tachetaient le ciel d’été.

Le village était affairé, certains des habitants s’arrêtaient pour dire bonjour ou au revoir au petit groupe réuni devant l’auberge autour d’une grande jument dorée et patiente.

« Ecoutez… j’ai pas besoin de grimper sur ce cheval », dit Eponine les dents serrées. « Bon sang, Xena. » L’Amazone s’était réveillée avec un mal de crâne et une tendance gênante au vertige qui inquiétait secrètement Xena plus qu’elle ne le montrait.

Gabrielle s’avança et échangea un regard avec Solari. « Pony… allez… ce n’est pas si terrible. Argo est vraiment gentille », la cajola-t-elle. « C’est juste pour un moment… ça ne nous ennuie pas… j’aime bien marcher, tu te souviens ? »

« Ouais… » Dit Solari d’une voix chantante. « Allez, Eponine… plus vite tu grimpes là-dessus, plus vite on pourra partir et se fabriquer une petite brise. » Elle s’essuya le visage. « Bon sang qu’il fait chaud. »

Eponine fronça les sourcils. « Je ne monte sur aucun cheval. » Elle leva un bâton qu’elle avait trouvé. « Je peux utiliser ça… on y va. »

Xena en avait assez. Elle laissa tomber les rênes d’Argo et passa de l’autre côté de la jument, où ils se tenaient tous. « Eponine », dit-elle d’un ton neutre. « Tu montes sur Argo ou je t’y mets moi-même. » Elle mit les mains sur les hanches et attendit.

Ils la regardèrent tous. « Bon… on dirait que

la Princesse Guerrière

est venue prendre le thé », grommela Eponine et elle tendit le bâton à Solari. « Très bien… très bien… je sais reconnaître une menace. » Elle mit la main sur la selle et se rattrapa soudain à Argo quand une vague d’étourdissement la frappa. « Bon sang », jura-t-elle doucement tandis que Xena la saisissait par la taille, et elle se sentit poussée sur la selle haute de la jument. « Qu’est-ce que t’as fichu dans ton petit déjeuner, Xena ? » Lança-t-elle. « Tu me jettes comme un vulgaire sac de farine… »

Xena l’ignora et se contenta de secouer la tête, puis de prendre les rênes d’Argo et de commencer à marcher. Gabrielle vint se mettre près d’elle en bougeant son bâton avec une grâce acquise, et elle lançait de temps en temps un coup d’œil à Solari et Johan, qui discutait aimablement. Johan avait laissé ses marchandises en faisant un marché avec les deux autres marchands partis avec lui d’Amphipolis, de lui vendre ses affaires pour une commission. Il n’avait pas emporté grand-chose en fait, c’était plus une excuse pour voyager avec la caravane qu’autre chose.

L’air autour d’eux semblait pesant de chaleur et de moiteur fumante, et Xena soupira, se rendant compte que la journée allait être étonnamment inconfortable pour marcher, chevaucher, ou quoi que ce soit d’autre que de rester assis à l’ombre. Une fois de plus, elle envia silencieusement son choix de vêtements à Gabrielle… Ses rares habits en tissu avaient assurément l’air plus frais que le cuir couvert de plumes des Amazones ou sa propre combinaison noire.

« Quelque chose ne va pas ? » Demanda Gabrielle, le front plissé tandis qu’elle marchait près d’elle.

Xena se rendit compte qu’elle la fixait et se donna une légère tape mentale. « Nan… je pensais juste que tu avais choisi la meilleure chose à porter aujourd’hui. » Avec un soupir silencieux, elle tendit la main et fit un nœud de ses cheveux noirs pour les écarter de ses épaules.

La barde se regarda d’un œil critique. « Je vais sûrement être brûlée à mort », dit-elle en levant les yeux vers le ciel, puis vers Xena. « J’espère que tu as de l’aloes avec toi. »

Xena prit volontiers cette excuse pour étudier la peau exposée en question. « Ça devrait aller… tu es plutôt bronzée », dit-elle, puis elle prit une inspiration. « Mais oui, j’en ai. »

Ce fut le tour de Gabrielle de l’étudier. « Ce cuir, c’est vraiment chaud » Elle se répéta les mots mentalement et sentit une légère rougeur monter. « Euh… tu as l’air d’avoir chaud, je veux dire. » Elle regarda autour d’elles avec un intérêt volontaire, évitant le léger amusement dans les yeux bleus de la guerrière.

La route s’étirait devant eux, traversant une longue plaine aplatie vers la légère brume pourpre des montagnes au loin. Autour d’eux, elle pouvait entendre le son strident et net des criquets dans l’herbe haute, et le bruissement agité des petites créatures qui se sauvaient quand ils passaient. L’air faisait monter à leurs narines la lourde senteur des choses en pleine croissance et de la terre brûlante.

Elle lança rapidement un coup d’œil à Xena qui scrutait les environs dans un geste automatique et semblait perdue dans ses propres pensées. « Hé. » Elle tendit la main et toucha le bras chaud.

Un tout petit mouvement de la tête de la part de la guerrière. « Hein ? » Xena la regarda. « Qu’est-ce qui se passe ? »

Gabrielle se rapprocha et l’étudia. « J’avais le sentiment que tu étais ailleurs. » Elle baissa la voix. « Ça va ? »

Xena marcha un peu en trainant les bottes et prit un air légèrement penaud. « Bien… je vais bien….je réfléchissais. » Elle tourna la tête pour observer Eponine à moitié effondrée, puis les nuages. « La journée va être longue. »

Gabrielle réfléchit. « Oui… » Elle se rapprocha encore un peu. « Ça t’ennuie si j’utilise ton ombre ? » Xena lui sourit. « Toujours ravie de te rendre service », dit-elle d’un ton traînant.

*******************

Le soleil avait largement dépassé son point le plus haut avant que Xena ne sente l’odeur lointaine et bienvenue d’une eau courante dans le vent brûlant qui passait sur sa peau. « Allons de ce côté. » Elle poussa Argo à l’épaule et la jument leva la tête, écarta les naseaux et hennit légèrement. « Oui… je le sens... on y va. » Gabrielle regarda dans cette direction. « De l’eau ? » Elle saisit l’expression de soulagement sur les visages de Solari et Johan. Tous les deux suaient abondamment et avaient l’air à bout de nerfs à cause de la chaleur. « Bonne idée. »

La guerrière acquiesça de la tête. « Oui… c’est la première fois que j’en remarque… désolée. » Elle lança un regard d’excuses à la cantonade. « On va se reposer un peu là-bas. » Elle leur fit traverser un lopin de hautes herbes trop poussées, apeurant un groupe de petits oiseaux au passage, et écartant des nuages de moucherons qui voletaient paresseusement et firent secouer la tête et fouetter de la queue à Argo. Mais la jument sentait l’eau toute proche et elle accéléra le pas tandis qu’ils passaient sous une frange d’arbres épais alignés le long d’une rivière basse, mais au courant plutôt rapide qui sinuait entre les rochers et les bûches tombées, de quatre longueurs de cheval de large environ.

Xena s’agenouilla au bord de la rivière et plongea la main, la remonta et renifla, puis elle mit la langue dans l’eau. Elle laissa retomber sa main et hocha la tête. « Ok… c’est bon. » Elle alla sur le côté d’Argo et aida Solari à descendre Eponine de la selle pour la mettre sur l’herbe épaisse qui poussait le long de la rivière. La jument secoua la tête et alla au bord de l’eau avec avidité, tendit le cou et lapa avec enthousiasme.

« Je fais pareil », dit Gabrielle en soupirant, et elle posa son bâton et rejoignit le cheval, plongeant la main dans l’eau avant de la porter à ses lèvres pour boire. L’eau était froide grâce à l’ombre et la proximité de sa source, et douce, et elle en avala des gorgées à pleines mains avec gratitude, levant les yeux quand Xena s’agenouilla près d’elle pour remplir une outre. « Tu m’as l’air pas mal grillée. » Elle nota la rougeur sur le visage habituellement foncé de sa compagne, et les vagues de chaleur qui irradiaient de son corps. « Assure-toi de boire un peu, d’accord ? »

Les yeux bleus croisèrent les siens et une légère lueur apparut. « Oui, maman. »

Gabrielle baissa les yeux et rougit. « Désolée », dit-elle d’un ton d’excuse tranquille.

« Ne le sois pas. » La voix de Xena flotta et une main pressa les siennes pendant un instant avant que la guerrière ne reparte. Elle leva la tête et regarda sa compagne aller vers l’endroit où Eponine était appuyée contre un arbre avec un froncement de sourcil profond. Elle discutait faiblement avec Solari qui leva les yeux vers Xena dans un appel au secours frustré tandis que la guerrière s’approchait. « Qu’est-ce qui ne va pas ? »

Solari repoussa ses cheveux sur son front moite. « Ephiny va me le payer », marmonna-t-elle, tout en prenant l’outre des mains de la grande femme pour l’offrir à Eponine. « Tu bois ça ou bien. »

Eponine lui lança un regard dégoûté. « Pour que je puisse le vomir illico ? Fiche le camp, Solari. Je ne mets rien là-dedans dans cet état. » Elle sursauta légèrement quand Xena se mit sur son genou couvert d’armure près d’elle et posa ses avant-bras couverts de bracelets sur sa cuisse. « Ecoute, Xena, je… » Elle s’interrompit lorsque son regard croisa celui de la guerrière et qu’elle y vit l’expression calme et intense.

« Eponine, il faut que tu essaies de boire un peu », dit Xena d’un ton patient. « Je sais que tu te sens vraiment mal, mais tu as besoin d’eau… alors rends-nous service à toutes les deux et essaie au moins, ok ? »

« Ou alors ? » L’Amazone fit la moue d’un air borné.

« Ou alors je vais devoir te l’ordonner. » La voix de Gabrielle flotta doucement par-dessus l’épaule de la guerrière. « Ne me fais pas jouer de mon rang, d’accord ? »

Eponine lui lança un regard noir et mauvais. « Ephiny fait pareil avec moi. » Elle tourna un regard grognon vers Xena et prit l’outre des mains tendues de Solari, en hochant la tête dans la direction de Gabrielle. « Elle te fait ça aussi ? »

Xena pencha la tête et sourit. « Non… elle n’en a pas besoin. Je sais qu’elle sait ce qui est bon pour moi, et je le fais tout simplement. » Elle entendit le léger ricanement derrière elle et haussa un sourcil. « La plupart du temps, en tous cas. » Elle sentit une main chaude se poser sur son épaule et le frôlement du genou de Gabrielle sur son côté. « Pas vrai ? »

La barde retint sa respiration encore un moment, puis se mit à rire. « La plupart du temps, oui », reconnut-elle. « Alors pourquoi tu ne boirais pas, en parlant de ça ? » Elle poussa doucement la guerrière dans les côtes. Cela lui valut un regard en coin mêlé de dépit et d’amusement, mais Xena se releva sans un mot et alla à pas lents vers la rivière, se laissa tomber tout à côté et plongea les mains dans l’eau froide.

Gabrielle l’observa avec un sourire satisfait, puis retourna son attention vers Eponine, se rendant soudain compte que tout le monde la regardait. « Quoi ? »

Johan se mit à rire et croisa les bras, son attention tournée au loin tandis que Solari s’éclaircissait la voix et qu’Eponine se contentait de lever les yeux au ciel.

« Quoi ? » Répéta la barde, en mettant les mains sur ses hanches tout en les fixant.

Xena laissa la voix de la barde flotter près d’elle alors qu’elle buvait, puis se frottait les bras avec le contenu de la rivière. La chaleur était de plus en plus oppressante et son sens du temps lui disait que la pression qui montait allait tôt ou tard se transformer en tempête. Elle préférait que ce soit plus tard… Sa mémoire lui disait qu’il n’y avait pas beaucoup d’abris dans ce coin des montagnes et elle ne voulait vraiment pas avoir à tenter d’en construire un temporaire par ici. Avec un soupir, elle plongea la main dans l’eau et la remonta pour la presser sur sa nuque, tout en ignorant le mal de crâne sourd qu’elle avait attrapé à cause de la chaleur.

« Jusqu’où tu penses qu’on pourra aller aujourd’hui ? » Demanda Gabrielle qui apparut près d’elle et s’accroupit, jouant avec ses doigts dans l’eau. « Tout le monde souffre de cette chaleur. »

« Je sais. » Xena soupira. « On va trouver du mauvais temps plus loin… J’aimerais au moins aller un peu plus loin que ces plaines avant d’essayer de trouver un abri… et on n’a pas beaucoup de provisions. » Elle mit un peu plus d’eau sur sa nuque. « Bon sang qu’il fait chaud… hé ! » Elle sentit des gouttes d’eau la frapper et elle cligna des yeux.

« Ouaip… tu as l’air d’avoir trop chaud. » La barde la taquina très doucement en l’arrosant à nouveau.

« Gabrielle… hé ! » Xena ferma les yeux lorsqu’une poignée d’eau se dirigea vers elle. « Wow… » Elle bredouilla en secouant la tête pour retirer les gouttes de ses yeux. « Hé… je n’avais pas si chaud. »

Encore plus d’eau. « Gabrielle ! » Grogna la guerrière. « Qu’est-ce que tu fais ? »

« Je joue avec toi », répondit calmement cette dernière d’un ton très nostalgique. La barde cessa ses pitreries et soupira. « Désolée. »

Xena cligna des yeux en voyant la posture abattue de sa compagne et prit une inspiration puis une seconde. « Non… c’est… euh. C’est bon, Gabrielle… c’est juste que je… »

« Oui. » La barde se leva et s’éloigna, en se frottant le visage avec hâte. « J’ai oublié… pendant un instant. »

« Gabrielle. » La guerrière l’appela doucement. Les pas stoppèrent puis reprirent un long instant plus tard jusqu’à ce qu’elle sente à nouveau la chaleur de la barde dans son dos. Elle tapota le sol près d’elle et sentit un léger encouragement quand Gabrielle s’installa les jambes croisées sur l’herbe. « Je… on peut reprendre ? »

« Reprendre quoi ? » Demanda la barde tranquillement, en jouant avec un brin d’herbe verte.

« Ça. » Xena lui lança un peu d’eau.

Gabrielle sursauta de surprise, puis cligna lorsqu’une goutte lui atteignit le nez. « Euh… » Un sourire hésitant monta sur ses lèvres. « Tu n’as pas à faire ça. » Elle regarda derrière elle vers l’endroit où leurs trois compagnons se détendaient dans l’ombre, les yeux fermés. « Yaaahh ! » Elle sentit ses épaules éclaboussées et elle secoua la tête en arrière avant de plonger vers l’eau. « Tu… tu… »

Splash ! « Xena ! » Elle balaya l’eau de son bras, provoquant une vague vers sa compagne souriante. « Oups ! » Ce fut plus que ce à quoi elle s’attendait et elle trempa la guerrière surprise. « Ouille ! Désolée. »

Xena baissa les yeux sur son corps mouillé. « En fait, ça fait plutôt du bien », marmonna-t-elle.

« Ah oui ? » Demanda Gabrielle d’un ton innocent.

La guerrière acquiesça de la tête. « Oui. »

« Bien. » La barde plongea soudain vers l’avant et la poussa fortement, ce qui déséquilibra Xena et la fit tomber dans le courant qui bouillonnait joyeusement. « Oh… zut ! » Gabrielle aurait pu se frapper. « Je ne peux pas croire que j’ai fait ça. »

Un long silence, puis une éclaboussure quand Xena refit surface et secoua la tête pour écarter les cheveux mouillés de ses yeux. Elle garda le regard cloué sur la barde tout en ramenant ses jambes sous elle pour se relever et avancer jusqu’à ce qu’elle soit dans l’eau à hauteur de genoux.

Gabrielle s’appuya sur ses mains en fixant le mètre quatre-vingt de guerrière dégoulinante d’eau et couverte de cuir. « Et bien. » Elle se mordit la langue. « Tu as l’air d’avoir moins chaud, non ? »

Xena mit les mains sur les hanches. « Oh oui. » Elle détailla la barde de bas en haut. « Tu sais combien de temps il va me falloir pour sécher tout ce truc ? »

Gabrielle réfléchit à la question. « Tu te sentirais mieux si tu ne le portais pas, il faut dire », proposa-t-elle en écartant les bras pour se montrer. « Vraiment. »

La guerrière soupira et avança péniblement pour sortir de l’eau, commençant à retirer son armure en cuir avec un faux air de martyr. « Argo va me tuer. Elle déteste transporter ce truc », marmonna-t-elle tandis que la barde se levait et l’aidait pour les boucles de métal. « Oh... merci. » Elle baissa la tête quand Gabrielle passa l’armure par-dessus sa tête, puis sourit légèrement et entoura la petite femme pour la serrer contre elle.

« Ouille », grogna la barde. « Xena… tu es… »

« Mouillée, oui. J’ai remarqué », approuva la guerrière. « Et toi aussi maintenant. » Elle relâcha la barde et recula, observant le tissu mouillé et les reflets luisants d’humidité sur le ventre nu de sa compagne. « Tu as l’air d’avoir bien moins chaud maintenant. »

Elles se regardèrent, puis attendirent, et se mirent à rire. « Ok… ok… » Gabrielle remua la main. « Je l’ai mérité. » Elle mit l’armure sur son épaule et alla vers les sacoches d’Argo pour en sortir un morceau de lin et revenir. « Tu… veux une chemise ou bien… »

Xena réfléchit. « Non… » Elle se détailla. « Il n’y a pas de clip pour l’épée… je préfèrerais… » Elle rejoignit la barde près de la jument et plongea la main dans une sacoche. « Ça, ça va aller. » Elle sortit son gambison matelassé et le secoua. « C’est plus frais, en tous cas. »

Gabrielle hocha la tête et sortit des rations de voyage, puis elle alla vers le reste de leur équipe qui se détendait et les rejoignit sous l’arbre.

Solari ouvrit un œil et la regarda. « Vous avez fini toutes les deux ? »

« Fini quoi ? » Demanda Gabrielle innocemment. « On allait juste boire un peu. »

L’œil roula vers le ciel et disparut.

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A suivre – Chapitre 2, 3ème partie

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Commentaires
F
Donc si je suis bien, tu es xenagab mais tu n'es pas xenagab et tu me fais des bises. Je prends les bises encore une fois et pour le reste, je repose mon cerveau :-P<br /> Et euh... je ne connais pas YulVolk, ça veut dire peuple de noël ?
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X
tu m'avais demandé une fois si j'étais xenagab et je t'ai dit non en fait je me suis rendu compte que sur le site de yulvolk elle a mis xenagab au lieu de xengab alors oui c'est moi bon je ne sais pas si tu t'en souviens et rebises fryda
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I
Je viens d'acheter la dernière saison de XWP parue en DVD(où je redécouvre la série en vost)et de pouvoir retrouver parallèlement mes héroïnes préférées dans une nouvelle histoire de M.G traduite me ravit au possible.J'étais en manque de l'histoire originale. <br /> <br /> J'aime comment évolu le début de "Quand tombent les ténèbres"...<br /> <br /> Merci fryda!<br /> <br /> Isis.
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F
Je prends les bises et je rougis pour le titre du post. Je continue tant que je trouve des petits bouts de temps, ça me fait plaisir de savoir que les textes sont lus et appréciés. Merci à toi
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X
encore mille fois merci pour la traduction frida quel grand service tu nous rends merci pour ta générosité bises
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