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16 septembre 2010

Mon amie d'enfance

 

 

 MON AMIE D’ENFANCE

 

 

de Gaxé

 

Bien qu’aucune violence ne soit réellement décrite, le sujet abordé dans cette histoire pourrait choquer les âmes sensibles.

 

 

 

 

 

 

J’avais huit ans la première fois que je l’ai vue. Elle était toute petite, et si mince et fluette qu’elle en paraissait maigre, alors que j’étais déjà la plus grande de la classe. Je me rappelle avoir remarqué que tous les enfants trop turbulents s’en prenaient toujours à elle. Certains tiraient sur ses cheveux blonds, d’autres la bousculaient… Elle essayait bien de se défendre, mais ne semblait pas y mettre beaucoup de conviction, comme si elle pensait qu’ils avaient le droit de la taquiner, ou qu’elle avait l’habitude qu’on ne tienne pas compte de qu’elle pouvait ressentir.

Elle était plutôt timide à l’époque, et elle l’est toujours un peu maintenant, même si depuis elle a appris à s’affirmer. Il faut dire que la vie n’a pas été tendre avec elle, beaucoup auraient mal tournés avec une enfance comme la sienne, mais pas elle. Non, elle a su tirer le meilleur de tout ce qu’elle a vécu pour devenir une jeune femme merveilleuse, et pourtant…

 

Nous n’étions pas vraiment voisines, mais nous habitions le même quartier. Je la croisais parfois quand elle allait au supermarché, portant toujours les sacs alors que sa mère marchait à grands pas devant elle. C’est une des raisons qui m’ont poussée à lui parler, je ne comprenais pas les relations qu’elle avait avec ses parents. Lorsque les miens m’emmenaient faire les courses, j’en revenais toujours avec quelques bonbons, ou une sucette. Ce n’était manifestement pas son cas.

Alors un jour, dans la cour de l’école, je suis venue lui parler. Elle a écarquillé de grands yeux surpris en constatant que je ne cherchais pas à l’ennuyer ou à me moquer d’elle. Quand je lui ai demandé son prénom, elle a baissé les yeux et m’a répondu d’une voix très douce « Gabrielle ». Je me suis présentée à mon tour, « Léna » et je lui ai sourit. Je n’étais qu’une enfant et je ne m’en suis pas rendue compte sur le moment, mais je peux affirmer maintenant que c’est quand elle m’a rendu mon sourire que je suis tombée amoureuse. Elle n’était pas bien habillée, avait une attitude très effacée et servait de souffre douleur à pratiquement toute l’école, mais ce simple sourire était si lumineux que c’était comme si je voyais ce qu’elle était vraiment. A partir de ce jour là, j’ai décidé de la connaître mieux.

Je me suis arrangée pour m’installer à côté d’elle en classe, j’aurais voulu faire la même chose à la cantine, mais elle rentrait pour le repas de midi. Ses parents ne venaient jamais la chercher d’ailleurs… Et petit à petit, nous nous sommes liées d’amitié.

Elle est vite devenue ma confidente, je lui racontais tout de ma vie, de mes joies comme de mes peines de petite fille. Elle avait une oreille attentive et partageait volontiers mes petits plaisirs et mes chagrins d’enfant. En revanche, elle ne me disait pratiquement rien d’elle et de la vie qu’elle menait. Ca m’agaçait parfois, mais quand je le lui faisais remarquer, elle baissait la tête avec un air si triste et désolé que j’ai fini par ne plus insister.

J’ai découvert que c’était une petite fille qui pouvait être très gaie et pleine d’humour. Qu’elle était capable d’accepter la défaite avec grâce quel que soit le jeu, ce qui était loin d’être mon cas. Elle n’était pas très sportive, contrairement à moi, mais j’aimais être avec elle, quoi que nous fassions.

Nous ne quittions pas tant que nous étions dans l’enceinte de l’école, et ça a duré jusqu’à notre entrée en sixième où nous avons intégré des classes différentes, et même à ce moment là nous passions toutes nos récréations ensemble. Par contre, nous ne nous voyions jamais en dehors des établissements scolaires. Pourtant, chaque année, je l’invitais à la petite fête que mes parents organisaient pour mon anniversaire, mais elle ne venait jamais, me répondant avec un petit sourire triste que sa mère ne l’autorisait pas à venir. Ca m’agaçait prodigieusement, et je détestais sa mère alors que je ne lui avais même jamais adressé la parole.

Et puis nous avons grandi, et j’ai commencé à me poser des questions. A partir de treize ans environ, j’ai remarqué tout ce qui n’attirait pas vraiment mon attention jusque là. Les matins où elle arrivait en cours avec les yeux rouges, l’expression de fatigue qu’elle arborait parfois et qu’elle ne parvenait pas à cacher, et surtout les pulls à manches longues en plein été.

J’ai fini par l’interroger, plusieurs fois. Ca la mettait mal à l’aise, elle éludait mes questions mais je ne voulais pas lâcher prise. Jusqu’au jour où j’ai profité de l’absence de l’un de mes professeurs pour la suivre à la sortie du collège. Je l’ai rejointe avant qu’elle n’arrive chez elle et j’ai remonté les manches de son pull.

Elle est partie en courant et je n’ai pas essayé de la rattraper, je ne pouvais pas. Je m’y attendais pourtant, je n’avais pas fait ça par hasard, mais il y a une différence entre imaginer quelque chose de ce genre et le constater de ses propres yeux, surtout à treize ans. Je suis restée plantée un moment sur le trottoir avant de me décider à rentrer lentement chez moi. Je n’ai rien dit à personne de ce que j’avais découvert, j’avais besoin de lui parler d’abord.

 

Elle est arrivée au collège le lendemain avec une mine embarrassée qui m’a mise mal à l’aise et qui m’a fait hésiter un instant avant d’aborder le sujet. Mais je ne pouvais pas me taire, je repensais aux marques que j’avais vues sur ses bras et ça me faisait mal. Je l’ai attirée dans un coin de la cour et je l’ai interrogée. Elle n’a pas voulu répondre alors je me suis fâchée et j’ai haussé la voix, insistant en la secouant doucement par l’épaule. Elle s’est dégagée, m’a regardée avec des yeux humides et s’est éloignée en courant, m’évitant ensuite pendant le reste de la journée. Cette attitude m’a chagrinée, mais m’a mise en colère aussi et, le soir venu, j’ai raconté ce que j’avais vu à mes parents. Le lendemain, Gabrielle n’était pas au collège, et je ne l’ai plus vue pendant huit ans.

 

 

 

Pendant des semaines, j’ai espéré et attendu de ses nouvelles, guettant le facteur, sursautant à chaque sonnerie du téléphone. Mes parents m’avaient expliqué qu’ils avaient parlé à la police qui s’était rendu chez les parents de mon amie et qu’elle avait sans doute été emmenée dans une famille d’accueil. Une assistante sociale est venue me parler, et pendant environ un an, je suis régulièrement allée chez un psychologue. Je n’en voyais pas vraiment la nécessité, je n’avais pas besoin que qui que ce soit me dise que ce qu’avait vraisemblablement subi Gabrielle n’était pas normal. Par contre, j’étais partagée entre deux sentiments contradictoires, mais j’évitais d’en parler, même avec le médecin. A aucun moment, je n’ai pu avouer qu’une partie de moi regrettait d’avoir raconté ce que j’avais découvert. Bien sûr, au fond de moi, je me disais que c’était bien mieux pour elle, que dorénavant, pour ce que j’en savais en tous cas, elle n’avait plus à supporter ni coups ni violence d’aucune sorte, mais mon amie me manquait, et il m’arrivait de me dire que si je m’étais tue, je ne serais pas privée de sa présence. J’avais honte de ce sentiment, et même maintenant, après plus de huit ans, j’ai encore du mal à admettre que j’ai pu ressentir ça.

 

 

Je ne l’ai jamais oubliée, même si je ne pensais plus à elle aussi souvent. Des images de son sourire, de la lueur dans ses yeux lorsqu’elle était amusée, revenaient régulièrement derrière mes paupières, et la plupart du temps, à des moments inopportuns. Pendant un cours, à la piscine, ou parfois le soir, juste avant de m’endormir. Je ne cherchais pas à m’en débarrasser, au contraire j’appréciais beaucoup ces petits instants qui me donnaient l’impression de la retrouver, même si je savais pertinemment que c’était illusoire.

 

 

 

*******************************************************

 

 

Je m’approche doucement de l’immeuble, un peu tremblante, me demandant fugitivement si j’aurais dû accepter lorsque Thomas m’a proposé de m’accompagner, mais je repousse rapidement cette pensée, c’est quelque chose que je veux faire seule. J’’inspire profondément, essayant de relâcher un peu la tension que je ressens, mais c’est peine perdue, et j’hésite encore un moment, partagée entre la nécessité que j’éprouve et la véritable terreur que je ressens au fond de moi. Finalement, au bout de quelques minutes, je me décide à pénétrer dans l’immeuble et je gravis lentement les escaliers jusqu’au premier étage, mon cœur battant si fort que j’ai l’impression qu’il va passer au travers de ma poitrine et tomber sur les marches, juste devant mes pieds.

C’était encore pire lorsque j’arrive devant la porte. Ma peur est bien plus forte, mes jambes flageolent et je dois m’appuyer un instant contre le mur pour être sûre de ne pas tomber. Pendant une seconde, je ne suis pas loin de renoncer, ce serait tellement plus facile, mais je sais que j’ai besoin de cette confrontation. Je serre les poings, carre les épaules, essaie d’adopter une attitude assurée, et je sonne à la porte.

Je tends l’oreille, mais aucun bruit ne me parvient. Je n’hésite pas à sonner une deuxième fois, espérant vaguement que personne ne viendra ouvrir, après tout, rien ne me dit que mes parents sont restés dans cet appartement après leurs démêlés avec la justice, mais finalement, j’entends des pas s’approcher, et la porte s’ouvre lentement.

Je pensais bien que ça me ferait un choc de la revoir, mais je ne m’attendais pas à ce que ce soit si difficile. Pendant un long moment, je ne suis pas capable de respirer, me contentant de la regarder fixement. Elle n’a pas tellement changé. Ses cheveux sont toujours aussi bruns, à peine striés de rares fils blancs, son regard contient la même lueur malveillante, et sa silhouette trapue est identique à celle dont je me souviens. Elle me dévisage elle aussi, les lèvres pincées avec la même expression de colère continuelle qu’elle arborait autrefois. C’est au moment où elle fait mine de tourner le dos et de refermer la porte que je réussis enfin à bouger. Je m’avance précipitamment, tendant le bras pour bloquer le battant. Elle se retourne vers moi, ses lèvres retroussées dans un sourire cruel et je sens un frisson particulièrement désagréable me parcourir l’échine, mais je ne recule pas, l’empêchant toujours de rentrer à l’intérieur de l’appartement.

-« Pourquoi es-tu là ? Qu’est ce que tu veux ? »

Entendre sa voix me donne presque la nausée. Il me semble être revenue plusieurs années en arrière, à l’époque où chacune de ses inflexions hargneuses me faisaient me recroqueviller sur moi-même. Elle s’en aperçoit et son sourire s’élargit, donnant à son visage une expression de victoire. La voir aussi sûre d’elle, comme quand elle s’approchait pour me gifler, me rend l’énergie dont j’ai besoin pour lui faire face. Je me redresse et je la regarde droit dans les yeux avant de lui répondre d’une voix que j’essaie de garder la plus assurée possible.

-« Je suis venue chercher une explication. »

Pendant une seconde, elle a l’air un peu étonné, mais ça ne dure pas. Elle hausse les épaules, lève les yeux au ciel, puis me donne un coup d’épaule, me bousculant afin que je lui laisse le passage. Je ne cède pas, plantant fermement mes pieds dans le sol avant de l’interroger directement.

-« Pourquoi me battais-tu ? »

Bizarrement, les mots sortent sans effort. Je suis même obligée de me mordre la langue pour ne pas en dire davantage, mais au fond de moi, la peur est toujours présente, et alors que je me rends parfaitement compte que la situation n’est plus du tout la même qu’auparavant, une partie de moi pense encore qu’elle va me frapper, qu’elle va m’attraper par les cheveux pour me jeter contre le mur avant de me bourrer de coups de pieds une fois que je serais tombée au sol, me protégeant la tête de mes bras repliés. Alors je retiens toutes mes questions, et je la regarde en essayant de ne rien montrer de la crainte que j’éprouve. Elle ne détourne pas les yeux en se mettant à ricaner avant de me répondre.

-« Tu veux le savoir ? C’est ça que tu es venue chercher ? »

Je reconnais la lueur méchante dans ses yeux, le mépris dans le ton sarcastique de sa voix, et je dois combattre mon envie de tourner les talons et de partir le plus loin possible, sans jamais me retourner. Au lieu de cela, je reste sans bouger en essayant de lui faire comprendre par mon attitude que je ne bougerai pas jusqu’à ce que j’aie obtenu les réponses que j’attends.

Elle soupire bruyamment avant de tendre vers moi un index accusateur, alors que son ton se fait doucereux.

-« C’est à cause de toi.  »

Cette fois, je ne peux pas cacher mes réactions. De la surprise d’abord, puis de l’incompréhension. Je cherche au fond de ma mémoire, essayant de me souvenir ou d’imaginer ce qu’une petite fille comme je l’étais pouvait bien avoir fait pour mériter un tel traitement. Le désarroi visible sur mon visage, l’incite à poursuivre, prenant manifestement plaisir à enfoncer le clou.

-« Tu étais un bébé braillard et désagréable. Et ça ne s’est pas arrangé quand tu as grandi. »

Je secoue la tête de droite à gauche, abasourdie. Ca la fait ricaner, et puis elle me bouscule encore une fois, réussi à passer la porte, et, juste avant de me la claquer au nez, comme pour faire bonne mesure, elle ajoute d’un ton hargneux.

-« De toutes façons, je n’ai jamais voulu d’enfant. Le seul bon souvenir que j’ai de toi, c’est le jour où tu es partie, et ce, malgré tous les ennuis qui ont suivi. »

Elle pousse violemment le battant et je l’entends crier encore.

-« Je ne veux plus jamais te revoir ! » 

Je reste immobile un instant sur le palier, la tête baissée, sondant mes sentiments. Je ne me sens pas triste, ni même déçue, pas vraiment. Pourtant, bien que j’aie été suffisamment lucide pour ne pas y croire et éviter de me faire des illusions, j’étais venue avec, tout au fond de moi, un semblant d’espoir naïf, l’idée que ma mère et moi pourrions nous parler comme si tout cela n’avait jamais été qu’un immense malentendu.

Il me faut presque une minute pour me ressaisir et me décider à descendre les escaliers et sortir de l’immeuble, l’esprit encore plein des quelques phrases que nous avons échangées. Je me sens particulièrement désorientée, j’ai beaucoup de mal à faire le tri dans les émotions que cette rencontre, que j’ai recherchée, provoque en moi. Cherchant le calme pour réfléchir posément à cette confrontation, je prends lentement la direction du parc, non loin de là, et je m’assieds sur un banc de bois. Posant mes coudes sur mes genoux, et mettant ma tête dans mes mains, il n’a pas fallu longtemps pour que je fonde en larmes.

Je pleure un long moment, non pas parce que j’ai du chagrin, mais plutôt parce que la tension que je ressentais depuis que j’avais pris la décision de revoir ma mère se relâche enfin. Lorsque, finalement, je parviens à me calmer, l’après-midi est bien avancé. Je tourne les yeux vers le ciel et je ferme les paupières, laissant les derniers rayons du soleil réchauffer doucement mon visage. Je ne suis pas loin de m’assoupir, mais je fini par me secouer et me lever lentement, retournant à petits pas vers le quartier d’où je viens, j’ai encore une visite à faire.

 

Je n’avais jamais vraiment rencontré la mère de Léna auparavant, à peine l’avais-je aperçue quelquefois devant les portes de l’école, puis du collège. Je ne suis donc pas étonnée qu’elle ne me reconnaisse pas immédiatement et, à vrai dire, cela m’arrange plutôt. Elle m’accueille gentiment, me fait entrer et ce n’est qu’au moment où je me présente qu’elle comprend vraiment qui je suis. Elle a un petit moment d’hésitation, comme si elle avait envie de me parler des évènements passés, mais quelque chose dans mon attitude la retient. Elle me fait asseoir, m’explique que sa fille ne devrait pas tarder à rentrer, et nous conversons calmement, abordant des sujets sûrs en buvant tranquillement une tasse de thé.

 

********************************************

 

Je la reconnais tout de suite. A peine ais-je franchi le seuil de l’appartement et aperçu un éclat de sa chevelure blonde que je sais, sans aucun doute possible, que c’est Gabrielle, mon amie d’enfance, qui bavarde avec ma mère. Passé les premières secondes de surprise, je sens un énorme sentiment de joie m’envahir. Je reste dans l’entrée quelques instants, le temps de calmer l’espèce d’exaltation que j’éprouve à sa vue, puis je vais les rejoindre.

Elle me regarde alors que je m’avance à petits pas, un peu mal à l’aise. Pendant une seconde, elle a l’air un légèrement embarrassée elle aussi, mais ça ne dure pas. Elle se lève et s’approche de moi avec un sourire avant de tendre une main pour la poser sur mon avant-bras. Cela m’aide à me détendre et je lui souris aussi alors que je m’assieds auprès d’elle.

J’ai de nombreuses questions en tête, mais je ne veux surtout pas la bousculer, et même si je suis particulièrement heureuse de la revoir, je me contente de lui demander la raison de sa visite en essayant d’adopter le ton le plus calme et le plus modéré possible. Mais même cela semble la mettre mal à l’aise. Elle regarde ses mains en écartant les doigts, pince un peu les lèvres, puis soupire tout bas.

-« Depuis quelques temps, j’éprouve le besoin de te parler. »

J’incline légèrement la tête en faisant un petit mouvement du menton, mais sans rien dire. Elle paraît si crispée que je m’efforce encore de ne pas la brusquer. Nous restons silencieuses un moment, elle regardant toujours ses mains, et moi, les yeux fixés sur mon verre de coca. Enfin, elle relève la tête et murmure doucement.

-« Je préférerais que nous allions dehors. »

J’acquiesce avec empressement en pensant que marcher l’aidera certainement à évacuer un peu de tension. Je remets mon blouson, fait un signe de la main à ma mère et suis Gabrielle à l’extérieur.

Nous allons dans le parc, à quelques pas de là. Nous marchons côte à côte, si près l’une de l’autre que parfois nos coudes se frôlent. Je tourne la tête pour observer son profil, remarquant ses sourcils froncés et sa mine tendue qui indiquent sa tension et sa réflexion. Enfin, elle semble prendre une décision, son expression se raffermit, et elle se tourne vers moi.

-« C’est ici que je suis venue tout à l’heure, après avoir parlé à ma mère. »

Je lève un sourcil, étonnée. Ses lèvres s’étirent dans un petit sourire qui ne montre aucune joie, et elle hoche la tête, avant de reprendre la parole, la voix basse et le ton un peu incertain.

-« Je voulais lui parler. »

Je ne réponds pas, j’attends de voir si elle va dire autre chose, m’expliquer ce qu’elle cherchait en faisant face à celle qui l’a tant fait souffrir. Elle me jette un coup d’œil très bref, et poursuit d’une voix si basse qu’il me faut tendre l’oreille pour bien l’entendre.

-« Je ne sais pas vraiment pourquoi, mais j’avais besoin de la voir. Je crois que je cherchais une explication… »

Elle cherche ses mots un instant.

-« Ca peut paraître idiot, mais c’était comme si je pensais qu’elle allait me donner une raison logique et raisonnable, quelque chose que je pourrais comprendre… »

Elle hausse les épaules alors que ses lèvres se tordent dans une moue désabusée. Je frotte machinalement mon index sur ma tempe, hésitante, avant de l’interroger doucement.

-« Et ton père ? Pourquoi n’en parles-tu jamais ? Est-ce que, lui aussi… »

Je ne termine pas ma phrase, baissant la tête en me mordant les lèvres, mais ma curiosité n’a pas l’air de la gêner outre mesure.

-« Mon père ? Il ne m’a jamais touchée, si c’est ce que tu veux savoir. Mais il n’a jamais tenté de me protéger non plus. C’était comme s’il n’était pas là. Il ne disait rien, ne faisait rien… Ma mère était si terrible qu’il avait encore plus peur que moi, je crois… »

Elle passe ses mains sur son visage avec une expression si lasse et si perdue que je mets spontanément mon bras sur ses épaules, en espérant pouvoir lui procurer un peu de réconfort par ce simple geste, et sans penser que ce contact pourrait éventuellement la gêner. Mais ce n’est pas le cas, rien, dans son attitude n’indique que ce que je viens de faire la dérange, et je ne retire pas mon bras. Nous continuons à marcher sans rien dire pendant un moment, puis elle rompt le silence, en me regardant bien en face cette fois.

-« Je t’en ai beaucoup voulu. »

Je suis si surprise que je cesse d’avancer un instant et que je lui jette un regard éberlué. Je la fixe un moment, et puis je demande « pourquoi ? » sans comprendre où j’avais bien pu faire quelque chose de mal. L’incompréhension est telle, dans mes yeux, qu’elle pose une main apaisante sur mon épaule avant d’ajouter d’une voix pleine de douceur.

-«Ne t’en fais pas, tu as fait ce qu’il fallait en la dénonçant, et tu as toute ma gratitude pour cela. »

Je continue à la regarder, en fronçant les sourcils.

-« Pourquoi m’en voulais-tu alors ? »

Elle tend un bras pour désigner un banc de bois, et nous allons nous asseoir. Elle met les mains dans les poches de son jean en appuyant son dos contre le dossier et me jette un coup d’œil rapide avant de lever son visage vers le ciel et de fermer les paupières.

-« Je t’en voulais de m’avoir retiré la seule chose qui, à cette époque, comptait à mes yeux, la seule joie de ma vie… »

Elle s ‘interrompt et tourne son visage vers moi, plantant ses yeux dans les miens, avant de prononcer tout bas.

-«  Toi, et notre amitié. »

J’ouvre la bouche pour répliquer, mais elle ne m’en laisse pas le temps. Elle me fait taire en levant une main d’un geste impérieux, alors que sa voix reste douce et posée.

-« Je te répète que tu as fait ce qu’il fallait, et je ne te remercierai sans doute jamais assez pour cela. Mais à ce moment là, je ne voyais pas les choses tout à fait de la même façon. »

Je ne répond pas. Je me penche en avant, posant mes coudes sur mes genoux, attendant qu’elle m’explique. Elle prend quelques secondes, puis elle commence son récit.

-« Les premiers jours, j’ai été envoyée dans une institution, une espèce d’orphelinat, mais dont les pensionnaires n’étaient pas des enfants privés de leurs parents, plutôt des gosses qui avaient des problèmes du même genre que les miens. Je ne me plaisais pas là-bas, même si j’étais bien évidemment soulagée de ne plus recevoir constamment des coups. La plupart des enfants étaient anormalement calmes, et, durant le court laps de temps que j’y ai passé, je ne me suis pas fait un seul ami. »

Elle s’interrompt un instant pour passer une main dans ses cheveux courts, mais c’est davantage dans l’intention de prendre son temps et de rassembler ses pensées, qu’un geste conscient pour dégager son front des quelques mèches qui y flottent. Sa voix est bien plus ferme quand elle reprend son récit.

-« Au bout de quelques jours, on m’a placée dans une famille d’accueil. Il y avait une grande maison, avec un beau jardin, et je suppose que ceux qui m’accueillaient étaient des gens gentils, mais ça ne s’est pas très bien passé. »

Elle se tait, les yeux dans le vague, regardant droit devant elle. Sentant que je ne dois pas la presser, j’attends patiemment qu’elle reprenne, ce qu’elle fait après avoir secoué la tête, comme pour chasser des pensées inopportunes.

-« Je ne peux pas dire exactement ce qui n’allait pas, après tout, je me sentais bien mieux avec eux qu’avec mes parents. Sans doute n’étais-je pas prête à reprendre une vie normale comme si de rien n’était. Je ne me comportais pas mal, mais je refusais tout contact avec eux, j’étais complètement fermée, repliée sur moi-même. »

Cette fois, je ne peux pas m’empêcher de réagir.

-« Tu ne voyais pas un médecin, un psy ? »

Ma question amène un demi-sourire un peu amer sur ses lèvres.

-« Bien sûr que si. Très régulièrement. Mais ces choses là prennent du temps, et à ce moment là, alors que ma vie venait d’être complètement bouleversée, je me suis complètement repliée sur moi-même. Je ne parlais plus à quiconque, je fuyais le moindre contact, et surtout, je ne faisais plus confiance à personne. »

Sa dernière phrase me fait relever brusquement la tête, alors qu’une espèce de sentiment de culpabilité commence à m’envahir, et je lui demande doucement.

-« Tu t’es sentie trahie ? Par moi ? »

Elle hausse les épaules et me fait un petit sourire triste en posant sa main sur mon avant-bras dans un geste apaisant.

-« Oui. Mais seulement parce que je refusais de voir les vraies raisons de ton geste. Au fond de moi, je savais que tu m’avais rendu service, le plus grand que tu pouvais me rendre, mais je ne voulais pas l’admettre… Et il m’a fallu un certain temps pour y parvenir enfin. »

Elle baisse la tête, fixant le sol à ses pieds, mais sa main reste sur mon bras et je pose la mienne dessus un instant en lui murmurant tout bas.

-« Je suis désolée. J’aurais dû t’expliquer, te parler davantage avant de dire quoi que ce soit à quelqu’un. »

Elle frotte son index sur sa tempe, arborant toujours le même petit sourire.

-« Si je me souviens bien, tu as essayé. »

Elle se tourne vers moi, son sourire disparu, remplacé par une petite grimace qui se veut sympathique.

-« Quoi qu’il en soit, j’ai eu cette attitude pendant un certain temps, un peu plus d’une année, au moins. Ensuite, ça s’est arrangé petit à petit. »

Elle se détourne et regarde de nouveau le sol à ses pieds.

-« J’ai été déplacée de famille en famille, et passant quelquefois par l’institution, pendant plus d’un an et demi, et puis j’ai enfin trouvé la stabilité. »

Le sourire revient étirer ses lèvres, mais cette fois, il est bien plus franc.

-« Dorénavant, je vis avec une famille que j’aime beaucoup, et que je considère comme la mienne. »

Le plaisir qu’elle éprouve à m’annoncer cela est évident, dans son ton de voix comme dans sa physionomie. Je lui souris en retour, ravie de retrouver sur son visage une expression qui me rappelle la petite fille d’autrefois. Elle appuie son épaule contre la mienne, d’une manière si naturelle et spontanée que ce simple geste provoque un petit frisson en moi. Pour la première fois depuis que j’ai retrouvé Gabrielle, en arrivant chez moi, je réussis enfin à me détendre complètement, appréciant le contact entre nos deux corps, et il me semble qu’elle se relâche elle aussi.

-« Ce sont des gens formidables. Je suis arrivée chez eux alors que j’avais un peu plus de quatorze ans, et nous nous sommes tout de suite entendus. Je les aime beaucoup tous les trois. »

Je lui jette un coup d’œil curieux.

-« Tous les trois ? »

Elle acquiesce en s’appuyant un peu plus contre moi alors que son sourire s’élargit.

-« Oui. Il y a Françoise et Marius, les parents, que j’appelle par leurs prénoms tout de même, parce que c’est plus simple et plus facile pour moi, et puis Thomas, leur fils. Nous avons pratiquement le même âge, et nous sommes devenus très proches, très complices. »

Entendre l’enthousiasme et la joie dans sa voix alors qu’elle évoque sa nouvelle famille me ravit, même si je sens un petit sentiment de malaise à la mention de sa bonne entente avec le jeune homme. Je m’interroge brièvement à ce sujet, puis je chasse cette pensée de mon esprit, me concentrant plutôt sur ce que dit mon amie et sur le plaisir que j’éprouve à l’avoir de nouveau près de moi. Je profite de ce qu’elle est toujours appuyée contre moi pour entourer ses épaules de mon bras une nouvelle fois. Elle ne cherche pas à se dégager et j’en profite pleinement, levant les yeux au ciel pour admirer les étoiles qui commencent à apparaître, tout en me laissant bercer par la voix de Gabrielle qui me raconte brièvement son arrivée avec ces gens qu’elle semble beaucoup aimer.

Au bout d’un moment, elle se met à remuer, puis se lève en se dégageant doucement de mon bras, pour se placer devant moi avec un petit sourire. Je lève les yeux vers elle alors qu’elle me désigne le ciel d’un petit geste du bras.

-« Il est tard et je n’ai pas dîné, veux-tu partager un repas avec moi ? »

J’accepte sa proposition avec enthousiasme, la rejoint en un clin d’œil et nous quittons le parc bras dessus, bras dessous.

 

 

 

 

 

Je marche doucement, rentrant lentement chez moi après avoir raccompagné Gabrielle chez la sœur de Marius, sa « presque tante », selon son expression, en souriant toute seule en pensant aux agréables moments que nous venions de passer.

 Elle est venue pour faire face à sa mère, mais aussi pour me remercier d’avoir mis fin à son calvaire, même si elle m’en avait voulu à l’époque. Pour ma part, si j’étais contente de la revoir, apparemment bien dans sa peau et heureuse de vivre, j’étais aussi agréablement surprise de constater le retour de notre complicité, si rapidement que c’était comme si les huit années qui s‘étaient écoulées depuis notre séparation n’avaient jamais existées.

Nous étions détendues en quittant le parc, et , alors que nous partagions une pizza, la conversation avait d’abord roulé sur des sujets faciles, comme nos goûts en matière de lecture, de musique et de cinéma, avant de dériver petit à petit vers nos études. L’évocation de son retard, dû à son enfance chaotique, et des efforts qu’elle était obligée de fournir pour le combler nous a ramenées un instant à des sujets plus graves, mais nous avions tellement envie de nous relaxer l’une et l’autre, que nous avons délibérément et rapidement orienté la conversation vers des sujets plus légers, comme l’évocation de nos souvenirs communs, en général de petits moments de jeux ou de rire dans l’enceinte de l’école ou du collège. Nous étions de très bonne humeur lorsque nous sommes arrivées à destination, et mon sourire s’était encore agrandi quand, au moment de nous séparer, elle s’est hissée sur la pointe des pieds pour déposer un petit baiser sur ma joue avant de se retourner pour me faire un petit signe de la main une fois entrée dans l’immeuble.

 

Lorsque j’arrive à notre lieu de rendez-vous, elle est déjà là, tranquillement assise sur le même banc, dans le même parc que la veille. Je m’arrête de marcher un instant et je l’observe de loin, à son insu. Elle a le dos appuyé contre le bois derrière elle, les jambes tendues et croisées aux chevilles, le visage tourné vers le ciel avec un petit sourire jouant sur ses lèvres, les yeux fermés et les mains posées mollement sur ses cuisses, apparemment détendue et profitant simplement de la caresse du soleil sur sa peau. Je laisse échapper un petit soupir en constatant à quel point elle est belle ainsi, détendue et un peu abandonnée, là sur ce banc. Je secoue la tête pour me remettre les idées en place, puis je m’avance doucement.

Elle se lève dès qu’elle me voit et tend les bras vers moi en souriant largement, s’avançant pour prendre mes mains dans les siennes. Comme la veille, elle s’étire pour m’embrasser sur la joue, mais cette fois, sa bouche vient frôler la commissure de mes lèvres. C’est un contact fugace, mais je le ressens pleinement, d’autant que je suis presque sûre que c’est volontaire. Alors, au moment où elle se retire, je la retiens en entourant fermement ses épaules avec mes bras, et je regarde son visage. Ses yeux brillent d’une lueur malicieuse que je lui ai rarement vue et elle arbore un petit sourire moqueur dans lequel je distingue une pointe de défi. Il ne m’en faut pas davantage pour que je lui rende sa faveur. Je me penche lentement vers elle, et j’effleure sa bouche avec la mienne, tout aussi brièvement qu’elle vient de le faire. Ensuite, je rouvre les yeux que j’ai fermé un instant, et je baisse le regard dans sa direction. Elle me fait un clin d’œil avant d’enfouir son visage contre mon épaule pour y étouffer un petit rire. Je la serre un peu plus fort contre moi, sans rien dire, jusqu’à ce qu’elle relève les yeux vers moi en murmurant.

-« Ca fait tellement longtemps que j’avais envie de faire ça. »

Je hausse un sourcil, retenant le sourire que je sens venir alors que je pense exactement la même chose, mais elle ne dit rien de plus, passant son bras autour de ma taille pour m’entraîner vers les allées les moins fréquentées du parc. Nous marchons un moment, parlant peu, et de choses sans importance, prenant toutes deux le temps de réfléchir à ce que nous venons de faire.

Je me sens particulièrement euphorique. Après huit années de séparation, et alors que je ne savais pas hier, si je la reverrais un jour, mon plus beau rêve se réalise. Je raffermit ma prise sur son épaule et pose un petit baiser sur sa tempe, poussant ensuite un petit soupir de contentement avant de m’incliner pour lui glisser au creux de l’oreille :

-« J’ai souvent pensé à te rechercher, mais j’ignorais où tu vivais, et puis…. »

Je lève une main pour faire un geste vague devant moi.

-« Je ne savais pas si, seulement, tu avais envie de revoir quelqu’un qui te rappelle ton passé. »

Elle hoche doucement la tête en mâchouillant nerveusement ses lèvres avant de répondre d’une manière très douce.

-« Non seulement je ne t’ai jamais oubliée, mais, au contraire, je crois que, d’une certaine manière, je cultivais ton souvenir… »

Sa voix s’éteint doucement, alors que ses yeux se perdent devant elle.

-« Parce que je t’avais « sauvée », en quelque sorte ? »

Mon ton est un peu vif, et une petite pointe d’amertume se glisse dans ma voix. Elle

l’ entend, et se tourne vers moi, les yeux brillants.

-« Non. Parce que tu étais la meilleure part de ma vie, depuis le jour où nous nous sommes rencontrées… »

Je n’ai pas pu m’empêcher de sourire à cette déclaration. Nous cessons de marcher et je

L’enlace avant de me pencher vers elle pour l’embrasser, caressant doucement ses lèvres avec les miennes jusqu’à ce que je ne puisse plus me contenir. Ma langue réclame sa bouche, et le baiser s’approfondit, devenant de plus en plus intense et passionné.

Nous nous reculons, toutes deux un peu haletantes, nous nous sourions, et puis nous reprenons notre marche lente le long des allées sablonneuses du parc.

 

 

 

 

J’avais huit ans la première fois que je l’ai vue. Elle était déjà la plus grande de toute l’école, et si belle et charismatique que tout le monde, du plus grand au plus petit, semblait l’aimer. Ca ne m’a pas empêchée d’avoir un mouvement de crainte quand elle s’est approchée de moi. J’étais persuadée qu’elle allait me taquiner et se moquer de moi, comme le faisaient tous les autres, mais ça n’a pas été le cas.

Elle a été la première à me parler gentiment, à ne pas essayer de me bousculer ou de me tourner en ridicule à la première occasion. Elle a toujours été une amie fidèle sur laquelle je pouvais compter. Dès le premier jour, elle s’est instituée ma protectrice et s’est arrangée pour que les autres enfants cessent de s’en prendre à moi. Et cela n’a jamais changé, jusqu’au jour où elle a vu les marques de brûlures sur mes avant-bras.

Je crois que, ce jour là, ma honte était bien plus forte que ma douleur. Je me sentais horriblement mal, j’étais tellement persuadée de ne rien pouvoir inspirer d’autre que le dégoût que je me suis enfuie, paniquée à l’idée de ce qu’elle pensait sans doute de moi après ça.

Le lendemain, j’étais tout aussi mal à l’aise, si ce n’est plus. Ma mère avait de nouveau passé sa colère sur moi la veille au soir, et mon dos était orné de quelques bleus supplémentaires, mais ce n’était pas ce qui me dérangeait le plus. J’étais terrifiée, imaginant le mépris et la moquerie dans les yeux de Léna. Bien sûr, je n’ai rien vu de tel, au contraire, je me souviens qu’elle a essayé de me parler, de m’interroger pour savoir exactement de quoi il retournait. Mais j’étais si gênée et effrayée que je ne l’ai pas écoutée, préférant me cacher dans un coin de la cour chaque fois que je l’apercevais. Le soir même, des policiers sont venus à la maison, accompagnés d’une assistante sociale et d’un médecin, et ma vie a changé du tout au tout.

Les premiers jours, les premières semaines, ont été terriblement difficiles, mais petit à petit, les choses ont commencé à aller de mieux en mieux. Je pensais beaucoup à elle, et je refusais de l’oublier, même après quelques années, quand la vie avait enfin commencé à être agréable pour moi.

Quand j’ai décidé de passer chez mes parents, c’était d’abord parce que je pensais que de faire face à ma mère me permettrait de faire le tri dans mes émotions, de savoir quelles parts exactement de colère, de rancune et de frayeur pure et simple restaient en moi. Mais, aussitôt après, l’idée de revoir Léna s’est installée dans mon esprit, et même si j’avais de nombreux doutes à ce sujet, me demandant notamment si ma visite serait appréciée après toutes ces années, je n’ai pas pu résister à mon désir de la revoir.

 

 

Nous marchons main dans la main, nous dirigeant lentement vers la sortie du parc. Nous avons encore beaucoup de choses à nous dire, mais nous avons tout le temps du monde maintenant. Je lève la tête pour regarder une nouvelle fois ce beau visage et ces magnifiques yeux bleus, elle me sourit et je pose doucement ma tête sur mon épaule. Plus rien ne me fait peur dorénavant. Tant qu’elle sera à mes côtés, je sais que je serai capable de tout affronter. Je n’ai jamais été plus heureuse. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Commentaires
L
Très belle histoire, et moi aussi j'ai eu le sourire à la fin de la lecture. bravo, j'adore !!
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B
J'ai lu toutes tes fics (enfin je crois) et à chaque fois je retrouve le même bonheur de te lire! Cette histoire ci me touche particulièrement (c'est mon champ de travail) tant elle est criante de vérité bien que le thème soit exploré avec pudeur et de délicatesse!<br /> Merci de nous faire profiter de ton talent!
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I
Histoire pas facile et si bien ressentie.<br /> Belle conclusion.<br /> Merci Gaxé,pour ce partage de talent d'écriture.<br /> <br /> Isis.
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X
A chaque fois que j'en lis une j'ai le sourire à la fin bravo gaxé
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G
Merci encore une fois pour toute les belles histoires. xxxxx
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