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Guerrière et Amazone
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  • Vous trouverez ici des Fans Fictions francophones et des traductions tournant autour de la série Xena la Guerrière. Consultez la rubrique "Marche à suivre" sur la gauche pour mieux utiliser le site :O) Bonne lecture !!
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11 octobre 2010

Deux Fables

 DEUX FABLES

 

De Gaxé

 

Les œuvres de Monsieur Jean de La Fontaine appartiennent à… Je sais pas à qui, mais certainement pas à moi. Je n’ai fait que les emprunter pour les détourner un moment.

 

 

Merci à Prudence, fidèle relectrice…

 

  

 

Fable 1 : LE MAIGRE SOLDAT ET LA BARDE NAGEUSE

 

 

 

Une barde se baignait joyeusement dans le courant d’une onde pure, une petite rivière qui serpentait au milieu d’une forêt de conifères. Elle chantonnait, riant et jouant innocemment, s’éclaboussant gaiement pour profiter de la fraîcheur de l’eau sur sa peau.

Une guerrière, aussi solitaire et renfrognée qu’une louve, survint. Elle s’approcha doucement et observa un instant la jolie naïade qui folâtrait, avant de laisser la fureur l’envahir et de s’avancer d’un pas vif pour interpeller la barde barbotante, d’un ton sévère et particulièrement irrité.

-« Qui es-tu pour t’introduire sur mon territoire et troubler le cours d’eau qui le parcourt, souillant ainsi l’eau qui me désaltère ? »

L’innocente jeune fille sursauta et se retourna dans la direction d’où venait la voix, repoussant d’un geste à la coquetterie involontaire, une mèche de cheveux blonds qui barrait son visage. Son expression, d’abord confuse, devint ensuite perplexe alors qu’elle écoutait les paroles rageuses de la grande femme brune et austère qui avait interrompu ses jeux.

-« Ton territoire ? » se justifia-t-elle, « je n’ai vu ni haie, ni pancarte, ni marque d’aucune sorte qui indique que ce terrain soit une propriété privée. »

Elle tendit un index à la peau fripée vers la sombre mercenaire, désignant la tunique élimée et les bottes éculées.

-« Tu n’es pas propriétaire de ces terres. Sans vouloir te vexer, tu n’as pas du tout l’allure d’un seigneur ou d’une dame de la haute société. Tu as plutôt l’air d’une traîne misère, si tu veux mon avis. »

Ses yeux errèrent un instant sur la maigre silhouette, toute de noir vêtue, en face d’elle. Sa moue se fit dédaigneuse et elle haussa les épaules, faisant mine de retourner à ses aquatiques occupations. Mais la grande sombre, vexée autant par le comportement que par les mots de la petite baigneuse, se précipita à sa rencontre et l’attrapa par le bras avant qu’elle retourne patauger.

-« Comment oses-tu ? » aboya l’étique mercenaire.

La juvénile baigneuse ne se laissa pas démonter et tira violemment sur son bras pour se dégager, repoussant le soldat en posant sa main sur le haut de sa poitrine.

-« Je ne fais rien d’autre que me baigner dans une rivière qui, j’en suis persuadée, ne t’appartient pas. Et si tu veux te désaltérer, il te suffit de boire en amont. »

Là-dessus, la blonde nymphette retourna s’immerger, n’accordant plus aucune attention à la combattante agacée, sans se rendre compte que celle-ci la suivait de près, les poings serrés, le teint rougi par la colère et la voix frémissante d’indignation.

-« Il est facile de railler. D’ailleurs, j’ai souvent entendu des moqueries à mon encontre, par tous ceux qui vivent dans le village voisin, et j’ai bien l’intention de me venger. »

L’aède mouillée se retourna brièvement pour jeter un regard innocent et un peu étonné à la grande guerrière ulcérée.

-« Des moqueries ? Je n’ai jamais rien ouï à ce sujet. D’ailleurs, avant notre rencontre aujourd’hui, j’ignorais même jusqu’à ton existence. »

La réplique de l’exaspérée combattante ne se fit pas attendre.

-« Si ce n’est toi, c’est donc ton frère, ou quiconque de ton entourage ! »

La jeune poétesse blonde et dégoulinante repoussa l’argument d’un ton péremptoire.

-« Je n’ai ni frère ni sœur, et les quelques personnes qui m’entourent ne sont certes pas médisantes. »

Elle prit une profonde inspiration, cherchant manifestement à retenir son irritation avant de tendre une main amicale vers la guerrière décharnée.

-« Pourquoi ne te joindrais-tu pas à moi, et venir partager mes jeux ? Ce sera beaucoup plus amusant pour toi que d’essayer de me terroriser. »

L’offre stupéfia l’efflanquée mercenaire. Elle resta immobile à considérer la main tendue, l’incrédulité visible dans ses yeux comme dans sa posture. Elle fut tirée de son hésitation méfiante par le doux son du rire de la barde humide. Elle leva la tête pour rencontrer un regard amical et un sourire engageant, qui repoussèrent légèrement son hésitation. La blonde barde nageuse l’encouragea, posant sa main sur son coude pour l’entraîner avec elle dans le flux du courant. Il ne fallut que peu de temps pour que la décharnée guerrière se laisse enfin aller et oublie sa méfiance, acceptant d’abord de suivre la mignonne aède blonde dans l’eau, avant de se détendre suffisamment pour partager ses jeux aquatiques. Petit à petit, les craintes et la suspicion quittèrent le cœur de l’osseuse mercenaire. A la tombée du jour, les deux silhouettes ne jouaient plus et s’enlaçaient doucement avant de partager d’autres jeux bien plus tendres.

 

 

Il est dit que la raison du plus fort est toujours la meilleure,

Mais c’est très certainement une erreur,

Car cette fois, la force fut vaincue par la douceur.

 

 

 

 

Fable 2 : LA BARDE CHANTANTE ET LA FEMME AVARE

 

 

 

 

Durant tout l’été, une jolie barde blonde chanta. Elle allait de chapiteaux en théâtres, et de célébrations en festivals de toutes sortes. Ses maigres cachets étaient gaspillés en frivolités, bijoux de pacotille ou colifichets qui étaient distribués à tout venant sitôt qu’elle s’en lassait,

Le reste de ses pauvres émoluments étant utilisé à quelques soirées de beuverie avec des rencontres d’un soir.

Malheureusement, l’été n’a qu’un temps, et à l’arrivée des frimas, la petite barde se trouva sans un sou vaillant. Errant dans la campagne, contrainte de mendier, elle frappa un soir à la porte d’une demeure isolée dans l’espoir que ceux qui vivaient là lui offriraient l’abri de leur grange, et peut-être, un croûton de pain.

Ce fut une grande femme brune, raide et à l’allure austère qui ouvrit la porte. Sans prononcer une parole, elle observa la jeune barde d’un œil dédaigneux avant de faire un pas en arrière, tirant le battant derrière elle. Mais le désespoir de l’aède était si grand qu’elle se précipita, retenant le lourd vantail avant qu’il ne soit clos. Elle leva des yeux suppliants vers la femme au regard sévère et implora :

-«  S’il vous plaît, Milady, je souffre tant de faim et de froid, il ne vous coûtera que fort peu de faire un geste charitable envers moi. »

La femme haussa un sourcil en entendant la supplique de la blonde barde, gardant sa posture rigide pour répliquer d’un ton sec et rébarbatif.

-« Et pourquoi devrais-je faire cela ? Croyez-vous que je ne vous ai pas vue, cet été, lorsque vous dilapidiez vos maigres ressources aux quatre vents pour des futilités ? Vous voudriez que je vous vienne en aide alors que, pendant que vous agissiez si légèrement, je travaillais d’arrache-pied pour faire des économies et m’assurer de ne jamais manquer de rien. Je n’ai aucune raison de partager le fruit de mes efforts avec vous. »

La jeune barde insista, tendant les mains dans un geste suppliant.

-« Sil vous plaît ! Je ne peux pas croire un seul instant que votre cœur reste complètement fermé à ma détresse ! »

La grande brune recula encore un peu afin de retourner à l’intérieur de son confortable logement.

-« Je n’ai pas pour habitude de venir en aide aux indigents, quels qu’ils soient ! »

Le désespoir de la jeune fille blonde était si grand qu’elle se jeta au pied de la femme, les larmes roulant sur ses joues.

-« Vous n’aurez pas affaire à une ingrate ! Je vous paierai, je le jure, sur ce que j’ai de plus cher ! »

Une lueur d’intérêt brilla dans les yeux bleus de la femme.

-« Vous me paierez ? Vraiment ?» Son ton devint sarcastique lorsqu’elle interrogea :

-« Et avec quoi me rembourserez-vous ? Avec le peu que vous gagnerez au printemps ? Je doute que vous soyez capable d’épargner pour cela. »

Un tout petit rayon d’espérance se glissa dans le cœur de la barde. Elle se releva et s’inclina devant la grande femme brune.

-« Pour vous, tous les jours, je chanterai et je danserai, Milady. »

Cette fois, ce fut de la convoitise qui brilla dans les yeux bleus, mais la femme hésita encore un instant, estimant ce qu’il lui en coûterait, calculant le plaisir qu’elle prendrait à bénéficier ainsi d’un spectacle quotidien, et gratuit, pour elle seule. Elle observa la jeune barde à genoux devant elle un peu plus attentivement, évalua ses charmes d’un long regard et lui ordonna avec une indifférence feinte :

-« Montre-moi ce que tu sais faire. »

La petite blonde se releva avec autant de grâce que de vivacité et exécuta immédiatement quelques pas de danse, mais la couche de neige recouvrant le sol était si épaisse qu’elle renonça rapidement et vint s’incliner devant la longue femme brune. Elle réfléchit une seconde, cherchant dans sa mémoire quel air conviendrait le mieux dans ces circonstances, se racla la gorge, puis se lança enfin.

L’expression de ravissement qui s’inscrivit sur le visage de la grande brune était immanquable, et lorsque la chanson fut terminée, elle s’effaça pour laisser la jeune barde pénétrer dans sa demeure, en cachant du mieux qu’elle pouvait les larmes qui lui étaient montées aux yeux au son de la jolie voix cristalline, précisant néanmoins d’un ton sévère.

-« Il faudra être frugale, je ne veux pas voir de gaspillage, à quelque sujet que ce soit. »

La jolie blonde se redressa rapidement et suivit la femme à l’intérieur, ses larmes remplacées par un sourire mutin.

-« Je ferai tout ce qui sera en mon pouvoir pour vous satisfaire, Milady. Je vous jure que je ne vous donnerai jamais aucune raison de regretter ce geste de bonté. »

Et la jolie barde tint parole.

 

C’est un vilain défaut que l’avarice,

Mais il n’existe aucun vice

Qui ne peut être vaincu par une artiste.

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Commentaires
A
T'es incroyable Gaxé.<br /> Pas un seul texte que tu as écrit à jusqu'à présent a manqué de m'étonner et de me plair.<br /> J'aime beaucoup tout ce que tu as écris, et ton imagination est vraiment phénoménale.<br /> atr_
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