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Guerrière et Amazone
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  • Vous trouverez ici des Fans Fictions francophones et des traductions tournant autour de la série Xena la Guerrière. Consultez la rubrique "Marche à suivre" sur la gauche pour mieux utiliser le site :O) Bonne lecture !!
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24 décembre 2010

Le 1002ème conte

Le 1002ème conte

de Gaxé

 

Xéna, Gabrielle, Joxer et Argo appartiennent à MCA et Renaissance Picture. 

 

 

Il pleuvait sans discontinuer depuis le matin. Trempées, glissant dans la boue, deux femmes accompagnées d’une jument dorée, progressaient lentement sur un chemin escarpé, le long d’une colline déserte. La première, une petite blonde court vêtu, se tourna vers sa compagne en bougonnant.

-« Je savais que nous aurions dû aller dans la grotte que nous avons vue ce matin. Elle n’était pas très accueillante, pas très grande, c’est vrai, mais au moins, nous serions à l’abri. »

Son amie, une grande guerrière brune qui tenait la longe de la jument, soupira d’exaspération et répondit avec acrimonie

-« Nous aurions dû, nous aurions dû… Je pensais que la pluie ne durerait pas. Ce qui est fait est fait, inutile d’en discuter. »

La jeune blonde repoussa une mèche de cheveux mouillés qui lui tombait sur les yeux et fit une grimace à la grande brune

-« En tous cas, être mouillée ne t’arrange pas le caractère ! »

La guerrière cessa d’avancer un instant et foudroya son amie du regard.

-« Parce que toi, tu aimes recevoir de l’eau glacée sur la tête toute la journée peut-être ? »

La plus petite des deux femmes sourit à la remarque.

-« Non, mais ça ne m’empêche pas de rester gentille et agréable, ce qui n’est manifestement pas ton cas. »

Sa compagne leva les yeux au ciel et ne réprima pas un petit rire sardonique.

-« Gentille et agréable ! Ca, c’est toi qui le dit ! Pour l’instant, je te trouve surtout très agaçante. »

La petite blonde eut un sursaut d’indignation et jeta un regard scandalisé à son amie.

-« Agaçante ? Moi ? Alors que c’est toi qui ronchonne sans arrêt ! »

Cette fois, ce fut la guerrière qui eut un mouvement de colère devant l’accusation de son amie. Reniflant avec un peu de dédain, elle pressa le pas, souriant en constatant que sa compagne peinait à suivre ce rythme plus rapide. Elle l’observa du coin de l’œil, ricanant lorsque la petite blonde glissa et faillit tomber dans une flaque d’eau.

-« Tu sauras que je ne ronchonne jamais, je ne fais que donner mon avis. D’autre part, je suis toujours d’humeur égale. »

Elle n’attendit pas de réponse et poursuivit sa marche en essayant de ne pas rire franchement devant la mine déconfite de son amie qui s’essoufflait derrière elle. Elle ne ralentit cependant pas, tendant l’oreille dans l’espoir que la petite blonde demanderait grâce.

Cela ne l’amusa qu’un moment cependant, et rapidement, elle soupira d’exaspération à chaque pas, soulevant ses bottes boueuses en grimaçant.

Après un long moment de marche silencieuse, la guerrière brune s’arrêta et leva une main, signifiant à son amie de ne plus avancer elle non plus. Gabrielle lui jeta un regard surpris, mais obéit néanmoins sans discuter, sachant d’expérience que sa compagne avait certainement une excellente raison pour agir ainsi. Elle cessa son avancée et jeta un coup d’œil par-dessus l’épaule de la guerrière, écarquillant de grands yeux surpris devant le spectacle que son amie observait avec beaucoup d’attention.

Dans le vallon situé juste en dessous de la colline qu’elles contournaient, un campement était dressé. Un campement qui était loin d’être ordinaire.

La guerrière brune fronça les sourcils en regardant le déploiement de luxe surprenant qui s’étalait devant leurs yeux. Une demi-douzaine de tentes colorées, faites de tissus lourds et épais s’éparpillaient dans le vallon. Dans un enclos manifestement bâti avec beaucoup de soins, de superbes chevaux piaffaient, alors qu’un peu plus loin, sous l’abri relatif que leur procurait un chêne, un groupe de sept ou huit hommes armés bavardait tranquillement. La femme brune s’intéressa de plus près à leur équipement, chassant d’un geste impatient les gouttes de pluie qui lui tombait dans les yeux, puis plissa les paupières, tentant de discerner le plus de détails possible.

Les armes étaient neuves ou, en tous cas, particulièrement bien entretenues. Les lames des épées étincelaient malgré l’absence de soleil, les boucliers ne présentaient ni bosse ni éraflure, les flèches, impeccablement rangées dans les carquois semblaient en parfait état et les arcs montraient un bois luisant et des cordes parfaites.

Les hommes, eux, étaient vêtus d’uniformes chamarrés, de pantalons d’un rouge criard, et de vestes jaunes et vertes recouvertes de plaques de cuivre en guise d’armure. Chacun portait également un foulard autour du cou, dont les couleurs variaient d’un homme à l’autre, mais toujours dans des tons tape à l’œil et voyants.

L’attention des deux femmes, fixée sur les mercenaires, fut distraite par un mouvement soudain près de la plus grande tente. La lourde toile, elle aussi d’une teinte particulièrement criarde, se souleva brusquement, laissant passer deux jeunes femmes très légèrement vêtues qui couvraient d’attentions de toutes sortes un homme coiffé d’une espèce de chapeau pointu. Les trois personnes s’avancèrent sous la pluie en devisant et riant, sans paraître dérangées par le mauvais temps tandis que sur la colline, les deux amies écarquillèrent les yeux avant d’échanger un regard stupéfait et de s’écrier avec un bel ensemble « Joxer ! »

Oubliant leurs chamailleries précédentes, les deux femmes reprirent leur marche, descendant en direction du campement, tout en gardant un œil sur leur ami et celles qui l’accompagnaient jusqu’à ce qu’ils retournent s’abriter à l’intérieur de la tente.

Il leur fallut un peu plus d’une demi-marque de chandelle pour arriver à proximité des quelques tentes. La pluie tombait encore plus dru et l’humeur de la grande guerrière brune ne s’était pas améliorée, au contraire. Elle eut donc un mouvement d’impatience lorsque l’un des hommes s’éloigna du groupe et vint à leur rencontre, manifestement dans l’intention de les empêcher de s’approcher davantage. Dégainant l’épée qu’elle portait dans le dos, la femme brune la pointa vers la poitrine du soldat, pensant que cette simple menace suffirait à le faire reculer, mais le soldat répliqua en dégainant lui aussi son arme et avança d’un pas en prononçant d’une voix forte.

-« Personne ne pénètre dans le campement de Joxer le Magnifique sans son autorisation ! »

La grande brune gonfla ses joues avant de soupirer d’un air excédé et se prépara à engager le combat, mais sa campagne l’arrêta en posant une main sur son avant-bras.

-« Attends ! On peut peut-être essayer la manière pacifique d’abord. »

La guerrière stoppa son geste mais ne baissa pas son épée, continuant de surveiller l’homme en face d’elle pendant que la petite blonde se tournait vers lui avec son sourire le plus engageant.

-« Nous sommes des amies de Joxer, il sera certainement ravi de nous voir. »

Le soldat eut un petit sursaut d’indignation.

-« Si vous étiez réellement ses amies, vous l’appelleriez « le Magnifique », comme chacun devrait le faire en ce monde ! »

La guerrière brune leva les yeux au ciel pendant que son amie retenait un sourire avant d’acquiescer en direction de l’homme.

-« Oui ! Le Magnifique, bien entendu ! Je ne l’ai pas dit parce que c’est tellement évident ! »

Pour la première fois, le soldat sourit largement, hochant la tête avec enthousiasme et se tourna vers les autres hommes qui les observaient, toujours sous le chêne. Il désigna l’un d’entre eux de la pointe de l’index et ordonna :

-« Toi, là bas ! Va informer Joxer le Magnifique que deux femmes demandent à être reçues. »

Le soldat désigné se précipita immédiatement vers la plus grande des tentes, s’arrêtant juste devant l’entrée pour demander la permission de pénétrer à l’intérieur, puis, il s’avança et disparut sous la lourde toile.

Les deux femmes commençaient à s’impatienter lorsqu’il ressortit, après un moment qui leur parut fort long. Il trottina jusqu’à elles, s’inclina légèrement, puis les invita à le suivre.

-« Le Magnifique veux bien vous faire la grâce d’une entrevue. »

La guerrière prit le temps de murmurer quelques paroles à l’oreille de sa jument avant de la laisser libre d’aller où bon lui semblerait, ensuite, les deux amies emboîtèrent le pas du soldat en échangeant un regard mi-amusé mi-interloqué.

 

Soulagées d’être enfin à l’abri, les deux femmes prirent quelques secondes pour observer l’intérieur de la tente, le manque de lumière leur faisant plisser les paupières. Vautré sur un énorme tas de coussins, leur ami mangeait du raisin qu’une jeune femme aux longs cheveux blonds et aux jolis yeux noisette lui posait délicatement, et grain par grain, dans la bouche. De l’autre côté, une deuxième jeune femme, brune et tout aussi jolie, se tenait amoureusement serré contre le flanc de l’homme qui avait retiré son chapeau pointu et semblait beaucoup apprécier chacune des attentions qu’on lui accordait. Il fallut que Gabrielle se racle bruyamment la gorge pour qu’enfin, il redresse la tête et s’aperçoive que ses visiteuses étaient là.

Il se leva précipitamment, repoussant les deux jeunes femmes doucement mais fermement et s’avança devant les deux amies, un large sourire aux lèvres en écartant les bras en signe de bienvenue.

-« Xéna ! Gabrielle ! Quel plaisir de vous voir ! »

Mais les deux femmes ne lui rendirent pas son sourire, la grande guerrière brune reculant d’un pas pour ne pas être enlacée, et la petite blonde levant une main devant elle pour indiquer à Joxer de cesser d’avancer. L’homme fut un peu décontenancé, mais obéit néanmoins, son sourire se réduisant à une sorte de rictus hésitant alors qu’il regardait alternativement les deux femmes, se demandant ce qu’il avait bien pu faire de mal pour qu’elles aient toutes deux ce mouvement de recul. Son regard passa de l’une à l’autre, interrogatif et un peu inquiet, jusqu’à ce que Gabrielle s’avance vers lui et pose une main sur son avant-bras dans un geste apaisant, juste au moment où la guerrière brune l’interrogeait d’un ton brusque et impatient.

-« Qu’est ce que c’est que ce campement, Joxer ? »

Aussitôt, le sourire revint aux lèvres de l’homme tandis qu’il se redressait, bombant fièrement la poitrine.

-« C’est le mien, et les hommes que vous avez vus sont ceux de ma troupe. »

Les deux amies échangèrent un regard, puis reportèrent toutes deux les yeux sur l’homme. Croisant les bras sur sa poitrine, Xéna secoua négativement la tête et plongea son regard bleu dans le sien, ne retenant pas la note sarcastique dans sa voix.

-« Ta troupe ? Rien que ça ! »

Elle avança d’un pas, se frottant le menton d’un air dubitatif alors que son sourcil droit montait haut sur son front.

-« Tu peux sans doute me dire où tu les as enrôlés, alors. Et m’expliquer avec quoi tu as payé leur équipement, et comment tu comptes leur verser une solde. »

Une lueur de fierté brilla dans les yeux de Joxer lorsqu’il répondit.

-« Je n’ai pas eu à les embaucher, ils sont venus d’eux-mêmes en quelque sorte, avec leurs armes. Et j’ai tout à fait de quoi les payer. »

L’incrédulité et le doute se lurent dans les yeux des deux amies, le sourcil de Xéna monta encore plus haut alors que les lèvres de Gabrielle s’étiraient dans une moue sceptique. L’homme s’en aperçut, et sembla vexé pendant un instant avant de rapidement se reprendre. Il se tourna vers les deux jeunes femmes toujours installées sur les coussins, les attrapa chacune par une main pour les faire lever, puis les poussa doucement vers la sortie de la tente.

-« Soyez gentilles, les filles, allez sous une autre tente pendant que je discute avec mes invitées. »

Les deux jeunes femmes ne protestèrent pas, adressant chacune une caresse légère à Joxer avant de sortir d’une démarche gracieuse. Une fois que les trois amis furent seuls, Joxer désigna les coussins à ses visiteuses, les invitant à s’installer le plus confortablement possible.

Lorsque ce fut fait, il alla au fond de la tente, en revenant avec une cruche pleine et trois coupes qu’il remplit de vin avant d’en tendre une à chacune de des deux femmes, puis de s’asseoir lui aussi près de ses amies.

Il porta sa coupe à ses lèvres et goûta le vin, le faisant rouler bruyamment dans sa bouche et s’en gargarisant avant de l’avaler, puis de se tourner vers ses deux amies pour leur demander d’un ton enjoué.

-« Il est très bon, ce vin, n’est ce pas ? »

Il ne reçut pas de réponse à sa question. Au lieu de cela, la guerrière se pencha vers lui, un sourcil levé, le regard exaspéré et la voix coupante.

-« Joxer… »

Il n’insista pas et détourna les yeux avant de se racler la gorge, puis de se relever pour arpenter la tente à grands pas. Les deux femmes échangèrent un coup d’œil à la fois surpris et un peu inquiet, ayant rarement vu leur ami aussi nerveux, mais attendirent patiemment qu’il se décide à parler.

L’homme déambula encore un petit moment, puis prit une profonde inspiration, sans doute pour se calmer, et se tourna enfin vers ses visiteuses.

-« Je veux bien vous raconter, mais vous n’allez jamais me croire. »

Cela arracha un sourire à la guerrière qui se pencha légèrement en avant, posant ses coudes sur ses genoux.

-« Depuis des années, nous avons vu et entendu quantité de choses si étranges qu’il n’y a plus grand chose qui peut nous surprendre, crois-moi. »

Gabrielle acquiesça du menton et ajouta.

-« Raconte ton histoire, nous sommes impatientes de l’entendre. »

Joxer hocha la tête et mit une main dans sa poche pour en extraire un objet qu’il montra aux deux femmes.

-« Tout a commencé lorsque j’ai trouvé ceci. »

Xéna fronça les sourcils, Gabrielle se gratta l’oreille, et c’est avec un bel ensemble qu’elles jetèrent un regard interrogateur à l’homme en face d’elles. Il eut un sourire un peu hésitant, prit une inspiration, et commença son récit.

-« Vous me connaissez bien, vous savez que je suis un aventurier, un guerrier toujours à la recherche d’émotions fortes, défendant la veuve et l’orphelin à la moindre occasion et ne reculant jamais devant le danger… »

Il s’interrompit en apercevant l’air de profond ennui qui commençait à envahir le visage des deux femmes, et passa une main dans ses cheveux décoiffés.

-« Bref… J’étais dans le Sud de la Grèce, près d’un pittoresque petit port, un village charmant où vivent quelques jeunes femmes tout à fait adorables, mais malheureusement toutes encombrées de maris hargneux et vindicatifs. »

Pendant un bref instant, l’homme parut troublé, fronçant les sourcils avant de secouer la tête comme s’il chassait un souvenir désagréable. Il finit par hausser les épaules et but une gorgée de son vin avant de reprendre avec une expression un peu embarrassée.

-« J’aimais bien ce village, et j’aurais souhaité y passer quelques temps, mais un incident m’a contraint à partir précipitamment. J’ai couru dans les bois, longtemps… »

Les yeux de Joxer se perdirent dans le vague alors qu’il revivait sa course si intensément qu’il en était presque essoufflé. Ce fut Gabrielle qui le tira de sa rêverie, l’interrogeant d’une voix douce dans laquelle perçait tout de même la curiosité.

-« Pourquoi étais-tu si pressé ? »

L’homme cligna des yeux comme pour chasser les images qu’il voyait passer derrière ses paupières, puis haussa les épaules d’un geste qu’il voulait nonchalant.

-« Un homme me poursuivait, un des maris dont je vous parlais tout à l’heure. Il avait une hache à la main, une hache presque aussi énorme que ses biceps. Mais j’ai fini par le semer. Je me suis caché dans un fourré, et je l’ai regardé qui me cherchait partout en grommelant dans sa barbe. »

Un gloussement moqueur s’échappa de la bouche de Joxer alors qu’une lueur malicieuse s’allumait dans son regard.

-« Il avait l’air ridicule. »

En face de lui, Gabrielle roula des yeux tandis que sa compagne soupirait bruyamment et faisait un geste pour encourager l’homme à poursuivre. Il hocha la tête et désigna l’objet qu’il tenait toujours à la main.

-« C’est en sortant de ma cachette que j’ai trouvé ça. »

Gabrielle tendit la main pour prendre l’objet et le regarder de plus près, le tournant et le retournant dans tous les sens avec curiosité, avant de lever les yeux vers son amie.

-« Qu’est ce que c’est exactement ? »

Xéna prit l’objet à son tour et haussa les épaules.

-« Une lampe à huile. Ca n’existe pas en Grèce, mais c’est un modèle très courant en Egypte, par exemple. »

La guerrière observa elle aussi la lampe un instant avant de la rendre à Joxer, puis de faire un geste circulaire pour désigner la tente et, d’une façon plus générale, tout le campement.

-« Je suppose que tu peux nous expliquer le rapport entre cette lampe, somme toute très banale, et tout cela. »

L’homme récupéra la lampe et la remit dans sa poche avec des gestes précautionneux, finit lentement son vin, puis posa sa coupe près de la cruche.

-« Tu te trompes, Xéna, cette lampe n’a rien d’ordinaire. »

Il s’interrompit un moment, prenant une pose théâtrale qui provoqua un grognement chez la grande guerrière brune. Cela l’amena à reprendre doucement la lampe en main et à désigner de la pointe de l’index quelques inscriptions, à peine visible, gravées sur le cuivre. Les deux femmes s’approchèrent jusqu’à avoir le nez pratiquement sur la lampe, mais ne parvinrent ni l’une ni l’autre à déchiffrer ce qui était écrit.

-« Moi non plus, je n’ai pas réussi à lire, mais ce n’est pas ça qui est important. »

Cette fois, Xéna poussa un énorme soupir, montrant par là son agacement à l’homme en face d’elle.

-« Et si tu cessais de jouer aux devinettes et que tu nous racontais ton histoire une fois pour toute ? »

Joxer grimaça et marmonna une phrase concernant la guerrière et son manque de patience, mais acquiesça tout de même d’un mouvement du menton.

-« Il y a un génie à l’intérieur. »

Gabrielle se mit à rire, tendant son index vers la lampe en s’exclamant d’un ton incrédule :

-« Un génie ! Dans une lampe si petite ! »

Sa compagne, elle, leva les yeux au ciel.

-« Je n’ai pas envie d’entendre de telles âneries, Joxer ! »

Elle se mit debout d’un mouvement souple et fusilla son ami du regard, mais celui-ci ne se laissa pas intimider, et redressa fièrement le menton.

-« J’aurais pu parier que vous ne me croiriez pas ! C’est pour ça que j’hésitais à vous le dire, mais maintenant, s’il faut vous convaincre, je vais vous montrer. »

De nouveau, il désigna les minuscules inscriptions.

-« Comme je n’arrivais pas à lire, je me suis dit que ce serait plus visible si je nettoyais la lampe, pour enlever la poussière qui se trouvait dessus. »

Joignant le geste à la parole, il posa la paume de la main sur les inscriptions et frotta doucement. Il ne fallut que quelques secondes pour qu’apparaissent un nuage de fumée d’une couleur rose bonbon écœurante, au milieu duquel on distingua bientôt la silhouette massive d’un personnage à la longue barbe noire.

Les deux femmes écarquillèrent les yeux de stupeur, regardant le génie s’incliner avec déférence devant Joxer. Après un instant, alors que Gabrielle observait encore la scène d’un air ébahi, Xéna reprit ses esprits et s’avança lentement en direction de leur ami et de l’étrange personnage qui lui faisait face. Celui-ci, l’entendant approcher, se tourna vers elle et s’inclina respectueusement, montrant toutefois moins d’obséquiosité que celle dont il avait fait preuve devant Joxer. La guerrière ne broncha pas, l’observant longuement des pieds à la tête, de sa tenue aux couleurs extravagantes, à ses babouches aux pointes recourbées vers le haut en passant par ses cheveux aussi longs et noirs que sa barbe. Le génie lui rendit son regard un instant, puis retourna vers Joxer.

-« Vous m’avez appelé, Maître ? »

L’homme ricana bêtement, flatté par le terme employé, et ne put se retenir de lancer un coup d’œil victorieux en direction des deux femmes.

-« Je vous l’avais bien dit ! »

Xéna ne répondit pas, son attention toujours absorbée par l’observation du personnage magique, mais Gabrielle qui s’était rapprochée, hocha la tête avec un sourire timide, avant de se diriger vers le génie. Il s’inclina devant elle aussi, semblant amusé par l’expression de pure curiosité qui brillait dans ses yeux.

-« C’est un grand honneur pour moi que de saluer une aussi jolie demoiselle. »

Cela fit sourire la barde, et ses joues rosirent un peu sous le compliment alors qu’elle avançait encore d’un pas.

-« Un génie… Je n’en avais encore jamais vu jusqu’à maintenant. »

Il s’inclina une nouvelle fois, faisant un grand geste du bras comme pour balayer l’air devant lui.

-« Pour vous servir… »

La phrase fit bondir Joxer.

-« Non, c’est moi ton maître ! C’est moi que tu dois servir ! »

Le génie regarda l’homme et hocha la tête.

-«N’ayez aucune crainte, Maître, je sais très bien de qui je suis le serviteur. »

Cet échange fut interrompu par la guerrière qui s’avança, et s’interposa entre l’homme et le génie.

-« Si j’ai bien compris l’histoire de Joxer, c’est à toi qu’il doit tout ce qui est autour de nous, les tentes, les armes, peut-être même les chevaux… »

Le personnage hocha la tête en signe d’assentiment.

-« J’ai, en effet, exaucé le premier vœu de mon maître, et fait apparaître tout ce qui nous entoure, les objets comme les êtres vivants. »

Un sourcil grimpa haut sur le front de xéna.

-« Les êtres vivants ? Tu veux dire qu’il n’a pas recruté les soldats, mais que tu les as fait venir à la vie par magie ? »

Le génie se contenta d’acquiescer d’un simple mouvement du menton, pendant que les deux femmes échangeaient un regard éberlué. Près d’elles, bombant le torse avec fierté, Joxer hocha sentencieusement la tête en confirmant.

-« Il n’a eu qu’à claquer des doigts, et… Ils étaient là, tout simplement. »

La guerrière était impressionnée, même si elle ne l’aurait reconnu pour rien au monde. Ses lèvres se tordirent dans une moue qui se voulait dédaigneuse, mais qui traduisait cependant une certaine admiration. Gabrielle, de son côté, ne resta pas ébahie bien longtemps et sa curiosité naturelle l’amena rapidement à interroger le génie.

-« Tu as parlé de son premier vœu, cela sous-entend qu’il en a plusieurs. Est-ce que tu vas rester à son service pour toute la durée de sa vie ? »

La créature magique sourit à l’amazone.

-« Mon maître a droit à trois souhaits. Ensuite, je ne peux plus être à sa disposition. »

La barde blonde fronça les sourcils, réfléchissant un instant avant de poser d’autres questions au génie.

-« Trois souhaits, c’est peu. Et il n’y a aucune limite ? Tu peux réaliser n’importe quel vœu, quel qu’il soit ? »

Un petit soupir s’échappa des lèvres du personnage, indiquant une certaine lassitude, que Gabrielle ne remarqua pas. Cependant, le génie ne se départit pas de son amabilité pour répondre.

-« Trois souhaits sont largement suffisants pour combler la plupart des gens. Et il y a certaines choses que je suis dans l’incapacité de faire. En aucune façon, je ne peux tuer quelqu’un, ni ressusciter qui que ce soit. Et il m’est impossible de faire tomber les gens amoureux. »

En entendant cette dernière phrase, Joxer baissa la tête, regardant la jolie barde blonde par en dessous, les yeux pleins de regrets. La reine amazone ne prêta pas plus attention à cette réaction qu’elle ne l’avait fait au soupir de la créature, absorbée qu’elle était par la situation et tout ce qu’elle imaginait pouvoir faire avec trois souhaits.

Elle ouvrit la bouche pour poser une nouvelle question, mais le génie détourna le regard, préférant s’incliner devant Joxer.

-« Si vous n’avez pas besoin de moi pour l’instant, Maître, j’aimerais me retirer. »

La permission lui fut accordée d’un geste négligent de la main, et la créature disparut immédiatement, retournant dans sa lampe bien plus vite qu’elle en était sortie, laissant les trois amis face à face.

Un petit moment de silence suivit, vite rompu par Xéna qui jeta un coup d’œil circulaire sur l’intérieur de la tente, notant la présence de la petite table sur laquelle reposait le pichet de vin et une coupe contenant une grande quantité de raisin, le coffre en bois ouvragé juste à côté, et le long divan à l’aspect confortable perpendiculaire au tas de coussins multicolores.

-« Ainsi, c’est le génie qui a crée tout cela, pour exaucer ton souhait ? »

L’homme acquiesça, toujours l’air aussi content de lui, pendant que la guerrière poursuivait.

-« Et les personnes, soldats et jeunes filles, viennent de nulle part. Ils n’ont donc aucune famille, et ne se soucient de personne ?  »

Elle s’approcha de son ami, qui grimaça légèrement.

-« Ont-ils seulement des noms ? »

Le visage de Joxer sembla brusquement se défaire. Ses yeux, comme ses sourcils et les coins de sa bouche, s’affaissèrent, et il baissa la tête, l’air confus.

-« Non, ils n’en ont pas. »

Sa voix montra un peu plus d’enthousiasme lorsqu’il précisa.

-« Je n’ai pas pensé à les nommer, mais j’ai tout de même choisi leurs tenues »

Son abattement apparent se dissipa très rapidement. Il releva la tête et prononça d’un ton joyeux.

-« Mais je vais leur donner un prénom tout de suite ! Un à chacun !

La guerrière leva une main pour l’arrêter alors qu’il se précipitait déjà vers la sortie de la tente, pressé de mettre son projet à exécution.

-« Calme-toi ! Depuis combien de temps sont-ils avec toi ? »

L’homme hésita un instant, se grattant énergiquement le crâne pendant qu’il réfléchissait.

-« Environ une semaine, je crois. »

La grande brune haussa les épaules en concluant.

-« Alors je suppose qu’ils peuvent attendre encore quelques heures. »

Un sourcil monta haut sur son front alors qu’elle jetait un coup d’œil d’avertissement à son ami.

-« Il n’est pas nécessaire que tu les affubles de patronymes ridicules. Prends le temps d’y réfléchir un peu. »

Là dessus, elle tourna le dos à l’homme et lança un regard désespéré vers l’entrée de la tente au travers de laquelle on distinguait la pluie qui tombait de plus en plus dru et semblait ne jamais vouloir s’arrêter. Enfin, poussant un bruyant soupir, elle regarda sa compagne blonde.

-« Je crois que nous devrions chercher un abri pour la nuit. »

Ses yeux se posèrent sur leur ami qui s’empressa de leur proposer une tente, pour aussi longtemps qu’elles le souhaiteraient. Les deux femmes se mirent d’accord d’un simple regard, et Xéna se prépara lentement à sortir.

-« Je dois aller m’occuper d’Argo, la desseller, la brosser et trouver un endroit abrité où elle pourra passer la nuit au sec. »

Gabrielle hocha la tête, faisant ensuite un geste de la main pour indiquer à sa compagne qu’elle l’attendrait ici, en compagnie de Joxer. Elle s’installa confortablement sur le divan, invitant son ami à s’asseoir sur les coussins, et se pencha vers lui.

-« Alors, dis-moi. Que peux-tu me dire de plus à propos de ce génie ? »

 

 

 

 

Malgré une bonne nuit de sommeil, au sec, Xéna était encore d’humeur sombre le lendemain matin. Elle réajusta du mieux qu’elle put la couverture qu’elle avait tendue sur les branches d’un arbre, tentant d’abriter sa jument de la pluie qui tombait toujours inlassablement. Après avoir jeté un coup d’œil découragé aux gros nuages noirs qui encombraient encore le ciel, elle caressa doucement le long cou d’Argo un instant, lui murmurant quelques mots à l’oreille avant de s’éloigner d’un pas rapide.

A l’intérieur de la tente, allongée sur un large lit de camp, Gabrielle semblait dormir encore paisiblement lorsque son amie vint la rejoindre sous les épaisses couvertures de peau. Elle n’ouvrit pas les yeux mais se blottit contre son amante, déposant immédiatement un bras possessif autour de sa taille en émettant un petit grognement de satisfaction. La guerrière ne parvint pas à retenir un demi-sourire et rendit son étreinte à sa compagne, puis ferma les yeux, mais n’eut pas le temps de s’endormir, la sensation de douces lèvres qui parcouraient doucement la courbe de son cou, la faisant rapidement frissonner. Elle se tourna pour faire face à sa compagne et l’enlaça.

 

L’humeur de la grande guerrière brune s’était largement améliorée quand elles quittèrent toutes deux leur abri de toile, après un long moment de tendresse. Elle resta un court instant à observer les trois soldats qui montaient la garde, pinçant les lèvres et secouant la tête avec désapprobation devant leur attitude nonchalante et leurs tenues colorées, puis haussa les épaules et suivit la barde en direction de la tente où elles devaient retrouver Joxer pour le petit déjeuner.

Leur ami n’était pas encore là, mais les deux femmes qu’elles avaient rencontrées la veille se tournèrent vers elle avec un bel ensemble, à leur arrivée et les accueillir d’un sourire chaleureux, avant de les inviter à les rejoindre à la table qu’elles partageaient déjà. Les deux amies s’installèrent et Gabrielle s’empressa d’entamer à la fois la conversation et les nombreux mets qui se trouvaient devant elle.

-« Donc, depuis que vous êtes… en vie, vous êtes ici, avec Joxer. »

Les deux jeunes femmes acquiescèrent avec enthousiasme.

-« Et vous n’avez pas envie de partir, de voir autre chose ? »

Les deux femmes eurent l’air sincèrement surpris devant la curiosité de Gabrielle et échangèrent un regard avant que la jeune blonde réponde d’un ton tout à fait assuré.

-« Non. Nous sommes très bien avec le Magnifique, tout à fait heureuses. Pourquoi nous éloignerions-nous de lui ? »

La barde avala l’énorme bouchée de fromage qu’elle venait de mettre dans sa bouche et leva une main pour énumérer avec ses doigts.

-« Eh bien… Pour voir le monde, rencontrer d’autres gens, connaître différentes manières de vivre, être indépendantes… »

-« Pour constater que Joxer n’est pas forcément l’homme extraordinaire qu’il prétend être. »

Les deux jeunes femmes jetèrent un regard outré en direction de la guerrière, manifestement très choquées de son interruption, puis la brune tendit un index accusateur.

-« Comment oses-tu dire des choses pareilles, toi qui te prétend son amie ? »

La violence du ton surprit Xéna qui se défendit en levant les mains devant elle.

-« Je suis son amie, et je vous assure que j’aime bien Joxer. Mais je connais aussi ses défauts, tout autant que ses qualités. Je crois seulement que si vous rencontriez d’autres personnes, hommes ou femmes, vous pourriez être objective et l’aimer pour ce qu’il est exactement, pas pour ce qu’il veut vous faire croire. »

Les deux jeunes femmes, bien que ne paraissant pas du tout convaincues, se turent et recommencèrent lentement à manger, jetant de temps à autres de brefs coups d’œil chargés de rancune en direction de la guerrière qui n’ajouta rien, se contentant de manger en silence. Ce fut Gabrielle qui renchérit, de son ton le plus raisonnable.

-« Vous ne devriez pas vous mettre en colère, Xéna n’est pas en train de dire du mal de Joxer, ou de le rabaisser. Elle essaie simplement de vous dire que le monde est plein de gens différents, et que vous pourriez aimer d’autres personnes tout autant que vous l’appréciez. »

 Il n’y eut aucune réaction à ce petit discours, et un silence pesant s’installa, heureusement rapidement rompu par l’arrivée d’un Joxer à la mine joyeuse, qui s’arrêta devant les deux jeunes femmes en levant les mains.

-« J’ai d’excellentes nouvelles les filles !  Je vous ai choisi des noms ! »

Il prit une seconde pour savourer l’instant, appréciant leur expression de curiosité et leur enthousiasme un peu enfantin avant de reprendre.

-« C’est le bruit de la pluie qui m’a réveillé ce matin, et je me suis trouvé particulièrement inspiré par cela. »

Il avança d’un pas et se planta devant la jeune femme brune.

-« A partir de maintenant, tu t’appelles Averse. »

Se tournant vers la blonde, il ajouta.

-« Quant à toi, tu seras Ondée. »

Les deux femmes battirent des mains, apparemment ravies, tandis qu’il s’installait sur le banc, juste entre elles deux.

Sitôt qu’il fut assis, les deux jeunes femmes se collèrent immédiatement à ses côtés, l’une s’empressant de lui servir une boisson chaude pendant que l’autre se précipitait pour lui tendre un morceau de pain. Souriant béatement, l’homme se détendit, passant un bras sur les épaules de chacune des deux femmes, pendant qu’elles le nourrissaient à tour de rôle.

La guerrière leva les yeux au ciel et repoussa son assiette en pinçant les lèvres avant de se lever, manifestement pressée de sortir de la tente. Elle lança un regard à sa compagne, lui indiquant d’un geste de la rejoindre sitôt son repas terminé, puis se tourna vers la sortie de la tente.

Elle n’eut pas le temps de faire un pas. Brusquement, la toile se souleva pour laisser passer l’un des hommes de troupe, dont l’allure un peu essoufflé, le teint rouge, les cheveux plaqués sur son crâne par la pluie et la démarche précipitée, l’incitèrent à rester encore un petit moment, histoire de savoir ce qui lui donnait cette apparence un peu agitée. Il s’avança rapidement pour s’incliner devant Joxer qui se dégagea à contrecœur des bras qui l’enlaçaient, poussant un petit soupir exaspéré devant l’interruption.

-« Pourquoi viens-tu me déranger ? Ne vois-tu pas que j’ai d’importantes occupations ? »

Le soldat baissa humblement la tête.

-« Pardonnez-moi, Magnifique, mais j’ai pensé que vous aimeriez savoir qu’une armée se déplace dans notre direction. »

Cela ne sembla pas perturber Joxer outre mesure. Il se redressa, souriant avec condescendance à l’homme devant lui.

-« Nous n’avons pas l’intention d’attaquer qui que ce soit aujourd’hui. Ne t’inquiète donc pas de cette armée. »

Gabrielle, qui venait de finir son repas, intervint, un peu inquiète de la négligence de son ami.

-« Qui sait ce que cette armée fait dans les parages ?  »

Elle contourna la table, s’approchant de Joxer en tentant de garder un ton de voix raisonnable tout en étant le plus persuasive possible.

-« Peut-être que ces gens préparent un mauvais coup. Ne crois-tu pas qu’il serait judicieux de les surveiller ? Discrètement, bien sûr. »

L’homme soupira une nouvelle fois, apparemment désolé de devoir encore se soustraire aux attentions de ses compagnes. Il leva les mains, regardant Gabrielle avec incompréhension.

-« Les surveiller ? Pour quoi faire ? »

Gabrielle parvint à dissimuler parfaitement son agacement.

-« Pour le cas où ils projetteraient de nous attaquer par exemple, ou de piller un village, ou de s’en prendre à des voyageurs innocents qui auraient le malheur de croiser leur route… »

La tête de Joxer oscilla de bas en haut, indiquant qu’il avait enfin compris où son amie voulait en venir.

-« Donc, tu penses que je devrais envoyer quelqu’un pour les espionner ? »

La barde soupira doucement et corrigea.

-«  Pour les surveiller et s’assurer qu’ils ne représentent pas une menace. »

Elle jeta un bref regard circulaire à l’intérieur de la tente et fit un geste pour indiquer l’absence de son amante.

-« Mais je pense que Xéna est déjà partie s’en charger. »

L’homme haussa les épaules et retrouva immédiatement son sourire ravi.

-« Elle va faire ce qu’il faut, alors ! Inutile de s’en soucier. »

Il jeta un regard au soldat, toujours debout devant lui.

-« Es-tu le premier à avoir remarqué cette armée ? »

L’homme hocha la tête, les yeux brillants de fierté.

-« Oui, Magnifique. »

Joxer se frotta le menton, fermant à demi les yeux dans une attitude qui se voulait réfléchie.

-« J’imagine que tu as une bonne vue alors, que tu as un œil de Lynx. Dorénavant, tu t’appelleras donc ainsi : Lynx. »

L’homme parut aussi radieux que les deux femmes l’avaient été avant lui, s’inclinant profondément devant Joxer en murmurant quantité de remerciements.

La barde, que la réaction des deux jeunes femmes avait plutôt amusée au premier abord, commençait à se lasser de l’admiration béate provoquée par chaque parole ou chaque geste de Joxer. Elle tourna les talons, décidée à attendre le retour de sa compagne loin des simagrées de leur ami et de ses « admirateurs », mais se ravisa et décida d’essayer encore de persuader l’homme des possibles dangers inhérents à la présence d’une armée à proximité. Elle se racla la gorge, espérant que ce serait suffisant pour attirer l’attention, mais ce fut peine perdue, et après plusieurs tentatives, elle interrogea directement, d’une voix forte et un peu autoritaire.

-« Ne crois-tu pas qu’il serait prudent d’organiser quelques défenses, plutôt que de rester à baguenauder ?  »

Ni le ton, ni la question ne retinrent l’attention de Joxer, dont les yeux ne quittèrent pas le décolleté d’Averse, alors qu’il marmonnait.

-« Tu m’as dit que Xéna s’occupait de tout, tu devrais lui faire confiance. »

La barde, exaspérée, fit une nouvelle tentative, insistant sur les éventuels risques et dangers que pourrait amener une armée, faisant appel à la responsabilité de Joxer en tant que chef de ce camp, rien n’y fit. Enfin, découragée, elle leva les yeux au ciel et abandonna, quittant la tente en bougonnant.

Dehors, la pluie avait enfin cessé, laissant la place à une vague brume et à une humidité stagnante qui coloraient de gris tout le paysage alentours. Gabrielle inspira profondément, chercha Argo du regard et ne la trouva pas, confirmant ainsi que Xéna n’était pas encore revenue, puis se dirigea vers le petit groupe d’hommes d’armes rassemblé devant un feu qui, du fait de l’humidité, dégageait bien plus de fumée que de chaleur. 

 

 

La guerrière se leva sur ses étriers en plissant les yeux, essayant de distinguer clairement ce que faisaient les silhouettes dans la brume. Gabrielle, debout avec son bâton à la main, parlait avec animation à l’un des soldats, apparemment celui qui était entré dans la tente pour annoncer la présence de l’armée à Joxer. Près d’eux, trois autres hommes creusaient ce qui paraissait être une fosse, plutôt longue, tandis que non loin de là deux autres soldats tendaient des cordes au ras du sol. Pas vraiment étonnée, Xéna eut un demi-sourire en observant les préparatifs auxquels se livraient la barde et les quelques hommes d’armes qui l’accompagnaient, souhaitant pouvoir se rapprocher doucement et prendre le temps de regarder sa compagne, d’admirer sa silhouette et la grâce qui se dégageait de chacun de ses mouvements, mais le temps manquait. Elle poussa un petit soupir et donna un léger coup de talons dans les flancs d’Argo, la pressant pour rejoindre plus rapidement ceux qui travaillaient là, et héla son amie avec un petit geste de la main, pour l’inviter à la rejoindre.

Elle démonta immédiatement, tenant toutefois toujours sa jument par la bride et dès que la reine amazone fut suffisamment proche, l’interrogea en désignant les hommes qui s’activaient d’un geste du menton.

-« Je vois que tu as pensé à organiser quelques défenses. »

Gabrielle hocha la tête et se rapprocha encore de sa compagne, jusqu’à ce que leurs deux corps se frôlent.

-« Oui. J’aurais aimé convaincre Joxer de s’en occuper avec nous, mais il est bien trop absorbé par ses deux amies, Averse et Ondée, pour se soucier de cela. J’ai choisi le côté Est parce que c’est par là que Lynx, l’homme qui a prévenu Joxer, les a aperçus, et que, d’après les hommes, c’est la direction que tu as prise en partant. »

Elle eut un petit rire sans joie.

-« J’espère seulement que ce sont des précautions inutiles, et qu’il n’y aura pas d’attaque. »

La guerrière se frotta machinalement la tempe avant de passer un bras sur les épaules de son amante et de les diriger toutes deux vers les soldats qui s’affairaient.

-« Je suis désolée de te décevoir, mais elles ne seront pas inutiles. »

Elle serra brièvement sa compagne contre elle et sa mine se rembrunit quand elle ajouta.

-« Mais elles seront très certainement insuffisantes. »

Gabrielle cessa de marcher et tourna un visage quelque peu alarmé vers Xéna qui haussa une épaule en précisant.

-« Ils sont bien plus nombreux que nous, et ils le savent. Et, d’après ce que j’ai pu entendre, ils comptent profiter pleinement de cet avantage. »

Pendant que la barde se dirigeait vers la plus grande tente, espérant pouvoir attirer l’attention de Joxer cette fois, la guerrière dessella et lâcha sa jument, puis regarda attentivement le travail des soldats, appréciant manifestement les efforts et la bonne volonté mises dans la réalisation de leur ouvrage, mais les interrompit pourtant rapidement.

-« Je trouve que vous vous débrouillez très bien, cependant, je ne crois pas qu’il soit utile de vous échinez encore. Vous n’aurez pas le temps de finir de toute façon, et vous feriez mieux de conserver vos forces pour le combat qui va suivre. »

Les hommes levèrent tous les yeux vers elle, certains en fronçant les sourcils, intrigués par la certitude avec laquelle la phrase avait été prononcée, d’autres simplement soulagés de pouvoir se reposer un moment. Ils se rassemblèrent, retournant autour du petit feu que l’un d’eux ré-alimenta, pendant qu’elle attendait, pas si patiemment que ça, que sa compagne revienne avec celui qui était responsable de ce camp, et qui serait sans doute le seul à pouvoir les persuader de se battre et de suivre la stratégie qu’elle envisageait.

 

 

Joxer n’avait pas été facile à convaincre, mais, en haussant le ton et en faisant preuve d’autorité, Gabrielle avait finalement réussi à le persuader de la suivre, pestant contre le temps perdu à argumenter. Toutefois, une fois devant les hommes, il prit conscience de ses responsabilités et leur fit un petit discours pour les exhorter au courage, et pour leur faire savoir que Xéna était celle qui dirigerait leur petit groupe pendant la bataille.

Il n’eut pas le temps d’en dire davantage que déjà les premières flèches arrivaient dans le camp.

Attaquant de tous les côtés à la fois, les assaillants étaient aussi nombreux que l’avait dit Xéna, bien entraînés et particulièrement hargneux. En quelques secondes, Le camp fut envahi par des soldats hurlants montés sur des chevaux nerveux, se jouant des maigres défenses dressées par Gabrielle et les hommes de troupe, avec un peu trop d’aisance. Seulement une demi-douzaine de chevaux chutèrent dans la fosse, et les cordes tendues firent encore moins de victimes.

Rapidement, la situation devint difficile. Les hommes de Joxer, s’ils se battaient avec bravoure, manquaient visiblement d’entraînement et d’expérience, tandis que près d’eux, leur chef, bien que ferraillant avec beaucoup de cœur, accumulait les maladresses.

De son côté, la reine amazone faisait sa part de dégâts dans les rangs adverses, manœuvrant son bâton avec énergie, cognant et assommant chacun des soldats qui s’approchaient un peu trop et s’efforçant de protéger Averse et Ondée qui se tenaient, tremblantes et enlacées, au milieu du cercle formé par les quelques défenseurs du camp.

Il ne fallut que peu de temps aux assaillants pour se rendre compte que le plus grand danger pour eux venait de la grande guerrière brune qui combattait avec une vigueur et une efficacité comme il n’en avait jamais vues. Sans se concerter, ils l’encerclèrent, l’attaquant de tous côtés, les uns après les autres ou simultanément, ne lui laissant pas une seconde de répit. Et elle faisait bien mieux que résister, sautant, esquivant, frappant, tranchant et taillant sans relâche dans les rangs ennemis, sans paraître fatiguée le moins du monde malgré les prodigieux efforts physiques qu’elle faisait.

Assis sur son cheval à quelques pas de là, observant de loin la bataille qui, contrairement à ce qu’il attendait, s’éternisait, le chef de l’armée assaillante soupira, agacé par la résistance des quelques soldats et plus encore par celle de la grande femme brune. Au bout d’un moment, son impatience faisant place à l’exaspération, il prit son arc, plaça méticuleusement une flèche dans l’encoche, et visa soigneusement.

Joxer chuta pour la troisième fois, son chapeau lui tombant sur les yeux. Il roula sur lui-même, échappant de justesse à une épée ennemie, et jeta rapidement un regard autour de lui. La situation était critique. L’un de ses hommes gisait inanimé sur le sol, et les autres, toujours debout, combattaient péniblement, le sang et la sueur mêlés dégoulinant le long de leurs bras et de leurs visages. La fatigue se lisait sur la physionomie de chacun, et il était évident que le temps jouait en faveur des attaquants. Profitant d’un court instant de répit, Joxer aperçut du coin de l’œil le chef de l’armée adverse qui lâchait sa flèche, et en suivit la trajectoire des yeux. Lorsqu’il comprit à qui elle était destinée, il plongea la main au fond de sa poche, à la recherche de la lampe.

Gabrielle recula d’un pas et se baissa avec vivacité, esquivant ainsi un coup d’épée destiné à lui trancher la tête, puis riposta en fauchant les jambes de son adversaire, l’envoyant à terre avant de l’assommer d’un violent coup sur la tempe de la pointe de son bâton. Elle releva la tête très vite, prête à en découdre avec un autre soldat, mais ne trouva plus que le vide devant elle.

Un sourire féroce ornait le visage de Xéna alors qu’elle passait son épée au travers du corps du soudard face à elle, avant de sauter par-dessus le suivant, l’assommant au passage d’un coup de talon bien placé, puis perçant le cœur de celui derrière lequel elle avait repris contact avec le sol. Trois autres hommes se présentèrent immédiatement devant elle, ne lui laissant même pas le temps de reprendre son souffle, fondant simultanément sur elle. La guerrière ricana et embrocha le premier, se servant de son corps pour se protéger des attaques des deux autres. Malgré le vacarme ambiant, elle entendit parfaitement le sifflement annonciateur de l’arrivée de la flèche, mais trop occupée par ceux qu’elle affrontait, elle n’eut ni le temps ni l’occasion de s’en saisir ou de l’éviter. Atteinte juste sous l’omoplate, le poumon transpercé, elle mit un genou au sol juste avant de recevoir une deuxième flèche, cette fois juste à la base de la nuque. Ses yeux se fermèrent alors qu’elle accusait le coup, puis tombait lentement face contre terre sans remarquer que l’armée adverse n’était plus là.

Gabrielle tourna sur elle-même, complètement abasourdie par la disparition complète et subite de ses adversaires. Elle jeta un rapide coup d’œil vers Averse et Ondée, s’assurant qu’elles n’étaient pas blessées, puis son regard rencontra celui de Joxer qui marchaient précipitamment dans sa direction. Elle posa une main ferme sur son avant-bras, le retenant alors qu’il tentait encore d’avancer pour se diriger derrière elle.

-« Tu peux me dire ce qui se passe ? Où sont-ils tous passés ? »

L’homme tira sur son bras pour se dégager, mais répondit tout de même.

-« En perse. Ils sont en Perse. »

La barde fronça les sourcils, n’ayant aucune idée de ce que disait son ami.

-« Comment ça, en Perse ? »

Il secoua la tête, manifestement préoccupé par autre chose.

-« C’est le premier endroit qui m’est venu à l’idée. »

Pendant un instant, Gabrielle se demanda si son ami n’avait pas perdu la raison, puis, tout à coup, la lumière se fit dans son esprit. Elle porta une main à son front, regardant de nouveau l’homme en face d’elle, avec un petit sourire, cette fois.

-« Tu as dit au génie de les envoyer là-bas, c’est ça ? »

Joxer hocha vigoureusement la tête, puis tira bien plus fort sur son bras, réussissant cette fois à se dégager pour reprendre sa marche. Machinalement, la barde regarda dans la direction qu’il prenait, un peu étonnée de le voir si pressé. Pendant une seconde, elle n’en crut pas ses yeux, son sang se glaça dans ses veines, et elle resta interdite, si immobile qu’on l’aurait cru sculptée dans la pierre. Et puis, brusquement, la réalisation se fit dans son esprit. Elle lâcha son bâton et parcourut à toute vitesse les quelques mètres qui la séparaient de sa compagne, tombant à genoux à ses côtés.

Joxer était déjà baissé, accroupi tout près de la guerrière qui gisait sur le sol, retenant péniblement quelques larmes et tendant une main juste au-dessus de son visage, mais sans la toucher toutefois, comme s’il avait peur que ce simple contact soit plus qu’elle ne pourrait supporter.

La barde retint un sanglot, posant une main sur sa bouche alors que ses yeux s’emplissaient d’effroi, puis, très doucement, elle se pencha vers son amie, cherchant d’abord son pouls du bout des doigts, avant de repousser une mèche de cheveux noirs qui tombaient juste devant les yeux de la guerrière. Délicatement, elle effleura une joue légèrement meurtrie, puis se pencha encore et déposa un baiser léger sur le front de son amante. Ensuite, elle se redressa, regardant droit dans les yeux de son ami.

-« Elle se meurt, Joxer. »

L’homme hocha tristement la tête, se frottant la nuque d’un geste las avant de répondre tout bas, d’une voix dans laquelle le chagrin était tout à fait audible.

-« Je sais, Gabrielle. »

La reine amazone tendit un bras et le secoua, plutôt vigoureusement, par l’épaule.

-« Sauve-la ! S’il te plaît, Joxer, tu peux la sauver. »

Pendant un instant, il lui jeta un regard ahuri, ne comprenant manifestement pas de quoi elle parlait. Ce n’est que lorsqu’elle fit un geste en direction de sa poche qu’il saisit enfin ce qu’elle voulait dire. Il se leva et plongea la main dans la poche de sa veste, avec des mouvements si lents que la barde dû se retenir pour ne pas l’attraper au collet afin de le faire accélérer.

Elle reporta son regard sur sa compagne en entendant un râle sourd et profond, terrifiée de la voir mourir maintenant, relevant les yeux juste pour voir le génie apparaître alors que la fumée couleur rose bonbon se dissipait lentement. La créature magique s’inclina devant son maître puis attendit, caressant sa longue barbe noire d’un geste machinal, usant la patience de la barde dont l’inquiétude augmentait à chaque seconde qui passait.

Lorsqu’enfin le génie s’approcha et se pencha sur la femme blessée, le barde ne put retenir un « dépêche-toi ! » impatient, les dents serrées et le regard dur. Le personnage cessa tout mouvement et la fixa d’un œil sévère.

-« Je remercie les Dieux de ne pas t’avoir pour maîtresse. Non seulement tu es particulièrement bavarde et curieuse, mais tu sembles avoir du mal à te contenir, et je ne te trouve pas très aimable. »

Une réplique cinglante vint à l’esprit de Gabrielle, mais elle la retint, se mordant la langue en observant le génie qui jetait un dernier regard à Joxer, lançant un avertissement d’une voix au ton grave.

-« C’est ton dernier souhait, Maître, tu es bien sûr que c’est ce que tu veux ? »

L’homme acquiesça du menton et fit un geste de la main pour inciter la créature à faire ce qu’on lui avait demandé. Le génie haussa les épaules et tendit les mains au-dessus d’une Xéna au teint cadavérique et à la respiration extrêmement difficile. Une brume incolore recouvrit rapidement le corps inanimé de la guerrière, les deux flèches disparurent petit à petit, les plaies se refermèrent et le sang qui suintait cessa de couler. Gabrielle retint son souffle, quelques larmes roulant sur ses joues quand sa compagne ouvrit les yeux en clignant des paupières, l’air de se réveiller d’un profond sommeil. Ses premières paroles furent pour son amie qui se tenait près d’elle, peinant à retenir des larmes de soulagement

-« Ca ne va pas, Gabrielle ? »

La grande femme brune se redressa, passant en position assise, et entoura les épaules de son amante, pour la serrer contre elle. Au bout de quelques secondes, la barde se relâcha et laissa quelques pleurs s’échapper, tandis qu’elle chuchotait le visage dans le cou de la guerrière.

-« J’ai vraiment cru que tu allais mourir. »

Xéna resserra légèrement son emprise sur la reine amazone, caressant doucement les cheveux blonds en murmurant des paroles apaisantes. Ni l’une ni l’autre ne remarquèrent la disparition du génie qui réintégra sa lampe sitôt sa tâche terminée, ni la volatilisation de ladite lampe.

La barde sembla se calmer après quelques instants, et se releva doucement pour poser un petit baiser sur la joue de la guerrière, un énorme sourire étirant ses lèvres. Lorsqu’elles se mirent debout, la grande femme brune eut la surprise de voir Joxer l’enlacer, la serrant contre lui avec une joie évidente. Ce débordement d’affection la prit un peu au dépourvu, mais elle rendit son étreinte à son ami, avant de se tourner vers sa compagne en souriant.

-« La dernière chose dont je me souvienne, c’est que nous étions aux prises avec une armée, nombreuse et bien organisée qui nous menait la vie dure. »

Elle jeta un regard autour d’elle.

-« J’ai l’impression d’avoir manqué quelque chose. »

Gabrielle lui rendit son sourire, passant son bras autour de la taille de son amie.

-« Je vais t’expliquer. Tu sais que Joxer avait trouvé une lampe magique… »

 

 

Une fois que toutes les plaies furent pansées, que tous les soins nécessaires furent prodigués, il faisait déjà presque nuit. Chacun s’affaira à chercher du bois, le plus sec possible, afin de mettre en place le bûcher funéraire de l’homme qui était tombé pendant la bataille. Cela fut long et difficile, mais le lendemain matin, alors que le ciel s’était enfin éclairci et que toute trace d’humidité dans l’air avait disparue, une brève cérémonie fut organisée.

Si tous les membres du camp semblaient émus par la disparition de l’homme, Joxer était clairement le plus affecté. Il se chargea d’enflammer le bûcher et se tint bien droit, son chapeau à la main, alors que les flammes commençaient à monter vers le ciel, tandis que, derrière lui, les soldats et les deux jeunes femmes, chantaient doucement, se tenant tous par la main. Légèrement décalées sur le côté, Xéna et Gabrielle joignirent leurs voix au chœur des membres du camp, touchées elles aussi, par la tristesse qui se dégageaient de toute la scène.

Lorsqu’enfin le feu s’éteignit lentement, Joxer ne s’éloigna pas tout de suite. Au lieu de cela, il se tourna vers ceux qui se tenaient derrière lui et leur fit un signe, leur enjoignant de ne pas se disperser immédiatement, puis désigna ce qui restait du bûcher.

-« Nous avons perdu l’un des nôtres hier. Je ne vais certainement pas faire de discours, mais j’aimerais que chacun se souvienne de notre valeureux compagnon. »

L’homme se racla la gorge et battit des paupières avant de conclure.

-« Il s’appelait Vaillant. Ne l’oubliez pas. »

Là-dessus, il remit son chapeau, et s’éloigna rapidement, s’isolant dans sa tente sans adresser un regard à personne.

 

Il semblait toutefois avoir retrouvé toute sa bonne humeur le lendemain matin, au moment où il rejoignit Xéna et Gabrielle alors qu’elles s’apprêtaient à quitter le camp. Debout, une main sur l’encolure d’Argo qu’elle caressait doucement et un peu machinalement, la guerrière le regarda s’approcher pour leur souhaiter bon voyage et les saluer avant leur départ. Il flanqua une petite bourrade amicale sur l’épaule de la grande femme brune, puis se tourna vers Gabrielle et mit les mains dans ses poches, avec un air un peu emprunté qui fit sourire la barde. Elle posa gentiment une main sur son avant-bras et l’interrogea avec douceur mais aussi avec beaucoup de sérieux dans le regard.

-« Tant que tu avais la lampe, je suis sûre que tu avais de nombreux projets. Qu’est-ce que tu vas faire maintenant ? »

Il haussa les épaules, essayant de garder une expression désinvolte.

-« Sans doute reprendre la route, avec tout le monde. »

Il mit sa main sur celle de la reine amazone, toujours sur son bras.

-« Je n’ai pas besoin de lampe magique, ni de génie pour être heureux. Il me suffit de savoir que mes amies sont vivantes, et en bonne santé. »

Il fit un large geste du bras pour désigner l’ensemble du campement.

-« Et puis, mon premier souhait a été exaucé, je ne suis pas à plaindre, vraiment. »

Il ne vit pas la guerrière se rapprocher de lui et sursauta légèrement quand elle posa une main sur son épaule.

-« Merci Joxer. Pour tout. »

Il baissa les yeux, si gêné qu’il se mit à ricaner bêtement, et son embarras augmenta encore au moment où Gabrielle le prit dans ses bras pour lui donner une franche accolade, ce qui ne fit en rien diminuer son rire nerveux. Lorsque la reine amazone le lâcha, il recula rapidement, et tenta de reprendre contenance en lançant d’une voix un peu trop forte.

-« Je ne savais pas que vous étiez de telles sentimentales ! »

Il pivota sur ses talons et se dirigea vers sa tente en jetant encore par-dessus son épaule.

-« Bonne route, les filles ! »

Les deux femmes le regardèrent retourner vers le centre du camp, puis la guerrière monta sur sa jument, tendant son bras vers sa compagne pour l’inciter à s’installer derrière elle. Mais Gabrielle ne saisit pas immédiatement la main tendue, jetant un coup d’œil méfiant à son amie avant de demander.

-« Tu me promets que nous nous abriterons s’il se met à pleuvoir ? »

Xéna sourit largement.

-« Je te le promets. »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Commentaires
R
toujours plaisir a lire tes fan-fictions gaxé<br /> j'attends avec impatiente une autre de tes histoires passionnantes .........<br /> <br /> rhea
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I
Jolie conte avec "la réintroduction" de Joxer le gaffeur...<br /> <br /> Merci Gaxé.
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X
pour toutes ces histoires amusantes dramatiques et si jolies à lire
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H
Bonsoir ! <br /> <br /> Je me permets de vous contacter pour vous parler du site artistique le Hangar, qui publie régulièrement des chroniques artistiques (littérature, cinéma, musique...) ainsi que des créations d'internautes (textes, photos, peintures, dessins, BD, vidéos...), VOS chroniques et créations !<br /> <br /> Par ailleurs, jusqu'au 29 décembre, le site organise un DOUBLE CONCOURS - littéraire et pictural - avec pour thème "La Naissance", et il y a des LOTS à la clé ! Nous vous invitons donc à y participer dans la catégorie que vous souhaitez (Pour plus de renseignements, l'article sur le site vous expliquera tout).<br /> <br /> Au plaisir, et à bientôt j'espère !<br /> <br /> http://le-hangar.com<br /> <br /> Hazel, du Hangar.
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