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  • Vous trouverez ici des Fans Fictions francophones et des traductions tournant autour de la série Xena la Guerrière. Consultez la rubrique "Marche à suivre" sur la gauche pour mieux utiliser le site :O) Bonne lecture !!
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13 mars 2011

Mise en échec, de Gaxé

 

 

                                                         

Xéna et Gabrielle appartiennent à MCA et Renaissance picture.

 

Merci à Atr_, sans qui cette histoire n’aurait pas vu le jour, et à Prudence pour passer derrière moi avec une telle constance.

                                                            

                                                             MISE EN ECHEC

 

 

Sombre… Plus obscur que la plus noire des nuits. Nous tombons toutes les deux au fond d’un abîme qui me paraît sans fin, poussées par une force maléfique et terrifiante. Déjà, mes souvenirs s’estompent, ma tête est si douloureuse que je me demande si elle ne s’est pas ouverte en deux, mon corps commence à s’engourdir, mes membres se raidissent, se figent, et bientôt, je ne peux plus bouger.

La chute est interminable, tout se délite dans mon esprit, j’oublie jusqu’à mon nom. Je ne

sais plus qui je suis, je ne sais pas d’où je viens, seul un nom résonne dans ma tête, un nom dont je ne sais pas à qui il appartient, mais dont j’ai la certitude qu’il représente une menace : Alti.

 

**********

 

 

Nous sommes tous bien en place, prêts pour la bataille. En face de nous, tout aussi parfaitement alignés, nos adversaires finissent de fourbir leurs armes, apparemment pressés d’en découdre. Je n’ai aucune idée des raisons qui nous ont amenés là, et je soupçonne que nos ennemis ne les connaissent pas eux non plus, mais ce que je sais avec certitude, c’est que nous devons vaincre.

Je regarde le roi, mon époux, sa barbe blanche, son teint pâle, son armure immaculée. Et une fois encore, je m’interroge, cherchant au fond de ma mémoire les souvenirs qui continuent de m’échapper. Notre rencontre, nos fiançailles, notre mariage… Rien ne me revient.

Un bruit de fer qui cogne contre le fer me tire de ma rêverie. Nos noirs adversaires avancent lentement. Une tour vient dans ma direction, trouvant heureusement un de nos cavaliers face à elle. Je me déplace prudemment d’une case, observant le mouvement de nos ennemis avant de tourner mon regard vers nos propres troupes et leurs tenues d’une blancheur immaculées, remarquant mon époux à leur tête. Malgré son âge, je dois reconnaître qu’il a plutôt fière allure, son épée fermement brandie dans sa main droite. A ses côtés, le fou tient sa place, défiant le roi noir du regard.

Un éclair bleu attire mon attention, et pendant un instant, je plonge dans un lac d’eau glacée, frissonnant avant de comprendre qu’il s’agit seulement des yeux de la reine noire. Son regard, dans lequel la détermination est évidente, ne me quitte pas, suivant chacun de mes déplacements d’une case à l’autre.

Un mouvement, sur ma droite, me fait oublier momentanément les yeux de mon ennemie. La bataille est bien engagée maintenant. Droit devant moi, deux pions se rendent coup pour coup, se battant avec un acharnement  comme je n’en avais encore jamais vu. Un peu plus loin, l’un de nos fous fait face au cavalier noir, et, à ma grande déception, ne résiste pas très longtemps. Je me déplace encore, jetant un nouveau regard en direction de mon roi, rassurée de le voir diriger nos troupes et combattre nos ennemis avec une grande efficacité.

Sur la droite, nos lignes reculent, peinant à résister à nos ennemis, mais heureusement, le flanc gauche lui, est bien plus performant. Je change de case une nouvelle fois, avançant légèrement, pour me trouver de nouveau face au regard bleu de la reine ennemie. Féroce et énergique, elle fait de grands dégâts dans notre défense, et sans jamais me lâcher du regard plus d’une demi-seconde, comme si j’étais sa cible désignée et qu’elle n’était là que pour me mettre en échec, scellant ainsi sa victoire et notre défaite.

Cette façon qu’elle a de fixer son attention sur moi, se défaisant de tous ceux qui l’attaquent avec une espèce de négligence désinvolte, m’intrigue tout autant qu’elle me fait peur. Je me demande ce qui peut la motiver pour qu’elle agisse comme si elle m’en voulait personnellement. Encore une fois, je fouille ma mémoire à la recherche de souvenirs qui ne me reviennent pas, désappointée de constater que je n’arrive pas à retrouver quoi que ce soit de mon passé. Pourtant, le sentiment que tout cela est à ma portée, que si je fais suffisamment d’efforts, tout me reviendra en mémoire, ne me quitte pas. La sensation d’avoir déjà rencontrée cette femme, de la connaître parfaitement est très claire, si je ne le sais pas avec ma raison, quelques chose, au fond de moi, en est intimement, et même viscéralement, persuadé.

 

Je suis si profondément plongée dans mes pensées, que je sursaute violemment lorsqu’un pion noir surgit en face de moi, ricanant et grimaçant, et je ne suis pas loin d’être bloquée entre sa présence devant, le bord du champ de bataille sur ma gauche et le fou noir derrière moi. Je lui fais face, esquivant ses attaques avant de riposter, n’ayant besoin que de peu de temps pour le mettre hors-jeu, avant de me déplacer de nouveau, tentant de m’éloigner case après case de la reine noire et de l’étrange attrait qu’elle a sur moi.

Maintenant, la bataille fait rage. Partout autour de moi, je ne vois que des corps renversés, des pions piétinés par leurs vis à vis, des chevaux qui se cabrent, effrayés par le vacarme ambiant et l’odeur du sang, des tours qui s’écroulent lentement, soulevant des nuages de poussière qui ajoutent encore à l’atmosphère étouffante et dangereuse qui règne ici. Assourdie pas les cris qui s’élèvent de part et d’autres, parfois victorieux, parfois exprimant une douleur intense, je me sens prise de vertige, cherchant du regard une issue, un moyen de fuir ce cauchemar, alors que je sais pourtant pertinemment ne pas pouvoir en trouver ailleurs que dans la fin du combat.

Continuant de me déplacer lentement, je pose les yeux sur mon époux, soulagée de constater qu’il se bat toujours vaillamment, et que son avancée, si elle est moins rapide, n’en est pas moins efficace. Mon accès de confiance ne dure pas longtemps cependant, et je frémis lorsque je remarque la reine noire qui semble s’approcher de lui, l’expression de son visage ne laissant aucun doute sur ses intentions. Immédiatement, je sens l’inquiétude m’envahir. Je peste contre le fait de ne pas pouvoir avancer comme je le voudrais, alors que j’essaie de me hâter dans leur direction tout en évitant les adversaires qui pourraient éventuellement tenter de s’interposer entre moi et mon objectif. Mais ce n’est qu’au moment où j’arrive enfin à proximité de mon époux et de notre ennemie, réfléchissant à l’action que je pourrais mener pour éviter le bain de sang qui se prépare, que je stoppe brusquement tout mouvement, stupéfiée de constater que si je me fais tant de souci, ce n’est pas tant pour mon roi, mais bien plutôt pour la reine adverse.

Pendant plusieurs secondes, je reste plantée, complètement immobile, éberluée par ce constat, et c’est l’arrivée menaçante d’une tour noire qui me ramène à la réalité. Je fais un pas de côté, heureuse de voir un de nos cavaliers s’interposer devant la tour pour engager le combat avec elle. Ramenant mon regard sur mon époux et notre ennemie, j’ai une nouvelle surprise. En effet, contrairement à ce que je croyais, la reine adverse ne s’attaque pas à mon roi, mais a cessé de bouger elle aussi, se contentant de rester à m’observer avec une grande attention.

Bizarrement, je ne me sens pas aussi effrayée que tout à l’heure devant ce regard bleu et froid, sans doute parce que je n’y lis pas la même menace, mais plutôt une espèce de curiosité additionnée d’un peu d’incertitude.

Nous restons un instant à nous dévisager ainsi, sans réelle hostilité, mais avec tout de même une certaine méfiance. Et puis, elle commence à bouger, avançant doucement d’une case dans ma direction, ses yeux ne quittant pas les miens. Encore un peu hésitante et peu sûre de moi en ce qui la concerne, je fais un pas de côté, chacune d’entre nous cherchant dans les yeux de l’autre les réponses à ses propres questions.

Puis, très lentement, elle lève son épée, plaçant la lame à plat devant son visage, comme si elle voulait me saluer. Un moment, je cherche à comprendre, à interpréter son geste, jusqu’à ce que je sursaute violemment quand, sans que rien ne vienne l’annoncer, elle tranche brusquement, et d’un mouvement extrêmement vif et rapide, la tête d’un de mes pions qui s’avançaient, pensant que j’avais besoin de ses services.

Le spectacle de la tête de mon sujet roulant sur le sol à mes pieds me donne la nausée, mais ce n’est rien par rapport à ce que je ressens en entendant ma vis à vis ricaner, à la façon d’un garnement qui aurait joué un mauvais tour.

Je ne reste pas mal à l’aise très longtemps. Très vite, mes yeux s’agrandissent d’effroi quand je vois mon époux, accompagné du seul cavalier qui nous reste, venir à l’assaut de la reine noire, son épée brandie, son attitude et l’expression de son visage indiquant ses intentions sans aucune équivoque. Instinctivement, sans prendre le temps de réfléchir une seconde, je me place sur la case devant moi, me trouvant ainsi entre mon roi et notre ennemie. Le roi blanc, mon époux, en lâche presque son épée de saisissement, tant il est surpris par mon initiative. Mais il se reprend très rapidement, me jetant un regard particulièrement sévère avant de m’intimer, d’un geste brusque du bras, de lui laisser le passage libre. Mais je ne cède pas, plantant fermement mes pieds dans le sol rougi par le sang, et défiant mon roi du regard, ce qui le surprend encore davantage que mon déplacement précédent. Il s’agite en face de moi, fronce les sourcils en gesticulant, secouant son arme juste devant mon visage, espérant sans doute m’impressionner par la force de sa colère. Mais je reste stoïque et ne bouge pas d’un pouce, étonnée moi même par ma propre détermination, d’autant plus que je m’interroge sur mes motivations.

Depuis le début de la bataille, cette femme me fait peur, autant à cause de son habileté à manier l’épée que par sa confiance en elle, par l’absence de doute ou d’incertitude qui se dégage d’elle, que par son regard glacé.

Je n’ai toutefois pas le temps de réfléchir davantage. En face de moi, mon époux s’impatiente et s’exaspère, son visage devenu rouge vif et ses gestes de plus en plus véhéments montrent à quel point il a envie d’en découdre. J’essaie de ne pas me laisser intimider par son courroux, restant fermement plantée sur mes positions, espérant contre toute raison le décourager et l’inciter à aller combattre ailleurs. Malheureusement, la reine noire ne l’entend pas de cette oreille et semble bien décidée elle aussi à affronter mon roi, se plaçant sur la case qui se trouve à ma gauche, juste après s’être débarrassée de notre cavalier. Je ne sais pas de quelle manière exactement elle en est venue à bout, mais si le ruisseau de sang qui s’écoule à mes pieds est une indication, il ne doit pas rester grand chose de notre sujet, ni de sa monture d’ailleurs. Je ferme les yeux une demi-seconde, tentant de me reprendre et d’oublier à quel point ce combat est meurtrier, les rouvrant juste à temps pour remarquer que les ennemis essaient une fois de plus de m’encercler, me contraignant à me déplacer et à m’éloigner légèrement de mon époux et de la reine noire, leur laissant ainsi le champ libre, pour se livrer à un dernier face à face, celui qui décidera du sort de cette bataille et désignera le vainqueur.

Partout autour de nous, tout le monde cesse de bouger et pose les yeux sur les deux antagonistes. Immobiles, ils se dévisagent sans rien dire, chacun jaugeant l’autre et essayant de l’impressionner en lui envoyant son regard le plus intimidant. L’atmosphère est lourde, et dans le silence qui s’est installé, seulement brisé par quelques gémissements, leurs souffles semblent faire un bruit assourdissant. Un moment, je songe à retourner vers eux et m’interposer une nouvelle fois, mais je renonce rapidement à cette idée, et reste simplement à observer ce dernier face à face.

C’est mon époux qui attaque le premier, son épée brandie droit devant lui, dans l’espoir que la vivacité de son attaque lui donnera l’avantage avant que son adversaire n’ait le temps de la voir venir. Mais c’est peine perdue. S’il est rapide, elle l’est bien davantage et esquive facilement, sans même faire un pas de côté, se contentant de se baisser juste au bon moment pour que la lame destinée à lui percer l’abdomen ne rencontre que le vide. Elle riposte aussitôt après, son arme cognant contre le fer de l’armure de mon roi avec un bruit mat. Et puis, le combat s’engage véritablement. Les attaques se succèdent, de la part de l’un comme de l’autre, chaque combattant restant sur sa case. Mais l’absence de déplacement ne rend pas le combat moins intense, au contraire. Les coups sont donnés avec l’intention de faire mal, et il est évident qu’il n’y aura pas de pitié. Le souffle des deux adversaires se raccourcit au rythme de leurs efforts, mais malgré la longueur et la violence du combat, ni l’un ni l’autre ne semble être rattrapé par la fatigue, chacun mettant toute son énergie dans ce combat.

Autour d’eux, la tension est palpable. Chacun des spectateurs retient son souffle, dans le camp des noirs comme dans celui des blancs au moment où mon époux, grâce à un coup particulièrement habile, parvient à faire trébucher son ennemie, celle-ci n’évitant la chute qui aurait sans doute causé sa perte qu’à grand peine. Pour ma part, je ferme mes mains en poings, enfonçant mes ongles dans mes paumes alors que la reine noire se redresse d’un vigoureux coup de rein et balance son arme si violemment que mon roi ne peut éviter complètement le coup, grimaçant sous l’impact en chancelant à son tour. Le sang jaillit brusquement avant de couler lentement sur toute la longueur de son bras gauche, giclant en fines gouttelettes à chacun de ses mouvements.

Cette blessure ne semble pas gêner mon époux outre mesure malgré l’importance du saignement, du moins au départ. Il continue de combattre vaillamment et avec vigueur, alors même qu’il a certainement remarqué la lueur dangereuse qui est apparue dans les yeux de son adversaire, apparemment galvanisée par la vue du sang. Elle redouble d’effort, cognant encore plus fort et plus vite, jusqu’à ce que mon roi soit pris de vitesse et se voit contraint de reculer d’une case. Ca la fait ricaner alors qu’elle avance vers lui, sûre de sa force et tout à fait convaincue que sa victoire est imminente.

En fait, cela dure encore un certain temps. Même si la victoire de la reine noire semble inéluctable alors que la douleur et l’épuisement marquent de plus en plus le visage de mon époux, il résiste autant qu’il le peut, vendant chèrement sa peau avant de céder finalement à la suite d’un coup particulièrement vicieux qui lui fauche la jambe, juste au dessus de la cheville, lui tranchant certainement le tendon d’Achille. Mon roi s’effondre sur lui-même, posant un genou au sol, mais gardant son arme levée en direction de son adversaire dans un geste de défense un peu dérisoire. Sa vis à vis ne semble absolument pas gênée par ce dernier obstacle, et son visage exprime une joie féroce alors qu’elle prend son élan pour trancher la tête de mon époux d’un mouvement rapide, poussant un cri sauvage dans le même temps.

 

Sur le champ de bataille, le silence est impressionnant. Je reste un moment à regarder la tête de mon époux rouler sur le sol pendant que celle qui l’a vaincu essuie consciencieusement la lame de son épée sur la tunique d’un des corps qui se trouvent à ses pieds. Puis très lentement, j’avance vers la reine noire, un peu étonnée de pouvoir marcher sans être obligée de compter les cases. Au fond de moi, je cherche le chagrin que je devrais éprouver après la perte de celui qui partageait ma vie, mais je n’en trouve pas, sans doute parce que je n’ai aucun souvenir de quoi que ce soit précédant la bataille. Les cris de victoire commencent à retentir dans les rangs de mes ennemis au moment où j’arrive à proximité de celle qui vient de mettre fin au combat en même temps qu’à l’existence de mon roi, et nous nous faisons face, nos deux regards verrouillés l’un à l’autre, jusqu’à ce que l’obscurité nous entoure et que je me sente tomber.

 

 

La chute paraît interminable. Je me sens nauséeuse et la tête me tourne comme si j’allais m’évanouir, mais petit à petit, je prends conscience de certaines choses. D’abord, je ne suis pas seule, quelqu’un m’accompagne dans ce plongeon sans fin. Puis, je m’aperçois que je suis beaucoup plus mobile, que tous mes membres peuvent se mouvoir sans difficulté. Ensuite, il me semble que de petits détails me reviennent lentement en mémoire.

Alti. Ce nom est la première chose qui me revient à l’esprit, m’emplissant immédiatement de terreur et d’un dégoût sans nom. Je cherche un long moment d’où proviennent ces impressions, alors que nous continuons de tomber et qu’il me semble que nous ne nous arrêterons jamais. Mais le premier souvenir concret dont je me rappelle, c’est le nom de celle qui m’accompagne dans ma chute, celle à laquelle je suis liée par les liens les plus solides et les plus indéfectibles qui soient, ceux du cœur.

Je tends le cou, j’écarquille les yeux, dans l’espoir de l’apercevoir près de moi, mais bien que je sente parfaitement sa présence, il fait si sombre que je n’arrive même pas à distinguer sa silhouette, et il m’est impossible de l’appeler. Malgré tous mes efforts, aucun son ne franchit mes lèvres. Découragée, je renonce rapidement à essayer, tentant plutôt de me concentrer sur ce qui a bien pu se passer pour nous en arrivions là. Les souvenirs sont encore lointains, et mon esprit est toujours brumeux, mais il me semble qu’il est question d’Ephiny, et des amazones…

Le choc, lorsque je touche le sol, est particulièrement rude. J’entends Xéna tomber elle aussi, non loin de moi, puis l’obscurité nous emporte encore une fois.

 

 

 

-« Gabrielle ! Gabrielle ! »

J’ouvre péniblement les yeux pour découvrir un regard bleu qui m’observe attentivement, cherchant à repérer d’éventuelles blessures sur mon corps. Je me redresse, posant doucement une main sur l’avant bras de ma compagne, pour me retrouver en position assise, avant de la rassurer.

-« Je vais bien. »

Encore un peu désorientée, je jette un regard circulaire autour de nous pour constater que nous nous trouvons dans la forêt qui entoure le village des amazones. J’appuie mon dos contre le tronc d’un arbre, m’installant le plus confortablement possible, pendant que Xéna, assise près de moi, passe un bras rassurant autour de mes épaules. Nous restons sans rien dire un petit moment, le temps de reprendre complètement contact avec la réalité, puis je brise le silence, me tournant vers ma compagne pour l’interroger doucement.

-« Mes souvenirs sont un peu flous, et tout est encore très confus dans ma tête. Est-ce que c’est la même chose pour toi ? »

Elle hoche la tête, son bras toujours autour de mes épaules, mais son regard fixé sur l’horizon.

-« Si je ne me trompe pas, nous étions en visite au village quand celui-ci a été attaqué par… »

Elle hésite un instant, semblant chercher ses mots, avant de reprendre d’une voix dans laquelle perce un peu de perplexité.

-« Par un être invisible, ou plus exactement, une présence, une entité. Personne ne la voyait, mais tout le monde pouvait sentir sa présence. »

Elle s’interrompt une nouvelle fois, se grattant la tempe d’un geste machinal, les sourcils froncés dans la réflexion.

-« Au début, c’était juste une impression. La sensation que quelque chose de mal approchait, répandant un sentiment de malaise partout dans le village. Petit à petit, c’est devenu de plus en plus fort, et l’inconfort s’est transformé en agressivité. Tout le monde se disputait avec tout le monde, et la plupart du temps, pratiquement sans aucune raison. »

Elle se tait de nouveau, un peu d’embarras transparaissant dans son regard alors qu’elle me jette un coup d’œil en coin. Je pose ma joue sur son épaule, caressant son genou et le bas de sa cuisse du bout des doigts dans un geste d’apaisement.

-« Nous nous sommes disputées, nous aussi. »

Elle acquiesce d’un mouvement du menton et pousse un profond soupir.

-« Au moins, ça nous a permis de nous rendre compte qu’il fallait faire quelque chose. »

Je réfléchis un moment, sans jamais cesser mon petit mouvement sur sa cuisse, essayant de retrouver tout en parlant, ce qui s’est passé ensuite.

-« Nous sommes sorties du village en espérant trouver des indices, quelque chose qui pourrait nous indiquer dans quelle direction il fallait chercher. »

Le silence s’installe de nouveau, seulement troublé par le gazouillis d’un oiseau au-dessus de nous. Elle reprend la parole au bout d’un instant, passant une main dans ses cheveux pour dégager son visage des quelques mèches que la brise a poussé là, avant de désigner un point, sur notre gauche, de la pointe de l’index.

-« C’est là qu’Alti nous est apparue. Ou tout du moins, une espèce d’image d’elle, un peu comme un fantôme. »

Je cesse le mouvement de mes doigts, retenant un petit frisson tout en me serrant un peu plus contre mon amante.

-« C’était plutôt effrayant. »

Elle resserre sa prise sur mes épaules et tourne la tête pour effleurer mes cheveux de ses lèvres avant de poursuivre.

-« Nous ne pouvions pas combattre une image, un ectoplasme qui n’avait ni corps ni consistance. Heureusement, elle ne pouvait pas nous toucher non plus, mais elle a trouvé un autre moyen pour nous atteindre. »

Je hoche la tête, grimaçant alors que les souvenirs me reviennent.

-« Elle nous a jeté un sort. »

Je vois la main gauche de ma compagne, celle qui repose sur sa cuisse, se fermer en poing, et je devine aussi dans sa tension à la manière dont son corps se raidit contre moi.  Pourtant, son ton de voix reste tout à fait calme et égal.

-« Je ne l’ai pas reconnue tout de suite, mais elle était avec nous sur le champ de bataille… »

Je suis si surprise que je me redresse brusquement, dévisageant fixement mon amie qui a un demi-sourire alors qu’elle m’explique.

-« Elle était dans la peau du roi noir, sans doute parce qu’elle voulait être aux premières loges pour nous voir nous entretuer. Mais nous l’avons mise en échec en déjouant ses plans, ce qui nous a permis de briser la malédiction. »

Tout est beaucoup plus clair dans mon esprit à présent. Cependant, un point demande encore à être éclairci.

-« Pourquoi n’as-tu pas essayé de t’en prendre à elle, puisque tu l’avais identifiée ? »

Elle hausse les épaules.

-« C’était ma première idée, mais je n’ai pas pu. J’ai essayé pourtant, vraiment. Mais c’était comme si quelque chose m’empêchait physiquement de m’en prendre à quiconque faisant partie de l’équipe des noirs. Alors, puisque je ne pouvais pas éliminer Alti,  je me suis dit que l’essentiel était de mettre un terme à la bataille. »

Pour la première fois depuis notre retour, je souris largement, soulagée que tout ce soit bien terminé. Je me lève lentement et m’étire, avant de tendre une main vers mon amante qui ne s’en saisit pas, préférant se mettre debout d’un rapide coup de rein. Elle me rejoint ensuite et passe un bras autour de ma taille alors que nous commençons à nous diriger lentement vers le village des amazones. Nous n’avons fait que quelques pas que, déjà, je me tourne vers elle pour la questionner encore une fois.

-« Tu crois qu’Alti est encore là ? »

Elle secoue négativement la tête tout en se frottant le menton.

-« Je ne crois pas, non. C’était un sortilège très puissant  elle va devoir récupérer avant de pouvoir nuire à qui que ce soit de nouveau. Au moins, ça nous laissera du temps pour chercher quoi faire afin d’éviter qu’elle recommence. »

 

Nous atteignons le village au moment où le soleil disparaît derrière la ligne de l’horizon, heureuses de constater que malgré toutes les dissensions dues à la présence du fantôme de la chamane que nous venons d’affronter, les amazones sont toutes réconciliées entre elles et paraissent avoir retrouvé leur sérénité, la paix régnant de nouveau, pour mon plus grand plaisir.

 

 

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Commentaires
F
bravo atr_ donc, et belle mise en scène de Gaxé, ce n'était pas gagné même si je peux dire que jusqu'à maintenant, aucune de tes oeuvres n'a été vouée à... l'échec ;-)<br /> Bravo à vous deux <br /> F
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L
C'est pas simplement celui ci, ceux des autres fanfic' aussi :)<br /> <br /> Mais de toute façon, ça reste très bien écrit :-)
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G
Merci pour le compliment, mais rendons à César ce qui appartient à César. Le thème de celle-ci m'a été donné par Atr-, c'est donc à lui que revient tout le mérite.
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L
Je ne com' pas souvent (pour ainsi dire jamais). En général, l'émotion que j'ai à lire est difficilement transmettable (ça se dit, ça ? google me propose transmutable, mais c'est pas exactement ça :) )à l'écrit.<br /> <br /> Je suis toujours soufflée par les 'thèmes' de Gaxé. C'est époustouflant d'arriver à garder cette relation toute particulière Xena-Gabrielle dans tous ces textes différents. <br /> J'aime beaucoup ce que tu fais, preuve que le talent peut se trouver partout (en France et sur internet ^^)<br /> <br /> Avec admiration pour ta plume,<br /> LeeLoo
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