Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Guerrière et Amazone
Publicité
Guerrière et Amazone
  • Vous trouverez ici des Fans Fictions francophones et des traductions tournant autour de la série Xena la Guerrière. Consultez la rubrique "Marche à suivre" sur la gauche pour mieux utiliser le site :O) Bonne lecture !!
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Guerrière et Amazone
Derniers commentaires
29 janvier 2012

Indiscrétions, épisode 20

INDISCRETIONS

Deuxième saison

Créée, produite, réalisée et écrite par : Fanatic et TNovan

Traduction : Fryda (2012)

Beta lecture : sygui (et exceptionnellement sur cet épisode tada ! Katell Pour ceux et celles qui se souviennent ;-)

Merci à elle deux

*********************

Episode 20 : Gai, gai, marions-les

J’appelle la maison aussitôt que je suis installée dans ma chambre d’hôtel. Pas de réponse. Je tente son mobile. Pas de réponse. Je n’aime foutûment pas ça. Je sais qu’elle n’est pas au journal. Où est-ce qu’elle peut bien être, merde et pourquoi elle ne répond pas ?

Je sors mon ordi portable et je le lance. Je vérifie ma boîte aux lettres et je fais défiler la liste des mails. Ah, la voilà. J’espère qu’elle va m’expliquer ce qui se passe ; autrement, je colle mes fesses dans un avion direction la maison. Je voulais piloter mon nouveau bébé jusqu’ici, mais avec le prix du carburant en ce moment, ça ne semblait pas prudent. Comme on va le prendre dans deux semaines pour l’anniversaire de Kels et le 4 juillet, j’ai décidé que la compagnie paierait pour ce voyage-ci. En plus, je veux apprendre à le piloter. J’adore les nouveaux joujoux.

« Bonjour, ma chérie,

Mon mobile a subi des dégâts pendant le déjeuner aujourd’hui. Je t’expliquerai. Une histoire de dessert flambé et de serveur très embarrassé. Mon téléphone a mené un combat vaillant pour sauver sa vie mais a fini par succomber à ses blessures. Brian et moi allons m’en chercher un nouveau ce soir. Si tu as besoin de moi, tu peux me joindre sur le téléphone de Brian. Le numéro… »

Je ne m’embête pas à lire le reste du message et je compose tout de suite.

« Salut,  L’Etalon ! » Gazouille Brian dans mon oreille.

« Passe-moi Kels. »

« Râleuse  », grommelle-t-il.

« Garce », je réponds. Moi aussi, je sais aussi jouer à ça. En fait, je commence à aimer ces échanges avec lui. Il est sans danger et il adore Kels. Je ne peux pas lui reprocher son bon goût.

« Comment tu m’a appelée ? » La voix de Kels me prend par surprise.

« Rien. » Oh merde. Pense vite, Kingsley. « J’ai dit – Gare si tu penses que tu ne me manques pas énormément. »

« Ah oui. » Elle n’a pas l’air très convaincue.

« Tu m’as manqué un max. » Et bien sûr, je lui dis ça de ma voix la plus pitoyable.

« Tu me manques aussi, Tabloïde. Alors je présume que Kendra et toi vous êtes arrivées sans problème à Washington? »

« Oui. Le vol commercial a été une plaie. Et j’aurais souhaité que ce soit toi qui m’accompagnes, pas elle. » Mon ton est vraiment pitoyable cette fois. Je m’étire sur le lit et je tripote la couverture. La semaine va être longue.

« Oui, moi aussi. Mais le reportage est important et c’est bien qu’elle le fasse. La chaîne piquerait une crise si je m’approchais de quoi que ce soit qui touche à l’homosexualité en ce moment. En plus, j’ai eu un truc super excitant à faire sur un type qui dit que les déchets des jardins privés sont la prochaine source importante d’énergie. Un sacré changement, je te le dis. »

« Les déchets des jardins privés ? Tu ne parles pas de crottes de chien là, hein ? »

Elle rit dans mon oreille. « Si on peut considérer ça comme des déchets des jardins, ce gars dit qu’il peut en tirer du carburant. »

« Charmant ! »

« Ça résume pas mal mon sentiment sur à moi aussi. Alors, j’ai bouclé tout ça, j’ai kidnappé Brian et on est allés déjeuner. C’est là que j’ai eu un petit problème d’équipement. Alors j’ai décidé de prendre le reste de la journée pour moi et on fait du shopping depuis. »

« Attention, ma chérie », je l’avertis. « Il ne faudrait pas que tu énerves encore plus Langston. Je veux pouvoir recommencer à voyager avec toi un jour. »

« Langston peut aller se faire… bon, quoi qu’il en soit, je suis tranquille. J’ai fini mon travail. Je suis gentille. Je le promets. »

« Brave fille. »

« Merci. J’ai réussi à trouver des vêtements vraiment mignons pour les bébés aujourd’hui. Des petits pyjamas avec des petits pieds et des petits kangourous partout. Je n’ai pas pu m’en empêcher. »

Je saisis l’idée. « Mes bébés Gourous. »

« Nos bébés Gourous. »

Je viens de me faire corriger là. « Oups, oui, chérie, nos bébés Gourous. Vous me manquez tous les trois. »

« Et tu nous manques aussi. Tu vas bientôt rentrer. Hé, on reçoit des réponses pour l’annonce de la nounou. Mais je ne les ouvre pas. Je veux attendre que tu rentres pour qu’on les regarde ensemble. »

« Quel bonheur. » Je ne veux voir personne d’autre avec mes enfants que nous.

« Tabloïd, je tente au jugé mais j’ai l’impression que tu es un peu déprimée en ce moment ? »

« Je n’aime pas dormir toute seule. » Seigneur, je suis pathétique. Qu’est-ce qui m’est arrivé ? Je sais, je suis tombée amoureuse. La chose la plus intelligente que j’ai faite dans ma vie.

« Ne te considère pas toute seule. Les bébés et moi, nous sommes avec toi. On n’est juste pas dans la même pièce. En plus, tu peux toujours enfiler mon tee-shirt sur un oreiller, et je sais que tu l’as mis en douce dans tes bagages, et te blottir tout contre.

« Comment tu sais que… » Hmm. « Est-ce que ça marche vraiment ? »

« Oh oui, c’est sûr. Comment tu penses que je fais quand tu n’es pas là ? »

Okay, je me sens mieux. « Contente de savoir que ce n’est pas que moi. Bon sang, on rentre d’une lune de miel géniale et il faut que je m’en aille tout de suite. Je peux encore sentir ta présence, tu sais. On dirait que si je tends la main… »

« Tabloïde, je parle dans un téléphone au milieu du parc. Je préfèrerais qu’on évite de commencer ça maintenant. Si tu veux m’appeler à la maison dans, disons, une demi-heure… »

« C’est sûr. Rentre à la maison. Mets-toi au lit. Nue. Et j’appelle. » Bon sang, c’est mieux que rien.

Elle rit. « D’accord, chérie. On se parle dans une demi-heure. »

Je regarde ma montre. « Vingt-neuf minutes à compter de maintenant. »

« Je raccroche, Tabloïde. »

Dépêche-toi de rentrer, bébé.

 

* * *

 

Kendra et moi, on prend un bon petit déjeuner-réunion. Kels avait raison, elle a vraiment la pêche, presqu’autant que ma nana. Pas étonnant qu’elles s’entendent bien.

Je trouve finalement Kendra intelligente, perspicace et très concernée par le reportage que nous sommes venues faire. Un autre jeune homme a été tué parce qu’il était gay. Ça recommence comme avec Matthew Shepard (NdlT : jeune étudiant américain agressé parce qu’il était homosexuel. Ses agresseurs l’ont battu à mort et attaché ensuite à une barrière les bras écartés. Les défenseurs de la cause gay le symbolisent souvent en s’habillant comme des anges avec de grandes ailes blanches par comparaison). Pourquoi faut-il toujours qu’on tue ceux qui sont différents de nous, notamment parce qu’ils sont gays ou noirs ?

Kendra ferme son carnet de production et commence à s’intéresser fortement à son café. « Harper, est-ce que je peux te poser une question très personnelle ? »

« Tu peux toujours la poser. » Je déteste être piégée. Surtout par un journaliste ; ce sont les pires.

« Quand as-tu su que tu étais gay ? » Elle me regarde avec sincérité.

« Tu me demandes quand j’ai su que j’étais attirée par les filles ? Ou bien quand j’ai su que j’étais étiquetée comme ‘différente’ par le reste de la société ? »

Elle sourit légèrement en secouant la tête. « Je suis désolée, je ne voulais pas t’offenser. Je présume que c’est un peu comme si tu me demandais quand j’ai su que j’étais noire, hein ? » Elle regarde à nouveau sa tasse. « Tu vois, mon neveu de quinze ans a fait son coming out récemment et j’angoisse un peu, je pense. Je ne veux pas qu’il finisse comme ce pauvre gamin. »

« Hé, je n’étais pas en train de te rembarrer, mais pour moi, ce sont deux questions différentes. Je n’ai jamais été attirée par les garçons et je n’y pensais pas plus que ça. J’ai su que quelque chose se passait à l’école primaire quand les autres filles ont commencé avec leurs premiers baisers. Avec moi. » Je la laisse profiter de l’un de mes sourires les plus cavaliers. « Pourquoi est-ce que tu angoisses pour ton neveu ? »

Elle soupire et lève les yeux, mais pas vers moi. Elle regarde par la fenêtre et semble trouver le parking très intéressant. « Je ne sais pas. Je ne suis pas homophobe ou, du moins, je ne pensais pas l’être. Je veux dire que je n’ai jamais rien fait pour vous mettre mal à l’aise Kelsey ou toi, n’est-ce pas ? Je pense que c’est parce que c’est mon neveu. Je m’inquiète pour lui. »

« Tu n’as rien fait avec Kelsey ou moi, mais c’est difficile de nous mettre mal à l’aise. Je ne me suis jamais cachée de ma vie et Kels s’en fout complètement. » Je repense à la Kelsey Stanton que j’ai rencontrée il y a moins d’un an. Qui aurait pu dire que sous cet extérieur indifférent et son étiquette de Garce des Glaces, il y avait une femme au cœur si doux ? « Est-ce qu’il a pris sa décision tout seul ou bien est-ce qu’on l’y a forcé ? »

« Il l’a dit de son plein gré. Mais mon frère et sa femme ne l’ont pas très bien pris. »

« Qu’est-ce qui s’est passé ? » Je me penche en avant, la main autour de ma tasse de café. Je veux qu’elle sache que je peux rester en face d’elle à l’écouter jusqu’à ce qu’elle se sente à l’aise et qu’elle ait les réponses qu’elle cherche.

« Je n’étais pas présente mais de ce que j’ai compris, il a essayé d’avoir une conversation calme et raisonnable avec ses parents. Ils lui ont toujours dit qu’il pouvait leur parler de tout. Mais quand il leur a dit ça, je présume que ma belle-sœur a quitté la pièce en larmes et que mon frère a explosé. Il a commencé à utiliser les mots les plus désobligeants de la langue qu’il pouvait trouver. »

« Ça aurait pu se passer mieux », dis-je d’un ton neutre. Je ne suis pas en position de juger sa famille. Je ne les connais même pas. « Où est ton neveu maintenant ? » Les ados gays ont le plus fort taux de suicide du pays, surtout à cause de telles situations. J’espère que le gamin va bien.

« Sans rire. Il est avec des amis en ce moment. Comme tu t’en doutes sûrement, mon frère l’a fichu dehors. »

« Je suis désolée. » Je ne peux même pas imaginer mes parents me faire ça à moi. « Tu peux le prendre chez toi ? »

« Je peux. Et je le veux, mais ça signifie lancer une guerre avec une grande partie de ma famille. »

Je hausse les épaules. « Je présume qu’il est temps de choisir un camp. Ecoute, je ne connais rien de ta famille ou de cette histoire. Mais, je sais sûrement qu’on m’a épargné pas mal d’emmerdes parce que mes parents et mes frères ne m’ont jamais traitée différemment parce que je suis gay. Peu importe qui on est, l’amour inconditionnel, ça veut tout dire. Kendra, tu as un neveu de quinze ans qui essaie de se frayer un chemin dans le monde. Est-ce que tu préfères qu’il ait quelqu’un dans son camp ou bien qu’il affronte ça tout seul parce que tu pourrais bien te mettre dans la merde en l’aidant ? »

Elle finit par me regarder. « D’accord, je vois où tu veux en venir et non, je ne veux pas qu’il soit seul. Je ne veux pas qu’il devienne une autre statistique. Mais laisse-moi te dire que je n’ai pas la moindre idée de la façon dont je dois me comporter avec lui. J’ai une trouille affreuse. »

« A quel sujet ? » C’est marrant. Les gens semblent penser qu’élever un ado gay est plus difficile que d’en élever un hétéro. Les gamins sont plutôt logiques ; ils ont besoin d’amour, de limites et d’aide pour leurs devoirs à la maison. Oui, il y aura des emmerdes en plus pour ses rendez-vous amoureux. Mais, tous les gamins se font tabasser pour une raison ou une autre – certains parce qu’ils sont moches, d’autres parce qu’ils sont cons, d’autre parce qu’ils sont grande gueule.

« Oh, je ne sais pas », dit-elle en soupirant. « Devenir un parent d’ado gay du jour au lendemain. Harper, je ne sais pas comment l’aider autrement qu’en lui faisant savoir que je ne le juge pas pour ce qu’il est. C’est un brave garçon. Il n’est pas dans un gang et il ne se drogue pas. Il a de bonnes notes et il bosse vraiment fort. Mais ça ne peut pas être facile pour lui et je ne sais pas comment faire pour que ce soit mieux. »

« Emmène-le chez toi, aime-le et tâche que le reste de la famille commence à se parler. Ne laisse pas ça te submerger, Kendra. Les ados gays ne sont pas si différents des hétéros, vraiment. Ils sont tous complètement tarés. » Je la taquine. Maintenant que je vais être parent, je suis une fontaine de sagesse sur la façon d’élever les mômes. T’as qu’à voir. « Tout ira très bien. Il a une tante géniale. »

Elle bloque une larme au coin de son œil. « Merci, Harper. J’apprécie ce que tu me dis. De temps en temps, il se pourrait que je passe la tête à ta porte pour causer un peu et avoir de l’aide. »

« Ça me va. Amène-le au studio. Il peut passer la journée avec moi un de ces jours. »

Ça la fait rire. « Je ne sais pas trop. Gay ou pas, il a l’air d’avoir un énorme béguin pour Kelsey. Tu ne le tueras pas, hein ? »

« Nan, c’est ton neveu, je ne le tuerai pas. Il se pourrait que je lui fiche un peu la trouille. » Je fais craquer mes phalanges pour marquer le point.

« Je pense qu’il s’évanouirait si Kelsey arrivait à moins de 3 mètres de lui. » Elle pose la main sur mon bras. « Encore merci. Tu m’as été d’une très grande aide. Bon, on va faire ces interviews maintenant et on voit si on peut obtenir un peu de justice pour ce garçon et sa famille ? »

« C’est une très bonne idée. »

Tandis que nous ramassons nos affaires, je ne peux pas m’empêcher de me demander pourquoi ma femme attire les gays comme le miel les abeilles.

 

* * *

 

Ce soir-là, après que j’ai raccroché avec Kels, mon téléphone sonne. Un coup d’œil à l’écran me confirme que c’est mon frère Lucien. Je suis sûre que ce sont des bonnes nouvelles. C’est ton frère, Kingsley, alors tu ravales et tu supportes. « Salut, Luc. »

« Même avec la présentation du numéro, tu réponds ? » Demande-t-il.

« Bien sûr. Qu’est-ce qui se passe ? » S’il vous plaît, faites qu’on ne se dispute pas encore une fois. Je suis fatiguée, grognon et je me sens seule. Je vais lui arracher la tête si je ne fais pas attention.

« J’étais soul. J’ai dépassé les bornes. »

Et ben, on aura tout vu. « Ouais, c’est vrai. »

Un long silence embarrassé. « C’est tout. »

Je soupire et je m’étire sur le lit. « C’est pas vraiment tout, Lucien. Tu me tannes les fesses depuis que je vous ai demandé de l’aide, à vous les garçons. Ça t’ennuie de me dire ce que j’ai fait pour te foutre en colère ? »

« Tu as besoin de le demander ? »

Je soupire. Du vécu, littéralement. « Je ne comprends pas, Luc. Tu savais pour moi et Rachel avant même de lui demander de sortir avec toi. Pourquoi est-ce que c’est devenu un foutu problème maintenant ? »

« Parce que ça l’est. »

« Seigneur, Luc. C’est pas vraiment une réponse. » Je compte jusqu’à dix. Un. Deux. Trois. Quatre. Ah, merde. « Pourquoi est-ce que je suis tout d’un coup devenue une menace pour ta virilité ? »

« Tu ne le sais pas ? » Demande-t-il d’un ton plus amer.

« Non, Luc, c’est pour ça que je te le demande. Alors, pourquoi tu ne me le dis pas et on arrête de jouer à ce petit jeu. »

« Je pensais que le labo te l’aurait dit. »

« Apparemment non. »

Nous restons silencieux et je réfléchis à toutes les minutes qu’il use sur mon forfait. Oh bon, au moins c’est la chaîne qui paie. « Et bien, sœurette, disons que tu as réussi à faire ce que je ne réussis pas, moi. »

Hein ? Oh. Merde. « Luc, je suis désolée. » Je le suis vraiment. Ça doit être rude. « Est-ce que Rachel le sait ? »

« Quoi ? Que je suis le seul Kingsley qui tire à blanc ? Que même ma sœur arrive à mettre sa petite amie enceinte mais pas moi ? Ouais, c’est une chose que j’aime bien que les gens sachent. »

Les hommes. « C’est ta femme, Luc. C’est pas ‘les gens’. Il faut que tu lui dises. Ce serait juste qu’elle le sache. »

« Juste pour elle ? »

« Oui, juste pour elle. Comme ça elle ne pensera pas que c’est de sa faute. »

« Oh, ça va si c’est de la mienne mais pas si c’est de la sienne ? » Il ricane.

« Seigneur, Lucien, mais oui, c’est de ta faute. » Je regrette instantanément ces mots. « Désolée. Ce n’est la faute de personne. Ça craint un max. Et je suis désolée pour toi. Je sais que vous voulez des enfants. » Essaie d’atténuer tout ça, Kingsley. « Je sais que tu ferais un père génial. »

« On ne le saura jamais, pas vrai ? »

« De quoi tu parles ? » Les hommes peuvent être exaspérants quelquefois.

« Allô Harper ? Tu étais en ligne ces dernières minutes ? Je ne peux pas mettre Rachel enceinte. Je ne peux mettre aucune femme enceinte. »

« Je ne sais pas si tu as remarqué, Luc, mais moi non plus il me semble. »

« Tu as une excuse. »

C’est vrai. « Toi aussi. Et tu as trois frères que tu peux taper sur l’épaule. Ou tu peux utiliser une banque du sperme. Ou tu peux adopter. Il y a plein d’options de nos jours. »

« Ouais, c’est ça. »

D’accord. Peut-être qu’on ne pourra pas régler ça en un seul coup de fil.

Il a un rire malaisé. « Et si Rachel voulait retourner avec des femmes maintenant ? »

« Seigneur, Lucien. Pas étonnant que tu sois dans un tel état. Essaie d’avoir une seule crise personnelle à la fois. Et il faut que tu fasses un peu plus confiance à Rachel. Elle ne m’a pas larguée pour toi parce qu’elle te voyait comme un donneur de sperme. » En fait, Rachel ne m’a pas larguée mais pas besoin de couper les cheveux en quatre là maintenant. « Elle est tombée amoureuse de toi. Elle est restée avec toi. Maintenant, pourquoi tu me parles à moi, merde, alors que tu devrais lui parler à elle ? »

« Tu veux bien dire à Kelsey que je suis désolé ? »

Ah ah ah… « Non. Mais je vais lui dire d’être cool quand tu t’excuseras. »

« C’est honnête. A plus tard, Harper. »

« A plus, Luc. Bonne chance, chér. »

 

* * *

 

Je reviens à mon bureau après avoir fait un autre reportage excitant. Celui-ci avait tout le charme d’un panier de serpents venimeux. Et j’ai dû passer la fin de ma journée avec le producteur de segment (NdlT : parfois nommé co-producteur) à discuter avec Jaclyn Daniels au sujet de l’ensemble du reportage. Je vais donner crédit au producteur d’avoir su lui tenir tête.

Le débat portait sur qui aurait le dernier mot sur le reportage. Jac réclamait que ce soit elle parce qu’elle était chargée des réalisations en studio ce mois-ci. Le producteur pointait qu’Harper aurait le dernier mot sur ce reportage parce que je le faisais et qu’Harper était ma productrice.

Cela n’a pas réjoui Jac. Je suis quasiment sûre qu’elle a utilisé cette excuse pour sortir et aller prendre un déjeuner liquide. Comme si elle avait besoin d’une excuse pour ça. Se lever le matin est déjà une excuse pour qu’elle aille se chercher un verre.

D’accord, je prends une inspiration profonde, je rentre mes griffes et je deviens une bonne petite journaliste. Harper serait fière de moi.

Je vérifie mes mails. Oh super, mon épouse chérie ne m’a pas oubliée ce matin. Elle a appelé et elle a parlé aux jumeaux mais elle a dû se dépêcher pour aller à des rendez-vous. Ça m’a manqué de ne pas lui parler. Au moment où je vais lire ce qu’elle a à me dire, mon interphone bourdonne. Je clique sur le mail et j’attrape le combiné. « Oui, Brian, qu’est-ce qui se passe ? »

« Tu connais quelqu’un du nom de Katherine Stanton ? »

Oh Seigneur ! Je laisse tomber ma tête. « Oui. Pourquoi ? Je suppose qu’on ne l’a pas poussée sous un métro ? » Kels, sois gentille. En plus, tu sais bien que ta mère n’irait jamais s’aventurer dans le métro.

« Non. » Brian a un rire nerveux. « Elle est dans l’entrée et elle demande à monter pour te voir. »

Beuh merde. Il vaut mieux ici qu’à la maison, je suppose. « Très bien. C’est ma mère. Qu’on l’envoie ici. »

« Ca n’a pas l’air de te faire plaisir. »

« Non, en effet, mais qu’elle monte quand même. Et mets une parka avant qu’elle arrive pour ne pas mourir de froid. »

Il fait bruyamment semblant d’avoir des frissons. « Très bien, chef. Est-ce que je fais du thé ? »

« S’il te plaît. De la tisane pour moi. De la ciguë pour ma mère. »

Je l’entends rire à travers la porte alors je ne suis pas surprise quand mon téléphone devient tout d’un coup silencieux. Je jette un coup d’œil aux nouvelles photos d’Harper et moi qui décorent ma bibliothèque. Des photos de mariage. Elles devraient la mettre dans tous ses états, c’est sûr, surtout celle du baiser. Je devrais la positionner pour que…

S’il te plaît, mon Dieu, donne-moi le temps de lire ce mail avant qu’elle n’arrive.

« Bonjour, bébé,

« Deuxième jour. Panne d’oreiller, mais je jure que ce n’était pas de ma faute. J’ai juste cogné la lampe hier soir quand on… oh attends, c’est un mail professionnel… quand on a discuté de notre reportage en cours. En fait, j’aime vraiment beaucoup tes reportages. Vraiment, vraiment. J’espère les revoir bientôt, en fait. Il se pourrait qu’il me faille les voir plusieurs fois pour bien les apprécier, alors j’espère que ça ne t’ennuie pas.

« Sérieusement, tu es constamment dans mes pensées. Je t’aime et j’appellerai pour le dîner. ‘Salue’ les jumeaux de ma part. »

Je tape répondre.

« Salut, ma chérie,

« Toi aussi tu me manques. Je t’aime aussi. Mais je ne te dis rien que tu ne saches pas déjà.

« J’espère que tu essaies au moins de prendre du bon temps. Moi oui. Et si tu le crois, je pourrais te vendre un certain pont de New York. Bien que ça a été intéressant de voir l’assistant exécutif de Jac la déposer dans son bureau cet après-midi.

« C’est marrant, je suis punie pour essayer d’être une bonne maman et elle, elle est tellement chargée qu’elle tient à peine debout. Est-ce qu’elle a des saloperies sur Langston ou quoi ? »

« Oh bon, ça n’a pas d’importance. »

« J’ai vraiment hâte d’avoir ton appel ce soir, mon chou. Je serai au même endroit. Essaie de te calmer sur les meubles.

« Bon, en tous cas, il faut que je m’occupe de ta belle-mère. Ouaouh ! C’est super cool ça ? Je peux te la jeter en pâture, me sentir mieux après et tu n’a même pas à être ici pour te la coltiner.

« Je t’aime, on se parle ce soir, bébé. »

J’envoie. La vie est belle. Ensuite on frappe à ma porte. Bon, elle n’est plus aussi belle que ça maintenant, mais je peux aussi survivre à ça. « Entrez ! » Je m’enfonce dans mon fauteuil et je la regarde entrer. Elle n’a pas l’air plus plaisant que la dernière fois que je l’ai vue.

« Kelsey. » Elle fait un signe de tête.

« Maman. » Je hoche la tête à mon tour. « Assieds-toi. » Je lui fais un signe vers mon divan.

« Merci. »

« Et à quoi dois-je le plaisir de cette visite ? » Je fais tourner mon fauteuil pour lui faire face.

« Kelsey. » Ma mère retire ses gants et les pose sur ses cuisses. C’est la dernière femme à New York à porter des gants blancs en été. « T’es-tu réconciliée avec ton père ? »

« Ce ne sont pas tes affaires. »

Brian entre tranquillement et pose le plateau avec le thé sur la table devant ma mère. Il lui lance un rapide coup d’œil et sort rapidement. Je suis surprise qu’il ne se soit pas changé en pierre.

Quand je me lève de derrière mon bureau, pendant un instant on dirait qu’elle va avoir une attaque cardiaque. Mais je n’ai pas autant de chance.

« Kelsey ! Tu es enceinte ! »

« Non ! Vraiment ? » Je regarde mon estomac. « C’est comme ça qu’on dit ? Dieu soit loué, je pensais que j’avais juste pris du poids sans raison apparente. »

« Mais comment cela a-t-il pu arriver, Seigneur ? Tu couches toujours avec cette ‘je ne sais qui’, non ? »

Est-ce qu’elle cherche à me mettre en colère ? Bien sûr que oui. « Elle s’appelle Harper. Oui, je couche avec elle. En fait, je fais tout avec elle ces jours-ci puisqu’on est mariée depuis deux semaines. Quant à la façon dont je suis tombée enceinte, Maman, je te le dirais bien mais tu ne pourrais jamais comprendre. Je ne vais même pas essayer. Je pense que c’est plutôt juste vu que tu ne m’as jamais expliqué une seule foutue chose quand je grandissais. »

« Kelsey Diane ! Comment oses-tu me parler comme ça. Je suis toujours ta mère. »

« Oh s’il te plaît. » Je suis vraiment, sincèrement agacée maintenant. « Est-ce qu’il y a un motif à ta visite ? Ou sinon est-ce que tu peux partir maintenant et nous épargner à toutes les deux d’avoir besoin de cachets pour la migraine plus tard ? »

Elle se lève avec un regard courroucé. « Je ne vais pas partir d’ici avant d’avoir eu des réponses. Il y a des problèmes entre ton père et moi depuis quelques temps et je pense que tu es responsable de ses actions. »

« Oh ben, devine quoi ? » Je reviens derrière mon bureau. « Je n’ai aucune envie de discuter de lui ou de quoi que ce soit d’autre avec toi. » Je soulève le combiné sans jamais la quitter du regard. « Brian, appelle la sécurité. Ma mère s’en va et je veux qu’on l’escorte hors du bâtiment. » Je repose le combiné et je m’appuie sur mon bureau. « Au revoir, Maman. »

Un coup est frappé à la porte. Bon sang, ça a été rapide.

« Entrez. »

On peut dire que je suis passablement choquée quand Langston entre dans mon bureau. Il regarde ma mère puis se tourne vers moi. « Tout va bien, Kelsey ? » Il remue les mains dans ses poches et s’appuie contre le chambranle de la porte. Je sens qu’il ne cherche pas à être présenté et je ne le fais pas.

« Tout va bien, monsieur. Ma mère allait justement partir. »

« Hmm, bien. Je passais vous dire que vous avez fait du bon boulot sur ce reportage aujourd’hui. » Il reste où il est. Deux officiers de sécurité passent la tête dans mon bureau et il fait un rapide geste pour pointer ma mère. « Messieurs, vous voulez bien raccompagner Mme Stanton dans le lobby ? »

Elle me lance un dernier regard noir lorsqu’ils entrent dans mon bureau. Un instant plus tard, ils sont partis tous les trois et je finis par le regarder. Je n’ai pas besoin qu’il soit encore plus fâché qu’il ne l’est déjà. « Je suis désolée. »

« Pas de problème. » Il se repousse du chambranle. « Vous avez fait du bon boulot sur ce reportage aujourd’hui. Je ne pense pas que quiconque pouvait en tirer quelque chose. Bien joué. » Et sur ces mots, il quitte aussi mon bureau.

Je m’asseois et je prends une inspiration profonde avant de la relâcher lentement. Et bien, si je m’attendais à ça.

 

* * *

 

« Comment ça s’est passé avec ta mère aujourd’hui ? » Je tiens le combiné entre mon oreille et mon épaule déballant le sachet de chez McDonalds.

« Big Mac ou Whopper ? » Dit Kels en gloussant. J’entends des vrais couverts qui tintent sur une assiette de son côté.

« Big Mac. » J’enfourne une frite dans ma bouche. « Poulet ou légumes au wok? » Elle pense qu’elle me connait bien.

« Des lasagnes en fait. »

« Vraiment ? Kels, je suis choquée. Des pâtes et du beuf le même soir ? » Je m’installe à la petite table de ma chambre d’hôtel, je regarde par la fenêtre le soleil qui descend et je me contente de l’écouter respirer.

« Oui, je sais », soupire-t-elle, « mais il fallait que je mange ça, tu sais ? »

« Et bien, au moins ce n’est pas de la moutarde aux cornichons. »

« Chhut, ne leur donne pas de telles idées. Pour l’instant, mes fringales sont plutôt normales. »

« Du chinois à 3 heures du mat’ à Paris, ce n’est pas normal. » Il m’a fallu des heures pour lui trouver ça. Des heures qu’on aurait pu mieux utiliser.

« Ce n’est pas de ma faute si on était à Paris. Si on avait été à New York, ou à la maison, ça n’aurait pas été un problème. »

Je souris en me rendant compte qu’elle fait une distinction entre New York et la Nouvelle Orléans, et la Nouvelle Orléans, c’est la maison. Douce musique à mes oreilles. « C’est vrai », je lui concède en mâchouillant une autre frite. « Mais c’était marrant. »

« Très marrant. Est-ce que tu m’emmèneras à nouveau là-bas après cinquante ans de mariage, Tabloïde ? »

« Est-ce que tu t’accrocheras à moi comme tu l’as fait quand on marchait dans les rues ? »

Elle rit dans mon oreille. « J’aurai quatre-vingt-trois ans, il faudra bien. »

« Tant qu’on marche ensemble, c’est tout ce qui compte. »

Je l’entends se lever et aller vers la cuisine, rincer les plats et les mettre dans le lave-vaisselle. Seigneur, je peux voir tout ça si clairement. J’aimerais être à la maison.

« Tabloïde ? » Son ton est très mélancolique. Je déteste ça quand elle est au téléphone. Tout ce que je veux, c’est la prendre dans mes bras et je ne peux même pas la voir.

« Oui, chér ? »

« Quel genre de mère je vais être ? »

Oh bon sang. Et bien, ça répond à ma question sur comment ça s’est passé avec sa mère. « Tu vas être une maman géniale. »

« Tu le penses ? »

« Ma chérie, je le sais. »

« Je ne veux pas être comme elle, Harper. Promets-moi que tu ne me laisseras pas le devenir. »

« Mon chou, il n’y a aucun risque que tu te comportes comme ça en un million d’années. Nos bébés ont tellement de chance que tu les aimes. Tu es déjà des milliers de fois plus la mère qu’elle est et ils ne sont pas encore là. »

« Pourquoi est-ce qu’elle me détestait, Tabloïde ? Qu’est-ce que je lui ai fait ? » Merde, je sais qu’elle pleure. Je peux l’entendre dans sa voix.

« Ma chérie, tu n’as rien fait. Elle ne voulait pas être mère, mais elle s’est mariée à une époque où on s’attendait à ce qu’une femme le soit. »

Je l’entends rire doucement et s’installer quelque part. « C’est drôle. A une époque où c’est bien pour les femmes d’essayer d’être tout, je pense à finir par être une épouse et une mère. »

Je l’écoute bouger à nouveau et elle pousse un grognement sourd. « Ça va ? »

« Hmm, mon dos me tue. »

« Désolée de ne pas être là pour le masser. » Entre autres parties de son corps.

« Je mettrai ça sur ta note. »

« C’est ça. Ajoutes-y des intérêts même si tu veux. » Je prends une inspiration profonde avant de poser ma question suivante. « Kels, qu’est-ce que tu vas faire quand nos contrats vont arriver à échéance ? »

« Je ne sais pas, Tabloïde », soupire-t-elle. « J’adore mon travail. Tu le sais, mais… » Elle s’interrompt. « Est-ce qu’on peut parler de ça plus tard ? On n’a pas à s’inquiéter de ça avant un moment. »

« Bien sûr. » Ouais, sûr, je ne vais pas m’en inquiéter pour l’instant.

« Merci. » Elle fait une pause, je présume que c’est pour retrouver ses esprits, et elle revient vers moi, le ton plus léger et plus conforme à ma Petite Gourou. « Alors, qu’est-ce que tu portes ? »

« Rien. » Je mens mais si elle veut aller par-là, ça peut être vrai en moins de deux secondes.

« Tu manges nue ? »

« Absolumment », je la taquine. « J’espère que tu vas donner une toute nouvelle signification au Happy Meal

Je l’entends presque lever les yeux au ciel avant de me parler. « Oui, c’est sûr, tu dis ça maintenant. Et qu’est-ce qu’on va faire quand on rentrera un jour à la maison, qu’on emmènera Christian et Clark chez MacDo et qu’on leur en commandera un ? Non, Tabloïde, pour être sûre je suggère qu’on s’arrête là. »

« Très bien, ma chérie. Hé, c’est quand ton prochain rendez-vous avec Doogie ? »

« Je le vois dans deux semaines. J’ai un rendez-vous juste avant de rentrer à la maison. »

« Oh génial ! Encore des photos de bébés que je pourrai montrer à Mama. »

« A Mama, à  Papa, à Robie », dit Kels en riant, « à des étrangers dans la rue qui veulent bien rester tranquilles assez longtemps pour que tu leur montres. »

« Est-ce que j’y peux si je suis une Mama fière ? »

« Tu es bêta. Voilà ce que tu es. »

« J’ai bien le droit. »

« Bien sûr et je t’aime pour ça. »

 

* * *

 

« Brian ? » Je sens immédiatement que quelque chose ne vas pas quand il entre dans mon bureau. Son attitude gaie et animée est absente, remplacée par des épaules affaissées et une expression qu’on ne peut qualifier que de dévastée. « Qu’est-ce qui ne va pas ? »

« Je voudrais savoir si je peux prendre mon mardi. » Sa demande est faite d’un ton doux.

Je vais vers lui et je le tire dans mon bureau avant de fermer la porte. Je l’amène vers le canapé et je le fais s’asseoir avant de l’y rejoindre. « Qu’est-ce qui ne va pas ? »

« Il faut que j’aille à un enterrement. Un de mes amis est mort aujourd’hui. »

« Je suis désolée. » Je lui prends la main et je la tiens fermement. « Qu’est-ce qui s’est passé ? »

Il relâche un souffle de frustration qui ressemble à un léger rire, mais je sais que ça ne l’est pas. « Le SIDA. C’est pas le premier. »

Seigneur, ça n’en finit jamais. Peu importe ce que les docteurs et les scientifiques veulent qu’on pense et qu’on croit. Oui, ils ont fait beaucoup d’avancées dans ce domaine mais chaque jour, quelque part, quelqu’un enterre une personne qu’il aime. « Brian, je suis vraiment désolée. »

Il hoche la tête. « On savait que ça allait arriver, tu sais ? On le sait toujours mais on ne s’y attend jamais. » Les larmes coulent tandis qu’il secoue la tête. « Et ça n’empêche jamais qu’on soit détruit à l’intérieur de soi. »

« Je sais. » Je l’attire contre le dossier et je le prends dans mes bras. Je laisse mon ami pleurer sur mon épaule. « Je suis tellement désolée. Si je peux faire quelque chose, dis-le-moi. »

« Merci, Kelsey.Tu es vraiment une bonne amie. »

« Et toi aussi, et je n’ai pas l’intention de te laisser partir où que ce soit. »

 

* * *

 

Je regarde la table du dîner. Des chandelles, de la lumière douce, de la musique douce ; c’est un arrangement très romantique. Seigneur, la semaine a été longue. Elle m’a manqué et Kam est carrément déprimé que son jouet à mâcher ait été absent si longtemps.

On a un week-end sympa et tranquille pour se délasser. Une fois au lit, je ne me vois pas en sortir avant qu’il soit temps de reprendre le travail lundi. Tout ce que je veux, c’est passer deux jours tranquilles à la maison, à me reposer avec Harper et peut-être prendre le temps de faire les mots croisés du Times. Peut-être.

J’entends les griffes de Kam qui grattent le sol quand il fonce vers la porte principale. Je jette un coup d’œil à ma montre et je vois que c’est l’heure où elle va passer la porte. Quand elle dit sept heures, elle veut vraiment dire sept heures.

Je vais donner un moment à Kam seul avec elle ou alors il risque de se retourner contre moi.

Une fois que je vois mon petit garde du corps à poil se diriger vers sa place dans le séjour, je commence à traverser l’appartement. Je m’appuie contre le chambranle de la porte de la cuisine et je regarde l’entrée. « Salut, L’Etalon. »

Elle est en train de suspendre sa veste et tourne son regard vers moi. « S’il te plaît, dis-moi qu’il n’y a personne d’autre dans cet appartement que toi, moi, les bébés et le chien. »

« Ça résume bien la situation. » J’acquiesce de la tête. « On est toutes seules. J’ai préparé le dîner. » Je lui montre la salle à manger derrière moi. « Tu as faim ? »

Elle sourit et avance lentement vers moi. « Est-ce que tu essayes de me domestiquer, Petit Gourou ? »

« Pas du tout. Je pensais juste que tu pourrais avoir faim. Ça pourrait bien être notre dernière occasion de manger pendant les prochaines », je regarde à nouveau ma montre, « cinquante-huit heures environ. »

Elle entoure ma taille de son bras et nous nous dirigeons vers la salle à manger. « Vu que toi et les Bébés Gourous avez pris le temps de préparer le dîner, le moins que je puisse faire, c’est prendre cinq minutes pour le manger. »

« Comme c’est gentil de ta part. » Je m’appuie rudement contre elle, j’aime la sensation de l’avoir près de moi à nouveau. « Tu m’as manqué. »

Elle s’arrête et me donne un langoureux et tendre baiser. « Tu m’as manqué aussi, chér. »

 

* * *

 

Je la regarde dormir. Elle est blottie tout contre moi. Même après la seule semaine où j’ai été partie, je peux voir de nouveaux changements dans son corps. Seigneur, qu’elle est belle. Nos bébés doivent grandir de jour en jour. Elle a vraiment l’air enceinte. Pas que je risque de lui mentionner ce petit point.

Nos enfants.

Je me demande, tandis que je masse son estomac comme un talisman, ce que le futur leur réserve. Est-ce qu’ils auront des problèmes à cause du choix que Kels et moi avons fait ? Est-ce que quelqu’un essaiera de les blesser à cause de nous ?

Les enfants, merde, les adultes, peuvent être cruels. Pour autant que je le veuille, je sais que je ne peux pas protéger nos enfants de tout. Mais pourquoi est-ce qu’ils devraient être tourmentés à cause de leurs parents ? Est-ce que c’est si terrible que je sois une femme et amoureuse d’une autre femme ? Je paie des impôts comme tout le monde, j’aime mes parents et mes frères, je travaille aussi plus d’heures dans la semaine que je devrais. Je suis polie, la plupart du temps, une bonne voisine, amie avec beaucoup d’hétéros. La seule chose qui me différencie, c’est avec qui je fais l’amour. Ça ne me semble pas si important qu’on puisse bastonner mes enfants pour ça.

Oh merde ! Je m’inquiète de choses qui n’arriveront peut-être jamais, surtout si on déménage à la Nouvelle Orléans où ils seront entourés d’une flopée de grands parents, oncles, tantes et cousins extrêmement protecteurs. Une fois que les gens auront compris à qui nos enfants appartiennent, ils n’oseront pas poser le petit doigt sur eux. On est une sorte de famille de la mafia de la Nouvelle Orléans, sauf qu’on est Cajun et qu’on n’a pas d’activités illégales. Mais on a des réseaux.

Kels bouge dans son sommeil et elle me pousse pour que je m’occupe d’elle. Même dans son sommeil, elle réclame. Je lui embrasse le front, je la serre contre moi et je la sens redevenir une partie de moi.

Bienvenue dans la vie conjugale, Harper. Ça va être une sacrée balade.

 

<fondu au noir>

 

© 2000 Exposure Productions - Tous droits réservés. Le contenu de cette œuvre est protégé aux Etats-Unis et dans d'autres pays par diverses lois, comprenant, entre autres, les lois sur le copyright et autres lois sur les droits d'auteur.

Vous êtes autorisés par la présente à recevoir une copie de ce document de la liste de diffusion ou du site Web, entièrement ou partiellement, (et, sauf exception précisée par ailleurs ou fournies par Exposure Productions, à imprimer une unique copie de ce document pour votre usage personnel) mais uniquement dans le but de lire et parcourir le document. Vous êtes également autorisés par la présente à sauvegarder les fichiers sur votre ordinateur pour votre usage personnel. Tout autre emploi de document provenant de la liste de diffusion ou du site Web, y compris, sans que cela constitue une liste exhaustive, les modifications, publications, rediffusion, affichage, incorporation dans un autre site Web, reproduction du document (soit par lien, utilisation de trames, ou toute autre méthode), ou tout autre moyen d'exploiter un quelconque document, entièrement ou partiellement, pour des utilisations autres que celles permises ici ne peut être fait sans l'accord écrit préalable de Exposure Productions.

Avertissement d'ordre juridique.

Bien que cette série soit inspirée par quelques faits réels, il s'agit d'une œuvre de fiction et les références à des personnes ou des organisations réelles ne sont incluses que pour donner un certain air d'authenticité. Tous les personnages, principaux ou secondaires, sont entièrement le produit de l'imagination des auteurs, ainsi que leurs actions, motivations, pensées et conversations, et aucun des personnages ni des situations qui ont été inventées pour eux n'ont pour but de représenter des personnes ou des événements réels. En particulier, les descriptions des chaînes de télévision CBS et NBC ne sont pas destinées à représenter ces sociétés, ou aucune des personnes y travaillant, mais sont seulement utilisées afin d'apporter un sentiment d'authenticité à cette œuvre de fiction.

***************

A suivre partie 21.

 

Publicité
Publicité
Commentaires
F
Merci comme toujours pour ces commentaires et pour Kaktus, oui c'est pour cela que nous avons commencé avec le second opus de la série et pas avec A Warrior (Un guerrier...)et depuis, le retard avec la production de Missy s'est intensifié et je doute que, sauf si de nouvelles traductrices (teurs) souhaitaient s'y mettre, ce retard puisse être résorbé. <br /> <br /> Merci en tous cas de votre assiduité. Les suites se préparent lentement mais le boulot est un peu plus prenant ces temps-ci alors moins de temps pour les trads, qui avancent quand même, soyez rassuré(e)s<br /> <br /> F
Répondre
X
un immense merci fryda je ne trouve pas de mots plus forts pour vous dire à quel point je vous suis reconnaissante d'autant plus que je n'ai plus le temps moi même d'écrire mais bientôt ça vient
Répondre
K
Effectivement, si je me souviens bien, Fryda a dû commencé par La séparation parce que j'étais en train de lire cette FF et que dans nos échanges, on s'est dit que c'était vraiment bon et que c'était trop dommage que les francophones n'y aient pas accès. Et voilà !! Aussitôt dit, aussitôt fait :O)
Répondre
I
Merci Fryda,pour ce nouveau chapitre croustillant!<br /> <br /> <br /> <br /> Merci aux bêta-lectrices...Avec un coucou particulier à Katell:ça faisait un bail,mais joli retour éclair.<br /> <br /> <br /> <br /> Isis.
Répondre
F
merci pour les commentaires, toujours un plaisir.<br /> <br /> En effet atr_, tu as raison, Un guerrier est antérieur chez Missy et je ne me souviens plus vraiment pourquoi j'ai commencé avec La séparation. Peut-être parce que Kaktus était en train de la lire (en anglais), m'en a parlé et que ça m'a lancée. Du coup, Katell a pris la suite... par le début :-)<br /> <br /> Dans mes archives, la trad de La séparation est de 1998 et celle de Un guerrier de 1999.<br /> <br /> Kaktus pourra nous dire si sa mémoire ne flanche pas avec ce froid ;-)
Répondre
Publicité