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8 septembre 2012

Indiscrétions, épisode 22

 

INDISCRETIONS

Deuxième saison

Créée, produite, réalisée et écrite par : Fanatic et TNovan

Traduction : Fryda (2012)

****************************

Episode 22 : L’Eclat Rouge des Fusées (Rocket’s Red Glare)

 

* * *

 

Je ne cesse jamais d’être impressionnée par la proximité des membres du clan Kingsley. Il m’apparait soudain que j’en suis maintenant un membre encarté officiel, depuis que j’ai reçu  mes papiers d’identification plus tôt cette semaine. J’ai un nouveau permis de conduire pour le prouver et la photo est même plutôt bonne. Mon changement de nom est total. Je suis maintenant Kelsey Diane Stanton Kingsley.

On est le quatre juillet et la famille est venue en force. Je note que le fils ainé de Gerrard et Katherine, Joseph, est venu au barbecue avec une amie. Le bel adolescent joueur de football américain, est probablement l’homme de l’année dans son lycée. La fille qu’il a amenée est très mignonne. Je me demande comment je vais gérer ça quand les jumeaux commenceront à faire des rencontres.

Oui, que Dieu me vienne en aide, comment Harper va-t-elle le gérer. Cette simple pensée me fait frissonner. Elle va probablement faire remplir un dossier de candidature pour pouvoir faire une revue, vérifier les références, lancer un audit sur leurs finances. Et ça c’est si elle les apprécie déjà et qu’elle est de bonne humeur.

La Conspiration de la Cuisine est quasiment toute là. Lucien et Rachel semblent un peu en retard. Je me sens coupable mais je suis presque soulagée de ne pas être avec eux à ce moment-là. Ce sont les périodes de fêtes, il y a pas mal de bière et Luc a l’alcool mauvais comme je l’ai découvert. Et Harper m’a parlé de sa discussion avec Rachel. Je peux comprendre la tristesse de celle-ci d’avoir mal choisi, mais de ce fait, je me sens un peu mal à l’aise près d’elle. Je veux dire qu’amener le sujet le jour de notre réception de mariage me semble un peu déplacé.

Je ne peux pas la blâmer, vraiment. Je suis tellement contente de ne pas être dans sa situation. Harper peut être exaspérante parfois mais elle a toujours été honnête avec moi.

« Alors, comment se passe la lune de miel ? » demande Elaine en se penchant vers moi, avide de détails.

Je soupire d’un air dramatique et je m’enfonce dans ma chaise. Tout le monde sait que c’est mon endroit depuis que mon nom et celui d’Harper sont inscrits dans la mosaïque de la table. Je laisse mon doigt tracer son nom tout comme il le dessinait sur sa peau quand nous étions dans notre petit bateau parisien. « Paris est magnifique au printemps. » Doublé d’un léger mouvement de la main, je produis un sourire que le Chat du Cheshire envierait.

Des caquètements fusent autour de la table. « Kelsey, tu peux tout nous raconter. En fait, on cherche l’inspiration de votre côté, à Harper et toi. »

Je lui lance un regard incrédule. « Elaine, tu as déjà cinq enfants, de combien d’inspiration Jean et toi avez-vous encore besoin ? »

On se met tous à rire.

On entend soudain des cris dans le jardin derrière. Dans une ruée maternelle collective, nous nous précipitons vers le porche. Onze petits-enfants, quatre frères et sœur Kingsley et un Papa, peuvent se mettre sérieusement dans les ennuis quand on les laisse tout seul trop longtemps.

Deux gamins du voisinage se sont arrêtés et allument des cierges magiques. Jean a pris le petit Geoffrey et l’a éloigné de l’endroit où les feux d’artifice retombent en une pluie d’étincelles. Gerrard est occupé à les retirer aux enfants et à les éteindre du pied sur le trottoir.

« Désolé, les gars, les feux d’artifice sont interdits ici. » Gerrard regarde dans notre direction. Il nous fait signe de rentrer à la maison. « Tout va bien. Pas d’inquiétude. »

« Geoffrey ? » Appelle Elaine.

Jean soulève le bambin sur ses épaules. « Il va bien, Lainey. » Il sautille sur place ce qui provoque un rire ravi de son fils. Les mains de Geoffrey s’enfoncent dans les cheveux de son père et il tire dessus comme sur les rênes d’un cheval.

Calmées, nous retournons à la cuisine. Après m’être servi une tasse de thé, je demande, « Pourquoi vous ne voulez pas de cierges magiques ? Ça a toujours été mes préférés le 4 juillet. »

Mama secoue la tête. « Mais, non ! Ils sont dangereux, ma petit. Il y a plus de blessures dues chaque année aux cierges magiques qu’aux autres feux d’artifice. »

Katherine hausse les épaules. « On ne les autorise pas à proximité des enfants. C’est pour ça qu’on va voir le spectacle des feux d’artifice en ville chaque année. Quand Gerrard avait son cabinet privé, il a représenté la famille d’un enfant qui avait perdu une main à cause des feux d’artifice. »

« C’est horrible. » Je me sens nauséeuse. Je ne veux même pas imaginer qu’une chose pareille arrive à un de nos bébés.

« Et alors, depuis ça, on est une zone sans feu d’artifice. »

Je peux le comprendre. Deux précautions valent mieux qu'une.

 

* * *

 

Je ne suis pas sûre de savoir ce qui cuit sur ce grill mais ça sent vraiment bon. Je regarde mon ventre et je me passe la main dessus. « Vous êtes gâtés vous deux, vous le savez ça ? Vous tenez beaucoup de votre Maman, pas vrai ? » Don fraternel ou pas, il ya plus de 25 pour 100 de Harper dans ces deux-là. Ça je peux déjà le dire.

Rene m’apporte un verre d’eau gazeuse avec une tranche de citron vert. Je les regarde elle et son ventre quasiment plat. « Je te déteste », dis-je en la taquinant.

Elle hausse un sourcil. « Est-ce que c’est de ma faute si tu as lâché deux ovules en même temps ? »

« Oui. » Je la pousse du coude. « Tout est de ta faute. »

« Tu peux m’expliquer, s’il te plait. » Elle croise les bras.

« C’est toi et Robie qui nous avez laissées avec nos joujoux au dernier Thanksgiving, tu vois, alors tout est de votre faute. » Je sirote mon eau.

« C’est la meilleure erreur que j’ai jamais faite. Avec le recul, je le referais sans hésiter une seule seconde» Elle passe les bras autour de mes épaules et m’embrasse. « Tu es exactement ce dont elle a besoin. » Rene et moi échangeons un rire avant que je ne remarque Rachel qui arrive dans ma direction. Je me raidis et Rene le ressent aussi. « Tu veux que je reste ? »

« Non. Il faut qu’on parle. »

« Si tu as besoin de… »

Je secoue la tête. « Ça va aller. »

Rene s’éloigne de moi. Rachel la regarde partir et me regarde. « On peut parler ou tu préfères me rembarrer maintenant ? »

Je prends une inspiration profonde et je prends un moment pour me recomposer avant de parler. J’ai l’impression d’être devant la caméra. Juste là, Rachel ne mérite rien de plus que mon côté professionnel. Si je le prends personnellement, il va y avoir de gros problèmes. « Rac, je sais que Luc et toi avez de sérieux problèmes de couple et j’en suis vraiment désolée. Profondément. Je sais ce que c’est que d’être malheureux dans sa vie privée et je peux sympathiser avec vous. Ce dont vous avez besoin tous les deux, c’est d’un bon conseiller. »

Elle hoche la tête. « Je sais. On a au moins parlé de ça. »

« Bien. » Je prends une inspiration profonde et j’essaie de faire les choses avec le plus de tact possible. « Il y a une chose sur laquelle je veux qu’on soit parfaitement claires, Rachel. J’espère que Luc et toi allez régler vos problèmes. Vraiment. Seigneur, il n’y a rien de pire que de mettre fin à une relation et je sais que tu l’aimes. Mais, si vous vous séparez, je veux que tu comprennes bien qu’Harper n’est pas libre pour te prodiguer du réconfort de quelque sorte que ce soit, excepté en tant que sœur mariée. » Je m’avance et je pose la main sur son bras, murmurant dans sen oreille. « Si tu ne fais même que penser que… »

« Kelsey, je te jure que, peu importe ce qui se passe entre Luc et moi, je n’essaierai jamais de me mettre entre Harper et toi. Je te le promets. Je te le promets. »

Elle me laisse et retourne dans la maison pour se recomposer. Je me sens mal de l’avoir poussée aux larmes mais je ne voulais pas qu’il subsiste un doute. Je ne laisserai pas mon mariage dériver parce que le sien le fait.

 

* * *

 

Papa et moi sommes chargés d’un des grils. Nous nous occupons des steaks pour les burgers et des hot dogs et nous sommes entourés d’enfants affamés. Les jumeaux de Jean, Thomas et Caitlin, ont pris l’habitude de manger les hot dogs crus, au grand désespoir d’Elaine. Papa leur glisse cependant des petits bouts de saucisse, jouant ainsi son rôle préféré de grand-père. Comme s’il était jamais remis en doute.

« J’ai vu que Kelsey et Rachel se parlaient », dit Papa en retournant un des steaks. Hmmm, j’ai raté ça. Je lance un regard vers mon père pour le presser de continuer son histoire. « Rachel semblait un peu remuée après ça, elle est rentrée dans la maison en pleurant. Je pense que Mama est avec elle en ce moment. » Et bien, c’est la personne la mieux placée pour ce boulot. « Kels semblait remuée aussi mais elle est restée dehors. »

« Où est-elle maintenant ? »

Papa pointe de la tête vers Robie et Rene qui sont assis à une table de pique-nique. Kels est avec eux et tous les trois sont en train de rire. Je présume qu’elle va mieux. « Ils se sont bien occupés d’elle », dit-il, en lisant dans mon esprit. « Lucien et moi on doit dîner cette semaine », dit Papa. « Ta mère et moi, on a toujours tenu à garder un principe de non-ingérence. » Je ricane mais je m’arrête quand il pointe sa spatule dans ma direction. « Mais je pense que ton frère a besoin d’être un peu guidé sur ce coup-là. On parle beaucoup avant et pendant, mais quand vous les enfants, vous prenez votre décision, on fait de notre mieux pour vous laisser vivre à votre guise. Même cette fichue Conspiration de la Cuisine que Mama dirige de son perchoir, est plus faite pour leur donner une place dans la famille que quoi que ce soit d’autre. Elle se souvient de ce que ça a été de se marier avec quelqu’un de la famille Kingsley. Ils n’étaient pas très chauds de voir une Cajun du bayou rejoindre notre respectable famille de la Nouvelle Orléans.

Je savais ça déjà enfant. On a toujours été plus proches de la famille de Mama que de celle de Papa.

« Alors, comme je suis en mode conseil, je vais en toucher quelques mots à ma plus jeune. »

Je présume que c’est de moi qu’il s’agit. « Je suis toujours preneuse de tes conseils. J’espère être au moins moitié aussi chanceuse avec ma famille que toi, Papa. »

Il rit. « Et bien, mon bébé, tu y es presque avec les deux en route. Voilà un de mes secrets : pendant mes presque quarante ans de mariage, je n’ai jamais donné une seule raison d’être jalouse à ta mère. Beaucoup d’hommes aiment s’amuser à ça, ils ont l’impression d’avoir le contrôle. Je pense que c’est stupide et insultant pour la femme qu’ils sont supposés aimer. Avec ton passé, il y a pas mal de risque que Kels le ressente ainsi. Surtout avec Rachel dans la famille. »

Oh merde. Papa est au courant. » Je… »

« Alors, tu dois t’assurer qu’elle sait que tu vas lui être fidèle. Ne lui donne jamais aucune raison de douter de toi. Ça lui permettra d’être affable avec Rachel, qui essaie de trouver son chemin dans ce monde. J’espère, et Dieu m’est témoin, qu’elle choisira de rester avec Luc. Mais, pour que leur mariage survive, ils vont avoir besoin de l’amour et du soutien de nous tous. Ta femme ne pourra pas les donner si elle a des réserves silencieuses à ton sujet. »

« Mais est-ce que Rachel ne doit pas y mettre du sien aussi ? Je veux dire, je ne peux pas contrôler l’impression qu’elle donne à Kels. »

Papa me cloue du regard. Apparemment, je suis sensée prendre mes responsabilités là et pas me défiler. « Tu peux influencer ta femme, Harper Lee. Et je m’attends à ce que tu le fasses. »

« Oui, monsieur. »

Il tend la main et me masse l’épaule. « Je crois en toi, mon bébé. Plus que tu ne le sauras jamais. » Il s’interrompt et se gratte le menton. « Et bien, peut-être qu’une fois que les bébés seront nés, tu en auras une petite idée. »

 

* * *

 

J’attrape ma canette de bière et je me dirige vers Lucien, assis dans l’ombre. Je note qu’il en est toujours à sa première bière de la journée. Je suis contente de sa retenue. Je détesterais que Kam en fasse son déjeuner. « Comment ça va, Luc ? »

Il hausse les épaules en me regardant d’un œil quelque peu prudent. Ça m’attriste parce que j’ai toujours eu de bonnes relations avec tous mes frères. « Il fait plus chaud qu’en enfer par ici. »

« C’est vrai. On est en Louisiane et on est en juillet. » Je l’étudie du coin de l’œil. Il a l’air d’avoir pas mal vieilli ces deux derniers mois, une nuance de gris aux tempes, quelques rides en plus sur le visage que ce dont je me souviens. Luc a toujours été le rigolo de service dans notre famille, ce qui vous donne une idée si on tient compte de nous autres. Avec un charme naturel et pourvu d’un esprit rapide, c’était le clown de la classe, mais jamais celui de la famille. J’ai rencontré assez de comiques pour savoir qu’ils ne sont pas forcément les gens les plus heureux au monde. « Comment ça va au boulot ? »

Il essuie la buée sur le col de sa canette. « Plutôt bien. On travaille sur des problèmes politiques intéressants. J’ai été nommé par le gouverneur pour présider un comité qui observera les initiatives de réforme en matière d’aide sociale dans l’Etat. »

« Mama et Papa doivent être fous de joie, Luc. » Bien que Gerrard soit dans la magistrature, Jean et Robie ont suivi des carrières juridiques privées, sans devenir les activistes sociaux que nos parents avaient envisagés. Seul Luc est entré dans le secteur public.

« Je ne leur ai pas encore dit », admet-il, en parlant plus à sa bouteille qu’à moi.

« Quoi ? Pourquoi pas ? »

Il hausse à nouveau les épaules, me rappelant l’époque où il était un adolescent longiligne et pas coordonné. « Ça n’a pas paru être le bon moment. Pas avec tout ce qui se passe par ailleurs. »

Je lui serre l’épaule. « Espèces de tête dure ! » C’est sympa de pouvoir qualifier quelqu’un d’autre comme ça pour une fois. « Sors de là, Luc, ou on va recevoir des invitations gravées pour ta fête pitoyable. »

« J’temmerde. »

« Bien, contente de voir que tu as encore de la fibre combative. » Je sirote une autre gorgée de ma bière. « Tu te souviens quand tu as eu ton premier rendez-vous avec Rachel et que tu l’as emmenée à l’Aquarium ? Vous êtes allés à un spectacle de morse et cet animal vieux et énorme, là sur cette scène, a décidé qu’il en avait fini avec le spectacle ce jour-là. »

Luc se met à rire. « Ce foutu truc nous a tous arrosés d’une tonne d’eau et après il a monté un gradin vers l’entrée principale et il est monté dans un ascenseur. »

« J’aurais adoré voir leur expression quand il est sorti à l’autre étage. »

« Mais oui. On puait le poisson après ce petit bain. J’ai dû nous acheter des nouveaux shorts et des tee-shirts pour qu’on arrête de gêner tout le monde. »

Je hoche la tête, me souvenant de la façon dont Mama avait jeté les vêtements qu’il avait rapportés pour les nettoyer. « Toi et Rachel vous sembliez toujours bien vous amuser. Le Seigneur m’est témoin, vous aviez assez de mésaventures dans vos rendez-vous et on riait toujours de vos derniers exploits. C’était la première fille avec laquelle tu semblais vraiment t’amuser. Je me souviens avoir pensé que vous étiez vraiment faits l’un pour l’autre. »

« Et bien, on voit combien tu as fini par le savoir. »

« Non, on voit que tu oublies de faire la cour à ta femme, Luc. »

Il fait un geste exagéré pour regarder sa montre. « Hé, ça fait un mois que tu es mariée. Je présume que ça fait de toi une experte sur le sujet. »

Je ne mords pas à l’hameçon. « Plus experte qu’il y a deux mois, ça c’est foutument sûr. Et plus qu’il y a dix mois. Je te le jure, je n’avais aucune idée de comment fréquenter quelqu’un avant Kels. Je couchais ici et là, bien trop effrayée pour prendre un engagement avec quiconque, certaine que j’allais foutre en l’air toute relation. C’est une chose que tu as comprise bien avant moi. Tu es vite devenu intelligent quand tu as rencontré Rachel. »

« Je ne voulais pas la laisser partir. » Le ton de Lucien est rempli de nostalgie, comme un homme qui parlerait d’un passé lointain.

« Pourquoi ? »

« On riait tous les deux. C’était comme si on était les seuls à comprendre une énorme blague. »

« Qu’est-ce qui a changé ? »

« La vie ne semble plus aussi drôle. Ou bien, peut-être que c’est moi qui suis devenu la mauvaise blague. »

Ne te laisse pas aller Lucien. « Je ne pense pas que tu soies une mauvaise blague. Nous essayons tous de trouver notre chemin. Tu n’es pas différent des autres. » Je lui frappe l’épaule. « Mais c’est toujours bien d’avoir un meilleur ami quand on traverse une telle période, et Rachel l’a toujours été pour toi. » Je vide le reste de ma canette et je la lève. « T’en veux une autre ? »

Il repousse mon offre. « Non, merci. » Il se remet debout et me fait un signe d’au revoir. Je le regarde aller vers Rachel, assise avec Elaine et notre nièce Caitlin. Quand il se penche et embrasse la joue de Rachel, je relâche un soupir de soulagement.

 

* * *

 

Le bruit de capsules et autres feux d’artifice illégaux emplissent l’air du soir. Notre famille est apparemment seule dans sa résistance à les acheter et les lancer. Une heure environ s’écoule avant que les feux d’artifice ne commencent au-dessus de la rivière. La journée finit par se rafraîchir mais l’humidité est toujours très élevée. Je me demande comment ça va pour ma  copine.

Je marche vers elle et je l’entoure de mes bras, je la serre contre moi malgré la chaleur. Il ne fait jamais trop chaud pour l’embrasser. « Hé, chér. Comment va ma nana préférée. »

Elle me serre les bras et s’appuie contre moi. « Mieux maintenant. »

« Bien » Je renifle sa nuque. « Je t’aime. »

Kels rit et penche la tête pour me regarder. « Et bien, c’est bon à savoir. »

Je peux dire qu’on se moque de moi. Mais je suis bien décidée à faire ce que Papa m’a dit. « Tu me coupes totalement le souffle, Kels. Tu es la seule au monde pour moi. »

Elle rit doucement. « Oui, tu dis ça maintenant, Tabloïd, mais je sais que quand les bébés seront là, tu m’oublieras complètement. »

« Ça n’arrivera jamais. Tu es gravée dans mon cœur. »

Kels se retourne dans mes bras et m’observe avec attention pendant un moment. « Ok, qu’est-ce qui te prend ? Tu n’as oublié aucune de nos dates importantes et tu n’as aucun ennui en ce moment. Qu’est-ce qui se passe ? »

« Rien. Je suis juste heureuse. » C’est quasiment vrai.

Ça marche. Kels se blottit un peu plus dans mes bras et pose sa tête sur mon cœur. « Bien. Je suis contente de te rendre heureuse. »

« Oh oui tu le fais, chér, oh que oui. »

Bon, ça s’est plutôt bien passé. Je pense qu’il faut que j’apprenne à être plus subtile, mais bon sang, je n’ai jamais été bonne dans ce domaine.

Après un long moment, Kels attire mon attention vers un coin d’herbe où Kam, Christian et Clark jouent ensemble. Christian essaie de faire monter Clark sur le dos de Kam comme si c’était un poney. Je secoue la tête. Quelqu’un va finir par se faire mal.

« Non, non, non, Christian. » Rene l’interpelle en se précipitant. « Clark est trop petit pour ça, mon chéri. » Elle retire le bambin avec précautions du dos de Kam.

Clark émet une série de protestations gémissantes et essaie de se retenir au poil de Kam. Mais notre chien est assez malin et s’écarte de ses mains puis fonce vers les enfants plus grands.

Ça nous fait rire, Kels et moi. Rene s’avance avec Clark et embrasse sa joue rebondie. « C’est très bien, petit homme, on va chercher ton Papa et tu pourras lui tirer les cheveux. »

Une volée de pétards explose de l’autre côté de la barrière, ce qui fait tressaillir mon neveu qui se met à pleurer en entendant le bruit sourd. Il tourne ses yeux bleus embués de larmes vers sa maman, et respire par hoquets saccadés. Rene fronce les sourcils dans la direction de notre voisin. « Ils font ça tous les ans. L’année dernière ça a tellement effrayé Caitlin qu’Elaine a dû la faire rentrer. J’aimerais qu’ils s’arrêtent. » Elle dépose un baiser sur les cheveux noirs de Clark.

Je suis sur le point de répondre quand j’en suis empêchée par le sifflement de nouvelles explosions de pétards. Nous regardons les traits de lumière s’envoler dans le ciel qui s’obscurcit, mais l’une d’elles est déviée.

Et atterrit dans notre jardin. A moins de quatre mètres de l’endroit où Christian est en train de jouer.

« Merde ! » Je marmonne, me désengageant déjà de l’étreinte de Kels.

L’attention de Christian est attirée par le pétard qui n’a pas éclaté. Il commence à se diriger vers lui pour le voir de plus près.

« Christian ! Non ! » Je hurle pour qu’il s’arrête où il se trouve. Soit il ne m’entend pas soit il ne me prête pas attention. Difficile d’être en compétition avec l’un ou l’autre.

J’entends Rene et Kels qui crient derrière moi mais je ne ralentis pas. « Robie ! » Je crie à mon frère qui n’est pas beaucoup plus loin de Christian que moi.

Tout se déroule au ralenti à partir de là. J’entends mes propres battements de cœur et le sifflement du feu d’artifice qui n’a pas éclaté. Christian s’arrête un bref instant pour me regarder avant de tendre la main vers la fusée embouteillée.

J’attrape le couvercle du barbecue en arrivant à la hauteur de Christian. Lorsque je parviens près de lui, je l’attrape dans un bras et je l’envoie à son père qui approche. Robie l’attrape et recule pour se mettre en sécurité.

Je me tourne pour laisser tomber le couvercle sur le pétard quand une terrible explosion me remplit les yeux et les oreilles. Et le monde s’obscurcit autour de moi.

 

* * *

 

La première chose dont j’ai conscience, c’est que je pleure. C’est bizarre. Je ne pleure pas souvent mais les larmes coulent de mes yeux. Tellement, en fait, que je n’y vois rien.

Mais ça n’a pas vraiment d’importance. J’ai l’impression d’avoir les yeux et le visage en feu. J’essaie de tendre la main pour me débarrasser de ce qui me brûle mais je hoquète de douleur. Mon poignet est plié bizarrement et ne veut pas faire ce que je lui demande. Je présume que j’ai mal atterri.

Ça va faire un mal de chien.

Je cligne des paupières et j’essaie de me concentrer sur le monde qui m’entoure. « Christian ? » Je demande, ma gorge douloureuse à cause de la fumée.

Je présume que ça n’était pas un pétard mouillé après tout.

Je pense que je vais dormir quelques minutes.

 

* * *

 

Tout arrive si vite. Je suis heureuse et satisfaite d’être entre les bras d’Harper, comme d’habitude, quand soudain elle me repousse. Au début, je ne comprends pas quel est le problème jusqu’à ce que je le voie.

Un feu d’artifice qui n’a pas éclaté dans le jardin, tout près de Christian.

Oh Seigneur.

S’il te plait Seigneur, fais que ça n’arrive pas. Pas aujourd’hui. Pas à Christian.

Pas à Harper.

Mon épouse adorée court à pleine vitesse vers notre neveu et l’appelle, elle appelle Robie. En quelques instants elle le soulève et l’envoie voler dans les bras de Robie. Elle se retourne pour jeter un couvercle sur le feu d’artifice quand il explose.

Tous dans le jardin, nous tressaillons et nous nous baissons quand l’explosion atrocement sourde éclate dans l’air. Rene se retourne pour protéger Clark des débris qui volent autour de nous. Je me protège brièvement le visage, effrayée de perdre Harper si je cesse de la regarder.

Elle titube et tombe, atterrissant bizarrement.

Et le chaos règne ensuite.

 

* * *

 

J’arrive près d’Harper en quelques secondes. Je réfrène un cri quand je vois les dommages subis par son beau visage. J’ignore le sang qui couvre sa peau et ses cheveux et je lève doucement sa tête, glissant mes jambes sous elle, la berçant sur mes cuisses.

Elle gémit et tente de toucher son visage. Mais elle s’arrête et porte son poignet contre son estomac. Il a l’air brisé. Je me souviens de ce à quoi mon poignet ressemblait lorsque je l’ai brisé un peu plus tôt cette année. Harper est une image dans le miroir. Ce n’est pas drôle mais je réfrène un rire quand je me rends compte que je devrai l’empêcher de se donner des coups avec son attelle. Pourquoi est-ce qu’on pense à des choses étranges quand on est au milieu d’une crise ?

Son gémissement me ramène vers elle. Je la regarde à nouveau. Je sens les larmes qui arrivent dans mes yeux mais je les repousse, leur refusant de couler. Elle n’a pas besoin de ça maintenant.

Oh mon bébé. Je lui caresse les cheveux avec la crainte de lui causer plus de douleur. Son visage est couvert des débris de la fusée embouteillée, la poudre a brûlé sa peau par taches. Ce qui m’inquiète le plus, c’est le sang qui coule de son œil droit. Tellement de sang.

S’il te plait, Seigneur, que tout aille bien. On commence seulement. On a deux bébés en route. On a tellement de choses à vivre ensemble. S’il te plait, ne me la prends pas.

Je sens une main sur mon épaule. « Ça va aller », murmure Robie d’une voix pleine d’émotion.

« Papa, qu’est-ce qu’elle a Tante Harper ? » Demande Christian.

« Je le ramène dans la maison », propose Rene et elle part avec les deux garçonnets.

« L’ambulance est en route ! » Crie Jean depuis le jardin. J’entends beaucoup d’activité autour de nous. On emmène les enfants à l’intérieur, toute la famille d’Harper fait de son mieux pour apporter son aide.

Katherine s’agenouille près de moi. « Kels, il faut que tu m’aides. »

Aider. Aider Harper. Ça je peux le faire. « Comment ? »

« Les blessures aux yeux sont les pires si elles ne sont pas soignées immédiatement. Il faut qu’on lui baigne les yeux pour enlever ce qui s’y trouve. »

Je hoche la tête. Il y a tellement de sang. Je veux qu’on le nettoie.

« Voilà comment lui tenir les yeux ouverts. » Katherine me fait une rapide démonstration. Tandis que je suis ses instructions, elle tend une bouteille d’eau à Robie. « Verse doucement sur son œil droit, je m’occupe du gauche. »

Au moment où l’eau atteint ses yeux, Harper commence à se débattre.

« Gerrard ! » Katherine l’appelle. Ses grandes mains sont rapidement sur les hanches d’Harper et la maintiennent tranquille. Son frère ainé commence à murmurer en français, lui rappelant le temps ou ils étaient enfants et qu’on l’avait poussée de la maison dans l’arbre. Elle s’était cassé le bras ce jour-là.

« Mal », proteste Harper, ce qui me brise le cœur. « Ça brûle »

« Je sais que ça fait mal bébé, mais essaie de te détendre et laisse Robie et Katherine t’aider. » Il me faut toute ma volonté pour garder les mains là où elles sont. Je ne veux pas lui faire plus de mal. Mais je fais confiance à Katherine sur la vie de Harper. « D’accord ? Détends-toi. Je suis là. Je suis là. »

« Kels ? » Demande Harper, d’un ton presqu’incertain. « Christian ? »

« Christian va bien, mon cœur. » Je me penche et je dépose un baiser sur ses cheveux, le goût du sang sur mes lèvres. « Il est avec Rene à l’intérieur. Il n’a pas été blessé. Tu l’as sauvé. »

Robie jette la bouteille d'eau et en prend une que lui tend Lucien. Il commence immédiatement à verser, suivie par Katherine qui ouvre une nouvelle bouteille. Harper tressaille sous les assauts. « Je ne vois rien ».

Mon cœur monte à ma gorge. Seigneur, s’il te plait, que ce soit l’eau qui l’empêche de voir. Je tousse légèrement pour m’éclaircir à nouveau la voix. « Ça va aller, mon cœur. Tout va bien se passer. »

Les sirènes d’une ambulance résonnent quand elle arrive devant la maison. J’entends Papa qui explique aux ambulanciers de faire le tour. Vite !

« Les soins arrivent, bébé. »

Le premier ambulancier saisit la scène rapidement et nous regarde pour une explication. Katherine commence à déballer une série de termes médicaux que je me fiche bien de comprendre. Je suis reconnaissante de ne plus avoir à garder les yeux d’Harper ouverts, le personnel médical prenant la relève.

Je commence immédiatement à lui caresser les cheveux, gardant désespérément le contact avec elle sans lui faire plus de mal. Je continue à murmurer des phrases sans aucun sens, lui promettant que tout va bien se passer. Ça va bien se passer.  Ça doit bien se passer.

Je sens une main sur mon épaule. C’est Robie. « Il faut qu’ils l’emmènent, Kels. »

Et bien qu’ils nous emmènent, et pas juste elle. Je bouge seulement de ce qu’il faut pour qu’ils la mettent sur le brancard. On commence tous à s’avancer vers l’avant, ma main glisse dans celle d’Harper ce faisant. Je sens ses doigts se resserrer autour des miens et les larmes montent dans mes yeux.

Ils la mettent efficacement dans l’ambulance et je commence à monter à l’arrière. « Madame, vous ne pouvez pas venir », dit le premier ambulancier en fermant une des portes. Je suis au bord de hurler de rage. Je n’ai nullement besoin d’un connard homophobe et ignorant à ce moment de ma vie. J’ouvre la bouche pour lancer une réplique quand il lève la main. « Madame, vous êtes enceinte. On va rouler toutes sirènes et feux allumés. Je ne peux pas vous permettre de venir dans une situation où vous pourriez être blessée. »

Ça me refroidit immédiatement. Harper blessée, je ne ferai rien qui puisse blesser nos enfants. Même si je ne peux pas être avec elle quelques minutes. Je tourne sur moi-même et je vois Robie derrière moi. Je l’attrape et je le pousse vers la porte ouverte. « Alors emmenez son frère. Tu lui dis que je suis derrière vous », je donne des instructions à Robie.

Il saute à l’intérieur et hoche la tête. « Compris. »

Mama est près de moi quand l’ambulance quitte le trottoir. « Ma petit, viens avec moi. Papa a avancé la voiture. »

Je m’y dirige tout droit, forçant ma volonté à chaque pas.

Harper a besoin de moi.

Ça me suffit.

 

A suivre

<fondu enchainé>

 

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Commentaires
F
Merci a vous et bravo a christell d avoir sauté le pas :-)
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I
On peut pas gentillement cloner Fryda LOL...Ses traductions d'histoires prenantes sont un régal.<br /> <br /> <br /> <br /> Merci Fryda.<br /> <br /> <br /> <br /> Isis.<br /> <br /> <br /> <br /> P.S:Harper a de la ressource!
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C
Finalement le fait de n'avoir la traduction que d'un chapitre et avec une fin qui donne tellement envie d'avoir la suite m'a "obligée" à aller chercher sur le net le reste. Et j'ai donc le plaisir d'annoncer que grâce à toi, j'ai lu déjà la moitié de la saison 3 en anglais. \0/ <br /> <br /> <br /> <br /> Indiscrétion est plutôt facile à suivre même sans avoir un bon niveau d'anglais. Donc j'ai bon espoir de m'améliorer petit à petit. Merci. <br /> <br /> <br /> <br /> Ceci dit, ça n'empêche pas le fait que je relirai tes traductions avec grand plaisir.
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X
Il n'y a pas de mots assez forts pour te remercier du travail que tu accomplis avec ces traductions merci fryda tu es the best
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F
Comme je vous comprends ... :-)
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