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25 décembre 2012

Indiscrétions, épisode 1, saison 3

INDISCRETIONS

La Troisième saison

Créée par Fanatic et TNovan

 

Episode Un : La méthode Kingsley

Nous sommes dans la salle d’attente de Patricia Radson. Attendre. On dirait qu’on attend depuis… une éternité. On ferait mieux d’appeler ces endroits des salles de torture. Finalement, après deux semaines à ressembler à un alien aux yeux d’insectes, on va m’enlever les lunettes, la gaze et les gouttes. Et peut-être que je reverrai.

Je n’y compte pas vraiment. Même ce matin, quand Kels a mis les gouttes, je n’y voyais rien. J’avais espéré que ce serait différent. J’ai été déçue. Kels savait combien ça me minait et elle a simplement glissé ses bras autour de moi pour me tenir.

Je sais que peu importe ce qui se passe, il faut que je tienne le coup. Pour l’amour de Kels. Pour Brennan. Pour Bébé Gourou Timide. Pour moi. Peu importe le futur, il faut qu’on fasse des plans. Ces bébés ne vont pas attendre que je me reprenne. En fait, si je ne le fais pas, ils vont arriver plus tôt. Je préfère les avoir comme cadeau d’anniversaire.

« Ms Kingsley, vous voulez bien m’accompagner, s’il vous plait ? »

Kels me guide tandis que l’infirmière nous emmène dans la salle d’examen. Sa main couvre la mienne sur le haut de son bras, réaffirmant notre lien. Ça me manque de ne pas voir mon alliance.

« Asseyez-vous et le docteur sera là dans un instant. »

Je reviens encore une fois vers la chaise d’examen et je m’assieds. J’entends Kels qui tire une chaise près de moi et elle reprend ma main. La seule bonne chose qui ressort de tout ça, c’est que je tiens la main de ma nana vachement plus souvent.

« Peu importe ce qui arrive, Harper, je t’aime. »

Je m’autorise un petit sourire. « Merci, chérie. Peu importe ce qui arrive, tu ne vas pas te débarrasser de moi. »

Avant que Kelsey ne puisse rétorquer – et je sais qu’elle veut le faire – la porte s’ouvre et quelqu’un entre. « Harper, comment allez-vous ? »

Je reconnais la voix du Dr Radson. « Plutôt bien. »

« Comment vont vos yeux ? Encore de l’inconfort ? » Sa voix se rapproche et je l’imagine penchée sur moi à me regarder.

Je secoue la tête. « Non. Ça s’est terminé il y a quelques jours. »

« Bien », répond-elle. Elle fait tourner du matériel sur le côté de la chaise. Je sens la présence de l’instrument sur ma droite. « On va regarder ça alors. » Très doucement, elle enlève les lunettes et la gaze. Elle passe un coton sous mes yeux pour nettoyer un peu. Ma peau est toujours heureuse de se retrouver à l’air à nouveau. « Ouvrez les yeux, Harper. »

J’obéis. Kels me serre un peu plus la main.

Rien.

Le noir.

Le Dr Radson se penche tellement que je peux sentir sa respiration sur ma joue. Elle maintient ma paupière ouverte et examine mon œil droit. Après un moment, elle passe au gauche. Elle se recule et dit, « ils vont bien mieux. La rougeur est pratiquement partie et le gonflement l’est totalement. Il n’y a aucun signe d’infection, ce qui est toujours notre plus grande inquiétude dans ce genre de blessure. Kelsey, vous avez fait du bon travail en vous occupant de Harper. »

« Oui, c’est vrai », dis-je d’un ton affirmatif.

« Je vais repasser la lampe à nouveau. Il faut de nouveau vous asseoir vers l’avant et poser votre menton ici. » Elle me guide pour me placer. « Vous verrez peut-être une lumière brillante pendant que je vous examinerai. Ça sera peut-être inconfortable mais essayez de rester le plus tranquille possible. »

Tout ce que j’espère, c’est voir une lumière brillante.

Lorsqu’elle regarde mon œil gauche, je cligne et je me recule un instant. « Doc ? »

« Vous avez vu quelque chsoe, Harper ? »

Je déglutis, incrédule. « Je peux voir la lumière », je murmure.

J’entends Kels qui ravale un hoquet.

« Bien », dit le Dr Radson d’un ton encourageant. « Asseyez-vous un moment. » Elle bouge la lampe d’examen et tire un autre appareil. Elle l’installe devant mes yeux. « Qu’est-ce que vous voyez ? »

« Deux gros points de lumière et un autre derrière. »

« Bien. » Je l’entends bouger des boutons sur l’appareil. « Et maintenant. »

Je plisse les yeux pour essayer de mieux voir. Seigneur, comme c’est agréable de le faire. « Une sorte de tache plus claire sur une tache plus foncée. »

« Très bien. »

Hmm… je présume que je me suis fourvoyée.

« Qu’est-ce que ça veut dire, Docteur ? » Demande Kels. Je suis surprise qu’elle ait attendu si longtemps.

« C’est bon signe », déclare le Dr Radson un peu inutilement. « Bien que je sois inquiète que la vision d’Harper ne se soit pas améliorée de façon plus significative, ceci indique qu’il y a de la fonctionnalité dans les yeux. Que ça continue ou pas à s’améliorer, seul le temps le dira. »

Je suppose que de voir que la lumière au bout du tunnel correspond à un train qui arrive, serait une bonne chose. Pas autant que de pouvoir revoir le visage de mon épouse, mais je présume que je dois être reconnaissante même d’une petite amélioration. Pouvoir voir la lumière c’est mieux que de vivre dans le noir.

« J’y crois », murmure Kels en se penchant pour m’embrasser la joue.

« Prévoyez un rendez-vous pour la semaine prochaine. S’il y a des changements significatifs avant ça, alors venez me voir immédiatement. Autrement, Kelsey, il faut continuer à mettre des gouttes dans les yeux d’Harper. Il y a toujours un bon risque d’infection. Si ça devait se produire, l’impact en serait dévastateur. »

« Je le ferai. »

Bien sûr que Kels va s’occuper de moi. Elle est féroce quand il s’agit de mes yeux.

« Bien. » Le Dr Radson met tout de côté et me tapote la jambe. « Ne perdez pas espoir maintenant, Harper. »

 

* * *

 

Je donne des directives à Kels pour aller au Café du Monde. Nous nous garons au Natchez et passons à pied près de Jackson Square. Je suis venue ici tellement souvent dans ma vie que je peux totalement imaginer la scène. Je peux m’imaginer les jeunes artistes de rue, des capsules sous leurs semelles, qui font des claquettes pour les touristes. Je vois les médiums et les voyants habillés de toutes les façons qui attirent les touristes pour les libérer d’un peu plus d’argent. Après les entrepreneurs locaux, il y a les artistes qui vendent des portraits minute et des aquarelles et des huiles dont certaines sont en fait de bonne qualité.

Le Café du Monde est bondé comme d’habitude. Les tables minuscules sont placés si près que c’en est difficile de circuler entre elles, surtout pour une femme enceinte de jumeaux qui guide une aveugle. Je porte ma paire de lunettes noires à la fois pour me protéger les yeux – sur l’insistence du Dr Radson – et pour donner un signal aux autres de mon handicap. Je n’ai pas de canne blanche… encore. Je ne suis pas totalement prête à admettre la défaite.

Mais il faut qu’on se prépare quand même pour l’avenir. Qui pourrait ne pas inclure que je vois.

Kels nous mène à une table dans un coin éloigné. Elle m’assied sur une chaise et je peux sentir les deux côtés de la tente dans mon dos. Ici, nous devrions être moins bousculées. Et moins de gens pour s’intéresser à nous. Nous commandons des beignets et du café au lait. Enfin, moi en tous cas. Kels prend son habituel Earl Gray décafféiné.

Je prends une de ses petites mains dans les miennes. « Comment vas-tu, bébé ? »

« En dehors d’avoir une chaufferette accrochée à mon ventre, ça va. »

Seigneur, je suis idiote. J’ai voulu venir ici parce que les beignets  sont un choix de nourriture confortable pour moi. Bien sûr, j’ai oublié de m’inquiéter du confort de ma femme. « Je suis désolée, Kels. On va rentrer à la maison pour que ce soit plus confortable pour toi. » Je commence à essayer de me lever et je cogne à la fois le bar derrière moi et la table devant. Bon sang, que cet endroit est petit !

Kels m’attrape le poignet. « Chérie, je suis désolée. Assieds-toi. Je vais bien. Une fois qu’on sera assises un instant, ça ira bien. »

« Tu en es sûre ? »

« Absolumment. Ces deux-là génèrent juste beaucoup de chaleur. Ils doivent avoir le sang chaud, comme leur Mama. N’oublions pas qu’on est en août et que je suis enceinte de cinq mois et demi. Je ne serais pas à l’aise dans un igloo en ce moment. »

Je souris. J’ai vraiment hâte de les voir, ces deux-là. « Est-ce qu’il sont actifs aujourd’hui ? »

« Oh oui. Brennan s’entraine pour la Coupe du Monde de Football. Et Bébé Gourou Timide fait des longueurs de natation. Je n’arrive pas à imaginer comment ils peuvent être si actifs dans un espace si petit. » Elle prend ma main et la pose sur son ventre, me redonnant cette connexion si importante avec mes enfants.

« Petit ? » Je répète.

Je reçois un coup sur le bras pour mon commentaire malicieux. « Attention, L’Etalon, ou tu vas dormir sur le canapé ce soir. »

Je fais semblant de trembler. La vérité, c’est que je détesterais être séparée de ma famille. Même si Kels et moi n’avons pas été intimes depuis l’accident, nous avons réussi à nous blottir l’une contre l’autre malgré les ventres débordants et les bras cassés. Certaines nuits, la seule chose qui m’a empêchée de filer – bon, autre que le fait de ne pas trouver mon chemin – ça a été la poigne de fer de Kels sur moi. Parfois je pense que ma femme aurait dû être catcheuse pro. Elle sait comment me clouer au matelas, ça c’est sûr. « On peut pas faire ça. »

« Nan, parce que je pense que Mama serait de mon côté. »

C’est vrai.

Notre serveuse revient avec la petite assiette remplie du don de Dieu à l’humanité. Je peux sentir le sucre en poudre et la chaleur qui irradie des pâtisseries. La serveuse pose ma boisson quelque part devant moi. Kels la paye et elle disparait à nouveau dans la foule pour servir une autre tablée affamée. Ça ne varie jamais.

« Le café est à neuf heures, les beignets à trois. »

Je vise haut, sachant que nous avons commandé une demi-douzaine des friandises et mes doigts sont immédiatement couverts de sucre en poudre. J’amène le beignet à mes lèvres et je mords dedans, sans m’occuper du bazar que je mets. C’est l’un des avantages à être aveugle.

Kels rit de moi et se penche, me tapotant les lèvres et le menton d’une serviette. « Je suis contente que ça te fasse plaisir, Tabloïde. »

« J’ai l’intention de les apprécier tous », j’annonce, sachant que ma nana ne les touchera pas. Quelques bouchées et le premier n’est plus qu’un souvenir. Je me lèche les doigts, en faisant des bruits de succion suffisamment forts pour avoir une réaction de Kels.

Je ne suis pas déçue. « Tu peux oublier de tenir ma main maintenant. »

« Menteuse », je réplique en tendant la main pour prendre la sienne. Elle me la donne sans problème. « Alors, bébé, tu es prête à discuter de ce que nous allons faire ? »

« Il est bien trop tôt, Harper. Le Dr Radson dit que… »

« Je sais ce qu’elle a dit. J’y étais aussi. Dieu sait que j’espère qu’elle a raison et que je vais recouvrer ma vue. Mais, pour l’instant, nous devons voir ce que nous faisons si elle ne revient pas. » Je continue pour qu’elle ne puisse pas me contredire. « Visiblement, je ne vais pas pouvoir continer à être productrice chez Indiscrétions. »

« Ce n’est pas vrai, Harper. Ton talent est dans bien plus que tes yeux. C’est dans tes tripes et tu sais quand il y a un sujet. Dans tes recherches, ta façon de monter le sujet de telle façon qu’il capture l’audience. C’est… »

Je lui serre la main pour qu’elle se taise. « Je ne veux pas le faire sans voir. » Je hausse les épaules. « Je ne me sentirais jamais en confiance. Et, si je ne le suis pas, je ne peux pas faire ce travail. Heureusement, j’ai une assurance pour les maladies longues durée, alors ma paye est garantie, même avec une baisse. »

« On ne manque pas d’argent. »

« Je le sais bien, mais je me sens mieux à l’idée que j’apporte ma contribution. La question principale, c’est qu’est-ce que tu veux faire toi ? Tu veux continuer avec Indiscrétions ? Je peux rester à la maison avec les enfants et la nounou. Du moins un moment. Ou on peut venir habiter à la Nouvelles Orléans. On aura une maison, la famille, mais pas de boulot. »

« Harper, où te sentirais-tu le mieux ? Qu’est-ce qui te rendrait heureuse ? Tu sais que je me suis demandée si je voulais même renouveler mon contrat. »

« Toi tu me rends heureuse. Je veux être là où tu es. Et je veux que tu fasses ce que tu veux. » L’une de nous pourrait continuer de faire carrière, justement parce que moi je ne peux pas.

Kels commence à rire et je suis sur le point de protester quand elle s’explique. « Hmmm, je vois que ça va être une discussion en boucle. Tu veux rentrer à la maison ou rester à New York ? Où penses-tu avoir le plus d’opportunités ? »

« Je pense qu’on tourne en rond même avec ces questions-là. Peut-être qu’on ne devrait rien décider pour le moment. Tu as un contrat. Il ne reste que quelques mois. Je peux m’occuper. » Il va sûrement me falloir du temps pour apprendre à lire en Braille et utiliser un chien d’aveugle. Kam va avoir un petit frère.

Elle se penche et m’embrasse sur la joue. « Je pense que c’est un bon plan, mon cœur. Je pense qu’on met la charrue avant les bœufs. »

Ma femme ; Une éternelle optimiste. En tous cas, tant que je suis concernée. « On verra bien. »

Sans jeu de mots.

 

* * *

 

Je me réveille tôt. Le stress des jours précédents a fini par me rattraper hier soir. Je me suis endormie sur le canapé en bas et papa a dû m’aider à monter. J’espère que c’est Kels qui m’a déshabillée.

Kels est toujours endormie et elle ronfle doucement. Bien, elle a besoin de repos. Je peux m’occuper de moi. Du moins, il faut que j’apprenne. Je lui embrasse l’épaule et je roule sur le côté avec précautions. Seigneur, qu’on m’enlève cette attelle et qu’on me l’enlève maintenant. Combien de semaines encore ? Quatre au minimum, six peut-être. C’est une plaie pour m’habiller.

Je me fraye un chemin – très lentement et avec soin – jusqu’à la commode et j’ouvre le tiroir du haut à droite. J’en sors une culotte et un soutien-gorge, extrêmement reconnaissante à Kels de ranger ses affaires à part. Je peux les enfiler, pas de problème.

Je mets la culotte. Vous voyez, pas de problème.

Je tente d’imaginer comment mettre le soutien-gorge. Je sais le faire, bien sûr, mais avec une main valide en moins…

Je retourne à la commode. Je sors un haut et je remplace le soutien-gorge. Je passe mon bras avec soin dans la bretelle et je l’enfile. Arrêt suivant, l’armoire. J’ouvre la porte et je commence à tâter avec soin les vêtements sur les cintres. Lorsque je trouve un jean, je le décroche et je le tiens près de moi.

Hmm. Il m’arrive au mollet et a un élastique sur le devant. Je présume que c’est un des pantalons de grossesse de Kels. Je le remets avec soin sur le cintre et le raccroche dans l’armoire. Le suivant n’a pas d’élastique alors je me dis que j’ai gagné le gros lot.

Prochain arrêt, une chemise. Toutes celles que j’ai vont avec les jeans, alors j’en prends une au hasard. C’est la bonne taille alors j’ai de la chance. Je navigue avec précaution jusqu’à la chaise et je m’assieds. La dernière chose dont j’ai besoin, c’est d’essayer d’enfiler mon jean, de perdre l’équilibre et de m’assomer bêtement.

Je décide de me passer de chaussures pour l’instant. Kels ne met pas nos chaussettes en boule, elle dit que ça élargit l’élastique. Alors mes chances de trouver une paire qui va ensemble vont de rien à infinitésimal. Je suis déjà contente d’être levée, habillée et à peu près correcte.

Il ne me reste plus qu’à ne pas me tuer en tombant dans l’escalier.

L’odeur de la saucisse cuite me guide sans erreur vers la cuisine.

« Ah voilà ma gamine ! » me salue Papa en se levant de table. Il vient vers moi et dépose un baiser sur ma joue. Il m’accompagne gentiment jusqu’à la table et tire une chaise pour moi. « Où es ta petite copine ? »

« Elle dort. »

Il me serre l’épaule. « C’est bien. Il faut que j’aille au bureau un moment. On a organisé une petite fête ce soir ici. J’espère que Kels et toi n’avez pas d’autres plans. »

Je ris. « Ouais, c’est ça. Notre agenda social déborde ces temps-ci. »

« Bien. » Il m’embrasse à nouveau et va faire de même avec Mama. Je me souviens avoir été scandalisée gamine par les échanges affectueux entre eux. Bon sang, gamine, que dire d’adulte. C’est une chose que j’ai apprise de mon père, ne jamais avoir peur de montrer au monde qui on aime.

« Petit déjeuner ? »

« Mais oui, Mama », je réponds rapidement. Quelqu’un qui sait faire les saucisses, les œufs et la sauce à la crème est d’une espèce rare. Surtout en Californie ou à New York. J’ai demandé de la sauce une fois avec mon petit déjeuner et on m’a apporté de la sauce brune. De la sauce brune. Doux Seigneur, les gens sont tarés ou quoi ?

« Tu as l’air d’aller, Mon Cœur. »

« Merci mama »

Après m’avoir embrassée, elle retourne au fourneau. « Je suis contente que tu laisses Kelsey se reposer. Elle en a besoin, sans mentionner mes petits-enfants. »

Je me pends. C’est la version de Mama d’une sacrée réprimande. « Je sais. »

« Comment ça va vous deux ? C’est difficile de gérer un nouveau mariage. »

Je hoche la tête. « Ça l’est, oui. Mais heureusement, on a de bons exemples tout autour de nous. »

Mama travaille calmement et efficacement pour finir le petit déjeuner. Elle apporte une assiette qui a des choses si appétissantes, que je manque m’évanouir. « Je suis contente de voir que tu as dépassé la pitié pour toi-même. »

Bonjour à toi aussi, Mama. « J’y viens. »

« Les œufs en bas, la saucisse à droite, les pommes de terre à gauche », m’informe Mama. « J’étais prête à te taper. Te voir mettre ta femme dans cette situation… » Elle s’interrompt, visiblement trop irritée pour continuer. « Tu es peut-être aveugle mais pas handicapée. Tu es une des personnes les plus talentueuses que je connaisse. Tu trouveras ta voie. »

« Oui. »

« Bien. »

Contente que ce soit réglé.

« Je suis fatiguée de ces atermoiements. Ton bureau doit savoir comment tu vas et quand tu seras prête à y retourner », reprend-elle.

« Mama… » Je commence à protester.

« Non ! Je me suis tenue tranquille deux semaines et c’est bien assez long. Il faut que tu cherches en toi le courage que j’espère que ton père et moi avons instillé. Tu penses être la seule aveugle dans les médias ? Sûrement pas ! »

Je hoche la tête silencieusement.

« Mange ! Tu n’as pas faim ? »

Je ne peux pas m’empêcher de rire. Seule une mère peut vous crier dessus et ensuite se mettre en colère que vous ne mangiez pas pendant qu’elle le fait. « Oui, Mama. J’avais peur, c’est tout. »

Elle ricane et j’imagine l’expression qu’elle doit avoir sur le visage à cet instant. « Tu pouvais. »

 

* * *

 

« Viens, Tabloïde. » Elle me tire par la main. « Sortons nous asseoir dans le jardin. J’aimerais te parler de quelque chose. »

« N’importe où sauf le hamac. C’est trop dangereux. » J’ai failli me tuer en en sortant l’autre fois. Je ne veux pas que Kelsey y retourne. J’ai été assez stupide pour la laisser y aller l’autre jour mais je ne voyais pas au bout de mon propre nez.

« D’accord », dit-elle en grognant. « Un hamac n’est pas un endroit pour une femme enceinte. Les oiseaux qui m’ont vue m’en extirper l’autre jour étaient tellement effrayés qu’ils ne sont pas revenus. »

Je ne peux pas m’empêcher de rire à cette image. Ce qui me vaut une tape joyeuse tandis que nous marchons lentement jusqu’au porche et en bas de l’escalier. Elle me tient la main et me guide dans le jardin. « Et sous un arbre ? » Demande-t-elle.

« D’accord. »

Elle m’aide à m’installer le dos contre le tronc. Puis elle se joint à moi, s’asseyant entre mes jambes, se relaxant contre ma poitrine. Kels amène ma main à l’endroit où les bébés sont le plus actifs.

« Brennan est en verve aujourdh’ui, pas vrai ? » Je demande, sachant que je n’ai aucun moyen de savoir si c’est notre fille ou Bébé Gourou Timide. J’adore la sensation quand ils jouent et bougent sous ma main.

« Je pense qu’elle a besoin d’un calmant », me dit Kels en se blottissant contre moi.

« Qu’est-ce que tu proposes ? »

« Je pense qu’une histoire ferait l’affaire. Je pense qu’il est temps qu’on commence à lire pour eux, Tabloïde. »

« Je présume que c’est toi qui vas t’en charger, mon cœur. » Cette déclaration me brise le cœur. Je veux lire pour eux. Je veux leur raconter des histoires le soir. J’ai commandé tellement de livres pour eux. Je présume que c’est Kels et la nounou qui auront ce privilège. Oh bien, j’inventerai juste de meilleures histoires.

« N’en sois pas si sûre. » Elle me met quelque chose entre les mains.

Je le teste avec soin et je peux dire que c’est une sorte de livre. Après plus ample examen, je peux dire que c’est un ancien livre pour enfant. Ils sont toujours faits avec du carton et du papier plus gros. Puis mes doigts passent sur quelque chose avec laquelle je ne suis pas familière. « Kels ? »

« C’est ‘le Chat dans le Chapeau’, Harper. Une copie spéciale. Non seulement il y a des mots mais aussi des marques en Braille. » Elle me met les doigts sur les marques. « Si on devait arriver à ça – et je ne le pense pas – je sais que tu auras besoin de formation, mais je pense que ça pourrait être un bon moyen de commencer. Je vais le lire et t’aider à suivre pour que tu puisses apprendre à leur lire ce livre. »

Seigneur, que j’aime cette femme. Je me penche et je mets le nez sur sa nuque. « Je t’aime, Petit Gourou. Lisons ce livre à nos bébés. »

 

* * *

 

A six heures, la maison est pleine. Tous les frères d’Harper et leurs épouses sont arrivés et sont assis dans le séjour. Les enfants sont chez Gerrard et surveillés par les plus âgés des petits-enfants. Ce soir c’est un aspect spécial de l’humour Kingsley. J’espère être prête pour ça. Papa m’a dit de simplement me détendre et laisser les bonnes choses venir. Oh, et d’amener Harper en bas.

Ça je peux le faire.

Elle est dans notre chambre et écoute de la musique pour se détendre. La musique calme la bête sauvage. Ma bête sauvage en tous cas. Je pense que je vais la garder. « Salut, l’Etalon. »

Harper lève les yeux et me fait un grand sourire. Elle est de la meilleure humeur aujourd’hui. Je me demande ce qui se passe ? « Salut, Petit Gourou. »

« Tu veux bien descendre avec moi ? Je pensais descendre dans le séjour et regarder une vidéo. J’adorerais que tu me tiennes compagnie. »

Elle se met debout et me tend la main. « Ooh, une excuse pour se blottir dans le canapé », dit-elle d’un ton joyeux.

« Comme si on avait eu besoin d’une excuse avant. » Je commence à l’emmener en bas, tout le temps elle me tient l’arrière de la chemise de sa main valide. C’est étonnant de voir comme elle est adroite même avec l’atelle. « Du calme, Tabloïde. »

« Oh oui », dit-elle d’une voix rauque. « Je vais me calmer. Mais c’est la seule chose qui sera calme. »

Il faut que ma chère épouse prononce ces mots au moment même où nous passons le seuil du séjour. Tandis que les rires fusent, je deviens cramoisie et Harper se fige.

« Oh mon Dieu », marmonne-t-elle.

« Peut-être que tu aurais dû voir un podologue, Harper, pour qu’on t’enlève ce pied », dit Robie, le premier des frères à se reprendre.

Je note que même le bout des oreilles d’Harper est rouge. « Euh, peut-être que j’aurais dû mentionner que… »

« C’est une réunion de famille, hein ? » Demande-t-elle.

Papa amène une chaise au centre de la pièce. « Avance et assieds-toi, mon bébé. »

J’amène Harper près du siège et elle s’asseoit. Elle essaie de m’attraper mais je me mets hors de portée.

« Tu seras en sécurité ici », dit Renée en tapotant la chaise près d’elle. Robie se laisse glisser et vient se mettre entre ses jambes.

Papa me sourit d’un air gentil. « Nous sommes ici pour t’aider avec cette entêtée, Kelsey, pour voir si on peut lui inculquer un peu de bon sens. » Il touche l’épaule d’Harper. « La Conspiration de la Cuisine a travaillé d’arrache-pied pour trouver des moyens pour toi de t’adapter à ta situation actuelle. Alors, sans plus de chichis, qu’on commence. »

« Harper », dis-je rapidement, « mon amour, je te jure que je n’avais aucune idée. » Peut-être que mon rire n’arrange pas les choses.

Elle remue le doigt dans ma direction. « Je pense que tu protestes trop. Mais je t’aurai plus tard. »

« Je vais peut-être simplement rester tranquillement là », murmuré-je. Renée passe le bras derrière ma chaise et me serre les épaules.

« Très bien », dit Katherine en se levant. Elle fait signe à Gerrard de mettre une des petites tables devant Harper. « Puisque tu sembles penser que ta vue ne va pas revenir… »

« Un avis que nous ne partageons pas », dit Lucien.

Vas-y, Lucien. Mon beau-frère gagne plusieurs gros points dans mon estime avec ce commentaire. J’ai aussi remarqué que Rachel envoie des regards plus affectueux à son mari. Je pense que les blessures d’Harper ont pu aider à leur propre guérison. Je suis sûre que ce que nous vivons les a incités à voir ce qui pouvait être perdu sans prévenir.

« Nous avons décidé que tu aurais besoin d’aide pour la transition. Alors, nous sommes ici pour un senti-thon ce soir. » Sa déclaration est suivie d’une bordée de caquètements.

« On dirait que c’est ce qu’elle avait prévu pour Kels », ricane Jean depuis le canapé.

« Une chose pour laquelle tu es bonne », la taquine Robie, « si tu peux survivre à ta réputation. » Oh non, le défi a été plus que lancé. La participation de mon aimée est plus qu’assurée.

« Si tu réussis, tu gagnes des lunettes noires et une canne », continue Katherine.

Jean l’interrompt. « En fait, ce n’est pas vraiment une canne. C’est le grand parapluie de Papa. C’est le mieux qu’on ait pu faire en si peu de temps. »

Katherine passe les doigts dans les cheveux d’Harper. « Le mieux qu’on puisse faire parce que nous pensons que tu n’en auras jamais besoin. »

Seigneur, ce que j’aime cette famille. Ecoute-les, Tabloïde. Crois.

« Bon, comment on commence ce petit jeu ? » Demande Harper en croisant son bras valide sur son atelle.

« On n’a pas besoin d’un bandeau », fait remarquer Elaine.

« Mais si c’était le cas, je n’ai aucun doute qu’Harper et Kelsey en auraient un à portée de main », dit Mama.

J’enfouis mon visage entre mes mains tandis que la tout le monde éclate de rire. Je ne vais jamais survivre à son voyage à New York.

« Un de ces jours, rappelez-moi de vous dire ce qu’on considère comme de l’art à New York », continue Mama en sirotant un grand verre de thé glacé.

« Mama ! » Grogne Harper en rougissant violemment. « Sache que grâce à cette foutue expo, je ne peux plus apprécier un hot dog. »

Tous les frères sont éclatés de rire. Je sais qu’ils ne savent pas de quoi il retourne mais l’indignation d’Harper et la manière dont Mama se met à rire leur suffit et c’est contagieux.

« Voilà les règles, Harper. Elles sont simples. On te tend un objet, tu l’identifies. Si tu en trouves cinq tu peux être aveugle. Moins que ça et c’est fichu. »

« Apportez, » répond mon épouse d’un air prétentieux. Le premier objet qu’on lui tend est plutôt simple. Je me dis que c’est leur façon de la mettre dans le rythme. Katherine lui met dans la main et cela produit une grimace chez Harper. « C’est une chaussure. »

« Laquelle – Gauche ou droite ? »

Elle la tête notant la courbe subtile. « Gauche. » Harper renifle et fait une grimace très dramatique. « Et elle est à Robie. »

Une autre bordée de rires et on rend sa chaussure à Robie. « Tu te crois maligne », commente-t-il en remettant sa chaussure. Renée se penche et l’embrasse sur la tête pour le consoler.

« Je sais que je le suis. Plus que tu ne le seras jamais. »

Robie ricane. « Mais non ! Je ne pense pas. »

Je secoue la tête. Il n’a donc rien appris après toutes ces années avec passées avec ma femme ? Ça va être atroce.

Harper tourne la tête dans la direction de Katherine. « Je ne devrais pas jouer contre quelqu’un d’autre, Kat ? Pour que ce soit juste. » Une volée de sifflets, de bruits de pieds et de cris accueillent cette suggestion. Je devine que c’est approuvé. « Kels, ma chérie, tu peux aller dans la chambre chercher le bandeau que tu aimes bien utiliser sur moi ? On dirait bien qu’on n’en aura plus besoin. »

Je vais la tuer quand ce sera terminé. J’évite le regard de Mama, je m’excuse rapidement et je fonce en haut. Note pour moi-même : ne jamais voyager avec ces trucs-là.

Quelques instants plus tard, Robie est assis en face d’Harper avec notre bandeau. La Conspiration de la Cuisine est rassemblée tout autour, s’adaptant à ce changement. Renée et moi sommes à l’écart tandis que nos époux se défient.

L’objet suivant est intéressant. « Tâte-le d’abord Harper mais ne dis rien. Tu ne veux pas aider Robie, pas vrai ? » Elle secoue vigoureusement la tête et le teste.

Katherine passe l’objet à Robie. « C’est facile », déclare-t-il.

« Alors dis-le moi », dit Katherine en se penchant pour écouter sa réponse murmurée. Une fois que c’est fait, elle se tourne vers Harper. « C’était quoi ? »

« La Bible de famille. Elle pèse une tonne avec des pages toutes fines. »

Robie se rehausse, « c’est un annuaire téléphonique. »

« Idiot, les annuaires téléphoniques n’ont pas de couverture en cuir », le réprimande Harper.

« Deux pour Harper Lee », dit Papa. « Zero pour Robie. »

« Hé, j’aurais deviné la chaussure ! »

Papa réfléchit à sa protestation un moment. « Un pour Robie. »

« Suivant », annonce Rachel en approchant l’objet. Je secoue la tête. Ces gens n’ont aucune honte. Elle le met dans la main de Robie. Il le teste et tapote le bout. Je lutte contre l’envie de rire. Renée est secouée dans la chaise près de moi, une main fermement collée sur sa bouche. « C’est fini », dit Rachel en retirant l’objet pour le tendre à Harper.

Celle-ci le teste et sourit d’un air matois. D’une poussée, elle extrait le contenu et le fait tourner autour de son doigt. « Je pense savoir ce que c’est », dit-elle d’un ton hautain.

« Bien sûr », confirme Rachel. « Robie ? »

Il bouge dans sa chaise, un peu moins prétentieux. « Je pense que c’est un crayon mécanique. Vous savez, de ceux qu’on utilise pour les tables à dessin. »

Tout le monde hurle de rire. Harper crie par-dessus le bruit. « Mon Dieu ! Tu n’a jamais vu de tampon dans ta vie, vieux frère ? » Avec une dextréité stupéfiante ou une chance incroyable, elle lance le bout de coton sur son frère. Il le touche pile sur la poitrine. Robie sursaute comme touché par l’éclair. Il l’attrape et le lance vers elle. Il atterrit sur Lucien. Qui le jette au sol et le piétine comme s’il pouvait le mordre ou quoi.

Je cherche désespérément de l’air.

« Je présume que tu n’as pas laissé une chance à Ren d’en utiliser, hein ? » Demande Harper.

Pour ces mots, Renée se lève et va frapper le bras d’Harper. « Attention à toi, Harper Lee. »

« Trois pour Harper, un pour Robie », confirme Papa.

Elaine apporte l’objet suivant. Je secoue la tête. Je me demande comment Tabloïde va faire avec celui-ci.

« Je veux parier sur celui-là ! » Dit Jean. « Vingt qu’elle ne trouve pas. »

« Je suis », réplique Gerrard. L’argent commence à changer de mains.

Harper a l’objet la première. Elle le prend dans ses mains et le teste, le frottant entre ses doigts. Ensuite elle le porte à son nez et renifle, avec précautions. Elle le rend.

Robie le prend et rougit immédiatement. Il l’a visiblement identifié. Elaine se penche pour qu’il donne sa réponse tout bas. Elle se tourne vers Harper et dit, « qu’est-ce que c’est ? »

« Un ballon ? »

Oh mon pauvre bébé. Elle n’en a jamais vu avant, je pense. Du moins pas d’aussi près. Des rires encore plus salaces. Gerrard tend vingt dollars à Jean.

« Non, c’est un préservatif », déclare Robie. Il tourne la tête vers l’endroit où se trouvait dernièrement Mama. « Je n’en ai vu en pub qu’une seule fois, Mama, je le jure. »

Gerrard rit. « Eh ben, c’est évident, Robie. Sinon quel bien ça t’a fait. »

« Hé ! Ça suffit ! Assé ! » Dit Renée d’un ton de réprimande en lançant un méchant regard à Gerrard.

« Trois pour Harper, deux pour Robie. » Papa fait une marque sur un bout de papier comme si l’un de nous pouvait douter de lui.

L’instant d’après, Mama vient vers Renée et moi et nous met debout. Elle nous fait signe de soulever nos chemises pour exposer nos ventres. D’accord, ce n’est pas une chose que j’imaginais faire devant toute la famille. Mama nous emmène ensuite devant nos époux. « Laquelle est la vôtre ? » Demande-t-elle.

Elle met la main de Robie sur mon ventre et le laisse tester un peu. Puis elle me met devant Harper. Celle-ci se focalise sur l’activité des bébés alors que Brennan choisit ce moment pour donner un bon coup de pied. Elle sait qui nous sommes. Elle lève les yeux vers moi et, tandis que ses doigts continuent à gratter l’endroit où Brennan semble jouer avec elle, pendant un instant, je sais qu’on peut se voir quoi qu’il arrive. Ce regard bleu me fait tomber amoureuse d’elle à chaque fois.

Puis Mam met Renée devant Robie. Il tâte un moment avant qu’elle ne soit placée devant Harper. Nous sommes ensuite autorisées à rejoindre nos sièges.

Mama se penche pour écouter la réponse d’Harper et sourit. Robie a l’air un peu stressé. Ooh, il ferait mieux de ne pas se tromper. Renée n’aimerait pas qu’on la confonde avec une femme qui attend des jumeaux.

« Je pense que la première, c’était Renée », risque Robie.

Pauvre Renée.

« Bon sang non, c’était Kelsey », corrige Harper au milieu des rires. « Ma petite fille m’a même saluée. »

« Chérie ? » Robie appelle d’une voix vraiment pitoyable. Il sait qu’il a de gros ennuis.

« Ne me parle pas. »

Je me penche et je fais un câlin à Renée. « Il y a une chambre de libre près de la nôtre. » Bien sûr je suis très fière d’Harper.

« Qautre pour Harper. Deux pour Robie. »

Rachel s’approche à nouveau d’eux. « Ta dernière chance pour être aveugle, Harper. Comme tu le sais, une correcte identification des gens est essentielle. Vous allez toucher le visage de deux personnes de cette pièce. Ensuite il faudra les identifier correctement. Vous ne pouvez sentir que leur visage, pas leurs cheveux ou quoi que ce soit. Compris ? » Les deux candidats acquiescent.

Elaine et Katherine s’avancent, leurs cheveux tirés en arrière. Elles s’agenouillent près de chaque chaise et le test commence. Je dois réfréner un rire quand Robie manque mettre ses doigts dans le nez d’Elaine. Elle n’est pas trop joyeuse non plus mais elle réussit à ne pas émettre un son qui dévoilerait son identité. Je me demande si c’était le plan de Robie. Harper se contente d’être perplexe.

Elaine et Katherine changent de place. Une fois encore, Robie tente le plongeon de doigts, ce qui me convainct que c’était intentionnel. Harper n’a pas l’air moins confuse.

Robie murmure sa réponse à Rachel. Harper fait la grimace. « Je pense que la première c’était Elaine et la seconde Katherine. »

Pas mal, sauf que c’était le contraire.

Robie secoue la tête. « Non, la première c’était Mama et la seconde Elaine. »

Ouille ! Elaine vient de se faire appeler Mama. D’accord, ça aide un peu que Mama soit une femme magnifique et j’espère que je lui ressemblerai quand j’aurai soixante ans, cinq enfants et onze petits-enfants. Mais je doute qu’Elaine apprécie cette raison.

« Raté », répond Rachel sans s’inquiéter d’adoucir le coup pour aucun des deux. Elle regarde Tabloïde. « Dommage, Harper. Je t’ai toujours trouvée fichument bien avec des lunettes de soleil. »

 

* * *

 

Kels et moi montons. L’un dans l’autre, ça a été une très belle soirée. Ma famille, à sa façon très spéciale, m’a vraiment montré que je peux et que je vais surmonter aussi cet obstacle. Je me sens remplie d’un espoir renouvelé que ma vue revienne.

Mais peu importe ce qui se passe, je suis assez maligne pour savoir que je ne serai pas capable de faire quoi que ce soit sans l’amour et le soutien de la femme qui marche près de moi.

D’où est-ce qu’elle tire sa force ? D’abord, le truc qui s’est passé à Los Angeles aurait rendu plus d’une personne folle. Maintenant ça et elle continue à avancer sans accroc.

Je resserre ma prise sur son bras. Elle a appris que c’est mon signal pour ‘Ralentis, bon sang’. Je me demande comment elle peut marcher aussi vite étant donné le ventre qu’elle arbore. Quand elle se tourne vers moi, je ne lui donne pas l’occasion de parler. Ma main remonte son bras, son épaule, sa nuque et sa joue. « Harper ? »

« Chhh. » Mon pouce effleure sa lèvre inférieure, me disant où je dois être et je me penche. Bingo ! Bon sang, je suis bonne. Oh, et elle a un goût sucré. Comme la première fois où je l’ai embrassée dans cette petite pièce. Cette fois nous n’avons pas à nous arrêter. Je finis par comprendre qu’elle a besoin de reprendre de l’air.

Elle halète, ses mains serrées sur mon biceps. « Eh bé, Harper Lee. Ça vient d’où ça ? »

« De mon cœur », je murmure, mon pouce traçant à nouveau sa lèvre inférieure.

Je jure pouvoir entendre son sourire. « Tu es gentille », me dit-elle, sa main venant le long de ma joue.

« Tu es fatiguée ? »

« Qu’est-ce que tu as en tête, Tabloïde ? »

« Comme je ne peux pas jouer à cache-cache pour l’instant, et si on jouait à frappe et chatouille ? »

« Seulement si je peux frapper. » La voix de Kels est basse et dangereuse à mon oreille. Je sens sa respiration sur mon visage. Une de ses mains est sur ma nuque, emmêlée dans mes cheveux et une autre sur mon dos, les ongles passant doucement sur ma peau sous la chemise.

« Bien sûr », réussis-je à couiner. Comment elle fait ça ? C’est moi qui ai commencé. Comment ça a pu se retourner contre moi ? Pas que je me plaigne, oh Seigneur Jésus, mais aucune autre femme n’a jamais eu ce pouvoir sur moi.

« Pour le fun, je pourrais bien ajouter un chatouillis ou deux. » Elle me prend par la main et m’emmène vers l’inconnu.

Vous savez, il y a peut-être du bon à ne pas voir. Ça me force à utiliser mes autres sens encore plus. Je sens son parfum comme jamais, la senteur subtile me grisant. Sa peau est bien plus douce que je ne l’avais jamais remarqué, elle bouge comme de la soie sous mes doigts. J’entends son cœur battre à un kilomètre, du moins on dirait. Je l’écoute respirer, j’entends chaque changement de rythme, jugeant ses réponses de cette manière.

J’entends la porte de notre chambre se fermer, très doucement, tranquillement. Puis ses mains remontent le long de mon dos. « Tu as suggéré un jeu ? »

Je hoche la tête comme une idiote.

« Hmmm, je parie », commence-t-elle en pénétrant plus avant dans la chambre, « que je peux trouver plein de choses sympas à faire avec toi. »

Bon, arrête de parler, Petit Gourou, et vas-y. Parler, comme on dit, ça ne vaut pas grand-chose.

Je suis contre le lit, mes jambes touchent le bord. En temps normal, je lutterais contre le sentiment de tomber en arrière. Mais la simple pensée de ce que mon épouse a planifié pour moi me fait fléchir les jambes et je tombe.

Je suis allongée à écouter et essayer de deviner ce qu’elle fait. C’est amusant de manière bizarre. Un peu comme d’avoir un bandeau que je ne peux pas enlever. Même quand on jouait avec un bandeau avant, je trichais et j’essayais d’apercevoir de temps en temps. Pas de tricherie ici.

Tandis que je la sens s’installer entre mes jambes, je suis heureuse de ne pas pouvoir tricher. Chaque nerf de mon corps essaie de s’échapper envoyant des secousses. Je ne suis même pas encore nue. Bon sang, elle est bonne.

Elle va me tuer ce soir. Quelle façon de mourir en tous cas ! Ils n’arriveront jamais à enlever le sourire sur mes lèvres. Il faudra un cercueil fermé pour éviter les questions embarrassantes.

J’entends le bruit de mes bottes qui tombent après qu’on me les ait enlevées. Ses doigts voyagent le long des boutons de mon jean, les libèrent lentement, le dos de sa main passe sur la peau de mon ventre tandis qu’elle les déboutonne. Elle essaie de me tuer. Et elle ne dit pas un fichu mot. Je serre la couverture sur le lit. Je sens mes tétons durcir et je grogne.

« Doucement, doucement », me taquine-t-elle.

« Mors-moi », je la taquine à mon tour.

« Oh je vais y venir, ne t’inquiète pas. »

Oh Seigneur.

Elle tire sur la ceinture de mon jean. « Soulève-toi. »

Je peux le faire. Je le fais et tout est retiré d’un coup. Et tombe sur le sol avec un léger bruit. Hmmm, nue depuis la taille, aveugle et piégée dans une petite chambre avec une femme lubrique. Je pense que j’ai déjà eu ce fantasme.

Ses mains voyagent légèrement de mes genoux à l’endroit où mes jambes rejoignent mon torse. Seigneur, je n’ai jamais réalisé combien de terminaisons nerveuses j’avais dans mon corps. Elles hurlent toutes le nom de Kelsey. Elle a une foutue escouade de Pom Pom Girls là-dedans. Soudain, ma chemise est repoussée de mon nombril et sa bouche atterrit là, déposant des baisers chauds et humides.

« Kels… » Je grogne.

Ma main valide se fraye un chemin vers elle. Je passe les doigts dans ses cheveux, c’est tout ce que je peux peux faire pour éviter de devenir exigeante. Il y a une chose que j’ai apprise en faisant l’amour avec ma femme, c’est qu’on n’exige pas. Celle qui exige, souffre.

Je commence à quémander. Dans des situations comme celles-ci, c’est la seule réponse raisonnable. « S’il te plait ? »

Je la sens hocher la tête et descendre. Elle doit être agenouillée. Je commence à me demander si elle est à l’aise mais vite toute pensée rationnelle m’est arrachée.

« Sainte Mère ! »

 

* * *

 

Je suis dans ses bras et je laisse avec contentement sa main voyager sur mon corps encore et encore. Elle réapprend où sont les choses. Bon sang, et elle apprend, je lui donne volontiers un 20 sur 20.

A ce rythme, elle va avoir son diplôme avec les honneurs. J’y pense, après qu’elle aura recouvré la vue, que les jumeaux seront là et que je me serai remise en forme, il faudra qu’elle prenne un cours de rattrapage. Pauvre de moi. Je présume que je vais devoir la tutorer.

Je relâche une profonde inspiration et j’essuie une goutte de transpiration qui traine sur mon front. « Bien, Tabloïde, maintenant que j’ai trouvé mes esprits… »

Elle rit. Seigneur, elle est si prétentieuse. C’est ce que j’aime chez elle. Ça m’a manqué ces denriers temps.

« Comme je le disais », je lui donne  un petit coup dans les cotes, « je me souviens que tu as dit un jour, peu de temps après qu’on se soit rencontrées, que tu pourrais me faire l’amour avec un bandeau et une main dans le dos, et que ce serait le meilleur sexe que j’aurais jamais. »

« Oui oui », ronronne-t-elle, le sourire s’élargissant sur son visage.

« Tu ne mentais pas. »

 

<fondu enchainé>

A suivre épisode 2

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Bien que cette série soit inspirée par quelques faits réels, il s'agit d'une œuvre de fiction et les références à des personnes ou des organisations réelles ne sont incluses que pour donner un certain air d'authenticité. Tous les personnages, principaux ou secondaires, sont entièrement le produit de l'imagination des auteurs, ainsi que leurs actions, motivations, pensées et conversations, et aucun des personnages ni des situations qui ont été inventées pour eux n'ont pour but de représenter des personnes ou des événements réels. En particulier, les descriptions des chaînes de télévision CBS et NBC ne sont pas destinées à représenter ces sociétés, ou aucune des personnes y travaillant, mais sont seulement utilisées afin d'apporter un sentiment d'authenticité à cette œuvre de fiction.

 

 

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Commentaires
F
Ah.. Pas de logiciel mais si on tape Fryda sur google, on peut arriver sur Afroditi Fryda, Xena n est jamais loin ;-)<br /> <br /> Merci thea!
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T
J'ai passé ma semaine de Noël à lire cette excellente fiction... Merci aux auteurs, aux traductrices et aux éditeurs...<br /> <br /> <br /> <br /> Dommage que google n'ai pas un logiciel du nom de Fryda, ça irait plus vite, mdr<br /> <br /> <br /> <br /> Encore tous mes voeux pour la nouvelle année
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F
Et merci aux lecteurs et lectrices assidus ;-)
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I
Tu nous connais bien Fryda:cadeau en plein dans le mille(et je sais que tu sais viser!).<br /> <br /> <br /> <br /> Bonne fin d'année ! ;-)<br /> <br /> <br /> <br /> Isis.
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J
Très beau cadeau de Noël !!! Merci à vous :)
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