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27 octobre 2013

Cible mouvante,chapitre 20

 

 

MOVING TARGET par Melissa Good

CIBLE MOUVANTE

Partie 10

Traductrice : Gaby

 

Chapitre 20

Ils avaient envahi toute la table de conférence. Hans avait étalé ses listings sur la moitié de la table, et Dar avait des dessins de routeurs et de commutateurs qui recouvraient toute l'autre moitié alors qu'elle se concentrait sur l'écran de son ordinateur portable. Elle était penchée sur la table, les jambes enroulée autour des pieds de sa chaise, et elle se balançait doucement d'avant en arrière en tapotant sur sa souris d'un geste impatient. « Vous envoyez encore trop de données, Hans. »

« Mais non ! » Insista Hans. « Regardez, regardez ici. » Il poussa un papier devant elle. « Vous voyez ? C'est juste ce dont le programme à besoin. Rien que ça. »

Dar attrapa le papier et l'étudia, en suivant le code du doigt. Elle plissa le front, puis elle prit une autre page, son regard glissant sur les lignes de textes à la recherche de quelque chose. « Ah... ah... »

« Quoi ? » Hans se leva, fit le tour de la table, et s'appuya contre la surface en bois pour regarder par dessus son épaule. « Il n'y a rien ici. »

« Là. » Dar pointa une ligne de code du bout du doigt. « Regardez ce que vous avez là. »

« Il n'y a rien ! »

« Vous envoyez tout l'écran d'un coup. »

Hans se rapprocha, touchant presque le bras de Dar en observant attentivement le papier. « Et alors ? »

« Alors c'est comme un envoi de paquets ininterrompu, et ça prend toute la largeur de bande. » Dit Dar. « Vous envoyez des couleurs, Hans, sous forme de bits. Vous ne devriez envoyer que des vecteurs. »

Il fixa le bout de papier. « Tout réécrire ? Vous voulez rire ! »

« Pas du tout. Vous envoyez des vecteurs, ça ne prend que quatre bits, ce n'est qu'un petit paquet. » Argumenta Dar. « Changez ça. Je vais vous montrer. »

Hans prit le papier et s'assit, fronçant les sourcils. « Non. Je ne peux pas le changer. »

« Donnez moi ça. Je vais le faire. » Dar tendit la main. « Montrez-moi votre plan. »

« Non. » Refusa Hans. « Vous ne comprenez pas, Dar. Si je change ça, le programme complet doit être modifié. »

Dar le regarda. « C'est vrai. »

« Je ne vais pas changer tout mon programme. Ce n'est pas ce que nous avions convenu. »

« Vous étiez d'accord pour faire marcher leur programme. C'est ce que vous devez faire. » Dit Dar.

« Non, vous allez changer votre réseau pour leur permettre de mieux travailler. » Hans secoua la tête. « Je ne vais pas réécrire tout mon programme maintenant. »

Dar se leva dans un mouvement brusque qui envoya valser sa chaise derrière elle. Elle marcha vers la fenêtre et regarda dehors. « Hans, ça va marcher. »

« Beuh. » Hans poussa un tas de papier hors de sa vue. « Ça serai beaucoup plus facile si vous leur laissez juste plus de place. »

« Ils devraient payer pour ça. »

Hans haussa les épaules. « Le monde tourne avec ça. »

Dar se retourna et s'appuya contre la fenêtre. « Hans, arrêtez votre baratin. Ils vous ont engagé pour avoir un programme qui fonctionne. Vous leur avez donné un gros éléphant blanc puant. »

« Absolument pas ! » Répliqua-t-il en frappant ses mains sur la table. « Le système marche comme il est écrit ! Comme il est écrit ! Je ne vais pas le changer ! »

« Vous le ferez. » Dar réduisit l'espace entre eux et posa ses poings sur la table, se penchant vers lui. « Parce que je ne vais pas demander à mes clients de payer plus pour une mauvaise programmation. »

« Vous ne pouvez pas dire ça ! » L'avertit Hans. « En aucun cas je ne... »

Dar bougea soudainement, se rapprocha de lui et baissa la voix. « Oh si vous allez le faire. » Grogna-t-elle. « Alors mettez vous ça dans la tête, vous allez faire ces changements. Vous allez les faire ou j'appellerai le département juridique et on pourra commencer à rédiger une rupture de contrat. »

« Vous ne le ferez pas. »

« Bien sûr que si. » Dit Dar d'une voix rauque. « Alors vous allez vous asseoir et faire le changement. » Elle le montra du doigt. « Parce que vous savez foutrement bien que j'ai raison. »

« Pas du tout ! »

« J'AI RAISON ! » La voix de Dar monta jusqu'à une tonalité impressionnante.

Hans la fixa d'un air mauvais. Dar garda son regard planté dans le sien, refusant de se détourner. Il se repoussa de la table et lâcha son stylo, puis il sortit de la salle en claquant la porte derrière lui.

Dar se redressa en reniflant et elle se réinstalla dans sa chaise. « Hmm. » Elle croisa ses chevilles. « J'avais oublié à quel point j'adorais faire ça. » Elle leva les yeux quand la porte se rouvrit, prête à reprendre la discussion, mais elle se retint en voyant Meyer à la place. « Bonjour. »

Il hocha légèrement la tête vers elle. « Ça ne se passe pas très bien à ce que je vois. »

Dar cligna légèrement des yeux vers lui. « Je pense que ça va très bien au contraire. » Elle vérifia sa montre. « Ça ne m'a pris que quatre heures pour comprendre quel était le problème. Avec un peu de chance, je pourrais l'obliger à régler ça en moins d'une décennie. »

Meyer posa ses mains sur le dossier d'un grand fauteuil et la fixa. « Si vous en avez la chance. Et je ne pense pas que vous l'aurez. Je pense que vous avez mis notre ami Hans tellement en colère qu'il est en train de partir. » Il lui sourit sinistrement. « Alors je pense que votre grande découverte prend l'eau. »

Dar s'adossa et entremêla ses doigts derrière sa tête. « Malheureusement pour vous, je pense qu'il a plus d'intégrité que ça. » Fit-elle remarquer. « Pas que vous puissiez en reconnaître si vous en voyiez. »

« Bon Dieu, vous vous prenez pour qui ? » Demanda le vice-président d'un ton colérique. « Vous pensez que vous pouvez venir ici et m'insulter comme ça ? Je suis votre client ! »

La porte s'ouvrit de nouveau et cette fois Stewart Godson entra. « Et bien, bonjour à vous deux. » Il sourit, apparemment inconscient des nuages noirs qui planaient au-dessus de la table de conférence. « Comment ça se passe ? Vous avez fait des progrès ? Je vois que vous avez pas mal de documents. »

« Excusez-moi monsieur. » Murmura Meyer, passant près de son patron pour quitter la pièce.

Godson le regarda partir, puis il se tourna vers Dar. « Est-ce que j'ai interrompu quelque chose ? Je suis sûre que vous pourriez vous entendre si vous aviez l'occasion de mieux vous connaître. Ce n'est pas un mauvais bougre, Dar. »

« C'est un intriguant puant qui veut votre boulot et qui a le talent d'un pot de cornichons. » Répondit Dar d'une voix un peu traînante. « Faîtes attention à lui, Stewart. Il va vous poser des problèmes. »

« Oh, allez, Dar. » Godson s'assit à côté d'elle. «  Vous voyez toujours le pire chez les gens, n'est-ce pas ? Il est bien. Il a fait du bon boulot pour nous, et pas seulement sur ce projet. »

Dar se demanda si son homologue était vraiment aussi inconscient. Puis elle se contenta de secouer la tête. « Quoi qu'il en soit. » Dit-elle. « Très bien, voici l'affaire, Stewart. » Elle s'assit et poussa une feuille de papier vers lui. « J'ai trouvé le problème. »

« C'est vrai ? Excellent ! » Godson était ravi.

« Ouais. C'est juste que Hans me donne du fil à retordre pour s'en occuper. » Dit Dar. « Alors je ne sais pas encore ce qu'on pourra avoir. » Admit-elle. « Surtout si votre gamin Meyer va le voir, et lui donne une raison de continuer à jouer les tête de mule. »

« Quoi ? Oh, bon, ça suffit maintenant Dar. Arrêtez ça. » Godson fronça les sourcils. « C'est un bon employé, et je n'apprécie pas que vous le rabaissiez de cette manière. » Dit-il. « Vous n'aimeriez pas qu'on parle de votre bras droit de cette façon, pas vrai ? »

Dar plia ses mains sur la table et prit une inspiration. « Non. » Répondit-elle d'un ton calme. »

« Bien. »

« Je n'aimerais pas qu'on parle comme ça de Kerry parce qu'elle est la meilleure dans ce qu'elle fait. » Continua Dar. « Et parce qu'elle s'est avéré être une personne très talentueuse et très intègre. Vous pouvez en dire autant de Meyer ? »

Godson fronça les sourcils.

« Vous lui faites confiance ? »

« Et bien, je... »

Dar se leva et marcha un peu. « Stewart, vous êtes mon client. » Elle s'arrêta et regarda de nouveau par la fenêtre, clignant des yeux quand elle repéra Hans dans la rue en bas. Il faisait des allées et venues sur le trottoir, la frustration évidente dans les lignes de son corps. Elle soupira, et choisit ses mots avec précaution. « Je ne veux pas vous mettre en colère. Je dis simplement ce que je pense. »

Elle observa son reflet dans la vitre alors que son visage prenait une expression songeuse. Bien. Peut-être qu'il allait réfléchir à ça. En même temps, ça laissait Dar à son problème qui arpentait le trottoir en bas.

Qu’est-ce qu'elle ferait si jamais elle n'arrivait pas à convaincre Hans ?

« Oh, je sais ça, Dar. » Répondit finalement Godson. « Écoutez, c'est moi qui vous ai demandé de venir, vous vous en souvenez ? Si je ne respectais pas votre opinion, pourquoi j'aurais pris la peine de vous appeler ? »

Pendant un instant, un doute étourdissant s'empara de Dar. Et ensuite ? Si le programmeur refusait de faire quoi que ce soit et s'en allait vraiment ?

« Dar ? »

« Ouais. » Dar déglutit avant de se retourner. « Désolée. Je réfléchissais. » Elle revint vers la table et se rassit. Qu'est-ce qu'elle ferait alors ? Elle baissa les yeux vers l'ordinateur portable de Hans, posé près du sien, comme une invitation. Est-ce qu'elle pouvait prendre le code, et s'il refusait simplement le faire elle-même ?

Godson serra ses mains l'une contre l'autre. « Bon, écoutez, Dar. Pourquoi est-ce que vous ne me laisseriez pas vous emmener, vous, Jason et Hans, dîner quelque part ce soir... hm ? On pourrait aller au restaurant Italien au coin de la rue. Qu'est-ce que vous en pensez ? D'ici ce soir vous aurez bien besoin de faire une pause, non ? »

Est-ce que c'était vraiment éthique ? « Stewart, vous pourriez me laisser jeter un oeil sur le contrat que vous avez avec leur compagnie ? » Demanda Dar. « Je veux juste voir si on a un peu de marge. »

Il haussa les épaules. « Bien sûr Dar... bien sûr. Laissez-moi juste appeler le service juridique pour en avoir une copie. »

« Merci. » Elle mordilla l'intérieur de sa lèvre. « On verra pour le dîner une fois qu'on aura fait le tour de ce qu'on a à faire aujourd'hui. »

« C'est honnête. » Godson se leva. « Je vais vous laisser alors... on dirait bien que Hans et vous êtes devenus comme cul et chemise ! »

« Oh, bien sûr, je vous ai vu... »

La porte s'ouvrit brusquement et claqua contre le mur dans un vacarme retentissant. Hans fit son entrée, passa près de Godson et posa ses mains sur la table en face de Dar. « J'ai pris ma décision. » Lâcha-t-il en allemand. « Et si vous n'aimez pas ça, alors tant pis pour vous ! »

Godson écarquilla les yeux comme des soucoupes. « Hé ! ... Ah... »

Dar se pencha en avant et posa son menton sur son poing. Elle plissa légèrement les yeux et laissa un sourire carnassier apparaître. « Parlez. » Répondit-elle. « Ou déguerpissez. »

Hans saisit le papier sur lequel ils s'étaient disputés et le secoua. « Je vais faire un, UN SEUL ! changement. Uniquement dans ce module, et ensuite vous me montrerez cette grosse différence que c'est supposé faire. Je verrai de mes propres yeux quel est le super problème que vous pensez avoir repéré. »

« Et si ça ne change rien ? » Demanda Hans. Qu'est-ce que vous ferez ensuite ? Parce que je ne ferai aucun autre changement. »

Est-ce qu'elle avait confiance en son analyse ? Dar se sentit inhabituellement incertaine.

« Alors ? » Lança Hans.

Stewart Godson les regardait l'un après l'autre, les yeux écarquillés et la mâchoire grande ouverte. « Ah... » Bégaya-t-il. « Tout le monde se détend un peu, okay ? »

Dar soupira. « Si j'ai tort, je lui donnerai la largeur de bande. » Dit-elle d'un ton calme. « Qu'est-ce que vous en pensez ? »

Hans se releva et l'étudia. Puis il grogna sous assentiment. « Bien. » Il lui tendit la main. « On est d'accord. »

Dar accepta sa poignée de main et la relâcha. Elle se rassit et Hans s'installa sur sa chaise, poussant presque Stewart hors de son chemin quand il attrapa son ordinateur et qu'il commença à taper les touches de son clavier avec de longs doigts agiles. Après un instant, elle leva les yeux. « On reparle du dîner plus tard, Stewart ? » Suggéra-t-elle en anglais.

« Euh... oui, bien sûr. » Godson leva une main et s'éloigna. « Je suis content que vous ayez .. euh... mis les choses au clair tous les deux. Écoutez, si vous avez besoin de quoi que ce soit, appelez-moi, okay ? »

« Sûr. »

Godson partit. Le silence s'abattit sur la salle de conférence, ponctué seulement par un marmonnement en Allemand et un bruit de clavier d'ordinateur. Dehors, les faibles sons de la ville étaient assourdis par les vitres épaisses, mais ils étaient de toutes les façons absorbés par l'air conditionné du bâtiment.

Dar laissa échapper un léger souffle et prit son pda. Elle l'ouvrit et tapa un nouveau message.

Ker ?

Quelques secondes plus tard, la lumière de message clignota.

Hé ! Comment ça va ?

Très bonne question. Très bien. Je pense que j'ai trouvé quelque chose. Comment ça va là-bas ? Répondit-elle, puis elle attendit une réponse qui prit un peu de temps pour arriver.

Ça pourrait aller mieux. Mais je suis tombée sur Michelle dans les toilettes.

Dar grimaça. Tu ne l'as pas noyée au moins, hein ? Cette fois la réponse arriva bien plus rapidement.

J'aurais aimé. Je veux juste que la journée se termine. Je suis crevée. Tu as une idée de quand tu vas revenir ?

Dar pouvait sentir la tristesse dans ses mots, et ça la rassurait un peu. Je saurai ça ce soir. Croise les doigts.

(sourire) Je croise tout ce que j'ai. Tu me manques.

Dar leva les yeux rapidement vers Hans, mais il était inconscient de sa présence, son attention complètement focalisée sur l'écran de son ordinateur, avec une intensité qu'elle reconnaissait bien. Elle reprit son échange. Pareil pour moi. Appelle-moi quand ta réunion sera terminée, okay ?

C'est promis. Je t'aime.

Je t'aime aussi. Dar referma son pda et mâchouilla le bout de son stylet d'un air absent. Hans travaillait dur, mais elle se mit soudain à se demander si elle ne pouvait pas simplement ouvrir les tuyaux et en finir avec ça.

Est-ce que rentrer à la maison ne vaut pas ça ?

Dar reposa son stylet, perdue dans ses pensées.

* * * * *

Kerry s'arrêta un moment devant la porte de la salle de conférence pour retrouver son calme. Consciemment, elle détendit ses épaules et redressa la tête, puis elle ouvrit la porte.

A l'intérieur, dix personnes étaient déjà installées autour de la grande table en chêne. Ils portaient tous leurs costumes, le pire que l'on pouvait porter par une chaleur pareille, et ils levèrent tous les yeux quand Kerry entra et s'avança vers la table.

« Bonjour. » Les salua brièvement Kerry. Elle posa sa mallette en cuir et son pda sur le fauteuil au bout de la table, et se dirigea vers le buffet garni pour se servir un verre de thé glacé. Même avec le dos tourné, elle pouvait sentir les regards sur elle, mais elle prit tout de même son temps pour se servir, elle rajouta une cuillerée de miel dans son verre et mélangea le tout avant de retourner à la place qu'elle avait choisie.

Sa salle de conférence, son fauteuil. Kerry s'assit et s'appuya contre l'accoudoir pour prendre une gorgée de thé en regardant la salle. « M. Quest ? On peut commencer ? J'ai un emploi du temps chargé après ça. » Bien sûr, si Dar avait était là, ça aurait été son fauteuil. C'était celui qu'elle utilisait quand elle était dans cette pièce, et si Kerry se concentrait assez fort, elle pouvait presque se convaincre qu'un soupçon du parfum habituel de Dar subsistait sur le cuir.

Comme si ça sentait le chien mouillé, Quest fila rapidement vers l'autre côté de la salle et s'assit dans le siège en face de Kerry. « Merci de nous permettre d'utiliser votre salle de conférences, Ms. Stuart. Je suis sûr qu'on apprécie tous d'être sortis de cette chaleur et de s'asseoir dans un endroit plutôt confortable. » Il regarda le reste des occupants de la pièce. « Vous pouvez tous vous installer ? Je n'ai pas vraiment envie de gaspiller... » Son regard se posa brièvement sur Kerry. « Le temps de qui que ce soit. »

« Bien. » Répliqua Michelle pour tout le monde. Elle prit un siège au milieu de la table, et Shari s'installa à côté d'elle. Elles portaient toutes les deux des tailleurs et malgré la chaleur, Michelle au moins était parvenue à garder un air de professionnalisme crispé.

Les représentants des deux autres compagnies restant en compétition s'assirent en face d'elles au centre, et les deux assistants de Quest le rejoignirent à l'extrémité de la table. Kerry saisit l'occasion pour se pencher en arrière pour poser un genou contre le le bord de la table. Et en plus elle portait une paire de jeans !

C'était franchement peu professionnel. Elle prit une gorgée de son thé. Mais bon, déjà que les manches de son tee-shirt de techno-maniaque étaient remontées sur ses bras et révélaient ses biceps... « Je suis contente que vous vous soyez senti assez à l'aise pour me demander de vous accueillir ici. » Dit Kerry. « Ces deux derniers jours ont été durs pour nous tous, j'en suis sûre. »

« Ça c'est sûr. » L'homme juste à sa droite soupira.

Il s'appelait Rickenback se souvint Kerry. Sa compagnie était une des plus grosses concurrentes d'ILS, alors que l'homme juste à côté de lui, John Sellars, venait d'une petite société d'externalisation du MidleWest. Ils avaient tous les deux des ingénieurs avec eux, que des hommes. C'était un intéressant contre-point à l'équipe de Telegenics, et à la leur.

La moitié était des hommes, la moitié des femmes. Kerry se demanda si Quest les avait délibérément choisis ainsi. Il paraissait assez bizarre et détaché pour le faire. « Tom, vous n'avez pas dit que votre hôtel n'avait plus de courant ? »

« Ouais. » Acquiesça Rickenback. « Je vous assure, on peut aimer ce marécage, mais on ne peut pas y tenir longtemps. » Il lui lança un regard tordu. « Comment faites-vous pour supporter cette chaleur toute l'année ? »

« On reste à l'intérieur. » Kerry attendit que les rires se fanent. « On boit beaucoup de ce genre de choses. » Elle leva son verre de thé glacé.

« Et vous ne portez pas beaucoup de vêtements. » Lança Shari.

Kerry l'ignora. « Bon M. Quest ? Vous avez la parole. Si vous avez besoin de quoi que ce soit comme matériel de présentation, dites-le moi. » Il n'y avait aucune raison de le contrarier plus, pas vrai ? « Nous sommes toute ouïe. »

Quest hésita, puis lui la remercia d'un hochement de tête avant de se lever et de marcher le long de la table, puis il se tourna pour leur faire face. « Merci à tous d'être venus jusqu'ici. » Dit-il. « Je réalise que le délai a été très court, et que nous avons tous eu des problèmes à régler ces deux derniers jours. Cependant, j'ai un projet qui doit commencer, et je n'ai pas le temps d'attendre que les choses s'arrangent. » Il s'éclaircit la voix. « Donc. »

Ils étaient tous pendus à ses lèvres, sauf Kerry. Elle resta confortablement installée dans sa chaise et sirota lentement une gorgée de thé glacé. Le goût de framboise et de miel emplit son palais, et elle observa du coin de l'oeil la réaction des autres personnes autour de la table qui attendaient que Quest commence son discours.

« J'ai entendu beaucoup de choses ces deux derniers jours. » Dit Quest. « J'ai entendu des propositions, et des concepts, et surtout... j'ai entendu beaucoup de conneries. »

Kerry haussa un sourcil, et sourit légèrement.

« Tout ce que j'ai entendu, ce sont des promesses et du brassage d'air. Vous pensez tous que vous pouvez faire le boulot. Mais je n'ai vu que de la paperasse et des écrans de fumée. » Continua Quest.

« Excusez-moi. » Intervint Shari. « Vous vous attendiez à quoi exactement ? Vous pensiez que nous allions apporter nos technologies pour les déposer sur votre bureau ? »

C'était, reconnut Kerry, une question étonnamment sensée. « Mr. Quest, vous avez eu nos propositions parce que c'est ce que vous nous avez demandé. » Ajouta-t-elle. « Vous vouliez avoir une démonstration de technologie ? »

« Ouais. » Rajouta Tom Rickenback. « Vous nous avez contactés pour répondre à votre demande de caractéristiques techniques... vous vous attendiez à quoi exactement ? »

Quest attendit qu'ils aient fini. Il se dirigea vers le mur où étaient exposés les certificats internationaux dans leurs beaux cadres. « Voici ce que j'attendais. » Il se tourna et posa ses mains sur ses hanches en écartant les pans de sa veste kaki. « Je veux vous voir en action. J'ai quatre navires que je dois équiper pour dans trois mois. Je veux que chacun de vous s'occupe d'un bateau, et que vous utilisiez votre argent plutôt que de votre bouche. »

Quoi ? Kerry posa son verre.

« Celui qui fera le meilleur travail pour le meilleur prix aura le reste de la flotte. » Quest croisa les bras sur sa poitrine. « Douze navires. »

Grand silence. Les occupants autour de la table se regardèrent. Kerry brisa finalement la tension avec un petit rire. « Okay, corrigez-moi si j'ai tort. » Dit-elle. « Vous voulez qu'on vous équipe quatre navires gratuitement, histoire que vous puissiez voir avec lequel de nous vous allez travailler pour les autres navires, parce que nous sommes tous capables de mettre un réseau sur pied n'importe où. »

Même Shari sourit d'un air narquois, nota-t-elle. Michelle lécha le bout de son index et fit un geste discret en l'air, puis elle s'installa dans son siège et croisa les bras.

Quest haussa les épaules. « Vous pouvez le voir comme ça si vous voulez. Mais c'est une vraie offre, et elle est écrite sur le papier. Alors. » Il s'avança et sortit quatre dossiers de sa sacoche, pour les poser sur la table en les faisant claquer. « A prendre ou à laisser, comme on dit. Soit vous êtes intéressé, soit vous partez, et si vous avez un peu de chance vous pourrez avoir un vol pour quitter la ville. »

Son assistant distribua les papiers autour de la table. Il finit par Kerry, s'arrêtant un peu loin d'elle, ce qui la força à tendre le bras. « Désolé. » S'excusa-t-il. « Tenez. »

Quest attendit qu'ils aient tous récupéré une copie du document. Puis il ferma sa sacoche d'un geste et la souleva. « Je serai à l'Intercontinental. » Dit-il. « Apportez vos exemplaires signés demain si vous voulez participer. » Il fit signe à ses assistants. « Merci encore, Ms. Stuart, pour nous avoir laissé utiliser vos locaux. Je suis sûre que tout le monde était bien plus à l'aise ici que dans la salle de conférences de l'hôtel. Il n'y a pas d'air conditionné là-bas. »

« C'était avec plaisir. » Murmura Kerry.

« Je n'arrive pas à croire que vous n'ayez pas encore réglé ce problème. » Commenta Shari. « Ça doit être presque aussi frustrant que de vivre avec Dar. »

Au lieu de rougir, Kerry sentit un frisson glacé la parcourir. Elle identifia le sentiment de colère avant qu'il ne la consume, et elle entendit le faible couinement du cuir quand elle se tendit instinctivement.

Elle garda les yeux sur le contrat, et se força à tourner la première page. Après avoir parcouru du regard le premier paragraphe trois fois sans réussir à le lire, elle leva les yeux et lança un regard calme à Shari. « Vous voulez que je claque des doigts pour que le courant revienne ? Bien sûr. » Kerry leva la main et claqua des doigts. « Vu que vous pensez que nous pouvons tout faire sans aucun effort. »

Les lumières de la pièce clignotèrent soudainement, et tout le monde leva les yeux, effrayé. Kerry se redressa légèrement et pencha la tête sur le côté quand elle entendit un ronflement bas, puis une série de claquements, avant que les lumières reviennent.

« Bon Dieu, c'était quoi ça ? » Demanda Tom. « Vous avez oublié de payer la facture de fuel, Kerry ? »

Kerry se gratta la mâchoire d'un air étonné. « Pas exactement. » Dit-elle. « C'était le générateur qui vient de s'éteindre. On est de nouveau sur le courant de la ville. » Admit-elle. « Alors je pense que vous allez pouvoir rentrer à votre hôtel et lire confortablement le projet de M. Quest. »

Quest inclina la tête dans sa direction. « Je suis sûr que je vais avoir de vos nouvelles à tous. » Il se tourna et fit une pause quand il croisa le regard de Kerry. « Merci d'avoir réglé ce petit problème, Ms. Stuart. Content de voir que vous êtes à la hauteur de votre réputation. » Il quitta la pièce avec ses assistants à la traine, et les autres se levèrent et commencèrent à partir.

« Et bien. » Tom jeta un coup d'oeil au contrat. « Je pourrais utiliser un de vos fax, Kerry ? Maintenant que vous avez remis le courant ? » Il sourit légèrement. « Je n'ai pas d'états d'âme pour vous piquer du papier et passer un coup de fil vu que vous avez l'avantage d'être sur votre terrain. »

Kerry pressa le bouton de l'interphone sur son téléphone portable. « Mayté ? »

Un moment plus tard, son assistante répondit. « Si ? »

« Tu peux venir dans la salle de conférences, s'il te plait ? J'ai besoin de faire porter un dossier au département juridique et quelques personnes ici ont besoin d'utiliser le fax de l'étage. » Kerry posa le document et mit ses mains sur la table.

« Ouais, il a raison. » Dit Shari. « On devrait bénéficier d'un avantage dans l'appel d'offres pour être coincés ici. Il faut qu'on fasse tout venir jusqu'ici »

Kerry resta silencieuse, et elle baissa le regard vers son pda avant de l'ouvrir et de commencer à écrire.

John Sellars parla, sa voix calme et douce. « C'est bien joué de sa part de vouloir avoir ces navires équipés, Kerry. » Dit-il. « C'est vraiment malin, si vous voulez mon avis. Il sait qu'il obtiendra tous les sons de cloches, et qu'on va devoir se battre pour avoir les prix les plus bas. »

« Mmh. » Kerry leva les yeux de son écran quand la porte s'ouvrit pour laisser passer son assistante. Mayté fit le tour de la table et vint au côté de Kerry, les yeux fixés sur sa chef. « Merci Mayté. » Elle lui tendit le contrat. « Tu peux leur dire que j'ai besoin que ceci soit passé en revue pour demain ? Et tu peux montrer le fax à ces messieurs ? »

« Bien sûr. » Mayté sourit à Kerry. « Vous savez que le courant est revenu ? Tout le monde est heureux, sauf quelques personnes qui, je crois, voulaient vraiment venir dormir dans votre bureau. »

« Les meilleures nouvelles que j'ai entendues de la journée. » Kerry lui retourna son sourire. « Tom ? Vous vouliez envoyer un fax ? Quelqu'un d'autre à besoin du télécopieur ? »

« Nous prenons nos propres décisions. » Lui assura Shari. « On n'a pas besoin de couvrir nos arrières par nos avocats. »

Tom se leva et attrapa son sac. « Alors vous êtes encore plus idiots que vous n'y paraissez. » Lui dit-il vivement. « Vous êtes les plus gros rustres que j'ai croisé depuis bien longtemps. Madame ? Après vous. » Il indiqua courtoisement à Mayté de le précéder. « Messieurs... mesdames... » Il posa les yeux sur Shari. « Et autres. Passez une bonne journée. »

Il partit, suivi de son associé. John Sellars et son assistant se précipitèrent après lui. « On va vous emprunter votre fax, Kerry, merci. » Il lui fit un petit signe de la main en disparaissant par la porte.

Ce qui laissait Kerry en compagnie de Michelle et Shari, une situation qu'elle n'avait pas l'intention de laisser perdurer. Elle attrapa donc sa tasse. « Excusez-moi. »

Michelle se releva à moitié. « Kerry, attendez. »

Parfois, son éducation distinguée était vraiment ennuyeuse. Kerry s'arrêta et attendit, un sourcil levé dans une bonne imitation de l'attitude de sa compagne.

« On peut vous inviter à dîner ? »

Kerry faillit rire. « Vous vous rire, pas vrai ? » Répondit-elle finalement. « Vous pensez que je vais écouter vos conneries toute la nuit ? »

Shari ricana. « Vous ne pouvez pas le supporter, hein. » Elle fit un geste de la main. « Aucun de vous n'a le sens de l'humour. »

Kerry se tourna pour partir. « Désolée. Je préfère aller dîner avec mon chien. »

« Allez, Kerry. » Michelle se leva et l'intercepta avant qu'elle n'atteigne la porte. « Nous allons devoir faire affaire ensemble sur ce foutu projet. Ne commençons pas de cette manière. »

Kerry la fixa, puis elle cloua Shari du regard, avant de revenir vers Michelle.

« En plus, nous savons quelque chose qui pourrait vous intéresser. » Michelle inclina la tête sur le côté. « Vous choisissez le lieu. »

Sur le point de dire non, Kerry s'arrêta en se rappelant ce que Dar avait dit au sujet des plans de Shari. Peut-être qu'elle pourrait lui faire poser ses cartes sur la table dès maintenant pour en finir avec ça. « Okay. » Décida-t-elle. « Je choisis, hein ? »

« Où vous voulez. » La rassura Michelle. « Ça ne pourra pas être mauvais. »

Kerry lui sourit méchamment. Aussi mauvais que je pourrais le faire.

* * * * *

Dar ouvrit la porte d'un coup de coude et entra. Hans était encore penché sur son ordinateur, jurant en allemand, et derrière lui, les rayons du soleil frappaient les fenêtres teintées à un angle particulièrement aigu. Elle posa une tasse à côté du programmeur et s'installa sur son propre siège. « Comment ça se passe ? »

« C'est la merde. Est-ce que vous savez combien de trucs je dois changer juste pour votre stupide test ? »

Dar sirota son cappuccino. «  Vous voulez que j'y jette un coup d'œil ? »

« Non. »

Les programmeurs. Dar reconnut facilement ses propres fiertés. « Ouais, je vous aurais donné la même réponse. » Admit-elle. « Gardez vos pattes loin de mon code. »

Hans leva brièvement les yeux vers elle, puis revint vers son écran.

Dar attrapa son pda et l'ouvrit pour y découvrir la lumière clignotante. Elle tapa sur le message de Kerry.

Hé chérie.

Quest vient juste de jeter un froid sur la table de conférences. Il veut qu'on s'occupe tous d'un de ses vieux navires pour que le meilleur gagne le contrat sur toute la flotte. Je l'ai complimenté sur cette idée qui va lui faire gagner gratuitement l'équipement des premiers navires, mais j'ai quand même envoyé le contrat au département juridique. Tu crois que ça vaut le coup ?

Oh, PS: j'ai claqué des doigts et le courant est revenu. Je pense que tes gènes geek ont déteint sur moi.

Dar ricana. « Oh, ça c'est intéressant. » Elle secoua la tête. « Bâtard puant. »

« Hein ? » Hans leva de nouveau les yeux vers elle.

« Une autre compagnie. » Dar commença à répondre. « Ma partenaire s'en occupe. »

Ker -

Mes gènes quoi ? Je suis contente que le courant soit revenu. Au moins je sais que tu seras confortablement installée ce soir pendant que je serai là à baby-sitter un programmeur grognon – ça doit être ma punition pour avoir été dans ce bar.

Quest est habile. J'aimerais pouvoir te dire de laisser tomber, mais avec le bordel que fait Telegenics, on passerait pour des idiots si on arrêtait tout. Alors on va s'occuper de ça et participer, à moins que tu trouves quelque chose dans le contrat que tu n'aimes pas.

Dar hésita, puis continua.

Je pense que j'ai trouvé le problème ici. Le gars essaye de réparer, et ensuite je ferai un test. Si c'est ce que je pense, il va devoir réécrire la moitié de son code de programme. Il est furieux. J'ai vraiment envie de simplement ouvrir les tuyaux même si ce n'est pas le problème et de l'envoyer paître. Je veux rentrer à la maison.

Elle l'envoya, puis elle attendit un petit peu. Cependant son pda resta silencieux, et elle le posa sur sa jambe, en se disant que Kerry devait être occupée. Ennuyée, elle ouvrit son ordinateur et le posa sur ses genoux; puis elle réduisit toutes les fenêtres du réseau qu'elle avait ouvertes pour cliquer sur ses dossiers personnels.

Elle avait plusieurs dossiers, mais elle ouvrit son préféré, celui avec des photos de Kerry, de sa famille et de leur maison. Elles étaient triées par ordre chronologique, et occasionnellement, elle s'amusait à parcourir l'évolution évidente de leur relation.

Une de celles qu'elle aimait le plus était une de celles qui avait posé le plus de problèmes à Kerry quand elle était rentrée chez elle pour ce premier Thanksgiving. C'était une photo d'elles deux, assises sur le canapé. Kerry avait une jambe passée sur celles de Dar, et elles s'appuyaient l'une sur l'autre, souriant à l'appareil de Colleen.

Elle tourna ensuite le regard vers la deuxième photo, une d'elles habillées pour sa réunion des anciens du lycée. Elle se tenait derrière Kerry, ses bras enroulés autour du ventre nu de sa compagne. La vue de l'expression légèrement embarrassée de Kerry avec son accoutrement minimaliste la faisait toujours sourire. Mais elle était vraiment adorable dans son bikini en cuir, et Dar essayait toujours de trouver une excuse pour le lui faire porter depuis.

Peut-être au prochain Halloween.

Elle passa à la photo suivante, prise par sa mère, d'elles deux détendues sur l'île au large pendant un de leurs pique-niques. Kerry était recroquevillée contre Dar, endormie sur ses cuisses. Elles étaient toutes les deux recouvertes de sable et fouettées par le vent et les embruns de l'océan, totalement échevelées, mais Dar adorait cette photo pour le sourire de pure joie totalement évident sur le visage de Kerry.

C'était étonnant pour elle de savoir qu'elle était responsable de ce sourire. Ou de ce regard sur la suivante, une photo de Kerry toute seule qu'elle avait prise sur le bateau, juste au moment où le soleil se couchait, après une séance de plongée, alors qu'elles se reposaient avant d'aller dîner. Avec la lumière dorée qui l'entourait, Kerry ne regardait pas l'objectif mais directement dans les yeux de Dar, un regard plein d'amour chaud et doux.

Dar soupira doucement.

« Putain de merde. » Jura Hans. « Très bien. Vous êtes prête pour le test ? »

Dar fléchit les doigts et rouvrit ses fenêtres de réseau, puis elle entra dans ses routeurs et verrouilla le moniteur. Elle ajusta plusieurs paramètres avant de vérifier les résultats. « Okay. » Elle tapa sur d'autres touches. « Attendez... vous utilisez une base de données test, c'est ça ? »

« Bien sûr. »

« Okay... laissez-moi essayer une sous-interface... attendez... » Dar rétablit rapidement le port. « Changez votre entrée par défaut en .2. »

Hans murmura quelque chose dans un souffle, mais travailla sur son ordinateur quand même. « C'est fait. »

Dar établit un graphe du port existant, et un autre de son nouveau, et les arrangea côte-à-côte. « Okay, redémarrez votre base de données... attendez. Vous avez quelqu'un de l'autre côté qui peut répondre ? »

Hans s'arrêta au milieu de sa frappe, puis il leva les yeux vers Dar.

Dar n'attendit même pas qu'il lui réponde. Elle se pencha, attrapa le téléphone, et frappa sur quelques touches. « Stewart ? On a besoin de quelqu'un sur un site distant pour travailler avec nous. Il faut qu'ils aient assez de matière grise pour pouvoir changer la source de leur application de base de données. »

« Ah... » La voix de Godson s'écoula dans l'interphone. « Je pense que je peux trouver quelqu'un... donnez-moi quelques minutes, Dar. Okay ? »

« Okay. » Acquiesça Dar avant de raccrocher. Elle fit tambouriner ses doigts sur son clavier, puis elle reprit son pda qui avait glissé sur son siège et l'ouvrit quand il se mit à clignoter.

Hé Dardar.

Chérie, personne ne te veut à la maison autant que moi – mais ne te mets pas à dos le nord-est, d'accord ? Je viendrai te tenir compagnie si ça ne marche pas. On pourra trouver un petit restaurant Italien pour se saouler au Chianti et au cheesecake.

Dar fronça les sourcils.

Michelle et Shari veulent qu'on aille dîner ensemble. C'est moi qui choisis l'endroit. Je vais les emmener dans le petit bar où on va après le kick-boxing, et je ne vais pas leur laisser une chance d'enlever leurs tailleurs. Tu crois qu'elles refuseront de me parler après ça ?

J'espère.

Je t'aime. K.

L'air menaçant se transforma en un sourire réticent, puis se fana dans une attitude songeuse. Elle prit un moment pour penser à Kerry qui passait la soirée avec Michelle et Shari, et divagation ou pas, elle sentit son sang qui se mettait à bouillir.

Le téléphone sonna près de son coude, et elle sortit de sa descente mortelle dans son puits de jalousie pour répondre. « Oui ? » Demanda-t-elle dans un grondement.

« Ah... Dar ? »

Dar s'éclaircit la voix. « Oui ? » Répéta-t-elle d'un ton plus raisonnable.

« J'ai eu quelqu'un à Tucson qui va travailler avec vous... ah, c'est bon ? » Dit Godson, hésitant. « Je l'ai sur la ligne, je vous mets en conférence téléphonique. »

« Hum... allô ? » Fit une vois timidement. « C'est Angie. Est-ce que vous avez besoin de moi pour quelque chose ? »

Dar sentit un besoin irrépressible de raccrocher et de sortir, pour trouver un coin tranquille et privé et appeler Kerry pour lui dire...

Pour lui dire quoi ? Que tu ne lui fais pas confiance ? Dar prit une inspiration légèrement irrégulière. « Ah, oui. » Répondit-elle à Angie. « On a besoin de vous pour ouvrir votre moteur d'enregistrement, mais vous devez faire des changements dans la configuration d'abord. Vous savez ce que c'est ? »

« Oui. » La voix de la femme devint plus confiante. « Bien sûr. Vous avez besoin que je change quoi ? »

Dar regarda Hans. « Les paramètres ? » Demanda-t-elle en Allemand. « Pour la base de données ? »

Il les lui donna avec un grognement. Dar répéta les informations en anglais pour Angie. Pendant que la fille faisait les changements à Tucson, Dar prit presque la décision de forcer les ports pour leur montrer ce qu'il fallait faire, et qu'ils aillent se faire voir.

Elle prendrait un vol pour la maison, ce soir. Si elle arrivait, Kerry annulerait probablement le dîner et viendrait la chercher, pas vrai ?

Bien sûr. Dar jeta un oeil à son écran, incapable de réprimer les émotions qui pointaient le bout de leur nez.

« Okay, j'y suis. Vous voulez que j'ouvre le programme maintenant ? » Demanda Angie.

Je m'en fiche. Dar se força à porter attention à son écran. Je jure que je m'en fiche. Je me fiche de ce truc comme de l'an quarante. « Allez-y. » Elle leva les yeux vers Hans quand il se leva pour venir observer son écran par dessus son épaule. Elle trouva le port de production qui était saturé et d'un rouge clignotant, alors que le port test était d'un vert léger.

« Maintenant vous allez voir que j'ai raison. » Dit Hans calmement. « J'en suis certain. »

Je m'en fiche. Mais Dar afficha quand même les configurations des routeurs, s'assura que les tampons étaient prêts à faire les changements, et que ses listes prioritaires étaient bien en place. Elle observa le nouveau port prendre vie doucement, les statistiques de trafic montant doucement quand Angie démarra le programme.

« Hé ! » La voix d'Angie s'éleva par l'interphone.

Le port clignotait toujours d'un joli vert. Dar soupira, sa colère oubliée pour le moment.

« C'était vraiment rapide ! » Laissa échapper la jeune femme de Tucson, d'un ton stupéfait. « Ça alors, vous avez fait comment ? »

« Merde. » Hans se tourna, s'éloigna, attrapa une pile de papiers et les jeta violemment contre le mur. Il ouvrit la porte d'un coup sec et la claqua derrière lui tellement fort que les cadres accrochés aux murs s'écrasèrent sur le sol.

« Allô ? » Répéta Angie. « Vous êtes là ? »

Dar étendit ses doigts sur le clavier, et vit qu'elle tremblait. « Je suis là. » Répondit-elle brièvement. « On a fait quelques changements. Je pense que vous pouvez voir la différence. »

« Wow. Ça c'est sûr ! » Angie semblait vraiment enthousiaste. « D'habitude ça prend vingt secondes pour aller d'une page à l'autre sur cette base de données, et là j'avais à peine cliqué que c'était déjà là ! C'est fantastique ! »

Dar mesura le trafic. Ça avait fait une différence, sans aucun doute. Cependant ce n'était que sur une session, et elle réalisa que pour un trafic normal, elle aurait besoin de plus de changements que ça. C'était une occasion parfaite pour elle d'essayer ses nouveaux algorithmes intelligents.

Bon Dieu. Mais ça voulait dire qu'elle allait devoir rester ici. Et cette simple pensée faillit la faire crier d'outrage.

« Vous allez faire ça avec le système réel ? » Angie semblait très excitée. « Du genre, maintenant ? »

Le téléphone de Dar sonna. « Attendez un instant. » Elle raccrocha et attrapa son téléphone portable, l'ouvrit et le porta à son oreille sans regarder l'identité de l'appelant. « Allô ? »

« Hé, chérie. »

Les abeilles en colère qui tournaient dans sa tête se calmèrent soudainement. « Salut. » Répondit Dar. « Qu'est-ce qui se passe ? »

« Tu as eu ma note ? »

Dar s'installa contre son fauteuil, repoussa son ordinateur portable hors de sa vue. « Ouais. »

« Mmh. » La voix de Kerry baissa d'un ton. « Tu as l'air en colère. Qu'est-ce qui ne va pas ? Ton idée n'a pas marché ? »

Elle n'avait dit que trois mots. Kerry pouvait vraiment dire ça en ayant entendu que trois petits mots ? Dar prit une inspiration. « En fait ça a marché. » Admit-elle. « Mais bon Dieu, pour le faire marcher sur tout le système, je dois installer mon programme bêta dans ce foutu routeur et attendre que ce fichu programmeur répare tout le truc. »

Kerry resta silencieuse pendant un moment. « Et... ça signifie que tu ne peux pas rentrer. » Dit-elle. « C'est bien ça ? »

« Merde. »

« Chérie. »

Dar soupira fortement. « Désolée. » Murmura-t-elle.

« Je peux demander à Col de rester à la maison et prendre un vol. » Dit Kerry. « Je n'ai pas besoin d'être là pour que les juristes passent ce stupide contrat en revue, et on ne pourra rien faire de plus ici jusqu'à ce que les navires arrivent. Pas de souci. Dis-moi ce que tu veux, je vais faire les réservations. Tu es à quel hôtel déjà ? Le Marriot, c'est ça ? »

« Et tu manquerais le dîner avec Michelle et Shari ? » Demanda Dar.

Kerry se contenta de rire. « Oh, il n'y a rien que je n'aimerai moins que de les amener au bar à burgers, mais si je peux poser un lapin à leurs grosses fesses de cochons en prime alors... Peut-être que je pourrais appeler les gars et leur dire d'aller les harceler toutes les deux. »

Dar tira sur un fil le long de la couture de l'intérieur de son genou. « Je préférerais t'avoir ici plutôt qu'avec elles, ça c'est sûr. » Dit-elle finalement. « Mais je ne peux pas te demander de... »

« Pourquoi pas ? » La coupa Kerry. « Est-ce que tu sais combien de fois tu as tout laissé tomber pour prendre un avion pour moi ? »

« Ooh... ça a l'air méchant. » Chuchota Kerry à son oreille. « Je n'ai aucune idée de ce que tu racontes, mais cette langue sonne exactement comme quand tu jures. »

« C'est ce que je fais. » Lui répondit Dar en anglais. « Alors ? » aboya-t-elle vers Hans.

Fulminant, il s'assit en face d'elle et laissa tomber ses bras sur ses cuisses. Ses yeux pâles étincelaient et il croisa son regard, sa frustration clairement visible sur son visage. « Je vous emmerde. » Dit-il finalement. « J'aimerais vous mettre mon poing dans la figure. »

Dar se pencha légèrement en avant, sa propre agitation intérieure faisant de nouveau surface. « Ooh... je vous en prie, essayez. » Laissa-t-elle échapper en anglais. « Je suis d'humeur à te botter les fesses. »

« Okay. Un vol pour New York, qui part dans quelques heures. » Dit Kerry rapidement. « On se voit dans quelques heures, chérie. Réchauffe les draps pour moi, tu veux bien ? »

Dar retourna son attention vers elle. « Kerry, tu n'as pas à... »

« Trop tard. C'est fait. » La coupa de nouveau Kerry. « Tu es coincée avec moi. Je vais faire mon sac. On se parle plus tard, okay ? »

« M... »

« Je t'aime. » Le sourire de Kerry s'entendit facilement à travers la connexion cellulaire. « Appelle-moi quand tu auras fini de crier... je serai sur le chemin de la maison. »

« Vous avez une haute opinion de vous-même. » Dit Hans. « Mais je ne frappe pas les femmes. »

Coincée entre deux conversations, Dar décida d'abandonner une des deux. Elle se tourna à demi et se concentra sur son téléphone portable. « Kerry... »

« Ouuiii ? » Gazouilla la voix de sa compagne vers elle. « S'il te plait, ne me dis pas de ne pas venir, Dar. Je veux vraiment être là. » Ajouta-t-elle gentiment.

Les mots se fanèrent sur ses lèvres. Dar ferma la bouche et elle sentit un sourire naître sur ses lèvres. « Je te vois tout à l'heure. » Dit-elle. « Merci. »

« Okay. Je t'aime. Mon vol est à huit heures... alors prépare le chocolat chaud, okay ? »

« Ça sera fait. » Promit Dar. « Salut. » Elle ferma le téléphone et le regarda pendant une minute, puis elle s'assit et tourna sa chaise pour faire face à Hans.

Ils s'observèrent l'un l'autre pendant un long moment. Puis Dar soupira. « Écoutez. » Dit-elle. « Moi non plus je n'aime pas me tromper. » Dit-elle en allemand. « Est-ce qu'on ne pourrait pas simplement avancer maintenant ? »

Hans se pencha en avant. « Seulement si. » Il pointa un long doigt vers elle. « Vous m'offrez un dîner hors de prix, je pourrais considérer la question. »

Son cœur reprenait doucement un rythme normal, et son corps se détendait de nouveau sous une vague de léthargie qui suivit son sentiment de soulagement. « Bien sûr. » Je vous offre même une côte de bœuf entière si vous voulez. Allons-y. » Elle se leva et fut surprise de constater que ses genoux tremblaient. « On pourrait commencer par une bière. »

« Ah. » Hans ferma son ordinateur portable. « On parle de nouveau le même langage. Et ça pourra regonfler un peu mon ego. Allons-y, c'est une bonne idée. »

Dar sourit, un peu embarrassée. Elle ressentait un mélange d'émotions contradictoires, et elle était légèrement décontenancée, mais au final, tout ça lui importait peu.

Kerry venait à New York.

C'est tout ce qui comptait.

* * * * *

 

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Commentaires
H
Wouaaaah!!!!! Merci merci merci!!! Enfin depuis le temps que j'attendais cette suite Un grand merci à Gaby d'avoir repris cette trad \o/
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