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27 octobre 2013

Cible mouvante,chapitre 21

 

MOVING TARGET par Melissa Good

CIBLE MOUVANTE

Partie 10

Traductrice : Gaby

 

Chapitre 21

Kerry s'adossa dans son fauteuil et étudia ses chaussures de randonnée, les pieds de nouveau posés sur son bureau. Elle savait qu'elle allait devoir rentrer à la maison bientôt, mais elle prit un moment pour savourer ce sentiment de pur bonheur tout en sachant bien comment sa soirée allait bientôt prendre fin.

Elle n'avait aucune idée de ce qui pouvait clocher chez sa compagne. Mais elle savait reconnaître le stress quand elle l'entendait et ça l'inquiétait. En plus Dar avait plusieurs fois tout laissé tomber pour la rejoindre, et il était temps de lui rendre la pareille.

Tout de suite. Kerry joignit ses mains sur son estomac et passa en revue son emploi du temps modifié. Elle devait passer à la maison, bien sûr, et faire sa valise. Colleen avait déjà répondu à son email, et elle avait accepté de venir s'installer pour garder Chino, et elle-même avait vérifié deux fois sa boîte mail pour s'assurer que tout ce qui pouvait traîner était réglé.

Pas que ça ait vraiment compté si les choses n'avaient pas été réglées. Kerry observa le plafond pensivement. Elle tourna la tête quand sa porte s'ouvrit et que Mayté passa la tête par l'entrebâillement. « Hé Mayté. Entre. »

« Kerry. » Mayté trotta quasiment jusqu'à son bureau. « Au service juridique ils ont dit qu'ils n'auraient pas fini de revoir le contrat avant lundi. »

« Bien. » Dit Kerry. « Vu que je ne serai pas là demain de toutes façons. » Elle sourit.

« No ? » Mayté l'observa attentivement. « Vous allez à New York alors ? Je parie que oui. »

« Qu'est-ce qui te fait dire ça ? » Demanda Kerry en sentant la peau autour de ses yeux se plisser tellement elle souriait. « Ouais, je vais à New York. Dès ce soir en fait. » Ajouta-t-elle. « Alors puisque je dois sortir d'ici et aller faire mon sac, je déclare le bureau fermé. Rentre chez toi. »

« Vraiment ? »

« Ouaip. » Kerry se releva et ferma sa sacoche d'ordinateur portable. « Le courant est revenu, la crise est passée, et j'ai un avion à prendre. »

« Vous êtes heureuse. » Dit Mayté timidement.

Kerry leva les yeux de sa mallette. « Ça se voit tant que ça ? » Demanda-t-elle d'un ton ironique.

« Oh oui. »

« Et bien, oui, je suis heureuse. » Kerry finit de fermer sa sacoche en cuir et mit le sac sur son épaule. « Dar a quelques problèmes avec le programmeur là-bas, alors je vais la rejoindre et lui apporter mon soutien moral. » Expliqua-t-elle. « Ou du moins c'est ma version officielle. La vérité c'est qu'elle me manque et que je veux la rejoindre. »

« C'est si mignon. » Dit Mayté. « La jefa doit s'ennuyer de vous elle aussi. »

« Mmh. » Kerry s'avança vers la porte. « Je sais que ça peut paraître dingue, vu qu'elle n'est partie que depuis quelques jours, mais... »

« Non, pas dingue. » Mayté ouvrit la porte pour elle. « C'est magnifique. »

Kerry marcha vers la porte extérieure, fit une pause et posa une main sur le mur pour faire face à Mayté. « Tu sais quoi, tu as bien raison. » Dit-elle. « Les gens disent toutes sortes de choses sur le fait d'être amoureux, mais on n'entend presque jamais personne dire juste à quel point c'est merveilleux quand ça vous arrive. » Avec un petit hochement de tête, elle se tourna et se dirigea vers l'ascenseur.

Mayté s'avança jusqu'à son bureau et s'assit sur le bord, sursautant légèrement quand sa mère la rejoignit inopinément depuis le bureau de Kerry. « Oh, Mama ! »

« C'est moi, oui. Au moins ils ont arrêté d'appeler au bureau de Dar depuis que le courant est revenu, et je vais avoir un moment de répit. » Dit Maria. « Où est allée Kerrisita ? Elle rentre j'espère ? Elle n'a pas vraiment beaucoup pu se reposer hier. »

« No, Mama. » Mayté hocha solennellement la tête. « Elle va à New York. »

« Ahh ! »Maria sourit largement. « Il était temps ! J'étais inquiète pour cette pauvre Dar, toute seule dans cette méchante ville. Je suis heureuse que Kerrisita aille la rejoindre. »

« Si. » Acquiesça Mayté. « Mais Mama, je pense que Kerry a oublié quelque chose avant de partir. Elle était supposée aller dîner avec ces deux femmes, et elle ne les a pas appelées pour leur dire qu'elle partait. »

« Tcha. » Maria leva les mains. « Tu parles des deux perras ? » (NdlT : 'garce' en espagnol)

« Mama ! » La jeune femme fit semblant d'être choquée. « Qu'est-ce que dirait Papa ? »

Sa mère émit un bruit ressemblant vaguement à un éternuement. « Je n'aime pas ces femmes, Mayté. Elles nous ont causé plein de problèmes et elles n'ont pas été gentilles avec Kerrisita et Dar. Je suis contente qu'il n'y ait aucun bon dîner pour elles ce soir. Elles ne le méritent pas. »

Mayté se contenta de cligner des yeux, approuvant ainsi la déclaration solennelle.

Maria croisa les bras sur sa poitrine. « Où Kerrisita avait-elle prévu de les amener ? » Demanda-t-elle après-coup.

« La Queue du Cochon. » Dit rapidement sa fille.

« Como ? »

« Si. » Mayté haussa les épaules. « C'est ce qu'a dit Kerry. »

Maria fronça les sourcils. « Je n'en ai jamais entendu parler. Et toi ? »

Pour seule réponse, Mayté fit le tour de son bureau et s'assit devant son ordinateur pour accéder à son écran avec des gestes assurés. « Non, Mama, mais je suis sûre qu'on peut trouver sur Internet. On peut tout trouver sur Internet. »

Obligeamment, sa mère fit le tour du bureau et observa l'écran par-dessus son épaule. Après un moment, elles se redressèrent toutes les deux. « Dios Mio. » Laissa échapper Maria. « Je ne pense pas que Kerrisita aille dans CET endroit-là, Mayté. Elle est vraiment ouverte d'esprit, mais... qu'est ce qu'ils font ces deux hommes ? »

Mayté se dépêcha de fermer la fenêtre. « Je pense que ce n'est pas le bon restaurant, Mama. » Elle continua sa recherche. « Celui là... oh. » Elle fronça les sourcils. « Ça n'a pas l'air très bien, mais ce n'est pas loin d'ici. »

Maria regarda l'adresse. « C'est juste à côté de l'endroit où elles prennent leurs cours de chiqueboxing. »

« Kickboxing, Mama. » Murmura Mayté. « Est ce que tu penses que Kerry voulait les emmener là-bas ? Les autres femmes étaient si bien habillées. »

Maria rit doucement. « Allez, Mayté. Je n'ai pas encore déjeuné. Il est temps pour nous d'aller acheter des burgers. » Elle se dirigea vers le vestibule d'un pas rapide.

« Mais Mama... »

« Vamanos ! »

Mayté ferma les fenêtres de l'écran à la hâte et saisit son sac à dos, espérant que sa mama n'allait pas causer trop de problèmes. « J'espère être trop jeune pour être arrêtée. » Se lamenta-t-elle en éteignant la lumière du bureau pour se diriger vers les ascenseurs.

* * * * *

Kerry sifflotait doucement en tapant son code à la porte d'entrée, et elle ouvrit rapidement la porte du condo. « Hé Chi ! » Elle se glissa à l'intérieur. « Comment tu vas ma belle ? » Elle se baissa pour prendre l'animal dans ses bras. « Chi, tu vas être en colère contre moi, parce que je dois partir ce soir, mais je te promets que quand je reviendrai ta maman sera avec moi. Qu'est-ce que tu en penses ? »

« Waouff ! » Chino sautilla en cercles, faisant bouger ses oreilles.

« C'est ce que je ressens aussi. » Lui confia Kerry, en laissant tomber sa sacoche pour sautiller en rond avec elle. « Whaou !! » Elle fit des bonds avec Chino, dansant avec elle à travers la pièce. « Ouais bébé... je vais chercher ta maman... tu aimes ça ? »

« Wouff ! » Chino évita Kerry et partit chercher son jouet en peluche, avant de lui présenter allègrement.

« Donne-moi cette vache. » Kerry attrapa le jouet et leva le bras, jusqu'à ce que Chino recule près de la table de la salle à manger avant de l'envoyer dans les airs, laissant le chien le rattraper à mi-course. « Bonne fille ! Bien rattrapé ! » Rit-elle, en évitant le Labrador pour lui ouvrir la porte de derrière. « Allez. » Elle attendit que Chino sorte, puis elle s'appuya contre le comptoir de la cuisine, contente que le condo ait eu le temps de se rafraîchir.

C'était vraiment agréable d'être à l'aise, et de ne pas transpirer. Kerry ouvrit le réfrigérateur, prit une bouteille de thé glacé et l'ouvrit pour en prendre une gorgée. Dans le frigo, des containers de glace gracieusement fournis par l'équipe de l'île avait permis de garder la température à un niveau acceptable pendant la coupure de courant. Ils avaient même laissé un plateau de fruits qu'elle sortit et découvrit, attirée par la grosse fraise au milieu.

« Mmh. » Kerry jeta un coup d'oeil à l'horloge. Il n'était que cinq heures et demie, et son vol était à huit heures. Elle avait tout son temps. Elle pensait partir pour l'aéroport vers six heures trente, avec juste un petit sac de voyage, qu'elle prendrait avec elle dans l'avion, ce qui ne devrait pas causer de problème. « Okay. » Elle attendit que Chino revienne, puis elle se dirigea vers la chambre.

Chino l'accompagna, mais quand elle vit que Kerry sortait son sac de voyage en cuir, elle lui lança un regard pitoyable et partit se coucher dans son panier. « Aww. » Kerry posa son sac sur le lit à eau. « Tu sais ce que c'est, pas vrai ? »

Chino pleurnicha.

« Je t'ai dit que je reviendrai avec ta maman. Je ne gagne pas quelques points pour ça ? » Kerry ouvrit le sac et chercha son nécessaire de voyage pour le ranger sur un côté. « Si seulement je pouvais te glisser là-dedans Chi... Je parie que maman Dar aimerait te voir, hein ? »

« Wouf. »

Kerry se mit à rire en mettant trois paires de jeans bien pliées dans le sac, et elle ajouta des tee-shirts et une chemise en soie à manches longues qui ne se froisserait pas au cas où elle aurait besoin de porter quelque chose d'un peu coloré. Elle rajouta une paire de chaussures à talons plats en cuir, quelques chaussettes et des sous-vêtements. « Voilà. » Elle posa ses mains sur ses hanches et passa ses choix en revue. « Je pense que ça devrait suffire... sauf si Dar décide de m'emmener voir un spectacle à Broadway. »

La pensée tourna un instant dans son esprit, amenant d'autres petites idées. Hmm. Kerry se demanda si Dar aimerait aller voir un spectacle... peut-être qu'elle pourrait trouver quelque chose de vraiment cool et d'entraînant pour intéresser sa compagne agitée pendant quelques heures. « Et si on y va... » Dit-elle pensivement. «… et qu'on a besoin de fringues épatantes, et bien on ira les acheter. » Elle accrocha la bandoulière au sac. « Pas vrai, Chi ? »

« Woooouuuhhh. »

Kerry fit le tour du lit et s'accroupit près du panier du chiot. « Ohh, allez, Chino... c'est seulement pour quelques jours. Ta maman a besoin de moi. » Elle frotta la tête soyeuse du Labrador. « Tu sais à quel point ta maman Dar est importante pour moi, pas vrai ? »

Chino remua la queue.

« Tu sais à quel point j'aime maman Dar, pas vrai ? » Ajouta Kerry d'une voix douce. «  J'ai tellement hâte d'arriver là-bas, Chi. J'ai tellement hâte de la voir, et je veux pouvoir lui faire un très très gros câlin. » Elle se pencha un peu plus et étreignit le chien. « Juste comme ça... et je lui en donnerai un de ta part aussi, okay ? »

« Grr. »

« Tu sais quoi ? Je pense qu'on va s'amuser à New York. Peut-être qu'on pourra aller à Central Park, et faire un tour de carriole. » Kerry se redressa. « J'adorerais ça. »

Elle étouffa un bâillement, se releva et retourna dans le séjour. Calculant que les chances d'avoir un plateau repas sur un vol de huit heures du soir étaient plutôt minces, elle décida de voir ce qu'elle pourrait trouver pour un petit dîner rapide avant de partir. « Allez viens, Chi... on va manger. »

Elle donna au chien un bol de pâté avec quelques morceaux de poulet et pour elle, elle prit du yaourt, une banane, du beurre d'arachide et le reste de son thé glacé. « Mmh. » Elle examina son festin. « Mais ce que je vais avoir en dessert vaut bien ça. »

Joyeusement, elle amena ses articles jusque dans le salon et s'installa sur le canapé, puis elle alluma la télévision sur une chaîne d'information, remonta ses pieds et ouvrit son yaourt.

Enfin, elle écouta toutes les explications sur la panne de courant et sur sa remise sur pied. « Sapristi. » Murmura-t-elle entre deux bouchées de yaourt à la vanille. « Regarde ça. » Une vue d'hélicoptère de l'usine nucléaire de Turkey Point montrait le bâtiment de transformation qui avait été désintégré, envoyant des débris dans toutes les directions et causant les plus gros problèmes.

Ils avaient eu de la chance. Seul le bâtiment de transformation avait été touché par l'explosion, encore d'origine inconnue. Rien n'avait touché la partie nucléaire, mais dire que les autorités étaient plutôt nerveuses était l'euphémisme de l'année.

C'était effrayant de penser à ce qui aurait pu se produire autrement. Kerry sentit un frisson le long de sa nuque. « Je vais te dire, Chi. » Murmura-t-elle au Labrador qui avait fini son dîner et qui venait de sauter sur le canapé pour se coucher près de Kerry. « Je sais où je voudrais être si le monde devait exploser. »

« Wouff ? »

« Mmh. » Kerry attrapa le téléphone accroché à sa ceinture et composa rapidement un numéro avant de secouer la tête pour écarter des mèches de cheveux avant d'apporter le téléphone à son oreille. « Hé, chérie. »

« Hé. » La voix de Dar semblait un ton plus léger que tout à l'heure. « Qu'est-ce qui se passe ? Tu pars ? »

« Je vais y aller. Je mange d'abord une banane. » Lui dit Kerry. « Je voulais juste savoir si tu avais besoin de quelque chose ici. »

« Toi. »

Kerry sourit au plafond. « A part ça. » Dit-elle. « Plus de sous-vêtements ? Des chemises ? Quelque chose ? Il me reste un peu de place dans mon sac. »

« Juste toi. »

Kerry se tortilla sur le divan. « Okay - je vais partir pour l'aéroport. On se voit dans quelques heures. »

« Je serai là. » Promit Dar. « Hé... Qu'est-ce que tu as dit au couple terrible ? »

« Rien. »

« Rien ? » Un rire. « Tu leur as posé un lapin ? Vraiment ? »

« Oh que oui. » Dit Kerry . « Qu'elles aillent se faire voir. J'espère qu'elles se feront renverser par les gars sur leurs motos et qu'elles finiront la tête la première dans le canal de Snake Creek. »

« Kerrison. » Dar rit. « Tu es un petit démon. »

« Ouais. » Dit Kerry. « Et attends d'avoir vu mes cornes. Tu as dîné ? »

« Ouais. »

« On se voit dans un moment, chérie. »

Dar rit de nouveau. « J'attends ça. On se voit plus tard. »

Kerry raccrocha, sortit du canapé, et attrapa sa banane avant de se diriger vers la chambre. « Petit démon. » Répéta-t-elle pour elle même avec un petit rire. « Ouais, c'est que je deviens rebelle... Dar, tu ne connais pas la moitié de l'histoire. »

Le soleil scintilla doucement sur son sac quand elle saisit les poignées et qu'elle sortit.

* * * * *

Ils s'étaient frayé un chemin dans Mulberry Street, et dans ce qui était, pour Manhattan, un restaurant Italien relativement spacieux aux odeurs alléchantes, au moment même où le soleil se couchait.

Dar s'installa près de la fenêtre et examina les murs décorés et plein de couleurs avec une expression légèrement perplexe. « Ma compagne adorerait cet endroit. »

Hans attrapa le menu et l'ouvrit avant de jeter un coup d'oeil autour de lui. « Je vous crois sur parole. Est-ce qu'ils servent du poisson ici ? »

Dar étudia la carte. « Oui. Saumon grillé ou dorade à la française. » Rapporta-t-elle. « Quel est votre poison ? »

« Si j'étais Français, ça pourrait être une excellente blague. » Répondit-il. « Je vais prendre la dorade à la française, et s'il était possible d'avoir les nouilles servies juste avec un filet d'huile d'olive. Je n'aime pas les tomates. »

Dar se pencha en arrière et étendit ses jambes sous la table pour les croiser au niveau des chevilles. Être au restaurant ne l'ennuyait pas trop, mais déjà son corps se contractait d'impatience, espérant que les minutes passent plus vite. « Vous êtes encore en colère contre moi ? » Demanda-t-elle.

« Oui. » Dit Hans. « Vous m'avez donné trop de travail. »

Dar se contenta de sourire et elle joua avec sa fourchette.

« Pourquoi vous n'avez rien dit quand ce programme a été écrit ? »

« On ne m'a pas demandé. »

Hans fit la grimace. « C'est le client, c'est ça ? Il n'est pas très malin. » Maugréa-t-il.

Le serveur arriva en coup de vent, et il se contenta de regarder Dar avec un sourcil levé. « De la bière ? » Devina Dar avant de recevoir un hochement de tête d'approbation. « Deux de ce que vous avez en pression importée, quelques apéritifs à grignoter, une dorade cuite à la française sans sauce dans les pâtes, une tranche de veau cuite pareille, et un supplément d'huile d'olive. »

« Très bien. » Grogna le serveur en déposant une panière de pain juste avant de s'éloigner.

« Très sympa. » Hans rit sous cape. « C'est si merveilleux d'être aux si accueillants États-Unis. »

« C'est Manhattan. » L'avertit Dar. « Vous avez de la chance qu'il ne vous ait pas jeté le pain à la figure. » Elle en attrapa un bout et le grignota. « Godson n'est pas si mal. Ce n'est pas un génie de la technologie, mais il est assez bon côté financier. Je pense que c'est son vice-président qui a poussé le projet. »

« Meyer ? » Hans fronça les sourcils. « Il est arrivé tard sur ce projet. Je ne pense pas qu'il soit là depuis assez longtemps. » Il choisit un bout de pain, le cassa en deux, posa une moitié sur la table et grignota l'autre. « Il n'est pas très gentil avec vous. »

Dar haussa les épaules. « Longue histoire. » Elle observa le serveur revenir et poser deux verres de bière fraîche, ruisselants de mousse qui coulait sur le verre et sur la table. « Merci. »

« A votre service. » Le serveur se tourna et repartit.

« Il a ses propres priorités. » Continua Dar en prenant une gorgée de bière. « Il a des parts dans un fournisseur de réseau. Léger conflit d'intérêt. »

« Beuh. » Hans renifla. « Oui, je pensais bien qu'il était du genre joueur. » Il mâcha son bout de pain pensivement. « Il aurait très bien pu être au courant du problème, mais ne pas vouloir qu'il soit réparé. »

« Mmh. C'est possible. » Acquiesça Dar. « Il n'a pas arrêté de me dire que l'on devait s'occuper nous même du problème parce qu'il pensait que vous ne coopéreriez pas. »

« Moi ? Je suis un homme d'affaires. » Objecta Hans. « Je m'engage dans mes contrats, et ce contrat dit oui, on doit faire marcher le programme. Je n'ai pas à aimer ça, et je n'ai pas à retirer une quelconque satisfaction pour tout ce travail en plus, mais je suis un homme honnête. » Il prit une gorgée de bière et reposa son verre. « S'il a dit quoi que ce soit d'autre, ce n'est pas la vérité. »

Dar hocha légèrement la tête. Les pièces commençaient doucement à se mettre en place, et elle n'aimait pas le tableau que le puzzle était en train de créer. « Je ne pense pas qu'il comptait sur le fait que je parle allemand. »

« Et bien, moi non plus. » Dit soudainement Hans en riant. « Pour être tout à fait honnête, ça m'a donné l'avantage plus d'une fois. Il est plus facile de simplement accepter ce qu'on vous donne, et de ne pas avoir à s'embêter à communiquer. » Il se pencha en arrière. « Mais quand je suis arrivé et qu'on a discuté, j'ai réarrangé mes plans et voilà où nous en sommes. »

« Voilà. » Acquiesça Dar. « Et, pour information, je n'avais vraiment aucune intention de vous faire changer tout votre foutu programme. »

« Et je ne le fais pas. » Répliqua Hans d'un ton imperturbable. « J'ai renvoyé tout ce fichu truc en Allemagne par morceaux, et six jeunes hommes robustes sont en train de suer dessus pendant que je suis assis là avec une bière relativement bonne et un horrible service dans ces bons vieux USA. »

Dar se mit à rire. « Vous êtes un imposteur. »

« Pas du tout. » Dit-il en conservant un air digne.

Le téléphone de Dar sonna, interrompant leur débat. Elle l'attrapa et l'ouvrit. « Ouais ? »

« Ah, bonjour Dar ! » Répondit Alastair. « Comment ça se passe ? Ca semble bruyant par chez vous ! »

« Je suis dans un restaurant italien. » Répondit-elle sèchement. « Alors oui, c'est un peu bruyant. Tout va bien. On a trouvé le problème. »

« C'est vrai ? Fabuleux ! » Dit son patron. « Pas que je sois surpris. Écoutez, il se passe quelque chose. »

« Ne vous inquiétez pas, ce n'est pas un désastre. » Dit Alastair en riant. « En fait, c'est une bonne nouvelle pour changer. Bob Alexander vient juste de m'appeler. Il est mon alter ego chez Allied Cruising. »

« Ah. »

« Il a observé la petite guerre de notre appel d'offres. Il est intéressé. »

« Pour entrer dans la compétition ? » Demanda Dar. « Il veut racheter ces cons puants et mettre fin à mes souffrances avec tout ce bordel ? »

Le PDG soupira. « Ce n'est pas aussi simple. Il pense améliorer sa flotte. Quatre-vingt-sept bateaux. Il dit qu'il est très intéressé à travailler avec ceux qui remporteront ce petit contrat. »

Dar cligna des yeux. « Bon Dieu. »

« Mh mmh. » Convint Alastair d'un ton suffisant. « Alors ces petites cacahuètes pourraient se transformer en beurre de cacahuètes lamé d'or, jeune dame. Je sais que les gros bonnets gardent un oeil sur tout ce cirque, mais Alexander semblait sérieux. »

« C'est un gros contrat. » Dit Dar. « Seigneur Alastair, c'est... »

« C'est énorme, la prise de ce quadrimestre. » Acquiesça son patron. (NdlT : les boîtes américaines calculent leurs bénéfices par quadrimestre, par trimestre ou annuellement). « Et vous savez quoi ? Il m'a appelé parce qu'il pense que nous avons une bonne chance de décrocher le contrat. Alors faites-moi une faveur, hein ? Décrochez-le ? »

Si seulement c'était aussi facile. Dar soupira. « Il vient juste de nous donner sa proposition... les juristes sont en train de la relire. Il veut que chaque compagnie s'occupe d'un bateau, et celui qui fera le meilleur boulot à moindre coût gagnera. »

« Ouais. Ham m'a appelé. » Dit Alastair. « Après avoir traité Quest de fouine, de singe, et de singe fouineur, il m'a donné son aval. Je lui ai dit de le renvoyer au bureau de Kerry. »

« Okay. » Dar reprit ses esprits. « On en parlera ce soir alors. Elle est en route pour venir ici. »

Alastair émit un petit bruit de surprise. « C'est vrai ? Je pensais que vous aviez dit que le problème avait été trouvé... il y a autre chose ? »

« Non. » Dit Dar. « Je veux dire, on a isolé le problème, mais il va falloir bosser dessus pour tout régler, mais non – elle vient simplement pour me tenir compagnie. » Elle savait que les mots semblaient bizarres, mais Alastair ne sembla pas s'en formaliser.

« C'est bien. Vous vous trouvez une sortie à faire ou quelque chose vous voulez bien ? Hé ! Attendez une minute... Béa ! Béa ! »

Dar écarta le téléphone et lança à Hans un regard légèrement désolé quand le serveur revint avec leur plateau d'apéritif et qu'il le déposa sur la table avec d'autres assortiments.

« Les affaires sont les affaires. » Hans haussa une épaule et prit un triangle de mozzarella qu'il mit dans son assiette. « C'est tranquille pour moi, j'ai laissé mon portable en Allemagne. »

Dar prit un bâton de quelque chose de frit et en prit une bouchée prudente. Elle pouvait entendre le faible bruit de la musique d'attente du quartier général, et elle se fit une note mentale pour que quelqu'un aille pirater le serveur téléphonique et change ça. Après une minute elle vérifia sa montre, se demandant si Kerry était déjà à l'aéroport, et si tout allait bien avec son vol, et si il était à l'heure, et...

« Dar ! » Alastair reprit la ligne. « Écoutez, j'ai dans mes petites mains toutes chaudes deux tickets pour le Radio City Music Hall. Je vous les envoie ? »

Le Radio City Music Hall ? Dar fixa le téléphone, prête à refuser. Puis elle s'arrêta. Et bien la bouseuse peut-être que Kerry aimerait y aller, non ? « Ah... bien sûr. » Répondit-elle. « Bien sûr, Alastair. J'adorerais ça. »

« Génial ! » Dit son patron avec enthousiasme. « Béa les envoie tout de suite. »

« Bonjour Dar ! » La voix de Béa filtra au travers du téléphone. « Passez une bonne soirée ! »

« Merci. » Répondit Dar.

« Bien, je vais vous laisser dîner, Dar. On se reparle plus tard. » Dit Alastair. « Passez le bonjour à Kerry de ma part. »

« Okay. » Dar écouta le clic du téléphone quand il raccrocha. « Je le ferai. » Elle ferma son téléphone et le raccrocha à sa ceinture. « Je vais très certainement le faire. »

« Tout va bien ? » S'enquit Hans.

Dar leva sa bière et en prit une gorgée fraîche. « Ouais. » Dit-elle. « Tout va plutôt bien, et le reste ira parfaitement dans quelques heures. »

Quand votre compagne sera là ? » Hasarda Hans.

Dar hocha la tête.

« Hmm. Je vois. » Le programmeur choisit un autre amuse-bouche. « Il me tarde de rencontrer votre amie. Je pense que mes horizons vont s'élargir. »

Dar vérifia sa montre une nouvelle fois et se mit à battre du pied sur le sol.

La soirée devenait plus longue à chaque foutue minute.

* * * * *

Kerry feuilleta son magazine pour la deuxième fois et elle leva les yeux quand le steward s'arrêta à côté d'elle. « Bonjour. »

« Bonjour. Je peux vous proposer quelque chose ? Un autre verre ? » Demanda l'homme avec un sourire.

« Un avion plus rapide. » Demanda Kerry sérieusement. « Vous pouvez demander au pilote ? »

Le steward se mit à rire. « Ça ne sera plus très long maintenant. Ce n'est qu'un vol de trois heures. »

« Cet avion n'est pas un 'F-16' pas vrai ? » Plaisanta Kerry. « J'aimerais un autre jus d'orange, s'il vous plait. » Elle tendit son verre puis se réinstalla tandis que l'homme traversait le compartiment de la première classe quasiment vide jusqu'à l'aire de service.

Trois heures ce n'était vraiment pas long. Mais elle avait attendu une heure interminable à l'aéroport, et maintenant elle voulait simplement que le voyage se termine. Elle se demanda si Dar serait à l'aéroport pour venir à sa rencontre, vu qu'elle n'avait rien spécifié et juste dit qu'elle serait dans le coin, et qu'elle n'avait pas vraiment besoin de faire le trajet pour venir à sa descente d'avion, n'est-ce pas ?

Non, pas vraiment. Kerry posa son pied sur son genou et lissa le jean du bout des doigts. Pas de vraie raison, mais elle espérait que Dar soit là quand même. Les aéroports étaient des endroits bruyants et déprimants et elle voulait vraiment, vraiment voir sa grande et mince silhouette et ces si jolis yeux bleus qui l'attendaient quand elle descendrait la passerelle.

C'était égoïste ?

Ouais, peut-être. Kerry accepta le nouveau verre de jus de fruit et en prit une gorgée. Elle avait eu assez de temps pour prendre une bière et quelques petits trucs Chiliens à grignoter à l'aéroport, mais les choix de l'avion ne l'intéressaient pas vraiment.

« Seigneur, Kerry. » Murmura-elle pour elle-même. « Qu'est-ce qui t'arrive ? Dar n'est partie que depuis quelques jours. A ta façon d'agir on dirait qu'elle est partie pendant six semaines. » Elle pensa à ça pendant un moment, imaginant six semaines sans sa compagne, et immédiatement elle trouva une pensée plus gaie pour éloigner le sentiment de malaise qui l'envahissait.

N'était-ce pas étrange ? Deux personnes mariées devraient être capables de se séparer sans devenir dingue, non ?

Kerry accueillit la pression dans ses oreilles comme un vieil ami. Okay, alors elle était étrange. Elle était étrange, et bizarre, et par dessus tout elle voulait être déjà au sol pour pouvoir traverser la passerelle et tomber dans ses bras.

Parce que Dar serait là.

C'était certain.

* * * * *

Dar s'appuya contre la baie vitrée, et observa l'extérieur vers la piste d'arrivée avec assez d'intensité pour espérer causer l'apparition d'un gros Boeing. Son souffle embruma le verre et elle effaça la buée d'un geste impatient.

Un petit chariot traversa la piste, et elle se pencha en avant, l'observant d'un oeil attentif alors qu'il se garait juste sous la passerelle reliée à la porte où elle se tenait. Un homme en sortit, et attrapa à l'arrière de sa ceinture une paire de bâtons réfléchissants.

Un faible bruit strident dans l'obscurité attira son attention, et elle jeta un autre coup d'oeil à l'extérieur alors que d'autres petites voiturettes venaient se garer près de la passerelle. Son allégresse quasi enfantine l'embarrassait. Qu'est-ce que Kerry en penserait ? Elles n'avaient été séparées que quelques jours, et là...

Les agents ne lui prêtèrent aucune attention, occupés avec leurs papiers. L'un d'eux se tourna et ouvrit la porte de la passerelle, la poussant jusqu'à l'arrêt de métal, avant de revenir vérifier quelque chose sur son ordinateur.

Dar observa le nez de l'avion s'arrêter avec un cahot, et elle entendit le bruit strident des moteurs des machines quand la passerelle bougea pour aller à sa rencontre. Inexplicablement, son coeur commença à marteler dans sa poitrine, et elle prit plusieurs profondes inspirations pour se calmer, mais sans vraiment beaucoup de succès.

Et si Kerry n'était pas dans l'avion ?

La pensée la frappa soudainement, dans un choc qui fit s'évanouir la pièce autour d'elle légèrement. « Ne sois pas stupide. » Murmura-t-elle. « Bien sûr qu'elle sera là, elle m'aurait appelé sinon. » Dar croisa fermement ses bras sur sa poitrine et refusa de baisser les yeux sur le téléphone accroché à sa ceinture. A la place, elle posa son regard sur l'ouverture de la passerelle.

Bien sûr que Kerry serait là. Probablement à l'avant de l'appareil, sortant son sac du compartiment à bagages, et essayant poliment de ne gêner personne.

Pinçant le tissu de son jean, passant une main dans ses cheveux, tout en prenant une inspiration impatiente, pressée de sortir.

Dar pouvait presque la voir si elle fermait les yeux, longeant les sièges, et se dirigeant vers la porte, la tête légèrement penchée en avant.

Elle ouvrit les yeux et observa l'entrée vide, sentant que le mouvement approchait.

Elle entendit le léger bruit de chaussures sur le tapis, un rythme doux qu'elle reconnut, quelques instants avant que l'ouverture soit emplie de la silhouette vigoureuse de Kerry, qui tournait déjà la tête pour chercher autour d'elle.

* * * * *

« Laissez-moi sortir de ce maudit avion. » Kerry combattit le besoin de pousser le personnel de vol, et elle se contenta d'ajuster la courroie de son sac sur son épaule à la place. Ils déverrouillèrent finalement la porte, et il lui sembla qu'il leur fallait une éternité pour accrocher le sas de sécurité et qu'ils commencent à ouvrir la porte.

Elle était devant. D'habitude, elle attendait patiemment son tour, et elle laissait passer tout le monde devant elle, mais pas ce soir. Elle passa devant les deux autres passagers de première classe, et trouva un endroit près de la sortie, observant impatiemment le steward qui déverrouillait la porte et l'ouvrait.

Allez allez. Kerry attendit que l'homme libère le passage, puis elle avança vers l'entrée sans une hésitation. Elle avait regardé par son hublot quand l'avion se garait, et elle aurait juré avoir vu Dar qui se tenait là.

C'était juste un bref aperçu, mais c'était suffisant pour qu'elle reconnaisse la grande silhouette, les mains pressées fermement contre la vitre, attendant l'arrivée de Kerry.

« Merci ! Amusez-vous bien à New York. » Lui dit l'homme quand elle passa devant lui.

« Oh j'en ai bien l'intention. » Promit Kerry en se dirigeant vers la rampe inclinée qui conduisait au terminal. Ça sentait le moisi et le renfermé, et elle fit la grimace quand elle passa devant une tache sombre sur le tapis qui puait comme l'enfer.

Dar n'avait-elle pas dit que la vile puait ? Et bien maintenant elle y était, et c'était bien vrai. Kerry vit la lumière au bout du tunnel, et elle prit le dernier tournant de la passerelle avant d'atterrir sur le seuil et de regarder autour d'elle.

Ses yeux croisèrent les yeux bleu clair en une seconde. Dar était assise à moins de trois mètres de l'entrée, et Kerry poussa un cri de joie et se précipita vers elle, laissant tomber son sac pour pouvoir se jeter dans les bras de sa compagne qui s'avançait vers elle.

« Aaaww !! » Kerry laissa échapper un léger chantonnement. « Je suis si contente de te voir ! » Elle enfouit son visage dans la poitrine de Dar et gigota.

Dar entoura ses bras autour de Kerry et la souleva du sol en une étreinte serrée sans répondre. La chaleur de son corps était presque choquante et avant même qu'elle s'en rende compte, Kerry avait glissé ses mains autour de son cou et lui faisait pencher la tête pour pouvoir l'embrasser.

L'attraction de l'aéroport. Bon. Au pire ils les jetteraient dehors, et elles allaient partir de toutes les façons. Dar écarta la pensée et répondit au baiser, effleurant légèrement ses lèvres contre celles de Kerry avant un contact plus doux et plus long.

C'était familier et merveilleux et la tension accumulée dans son corps s'apaisa comme par magie quand Kerry bougea sa tête légèrement pour plonger ses yeux dans ceux de Dar.

« Hé, chérie. » Kerry l'observa avec un regard d'adoration indubitable. « Quelle vision merveilleuse pour des yeux fatigués. »

Dar sourit comme une idiote. « Hé. » Elle s'éclaircit la gorge légèrement. « Tu veux qu'on aille dans un endroit plus tranquille ? » Elle prit le sac de Kerry et le mit sur son épaule.

« Sûr. » Kerry entoura la taille de Dar de son bras quand elles s'avancèrent vers la rangée de chaises, en s'éloignant de la porte. Elle surprit un regard de dégoût d'une femme qui passait. « Quelque chose ne va pas ? » Demanda-t-elle poliment.

« C'est dégoûtant. » Répondit la femme en s'éloignant.

« Merci. » Répondit aimablement Kerry. « Passez une bonne soirée. La mienne le sera. » Elle serra Dar un peu plus et sourit tandis que la femme s'éloignait rapidement pour les laisser derrière elle. « Quelle abrutie ! »

« Elle ne sait pas ce qu'elle perd. » Dar entoura les épaules de Kerry avec son bras et pendant un instant posa sa joue contre les doux cheveux de sa compagne. « Comment c'est passé ton vol ? »

« Il a duré une éternité. » Admit Kerry. « Je voulais juste être ici. Mais ça allait je crois. » Elle tendit le cou. « Oh, j'aime bien ça... c'est nouveau ? » Elle pinça la ceinture des jeans de Dar. « Très sexy. »

« Mmhm. » Dar sentit qu'elle se détendait à la petite blague. « Merci... tu as faim ? On peut s'arrêter prendre quelque chose... »

Kerry regarda autour. « Pas ici, chérie. J'ai déjà vu des aéroports plus dégoutants, mais pas de beaucoup. » Fit-elle remarquer. « On peut prendre quelque chose à l'hôtel ? J'ai une migraine de tous les diables. »

« Tout ce que tu veux. » Dar décala son bras et fit courir ses doigts sur la nuque de Kerry. Elle massa les points de tension alors qu'elles marchaient, et elle sourit quand elle entendit les petits grognements de contentement qu'elle tira de sa compagne. « La journée a été longue ? »

« Beuh. » La jeune femme soupira. « Les derniers jours ont été longs, et avec le peu de sommeil que j'ai eu cette nuit, je suis aussi cuite qu'un toast au raisin. »

« Avec de la crème de fromage ? » Dar lui ébouriffa les cheveux. « Je suis contente que tu sois là. » Chuchota-t-elle en voyant le mouvement des muscles sous la peau quand Kerry sourit.

« Je suis contente d'être ici aussi. » Kerry s'appuya contre elle et elles sortirent de l'aéroport, accueillies par la nuit étouffante de New York. « Hmm. C'est presque aussi humide qu'à la maison, mais avec un paysage beaucoup moins intéressant. » Elle plissa le nez. « On prend un taxi ? »

Dar repéra une alternative, une longue voiture de ville avec un chauffeur à l'air timide, appuyé sur le côté du véhicule. « J'ai une meilleure idée. » Elle poussa Kerry vers la voiture. « Vous allez à Manhattan ? » Demanda-t-elle au conducteur.

L'homme les regarda, la tête penchée sur le côté. « Est-ce que je vais à Manhattan ? Qu'est-ce que vous croyez, cette chose ressemble à un bus touristique ? Bien sûr que je vais à Manhattan. Vous allez où ? »

« Au Marriott, sur l'East Side. » Dar se sentit légèrement intimidée. « Désolée, il est tard. »

« Pas de problème. » L'homme ouvrit la porte d'un geste et prit le sac de Kerry de l'épaule de Dar. « Allez-y, montez. Je connais des endroits plus sympas que Laguardia, ça c'est certain. »

Kerry monta en premier, et attendit que Dar la rejoigne et ferme la portière pour s'installer contre le siège et se blottir contre sa compagne avec un soupir satisfait. Il y avait un léger parfum d'ail et d'origan accroché au tee-shirt de Dar, en plus de la touche épicée du gel douche qu'elles utilisaient toutes les deux. « Tu sens bon. » Commenta-t-elle en posant sa tête contre l'épaule de Dar. « Bon sang, tu m'as manquée. Je pensais que j'allais devenir dingue... tu n'es là que depuis quelques jours, mais j'ai eu l'impression que c'était une éternité. »

Dar fut surprise d'entendre ses propres pensées être énoncées si précisément. « Ouais. » Dit-elle. « Les derniers jours étaient vraiment stressants, je crois. »

« Mmh. » Kerry glissa son pouce légèrement contre l'estomac de Dar. « Tu sais, c'était vraiment le cas. Il y avait toutes ces conneries, et cette fichue panne de courant. Seigneur. »

Dar observa les lumières de la ville qui clignotaient, alors que le chauffeur était étonnement silencieux. C'était incroyable comme New York pouvait sembler bien plus accueillante depuis l'intérieur de la voiture, avec son occupante actuelle enroulée autour d'elle. « Et bien, c'est terminé. » Dit-elle. « Et qui sait ? Peut-être qu'on va pouvoir s'amuser un peu ici. »

« Je m'amuse là. » Kerry ferma les yeux. « Dar ? »

« Ouais ? »

« On est dingue, t'sais. »

« Ouais, je sais. »

« Tu t'en fiches ? »

« Mon Dieu oui. » Dit Dar. « Et toi ? »

Kerry inspira une grande bouffée d'air parfumé d'une odeur de coton, d'épice, et d'amour. « Oh oui. » Chuchota-t-elle en souriant. « Je vais profiter de chaque jour de folie. »

Elles restèrent toutes les deux silencieuses, et pour la première fois la musique classique qui s'écoulait des hauts-parleurs se fit entendre clairement alors que la voiture traversait un tunnel et que l'horizon de Manhattan s’étendait devant elles.

* * * * *

A suivre.

 

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