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21 mars 2015

Indiscrétions, saison 3, épisode 24

 

INDISCRETIONS

La Troisième Saison

Créée, produite, réalisée et écrite par :

Fanatic et TNovan

Traduction : Fryda (2014)

 

Episode Vingt-Quatre : Il est trop tard (It’s Too Late)

« Robie ! Ne me dis pas ce qui ne peut pas être fait ! Dis-moi ce qui peut l’être ! C’est foutument ridicule ! » Je donne un coup de pied à la chaise devant moi et je l’envoie glisser sur le sol. Kam aboie dans l’autre pièce. Je vais vers la porte, je l’ouvre brusquement et je sors sur le balcon.

« Harper, je suis dans ton avion en direction de New York. Je ne peux rien faire d’autre que passer des coups de fil. Beth est au tribunal et elle crie sur tout le monde, mais c’est trop tard. Le juge savait ce qu’il faisait. » Je peux entendre la frustration de Robie dans sa voix, mais ce n’est rien à côté de la mienne. Beth a dit que vu qu’on a pu faire annuler la visite de la travailleuse sociale, le juge Flynn a décidé de nous baiser. Vendredi soir, juste avant la fermeture du tribunal, il a ordonné une visite surveillée samedi matin.

« Ça n’arrivera pas ! Je ne laisserai pas cette foutue garce psychotique approcher de mes enfants. Je rôtirai en enfer avant que ça n’arrive. Tu comprends, Robie ? Tu vas être mon foutu avocat si tu ne fais pas en sorte que ça n’arrive pas. »

« Tout d’abord », dit Robie d’un ton sec en me coupant, « ne fais aucune menace à son encontre. On ne leur donnera pas d’excuse pour faire quoi que ce soit contre toi. Et si quelque chose devait lui arriver, je ne veux pas que tu sois le suspect principal. Ensuite, tu ne vas pas défier la Cour. Je me fiche pas mal de ce que tu penses du juge Flynn. On va arranger ça. »

« Ça ne peut foutument pas être arrangé si je dois emmener mes enfants devant un officier de la Cour demain matin ! » Je donne un coup de pied à un pot de fleurs qui file sur la longueur du balcon. J’aimerais que ce soit la tête de ma belle-mère.

« Tout va bien se passer, Harper. C’est juste une visite surveillée. Ça sera la seule. »

« Robie, c’est des conneries ! Tu me l’as dit ! Tu m’as dit qu’il n’y avait aucune chance qu’elle s’approche de mes enfants. Aucune chance qu’un tribunal l’ordonne. Aucune chance ! » Je m’arrête, incapable de continuer. Ma colère est soudain submergée par une douleur incroyable. Je m’effondre sur le carrelage et je tousse pour retenir mes larmes. « Ce sont mes bébés. »

« Harper », dit-il doucement en saisissant ma douleur. « Je les aime comme les miens. Je ne laisserai rien leur arriver. »

« Ça arrive demain, Robie. Arrête-le. »

 

* * *

 

Mes bébés.

On ne peut pas me les enlever maintenant. Je ne laisserai pas faire. Je regarde mon petit garçon, si heureux et satisfait pendant qu’il mange. Je ne peux pas le lui laisser.

« Ça n’arrivera pas », je murmure en lui caressant la joue avec le bout de mon doigt.

« Kelsey, ma chérie. » Harper met la main sur ma jambe, tout en tenant Brennan et son biberon. « Il faut qu’on le fasse. Si on ne le fait pas, ils nous citeront pour obstruction. »

« Pas s’ils ne peuvent pas nous trouver. »

« Kelsey, s’il te plait. Je sais que tu es perturbée. Moi aussi. Mais il faut qu’on le fasse. Ça n’est que pour deux heures. On peut aller dans un restaurant en face. »

« Et pourquoi pas dans le couloir juste devant la porte ? »

« Je ne pense pas qu’ils accepteront, bébé. »

« Je ne comprends pas pourquoi elle nous fait ça. » J’essuie les larmes avant qu’elles ne tombent. « On pourrait penser qu’après toutes ces années, elle laisserait tomber et me laisserait être heureuse. »

« Peut-être que c’est ça le point, Kelsey. Peut-être qu’elle est jalouse parce que tu as maintenant tout ce qu’elle était supposée avoir, et n’a pas eu. »

« Elle ne le voulait pas. Elle a eu sa chance et elle l’a perdue. »

« Mais peut-être, peut-être qu’elle le voulait et que ça n’a pas marché pour elle. Je n’ai pas l’impression que ton père et elle communiquaient beaucoup quand ils étaient mariés. Peut-être que c’est ça le problème. »

Je secoue la tête. « Je m’en fiche. Je veux qu’elle nous laisse tranquilles. Je veux vivre ma vie avec toi et ces bébés, et je la veux aussi loin de moi que possible. »

« Et Robie et Beth font le maximum pour que ça arrive. Quand ils auront fini, elle ne sera pas en mesure de s’approcher à moins de trois cents mètres de nous. »

« Et la semaine dernière, ils ont dit qu’elle n’avait aucune chance. Mais pourtant, aujourd’hui, nous devons amener nos bébés dans un centre social et les passer à une étrangère pour qu’elle puisse les voir. »

« La seule raison pour laquelle le juge Flynn a fait ça, c’est parce que nous avons arrêté la procédure de visite à domicile. C’est bas de sa part. »

Collin a terminé. Je le tiens de façon qu’il puisse faire son petit rot avant qu’il ne s’endorme brusquement sur mon épaule. Harper m’aide à mettre mes vêtements en ordre, même si nous sommes totalement seules ce soir.

Brian a été un véritable chou et a emmené Kam chez Doug pour le weekend. Honnêtement, il est horriblement perturbé par tout ça aussi. Je pense qu’il ne voulait pas se lâcher devant Harper et moi. Il se sent comme l’oncle préféré, ou même un grand frère et il n’est pas sûr de savoir comment gérer tout ça.

Brennan repousse son biberon et attrape une poignée des cheveux d’Harper en guise de dessert. Elle aime beaucoup les cheveux de sa Mama. Je ne peux pas m’empêcher de rire en les démêlant l’une de l’autre, puis je repousse les cheveux mouillés par-dessus son épaule. « Tu vas avoir besoin de te laver avant d’aller au lit. »

« Ben quoi, Kels ? Tu ne trouves pas la bave de bébé attirante dans mes cheveux ? J’ai entendu dire que c’était un aphrodisiaque. »

« On t’a menti sur cette information, Tabloïde. » Je me penche et je lui donne un long et lent doux baiser. « Mais je t’aime. » Je m’appuie sur son épaule. « Dis-moi que ce n’est que pour deux heures et que tout va bien se passer. »

« Ce n’est que pour deux heures et tout va bien se passer. »

Je sens ses lèvres sur le haut de mon crâne. Je ferme les yeux et je force mon cerveau à y croire bien que mon cœur et mon estomac crient autrement.

 

* * *

 

Le trajet jusqu’au Centre des Services Sociaux de Manhattan est silencieux. Robie et Beth sont dans un taxi devant nous. Nous sommes dans notre 4x4 avec les jumeaux à l’arrière. Je les regarde sans arrêt dans le rétroviseur. Ils sont heureux tous les deux, bien nourris, propres et beaux. Je prends une profonde inspiration en refoulant les larmes. Je déteste ça.

Kels est hors d’elle près de moi. Elle est furieuse contre Beth, furieuse contre Robie et d’humeur criminelle à l’égard de sa mère.

Nous avons travaillé toute la nuit pour essayer d’arrêter tout ça. Robie a essayé d’user de diplomatie avec Bennett. La conversation a été courte. Nous avons finalement décidé d’appeler la Mère Stanton, mais pas de réponse à la résidence de cette garce. Nous avons essayé de joindre un autre juge pour trouver une solution d’urgence, mais l’ex-partenaire de Beth était dans les Caraïbes pour le long week-end.

Alors il ne nous reste que deux options. Fuir avec nos enfants ou laisser ça se produire. J’essaie de me persuader que deux heures ne sont pas une éternité, qu’une travailleuse sociale sera présente tout le temps et que ça n’arrivera plus jamais ensuite. Je le jure.

Beth a expliqué la procédure. Nous allons sur place, nous rencontrons la travailleuse sociale, lui laissons la garde de nos enfants et partons. Nous sommes tenus d’être à au moins dix blocs de distance et de ne pas revenir avant la fin du temps prévu. J’ai essayé de faire en sorte que Robie puisse rester mais ce n’est pas autorisé non plus. Notre plan d’aller dans un restaurant à côté est tombé à l’eau. Mais la garce n’aura pas une seconde de plus avec nos enfants. Si je la vois, je ne serai pas responsable de mes actions.

Brennan lâche un cri, celui du bonjour. Elle a levé les bras de son siège auto et elle les abaisse en cognant. Elle adore faire ça. Ça fait du bruit. Brennan aime tout ce qui fait du bruit.

Kels et moi ne trouvons pas grand-chose à dire. Il n’y a rien de quoi parler. Nous sommes malades d’inquiétude. Nous sommes plus que furieuses. Et il n’y a rien que nous puissions faire contre ça. Nous ne pouvons qu’attendre midi.

Seigneur, s’il te plait, accélère le temps.

 

* * *

 

Je ne pleurerai pas. Je ne donnerai rien à ceux qui vont être en contact avec ma mère, ou le tribunal qui va décider de notre sort, rien qui puisse être utilisé contre moi. Je serai aussi polie que possible et je ferai comme si tout allait bien. Quand Harper devra me trainer à dix blocs de mes bébés, je craquerai et je pleurerai. Longtemps et rudement.

Harper gare le 4x4 et nous sortons, pas vite comme nous en avons l’habitude dans le froid de l’hiver, simplement parce que nous ne voulons pas faire ça du tout. Harper sort le landau double du coffre et l’apporte pendant que je détache Brennan de son siège auto. Je la tiens contre moi et j’embrasse ses petites joues. « Je t’aime, mon bébé. Nous allons bientôt rentrer à la maison et tout sera fini. »

Je ne veux pas qu’elle soit dans l’air glacé plus longtemps qu’il ne le faut. Je la mets dans le landau et je la couvre de sa couverture. Je peux presque la voir se blottir joyeusement. Elle semble adorer sa couverture autant que j’aime celle d’Harper et la mienne. Je libère Collin de son siège. Je le sors de la voiture et je vois Harper penchée au-dessus du landau.

« Tabloïde, mon cœur, laisse-moi installer Collin. »

« Je vais le faire. » Elle tend les bras et je le lui donne.

« Je t’aime, petit homme. Tu vas être gentil aujourd’hui. Ne lui donne aucune raison de penser que tu n’es pas heureux. » Collin gargouille et bouge les bras vers Harper avant qu’elle ne le mettre dans le landau près de sa sœur et qu’elle le couvre également.

Elle se tourne vers moi. « Prête ? »

« Prête à aller en prison pour le reste de ma vie pour l’empêcher de mettre la main sur eux, Tabloïde. Laisse-moi la tuer et régler tous nos problèmes. »

Elle s’approche et met les mains sur mes bras. « Kelsey, ma chérie, ce n’est que pour deux heures. Ensuite on les emmènera à la maison… »

« J’y ai pensé, Harper. Je veux les emmener à la maison. Quand tout sera fini, je veux aller à la maison et je ne parle pas de l’appartement. » Je me fiche qu’on soit en public, j’entoure le bras d’Harper du mien et je m’appuie contre elle tandis que nous avançons vers l’immeuble. Je veux être proche d’elle et de nos bébés. « Tu en serais d’accord ? »

« Est-ce que c’est vraiment ce que tu veux ? »

« Oui. J’en suis plutôt sûre. »

« Alors on trouvera un moyen pour que ça marche. Un homme très sage m’a dit un jour, « si la mère est heureuse, les enfants iront bien. »

 

* * *

 

Cette fois, nous ne trouvons pas de place juste devant l’immeuble. Evidemment. Nous nous garons dans un garage un bloc au-dessus et marchons. Ce n’est pas vrai. Nous courons. Je veux mes bébés.

La garde derrière le comptoir lève les yeux vers nous et sourit avec compassion. « Ms Kingsley », elle nous accueille toutes les deux. Elle soulève tout son ample attirail et se met debout. « Allons chercher vos petiots. » Elle tapote le réceptionniste sur l’épaule en partant.

Nous hochons la tête en silence et la suivons vers l’ascenseur. Derrière nous, il y a Robie et Beth dans la zone de réception. Kels attrape ma main et la serre fort. L’ascenseur a l’air d’être mû par deux hamsters fatigués.

Nous arrivons enfin au troisième étage et sortons dans le couloir. La pièce où nous avons laissé Brennan et Collin est environ à quinze mètres à gauche de l’ascenseur, près du bout du couloir. Lorsque nous arrivons à la pièce, la garde frappe à la porte et nous annonce. Sans attendre de réponse, elle ouvre la porte.

Deux des plus longues heures de ma vie sont terminées. J’ai hâte de frotter les cheveux de l’Ebouriffé et d’avoir un grand sourire de ma petite fille. Nous allons les emmener à la maison, les baigner et nous occuper d’eux toute la journée qui reste. Un plan qui me va.

Je cherche mes bébés. Ils ne sont pas dans la pièce. Il n’y a personne.

« Hein ? » La garde grogne. « Je pensais qu’on les avait laissés ici. Ça devait être la pièce d’à côté. »

« C’était ici », dit Kels, d’une voix neutre.

« C’est pas possible, y a personne. Allons voir à côté. » Elle sort et se dirige vers la pièce suivante.

« Nous les avons laissés ici, Harper », murmure Kels d’un ton maintenant pressé.

Je hoche la tête en silence. « Je le pensais aussi. » Je regarde s’il y a une autre porte dans la pièce. Est-ce qu’il y a un placard ? Une salle de bains ? Mais à part une fenêtre, il n’y a pas d’autres entrées ou sorties.

« Elle les a pris », Kels exprime mes plus profondes craintes.

A quoi ressemblait cette travailleuse sociale ? Seigneur, je n’ai pas prêté attention à elle. J’étais tellement concentrée sur mes bébés. Pense, Harper. Elle était rousse, je m’en souviens. Et elle était trapue.

Oh Seigneur, je n’arrive pas à me souvenir.

« Voyons le reste de l’étage. » Peut-être que, vu qu’il n’y a personne ici, la travailleuse sociale les a emmenés dans une salle de bains pour changer leurs couches. » Je fais part de cette théorie à ma femme. Elle ne dit rien, ce qui n’est pas bon signe.

Lorsque nous sortons dans le couloir, la garde bouge plus vite. Elle se dépêche autant qu’elle peut vers les autres pièces. Ce qui confirme qu’on ne trouve nos enfants nulle part.

« Harper », dit Kels.

Je comprends. Je détache mon mobile de ma ceinture et j’utilise la touche rapide pour appeler Robie. « Qu’y a-t-il ? » Demande-t-il en reconnaissant mon numéro.

Ils ne sont pas là.

« Mon Dieu ! Tu en es sûre ? »

« Sûre de quoi ? » Demande Beth derrière lui.

« Les bébés sont partis », répond-il.

« Nous nous en assurons. Je vais démolir ce foutu immeuble brique après brique. Appelle la police, Robie. »

« Beth est en train de le faire. » Je l’entends marcher dans la pièce, se cognant presque à quelques personnes sur le chemin. « Combien y a-t-il d’étages dans cet immeuble ? » Demande-t-il à quelqu’un.

« Dix. »

« Tu as entendu, Harper ? »

« Oui. Nous sommes au troisième en ce moment. »

« Je vais faire verrouiller cet immeuble pour que personne ne puisse en sortir sauf par la porte principale soit devant Beth et moi. » A la personne à laquelle il parle là-bas, il dit, « Y a-t-il des sorties dans les étages supérieurs ? Des passerelles vers d’autres immeubles ? Un accès par le toit ? »

« Non. »

La voix de Beth. « La police est en chemin. Demande si elles savent quel genre de voiture cette garce conduit. »

« Kels, tu connais le type de voiture de ta mère ? »

L’expression de Kels ne ressemble à aucune que j’ai vue auparavant. « Un foutu corbillard quand j’en aurai fini avec elle. »

« Nous ne savons pas, Robie. »

La garde arrive en soufflant, elle est épuisée. « Je ne sais pas quoi dire, Ms Kingsley. La travailleuse sociale aurait dû être là tout le temps. »

« Cette foutue garce a dû la kidnapper aussi », gronde Kels. Elle s’avance vers la porte marquée ‘Escalier – Sortie d’urgence, Alarme’ et elle pousse pour l’ouvrir. Aucune alarme. « Seigneur ! » Marmonne-t-elle. « Où est-ce que ça mène ? »

La garde confirme mes pires craintes. « Ça mène vers une cage d’escalier protégée vers l’arrière de l’immeuble et ensuite dehors. »

Kels et moi prenons immédiatement l’escalier. La cage d’escalier est à peine éclairée et plus froide que le reste de l’immeuble ; ça sent l’humidité. Nous descendons d’un étage pour voir une porte marquée ‘Aucune entrée possible’. Nous essayons mais cette fois, la pancarte est juste. Nous descendons encore d’un étage pour arriver dans un petit couloir. Au bout il y a une porte. Nous l’ouvrons et trouvons une petite cour derrière l’immeuble. Il y a trois sorties depuis la cour entre les immeubles. Deux mènent à la rue, une à l’avenue.

Le bruit des sirènes est bienvenu. J’espère qu’ils ont amené toute la brigade. Et qu’ils ont des ordres de tirer à vue.

Nous contournons l’immeuble et rentrons par la porte principale en plein milieu du chaos. Robie est en train d’expliquer ce qui s’est passé et est surpris de nous voir entrer dans l’immeuble. « Mais comment… ? Oubliez. Officier, voilà les parents des jumeaux, Harper et Kelsey Kingsley. »

Il se retourne et nous regarde. Génial. Je n’ai pas besoin de ça en ce moment. « Madame », dit-il poliment, me surprenant. « Pouvez-vous me dire ce qui s’est passé ? »

Kels me regarde. Je retrouve ma voix et essaie d’être aussi calme que possible. « Nous avons amené nos enfants ici pour une visite supervisée par le tribunal, avec leur grand-mère maternelle. La visite était prévue de dix heures à midi. A midi, nous sommes revenues, nous sommes montées avec la garde et avons trouvé la pièce vide. Nous avions été assurées que Brennan et Collin ne sortiraient pas de cet endroit. »

« Elle les a pris », ajoute Kels.

« Jerry », dit le flic à son partenaire et il fait signe de la mâchoire vers le comptoir principal. Jerry y va pour parler au personnel. « Quel est le nom de la grand-mère ? »

« Katherine Stanton. »

« Etes-vous en conflit de garde avec elle, madame ? »

« Non, Kelsey est leur mère biologique et j’ai adopté les deux enfants il y a environ un mois. »

Il prend des notes d’une écriture dont je doute que lui-même puisse la relire plus tard. Il lève les yeux de son calepin. « Quel âge ont-ils ? »

« Ils sont nés le 23 novembre. Alors presque deux mois. »

Kels frissonne. Vu qu’elle s’appuie sur moi, je peux sentir les tremblements qui la traversent. « Ils ont besoin de moi. Je les nourris au sein. »

L’officier a l’air un peu mal à l’aise à cette pensée. Il regarde Kels un long moment et plisse les yeux. Du bout de son crayon il se gratte le favori. « Vous me semblez familière, Mademoiselle. »

Langston va en faire dans son froc. Mais, bien sûr, je m’en fiche. On peut aussi bien utiliser la célébrité de Kels pour notre bien. Kels semble penser la même chose quand elle répond. « Je suis Kelsey Stanton. »

Ça lui évoque quelque chose. « Vous êtes à la télé, c’est ça ? Les infos ? » Quand Kels confirme, il continue. « Je me souviens quand vous êtes partie pour avoir vos bébés. Je ne savais pas que c’était des jumeaux. »

« Collin et Brennan », dis-je pour qu’ils soient vrais pour lui. Je mets la main dans ma poche et je sors mon portefeuille. Je sors fièrement les photos de mes bébés. « Collin c’est celui avec les chev… » Je m’arrête, trop choquée pour parler avant un moment. « Les cheveux ébouriffés. Brennan est blonde. »

« Je peux les avoir, madame ? »

Non ! « Oui. »

Jerry revient vers nous. « La garde confirme. Les enfants ne devaient pas quitter l’endroit. La travailleuse sociale est introuvable. Ils ont deux avocats ici », il montre Beth et Robie, « qui m’ont montré les papiers. La grand-mère n’a pas la garde. »

« Lance un appel général sur la grand-mère et les bébés. Et sur la travailleuse sociale aussi. Fais venir les inspecteurs ici fissa. Notifie le FBI. » Il pose sa question suivante à Kelsey. « Quelle est la date de naissance de votre mère ? »

« Seigneur, ce n’est pas comme si je lui fêtais son anniversaire. Je ne sais pas. C’est important ? »

Il hoche la tête. « J’en ai besoin pour lancer la recherche sur son permis plus rapidement. »

Kels me prend mon mobile. Elle ne tape que deux touches aussi je sais qu’elle appelle quelqu’un en numérotation abrégée. Matthew. Ça a du sens. « Papa ? Dieu soit loué, je te trouve chez toi ! J’ai besoin de connaître la date de naissance de ma mère. » Elle s’interrompt alors que Matt doit sûrement l’interroger sur la raison de cette demande. « Elle a pris les bébés, Papa. Elle les a pris ! Et maintenant la police a besoin de sa date de naissance pour faire une recherche sur permis. » Kels commence à sangloter. Elle tend l’appareil au flic.

« Ici l’officier O’Neal. »

Je prends Kels dans mes bras et je la serre contre moi. « On va les récupérer, mon cœur. »

Elle ne répond pas.

« Je confirme, monsieur. Son adresse est 46 Willow Bark Avenue, Scarsdale, New York. Elle conduit une Mercedes SL 600 de 2000 immatriculée W-A-S-M-A-T-S. C’est correct ? » Il hoche la tête malgré le fait que mon beau-père ne peut pas le voir. « On diffuse ça immédiatement. »

« Dis-moi que ça n’arrive pas », murmure Kels contre ma poitrine.

J’aimerais pouvoir le dire. Seigneur, comme j’aimerais. On aurait dû partir. Je n’aurais pas dû les amener ici. Tout est de ma faute. J’aurais dû écouter Kels. On aurait dû les emmener loin de la ville.

« Ecoutez, vous devez rentrer chez vous », dit le flic doucement. « Une fois que ça sera diffusé, la presse va pulluler ici. Surtout vu qui vous êtes, Mlle Stanton. Rentrez chez vous. Les inspecteurs et la scientifique vont bientôt arriver. »

« Il faut qu’on fouille l’immeuble », je proteste.

« Madame, on va le faire. Je doute qu’elle soit encore ici, pour être honnête. Mais on va s’assurer qu’elle ne l’est pas. »

« Je reste », propose Beth. « Robie, tu les emmènes à la maison. »

Mon frère hoche la tête en raccrochant son téléphone. Je parie qu’il parlait à Papa. « Allez. On rentre. Peut-être qu’elle va vous appeler. »

« Garce ! » Jure Kels.

J’embrasse les cheveux de Kels. « Rentrons à la maison. »

« Ce n’est pas la maison sans eux. »

C’est vrai.

 

* * *

 

Nous sommes tous assis autour de la table de la salle à manger. Notre maison a été envahie. Le lieutenant Parks est assis en face de nous. Son partenaire, l’enquêteur Wynn se tient debout contre le mur. L’agent spécial Kyle Donovan est au bout de la table. Je suis contente qu’il y ait quelqu’un qu’on connait. Et quelqu’un qui nous doit un service. Seigneur, nous avons sauvé toute la ville. Ça devrait servir à quelque chose. Sa partenaire, l’agent spécial Susan Sawyer, est aussi assise à la table.

Nous avons fait des descriptions physiques, donné d’autre photos, fait des copies de leurs empreintes. Chaque moment a été de la pure et simple torture. Comment en est-on arrivé là ? Comment ai-je pu laisser ça se produire ?

« Il y a approximativement une heure, nous avons reçu un mandat pour perquisitionner la maison de votre mère, Ms Stanton », nous informe Kyle.

« Est-ce qu’ils étaient là ? » Demande doucement Kels.

« J’ai bien peur que non. Mais nous croyons maintenant que c’était un kidnapping délibéré et planifié, pas juste une opportunité. Nous croyons aussi que Katherine Stanton est celle qui a tout planifié et pas la travailleuse sociale, Mélanie James. »

« Qu’est-ce qui s’est passé là-bas ? Qu’avez-vous trouvé ? » Demande Robie.

« Dans la poubelle, il y avait deux boites. C’étaient des sièges auto pour bébé. »

C’est complètement irrationnel mais ça me réconforte. Au moins mes bébés sont saufs. La garce est folle, elle a volé mes enfants, mais elle s’occupe de leur sécurité. Je vais toujours la tuer. Mais je le ferai vite maintenant.

« Il y avait aussi des paquets pour d’autres objets pour bébé. Nous n’avons trouvé aucun de ceux-ci dans la maison. De plus, certains de ses vêtements manquaient. »

Kels se mouche, le nez rougi par ses pleurs constants. « Sa voiture ? »

Kyle sourit. « Bonne nouvelle. Elle est là. Nous avons contacté les compagnies de location. Je crois que nous aurons bientôt l’information sur son véhicule. »

« Les aéroports ? » Je demande.

« Tous les aéroports à desserte nationale de New York sont en alerte. Nous sommes allés au nord jusqu’à Boston et au sud jusqu’à Washington, DC. Elle ne prendra pas l’avion. » Il croise les mains devant lui sur la table. « Il y a une possibilité pour qu’elle cherche à vous extorquer de l’argent. »

« Une rançon ? » Demande Kels.

« Exactement. Vous savez, Ms Stanton, si votre mère avait des ennuis financiers ces temps-ci ? »

Kels ricane. « Toujours. Elle dépense son argent comme de l’eau. Elle est venue nous voir Harper et moi avant la naissance des bébés et a essayé d’obtenir de l’argent. »

Des regards significatifs sont échangés entre tous les représentants de l’ordre. « Ça met une lumière nouvelle sur ce crime. » Kyle adresse sa question suivante à sa partenaire. « Est-ce que tout est installé dans la cuisine ? »

« C’est prêt. »

« Nous avons installé un enregistreur sur le téléphone de la cuisine. Pour l’instant, ne répondez qu’au téléphone ici. Nous allons laisser un homme stationné ici vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sept jours sur sept, au cas où elle appelle avec une demande. Si elle le fait, le but est de la retenir assez longtemps pour que nous puissions la tracer. Chaque seconde où vous l’avez au téléphone nous rapproche de sa localisation. »

Nous hochons la tête. Si c’est moi qui réponds, il n’y aura aucun problème pour rester en ligne. J’ai une ou deux choses à régler avec elle.

« La presse est en bas. Vous devez décider comment vous les gérez. »

« Nous avons déjà parlé à notre producteur », je lui dis, « c’est la seule presse avec qui nous voulons gérer. » Je pense que Langston est un peu submergé avec la vie que nous menons, pour être honnête. Etant donné l’actuel état d’esprit de Kels, je pense qu’elle n’aura aucun problème à racheter son contrat.

« Qu’ils aillent au diable. » Kelsey se met debout et commence à se diriger vers la cuisine. Je devine qu’elle se souvient qu’il y a un autre policier là-bas et elle fait une grimace avant de se diriger vers le séjour.

Il n’est que dix-huit heures.

Je jurerais que nous sommes en 2002. (NdlT : la FF date de 2001)

 

* * *

 

Kels est dévastée. Elle ne mange pas. Elle ne dort pas. Un moment elle parle sans but et elle est furieuse, décrivant en détail ce qu’elle veut faire à sa mère quand elle mettra la main sur elle. L’instant d’après elle est en larmes.

Là maintenant, elle se repose tranquillement dans mes bras. J’ai réussi à la convaincre de prendre une douche chaude et de se changer pour quelque chose de plus confortable pour la soirée. Je déteste la voir ainsi.

« Ils doivent avoir faim », murmure-t-elle calmement. J’entends les larmes derrière ses mots. Elle bouge et grogne un peu. « Il faut que… il faut que je… »

Sans un autre mot, elle se lève et va dans la cuisine. Avec un profond soupir, je me lève et je la suis. Elle fait les choses machinalement. Préparer les biberons. Elle a posé tout ce dont elle a besoin et elle continue à essuyer les larmes de ses joues tout en préparant les provisions.

« Kels… »

« Je dois faire ça », dit-elle d’un ton neutre. « Je dois faire quelque chose. »

« Je sais. » Je me rapproche du comptoir, sans envahir son espace. « Je peux t’aider ? »

« Oui. » Elle se retourne et se met entre mes bras et recommence à pleurer. « Ils ont besoin de moi, Harper. Ils ont déjà dû prendre les biberons qu’on a laissés avec eux. Qu’est-ce qu’ils mangent ? Ils n’ont rien eu d’autre que mon lait. Nous ne savons même pas s’ils connaissent la formule. Et s’ils étaient malades ? Et s’ils ne peuvent pas manger… »

« Chhhh… Kels, je suis sûre qu’ils vont bien. » Je ne suis pas sûre qu’ils vont bien mais il faut que je lui dise. Je la serre contre moi et je masse son dos et embrasse le haut de son crâne, espérant me réveiller pour que ce cauchemar s’arrête.

« Je dois tirer mon lait. » Elle s’écarte, en prenant deux biberons pour monter dans la nurserie.

Je m’appuie contre le comptoir. Je veux la suivre, mais je sais qu’elle a besoin d’être un peu seule.

« Harper ? » Je lève les yeux vers Robie. Il a l’air aussi fatigué que moi. « Est-ce que Kels va bien ? »

Je secoue la tête. « Non. Non, elle ne va pas bien. Je m’inquiète pour elle. Je ne l’ai jamais vue aussi calme auparavant. Si elle est en colère contre quelque chose, habituellement, elle se met en colère et elle le reste. Si elle est inquiète, elle s’inquiète et reste inquiète. Mais là c’est tout neuf. C’est effrayant. »

Il entre et s’assoit à la table de la cuisine. « Beth et moi travaillons toujours sur les téléphones et les fax. Nous avons rempli des papiers avec tous ceux à qui nous avons pensé. J’ai appelé le bureau de Bennett pour le prévenir que s’il sait où elle se trouve et ne veut pas être complice de kidnapping, ce serait dans son intérêt qu’il nous dise où est sa cliente.

« D’accord. » J’entends à peine ses paroles tandis que je regarde ma montre. Je sais combien de temps il faut à Kels pour s’occuper des biberons. « Je reviens. »

Je laisse mon frère dans la cuisine et je grimpe lentement les marches jusqu’à la nurserie. Quand j’ouvre la porte, mon cœur se brise à nouveau. Kels est blottie sur la chaise longue ; elle tient le nounours préféré de Brennan et elle sanglote.

Lentement, avec précaution, je la rejoins et je la prends dans mes bras. Je prends notre couverture et je nous recouvre. Je sais où nous allons dormir jusqu’à ce que tout soit terminé. Tandis que je regarde les berceaux vides et que j’écoute les sanglots de ma femme diminuer en gémissements qui me brisent le cœur, je ne me suis jamais sentie si inutile de ma vie.

Je sens Kels qui se détend et je regarde l’épuisement et la douleur finir par prendre le dessus et elle tombe dans un sommeil agité. Ce n’est pas grand-chose, mais c’est déjà quelque chose. Mon esprit et mon cœur sont totalement tourneboulés. J’ai plus mal que jamais auparavant. « On va les ramener, Kels. » Je l’embrasse sur le dessus de la tête. « Je te le promets, on va les ramener. »

 

* * *

 

Le matin.

Le jour nous apporte de nouveau du froid, Matthew, Amanda et Claire, mes parents et Renée, Christian et Clark, mais pas ce dont nous avons le plus besoin.

Des informations sur nos enfants.

Au début, j’ai pensé que Matt était incroyablement insensible d’amener Claire. J’adore ma nièce – je sais qu’en fait c’est ma belle-sœur, mais je n’arrive pas à m’y faire – mais de la voir m’a remuée. Plus encore, son rire a apporté un soulagement bienvenu dans l’appartement. Et il me rappelle le meilleur de Collin et Brennan, pas le pire qu’ils soient kidnappés.

J’étais anxieuse de voir Christian. Son amour inconditionnel pour Kels est un baume sur son âme. Où qu’elle aille, il n’est pas loin derrière. Je porte Clark, le gros morceau, autant que possible. Mais il a l’air de n’avoir d’yeux que pour une petite rouquine. Comment vais-je réagir quand mon neveu épousera la sœur de ma femme ?

Et bien, je m’en inquièterai si on déménage pour le Kentucky.

J’irai m’asseoir avec Collin et Brennan au mariage et tous les trois on rira à s’en faire péter la rate, tandis que leur cousin deviendra leur oncle d’un seul mot.

Parce que je serai avec eux. Ils seront près de moi. Ils vont revenir.

Je riais toujours quand j’entendais la phrase du ‘dernier des Mohicans’ mais maintenant je la murmure constamment, en souhaitant que mes bébés m’entendent où qu’ils soient :

« Quoi que tu fasses, reste en vie. Je te retrouverai. »

 

* * *

 

Je suis tellement fatiguée. Ça fait moins de deux jours qu’elle les a pris mais il n’y a eu aucun contact. J’ai surpris les agents du FBI à se dire que c’est mauvais signe, voulant sûrement dire qu’elle ne cherchait pas à nous extorquer de l’argent. Et moins on a de nouvelles…

Je ne reverrai peut-être plus jamais mes bébés.

J’écoute Harper qui finit sa douche. Je sais qu’elle a été réveillée une grande partie de la nuit, parce que chaque fois que j’ouvrais les yeux, elle était avec moi, à me tenir et me réconforter. Ensuite, avec l’arrivée de nos familles ce matin, nous n’avons pas eu le temps de nous laver.

Nous nous accrochons l’une à l’autre en ce moment, plus que jamais. Je suis contente. Certaines crises déchirent les gens. Je ne pourrais pas supporter de la perdre aussi maintenant. Je serre ma robe de chambre autour de mon cou en essayant de me réchauffer. Je n’y arrive pas semble-t-il. Mes mains sont froides et je frissonne sans arrêt. J’ai mal partout et j’ai une douleur physique de ne pas pouvoir nourrir les bébés régulièrement.

Seigneur, je m’inquiète tellement qu’ils mangent. Assurément, même ma mère nous les rapporterait s’ils étaient malades. Ensuite une autre idée me traverse l’esprit. Oh, non, elle ne le ferait pas ? Elle n’a pas aussi désespérément besoin d’argent. Je me lève du lit et je vais dans la salle de bains pour interrompre la douche d’Harper.

« Qu’y a-t-il, Kels ? » Demande-t-elle, en se séchant rapidement. « Elle a appelé ? »

« Harper, et si son plan était de les vendre ? »

« Seigneur. » L’expression sur son visage dit que, comme moi, elle n’y avait pas pensé avant. Nous allons vers le séjour où tout le monde est réuni. « Et si elle avait prévu de les vendre ? »

Plusieurs paires d’yeux se baissent. « Nous avons déjà pensé à ça, Harper », dit Robie doucement. « Nous avons essayé de couvrir toutes les possibilités. »

« Tu penses que c’est possible ? » Demande Harper.

« J’ai bien peur que vu qu’aucun appel ne vous a été passé, ce n’est pas totalement hors du champ de l’imagination. » Les épaules de Kyle s’affaissent un peu. « Mais, je vous jure que nous faisons tout notre possible. »

« Eh bien, le possible n’est pas suffisant, pas vrai ? » Je marche d’un pas martial pour me mettre face à l’agent du FBI. « Bon sang, Kyle ! Pour ce que nous en savons, elle a déjà vendu mes bébés. Pas vrai ? » Il baisse les yeux et j’attrape son bras. « Pas vrai !? »

« Kels… » Dit doucement Harper derrière moi.

J’entends sa voix. Quelqu’un me touche. Tout ça est trop dur à supporter en ce moment. Je me dégage. « Non ! Ne me touchez pas ! Laissez-moi tranquille. Laissez-moi juste tranquille ! Ne me dites plus que ça va aller. Mes bébés sont partis ! Elle les a pris ! Ça ne va pas. Ça n’ira pas tant qu’on ne les récupèrera pas et ça pourrait ne pas arriver ! »

Je sens la colère qui monte et je sais que personne ici ne la mérite, mais je ne peux pas m’en empêcher. Je prends une inspiration profonde et je ferme fort les yeux. « Je les ai portés. Je leur ai donné le jour. Nous avons presque failli perdre Collin une fois… » Je m’arrête pour reprendre mon souffle et je me sens soudain très étourdie.

 

* * *

 

Je réussis à attraper Kels quand elle s’évanouit. Je me penche et je mets mon bras sous ses jambes et je la berce contre moi.

« Tante Kels ! » Hurle Christian en se précipitant vers nous.

Il cogne ma jambe et commence à tendre les bras vers sa tante préférée. Robie est rapidement près de lui. « Elle va bien, mon fils. »

« Elle est morte ! » Il gémit, des larmes chaudes coulent sur ses joues.

Alarmée à cette pensée, je mets ma joue contre ses lèvres. Je sens sa respiration sur ma peau et je me sens immédiatement mieux. « Elle n’est pas morte, Christian. Elle dort juste. »

« Elle dort ? » Fait-il en écho.

Robie le soulève pour le mettre au niveau de Kels. « Tu vois ? Elle est juste fatiguée. Parfois, les gens sont tellement fatigués que leur corps les endort. »

« Elle dort seulement ? » Demande-t-il à nouveau, toujours pas convaincu.

Je hoche la tête. « Elle dort seulement, je te le promets. » Je sauterais du balcon si c’était autrement. « Je vais la mettre dans notre chambre. Tu veux venir avec moi pour la border ? »

Il hoche gravement la tête.

Nous allons tous les quatre dans la chambre et je la dépose doucement. J’espère que Kels va être inconsciente un petit moment. Elle a besoin de sommeil. Je place notre couverture de mariage sur elle et je recule pour que Christian puisse la relever jusqu’à son menton. « Donne-lui un baiser, Christian. Tout le monde est bordé avec un baiser », je lui rappelle.

Il rougit mais obéit. J’ajoute le mien sur son front et nous retournons tous dans le séjour.

Je m’assieds près de Renée et elle s’appuie sur mon épaule en me tendant une Kelly endormie. « Merci », je murmure. Je repousse quelques cheveux qui tombent sur les yeux du bébé. Mon Ebouriffé me manque. Après un moment, je regarde Matt. « J’ai repensé à notre discussion hier soir. Sur pourquoi Katherine a fait ça. »

Il grogne. Il a été génial. Il a passé quelques appels téléphoniques et Kyle ne travaille sur aucun autre dossier. Il a passé un autre appel et nous avons les assurances Executive dans l’appartement. C’est une agence haut profil d’investigation qui offre des services de protection pour les dirigeants d’entreprises. Il offre aussi des services de sauvetage dans le cas de kidnapping. Nous avons passé beaucoup de temps avec eux hier.

Je suis tellement fatiguée de parler.

Je veux mes enfants.

« Je pense que cette femme n’a pas pris ses médocs. » Il prend la main d’Amanda. Je suppose que c’est pour se rassurer qu’il a fait le meilleur choix en cet instant.

« Je pense que c’est un « merde » pour toi. »

« Ça me semble mal dirigé, Harper. Pourquoi n’a-t-elle pas pris Claire plutôt ? »

Pendant un instant, je souhaite presque qu’elle l’ait fait mais je me ressaisis de cette pensée diabolique et je la mets de côté. Personne ne devrait traverser ça. Personne. Surtout personne qui me tienne à cœur. « Parce qu’elle a deux cibles comme ça. Elle a dit qu’elle s’opposait au fait que Kels était gay. Elle croit que ce n’est pas naturel. En fait, elle m’a pressée d’éloigner les enfants de Kels. Alors elle n’est pas seulement opposée à l’homosexualité mais elle a une vendetta  contre Kels. » Je m’interromps et j’essaie de penser comme cette garce pendant un moment. « Ensuite elle se montre à la Nouvelle Orléans et elle te trouve ainsi qu’Amanda et Claire. Je parie que dans son esprit, tu as tout. Tu as gardé l’argent, le prestige, la respectabilité. Tu as réussi à reprendre Kels après qu’elle ait pensé qu’elle avait réussi à vous aliéner l’un l’autre pour le reste de votre vie. Tu t’es remarié et as eu une autre belle petite fille. Tu as tout. Sauf qu’elle t’a pris tes petits-enfants. »

« Pas pour longtemps, Harper. Pas pour longtemps. »

 

* * *

 

Plus tard, Mama me trouve dans la cuisine. L’agent spécial sort discrètement. Il reviendra en une seconde si le téléphone sonne, ça je le sais. Mama glisse les bras autour de mon cou et me serre fort. « Je t’aime Mon Cœur. Et ces bébés vont revenir. Garde espoir. Je sais les choses. »

Je lui rends son étreinte en souhaitant que Mama puisse rendre les choses meilleures avec un baiser. C’est ce que font les mamans. Bien sûr, la Mère Stanton ne comprend rien de tout ça. Est-ce qu’elle les embrasse avant la nuit ? Elle leur chante quelque chose pour les endormir ? Elle s’assure qu’ils ont assez chaud ? Sont nourris ? Que leurs couches soient propres ? Personne sur cette terre ne peut les aimer plus que leur maman et moi.

Je me rends compte qu’avec chaque question, de nouvelles larmes coulent. « C’est de ma faute, Mama. »

« Sûrement pas. »

« Si ça l’est ! Je l’ai laissée entrer dans notre maison à la Nouvelle Orléans. Je l’ai laissée voir nos bébés. » J’halète pour respirer me sentant comme si quelqu’un m’avait frappée à l’estomac. « Elle les a vus et a décidé qu’elle les voulait. Seigneur ! J’ai convaincu Kels de la laisser les voir. Et je les ai conduits à cet endroit hier. Je les ai emmenés là-bas. Je les lui ai donnés. Je n’aurais pas dû le faire. Kels ne voulait pas mais je l’ai convaincue. Je les ai perdus ! »

« Chhut, mon bébé ! » Mama me serre plus fort et me caresse les cheveux. « Tu ne pouvais pas savoir. »

« J’aurais dû », je hoquète. « J’aurais dû protéger ma famille. Au lieu de ça, je les ai perdus. »

Je sens une autre présence dans la pièce et je me rends compte que Papa est entré sans que je l’entende. Il entoure Mama et moi de ses bras et nous serre fort. « Tout le monde est responsable de ses propres actions, Harper. Nous t’avons élevée en t’apprenant ça. Ton action était d’ouvrir ton cœur. Son action était d’en abuser. Ne sois jamais honteuse de croire en quelqu’un. Même quand ça s’avère erroné. »

« Mais mes enfants, Papa. Est-ce que mes enfants doivent en payer le prix ? »

« Ils ne le feront pas, Harper. Je le crois. Tu dois le croire aussi. » Il m’embrasse les cheveux. « Souviens-toi, même si elle les a pris, elle leur a acheté des sièges auto, des vêtements, des couches, des biberons. Elle les garde en sécurité parce qu’ils signifient assez pour qu’elle quitte tout ce qu’elle avait d’autre. »

« Tu le penses, Papa ? » Je veux tellement le croire.

Il hoche la tête. « Oui. Tu te souviens de ta tante Véronique ? »

« Elle était folle. »

« C’est vrai. Elle n’arrivait pas à rester dans un emploi, pouvait à peine s’occuper de sa maison et elle était une teigne à l’égard des adultes. Mais comment était-elle avec les enfants ? »

Je me souviens de tante Unique comme les enfants l’appelaient. Elle nous vénérait. Elle avait toujours des bonbons et des chewing gum. Elle nous racontait des histoires scandaleuses. Jouait avec nous. Elle était la tante parfaite jusqu’à ce qu’on atteigne la puberté. Après ça, on savait qu’il fallait la laisser tranquille. Mais si vous aviez un bambin malade qui avait besoin d’attention et de soins, tante Unique faisait le boulot. « Oui je me souviens. »

« Je pense que Katherine Stanton est comme elle dans ce sens. Ce n’est pas ce que tu as vu quand elle est venue voir notre maison ? »

« Elle était douce avec eux », je concède. Je me souviens avoir été stupéfaite à ce moment.

« Je crois qu’elle va s’occuper d’eux parce que comme ça elle reste avec eux. Et s’ils sont avec elle, ils ne sont pas avec vous. » Il embrasse mes cheveux. « Tu te souviens comme il était facile de trouver tante Véronique dans la ferme familiale ? »

Je me surprends à rire au souvenir. « Elle ne pouvait jamais se cacher. Elle était tellement scandaleuse. »

« C’est Katherine Stanton. Elle se dresse comme un pouce douloureux. Ce ne sera pas long, mon bébé. Je le sais. »

Si Papa le sait, alors ça doit être vrai.

 

* * *

 

Harper et moi sommes dans notre chambre, à essayer de nous reposer et de bloquer le monde extérieur pour quelques temps. Nous sommes épuisées, physiquement et émotionnellement. Nous avons pleuré, nous nous sommes mises en colère, nous avons supplié et négocié. Je refuse d’accepter les faits. Je ne l’accepterai jamais.

Les lumières sont éteintes. Je suis allongée dans ses bras tandis qu’elle regarde les infos du soir. Son pouce passe le long de mon dos. « Je suis désolée », je murmure.

« Pour quoi, ma chérie ? »

« Qu’elle nous ait fait ça. A toi. A nos bébés. J’aurais aimé qu’elle dirige sa colère contre moi seule et vous ait laissés en dehors de ça. Tu ne le mérites pas et Brennan et Collin assurément pas. »

« Kels, ce n’est pas comme si tu avais su qu’elle allait faire ça. Je sais que moi non. Qu’est-ce que je ne donnerais pas pour nous être enfuies samedi avec nos bébés. »

« Je sais mais… » Avant que je puisse dire autre chose, je sens Harper se raidir. Je roule pour voir des photos de mes bébés sur l’écran de télévision. « Mets le son. »

« Des sources fiables nous disent que les enfants ont été kidnappés par la grand-mère maternelle pendant une visite ordonnée par le tribunal. Si vous avez des informations, appelez-le… »

Je ne peux pas en voir plus. Seigneur, j’en ai fait des sujets comme ça. Je me suis assise dans des séjours avec des parents en détresse et je leur ai dit combien j’étais désolée et que je comprenais ce qu’ils traversaient. Je me rends compte, à cet instant précis, que je ne connaissais rien de ce qu’ils ressentaient.

Alors, basiquement, j’ai été une faussaire toute ma vie. Ma carrière est un foutu mensonge. Pourquoi je sens que ma vie s’écrase autour de moi ? Probablement parce que c’est vrai. « Je te le jure, Tabloïde, quand on les retrouvera, je ne les laisserai plus jamais hors de ma vue. »

« Je sais bébé. Je ressens la même chose. » Elle me serre à nouveau contre elle.

« D’abord Los Angeles, maintenant New York. Est-ce qu’on ne va jamais trouver la paix, Harper ? »

« Oui, chér. Je te le promets, on va la trouver. »

 

<Fin de la saison 3 - A suivre saison 4>

 

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Commentaires
T
La mère Stanton de pire en pire, vivement qu'elle paie pour tout ça ;)<br /> <br /> Merci pour la traduction encore et encore.
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F
Merci pour vos encouragements. La suite? Qui sait? :-)
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I
Suspens infernal,comme on a connu lors de la fin de la saison 1.<br /> <br /> Merci Fryda pour cette saison 3 finement traduite.Une pro !<br /> <br /> Mais effectivement,on ne peut rester sur nôtre faim-fin LOL<br /> <br /> Pas de pression,mais je vais guetter les mises à jour LOL<br /> <br /> <br /> <br /> Isis
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G
Argh....Comment ça peut s'arrêter là ?<br /> <br /> J'ai toujours hâte de lire la suite, mais là... <br /> <br /> Merci Fryda pour avoir traduit cette histoire jusque là, et surtout, n'oublie pas qu'on compte sur toi pour connaître la suite. ;-)
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