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Guerrière et Amazone
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  • Vous trouverez ici des Fans Fictions francophones et des traductions tournant autour de la série Xena la Guerrière. Consultez la rubrique "Marche à suivre" sur la gauche pour mieux utiliser le site :O) Bonne lecture !!
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Guerrière et Amazone
Derniers commentaires
4 juillet 2015

Le Saut de la Foi, de Missy Good, 1ère partie

Avertissement habituel – Ces personnages, pour la plupart, appartiennent à Universal et Renaissance Pictures, et à tous ceux qui ont un intérêt dans Xena : Princesse Guerrière. Ceci est écrit juste pour s’amuser et aucune violation de copyright n’est voulue.

Avertissements Spécifiques :

Violence – De la violence – oui, il y aura de la violence dans cette histoire, de nature modérément explicite. Xena s’ennuie facilement et quand elle s’ennuie, elle aime frapper des gens. C’est juste un de ces trucs.

Subtext – Comme dans toutes mes histoires, celle-ci est basée sur le postulat que deux personnes sont vraiment amoureuses l’une de l’autre. Il se trouve qu’elles sont toutes les deux des femmes. Il n’y a pas d’action explicite ici mais si la pensée d’une telle situation vous pose un problème, trouvez-vous une autre histoire à lire. Il y a beaucoup de fiction générale sur Xena qu’on peut trouver partout.

Si vous lisez ce qui précède et persistez à lire l’histoire, qui ne sera pas courte, parce qu’elles ne le sont jamais, et que vous êtes TOUJOURS offensé par cet amour… envoyez-moi votre adresse et je vous enverrai des kumquats. Ce sera parfait pour vous, croyez-moi.

D’un autre côté, si vous aimez ce truc, envoyez-moi votre adresse et je vous enverrai quelques-uns de mes meilleurs snacks, du raisin blanc trempé dans du chocolat au lait.

Tous les commentaires sont bienvenus. Vous pouvez m’écrire à : mailto:merwolf@worldnet.att.net

 

Traduction par Fryda (2015)

Pour les avertissements de l’auteure voir ci-dessus.

Avertissement de la traductrice : l’histoire est longue, la traduction a son rythme, soyez patient(e)s


Le Saut de la Foi (Leap of Faith) – 1ère Partie

Par Melissa Good (1998)

La brise de fin d’été soufflait doucement et éparpillait les feuilles dans la cour pratiquement désertée devant l’auberge dans la cité d’Amphipolis, dispersant la chaleur de l’après-midi ensoleillé et faisant doucement tinter les cristaux colorés qui pendaient à la porte arrière du bâtiment.

La paix fut doucement brisée lorsque la porte de l’écurie proche s’ouvrit et qu’une grande femme aux cheveux noirs sortit en se frottant les mains dans la direction de la cour arrosée de soleil, vers l’auberge. Elle portait une tunique en coton couleur rouille et une surcote en cuir, qui protégeait sa poitrine et le haut de ses jambes, et arrivait presqu’à ses genoux. Un grand loup noir trottait sur ses talons, reniflant le sol et sautant sur une branche tombée d’un arbre proche.

« Hé.. donne-moi ça », ordonna Xena en voyant le bâton fermement serré dans la gueule du loup. « Viens par ici… » Elle s’avança vers lui et il l’évita, la queue battant furieusement. « Arès ! »

« Argrho. » Le loup grogna à travers ses dents serrées. « Grrr… » Il secoua la tête puis sauta alors que Xena bondissait au-dessus de lui, redescendait et le clouait proprement au sol. « Argrohhh… »

« Je t’ai eu. » La grande femme rit et sortit le bâton puis le jeta vers la cour, envoyant le loup à sa suite. Elle se redressa et relâcha un soupir satisfait, la tête penchée en arrière, absorbant le soleil chaud, qui lançait des reflets blonds sur sa peau bronzée. Elle resta là un moment à regarder autour d’elle. Je ne peux pas croire que ça fait un mois qu’on est là. Elle secoua la tête en continuant vers l’auberge, pausant pour passer ses doigts sur les cristaux et écouter le son plaisant qu’ils produisaient. Arès revint vers elle et renifla, en laissant tomber son bâton. « Roo. »

Xena le regarda et tira sur le bout de son oreille. « Oui… roo à toi aussi. » Elle poussa la porte pour l’ouvrir, souriant quand un léger effluve sortit du bâtiment, portant l’odeur d’agneau rôti et de sauge. Oooh… ça sent très bon… Ses sens furent émoustillés tandis qu’elle passait la porte, repérant sa mère appuyée contre le mur du fond, discutant de quelque chose avec Eustase, la cuisinière de l’auberge. « Salut. »

Cyrène leva les yeux et lui fit signe d’approcher. « Xena… justement la personne dont je parlais. » Elle regarda sa grande fille avec un air affectueux et lui tapota le côté lorsque celle-ci approcha d’un grand pas.

« Qu’est-ce que j’ai encore fait ? » Demanda Xena d’un ton aimable. « Si c’était ce matin, oublie… c’était pas moi. Je travaillais avec les poulains depuis l’aube, et j’ai enseigné au canasson du meunier à ne pas l’éjecter pour le reste de la matinée. » Elle étira ses épaules dans un mouvement long et relaxant, et elle bâilla en serrant le tissu contre elle, puis elle haussa les épaules pour le remettre en place. « Alors blâme quelqu’un d’autre. » Elle s’interrompit. « Pourquoi pas Toris ? »

Sa mère rit. « Tu es très méchante, Xena. » Elle la poussa un peu dans les côtes. « Je ne blâmais personne pour rien… bien qu’en y repensant, pourquoi tu présumes ça ? Qu’est-ce que tu as fait ? » Elle mit les mains sur ses hanches. »Hmm ? »

Xena haussa un sourcil. « Moi ? » Elle pointa le pouce sur sa poitrine. « Rien du tout. » Elle alla derrière sa mère et attrapa un petit morceau d’agneau sur le bâton qui refroidissait avant de le mettre dans sa bouche. « Mm. » Elle mâcha pensivement, savourant la sauge et le poivre.

L’aubergiste secoua la tête. « Coquine. » Elle se réappuya contre le mur. « Nous avons un petit problème… peut-être que tu pourrais m’aider. »

« Ça dépend. » Xena lui lança un regard diabolique. « J’aurai plus d’agneau ? »

Cyrène ricana. « En fait, voilà le problème – la caravane de provisions qui se dirigeait par ici est coincée à Potadeia… et la plus grande partie de mes provisions est avec elle. » Elle regarda sa fille. « Tu penses que tu pourrais y faire un tour à cheval et voir quel est le problème ? »

Potadeia, hein ? Xena lança un regard ironique à sa mère. « Justement… nous avions prévu d’y aller… Gabrielle veut voir la nouvelle arrivée chez Lila. » Elle se repoussa du mur et croisa les bras. « Je ne vois pas de problème pour y aller. » Un problème ? Mmm… non… quelques jours sur la route… sympa et calme… ça me semble plutôt bien, en fait. « Je vais demander à Gabrielle… peut-être qu’on partira demain. »

Cyrène eut un brusque hochement de la tête. « Ce serait merveilleux. » Elle serra le bras de Xena. « Pour ça, tu auras une assiette supplémentaire d’agneau… mais tu ferais mieux de te dépêcher… tu sais que tu as une concurrente. »

Xena rit. « Oh oui… je sais. » Elle fit un sourire à Eustase qui restait timidement silencieuse, puis elle alla vers la porte dans la section principale de l’auberge, s’arrêtant quand elle entendit des voix. Elle s’arrêta dans l’ombre juste avant l’entrée de la pièce et jeta un coup d’œil, repérant sa compagne perchée sur un coin de table, en train de discuter.

Un mois… songea-t-elle. Il avait fait des miracles sur son âme-sœur blonde et mince. Gabrielle avait presque retrouvé sa pétulance passée et elle paraissait plus forte et en meilleure santé que depuis un bon moment. Là maintenant elle était prête pour l’entrainement au bâton, vêtue de sa jupe et d’une chemise courte en coton blanc bien serrée sous sa cage thoracique, exposant à son avantage sa peau joliment bronzée et un corps musclé et souple. Au moins au bon avantage de Xena, celle-ci sourit d’un air supérieur pour elle-même, se permettant de détailler la silhouette de sa compagne avec un plaisir paresseux.

« Mathias, tu ne peux pas faire comme ça. » Discuta Gabrielle en croisant les bras. « Ils ne vont pas échanger des champs juste sur une promesse de notre part de leur envoyer une caravane de marchands dans leur direction une ou deux fois par an. »

« Mais… » L’homme trapu grimaça et s’appuya au-dessus du parchemin sur la table. « Ils veulent vraiment nos marchanjkjjdises… surtout les vêtements et la bière de Cyrène. » Il mâchouilla un ongle. « Bon sang, si on ne peut pas utiliser ces champs, maintenant, soit… »

La barde se redressa, s’étira et soupira. « Très bien… et si nous échangions deux tonneaux de bière maintenant et un coupon de tissu, pour les droits sur le champ, et une promesse de marchandage plus tard. » Elle étudia le document. « Ça pourrait marcher… » Elle amenda les écrits et mordit le bout de sa plume, puis elle leva les yeux. « Ok ? »

Mathias hocha la tête. « Très bien… je pense qu’Eddres va accepter ça… » Il pencha la tête et sourit à la barde. « Merci, Gabrielle. »

Il se leva et roula le parchemin puis le mit dans sa ceinture et donna une tape à son compagnon sur son bras. « On y va, Ethan… nous avons le temps d’y être avant la nuit. »

Les deux hommes partirent et Gabrielle pausa un moment, laissant un sourire grimper sur ses lèvres avant de tourner la tête et de repérer sa compagne qui paressait dans l’ombre. « Salut… qu’est-ce que tu fais là ? »

Xena avança à grands pas et mit les bras autour du cou de la barde, le menton posé sur la tête de Gabrielle, la serrant. « J’attendais que tu aies fini. » Elle grogna doucement dans son oreille. « J’ai une proposition à te faire. »

Gabrielle pencha la tête et ses yeux verts brillèrent en entendant ces mots. « Oh vraiment ? » Elle s’appuya contre son âme-sœur et sourit joyeusement. « Vas-y… fais-moi une proposition. » Elle attendit patiemment, laissant son regard errer sur le visage bronzé de sa compagne avec un doux plaisir. Ce dernier mois avait tant fait pour elles… et surtout pour sa compagne, au point que Gabrielle avait récemment commencé à voir des touches subtiles de son côté le plus ouvert réapparaître, pour son grand plaisir. Elles avaient même recommencé à blaguer l’une avec l’autre, se poussant avec des remarques légèrement taquines.

« Maman voudrait qu’on aille voir ce qui se passe avec ses précieuses provisions pour la fête », répondit rapidement Xena. « Elles sont coincées. »

Gabrielle haussa un sourcil blond. « Heu… d’accord… » Gabrielle eut une expression intriguée. « Dans un trou de boue ou quoi ? » Elle laissa sa main tomber légèrement sur la cuisse musclée de sa compagne et la serra doucement. « Elle pourrait envoyer un cheval et un chariot… je me rends compte de combien tu es forte, mon amour, mais… »

Xena sourit. « Non… à Potadeia. » Elle saisit le sourire soudain de compréhension de la barde. « Je pensais qu’on pourrait rendre visite à Lila et nous occuper de deux choses avec un seul voyage. »

Mmmm…  Gabrielle aimait l’activité et la vie quotidienne à Amphipolis… mais quelques jours de balade avec Xena… maintenant ça la tentait bien. « Ooh… oui… ça me donnera une occasion de faire des emplettes pour des cadeaux pour l’union sans que Maman ne regarde par-dessus mon épaule. » Elle acquiesça avec enthousiasme. « J’aime bien cette idée. » Elle tournoya et mit un bras autour de la taille de Xena. « Quand est-ce qu’on part ? »

Sa compagne lui sourit en retour et lui ébouriffa légèrement les cheveux. « Demain, ça te va ? » Elle regarda autour d’elle. « Si tu peux te sortir de ton programme chargé. »

Gabrielle leva les yeux au ciel. « Ils s’y feront. » Elle tira sur la surcote en cuir sur la poitrine de Xena. « Hé… est-ce que ça te dirait de te joindre à moi pour un cours de bâton ? » Elle l’amadoua gentiment, lançant son meilleur regard de prière à sa compagne. « S’il te plait ? »

Xena fit semblant de réfléchir à la requête en mettant une expression noble et interrogative sur son visage. « Et bien… je suppose que je pourrais être convaincue », dit-elle pensivement. « Qu’est-ce que j’en retirerais ? »

« Hmmm… » Gabriella laissa volontairement sa voix descendre à un grondement sensuel. « Tu… pourrais prendre de l’air frais », commença-t-elle en laissant ses doigts voyager sur les attaches de la tunique de sa compagne.

« Je prends beaucoup d’air frais, Gabrielle », répliqua sa compagne en regardant le déboutonnage lent par la barde.

« Oui oui. » Une attache en moins. « Mais tu ferais du bon exercice. » Une autre attache et le tissu se sépara, permettant à la barde de glisser sa main et de chatouiller la peau chaude.

« O… K… » Xena ferma les yeux tandis que la main de Gabrielle glissait plus avant, doucement insistante. « Et bien… je présume que ça ne fait jamais de mal », dit-elle lentement tout en se penchant en avant pour trouver les lèvres de sa compagne, se permettant un long baiser avant de saisir le bruit indéniable de pas se rapprochant. Elle recula et mordilla le bout du nez de la barde. « Très bien… c’est d’accord », acquiesça-t-elle doucement tandis que la porte s’ouvrait derrière elles et la barde réfréna un rire en rebouclant la chemise de sa compagne.

« Salut maman… » Gabrielle se rendit compte qu’elle avait probablement rougi mais l’auberge était plutôt sombre alors elle ne s’en inquiéta pas. « J’ai entendu dire qu’on allait secourir ton frou-frou. »

Cyrène s’approcha d’elles et regarda les deux femmes avec un sourire connaisseur. « Xena, tu es sûre que cette attache est supposée être inversée ? » Demanda-t-elle innocemment. « Mon frou-frou, hein ? »

« Hum… faut que j’y aille », répondit Xena en tapotant la joue de sa compagne. « Je vais me changer et je prends mon bâton… on se voit dans la cour, d’accord ? » Elle s’échappa en passant près de Cyrène dont les yeux souriaient et elle se baissa pour sortir.

L’aubergiste la regarda puis se tourna vers la barde et secoua la tête. « Alors… tu as hâte de voir ta sœur ? » Elle mit la main sur l’épaule de Gabrielle. « Je sais que Potadeia apporte des souvenirs mitigés chez toi. »

La barde s’installe de nouveau sur le bord de la table et croisa les bras. « Oui… j’ai hâte de voir Lila… et le bébé… et les choses vont mieux avec mes parents. » Elle haussa légèrement les épaules. « Ce n’est pas si mal… plus si mal. » Rien n’était, vraiment… elle s’était rendu compte que… avoir traversé toutes ces choses.

Cyrène sourit. « Bien, viens dans la cuisine… tu ferais mieux de prendre du rôti avant que ta grande amie mette les mains dessus… il n’en restera pas beaucoup. » Elle mit un bras amical autour des épaules de la barde et la guida vers la porte. « Et Eustase a fait ces petites poches que tu aimes… alors… »

Gabrielle rit. « Maman… tu me gâtes vraiment… contente que cet endroit m’occupe bien. J’aurais des problèmes autrement. » Occupée… était le bon mot, se dit-elle, en se laissant emmener dans la cuisine et installer à la table de travail, où un plat apparut devant elle comme par magie. Entre travailler sur des traités de marchandises, les leçons de bâton, aider… et les autres calmes sessions qu’elle avait eues avec les autres femmes du village à juste… parler… les journées semblaient trop courtes.

Et elle en était contente… d’une certaine façon… parce que ça lui laissait moins de temps pour penser au passé… et à ce qui leur était arrivé… et plus de raisons pour commencer à construire leur futur, qui commençait à sembler plus léger. Xena aussi, elle l’avait remarqué, s’était lancée dans ses tâches quotidiennes avec ce qui semblait être pour Gabrielle, du soulagement, et elle était contente que sa compagne semble capable de se permettre cette nouvelle vie pour absorber son intérêt. Travailler non seulement avec les deux poulains d’Argo, mais avec six autres jeunes chevaux la gardait occupée, et ajoutés à ça les moments de chasse dont elle était plus ou moins officiellement en charge, et les appels à ses talents de guérisseuse…

Oui. Pas le temps de ressasser… et c’était pour le mieux. Bien qu’elles semblaient trouver du temps pour être ensemble en fin d’après-midi, peu importe ce qui se passait en même temps. Elle avait fini les cours de bâton, ou elle revenait d’une longue session avec Josclyn, et comme par magie, Xena apparaissait, libérée de ses propres tâches, recherchant de la compagnie et du calme.

Ce qu’elle était plus qu’heureuse de lui fournir. Elles étaient retombées dans leur routine hivernale de passer ce moment du jour ensemble, habituellement blotties dans leur vallon caché préféré, à simplement se détendre. Elle avait commencé à travailler sur des nouvelles histoires et elle en répétait parfois des fragments pour sa compagne, ou parfois, elles se contentaient de parler tranquillement de leur journée, ou parfois… Gabrielle sourit. Ok, la plupart du temps, elles se blottissaient l’une contre l’autre et elles laissaient leur corps prendre le contrôle, ici cachées et en sécurité.

Les soirées étaient soit passées paisiblement dans leur cabane, soit avec le reste de la famille, dans des dîners de groupe qui restauraient pour Gabrielle, au moins, le sentiment d’une famille qu’elle n’avait jamais vraiment eue. Entre Cyrène et Johan, Toris et Granella, et elles deux, il y avait plein d’occasions de blaguer et de passer du bon temps. Et bien sûr, elle était hautement sollicitée pour des histoires.

La porte s’ouvrit et elle regarda pour voir Granella entrer péniblement. « Salut… »

L’Amazone fit un geste de salut et se laissa tomber sur le banc près de la barde, puis mit le menton sur une main. « Gabrielle, il y a un os entre nous. »

Cyrène haussa un sourcil et posa un pichet de cidre, puis elle s’assit et attendit.

Gabrielle leva à peine les yeux de son assiette et sélectionna un petit os avec de la viande, puis le tendit à Granella. « Ok… et voilà », répondit-elle vivement, en continuant à mâcher. « Tu as besoin d’autre chose ? »

Granella mordit délicatement un peu d’agneau. « Merci », dit-elle d’un air drôle. « Bon, ça t’ennuie de me dire ce que tu donnes à manger à ta compagne ? »

La barde cligna des yeux puis échangea des regards avec Cyrène, qui haussa les épaules. « Hum… » Elle fixa de nouveau son assiette. « La même chose qu’à nous. Pourquoi ? » Puis son visage se plissa en un sourire connaisseur. « Oh… tu commences à courir avec elle le matin ? »

L’Amazone soupira. « C’est déprimant », grommela-t-elle. « Je pensais avoir réussi à rester en bonne forme… malgré la cuisine incroyable qu’on trouve ici. » Elle sourit à Cyrène, qui lui rendit son sourire. « Alors il a fallu que j’aille la défier à la course. »

Gabrielle rit. « C’était idiot », dit-elle joyeusement à l’Amazone. « Elle est vraiment compétitive. »

« Non, vraiment ? » L’Amazone lui lança un regard ironique. « Je ne l’aurais jamais pensé chez elle. » Granella soupira et passa les doigts dans ses cheveux noirs courts. « Je l’ai rejointe quand elle sortait ce matin… je me suis dit qu’il faisait beau et qu’on était tôt, je me sentais plutôt bien… alors nous avons couru pour monter cette petite crête près de la rivière… »

« Elle aime cet endroit. » Gabrielle prit une gorgée de cidre. Elle m’a emmenée quelques fois… mais courir n’est pas vraiment ma tasse de thé et nous finissons habituellement… » Elle s’interrompit en réalisant ce qu’elle disait. « Hum… nous sortons habituellement des sentiers battus. » Elle ignora les sourires autour de la table. « Alors… bref… qu’est-ce qui s’est passé ? »

Granella réfréna un sourire supérieur. « Et bien, malheureusement pour moi, je ne suis pas toi… alors c’est sûr qu’elle n’était pas distraite… nous étions à mi-chemin dans la montée que me voilà, courant, me disant ‘hé, ce n’est pas si mal…’ ensuite elle me fait ce… Regard. » Elle les regarde. « Vous savez lequel. »

« Oui oui », répondirent Gabrielle et Cyrène en même temps.

 « Et BAM ! » Granella frappa la table de sa main, les faisant sursauter. « Elle décolle. » Elle soupira. « Pas que je n’ai pas essayé de rester à niveau, je l’ai fait… mais là pour ajouter l’insulte à la blessure, elle me laisse un peu la rejoindre puis commence avec ces trucs de sauter, en haut, en bas,… par-dessus ces fossés… elle m’a filé le mal de mer. »

Gabrielle rit. « Par les dieux… désolée. » Elle secoue la tête. « Mais je suis contente qu’elle ait retrouvé cette capacité de bondir… elle m’a fait peur pendant quelques semaines. » Deux très longues semaines, en fait, quand elle avait regardé sa compagne se battre avec elle-même, en colère contre ce corps qui se déplaçait avec une extrême lenteur quand elle recouvrait de ce que Xena considérait comme étant une maladie insignifiante. Gabrielle s’était approchée d’elle avec patience, amadouant la guerrière pour qu’elle reste avec elle dans de longues et paisibles périodes de câlinage sous le prétexte de guérir un peu des fêlures de leur relation.

Ça avait marché, pour les deux choses, vraiment… elles avaient continué à se rapprocher de plus en plus et ça avait donné une chance à Xena de donner à son corps ce qu’il réclamait, ce qui était simplement du repos complet, en même temps que le soulagement du stress qui les avait séparées. Gabrielle avait presque pu voir les progrès de jour en jour… et ça lui avait permis de travailler sur ses propres anxiétés tandis que son âme-sœur en ressortait avec une lueur plus familière dans ses yeux très bleus.

« Ha. » Granella ricana mais lui fit quand même un sourire. « Bondir… c’est comme ça que tu l’appelles ? »

La barde lui sourit à son tour. « Parmi d’autres choses », dit-elle impassible. « Allons… tu peux avoir ta revanche… je l’ai convaincue de se joindre à moi pour une leçon. » Elle se leva et mit son assiette dans le bassin.

« Oh… bien sûr. » Granella tressaillit. « Gabrielle, au cas où tu ne l’aurais pas remarqué, je ne peux pas me mesurer à toi… encore moins à elle… » Mais elle se leva et se joignit quand même à la barde. « Oh bon… peut-être que Toris peut venir jouer… et je peux le battre lui de temps en temps. »

« Hé… » Cyrène leur lança une cuillère et elle fit semblant de froncer les sourcils. « C’est de mon fils que tu parles. »

Gabrielle sourit. « Et bien… il vaut mieux qu’il s’entraine avec Gran qu’avec sa sœur. » Elle se mordit la lèvre. « Après cette dernière fois… ouille… »

Granella mit amicalement la main sur son dos et la poussa vers la porte. « Oui oui… tu es la seule qui peut se mesurer à elle et nous le savons tous, ma Reine. »

Leur rire voyagea au-delà de la porte et diminua, laissant Cyrène avec un chaud sourire sur les lèvres. « Je ne m’attendais pas à avoir une maison pleine d’enfants à nouveau, ‘Stase. »

Eustase lui sourit. « Et une belle brochette, madame. »

« Oui… » Cyrène soupira affectueusement. « Des garnements… mais on ne peut pas tout mettre sur mon dos, ça c’est sûr. »

« Non, madame. » Eustase remua la tête avec emphase. « Pas vous. » Elle se tourna et remua la marmite sur le feu laborieusement, tout en cachant un minuscule sourire.

***********************************

La lumière de l’avant aube entra lentement dans la cabane, repoussant les ombres et révélant l’intérieur familier, qui prit de la chaleur et des couleurs devant les yeux ensommeillés mais ouverts de Xena. Elle n’était pas encore prête à se lever bien qu’elles aient décidé de partir tôt et elle se blottit un peu plus dans la douceur du lit avec un sentiment de confort décadent.

Gabrielle était parfaitement endormie, son corps chaud niché près de celui de son âme-sœur et Xena passait juste ce moment paisible de la journée à la regarder, laissant son regard tracer les lignes légères de son visage, écoutant sa respiration. C’était cette paix, elle le savait, qui soignait lentement les blessures en elle. La confiance que Gabrielle avait réinvestie dans leur relation, et qu’elle lui avait timidement retournée… même maintenant, à juste regarder le doux sourire sur les lèvres de la barde faisait monter une douce chaleur en elle.

Chaque fois qu’elle se sentait agitée, chaque fois que le besoin sauvage montait en elle, et que les souvenirs de batailles passées lui revenaient en mémoire, tout ce qu’elle avait à faire, c’était de regarder le contentement sur le visage de son âme-sœur, et le sentiment de bonheur qui montait d’elle et suffisait à dompter l’obscurité et la renvoyait dans les tréfonds.

Et cela se produisait de moins en moins souvent, se rendit-elle compte, tandis qu’elle s’installait dans la vie quotidienne d’Amphipolis, et qu’elle s’investissait dans les vies et les rêves des gens qui vivaient ici, qui la recherchaient maintenant, pas seulement comme leur protectrice mais aussi comme une amie et une guérisseuse fiable.

C’était tellement… étrange.

Je ne me suis jamais attendue à être une héroïne. Pas après César….à ce moment-là j’ai su que quoi que je devienne, je serais haïe. Crainte. Une fois que je prendrais ce chemin, je savais qu’il n’y a avait pas de retour possible… pas d’expiation. J’étais perdue. Lao Ma m’avait montré ce que j’étais devenue mais à ce moment-là, je m’en fichais. Hercule m’avait appris un autre chemin… mais je ne serais pas restée longtemps dessus. Je me détestais tellement… et je savais que tout le monde le faisait aussi. Même maman… tout le monde.

Sauf Gabrielle. Son regard voyagea sur les traits de son âme-sœur. Cette douce, gentille et innocente gamine, qui a vu en moi une chose que je n’aurais jamais vue.

La lumière prit une teinte rosée et alors qu’elle passait par la fenêtre, entrainant les légers brins de poussière sur la couverture, Xena sentit la respiration de sa compagne changer et s’approfondir, puis elle la regarda avec une profonde affection quand les yeux verts brumeux s’ouvrirent en clignant et croisèrent les siens. « Bonjour », dit-elle dans un ton bas et grondant.

Les petites lignes autour des yeux se plissèrent tandis que la barde souriait, révélant de belles dents blanches et le bout d’une langue rose. « Je faisais un beau rêve », ronronna la barde d’un ton ensommeillé.

« Ah oui ? » Répondit Xena en inspirant son odeur chaude.

« Mmm… » Fut la réponse contente. « Oui… et alors je me suis réveillée et ce n’était pas un rêve. » La barde resserra sa poigne et souffla, réchauffant la poitrine de Xena de son souffle et l’âme de la guerrière de ses mots. « C’était réel. »

Xena se contenta de la serrer plus fort contre elle en riant doucement. « Il commence à faire jour. »

« Non… vraiment ? » Gabrielle mit la tête sur sa main et traça paresseusement un dessin sur le corps de Xena. « Je présume que ça veut dire qu’on doit se lever, s’habiller et commencer à marcher, hein ? » Elle bâilla et se nicha joyeusement plus près, glissant un genou sur les jambes de sa compagne et changeant le rythme de ses caresses, le ralentissant. « Tu n’as jamais souhaité que les choses ne soient pas aussi éloignées ? »

« Hein ? » Xena secoua un peu la tête, chassant le brouillard plaisant que le toucher de la barde avait fait tomber sur elle. « Gabrielle… arrête ça… je vais me rendormir. » Elle se plaignit d’un ton ironique. « Tu ne veux pas rendre visite à Lila ? »

La barde continua à tracer. « Oh… oui, bien sûr que je veux… je ne veux simplement pas le faire à cet instant. » Elle écarta le tissu léger et goûta sa compagne des lèvres, puis elle changea à nouveau son dessin. « Ça t’endort toujours ? » Demanda-t-elle innocemment, sentant le changement dans la respiration de Xena. Une main glissa le long de l’arrière de sa cuisse et elle sentit son propre corps réagir. « Je présume que non. »

Elles partirent plus tard que prévu.

Le soleil était bien haut et commençait à chauffer la route lorsqu’elles se dirigèrent après la rivière vers Potadeia. Gabrielle avait remis ses vêtements de voyage habituels et avait serré ses cheveux en arrière dans un nœud relâché. Xena avait volontairement abandonné sa combinaison en cuir, s’en tenant à une tunique brodée d’un bleu clair qui arrivait à mi-chemin de ses genoux, et à ses bottes courtes.

Pas d’armure. Mais son épée était attachée à la sacoche d’Argo et le chakram s’y trouvait aussi, Xena n’étant pas du genre à tenter le destin trop souvent. Mais à part ça, la guerrière semblait être une simple villageoise partie pour un voyage court.

Ok… Songea Gabrielle. Pas tout à fait une simple villageoise… Même sans armure, le mètre quatre-vingt de sa compagne et le pas fluide et musclé démontrait qu’elle était autre chose. Et il y avait aussi cette vigilance, cette conscience hypersensible qui ne baissait pas d’un cran. Ça la marquait aussi. « Je parie que c’est bien plus confortable que le cuir. » Elle la taquina doucement, en tirant sur le bord bleu clair. La tunique était vraiment jolie… des chiens brodés se pourchassaient autour des manches et sur le bas de la robe à ses cuisses, et le col lacé mais lâche exposait une bonne partie de ses épaules bronzées. « Tu as belle allure. »

Xena tourna la tête, surprise. « Merci… » Elle brossa une paillette de poussière nonexistante sur sa manche. « Tu es plutôt pas mal toi-même. » Elle pencha la tête et toucha le haut de la barde. « J’aime bien cette couleur. » La teinte rouille contrastait bien avec la peau bronzée de la barde et ses cheveux clairs, et le tissu rehaussait sa taille fine et musclée dans des détails sensuels.

Gabrielle sourit joyeusement et s’enorgueillit un peu. « Merci… » Elle tira sur sa jupe et prit une profonde inspiration, la relâchant avec un soupir de plaisir. « Quelle belle journée. »

Xena regarda les nuages descendants et cligna des yeux à la chaleur humide. Et elle sourit, sachant exactement ce que disait sa jeune compagne. « Oui… c’est vrai. » Elle glissa un bras sur les épaules de la barde et continua à marcher.

Elles voyagèrent régulièrement tout au long de la journée et ne s’arrêtèrent pas avant que le soleil soit pratiquement couché, envoyant de longues ombres derrière elle. Elles trouvèrent un bel endroit abrité pour camper et elles s’installèrent, avec tous les gestes familiers pour arranger leur repos.

C’était une petite clairière avec un rond d’arbres feuillus tout autour et des buissons remplis de petites boutures qui sentaient bon et parfumaient l’air. Un petit torrent bouillonnait pas loin, ses eaux rugissantes passant sur des rochers déchiquetés.

Gabrielle se releva après avoir installé les couchages et vit sa compagne qui revenait dans sa direction, en portant deux poissons et en souriant. « Hé… » Appela-t-elle en plissant les yeux dans le crépuscule. « C’est bien ce que je pense que tu apportes ? »

La guerrière leva les deux mains. « Du saumon… » Annonça-t-elle. « Intéressée ? » Elle s’arrêta en levant un sourcil, tandis qu’un rayon clair errant dansait sur les goutelettes d’eau sur ses jambes nues.

« Ooh… » Gabrielle s’avança et prit possession du poisson gris tacheté. « Mon préféré. » Elle posa la joue sur le bras de la guerrière. « Merci. »

Xena sourit. « C’est purement égoïste, ma barde. Je les aime aussi. » Elle jeta ses bottes contre les sacoches et retira la brosse d’Argo, prenant doucement soin de la crinière et de la queue emmêlées de la jument patiente, et brossant sa robe pour arriver à un doré profond et luisant, s’arrêtant de temps en temps quand une fumerolle captivante de leur dîner lui parvenait par-dessus son épaule. « Ça sent drôlement bon… »

Une main légère toucha son dos et un bras s’enroula autour d’elle, tandis que Gabrielle passait la tête par-dessous l’un de ses bras en mouvement en lui souriant. « Ah oui ? » Elle caressa Argo de sa main libre. « Et bien, ils sont prêts, alors… »

Elles s’assirent avec leurs assiettes et un Arès attentif, installé près de Xena et qui la fixait de ses yeux jaunes plaintifs. « Tu n’aimes pas le poisson », l’informa Xena.

Le loup rampa un peu plus près et mit le museau contre sa cheville nue, en reniflant légèrement.

Gabrielle ricana doucement. « Il t’a teeeellement… eue. » Elle taquina sa compagne qui fit une petite moue avec sa lèvre inférieure. « Oooh… j’ai droit à une moue… » Elle se pencha et embrassa la lèvre en question, puis vola un morceau de poisson de l’assiette de sa compagne. « Hé. »

Xena lui fit un demi-sourire et fit un autre petit morceau qu’elle tendit au loup. Il le renifla puis passa le bout de sa langue et goûta. « Argrrr. » Il gronda tout en prenant l’offre délicatement et il l’avala. Il cligna des yeux puis rampa à nouveau vers l’avant, cette fois pour mettre sa grosse tête pratiquement sur les cuisses de Xena. « Roo ? »

« Génial. » Gabrielle roula les yeux. « Regarde ce que tu as fait ? » Elle soupira et s’appuya contre un rocher bas, son assiette en bois en équilibre sur ses cuisses. « Alors… tu penses que je peux m’en tirer jusqu’où sans rien raconter à ma famille ? »

Xena s’arrêta de mâcher et fixa son assiette. « Je… je ne sais pas… » Elle leva la tête et fixa sa compagne. « Qu’est-ce que tu veux leur dire ? »

La barde relâcha un long souffle. « Rien », répondit-elle avec honnêteté. « Mais je vais probablement leur donner une version édulcorée… je vais… » Elle s’interrompit. « Laisser Hope en dehors de ça. »

La guerrière tendit un autre morceau de poisson à Arès et réfléchit à la décision de Gabrielle. « C’est… plus naturel pour toi de dire la vérité », répondit-elle lentement. « Mais… » Elle recourba les lèvres. « Ce sera difficile de l’expliquer à ta mère. »

Gabrielle sentit le doux isolement de la souffrance de ses souvenirs que le dernier mois lui avait apporté. « Oh oui… » Elle était même capable de se reculer pour voir sa place dans la vie. « Ça a été assez dur de te l’expliquer. »

Xena sourit et se recula, perturbant un Arès outragé, puis elle tapota sa poitrine. « Viens ici. »

La barde s’installa et s’appuya, fermant momentanément les yeux tandis que Xena entourait son estomac de son bras. Son anxiété diminua et fut remplacé par un sentiment de certitude chaleureuse, et elle reprit son dîner, poussant sa compagne pour qu’elle fasse de même. « Tu ne vas pas donner ça à Arès, Xena… allez maintenant mange. »

La guerrière céda et finit sa portion puis elle posa l’assiette et entoura son âme-sœur de ses deux bras, le menton posé sur l’épaule de la barde tandis que l’obscurité tombait et les laissait dans un cercle de lumière dorée en provenance du petit feu ; elle respirèrent l’odeur du bois qui brûle et la douceur des fleurs, entourée par le flot incessant de l’eau qui passait tout près.


Le village des Amazonnes, tôt le matin.

Le soleil se levait à contrecoeur au-dessus de la clairière verte qui abritait le village amazone. Dans les quartiers de la régente, une femme mince aux cheveux blonds frisés se tenait les mains posées légèrement sur l’encadrement de la fenêtre et elle regardait dehors. Elle se tourna en entendant des pas s’approcher et elle soupira intérieurement tandis qu’une Amazone aux cheveux noirs passait la tête. « Bonjour, Solari. »

La guerrière amazone entra et mit les mains sur ses hanches. « Ephiny… tu es toujours partante ? »

La régente mit à son tour les mains sur ses hanches et lui lança un regard. « Oui, je suis prête… nous avons discuté de ça pendant deux jours et je m’y suis faite. Je pars et c’est comme ça. » Elle alla vers le lit où se trouvait un sac et elle y enfourna une chemise en plus. « Solari, ce n’est que pour trois jours et il faut vraiment que je fasse signer ces fichus trucs. » Elle mit un paquet de parchemins avec soin dans le sac et le ferma. « Ce n’est pas grand-chose. »

Solari soupira. « Laisse-moi venir avec toi… ou du moins, attends qu’Eponine soit de retour… tu sais qu’elle voulait aller à Amphipolis avec toi… bon sang, Ephiny… montre un peu de bon sens, d’accord ? »

La jeune femme blonde s’assit sur le bord du lit et posa le bras sur le sac. « Solari, tu sais bien que tu dois rester ici… il faut que quelqu’un prenne les choses en main, pas vrai ? Et Pony ne va pas rentrer avant deux semaines… il faut que ces traités soient signés avant le festival de la Moisson. Je sais que je peux envoyer quelqu’un… mais j’ai une raison personnelle d’y aller… compris ? »

Solari se percha sur la table de travail de la régente. « Je… Eph, je sais que tu veux y aller pour arranger les choses avec Xena, mais emmène au moins une garde avec toi… hein ? »

La régente secoua la tête. « Non… je ne peux pas… quel message j’enverrais si je débarquais avec un groupe d’emplumées ? » Elle soupira. « Ecoute… c’est une affaire personnelle, Solari… il faut que je la gère à ce niveau. En plus, une Amazone insignifiante qui marche dans la campagne ne va pas attirer l’attention, mais un groupe si. » Elle se leva et souleva le sac, le passa par-dessus son épaule et serra les attaches. « Quoi qu’il en soit… quelques jours de marche me feront du bien… ça me donnera un peu de paix et de calme pour changer. »

L’Amazone aux cheveux noirs soupira et se leva de la table. « Je n’aime pas ça », grommela-t-elle. « Mais je ne vais pas t’arrêter, je le vois bien… alors rends-moi un grand service, ok ? Sois super prudente. »

Ephiny lui claqua l’épaule et sortit, installant son poids un peu plus sur ses épaules, et elle se dirigea sur le chemin soigné qui menait hors du village. Elle se tourna en atteignant le portail et fit un signe de la main, puis elle disparut sous les arbres lourdement chargés de feuilles.

Solari la regarda partir et secoua la tête. « J’ai un mauvais pressentiment », marmonna-t-elle, surtout pour elle-même, surprise que quelqu’un lui réponde.

« A quel sujet ? » Une jeune fille grande, très mince et aux cheveux clairs se retrouva… soudain… là. « Quelle superbe matinée. »

Solari contrôla sa surprise. « Bonjour Cait. » Elle regarda la jeune fille avec un peu d’étonnement.

« Où est-ce qu’elle part ? » Demanda la jeune fille tranquillement.

Solari retourna son regard vers le chemin. « Amphipolis… pour faire signer des traités à Gabrielle. »

Cait étudia la lumière sombre du matin. « Elle ne devrait pas partir seule. » Elle cligna des yeux. « Ça peut toujours être tellement dangereux. »

Solari relâcha un long soupir. « Je sais… je sais… mais c’est une bonne guerrière et puissante, Cait… ça va aller… elle a juste ses raisons pour y aller seule… je ne… » La loyauté personnelle pour Ephiny prit le dessus. « Elle a ses raisons, voilà. »

Les yeux gris fantômatique de Cait se plissèrent un peu, puis elle mit les mains derrière son dos et se balança un peu. « Bien, alors… je suis sûre que ça va aller. » Elle se mordit un peu la lèvre. « Dis… j’ai installé une ligne de pièges sur la crête à l’ouest… ça te va si je monte là-haut pour les vérifier ? » Elle s’interrompit. « Ça pourrait prendre un jour ou deux. »

La femme aux cheveux noirs sortit de ses pensées. « Quoi ? Oh… bien sûr… vas-y Cait… soit prudente, d’accord ? » La crête ouest était un endroit assez sûr pour y envoyer la plus jeune des Amazones en herbe… et Cait était bien plus que ça.

La jeune fille sourit. « Oh ne t’inquiète pas… je le serai. » Et sur ces mots, elle partit.


La couverture profonde de la forêt était à la fois un plus et un moins, pensa Ephiny, tandis qu’elle marchait d’un pas rythmé sur le chemin à peine visible. Un plus, parce qu’elle bloquait le soleil qui se déversait, et un moins parce qu’elle bloquait aussi la brise rafraîchissante. Elle s’essuya de la sueur sur le front et bougea les épaules pour mettre le sac à un endroit plus confortable. On était bien l’après midi et elle avait dépassé depuis longtemps la haute passe qui menait dans le territoire amazone, et elle se dirigeait vers la zone du bas.

Le chemin sous ses pieds n’était qu’une piste usée dans le sous-bois et les fougères soyeuses effleuraient ses genoux nus tandis qu’elle marchait à grands pas, et elles lui envoyaient une odeur musquée. La forêt était tranquille dans la chaleur presque suffocante, même les oiseaux dormaient et Ephiny se sentit contente de s’arrêter quand elle dévia du chemin vers un torrent et s’agenouilla pour boire. L’eau, au moins, était fraîche et elle y plongea les deux mains et s’éclaboussa largement le visage.

Elle repéra une bûche tombée et s’y assit un moment, sortit une barre de céréales et mâchouilla pensivement en regardant deux scarabées se courser sur la branche morte près d’elle. « Hé. » Elle prit un brin d’herbe et poussa un des scarabées, ce qui lui valut le mouvement d’une antenne indignée en réponse. Elle les regarda encore un moment puis sortit un parchemin plié de son sac et le lissa, étudiant paresseusement les lettres gribouillées.

Salut, Eph -

Je sais que tu t’attends à ce que je fasse un rapport complet et correct de la Situation… mais je vais te dire une chose, cette information est plus effrayante qu’un lapin à trois-pattes en hiver dans cette contrée. Tout ce que je peux te dire c’est ce que je vois avec mes yeux et ce que je vois n’est pas si mal.

Ça fait un mois environ qu’elles sont rentrées et que nous y sommes allées. La première semaine a été rude – Xena était malade et tout le monde essayait en quelque sorte de retrouver la routine. Après ça, ça s’est un peu apaisé, et autour de la troisième semaine, je pouvais voir que les choses revenaient à la normale entre elles et entre elles et nous.

Gabrielle est devenue très, très, très protectrice de Xena. Pas qu’elle ne l’était pas avant, pas vrai ? Mais maintenant c’est du genre ‘ne vous frottez pas à la grande femme sombre à moins que vous ne vouliez voir débarquer Hadès et ses sabots pour vous piétiner’. Elle a même dit à sa mère de s’abstenir, ce qui, laissez-moi vous dire, est une chose que je ne ferais assurément pas.

Peut-être que c’est de la culpabilité, peut-être que c’est juste la façon dont elle gère les choses dans sa tête, je ne sais pas – il y a beaucoup de choses qui remuent derrière ces yeux verts, que je n’arrive pas à discerner. Elle est devenue plus calme, ça je l’ai remarqué, et il en faut beaucoup plus pour la faire sourire ou rire – elle était plutôt ouverte et joviale. Mais même ça a recommencé à pointer… et toute la loyauté dont elles disposent ici ne leur fait pas non plus de mal.

Xena… je ne suis pas sûre de savoir ce qui se passe chez elle. Pas que quelqu’un ait pu le savoir auparavant, pas vrai ? Je pense que les choses s’améliorent… elle a recommencé à courir le matin et je vais voir si je peux me joindre à elle un moment, peut-être que je pourrai avoir une idée des choses. Mais elle a l’air beaucoup moins tendue… plus comme c’était en hiver, alors je pense qu’on est sur la bonne voie.

Elles ensemble… et bien c’est la note optimiste. Je m’attendais à de l’embarras ou de la distance entre elles, et je dois te dire, Eph… il n’y en a pas. C’est comme si elles ne sont à l’aise que quand elles sont ensemble… c’est un peu étrange mais c’est remarquable – avec Gabrielle surtout. Elle se fait un point d’honneur à s’approcher de Xena et la toucher tout le temps, pour se rassurer elle-même en quelque sorte, je présume. Mais nous avons entendu des blagues par Xena hier soir et elle et Toris se taquinent, alors je dirais que les choses sont plutôt bonnes.

Tu peux venir en toute sécurité, je présume… J’ai un peu parlé à Gabrielle de ce qui s’est passé au village – et je pense qu’elle est plus furieuse que Xena ne l’est, tout comme tu le pensais. Viens par ici quand tu en auras l’occasion et nous allons tous nous baigner dans cette source chaude dont tu m’as parlée et nous allons gérer tout ça. En plus, j’aimerais que tu soies là pour l’union… ce ne sera pas l’énorme production qu’a été la dernière, Artémis en soit remerciée, mais vous me manquez les filles et j’aimerais t’avoir, et Pony… et toutes celles qui veulent venir par ici.

Ton emplumée sous couverture.

Gran

La régente sourit. « Et bien, ça n’a pas l’air si mal, pas vrai ? » Dit-elle au scarabée, qui sursauta au son de sa voix et partit en courant. « Ha… la critique est facile. » Elle soupira et se leva, puis resserra les attaches de son sac et reprit sa marche d’un bon pas.


« Alors… tu es un animal ou une plante ? » Demanda Gabrielle en mâchouillant du raisin. Elles avaient laissé la rivière loin derrière elles et se dirigeaient vers une clairière herbeuse, dont les brins montaient à leur taille et les chatouillaient. Elle en poussa légèrement une. « Yahhh… »

Xena lui lança un regard amusé puis soupira et sortit son épée ; elle avança d’un pas pour se mettre devant sa compagne et tailler un chemin avec des sifflements de l’arme qui coupait l’herbe en relâchant une odeur chaude de verdure. « Animal », répondit-elle. « Arès… viens par ici. »

Le loup revint en trottinant, une pomme à demi mangée dans la gueule. « Argfh ? »

Argo hennit et le toucha du museau, lui faisant lâcher la pomme que la jument récupéra immédiatement de sa langue pour la croquer.

Le visage de Gabrielle se plissa dans un sourire et elle rit. « C’était malin, Argo… »

Arès lui lança un regard pathétique tandis que ses oreilles tombaient et il soupira, puis partit en trottant pour trouver un autre fruit à manger.

Xena rit et tapota l’épaule de la jument. « Bon cheval. » Elle fit joyeusement des mouvements de son épée  tout en marchant et elle regarda le soleil, à plus de la moitié de son voyage quotidien. « Nous avançons plutôt pas mal. »

Gabrielle hocha la tête, le front pensivement plissé. « OK… tu as dit animal… tu as des poils ou des plumes ? » Elle aimait beaucoup marcher, se rendit-elle compte, après une bonne nuit de sommeil et un réveil familier au son de la nature et du battement de cœur de sa compagne. C’était merveilleux d’être à la maison, mais ceci… c’était presque mieux, parce qu’elle avait fortement ressenti leur distance dans ce contexte et que les choses avaient changé maintenant… c’était vraiment bon. « Et les cheveux c’est comme les poils, Xena… alors ne les coupe pas en quatre avec moi. »

La guerrière rit doucement. « Très bien… des plumes. » Elle s’interrompit. « Et parfois des poils. » Elle s’interrompit à nouveau, en réfrénant un sourire. « Et parfois… rien. »

La barde s’appuya sur son bâton et lança un regard désorienté à sa compagne. « Quoi ? » Elle mâchouilla sa lèvre et réfléchit au problème. « Peux-tu parler ? » Demanda-t-elle, ses yeux prenant une étincelle espiègle.

« Mm… » Xena réfléchit. « Oui. » Elle découpa un buisson épais et de grande taille pour que Gabrielle puisse passer confortablement. « Parfois, trop », ajouta-t-elle avec un sourire supérieur.

Gabrielle passa mentalement en revue son catalogue des bêtes mythologiques. « Un griffon ! » Annonça-t-elle avec fierté. « Ils ont des plumes et des poils et certains d’entre eux sont nus. »

Xena prit une inspiration et pointa du doigt dans sa direction. « Non. » Elle se pencha. « Ils ne parlent pas. »

« Certains le peuvent », protesta la barde. « En tous cas les histoires le disent. »

La guerrière secoua la tête. « Nan. »

Gabrielle réfléchit à nouveau. « Méduse ? Je pense qu’elle a des plumes. »

Xena ricana. « Tu refroidis », marmonna-t-elle, puis elle fit un sourire éclatant à sa compagne. « Nan. »

« Des plumes… et des poils… et rien… et parle trop… Xena, rien ne répond à cette description », finit par décider Gabrielle. « Tu l’inventes. » Argo cogna doucement son côté et elle donna un coup de coude à la jument. « Hé… pas de critique. »

« Moi, inventer ? » Xena haussa les sourcils. « Oh non… ma barde… c’est ta spécialité. » Elle remua son épée et trancha une poignée de fleurs sauvages, les attrapa de sa main libre et se tourna pour les donner à son âme-sœur spontanément. « Je n’ai aucune imagination, tu te souviens ? »

Gabrielle prit les fleurs et les renifla doucement, savourant la chaude odeur du soleil et la vue de l’étincelle longtemps absente dans les yeux bleus de sa compagne. « Oh. C’est vrai. » Elle hocha la tête d’un air sérieux. « J’oubliais. Désolée. » Elle prit une des fleurs du bouquet et la passa dans les cheveux noirs de Xena pour la poser derrière une oreille. « Tu es toujours sérieuse. »

Xena leva un sourcil et regarda la fleur, à peine visible au coin de son œil, mais elle la laissa à sa place. « Tu abandonnes ? »

Cela lui valut un ricanement. « Moi, abandonner ? ? ? » Gabrielle mâchouilla sa lèvre en la poussant avec un air curieux. « Très bien… C’est quoi ? Qu’est-ce qui a des plumes parfois, et parfois des poils, parfois rien, et parle trop ? »

La guerrière lui fit un sourire éblouissant. « Les Amazones. » Elles sortirent du sous-bois dans un champ nouvellement tondu et elle rengaina son épée.

Gabrielle s’arrêta et mit les mains sur ses hanches. « Ohhh… tu vas le payer ça. »

Xena rit et interpréta correctement le mouvement soudain de la barde, évitant la main tendue de la jeune femme avant de bondir hors de portée, avec Gabrielle sur ses talons. Elle resta juste à distance de la barde volontaire puis elle s’arrêta et renversa son mouvement, s’accroupissant et sautant au-dessus de la tête de sa compagne pour tomber en roulade.

Mais Gabrielle sauta avec elle et fit une prise solide, attrapant une poignée de sa tunique et elle tira fort. « Je t’ai eue ! » Cria-t-elle triomphante, tandis qu’elles se cognaient et tombaient sur le sol, au milieu des fanes légères de blé abandonné. Elle roula et attrapa la jambe de la guerrière pour la chatouiller derrière le genou sans merci. « Les Amazones, hein ? »

Xena riait tellement fort qu’elle n’avait aucune défense. « Oui… » Elle haleta tandis que les doigts du barde trouvaient les endroits les plus chatouilleux. « Par les dieux… Gabrielle… » Elle tendit un long bras et réussit à toucher la cage thoracique de sa compagne qu’elle chatouilla à son tour.

« Oooh… » Couina la barde. « C’est pas juste… pas juste… ok… j’arrête… » Elle le fit et sentit les doigts insistants passer du chatouillement à une caresse légère qui alluma une toute autre sensation. « Hummm… » Elle s’allongea dans l’herbe et relâcha un soupir. « Les Amazones, hein ? »

Sa compagne s’étira de tout son long sur le côté dans le chaume couleur fauve et elle mit la tête sur une main. « Ça marche. » La tête penchée, elle détecta un son battant qui se rapprochait. « C’est quoi… »

Le sol vibra et Xena écarquilla les yeux quand elle vit l’herbe commencer à bouger. Instinctivement elle roula pour se mettre au-dessus de sa compagne et posa la tête tandis que le bruit augmentait.

L’herbe s’écarta et elles furent englouties dans une mer de poils.

« Roo ! » Arès yodla de triomphe tout en galopant tout près, courant derrière un troupeau de lapins.

« YAAAA !!! » Cria Gabrielle tandis que des minuscules corps poilus grimpaient sur elles en couinant.

« Arès ! Arrête ça ! » mugit Xena en évitant un grand lapin mâle catapulté au-dessus de sa tête. « Bon sang ! »

Puis le grondement disparut et elles restèrent avec quelques tiges cassées, des touffes de poil et un silence haletant.

« Roo ? » Arès s’assit avec un air désappointé à la réception de son cadeau.

Xena se mit sur ses coudes et regarda sa compagne. « Tout va bien ? »

Gabrielle cracha une touffe de poil doux et duveteux et hocha la tête. « Heu… oui… et toi ? »

Xena haussa un sourcil. « Oh… ça va… comme je le suis habituellement après qu’un tas de lapins crétins me soit passés dessus. » Elle roula sur le dos puis sur le côté et cria. « Hé !!! » Quand elle sentit quelque chose qui bougeait dans sa tunique. Elle ouvrit la ceinture et se mit à genoux, se secouant vigoureusement tandis qu’un petit paquet en sortait et éternuait, en lançant un regard dégoûté à Xena.

« Ah oui ? Pareil pour toi, mon pote », grogna la guerrière.

Le lapin tourna le nez vers elle puis sautilla à la recherche de sa famille.

Gabrielle serra fermement la mâchoire pour s’empêcher de rire. « Et bien… » Elle perdit la bataille et commença à glousser. « Ça aurait pu être pire… tu aurais pu porter ta combinaison en cuir. »

Xena lutta pour éviter qu’un sourire ne s’installe sur ses lèvres, tandis qu’elle vérifiait son côté. « Je pense qu’il m’a mordue », grommela-t-elle. « Et il n’y a assurément pas de place dans mon cuir quand j’y suis pour aucun lapin, Gabrielle. » Elle lança un faux regard noir à la barde.

« Tch. » Gabrielle se mit à genoux et rampa pour tapoter les mains de sa compagne. « Laisse-moi regarder… espèce de bébé. » Elle baissa la tête et examina la peau douce sous la cage thoracique de Xena. « Hmm… non, c’est juste une éraflure de ses griffes, je pense. » Elle se pencha et embrassa doucement l’endroit. « Voilà… c’est mieux ? »

Xena rit doucement. « Oui… si ce n’est pas la chose la plus dingue… » Elle rendit le baiser sur le haut de la tête de la barde et l’étreignit. « Merci. »

Argo renifla et leur lança un regard d’ennui. « Je présume que ça veut dire qu’il est temps de repartir », fit remarquer la barde en se levant et en entrainant sa compagne. « Je présume qu’il serait inutile de demander du lapin pour le dîner, pas vrai ? »

« Gabrielle… » La voix de Xena descendit jusqu’au ton le plus bas.

« Hé. » La barde rit tandis qu’elles enroulaient leur bras autour l’une de l’autre et continuaient.


Le crépuscule s’installait autour des épaules de Cait tandis qu’elle avançait sur le chemin, suivant une série de traces très légères et rares. Partir avait pris un temps fou, avec une chose idiote après l’autre pour la retenir de la tâche qu’elle s’était assignée, jusqu’à ce qu’elle aille finalement dans ses quartiers au dortoir, qu’elle prenne ses affaires et qu’elle disparaisse du village. Elle soupçonnait qu’elle serait dans des ennuis affreux quand elle reviendrait.

Elle savait qu’elle était des heures après le départ d’Ephiny mais la régente ne semblait pas tellement pressée, et elle savait qu’elle la rattraperait si l’autre femme s’arrêtait pour se reposer à la nuit. La piste serait difficile à suivre sans lumière mais elle savait où allait Ephiny, alors ça importait peu, et il n’y avait que quelques sentiers battus qui allaient du territoire amazone jusqu’à la rivière de la vallée où se trouvait Amphipolis.

Cait ne s’arrêta jamais pour remettre en cause la raison pour laquelle elle avait décidé de suivre la régente… c’était juste un de ces… pressentiments… qu’elle avait parfois, dont elle pensait qu’ils la rendaient très, très bizarre jusqu’à ce qu’elle en ait discuté avec une Eponine grognonne qui lui avait fait savoir qu’elle-même, la dure-à-cuire Eponine, avait aussi de ces choses-là. Et qu’elle ne devait pas s’en inquiéter.

La jeune fille sourit en y repensant. Elle imaginait plutôt Eponine essayant d’expliquer une décision prise sur ce genre de chose…non, la maîtresse d’armes aurait plutôt trouvé une bonne douzaine de raisons logiques. Les sons autour d’elle diminuèrent alors que les créatures diurnes allaient se reposer, remplacées par des espèces plus calmes qui réclamaient la nuit. Le gazouillis des oiseaux se fondit dans le bas hululement de la chouette, et le vent de la nuit s’éleva, apportant une brise rafraîchissante qui fit frémir les feuilles doucement autour d’elle.

Même ses pas, bien que légers, résonnaient fort dans ses oreilles et elle entendit la vague et douce agitation des petites créatures qui sentaient sa présence et s’enfuyaient. C’était malin, ça, songea-t-elle. Si je les attrape, c’est mon dîner. La pensée de manger quelque chose la fit s’arrêter un instant mais elle soupira et sortit un morceau de viande séchée de son sac et continua.

On était proche de minuit quand elle ralentit, marchant le long des basses terres et qu’elle se mit à regarder partout pour un endroit qui ferait l’affaire pour une régente fatiguée. Ephiny était une bonne chasseuse et pisteuse, et étant seule, elle trouverait un endroit confortable pour s’installer pour la nuit. Elle s’arrêta près d’un gros rocher et resta là, une main fine posée contre la surface sombre et fraîche.

Elle pinça le nez et ferma les yeux, renversant la tête pour sentir le vent qui venait vers elle. Ah. Un tout petit sourire félin passa sur ses lèvres. Pas de fumée, non… Ephiny était bien trop prudente pour ça, mais elle pouvait sentir la chaleur du bois brûlant d’un petit feu de camp pas loin.

Cait se glissa en avant, ses pas silencieux tandis qu’elle suivait l’odeur, maintenant perceptiblement mélangée à une touche végétale… des feuilles ? Ephiny ne serait pas aussi imprudente… les feuilles vertes donnent de la fumée, et ce n’était pas une bonne chose. Elle s’approcha lentement, entendant maintenant le léger écoulement de l’eau. Avec un bon sourire, elle se glissa près d’un grand arbre qui bordait une petite clairière et elle le toucha, l’écorce rugueuse s’enfonçant dans sa main, tandis qu’elle contournait le fût petit à petit, jusqu’à ce qu’elle puisse voir dans la clairière.

Elle se figea, un juron retenu entre ses dents, qui aurait rendu Xena fière. Sa première impulsion fut de se précipiter mais seul un pur instinct la retint et elle étendit ses sens vers les environs.

Rien… personne… elle se glissa dans la clairière et traversa vite jusqu’au centre, où la preuve lugubre d’un combat marquait le sous-bois, et envoyait des morceaux du feu vers les buissons voisins.

Un morceau de tissu attira son regard et elle s’agenouilla, le touchant, tandis qu’une expression sombre et grimaçante passait sur ses traits juvéniles. Elle se releva et alla vers les restes d’un sac en cuir ; elle l’examina, maintenant absolument sûre de l’identité de sa propriétaire. Le rabat portait le sceau d’Ephiny et avait été ouvert en hâte, et le contenu vidé sur le sol, visiblement suite à la recherche de valeurs. Ses vêtements et ses outils étaient toujours là mais tout le reste emporté.

Ainsi qu’Ephiny.

Cait se mordit l’ongle, scrutant le sol avec anxiété, reniflant l’air pour des traces de sang. Non… c’était bien. Elle s’avança et sa botte cogna un morceau de parchemin plié, qu’elle leva et ouvrit, lisant le contenu d’un regard méfiant. Si elle avait eu le moindre doute, elle n’en avait plus, à lire le message de Granella à sa régente, avec un sentiment vertigineux.

« Bon sang. » Elle parla fort, sachant qu’elle était seule. « Bon sang, bon sang, bon sang. » Elle rassembla les biens éparpillés de la régente et les mit dans son propre sac, puis elle se leva et resta ainsi en essayant de décider quoi faire. Pas le choix… elle devait courir au village… elle ne pourrait de toutes les façons pas suivre la piste avant le matin et elle savait qu’elle avait besoin d’aide. « C’est pourri », cracha-t-elle en levant les épaules. « Tout pourri. »

Elle prit une profonde inspiration, se retourna et reprit le chemin, en courant à petits pas maintenant.


Le soleil se couchait à peine quand elles arrivèrent au sommet de la dernière colline et commencèrent à descendre le chemin qui menait à Potadeia. Gabrielle s’arrêta pour le regarder et secoua un peu la tête. « Ça a toujours l’air plus petit que dans mon souvenir. »

Sa compagne s’arrêta près d’elle et tapota la haute épaule d’Argo. « Oui… je ressens parfois la même chose avec Amphipolis. » Elle rit doucement. « Je pense que c’est parce que tu es grande maintenant. » Elle posa la main sur le dos de la barde et le massa doucement.

« Peut-être », répondit la barde d’un air absent, tout en regardant le village. « Xena… » Elle se tourna vers son âme-sœur et s’appuya contre elle. « Je ne leur dirai rien… je viens de le décider. »

La guerrière attendit en silence, continuant à malaxer les nœuds dans les muscles tendus du dos de sa compagne.

« Je ne suis pas encore prête », continua Gabrielle. « Peut-être que… dans un moment… je pourrai… mais pas maintenant. » Elle relâcha un soupir. « Je veux laisser tout ça derrière moi. » Elle leva les yeux. « Est-ce que c’est terrible ? »

Xena lui prit la joue dans sa main, les yeux pleins de compréhension. « Non. » Elle soupira ; « C’est un sentiment naturel, Gabrielle… je… » Elle regarda autour d’elle et de nouveau vers la barde. « Je suis un peu fatiguée des nuages noirs moi aussi. »

Les lèvres de Gabrielle se pincèrent en un sourire. « C’est exactement ce que je ressens, pas vrai ? » Elle s’appuya contre la pression de la main de son âme-sœur. « Ce voyage m’a fait me sentir… vraiment bien. Je ne veux pas tout perdre. » Elle hésita. « Je veux aller de l’avant. »

Xena hocha la tête de compréhension. « Très bien. » Elle se tourna et entoura les épaules de la barde tandis qu’elles reprenaient leur chemin. « Tu auras tout le temps de leur raconter plus tard… et assez d’autres choses à raconter en attendant. » Elle regarda le soleil couchant. « Qui sait… peut-être que je pourrais demander à ma mère de raconter à la tienne un jour… elle a dit d’inviter ta famille à l’union. »

Gabrielle y réfléchit. « Mmm… » Elle lança un regard plein de regret à sa compagne. « Tu ne sais pas combien c’est séduisant d’entendre ça. » Sa voix traina un long moment. « Est-ce que ça a été difficile de lui raconter ? »

Xena regarda droit devant, rassemblant ses pensées. « C’était… non… ça a été un soulagement en fait. » Elle tourna la tête et regarda Gabrielle avec un air presque surpris sur le visage. « Je retenais tout tellement fort… j’étais tellement tendue, j’avais ces fortes migraines la plupart du temps. » Elle tressaillit au regard choqué de la barde. « Ça m’a aidé de parler à quelqu’un… et elle… et bien, elle connait le pire en moi. »

Elles marchèrent en silence, jusqu’à ce que Gabrielle relâche un léger soupir. « Tu lui as dit que tout était de ta faute, pas vrai ? »

Le silence, et Xena refusait de croiser son regard.

La pensée aurait dû la mettre en colère mais au lieu de cela, elle provoqua un endroit chaud dans sa poitrine. « Tu essaies toujours de me protéger, quoi qu’il arrive, hein ? » Demanda-t-elle doucement.

Le regard bleu se releva brièvement et croisa le sien. « Quelque chose comme ça, oui », marmonna Xena en tapant du pied dans un rocher avec un mouvement bizarrement adolescent. Elle déglutit, s’attendant visiblement à ce que Gabrielle lui fasse la leçon.

La barde se contenta de sourire et l’étreignit. « Merci. »

Elles s’arrêtèrent juste devant le village en y voyant une activité intense. « Oh oh », murmura Xena en se cachant les yeux des derniers rayons du soleil couchant. « Ça ne ressemble pas à la ruée normale pour le dîner. » Elles échangèrent un regard et Xena se retourna, monta sur Argo et tendit un bras. « Viens… »

Les sabots d’Argo firent s’envoler une nuée de poulets nerveux quand elles entrèrent dans le village, où une foule de gens agités était massée autour d’un groupe de chariots. Le bourdonnement des voix était filtré et Xena dut pousser plusieurs dos de sa botte pour que les gens les laissent traverser. Puis une voix traversa la foule et l’appela.

« Xena ! » Elle se retourna et vit Tecdus le forgeron du village, qui se frayait un chemin à travers la foule et finit par arriver près d’Argo. Il regarda Arès qui gronda et s’accroupit entre les pattes de la jument, puis les regarda. « Gabrielle… c’est bon de vous voir toutes les deux. »

La guerrière le fixa. « Qu’est-ce qui ne va pas ? » Elle eut un coup de menton vers la foule. « Qu’est-ce qui se passe ici ? »

« Gabrielle ! » La barde eut un mouvement brusque de la tête en reconnaissant la voix de sa mère. Elle adressa un regard chaleureux à Xena puis lui tapota le côté en se glissant à bas de la jument pour éviter des villageois toujours en mouvement et aller à la rencontre d’Hécube.

« Ce sont les kidnappeurs. » Tecdus mit la main sur le genou de la guerrière. « C’est terrible… nous avons peur de nous déplacer, Xena… ils ont pris trois douzaines de marchands dans la zone cette dernière lune et demi, et ils ont demandé des rançons… ça nous met à sec. »

« Quoi ? » Xena sortit ses pieds des étrierset se laissa glisser du dos d’Argo, amenant sa tête à niveau avec celle du grand forgeron. « Quand est-ce que ça a commencé ? »

Tecdus pinça les lèvres. « Nous avons entendu des rumeurs… trois… non il y a quatre lunes, mais du nord. Des gens qui disparaissent sans aucune trace… ensuite leurs familles reçoivent des notes, leur demandant de l’argent… des biens… on paye, ils reviennent, mais ils ne peuvent pas se rappeler où ils étaient ni qui les a pris. » Il s’interrompit. « Toujours des gens aisés, aucun des paysans ou des gens comme ça. » Il montre les chariots d’un mouvement de menton carré. « Ça fait trois semaines que des caravanes de marchands sont ici… ils ont peur de partir. »

Xena les étudia. « Ils ont pris quelqu’un d’ici ? » Demanda-t-elle d’un ton nonchalant en ramenant son regard sur lui.

Il baissa les yeux et lui tendit un morceau de parchemin. « C’est arrivé aujourd’hui… c’est pour ça qu’on est dans cet état… Nous avons envoyé à l’ouest… un groupe… on se disait que voyager en groupe serait plus sûr… »

Xena baissa les yeux sur le parchemin et le lut de près. « Bon sang », jura-t-elle doucement. « Lennat. »

« Oui », murmura-t-il doucement. « Et six autres. » Il se massa les tempes. « Xena, ils avaient la plus grande part des bénéfices de l’été avec eux… pour acheter de l’acier et des provisions pour l’hiver. On ne peut pas payer ça. »

La guerrière tapota le parchemin sur sa main. « Personne ne sait où ils les emmènent ? » Elle le regarda. « C’est impossible, Tecdus… ça doit être dans le coin… quelqu’un doit savoir. » Elle sentit des regards sur elle et regarda par-dessus l’épaule du forgeron, pour croiser le regard sérieux de son âme-sœur. Un léger mouvement de la tête, un autre de Gabrielle et ce fut décidé. « Très bien… restons calmes et voyons ce qu’on peut faire. »

Tecdus eut l’air pathétiquement soulagé. « Par les dieux, tu n’as aucune idée de combien je suis content d’entendre ça… » Il soupira. « Le maire a prévu une réunion juste après le coucher du soleil… vous vous joignez à nous ? »

Autant pour moi de ne pas m’impliquer, hein Xena ? « Oui », lui dit-elle tranquillement. « Vas-y… va t’asseoir », commença-t-elle quand une main toucha son coude. « Alain… »

« S’lut Xena », dit le garçon dans un souffle, en tapotant le cou d’Argo. « Content d’te voir. » Il tourna la tête. « S’lut Argo… » Il gloussa quand la jument chatouilla son cou déformé. « J’peux l’emm’ner pour toi ? Tu restes ? »

La guerrière soupira intérieurement. « Oui… vas-y. » Elle donna une tape à Argo. « Brosse-la bien… elle le mérite. Je viendrai chercher nos affaires plus tard. » Elle regarda le bossu emmener la jument et prit une profonde inspiration, tandis que Gabrielle se frayait un chemin dans la foule avec Hécube sur ses talons et elle mit une main chaude sur le bras de la barde et croisa son regard quand elles se rejoignirent.

« Des ennuis », dit la barde succinctement. « Qu’est-ce qu’on va faire ? »

Xena sentit un petit sourire tirer sur ses lèvres, malgré la situation. Peut-être que c’était la confiance absolue contenue dans le ‘on’. Peut-être que c’était la confiance absolue dans les yeux de Gabrielle quand elle la regardait, plus le doute qu’elle y avait vu pendant si longtemps. Un fil d’audace fantomâtique commença à grimper dans sa conscience avant même qu’elle ne le réalise vraiment.

C’était… Elle souffla légèrement. Bon. C’était juste. « Ça reste à voir », répondit-elle tranquillement. « Nous avons besoin de plus d’informations… il y a une réunion après le coucher du soleil. » Son regard se tourna. « Bonjour, Hécube. »

La femme eut l’air… profondément soulagée. « Bonjour, Xena. » Sa voix était chaleureuse, si différente de la dernière fois où elles étaient venues ici. « Ils ont notre Lennat. » On voyait de la douleur dans ses yeux.

Xena mit la main sur son épaule. « Nous allons le ramener », répondit-elle avec une confiance tranquille. « Comment Lila prend-elle les choses ? »

Hécube leva une main tremblante vers sa tempe. « Pas bien… elle a été… depuis le bébé… je ne suis pas sûre de savoir ce qui ne va pas, les guérisseurs… » Elle prit une inspiration. « Ça a été trop pour elle. »

Xena et Gabrielle échangèrent un long regard. « Très bien… je vais aller la voir », déclara la guerrière. « Je pense que je connais le problème… ça arrive avec les jeunes mamans. » Elle se tourna vers Hécube. « Il y a tant de choses données au bébé… on se vide de tellement de choses. Elle a besoin d’herbe… d’une nourriture spéciale… Je vais vous le dire. »

La femme eut l’air sur le point de s’effondrer. « Bonté divine… allons-y. »

Xena prit son coude et commença à descendre vers la petite propriété où vivaient Lila et Lennat, et elle se figea quand elles faillirent entrer en collision avec Hérodote.

Il se balança en arrière et les fixa. « Bon sang… » Il regarda Xena droit dans les yeux. « Je pensais pas que je serais content de voir ton minois », dit-il carrément, puis il regarda Gabrielle. « Bonjour, ma fille. »

Ça faillit… faillit… faire éclater la guerrière de rire. Elle regarda sur le côté et vit les muscles de la mâchoire de sa compagne tendus. « Contente de te voir aussi, Hérodote. »

Gabrielle relâcha un léger soupir et s’avança, pour l’embrasser avec prudence. « Bonjour, pa. »

Le petit nom lui fit quelque chose, Xena le vit. La peau autour de ses yeux blanchit et il cligna tout en laissant ses bras se refermer autour de la silhouette gracile de Gabrielle, et elle ressentit que son cœur était aussi saisi, lui rappelant à nouveau la capacité infinie de sa compagne à pardonner. Elle regarda Hécube qui observait son mari et sa fille avec une expression d’émerveillement morose. « Allons, Hécuba… » Dit-elle tranquillement. « Allons-y. »


Des sons creux s’introduisirent dans l’obscurité floue qui l’entourait, en même temps qu’un battement sauvage dans sa tête. Ephiny tenta d’y résister, de laisser l’inconscience venir la prendre à nouveau, mais la douleur était trop vivace et les sons roulèrent autour de sa tête, faisant écho sans merci.

Elle se rendit compte qu’elle était sous terre, ou entourée par des roches. Elle pouvait sentir l’odeur poussiéreuse du granit et elle tenta d’ouvrir les yeux, mais ils étaient couverts d’un bandeau bien serré. Ainsi que ses bras et ses jambes, qui étaient également attachés au truc en bois sur lequel elle était allongée et qui bougeait au rythme du pas d’un cheval.

Elle pouvait aussi sentir le cheval et entendre ses sabots contre la roche, et le son légèrement étouffé de bottes qui marchaient à côté. Une chaleur sur sa droite lui dit qu’elle n’était pas seule, et elle rappela ses souvenirs d’un air las pour essayer de se rappeler comment elle était arrivée là.

Rien ne vint, se rendit-elle compte surprise. La dernière chose dont elle se souvenait c’était d’être tranquillement assise devant son feu de camp, se rappelant de choses sur les traités qu’elle portait. Ensuite… rien. Elle sentit son cœur se mettre à battre et devint consciente d’une vague imprécision aux contours de sa pensée. Droguée ? Probablement… elle plia subtilement les muscles et tressaillit à la douleur causée par la raideur en se demandant depuis combien de temps elle voyageait.

Le chariot choisit ce moment pour craquer et s’arrêter et elle entendit des pas qui se rapprochaient, lourds et autoritaires.

« Voyons, voyons… qu’avons-nous là ? » Une voix féminine s’éleva, lui causant un bourdonnement à cause du volume. Elle était profonde et arrogante, et Ephiny ne l’aima pas d’emblée. « C’est quoi ça… une Amazone ? ? ? » La voix se brisa dans un rire de délice. « Oh… c’est génial… bonne prise, Gelan… nous allons en tirer une bonne somme. » Ephiny sursauta quand une main attrapa son menton et la força à tourner la tête de côté. « Ohhh… on a du cran, pas vrai, l’Amazone ? » La main se retira et puis revint, frappant Ephiny au visage avec une force stupéfiante. « Pas pour longtemps. »

Ce fut comme une explosion contre sa mâchoire et Ephiny perdit de vue ce que la femme disait tandis qu’elle se concentrait sur la douleur, attendant que les étoiles arrêtent de tourner autour de sa vue bloquée. Oh bon sang… j’ai de sérieux ennuis, jura-t-elle doucement pour elle-même.

« Mettez-là dans le quatrième enclos… dites aux gars de garder leurs mains pour eux. » La voix s’interrompit et rit. « Pour l’instant… en tous cas… jusqu’à ce que je me sois amusée, moi. »

Le chariot reprit sa route et les pas lourds diminuèrent, la laissant dans une obscurité qui allait au-delà de son manque de vision. Des ennuis, c’est sûr.


Gabrielle regarda sa compagne remonter le chemin à grands pas, escortant sa mère toujours tremblante, tandis qu’Hérodote et elle suivaient. Elle était agitée à cause de la nouvelle, oui… mais… Son regard étudia le mouvement léger, mais perceptible pour elle, qui revenait dans la démarche de Xena, et elle avait absorbé les changements dans sa posture qui avaient coïncidé avec le soulagement évident vu dans les yeux des villageois tandis qu’elles traversaient le village en direction de la maison de Lila.

Elle avait entendu le nom de Xena murmuré tout autour d’elle et vu les regards que recevait sa compagne, qui allaient de timide à totalement adorateur. Elle se souvint de ce qu’elle avait ressenti quand Amphipolis l’avait accueillie et elle se rendit compte que Xena recevait cette même vague de sentiments, maintenant, ici dans un endroit qui n’avait jamais été amical pour l’une ou l’autre.

Elle se dit que c’était un drôle de revirement mais regarder son âme-sœur s’imprégner des regards admiratifs lui faisait comprendre quelque chose d’important.

Elles avaient besoin d’aider les autres, pour vraiment se soigner elles-mêmes. Se terrer à Amphipolis leur avait permis de se reconstituer jusqu’à un certain point… maintenant elles devaient avancer pour laisser le passé s’en aller, et pour ça…

Mais Xena était déterminée à ne pas emprunter ce chemin. Elles en avaient parlé plusieurs fois… elle était fatiguée, avait-elle dit. Fatiguée d’avoir mal… de blesser d’autres gens… de voir Gabrielle avoir mal. Elle voulait juste se retirer, avait-elle dit à son âme-sœur, et vivre une vie normale… juste échanger pour la paix pour changer.

Bon, Gabrielle sourit pour elle-même tandis que leurs pas craquaient sur le chemin. Face à une crise, elle avait vu cette part de son âme-sœur tranquillement réémerger, tandis qu’elle répondait instinctivement aux regards suppliants des gens autour d’elle.

Son père s’éclaircit la voix et elle se tourna vers lui. « C’est vraiment moche. »

« Mpf. » Hérodote grogna son assentiment. « C’est bon de te voir, Gabrielle. Tu as l’air d’aller bien. » Il regarda le chemin. « On a entendu dire que tu es allée au-delà des mers. »

« Britannia et la Chine, oui », répondit calmement Gabrielle. « Nous sommes à la maison depuis un mois. » Ils montèrent les quelques marches de la maison de Lila et suivirent Xena et Hécube à l’intérieur. Elle leva les yeux en entendant un halètement, clignant des yeux pour ajuster sa vue à la faible lumière dans le petit cottage. Lila venait de se lever du fauteuil et Gabrielle fut choquée de l’apparence de sa sœur. Elle était pâle et très mince, et Gabrielle agit par instinct, oubliant ses propres problèmes. « Lila ! » Elle alla vite vers sa sœur et la prit dans ses bras et Lila l’étreignit avec une force désespérée.

« Bree… » Lila la serra fort. « Oh par les dieux… c’est bon de te voir… » Son regard alla vers la grande silhouette de Xena et elle produisit un sourire. « Et toi… Xena… ils ont pris Lennat. » Sa voix était sur le point de se briser. « Ils l’ont pris. »

Gabrielle lui tapota affectueusement le dos et commença à la rassurer, mais elle s’interrompit lorsqu’une voix chaude et forte s’éleva.

« Lila. » Xena se rapprocha et captura le regard de celle-ci. « Je vais le ramener. » La guerrière mit une main réconfortante sur son épaule. « Ne t’inquiète pas. »

La barde sentit sa sœur se détendre et cligna des yeux pour écarter les larmes qui montaient. « Tu vois ? Calme-toi… ils ont besoin de lui en bonne santé… il n’a de valeur que si l’on sait qu’on va le récupérer en un seul morceau, Lila… autrement le kidnapping ne fonctionne pas. Il va aller bien. »

Elle relâcha Lila et la tint à distance de bras, l’observant prendre une inspiration régulière puis elle jeta un coup d’œil à Xena par-dessus son épaule.

Et elle vit dans les yeux de sa sœur, l’écho de quelque chose qu’elle savait avoir vu briller dans les siens autrefois.

La foi.

Elle sentit la secousse soudaine à travers leur connexion quand Xena le vit et elle n’osa pas se retourner pour croiser le regard de sa compagne. « Allons maintenant… assieds-toi. Tu es mal en point, Lila… qu’est-ce qui ne va pas chez toi ? »

Cela brisa le silence autour d’elle et Hécuba s’approcha pour prendre l’autre bras de Lila. « Oui… assieds-toi. »

Un cri agité les interrompit et Lila soupira. « Il est tellement grognon aujourd’hui. » Elle se désengagea doucement et alla vers un petit berceau en bois, se pencha et souleva un petit paquet. « Hé.. hé… allez… » Elle apporta le bébé et le fit un peu rebondir, écartant le léger tissu de coton pour exposer son visage fripé. « J’ai tout essayé… je l’ai nourri… je l’ai changé… je l’ai bercé… » Elle regarda Gabrielle et lui fit un petit sourire. « Tiens… essaie… tu es nouvelle, peut-être que ça va marcher. »

Xena recula et regarda sa compagne prendre avec précautions le petit paquet, avec un sourire nostalgique sur les lèvres alors que le bébé étonné commençait par froncer les sourcils puis levait un poing minuscule et attrapait une poignée de cheveux blonds. La barde rit et fit un sourire au bébé, qui cligna des yeux, puis sourit largement en retour. Il tira sur ses cheveux et gloussa avec délice.

« Tu vois ? » Lila soupira et s’assit. « Je le savais… c’est ton sourire. »

Hérodote regarda sur sa droite et ricana doucement. « Oui, ça marche même sur les grands. » Il secoua la tête et se dirigea vers la porte. « Je serai à la réunion. »

Gabrielle écarta le regard du minuscule visage et jeta un coup d’œil à sa compagne, qui essayait sans y arriver de se débarrasser d’un sourire idiot.

Leurs regards se croisèrent et le sourire revint, et elle sourit en retour. Oh bien… Gabrielle berça légèrement sa petite charge et lui passa la langue. Ce n’est pas comme s’ils ne savaient pas que je suis follement amoureuse d’elle. Le bébé la regarda affectueusement puis sortit sa langue en gloussant furieusement. « Comment s’appelle-t-il ? » Elle regarda Lila et sourit.

Sa sœur la regarda avec une expression fatiguée mais espiègle. « Gabriel. »

Gabrielle la regarda avec un étonnement absolu.

« Hé… regarde… » Lila soupira en levant les yeux quand Xena s’agenouilla près d’elle avec une expression tranquille et sérieuse. « Je lui ai cloué le bec. »

« Oui. » La guerrière regarda sa compagne par-dessus son épaule ; celle-ci clignait toujours des yeux d’incrédulité. « Bon choix pour le nom. » Elle se retourna vers Lila. « Comment te sens-tu… toujours fatiguée ? »

La jeune femme hocha la tête. « Oui… depuis… un peu après la naissance… je ne suis pas sûre de savoir pourquoi. »

« Très bien. » Xena hocha un peu la tête. « Gabrielle, pourquoi tu ne t’assieds pas avec ton ami par-là et j’essaie de m’occuper de ta sœur. » Elle regarda sa compagne aller jusqu’au fauteuil bas près du feu et s’y installer en roucoulant vers le bébé, tandis qu’Hécube s’asseyait près de Lila. « Bon… » Elle eut un regard pour Lila. « Je vais te donner une liste de choses que tu devras manger. » Elle leva les yeux quand Hécube prit un parchemin et une plume d’une table proche et mouilla le bout, dans l’attente.


La quatrième cellule était un endroit très sombre, très humide et profondément inséré dans les murs rocheux, avec une lourde porte en treillis. Ephiny y fut jetée ; ses membres encore à demi paralysés des liens, elle heurta douloureusement la roche avec un bruit lourd, sentant le sol sablonneux mordre sa chair. Elle resta immobile un moment, entendit la porte lourdement refermée, avant de rouler sur le dos et de s’assoir, en observant les alentours. La faible lumière de la torche à l’extérieur faisait onduler quelques ombres sur les murs de sa prison, mais de là où elle était, elle pouvait voir la moisissure sur les murs et des endroits plus sombres là où sa cellule s’ouvrait sur deux autres. Elle pouvait voir, mais à peine, des traces blanches qui étaient en fait des poings serrés sur les barreaux entre elles.

« Hé. » Un murmure bas traversa la cellule et elle tourna la tête tout en massant ses poignets douloureux. « Tu es une Amazone ? »

Ephiny se rapprocha, fixant la silhouette dans l’ombre. « Oui », finit-elle par admettre, ne voyant pas de raison de mentir, alors qu’elle portait son cuir qui la marquait plutôt bien.  « C’est quoi ta question ? »

Un mouvement de cheveux clairs et flous. « Tu… tu connais peut-être la sœur de ma femme. »

Ephiny soupira. Pourquoi est-ce que tout le monde pensait que les Amazones connaissaient toutes les femmes à une semaine de trajet de leur territoire ? « Et ? »

Il hésita. « Elle est barde. »

L’Amazone se figea. « Une barde ? » Elle fit une pause. « D’où es-tu ? »

« De Potadeia. » Il prononça le mot avec soin. « Je m’appelle Lennat. »

Ephiny relâcha lentement un souffle. « Je la connais », répondit-elle doucement. « Tu es le mari de Lila ? » Elle était assez près pour le voir hocher la tête.

Il écarquilla les yeux. « Oh… » Il lui fit signe de s’approcher. « Ils savent qui tu es ? »

La régente secoua la tête. « Je n’en ai aucune idée… qui sont ces gens ? Qu’est-ce qu’ils veulent ? »

Ils se tournèrent quand la porte s’ouvrit en grinçant et que deux gardes costauds entrèrent. « Allez. » L’un d’eux lui fit un signe, l’autre resta en arrière, une arbalète pointée sur elle. « Bouge. »

Ephiny se leva et tenta de s’étirer les jambes avant de marcher vers le garde. Alors qu’elle était près de lui, il l’attrapa et mit un collier autour de son cou, puis enroula un bout de la laisse autour de son poing. « Tu me causes des ennuis, je tire. » Il fit une démonstration et le collier se resserra, la laissant sans souffle. « Compris ? »

Elle hocha la tête et il relâcha la laisse, la laissant respirer. « Il marche derrière toi, tu fais des ennuis, il te tire dans la jambe. » Il fit un signe de tête à l’autre homme. « Compris ? »

Elle hocha à nouveau la tête et il eut un mouvement de tête satisfait. « T’es pas une bavarde, c’est bien. » Il la conduisit hors de la cellule et monta plusieurs couloirs tournants, éclairés par quelques torches de ci-de là qui remuaient doucement dans la brise qui traversait les tunnels. Ephiny essaya de ramener des sensations dans ses membres en marchant et elle avait un peu réussi avant qu’il ne s’arrête devant une porte en treillis et sorte sa dague, renversant la lame pour frapper à la porte. « Voilà. »

La voix basse et dynamique répondit à l’intérieur. « Entrez. » Il grogna puis rengaina sa dague et ouvrit la porte pour l’amener à l’intérieur.

La caverne était… Ephiny étudia rapidement les environs. Opulente était le mot qu’elle cherchait. Des tapis brodés épais s’alignaient sur les parois rocheuses et le sol, et il y avait une alcôve sur un côté dans laquelle se trouvait un énorme lit. Près de la porte il y avait un brasero et un bureau artisanal ainsi que deux chaises basses recouvertes de peau. La propriétaire de la voix était assise sur le bureau et l’étudiait avec un air d’amusement sauvage.

Oh… par les dieux. Ephiny prit une inspiration et la relâcha. La femme faisait facilement deux fois sa taille, aussi blonde qu’elle mais avec des cheveux lisses et un grand corps musclé qui tendait à être potelé. Elle portait une tunique en cuir épais qui lui arrivait aux genoux et des bottes, et ses yeux étaient très gris et très froids.

« Alors », dit la femme d’une voix trainante en se levant pour s’avancer vers elle, se faisant un point d’honneur à surplomber sa captive. « Tu es une Amazone, hein ? »

Ephiny hocha la tête en silence. Pas besoin de la provoquer… pas si je veux guérir quelques os cassés, songa-t-elle. « Oui », ajouta-t-elle très calmement.

« Tu es petite », dit la femme en riant.

« La plupart d’entre nous le sont », répliqua Ephiny en gardant sa voix égale. « Nous utilisons la tactique et la stratégie, pas la force brute. »

La femme attrapa sa laisse et fit signe à l’homme de sortir, resserrant sa prise quand il fut sorti et se penchant en avant. « Ah oui ? C’est quoi ta stratégie pour ça, Amazone ? »

Ephiny ferma son esprit à la peur et se força à se souvenir de qui elle était. Ce qu’elle était. « Je mourrai », toussa-t-elle à travers le piège.

La prise diminua et la femme rit, la baignant de l’odeur insipide de vin doux. « Oh… non… non… tu as plus de valeur pour moi vivante, Amazone… je vais obtenir un bon prix de toi… » Elle passa un doigt le long du corps d’Ephiny. « Ou peut-être que je vais juste te garder ici pour m’amuser, hmm ? Tu es jolie. » Tout en regardant le visage de l’Amazone, elle dégrafa le haut du corset en cuir et le laissa tomber au sol. « Hé… comment tu as eu cette cicatrice ici ? » Ricana-t-elle. « Une amante trop enthousiaste ? »

Ephiny garda une respiration régulière. « J’ai été mordue par un ours. »

La femme haussa les sourcils. « Oh vraiment ? » Un sourire joueur lui recourba les lèvres. « Ça a l’air dangereux. » Elle fit voyager ses mains sur le corps de l’Amazone. « Très dangereux… est-ce que tu es une personne dangereuse, Amazone ? »

Ephiny croisa son regard d’un air froid. « Je peux l’être. »

Le coup du dos de la main la prit par surprise et elle se sentit soulevée et projetée contre la paroi nue rocheuse derrière elle. Un mouvement rapide s’ensuivit et sa mâchoire se trouva prise dans une poigne ferme. « Oh non, tu ne peux pas, petite garce. » La femme força le contact visuel. « Pas maintenant, pas ici… tu m’as comprise ? »

Ephiny cligna des yeux pour éloigner les pointes lancinantes dans sa vision et se contenta de regarder la femme. Elle avait mal au crâne suite au coup et au contact avec la paroi, et elle se rendit compte qu’elle se trouvait dans une très mauvaise situation. Elles ne savent pas que j’ai disparu… et ne le sauront pas pendant des jours… pas jusqu’à ce qu’elles envoient quelqu’un à Amphipolis. Bon sang. « Je te comprends », admit-elle calmement. Survivre. C’était la chose importante.

La femme rit. « Au moins tu as un cerveau… plus que la dernière garce bornée qu’ils ont amenée ici », dit-elle. « Très bien…entrez et sortez là d’ici… » Elle recula d’un pas et prit le haut d’Ephiny qu’elle lui lança avec un ricanement. « Nous… parlerons… plus après que j’aurai récupéré mes rançons. » Elle s’avança et serra le menton d’Ephiny. « Alors… combien tu penses qu’elles vont payer pour une reine amazone, hein… Ephiny, c’est ça ? » Elle rit à l’expression sur le visage de la petite femme. « Oh oui… un de mes gars t’a reconnue. » Elle regarda en riant doucement l’Amazone remettre son haut.

La porte grinça en s’ouvrant et elle se tourna. « Remettez-la dans la cellule… je la voudrai… » Elle eut un sourire carnassier. « Plus tard. » Elle poussa doucement Ephiny. « Et envoyez-moi mon scribe… j’ai une demande de rançon à écrire. »

« Oui, Paladia », répondit l’homme respectueusement, en prenant la laisse du collier d’Ephiny sur laquelle il tira. « Viens. »

Elle fut ramenée à sa prison et jetée à l’intérieur, cette fois avec un peu plus de douceur. « Tiens… » L’homme balança un seau dans la cellule, l’eau sortit par-dessus le bord et mouilla le sable. « Elle les aime propres, compris ? » L’homme lança un paquet sommaire vers elle et elle l’attrapa, sentant la forme d’un petit pain dur à l’intérieur. Puis la porte se referma et elle retrouva le silence.


Hécube partit avec sa liste et Xena convainquit Lila de retourner au lit et elle la borda. « Détends-toi… Gabrielle s’occupe des choses là-bas… tu dois te reposer. » Elle regarda la jeune fille fermer les yeux, fatiguée, et attendit que sa respiration soit régulière puis elle se leva et alla vers son âme-sœur assise, qui berçait doucement le bébé.

« Salut. » Xena s’accroupit et posa la main sur le bras du fauteuil pour garder l’équilibre. « Il est mignon, pas vrai ? »

Le bébé cligna des yeux et relâcha les cheveux blonds de la barde, fixant Xena avec fascination.

La barde pencha la tête et fixa sa compagne, voyant les restes de soleil luisant dans les yeux de sa compagne. « Je pense qu’il aime tes yeux bleus, mon amour », dit-elle doucement en touchant le visage de Xena. « Nous devons avoir un lien familial, pas vrai. »

Xena produisit un large sourire et mit la main sur le bras de sa compagne. « Ça doit », répondit-elle à voix basse. Le bébé réagit à son sourire avec un hoquet de délice et rebondit un peu, levant les deux mains, ses petits poings s’ouvrant et se refermant.

« Alors là c’est sûr », dit Gabrielle en riant. « Oh... Xena, il est tellement mignon… je ne peux pas croire qu’elle lui ait donné mon nom. » Elle lança un regard ironique à sa compagne. « Pourquoi les gens font ça ? Je veux dire que… ça fait deux fois en une semaine… ça devient fou. »

La guerrière s’assit les jambes croisées sur le sol et laissa le bébé lui tirer les cheveux. « Parce que… je présume qu’ils espèrent que leurs enfants seront comme toi… qu’ils prendront un peu de la magie qui fait de toi ce que tu es, Gabrielle », répondit-elle et elle sentit le tiraillement de l’enfant rejoint par une main douce qui lui peignit les cheveux. Elles restèrent en silence un court instant puis Xena soupira. « Quel bazar, pas vrai ? »

« Mm. » La barde approuva d’un air absent en regardant le bébé enrouler son poing autour de l’un de ses doigts. « Je présume qu’on est arrivées à temps. » Elle poussa un peu l’épaule de sa compagne. « Bon sang, qu’ils étaient contents de te voir. »

Xena étudia sa botte jouant un peu avec les lacets. « Je pensais que j’avais abandonné ce genre de choses », dit-elle en levant la tête pour regarder Gabrielle dans les yeux. « Je présume que je ne pouvais pas refuser ça à ta famille. »

Gabrielle l’étudia longuement, puis elle tendit la main et traça affectueusement les contours de ses pommettes du bout des doigts. « Je n’aurais pas voulu que tu dises non… que ce soit ma famille ou pas », répondit-elle honnêtement. « Xena… je peux dire quelque chose sans que tu ne penses que je suis une abrutie finie ? »

Un demi-sourire hésitant lui répondit. « Je n’ai jamais pensé ça de toi, Gabrielle… peu importe ce que tu dis. »

La barde regarda autour d’elle puis revint sur Xena. « C’est bien de s’occuper des problèmes de quelqu’un d’autre plutôt que de ressasser les siens. »

Xena réfléchit un instant puis elle leva les yeux à nouveau et eut un regard nostalgique à l’attention de la barde. « Oui », confessa-t-elle à contrecoeur. « J’avais presque oublié ce que ça faisait. » C’était une ambivalence tranquille, se rendit-elle compte, une partie d’elle s’éloignant de sa vie passée, l’autre à sa recherche, avec un besoin de cette dernière d’une manière profonde et insidieuse. « J’aurais dû me souvenir de ça… quand nous avons commencé à voyager ensemble, je me suis rendu compte que la seule chose qui me gardait saine d’esprit était le fait que tu m’occupes trop pour que je pense à mon passé autant. »

Gabrielle ne put retenir un rire surpris. « Vraiment ? »

Un hochement de tête. « Vraiment… tu m’as donné autre chose sur quoi me concentrer. » Elle posa la tête sur le bras du fauteuil  et apprécia la caresse régulière et rythmée de Gabrielle sur ses cheveux. « Au début… il s’agissait juste de voir comment t’éviter les ennuis. » Elles échangèrent un regard. « Ensuite je… me suis amusée en quelque sorte à essayer de trouver ce à quoi tu pensais… tu étais si différente de tous les gens que j’avais connus… aussi si différente de moi. »

Gabrielle lui sourit affectueusement. « Pour moi… penser à toi… à ton passé… me permettait d’oublier que j’étais tout le temps dans la nature dans ces situations dangereuses. »

« Mm. » Xena pinça les lèvres. « Ensuite, je me suis réveillée un jour et je me suis rendu compte que je pensais à toi parce que j’aimais bien penser à toi. » Ses yeux étincelèrent un peu. « Et à ce moment-là, ça a été trop tard. »

Elles se sourirent et ensuite elles sourirent au petit Gabriel qui roucoula en retour et poussa des pieds. Xena chatouilla un des minuscules orteils en mouvement et le bébé gloussa. « Vous êtes absolument de la même famille », dit la guerrière pince-sans-rire, puis elle soupira. « Il faut que j’aille à cette réunion… tu veux rester ici et… » Elle fit un signe de tête vers l’enfant. « Faire un peu connaissance ? »

Gabrielle fixa l’enfant. « J’aime bien ce sentiment », répondit-elle doucement puis elle leva les yeux. « Mais j’ai un boulot qui m’attend… et un endroit où je dois aller. » Elle bougea doucement le bébé entre ses bras. « Tu le tiens pendant que je me lève, ok ? » Elle mit l’enfant dans les bras de sa compagne avant que celle-ci ne puisse protester et elle regarda Xena le bercer instinctivement. Le bébé remua un peu puis enroula ses mains dans la tunique et il ferma les yeux, reposant sa tête duveteuse contre le creux de son bras, suçotant son pouce avec un air de satisfaction béat.

La barde rit doucement et mit la main sur l’épaule de son âme-sœur. « Je dirais bien qu’il aime une bonne chose quand il en voit une. » Puis elle s’agnouilla et saisit l’expression de Xena, avant de lui prendre la joue dans sa main. « Hé… tout va bien ? »

Un long, très long moment de silence puis Xena leva les yeux et il y avait un feu dans ses yeux qui y avait manqué pour ce qui semblait être une éternité à Gabrielle, et ça envoya un frisson chaleureux dans la colonne de la barde, lorsqu’elle reconnut sa source. Tu peux prétendre ne pas être une héroïne, Xena… tu peux dire à tout le monde que tu ne l’es pas et je peux arrêter de raconter des histoires sur toi, mais ce n’est pas vrai… et nous le savons toutes les deux.

C’était comme de se laver dans une source propre, décida Xena. « Ce gamin ne grandira pas sans son père, Gabrielle. » La détermination féroce, presque sauvage la submergea, et elle la laissa faire. « Pas si j’ai mon mot à dire », ajouta-t-elle. « En plus… ces gens sont dangereux… je ne veux pas  qu’ils s’approchent aussi près de la maison avec leur arnaque. » Elle hésita. « Si je dois prendre ma retraite, au moins il faudra qu’on y soit d’abord en sécurité. »

« Bien dit », approuva la barde de bon cœur. « Et je suis derrière toi, partenaire. » Elle regarda Xena se lever sans déranger sa charge endormie, et aller vers le berceau pour poser doucement le bébé. Elle la suivit et lui massa le dos alors qu’elle se redressait, puis elle glissa un bras autour d’elle. « Xena ? »

« Hmm ? » La guerrière lui rendit son étreinte, la rapprochant pour lui embrasser le crâne.

« Je t’aime. » La barde mit l’autre bras autour de la guerrière et serra fort. « Plus que jamais. » Elle entendit l’arrêt dans le battement de cœur de sa compagne et sentit  que Xena prenait une inspiration.

« Merci. » Le murmure l’entoura. « Pareil pour moi. »

Elles restèrent ainsi un court instant puis elles se séparèrent et se dirigèrent vers la porte. « Nous avons du travail », déclara Xena tandis qu’elles prenaient le chemin.

« Ouais », répondit la barde. « Des gens à voir, des voyous à assommer, des problèmes à résoudre. »

Elles se regardèrent et se sourirent.


On était proche de l’aube quand Cait déboula au premier poste d’éclaireur, où des sifflets l’arrêtèrent et elle se plia en deux, attrapant ses genoux et essayant de reprendre sa respiration. « Il faut leur dire… » Elle haleta tandis que la vigie descendait de son perchoir et l’attrapait par les épaules. « C’est horrible… »

« Qu’est-ce qui est horrible ? » La femme la maintint. « Cait… qu’est-ce qui ne va pas ? »

La jeune fille se redressa et déglutit, la gorge sèche. « Ils ont Ephiny. »

Elle répondit hors de souffle. « C’est terrible Terrea… j’étais… son campement… elle est partie. »

Terrea, une femme petite et trapue, bien plus vieille que Cait, rejeta la tête en arrière et lança un cri dans les airs. Elle écarta ses cheveux bruns et argentés de ses yeux et tapota le dos de la jeune fille. « Doucement… doucement là… » Elle balança une outre de son épaule et la décapsula d’un mouvement fluide avant de la tendre à Cait. « Tiens… bois un peu. Pas trop. »

Cait prit une inspiration tremblotante et but avec précautions. « Il faisait noir… je ne pouvais pas la pister… »

Terrea lui massa les bras. « Non non… tu as fait ce qu’il fallait, jeune fille. » Des bruits de pas s’approchèrent sur le chemin et elle leva les yeux. « Esta… va chercher Solari… vite. » La jeune fille qui était presque arrivée au poste fit demi-tour et courut sans poser de question. « Viens… tu peux marcher un peu ? » Elle vit une seconde silhouette qui s’avançait sur la piste. « Higdi, monte au poste et prends la garde… il faut que je ramène Cait au village. »

La jeune femme hocha la tête et sauta sur la liane solide mise en place près de la vigie et monta main après main jusque dans l’arbre.

Cait sentit sa respiration se calmer un peu tandis qu’elles descendaient le chemin, marchant dans l’obscurité, dans ce silence qui tombe juste avant l’aube, quand le monde attend un nouveau jour. Il fut brisé quelques minutes plus tard par le bruit de pas rapides qui s’avançaient vers elles, et elles virent arriver la silhouette reconnaissable de Solari qui courait dans leur direction.

L’Amazone brune s’arrêta, visiblement sortie de son sommeil et elle leur fit un signe de la tête. « Qu’est-ce qui se passe ? » Elle fixa Cait. « Tu n’es pas supposée être sur la crête de l’ouest ? »

« Oublie ça », dit Cait en lui attrapant le bras. « Des salauds ont pris Ephiny. » Elle regarda le choc descendre en cascade sur le visage de Solari. « C’est vrai… je l’ai suivie… quand je suis arrivée à son campement hier soir, il était vide… des traces de lutte… il restait que ça. » Elle descendit le sac de son dos et mit sa main fine à l’intérieur pour en sortir des affaires de la régente. « Tiens. »

Solari tendit la main et prit le tissu, le faisant tourner entre ses doigts avec un sentiment nauséeux. C’était la chemise qu’elle avait vue Ephiny emballer le matin d’avant. « Oh… bon sang… » Elle jura doucement. « Je le savais… maudite soit-elle… maudite moi de l’avoir laissée me convaincre. »

Cait l’étudia. « Ce n’est pas pour marquer un point, mais oublie ça, Solari… il faut qu’on la retrouve », plaida la jeune fille. « Qui sait où ils sont maintenant ? »

« C’est vrai. » Solari relâcha une inspiration. « Allons-y… Terrea. »

« J’y vais », annonça la femme trapue. « Bon sang, Eponine n’est pas là et je n’aimerais pas être dans le coin quand elle rentrera. » Elle avança solidement sur le chemin, la mâchoire saillante. Eponine était en fait une bonne amie et Solari soupçonnait que cela comptait plus pour elle que la crainte de la colère de la maîtresse d’armes.

« Moi aussi », annonça Cait en clignant des yeux.

Solari jeta un coup d’œil à la mâchoire carrée de Cait et soupira, réfléchissant vite. « Hum… Cait… en fait… j’aimerais que tu fasses autre chose. » Elle s’interrompit. « Après que tu te seras un peu reposée… je… quelqu’un doit aller… prévenir Gabrielle. »

La jeune fille eut l’air prête à protester puis elle se ravisa. « Bien », acquiesça-t-elle.

C’était trop facile. Solari s’en rendit compte mais elle n’avait pas le temps d’y penser alors qu’elles atteignaient le village et elle commença à appeler des Amazones.


« Qu’est-ce qu’ils demandent ? » Xena finit par se lever et mit son pied botté sur le banc après avoir écouté le maire du village blablater pendant une marque de chandelle

L’homme hésita, puis il se masqua les yeux contre la lumière crue de la chandelle. « Ah… oui… Xena… » Il s’éclaircit la voix. « Trop, c’est ça la réponse à la question, j’en ai bien peur. » Il remua le parchemin devant son visage. « Tu vois… tout notre… oh. »

Xena s’était avancée, poussant doucement les gens de côté jusqu’à ce qu’un chemin s’ouvre pour elle et elle lui prit le parchemin des doigts, le tourna vers la lumière et l’étudia. La foule se tut, la regardant. Elle finit par lever les yeux. « Ils semblent convaincus que vous avez plein de dinars », commenta-t-elle. « Ou que vous pouvez les trouver… ceci vous donne une semaine. »

L’homme hocha la tête nerveusement. « Exactement… exactement… nous avions envoyé beaucoup d’argent avec ces hommes… pour de l’acier… des provisions… c’est la plus grande partie de ce que nous avons gagné cette moisson. »

Xena grogna. « Hmmpff. » Elle passa le doigt sur le parchemin. « Que vous gardiez ici cette caravane de marchands ne vous aide pas non plus… ils vont présumer qu’ils restent là parce qu’il y a de l’argent à trouver. »

« Ouah ! » Un homme gras et transpirant se leva à l’arrière et il leva une main potelée. « Attendez… nous n’allons pas partir… nous n’allons pas prendre le risque pour nous-mêmes. » Il regarda autour de lui et le petit groupe de marchands assis autour de lui hocha la tête pour acquiescer.

« Détends-toi. » Xena lui lança un regard. « Nous allons vous amener à Amphipolis… c’est là que vous vous dirigiez de toutes les façons. » Elle le fixa en le défiant d’objecter. Il prit une inspiration puis croisa le regard glacial et se ravisa. « Ils ont été attrapés entre ici et là-bas de toutes les façons… Je vais essayer de trouver la piste en partant et après avoir lâché ces gars-là, je la suivrai. » Elle leva les yeux. « Comment tu as eu ça ? »

Le maire plia les bras. « Sur mon seuil de porte… c’est ça qui est horrible, Xena… personne n’a vu ces gens. » Il hésita. « Quelle réponse dois-je leur faire ? » Il toucha le papier. « Ça dit que je dois laisser une réponse sous un rocher dans le champ du sud ce soir. »

Xena se pencha en arrière. « On pourrait voir qui le prend… » Songa-t-elle. « Nan… ils ne vont pas retourner à leur cachette… ils m’ont l’air trop malin pour ça. » Un sourire félin recourba ses lèvres. « Dis-leur que nous serons là dans cinq jours avec l’argent. »

« Mais… » L’homme balbutia. « Nous ne l’avons pas, je te l’ai dit ! »

Xena croisa les bras. « Ils ne le savent pas. » Expliqua-t-elle. « Ça nous donne du temps pour trouver un plan et garder ces hommes en sécurité. »

« Oh », répondit le maire. « Je vois. »

« En plus. » La guerrière scruta la pièce. « Je vais le déposer moi-même. La dernière chose dont ils auront à s’inquiéter, c’est si oui ou non l’argent est là. »

Un frisson perceptible passa sur la salle et Gabrielle réfréna un sourire en savourant la confiance retrouvée dans la voix basse et vibrante de sa compagne. C’était son côté sombre, pas de doute, mais Gabrielle s’était réconciliée depuis longtemps avec cette partie de Xena… et maintenant, à cet endroit, à ce moment, c’était presque comme une vieille amie qui revenait. Puis le regard bleu croisa le sien et Xena lui fit un petit clin d’œil, qui envoya une bouffée de chaleur à travers elle. Les choses allaient vraiment mieux, se rendit-elle compte. De retour à ce dont elle se souvenait.

« Ça devrait fiche une trouille bleue à ce scélérat », commenta Hérodote d’un ton grognon. « Alors qu’est-ce qui vous amène ici toutes les deux. »

Gabrielle écouta le murmure montant de la discussion tandis qu’une vague de soulagement passait sur les villageois assemblés. « En fait nous cherchions cette caravane », dit-elle à son père. « Toris et Granella vont s’unir… vous êtes tous invités. »

Il l’étudia attentivement. « Ah », lâcha-t-il. « Pas aussi terrible que la vôtre, j’espère. »

Gabrielle rit doucement. « Par les dieux, j’espère que non », marmonna-t-elle en lui lançant un regard timide. « Mais je suis contente que vous soyez tous venus. »

Hérodote regarda ses mains et soupira. « Gabrielle… je heu… je sais que j’ai dit beaucoup de mauvaises choses sur Xena… » Il lui lança un regard de côté. « J’ai… eu le temps de réfléchir à tout ça… et j’ai décidé qu’elle n’était pas si mauvaise après tout. »

La barde le regarda, un peu choquée. « Vraiment ? »

« Mpf. » Il grogna son assentiment puis leva la tête et regarda sa compagne qui était perchée sur un bord de la table du conseil, discutant de quelque chose avec le marchand en chef et le maire. « Elle est hum… » Un autre regard de côté vers sa fille. « Une femme plutôt agréable à regarder. »

Gabrielle se mordit l’intérieur de la lèvre pour éviter de glousser. Elle attendit un instant. « Et bien… c’est ce que je pense », acquiesça-t-elle solennellement.

« De beaux yeux », risqua son père en la regardant.

« Oh oui. » Gabrielle hocha la tête. « A mourir. »

Il garda le silence puis fit glisser ses pieds. « Tu sais, Gabrielle… je ne me suis jamais… hum… attendu à avoir cette conversation avec… hum… toi. »

Gabrielle sentit un regard sur elle et elle leva les yeux pour voir Xena qui lui lançait un regard inquisiteur. « Non… je sais. » Elle se tordit les mains. « C’est un peu bizarre, hein ? »

« Ouais », répondit-il en s’éclaircissant un peu la voix. « Bon… au moins… hum… je suis content qu’on partage… des goûts… similaires. »

La barde serra la mâchoire et lâcha un rire nerveux. « Alors… tu penses qu’elle est sexy, hein ? »

Il se pencha un peu plus. « Ne dis rien à ta mère, d’accord ? »

« Pas un mot. » Gabrielle secoua la tête sérieusement puis regarda les yeux bleus inquisiteurs. « Oh… salut. »

« Salut ! » Dit Xena en faisant un signe de tête à Hérodote. « Qu’est-ce qui se passe ? »

« Rien. » Ils répondirent simultanément.

Xena haussa les deux sourcils.

« L’auberge est pleine de ces marchands », bafouilla soudain Hérodote. « Vous pouvez rester chez nous pour la nuit. »

Echange de regards. « C’est… génial… merci », répondit Gabrielle en se levant. « Je présume qu’on devrait y aller… » Elle tira sur la manche de Xena. « On vous retrouve là-bas ? »

Elles sortirent et Xena attendit qu’elles soient éloignées de la pièce bondée et bruyante avant de s’éclaircir la voix. « Alors… c’était quoi tout ça ? »

Gabrielle se gratta la tête. « Il est hum… » Elle fit un geste des deux mains. « Il revoit ses perceptions. »

Xena plissa le front. « Quoi ? »

La barde soupira. « Il pense que tu es sexy. »

Sa compagne se cogna contre un arbre et rebondit, attrapant l’écorce avec un cri de surprise. « QUOI ? ? ? »

« Ouille… la conversation était plutôt bizarre. » Gabrielle la regarda. « Hé… fais attention… » Elle examina la peau éraflée sur les mains de Xena. « Allons… on va chercher nos affaires. Tu as l’honneur de passer une nuit dans ma chambre à coucher d’enfant. »

Xena brossa les morceaux d’écorce sur ses bras. « Je pense que je préférais quand il me détestait », grommela-t-elle en suivant Gabrielle dans l’obscurité.


A suivre 2ème partie

 

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Commentaires
T
Ca fait du bien de retrouver nos personnages favoris dans un contexte moins douloureux. Ephiny se met toujours dans de sales draps et je trouve sympa de redorer un peu le blason de la famille de Gabrielle, surtout le petit béguin de Hérodote pour la grande femme ténébreuse aux yeux bleus.
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B
merci la suite de "quand tombent les ténèbres" bravo et merci encore attend la suite avec impatience bisous
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I
Incroyable retour!!Je dois bien avouer que j’étais en manque sérieux des aventures de Xéna & Gabrielle version Missy Good...Fryda tu sais ménager le suspens LOL Grand Merci à toi!<br /> <br /> <br /> <br /> Isis.
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F
Comme toujours a votre service :-)<br /> <br /> Meme avec la canicule :-)
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K
Et un immense merci à toi Fryda pour avoir repris la traduction des aventures de Xena et Gabrielle de Missy. Je désespérais de pouvoir à nouveau les lire. C'est un réel plaisir de découvrir la suite. Je suis toujours aussi fan! Merci! Merci! Merci! \o/
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