Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Guerrière et Amazone
Publicité
Guerrière et Amazone
  • Vous trouverez ici des Fans Fictions francophones et des traductions tournant autour de la série Xena la Guerrière. Consultez la rubrique "Marche à suivre" sur la gauche pour mieux utiliser le site :O) Bonne lecture !!
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Guerrière et Amazone
Derniers commentaires
28 novembre 2015

Le Saut de la Foi, partie 4

 

Avertissements de l’auteure (et de la traductrice) : voir 1ère partie


Le Saut de la Foi

(Leap of Faith)

Partie 4

Par Mélissa Good (1998)

Traduction Fryda (2015)

 

Ephiny s’appuya contre la pierre dure et croisa les jambes, observant la pièce vide avec soulagement. Le repos de la journée lui avait fait du bien, bien qu’elle se soit continuellement inquiétée de ce qui se passait avec Gabrielle.

Qui semblait, elle devait l’admettre, gérer Paladia à la vraie manière ‘Gabrielle’. Ce qui consistait à rendre la femme complètement folle, tout comme son constant optimisme avait rendu Ephiny folle quand elles s’étaient rencontrées pour la première fois. Elle s’était longtemps demandé ce que Xena voyait exactement dans la jeune fille ; pourquoi l’ex seigneur de guerre sombre et sévère acceptait patiemment les questions constantes et la propension pour les ennuis que Gabrielle lui apportait en retour.

Maintenant, bien sûr, elle savait.

Des pas s’approchèrent et elle prit une inspiration, reconnaissant leur poids. C’était presque le moment… son horloge intérieure lui disait qu’on était bien après l’heure du dîner et elle était devenue consciente du silence de la nuit qui s’installait sur la forteresse. La porte s’ouvrit et elle garda une expression calme et neutre sur le visage quand Paladia entra et alla à sa commode, un air pensif sur le visage. La femme alla jusqu’au bassin d’eau et s’en aspergea plusieurs fois, puis elle se redressa, se retournant pour regarder sa captive avec un regard insondable.

Elle s’avança et s’accroupit. « Hé… est-ce que tu connais bien cette barde ? »

Ephiny réfléchit à la question. « Qu’est-ce que tu veux dire ? » Demanda-t-elle avec précautions.

Une main la plaqua contre le mur. « Ne joue pas à ça avec moi », gronda Paladia. « Je veux tout savoir de ce que tu sais sur elle et je veux le savoir maintenant. »

L’Amazone garda le silence un long moment. « C’est une barde », déclara Ephiny tranquillement. « C’est une personne honorable. » Elle se prépara. « C’est une bonne amie. »

« Et ? » Continua Paladia.

« Et c’est tout ce que j’ai à dire », répondit Ephiny.

« C’est vrai ? » La voix était basse et dangereuse.

L’Amazone hocha lentement la tête.

Paladia la frappa, lui faisant saigner le bord des lèvres. « Je ne le pense pas. » Elle frappa la femme attachée du dos de la main. « Je pense que tu vas tout me dire sur cette petite garce avant que je ne la laisse prendre ta place. »

Un frisson parcourut l’échine d’Ephiny. Non. Son âme de guerrière prit le dessus et elle étudia ses options, sachant qu’elle n’en avait pas beaucoup. Je ne vais pas laisser ça arriver… elle revient juste à un point où… non. Pas après Hope. Pas après Dahak… je ne vais pas la laisser faire ça.

Sachant que bientôt elle serait incapable de faire quoi que ce soit.

Elle se replia sur elle-même et se concentra, ignorant le visage enragé de Paladia et le souffle chaud tandis qu’elle criait, puis bougeait, frappant de ses jambes puissantes, cognant la grande femme dans l’aine avec ses deux pieds, et la frappant à son tour avec un coup méchant et quasiment mortel.

Paladia hurla et tomba, enroulée dans une position fœtale pendant un long moment de douleur avant qu’elle n’attrape le plateau posé sur le sol près des couvertures d’Ephiny et donne un coup tournant qui heurta l’Amazone sans défense sur le visage. « Garce… je vais te tuer. »

Ephiny mit un bras au-dessus de sa tête mais le sentit écarté brutalement, tandis que le plateau cognait sa tempe, envoyant un éclair de chaleur et de souffrance dans son crâne. Elle se souvint de deux ou trois autres coups puis tout sombra dans l’obscurité. Mais un noyau de fureur resta en elle.

Elle avait fait ce qu’elle avait pu. Tout ce dont Gabrielle avait besoin, c’était du temps. Du temps pour que Xena arrive et les dieux soient damnés, prenne cette merde de centaure infestée et la brise en tellement de morceaux qu’ils auraient besoin de pinces pour les ramasser.

Même si elle n’était pas là pour le voir. « Artemis », murmura-t-elle tandis que la douleur la submergeait. « Sois bonne pour mes Amazones… » Un choc à l’estomac et elle se plia en deux, tandis qu’un autre coup la frappait à la tête. « Prends soin de Pony… s’il te plaît… dis-lui que je suis désolée. »

Puis elle sentit qu’on la soulevait et elle se sentit voler avec le mur bien trop près. Sa dernière pensée consciente fut la sensation de la roche qui éraflait son côté.


Cait remua et leva la tête de son oreiller de paille quand elle entendit des pas qui s’approchaient. Elle tendit la main et toucha le bras de Johan, ce qui le réveilla en sursaut avant qu’il ne rapproche sa tête de la sienne.

« Jeune fille… qu’est-ce qu’il y a ? » Murmura-t-il. Ils avaient passé une journée vraiment ennuyeuse à se raconter des histoires. Cait en connaissait de vraiment saignantes et elle avait pris un immense plaisir à les raconter, en même temps que certaines sur son sujet préféré, à savoir Xena.

« Quelqu’un arrive », murmura la jeune fille, tendant le bras pour secouer Lennat qui était blotti derrière elle.

La porte grinça pour s’ouvrir et elle entendit des voix étouffées. « Allez… mettez-là ici… juste… »

« Par Zeus… regarde le sang… je pensais qu’elle aimait bien celle-là… »

« Chh… lâche-là, c’est tout, tu veux bien ? Je veux retourner me coucher. »

Un coup sourd brisa le silence et ensuite la porte grinça en se refermant.

Cait rampa en avant, le nez détectant déjà l’odeur forte du sang. « Dieux… je pense que quelqu’un… » Ses yeux, habitués à la faible lumière de la cellule, se concentrèrent sur les traits qui étaient presque familiers. « Oh dieux. » Elle croassa. « Oh par le foutu Hadès… aidez-moi vous deux. »

Johan rampa près d’elle, s’agenouillant près du corps blotti et silencieux qui avait été largué dans la pièce. « Ce n’est pas… » Sa poitrine se contracta de peur.

La jeune fille prit une inspiration tremblante. « C’est la Reine Ephiny. » Ses mains tremblaient fortement tandis que leur toucher reconnaissait les dommages infligés à la silhouette fine. « Elle est méchamment blessée. »

« Dieux », lâcha Lennat dans un souffle, de l’autre côté. « Je vais chercher de l’eau. »

Cait déchira sa chemise sur les côtés et en fit des morceaux de tissu qu’elle plongea dans l’eau que Lennat avait apportée et elle essuya le sang sur la tête blessée de la régente. « Dieux… c’est pourri… ce n’est pas bon du tout. On a besoin d’un guérisseur. » Elle regarda autour d’elle. « Il faut qu’on la sorte d’ici. »

« Et bien… aucune chance pour ça avant le prochain repas », commenta Johan, en tressaillant tandis qu’il rinçait un tissu plein de sang et le tapotait sur le liquide rouge qui coulait de l’oreille de l’Amazone blessée. « On doit la soigner du mieux qu’on peut… voir ce qu’on peut faire quand ils nous apporteront le petit déjeuner. » Il relâcha un soupir marqué. « Tiens, apporte ce ballot de foin, mon gars. » Il enleva sa tunique et la remplit de la paille de Lennat, attachant les manches pour en faire un oreiller. « Lève-lui la tête, Cait. »

La jeune fille souleva prudemment la forme immobile de la régente tandis que Johan mettait doucement l’oreiller sous sa tête, lissant les cheveux mouillés et frisés de son front très pâle. Il y avait plusieurs bosses sur le côté de la tête de la femme et des bleus sur ses pommettes. Elle avait saigné des deux oreilles et de son nez, et elle ne semblait pas du tout répondre à son environnement. « Pauvre gamine », dit Johan dans un souffle, sa voix prenant une teinte profonde de colère.

« Quand je saurai qui a fait ça », déclara Cait, plutôt calmement. « J’ai bien peur que je ne doive le tuer. »

Le silence tomba après ça tandis qu’ils la regardaient, mal à l’aise.

« Bien. » Cait prit une inspiration, testant avec soin les membres mous d’Ephiny. « Bien… une bonne chose… on dirait qu’il n’y a rien de cassé. » Elle mit de côté la chemise à demi déchirée de la régente et jura doucement. « Dieux. » Des bleus, des coupures et des éraflures couvraient le corps musclé. « Il faut qu’on l’amène chez un guérisseur. C’est moche. »

Lennat hocha lentement la tête. « Tu as raison… je suis avec toi… mais il vaut mieux ne rien dire aux autres… ils sont bien assez nerveux. »

Un grognement sourd attira leur attention et Cait se pencha au-dessus de la régente qui bougeait faiblement. « Ephiny… s’il te plaît… ne bouge pas. »

Un murmure. « Pas… »

« Chh… on va te sortir de là… d’accord ? Reste allongée… tu es tellement blessée. » Cait posa une compresse humide sur la tête de la jeune femme blonde.

« Sécurité », hoqueta Ephiny. « Attends… Xena. » Sa voix traîna pour n’être plus qu’un murmure puis rien.

Cait serra la mâchoire tandis qu’elle ôtait le sang poisseux des cheveux clairs de la régente. « J’ai bien peur de ne pas pouvoir faire ça », dit-elle doucement. « Xena dit que parfois c’est bien de ne pas obéir aux ordres, tu vois. » Elle s’interrompit et soupira. « A moins que ce ne soit les siens, bien sûr… »

Lennat lui tendit d’autres morceaux de tissus humides. « J’espère que Gabrielle va bien. »

La jeune fille leva les yeux, la faible lueur de la torche accrochant à ses yeux gris clairs des ombres plus claires. « Bien, nous devons nous assurer de ça aussi, pas vrai ? »

Ils la regardèrent.

« Ecoutez… on est dans une forteresse ici… et si Xena ne pouvait pas entrer ? » Déclara Cait d’un ton raisonnable. « Elle dépend de nous. »

Une longue pause puis des hochements de tête dans le silence.

« Bien. » Cait entoura les tempes d’Ephiny d’un bandage. « Quand ils nous apporteront le petit déjeuner, on les attaquera. »

« Attaquer ? » Demanda Lennat d’une voix enrouée. « Comment ? »

Cait leva lentement les yeux et croisa son regard.

Et elle sourit. « Laisse-moi faire », répondit-elle d’un ton neutre.


Installée en sécurité dans son épais buisson, avec une ronce de mûres à portée de main d’un côté, Xena attendit que le ciel s’assombrisse pour devenir d’un léger gris corail avant de dérouler ses longs membres et de s’étirer avec préacutions. Elle avait eu un petit repos agité, ignorant la pluie qui tombait sans cesse et elle bâillait maintenant en tirant sur la queue d’Arès pour le réveiller. « Hé. »

« Argroo ! » aboya Arès doucement en tournoyant pour trouver son attaquant puis il la poussa dans la poitrine de son museau froid et humide.

« Oh, allons Arès… » Xena soupira en attrapant une mûre qu’elle mit dans sa bouche. « Je suis déjà assez mouillée comme ça… et ne… » Elle lui attrapa l’oreille. « Et je te défends de dire à Gabrielle que j’ai fait ça, compris ? » Elle aurait droit à une leçon pour ne pas avoir dormi, pas avoir mangé et une autre sévère pour être restée dehors toute la nuit sous la pluie. Elle recourba les lèvres d’un air désabusé. Et tu aimes chaque seconde de ça, espèce de pirate. « Elle va me crier dessus… tu ne veux pas que ça arrive, pas vrai ? »

Le loup cligna des yeux d’un air innocent.

« Tiens. » Xena lui tendit une baie qu’il renifla et engloutit. « Ok… ok… j’ai du travail. » Elle s’enfouit un peu plus dans les buissons, passant le nez de l’autre côté pour observer l’entrée. Dans la lumière du jour, ça semblait aussi imposant que dans l’obscurité et elle soupira. « Bon sang. »

Elle recula et remonta furtivement la colline, glissant par-dessus la crête pour redescendre de l’autre côté dans un silence total. Même les petits animaux ne réalisèrent pas qu’elle était là, ne s’enfuyant qu’au tout dernier moment quand elle plaçait ses bottes avec un talent inconscient, bougeant avec le léger mouvement des feuilles qui effleuraient légèrement sa peau tandis que les premiers rayons de l’aube les traversaient.

Trouver les Amazones fut facile, bien qu’elle doutait que quelqu’un d’autre ait pu détecter leur cachette, mais quand elle passa la tête dedans, le groupe dormait toujours, les visages épuisés à peine visibles dans la lumière de l’avant-aube.

Xena soupira, se sentant un peu coupable pour sa sortie de la veille au soir et elle décida de laisser les femmes dormir un peu plus longtemps, tandis qu’elle maraudait pour trouver son petit déjeuner et scrutait les environs. Cela ne lui prit pas longtemps mais il faisait bien plus clair quand elle revint dans la clairière et faillit se cogner à Solari. « Bonjour », marmonna-t-elle.

Solari se frotta les yeux et s’appuya contre le surplomb sous lequel elles s’étaient abritées. « Hum… oui. Salut. » Elle tressaillit. « Pas sûre de savoir si cette petite sieste a fait du bien ou pas. »

Xena grimaça de sympathie. « Ça ne fait jamais de mal. » Elle tendit un paquet de feuilles pliées. « Tiens… du frais… je pensais que vous pourriez l’ajouter à vos rations de voyage. »

L’Amazone aux cheveux noirs prit le paquet et regarda dedans puis elle leva les yeux. « Merci. » Un sourire à contrecoeur plissa son visage. « Ça sera un changement bienvenu. » Elle s’interrompit et regarda avec embarras le sol couvert de feuilles. « Xena… je suis désolée pour hier soir. »

La guerrière donna un coup de pied nonchalant dans un petit caillou. « Moi aussi », répondit-elle calmement. » Tout ce truc me met les nerfs à fleur de peau… je ne voulais pas être grinçante. »

« Et nous étions toutes très fatiguées… et agissions comme des enfants pleurnichards », répondit Solari avec un air soulagé. « Ce que tu as fait à Pony était tout à fait justifié… et tu es la seule qui peut s’en tirer après. »

Xena mâchouilla sa lèvre. « Elle est réveillée ? »

Solari tressaillit « Oh oui. » Elle soupira. « Et elle est d’humeur très combative. »

La guerrière grimaça. « Génial. » Elle mit les mains sur ses hanches. « Et bien… on dirait que nous allons devoir trouver un chemin vers le haut et qui contourne cette montagne… je ne nous vois pas passer par ce portail. »

L’Amazone hocha la tête. « C’est ce que je me suis dit… nous avons des cordes pour grimper… tu penses qu’on va trouver un chemin là-haut ? »

Xena haussa les épaules. « Quelque chose comme ça… je vais scruter les environs pendant que vous vous préparez. » Elle bougea la tête d’avant en arrière. « Me détendre un peu… les ronces de mûres ne sont généralement pas mon premier choix comme lit. »

Solari hocha la tête. « C’est vrai… on ne va pas traîner. » Elle se retourna et passa sous le surplomb.

« Passons à autre chose », commenta Xena pour Arès. « Allez… on va faire une balade. » Elle glissa en bas du chemin, se dirigeant vers un petit ruisseau qu’elle entendait bouillonner tout près. Elle mit la tête dans l’eau laissant la fraicheur de l’eau la réveiller complètement, puis elle mit les mains en coupe et prit plusieurs gorgées, tressaillant un peu tandis que l’eau froide touchait son estomac vide.

Elle se redressa et s’appuya contre un arbre, fixant un moment la scène de la matinée naissante, où les oiseaux plongeaient sur la source, buvant effrontément et attrapant des insectes dans le ciel. Puis elle soupira et s’étira, dégainant son épée pour la faire bouger dans un schéma lent, réchauffant ses muscles dans le dessin vacillant de la lumière du soleil.

C’était un peu dur au départ… étant donnée sa longue nuit d’inconfort mais elle s’installa et les choses devinrent plus souples après ça, tandis qu’elle progressait de mouvements basiques vers ses manœuvres habituelles plus acrobatiques.

Elle sauta dans un salto arrière, et découpa un buisson de petites fleurs rouges d’une branche d’arbre au-dessus d’elle, puis elle termina le saut, atterrit et cueillit le bouquet dans un pseudo grand geste. Elle se retourna et s’appuya à nouveau contre l’arbre, tandis qu’un claquement effrayait les oiseaux qui s’envolèrent surpris.

Eponine entra d’un pas nonchalant dans la clairière, toujours claquant des mains. « Très joli », dit-elle avec un doux ricanement tandis que Xena portait le bouquet de fleurs à son nez et reniflait délicatement. « C’était un truc pourri que tu m’as fait hier soir, Xena. » Elle s’interrompit et regarda la guerrière entourée d’ombres. « Mais je le méritais sûrement, hein ? »

Cela lui valut un sourire en coin de Xena. « Tu étais un peu cinglée, oui. » Elle regarda par-dessus l’épaule d’Eponine. « Elles sont prêtes ? »

« Elles sont occupées à jacasser sur ta technique », l’informa l’Amazone. « On grimpe ? »

Xena rengaina son épée avec un clic étouffé. « On dirait bien. » Elle avança et repris son sac, posé pendant qu’elle s’entrainait. « Allons-y. »


Il faisait sombre là où elle se trouvait, et froid. Gabrielle cligna des yeux dans les ombres, son cœur flanchant lorsqu’elle se rendit compte qu’elle était revenue dans cet endroit. L’eau coulait partout autour d’elle et elle pouvait sentir la puanteur des choses mortes et voir les mucosités sur les murs.

Et comme toujours, elle était seule. Pas seulement physiquement mais vraiment seule, parce que Xena l’avait laissée. Laissée ici, dans cet endroit, et elle avait passé tout son temps à chercher la guerrière, suppliant qu’elle revienne.

Elle était si seule. Ça faisait tellement mal. Les murs rirent d’elle, dans des voix qui ressemblaient fortement à celle de Dahak. Comme celle de Hope. Elle se traîna, la boue collant à ses bottes, des petites choses déplaisantes courant sur elles.

Xena… reviens, s’il te plait ? Elle gratta le mur visqueux et elle trébucha, tombant à genoux dans la saleté, sentant les choses rampantes filer loin de ses mains fuyantes.

Elle hurla de douleur et de frustration.

Et elle se réveilla, le cœur battant sauvagement, pour voir la petite grotte mal éclairée et grise, qu’était sa cellule. Des larmes tachaient son visage et elle serra la poupée abîmée contre elle, refoulant les sanglots. Dieux… ça fait mal… je déteste ce rêve.

« Ok… ok… » Elle reprit le contrôle. « Allez maintenant… du calme. » Lentement, son battement de cœur diminua et elle s’assit, s’essuyant les yeux et se demandant quelle heure il était. Elle avait perdu la notion ici dans la montagne profonde, mais elle se sentait un peu reposée, alors elle se dit que cela faisait un moment au moins. Elle se souleva de la paillasse et traversa la pièce, faisant jouer le levier sur la porte pour l’ouvrir un peu, surprise quand le garde dehors bondit pour se relever et pointer son arbalète sur elle. « Hé ! » Elle leva la main et montra sa robe. « Je ne suis pas une menace. »

Le garçon cligna des yeux et baissa son arme, s’installant à nouveau contre le mur avec un grognement. « Euh… désolé, madame. »

Cela lui valut un rire surpris de la barde. « Quoi ? » Elle s’entoura de ses bras. « Quelle heure est-il ? »

Son regard la fuyait. « Euh… le début de la première garde, madame. »

« Arrête de m’appeler comme ça. » La barde roula les yeux. « Est-ce que ça veut dire qu’on est presque au matin ? »

Il hocha la tête, absorbé dans l’étude de ses lacets de bottes.

« Ok… » Gabrielle réfléchit. « C’est bon si je vais chercher un petit déjeuner dans un petit moment ? »

Le garçon se gratta l’oreille. « Hum… oui… euh… ils ont dit que vous… Paladia va être occupée toute la journée… alors je… je suis supposé…hum… vous surveiller en quelque sorte. »

La barde haussa les sourcils. « Elle est occupée, hein ? » Ce n’était pas l’impression qu’elle avait donnée la veille au soir… elle se demanda ce qui s’était passé. « Ok… alors… tu peux m’amener à la salle principale ? » Elle s’avança un peu et se baissa pour le forcer à la regarder.

Il rougit et balbutia. « Oh… o… ok. » Il avait des cheveux chatains légèrement bouclés et de doux yeux noisette.

Gabrielle lui sourit. « Tu vas bien ? » Elle tourna sur elle-même et regarda le long du couloir. « Tout va bien ? »

« Oui… oui… euh… bien sûr. Oui. » Le garçon semblait fasciné par l’attache de sa chemise maintenant.

« Tu t’appelles comment ? » Demanda la barde.

Il la regarda timidement. « Brion. »

Gabrielle assimila ça. « Très bien, Brion… je vais me changer et ensuite on ira au petit déjeuner… peut-être que tu pourras me faire visiter… ça te va ? »

Un clignement d’yeux. « Bien sûr. » Il regarda autour de lui. « C’est juste que… je dois vous surveiller de tout près… Paladia a dit de ne pas vous laisser sortir… ou descendre. »

La barde hocha la tête. « Très bien… je comprends pour dehors… mais descendre c’est quoi ? »

« Là où ils gardent les p… les gens », finit Brion d’un air embarrassé.

Hmm. Gabrielle étudia l’information. Paladia était occupée… Elle se demanda brièvement avec une nausée, si ses affaires étaient avec Ephiny. Elle espéra que non. Mais ça lui donnerait une chance d’étudier l’endroit et d’en voir plus. « Ok… ça me va… bien que j’aimerais voir mes amis… les deux personnes que vous avez amenées avec moi. »

Brion eut l’air mal à l’aise. « Peux pas… surtout pas ça… Paladia l’a dit. »

Un fil de nausée traversa la conscience de Gabrielle. Pourquoi ? Est-ce que la grande femme était soupçonneuse ? « Et bien, je vais devoir lui poser la question plus tard, mais c’est bon. »

Il eut l’air soulagé. « Partout ailleurs… je vais vous montrer, c’est promis. »

Gabrielle lui fit un sourire charmeur. « Oh… je vois que nous allons bien nous entendre, Brion. »

Il rougit.

Elle sourit.


« J’ai changé d’avis », dit Eponine en soupirant tandis qu’elle se reposait contre une souche bienvenue et se frottait les mains. « Je pensais que tu étais en partie mule, en partie blaireau et en partie sanglier. » Elle lui lança un regard méchant. « Maintenant je suis convaincue que l’un de tes aimables ancêtres a eu des relations conjugales avec une chèvre de montagne. »

Xena haussa un sourcil et croisa les bras, lui jetant un regard noir depuis son perchoir sur un rocher juste au-dessus de leurs têtes. « Merci », gronda-t-elle. « C’est sympa à entendre. » Elle les avait menées régulièrement sur le côté de la montagne, bougeant avec précautions en trouvant des endroits solides pour qu’elles puissent grimper, une épaisse corde en chanvre enroulée autour de son corps qui leur permettait d’avoir quelque chose à quoi s’accrocher en montant.

Un rire fatigué circula dans le petit groupe à ces mots. « A ton service », grogna Eponine en retour, en se frottant les poignets.

Xena tapa de ses bottes contre la roche et regarda les Amazones, puis elle pencha la tête en arrière et vérifia la position du soleil, à mi-chemin dans le ciel. « Nous avançons plutôt bien », dit-elle en regardant le sommet encore distant. « Je pense qu’il y a une passe en bas de ce point… vous voyez ces arbres ? »

Les femmes regardèrent avec intérêt. « Oui… » Solari sauta sur la souche contre laquelle Eponine était adossée et protégea ses yeux. « Je les vois… ce n’est pas trop loin. » Elle leva les yeux vers Xena. « Tu penses qu’on peut traverser là ? »

La guerrière étudia ses mains. « Je le pense, oui », finit-elle par dire en hochant la tête, croisant mentalement les doigts. Les Amazones étaient très près d’être fatiguées par la montée, qui avait été pénible même pour son corps bien conditionné. « Peut-être qu’on pourra trouver une source d’eau chaude pour nous baigner après que tout ça sera fini. »

Eponine leva les yeux en entendant ces mots et eut un sourire narquois, puis elle plissa le front et frotta une petite tranchée dans le sol de sa botte. « Source d’eau ch… est-ce que c’est un volcan ? »

Xena hocha lentement la tête. « Oui… un vieux volcan… qui n’a pas été actif depuis longtemps. Je pense que leur repaire est dans les tunnels où passait la lave à l’intérieur. » Elle s’appuya sur un coude et détacha son outre d’eau pour en prendre une longue gorgée. « Mangez un peu si vous voulez. »

Une vague de soulagement passa sur le groupe, qui s’installa sur le sol avec gratitude et fouilla dans les sacs, en sortant des stocks de viande séchée et des fruits.

Xena les regarda un moment puis elle revint s’allonger sur le rocher baigné de chaleur, en regardant les nuages cotonneux, y trouvant paresseusement des dessins. « Regarde… » Murmura-t-elle pour elle-même d’un air désabusé. « C’est un lapin. » Brièvement, elle souhaita que Gabrielle soit près d’elle, prête à discuter ce point.

« Quoi ? » Eponin se tenait près du rocher, se soulevant sur ses orteils pour écouter.

« Hein ? » La guerrière s’éclaircit la gorge et regarda en bas. « Rien… je … sifflais tout simplement. »

L’Amazone ricana doucement. « Oh… ok… bien sûr. » Elle lui tendit quelques morceaux de viande séchée. « Tiens… mâche ça un moment… c’est presqu’aussi coriace que toi. »

Xena rit doucement mais accepta l’offre, mordant un petit morceau avant de le mâcher une minute. « Hé… tu as trouvé ce cerf en train de tricoter dans un rocking-chair ou quoi ? » (NdlT : allusion à une image de vieille femme au tricot) Elle s’interrompit. « J’ai goûté des bottes plus souples. »

Eponine s’appuya contre le rocher et ricana. « La critique est facile. » Elle mâcha un moment puis lança un regard en coin à Xena. « Alors… tu mordilles tes bottes… ou celles de Gabrielle ? »

La guerrière haussa un sourcil, consciente des oreilles tendues par les Amazones studieusement nonchalantes. « Des bottes ? » Dit-elle d’un ton trainant. « Je ne ne perds pas de temps avec ses bottes. » Elle s’étira plus confortablement sur son rocher, croisant les chevilles et laissant un lent sourire se dessiner sur ses lèvres.

Eponine s’étouffa sur son morceau de viande ce qui la fit tousser violemment jusqu’à ce que Solari approche et lui donne un coup entre les omoplates. « Bien joué, cul de centaure », roucoula-t-elle gentiment à la maîtresse d’armes.

L’autre femme s’étouffa de plus belle et lança un regard noir. « Qui tu appelles cul de centaure, l’Emplumée ? »

Elles repartirent quelques minutes plus tard, en se chicanant toujours et Xena secoua un peu la tête tandis qu’elle montait, en direction de la passe à demi cachée. Ah les Amazones.


« C’est là que nous avons les enfants », dit Brion doucement tandis qu’il marchait d’un pas pesant devant une Gabrielle intéressée. « Nous n’en avons pas beaucoup mais il y en a quelques-uns… » Il ouvrit une porte épaisse et entra, la tenant pour la barde avec une courtoisie embarrassée.

Gabrielle passa près de lui et regarda dans la pièce de bonne dimension. Des petites têtes se tournèrent vers elle et des yeux ronds la regardèrent avancer d’un pas nonchalant. « Bonjour. » Elle leur sourit. Il y avait environ une demi-douzaine de petits enfants assortis dans la pièce, quatre garçons et deux filles, qui allaient de deux ans à ce qui semblait être sept ou huit ans. « Vous vous appelez comment ? »

La fille la plus âgée la regarda et lui fit un sourire timide. « Mercia… » Elle pointa du doigt. « Et ça c’est Darren, et Micha, et Robri et Aleise. » Elle baissa le regard sur le plus jeune, un bambin à l’air trapu. « Et Yercha. »

« Bonjour à vous. » Gabrielle s’accroupit et tendit la main vers Yercha qui plissait le front et qui s’avança en tremblant avant de la taper avec un air soupçonneux. « Je m’appelle Gabrielle. »

« Tu es nouvelle ? » Demanda le plus âgé des garçons avec incertitude.

« En quelque sorte », répondit la barde. « Je suis une conteuse… vous voulez entendre une histoire ? »

Leurs yeux brillèrent et ils s’avancèrent tant bien que mal pour s’asseoir les jambes croisées devant elle, leurs soupçons oubliés. « Tu en connais sur Hercule ? » Demanda le plus vieux des garçons, Darren, le souffle coupé.

Gabrielle sourit. « Bien sûr que oui. » Elle s’assit à son tour et fit signe à Brion de se détendre. « En fait, non seulement je connais ses histoires… mais je connais Hercule lui-même. »

Des yeux écarquillés. « Vraiment ? »

« Vraiment », lui assura la barde. « C’est une des personnes les plus gentilles que j’ai jamais rencontrée. » Elle se lança dans un conte édulcoré et drôle sur le demi-dieu, ce qui fit rire les enfants.

« Hé… » Darren sautait sur place. « Tu vas rester ici… et nous raconter des histoires ? »

Gabrielle ressentit un léger pincement. « Pendant un petit moment, mon chéri », lui dit-elle. « Mais ensuite… je dois retourner voir ma famille. »

Un silence tomba et les enfants devinrent tous tristes. « On n’a pas de famille », dit Mercia dans un souffle, en suçotant son doigt. Elle leva des yeux hantés vers Gabrielle. « Personne ne veut de nous. »

La barde ouvrit les bras. « Viens ici. » Elle tira la fillette sur ses genoux et l’étreignit. « Mercia, ce n’est pas vrai. » Elle berça doucement la fillette tandis que les autres enfants venaient se blottir et s’accrocher à elle. « Laissez-moi vous raconter une histoires sur les familles… ok ? »

Elle prit une inspiration. « Parfois, les liens d’amitié vous relient plus à d’autres gens que ceux du sang ne le feront jamais… les amis que vous allez vous faire ici deviendront votre famille. » La fillette la serra fort. « C’est ce qui m’est arrivé, vous savez… Je ne pouvais pas rester avec ma famille… alors je suis partie et j’ai découvert une amie qui est devenue ma meilleure amie dans le monde entier. » Elle caressa les cheveux roux de la fillette. « Et maintenant, elle est ma famille et je l’aime vraiment beaucoup. »

Merci cligna des yeux et les frotta d’un poing sale. « Ta maman te manque ? »

Gabrielle soupira. « Parfois… mais la plupart du temps je suis heureuse. »

Les enfants réfléchirent à ces mots. « Qui est ton amie ? » Demanda Darren d’un ton pratique.

« On va la rencontrer ? » Résonna Mercia, apparemment de meilleure humeur.

Gabrielle envoya un rapide coup d’œil vers Brion qui la regardait rêveusement et elle décida qu’elle était plutôt en sécurité. « Et bien, mon amie s’appelle Xena. »

« Wow ! » Laissa échapper Darren. « Pas la Xena ? »

La barde sourit. « Et bien, c’est la seule que je connaisse… » Elle baissa la voix. « Et je vais voir ce que je peux faire pour qu’elle vous rencontre. »

Ils quittèrent la pièce et Brion traina des pieds en marchant. « C’est vrai ? »

« Hmm ? » Gabrielle se tourna vers lui. « Quoi ? »

« Tu connais vraiment la Princesse Guerrière ? » Demanda-t-il timidement.

« Oh oui. » La barde rit tranquillement. « C’est vrai… après tout, je vis à Amphipolis, tu te souviens ? »

« C’est vrai… » Brion hocha la tête. « Mon papa… il racontait des histoires sur elle. » Il soupira. « Comment elle avait été si mauvaise et était devenue une bonne personne. »

Gabrielle l’étudia rapidement. « C’est vrai… c’est une personne merveilleuse… vraiment stupéfiante. » Elle regarda derrière elle. « D’où viennent ces enfants ? »

« Pour la plupart, leurs parents… » Brion regarda ses bottes. « Ils sont morts, à cause de l’hiver… ou bien ils n’avaient plus de nourriture… alors ils… ont mis les gamins dehors. » Il tressaillit à l’expression choquée sur le visage de Gabrielle. « Oui… c’était plutôt horrible… nous étions toujours contents de pouvoir en trouver un. »

« Brion… » La barde mit la main sur son bras et le sentit rougir sous ses doigts. « S’il te plait… est-ce que je peux voir mes amis… juste une minute ? Je ne le dirai à personne. » Son regard vert chercha le sien. « S’il te plait ? »

Il se sentit hypnotisé par elle. « Euh… ben… d’accord… mais juste une minute », décida-t-il témérairement, voulant qu’elle sourie.

Elle sourit et lui pressa le bras. « Merci. »


« Très bien », murmura Cait. « Tu es prêt ? J’entends des pas. » Ils étaient accroupis  de chaque côté de la porte, dans la faible lumière vacillante de la torche, qui envoyait des lueurs dans les cheveux clairs de Cait et Lennat. « Super… ils ne sont que deux… » Elle pencha la tête. « Et pas non plus de ces types gargantuesques. »

« Bien », répondit Lennat nerveusement. « Je… je ne suis pas vraiment un combattant, Cait. »

« C’est bon. » Cait gloussa légèrement. « Moi si. »

Les pas se rapprochaient et ils entendirent le léger cliquetis reconnaissable des lourdes clés quand le crissement du métal contre le métal leur dit qu’on déverrouillait. Cait envoya un rapide coup d’œil inquiet à la silhouette immobile dans le foin, avec un Johan tendu accroupi près d’elle, qui tapotait doucement les blessures qui coulaient toujours, avec un chiffon taché. Ephiny n’avait pas repris connaissance depuis qu’on l’avait amenée là et ils avaient été très nerveux quand le petit déjeuner ne leur fut pas apporté comme prévu.

Est-ce qu’on les avait entendus ? Mais le verrou tournait maintenant et elle s’accroupit, concentrant son attention sur la fine ligne rouge que faisait la lumière extérieure et qui entra lorsque la porte s’ouvrit en craquant. Un pouce de plus et elle plongeait vers l’avant pour insérer ses doigts dans l’ouverture, tirant sur la porte brusquement pour l’ouvrir et attrapant à l’aveugle la première personne, agrippant le tissu pour tirer en arrière de toutes ses forces.

Elle tomba en arrière avec un corps étonné qui luttait au-dessus d’elle, et elle leva ses pieds pour pousser la cage thoracique de l’homme qui haletait, frappant aussi fort qu’elle le pouvait, l’envoyant contre le mur. Il glissa le long de la surface sans un bruit et elle bondit pour atteindre la seconde silhouette sombre qui lui attrapa brutalement les mains et la serra contre elle.

« Cait ? » La voix de Gabrielle était tendue.

« Dieux », dit Cait dans un souffle, son corps relâché dans les bras puissants de la barde. « Par la pourriture des dieux… c’est toi. »

« Oui », ricana la barde doucement. « Contente de t’avoir arrêtée… pauvre Brion. » Puis elle eut le souffle coupé en voyant Johan agenouillé. « Que… oh dieux. » Elle remit Cait debout puis fonça, se laissant tomber à genoux dans la paille sale. « Oh dieux… qu’est-ce qui s’est passé ? » Elle tendit une main tremblante pour toucher le visage bouffi d’Ephiny.

« On espérait que tu nous le dises, jeune fille. » Johan lui lança un regard malheureux. « La pauvre petite a été amenée tôt dans la nuit… Gabrielle, elle est salement blessée. »

« Eph… » Gabrielle ferma les yeux. « Pourquoi ? »

Un léger mouvement des cils clairs puis la lueur blafarde de la lumière d’une torche sur des yeux clairs et injectés de sang. « G… »

« Chh… » Gabrielle mit un doigt sur ses lèvres. « N’essaie pas de parler… c’est un ordre. » Elle enroula sa main autour de celles de la régente. « Nous allons te sortir d’ici. »

« Toi… en sécurité », murmura Ephiny. « Bien. » Elle lutta pour garder les yeux ouverts. « L’ai frappée… mal… peux pas faire ça… à toi… donnez du temps à Xena. »

La barde lui prit la joue très doucement. « Ephiny… tu me dis que tu l’as provoquée… exprès »

Léger hochement de tête.

« Dieux », grogna Gabrielle. « Quand nous sortirons d’ici, je te le jure, Ephiny… je te le jure, je vais réunir un Conseil des Amazones et je vais leur raconter l’histoire sur le glaçage bleu… avec les détails… tu le mérites pour être si fichument… si… si… ouf. Ah les Amazones. » Elle utilisa le juron favori de Xena. « Tu n’aurais pas pu me faire confiance pour gérer les choses ? » (NdlT : glaçage bleu = blue frosting, Missy fait ici référence à une scène d’Une Si Longue Nuit)

Les yeux clairs s’emplirent d’excuses douloureuses. « Te fait confiance », soupira Ephiny. « Elle voulait… des détails… sur toi… pas moyen échapper… pense qu’elle soupçonne. » Elle serra la main de Gabrielle faiblement. « Pardonne-moi. »

« Il n’y a rien à pardonner. » Gabrielle soupira. « Calme-toi… ce ne sera pas long, Eph… Xena est tout près. »

La régente battit des cils et ferma les yeux puis elle hocha un peu la tête.

« Oui… mais ça ne fait qu’une personne, jeune fille… » Johan la regarda. « Cette place pullule de vilains. »

« Ne t’inquiète pas pour ça. » Gabrielle mit la main sur son épaule. « Une Xena est plus que suffisante pour traiter avec ces gens. » Elle étudia Ephiny avec gravité. « Gardez-la au repos… gardez-la au chaud… et vous tous s’il vous plait… contentez-vous de rester ici. » Elle lança un regard sévère à Cait. « Je dois attirer leur attention… et je n’ai pas besoin d’avoir à m’inquiéter de vous aussi, ok ? »

« Mais… » Cait protesta. « C’est pourri ! »

« Cait. » La barde relâcha un soupir fatigué. « Quelqu’un doit garder Ephiny… Xena va d’abord venir ici… il faut que vous l’aidiez à sortir Ephiny… c’est ça l’important. Pour moi tout va bien… ils ne m’ont pas fait de mal. »

« Ce n’est pas ce que Xena va penser », répliqua Cait doucement. « Et tu le sais. »

« C’est bon », lâcha brusquement Gabrielle. « Laisse-moi m’occuper de ça. » Elle regarda la porte. « Johan, toi et Lennat, portez mon ami là dehors, il faut que je parte avant que quelqu’un nous trouve. »

Les deux hommes se levèrent et lui obéirent sans discuter et elle retourna près de la régente blessée. Ephiny ouvrit à nouveau les yeux. « Gab ? »

La barde se pencha et essuya avec un morceau de coton humide, des gouttes de sang qui coulaient du nez de l’Amazone.

Ephiny concentra son regard sur elle. « Prends… soin de Pony pour moi… ok ? »

« Prends en soin toi-même », répliqua Gabrielle fermement, en sentant son cœur lui manquer. « Tu vas sortir d’ici, Ephiny, je te le promets. »

Une main tremblante attrapa sa cheville. « Promets-moi que… tu vas diriger les Amazones… » La voix d’Ephiny était rauque. « Elles ont besoin de toi.

Oh dieux. Gabrielle croisa le regard d’Ephiny tandis que la requête faisait son chemin. « Je te le promets », répondit-elle doucement.

La brume entra dans les yeux d’Ephiny. « Embrasse Xenon pour moi. »

La barde sentit les larmes couler le long de ses joues et elle les ignora. « Je le ferai. » Elle entrelaça ses doigts avec ceux d’Ephiny. « Mais n’abandonne pas, Ephiny… n’y pense même pas. »

La régente hocha la tête une fraction de seconde et serra la main qui tenait les siennes. « Ferai de mon mieux. » Sa respiration ralentit et sa poigne se relâcha.

Gabrielle lui mit le bras le long de son corps et lissa la chemise fine qu’elle portait. « Fais comme ça », murmura-t-elle en fixant son amie un long moment avant de se relever et de passer les doigts dans ses cheveux. « Très bien… voilà le plan. » Ils la regardèrent. « Quand Xena sera là… faites sortir tout le monde des cellules… le couloir dehors mène directement à l’entrée. »

« Gabrielle… » Lennat s’approcha et l’étreignit doucement. « Tu es sûre que Xena pourra entrer ici ? »

Le regard vert croisa le sien sans flancher. « Elle va venir », répliqua Gabrielle avec une grande confiance. « Sortez tout le monde puis dites-lui que je serai sûrement en haut dans la salle principale. » Elle leur fit un sourire grimaçant. « Je vais essayer de garder tout le monde occupé pendant que vous vous évaderez tous. »

« Très bien », accepta Cait à contrecoeur. « Mais sois bien prudente. »

Gabrielle l’étreignit. « Je le serai, Cait. » Elle relâcha la jeune fille et embrassa Johan avec la même sincérité. « Garde un œil sur eux, papa. » Johan eut le souffle coupé et elle le relâcha, puis marcha lentement vers la porte et se glissa dehors, les fixant encore un long moment avant de refermer doucement la porte et d’aller vers la forme immobile de Brion. « Hé… » Elle lui tapota gentiment la joue.

Il balbutia et secoua la tête, regardant furieusement partout autour de lui. « Qu… que.. que s’est-il passé ? »

« Bonne question », répondit Gabrielle avec une gaieté feinte. « Tu t’es évanoui. » Elle recula et lui tendit la main. « C’est bon… je viens juste de les voir… on peut partir maintenant. »

Brion lâcha un soupir de soulagement tout en se frottant la tête. « Oh… ok… génial… » Il se tourna et les mena en haut du couloir, clignant un peu des yeux. « Wow… je n’ai jamais… fait ça avant. »

« Mm. » Gabrielle marchait près de lui, son esprit tournoyant. « Peut-être que tu as besoin de manger… on peut ? »

« Oh… oui… oui… c’est une bonne idée. » Le garçon hocha la tête. « Je pense que j’ai besoin d’un verre. »

Ils prirent le dernier tournant et s’arrêtèrent alors que la silhouette volumineuse de Paladia emplissait le couloir. La grande femme les regarda avec attention. « Fiche le camp, Brion », finit-elle par ordonner. « Je la prends maintenant. »

Le garçon eut un regard d’excuse puis contourna le grand corps de Paladia et s’échappa dans la salle.

Gabrielle lui fit face, la colère montant tandis qu’elle se remémorait les traits battus d’Ephiny. « La matinée a été douce… » Dit-elle prudemment. « Je suis allée voir les enfants… et Brion m’a fait un peu faire le tour. »

Paladia la regarda avec incertitude. « C’est… bien… hum… c’est dur pour les enfants… il faut qu’ils s’occupent d’eux-mêmes. » Elle étudia le sol. « Viens », finit-elle par dire. « Tu as des explications à me fournir. »


L’écorce de l’arbre lui érafla la peau quand Xena sauta par-dessus une petite ravine, attrapant le surplomb rocheux au-dessus d’elle et se frayant un chemin à la force des muscles. Elle se retourna et cala ses pieds, une main enroulée autour d’une racine qui dépassait. « Très bien… allez… on y est presque. »

Le mou sur la corde nouée autour d’elle joua puis elle se tendit tandis qu’un poids tirait sur son corps. Un instant plus tard, la tête sombre d’Eponine passait au-dessus du surplomb rocheux et la maîtresse d’armes se hissa avec une grimace ; elle mit les pieds sous elle et s’écarta du chemin pour que Solari puisse la suivre. Elle passa près de la silhouette arc-boutée de Xena et sauta sur le rocher suivant, et elle regarda par-dessus et en bas vers la passe qui arrivait enfin.

Un léger juron sincère brisa l’air et Xena se tourna pour la regarder. « Quoi ? »

Eponine ne répondit pas, elle se contenta de se laisser tomber contre le rocher et posa la tête contre la pierre dans un air de défaite lasse. Solari se tortilla pour la rejoindre et réfréna un cri.

« Attendez. » Xena fit un signe au reste du groupe de rester où elles étaient et elle détacha la corde autour d’elle, l’enroulant sur la racine. Elle rejoignit alors les deux Amazones et regarda par-dessus leurs épaules.

Bon sang. Xena cligna des yeux de confusion et de désarroi. La montagne qu’elles avaient passé une journée laborieuse à grimper, n’était qu’un anneau extérieur protecteur. Là, à des lieues, s’élevait un cône intérieur sombre, à peine boisé, qui tombait bien loin dans le cratère du volcan. En bas, elle pouvait à peine deviner le cours d’une rivière nourrie par la pluie, qui se vidait finalement dans la vallée en-dessous d’elles. En silence, elle grimpa sur le rocher et remonta la petite crête qui surplombait le cône intérieur, allant jusqu’au bord, laissant les vents tournoyants repousser ses cheveux noirs.

A part le léger cours d’eau, tout était silencieux. Deux faucons tournoyaient au-dessus des courants thermaux, se moquant d’elle avec leur maîtrise de l’air.

« Et maintenant ? » Demanda Eponine avec un soupir las, venant derrière elle pour regarder de l’autre côté de la paroi rocheuse escarpée.

Xena était perdue. Elle sentait le vague inconfort qui avait grandi en elle, entrer en éruption dans un déchainement nauséeux et pendant un long moment, elle faillit perdre son sang-froid. Elle voulait juste se laisser aller et mettre la tête entre ses mains, et que quelqu’un lui dise quoi faire.

Mais tous les regards étaient sur elle et Gabrielle dépendait d’elle, et elle ne pouvait tout simplement pas le faire. La question c’était qu’est-ce qu’elle pouvait faire ? Descendre le long de la paroi interne et remonter le petit cône était hors de question… la profondeur allait bien plus loin que les plaines qu’elle avait grimpé jusqu’ici, et ça avait pris la plus grande partie de la journée.

Son cœur plongea.  Et maintenant… et maintenant… Elle plissa le front et avança sur la crête, en réfléchissant fortement. « Aide les autres à grimper. » Elle se tourna et s’adressa à Solari. « Voyons ce que je peux trouver. »

Les deux Amazones lui lancèrent un long regard puis la laissèrent seule, retournant le long du chemin caillouteux.

Gabrielle. Son regard scruta le cône intérieur, voyant les côtés intacts et en pente. Qu’est-ce que je vais faire ? Elle retourna au bord de la crête et croisa les bras, respirant la riche odeur de pin. Les vents faisaient bouger les branches du chêne tenace près d’elle et elle leva les yeux, pour regarder les branches se courber et fléchir, se remettant en place avec une énergie élastique.

Elle se concentra dessus puis regarda le chemin qui s’arquait depuis la passe. Ensuite elle regarda l’espace qui séparait les deux parois rocheuses et repéra, plus bas, à un niveau inférieur au leur, un surplomb à demi caché qui dépassait légèrement, masquant une ouverture sombre et irrégulière dans la paroi rocheuse.

« Alors ? » Eponine vint derrière elle tranquillement. « On a un plan ? »

Xena eut un sourire grimaçant dans le vent froid. « Oui. » Elle se reprit, regardant vers le bas, vers Arès qui galopait près d’elle et mit le museau contre son genou. « Tu vois ça ? » Elle montra l’ouverture.

Eponine regarda et se mit sur le côté quand Solari les rejoignit, avec le reste des Amazones sur ses traces. « Ooouuuiii… » Elle traina sur le mot. « On dirait l’ouverture d’une grotte. » Elle regarda le profil sombre près d’elle. « Tu penses que c’est une entrée ? »

La guerrière mâchouilla sa lèvre. « Ils doivent avoir des conduits d’air », finit-elle par dire. « Oui… je pense que c’est ça… tu vois les traces sur ce rocher ? » Elle pointa la surface sous l’ouverture. « On dirait qu’ils jettent des choses de là. »

Solari hocha lentement la tête. « Je le vois… oui. » Elle regarda Xena. « Mais comment ça va nous aider ? On est ici… pas là-bas. »

« Je sais », répondit Xena calmement. « Ça va changer. » Les dieux soient remerciés ce sont les espaces clos, pas les hauteurs qui me font des problèmes. Elles ne vont pas le croire… je ne suis pas sûre de le croire… mais… je n’ai plus d’options.

Elles la regardèrent. « Xena… tu ne veux pas dire qu’on va descendre et grimper à nouveau… ça va prendre une éternité », tenta Solari avec précautions.

La guerrière mit la main sur son estomac et relâcha un long soupir. « Nous n’avons pas l’éternité. » Ses narines s’écartèrent. « Je vais aller là-bas. »

Un silence choqué. « Comment ? » Demanda Eponine.

« En sautant », répondit Xena succinctement. « Je vais utiliser cet arbre comme une catapulte et avec l’espoir de ne pas finir en bas de cette falaise. »

Un silence pesant de la part des Amazones tandis qu’elles la regardaient avec une incrédulité totale. « Excusez-nous un instant », dit Eponine en poussant Solari. « Il faut que je parle à Xena. »

Les Amazones filèrent, repartant se grouper autour d’une Solari toujours stupéfaite.

Xena les ignora, mesurant les angles et testant le vent.

« Si tu penses que je vais rester là et te laisser commettre un suicide, tu es cinglée », déclara Eponine, d’une voix basse et sérieuse. « Alors arrête ça. »

La guerrière regarda en haut, lançant son corps pour attraper la branche la plus basse de l’arbre, la pliant doucement, puis relâchant sa prise. « Pourquoi ? » Elle se retourna et regarda Eponine droit dans les yeux. « Ça devrait rendre les Amazones joyeuses. »

Eponine la fixa. « Ce n’est pas vrai. »

Xena secoua la tête et mesura les distances. « Oui, et bien… je n’ai pas le temps de discuter avec toi, Eponine. » Elle commença à reculer, comptant les pas.

L’Amazone l’agrippa, ignorant sa propre sécurité. « Xena. »

Les yeux bleus la dévisagèrent. « Lâche-moi. » Elle baissa la voix tandis que le soleil les peignait de riche lumière dorée.

« NON », grogna Eponine en retour. « Xena, réfléchis… il doit y avoir un moyen d’aller là-bas… est-ce que si tu tombes et tu meurs, ça va arranger la situation ? » Elle secoua fortement la guerrière. « Qu’est-ce qui se passe avec toi ? Par Hadès, qu’est-ce qui te fait penser que tu peux voler comme un fichu oiseau au-dessus de cette faille ? »

Xena entoura les poignets d’Eponine de ses deux mains et pressa, ce qui fit relâcher la prise à l’Amazone. Elle la poussa doucement. « Parce que Gabrielle est à l’autre bout », répondit-elle d’une voix tranquille. « Et elle a besoin de moi. »

Eponine la fixa.

« Sors de mon chemin, Eponine. » Xena continua du même ton tranquille. Elle refusait de penser à ce qui l’attendait. Refusait la possibilité d’échouer.

De tomber, malgré ses mots courageux, vers une mort assurée.

Mais elle ne le ferait pas… Gabrielle méritait mieux. Et elle serait damnée par Hadès si elle ne traversait pas tout ça.

Pas comme la dernière fois.

Elle le devait. « Sors de mon chemin », répéta-t-elle en pliant les mains et en jaugeant le vent.

« Attends. » L’Amazone mit une main sur son poignet. « Juste une seconde. » Elle regarda par-dessus l’épaule de Xena. « Prenez les cordes. Attachez-les ensemble », ordonna-t-elle aux Amazones qui la regardaient avec incrédulité. « MAINTENANT ! ! ! ! « 

Xena la regarda. « Pour que vous puissiez me tirer loin des rochers ? » Fit-elle remarquer avec un humour amer.

Des yeux couleur caramel pleins de respect la fixèrent. « Non », la détrompa Eponine. « Pour que tu puisses l’attacher à un arbre là-bas et qu’on puisse venir avec toi. » Elle relâcha un souffle. « Gabrielle dit que… elle croit qu’il n’y a rien que tu ne puisses faire. » L’Amazone hocha un peu la tête. « Très bien… je le crois aussi. »

Xena ferma brièvement ses yeux bleus puis les rouvrit. « Merci », répondit-elle doucement puis elle s’agenouilla et ébourriffa le pelage d’Arès. « Tu restes ici, mon grand. »

Le loup baissa les oreilles et il gémit d’un air pathétique.

« Je vais l’emmener avec moi. » Eponine retint un sourire grimaçant tandis que Solari s’avançait, des anneaux de chanvre encerclant ses épaules. « Ok… on y va. »

Xena prit le bout de la corde et l’attacha autour d’elle puis elle fit un sourire serré aux deux Amazones. « A bientôt. » Elle fit face à la crête et prit une inspiration profonde, refusant de penser à ce qu’elle allait faire. Elle se concentra sur le résulatt qui l’emmènerait sur cette paroi rocheuse, près de cette entrée, encore plus près de son âme-sœur.

Pas le choix. Fais le juste. Elle se balança en arrière puis partit en avant, ses foulées gagnant en vitesse alors que le chemin irrégulier accélérait sous ses bottes.

Elle compta les pas et prit l’angle de l’arbre, jaugeant son timing… jaugeant le vent… deux pas, un… puis elle fut dans les airs et atterrit sur la branche la plus éloignée, laissant son élan plier la branche vers le bas, pressant… sentant le retour dans la branche qui résistait à son poids, et qui se déroula vers l’extérieur.

Et elle s’envola puissamment vers l’extérieur, utilisant sa force et la puissance enroulée de ses jambes pour pousser son corps vers l’avant et le haut, dans l’air raréfié et chaud.

Le soleil chauffait mais l’air la rafraîchit et un silence fantomatique bloqua quasiment tous les bruits, à part celui du vent qui passait près de ses oreilles. Elle tombait, à une vitesse incroyable, vers le sol et ce ne fut qu’alors qu’elle réfléchit à combien ce qu’elle faisait était vraiment stupide.

Oh par les dieux. Elle allait mourir ici.

Non.

Je n’abandonnerai pas.

Elle ferma les yeux et tendit les mains aussi loin qu’elle le pouvait, aplatissant son corps et se propulsant en avant. Vers la montagne. Vers Gabrielle. Vers la rédemption de son âme.

L’air sifflait près d’elle maintenant et le rugissement était pareil à celui du sang pompé en elle tandis qu’elle se concentrait sur une seule chose, sur une seule personne et le besoin irrésistible qui la menait dans l’air dans un arc impossible.

Ses sens l’avertirent à peine à temps, tandis que la montagne s’approchait soudainement devant elle, sa proximité dangereuse faisant exploser des alarmes violentes alors qu’elle mettait les mains devant elle juste avant d’impacter la pierre avec toute la force de son mouvement.

Elle avoisina l’inconscience suite au choc, le rocher tailladant sa chair jusqu’à ce que ses mains s’accrochent avec une force automatique et qu’elle arrête en partie le mouvement vers le bas de son corps sur la branche excentrée d’un pin sylvestre noueux.

La douleur était incroyable. Elle avait l’impression d’avoir bloqué des masses d’armes avec chaque centimètre de sa peau et les chocs élançants et violents obscurcirent sa vision pendant un long moment éprouvant. Ils finirent par s’atténuer et elle ouvrit les yeux, clignant avec confusion tandis que les aiguilles de pin apparaissaient devant son nez. Lentement, elle tourna la tête et regarda derrière elle, son regard voyageant sur l’autre face où six visages anxieux la fixaient avec une incrédulité pleine.

Je l’ai fait. La pensée voyagea avec stupeur dans son esprit. Ses mains étaient enroulées autour des branches rugueuses du pin et ses bottes avaient trouvé à se poser sur le surplomb rocheux qui soutenait l’arbre. La corniche qu’elle avait visée était sur sa gauche et au-dessus d’elle, mais…

Pas si mal. Un sourire las, incrédule et presqu’idiot plissa son visage momentanément, avant qu’elle ne rassemble ses forces, et se hisse sur l’arbre, l’entourant de son corps, puis se retourne sur son dos et laissant la corde de chanvre s’enrouler autour d’une jambe. Son regard trouva les faucons qui faisaient des cercles et elle leur tira la langue de manière impudente.

Ça faisait mal… dieux… chaque os de son corps protestait, mais elle repoussa cette pensée et fouilla à sa taille, détachant la corde pour la libérer. Puis elle roula sur elle-même et étudia le pin sylvestre, levant une jambe pour lui donner un bon coup de pied. L’arbre ne bougea pas et elle hocha un peu la tête en approbation avant d’attacher la corde autour de son tronc bas, faisant des nœuds avec soin. Elle tira sur le bout et regarda la corde se tendre tandis que l’autre bout était remonté et attaché, la longueur oscillant dans son champ de vision.

Le soleil couchant dardait quelques rayons à contrecoeur dans le cône densément boisé, inondant la corniche qu’elle venait de quitter et faisait ressortir les silhouettes affairées des Amazones. Xena appuya sa tête contre la roche et croisa les mains sur sa poitrine douloureuse. Elle regarda Eponine se soulever avec soin sur la corde et descendre en rappel rapidement vers elle ; les bras de l’Amazone étaient tendus à cause de son poids et de celui d’un Arès agacé.

La maîtresse d’armes leva les genoux et atterrit avec un juron, trébuchant vers l’avant pour finir affalée près de la forme éraflée et couverte de sang mais paisible. « Ça a dû être la plus fichue chose que j’ai jamais vue », annonça-t-elle. « Très bien, espèce de fils de… descends. » Elle détacha le loup qui grognait et le laissa descendre. « T’es bien un fichu mâle. »

Arès éternua et lui lança un regard mauvais avant de trotter vers Xena et de lui lécher les éraflures sur sa peau nue. « Roo », marmonna-t-il.

Xena le tapota doucement. « Merci. » Elle tourna la tête vers Eponine et eut un demi-sourire en coin. 

« Ne me regarde pas comme ça », rouspéta Eponine en se tournant pour regarder Solari commencer sa traversée. « Tu as six nouvelles converties au culte de Xena. » Elle secoua la tête, une brève étincelle presque enfantine d’émerveillement éclaira son visage. « Tu es de l’étoffe dont on fait les héros, tu le sais ça ? Tu l’es vraiment, vraiment. »

Xena grogna et roula les yeux. « Ne commence pas avec ces conneries », gronda-t-elle en se soulevant sur un coude. « C’était une cascade foutument stupide et nous le savons toutes les deux. J’ai eu de la chance. » Elle se regarda. « Tu vois ? » Elle essuya le sang des éraflures profondes apparentes sur ses deux cuisses. « Je n’ai pas fini d’en entendre parler. »

« Nan. » Eponine mit la main sur son armure de genou. « L’austère Princesse Guerrière qui saute au-dessus d’un gouffre impossible au nom de l’amour… nan. » Elle eut un sourire diabolique. « Tu ne t’en débarrassera jamais, jamais. »

« Eponine », gronda Xena les sourcils froncés.

L’Amazone leva la main. « Xena… sérieusement… n’en aie pas honte », dit-elle calmement. « Tu viens juste de nous donner un aperçu de ce que Gabrielle voit quand elle te regarde… et c’est une chose incroyable. »

Xena cligna des yeux et regarda ses mains éraflées, paresseusement emmêlées dans le pelage noir d’Arès. « Je fais juste ce que j’ai à faire », répliqua-t-elle d’une voix égale, mais elle leva les yeux avec un sourire en coin. « Et ça marche parfois. »

Solari atterrit dans un nuage de poussière rocheuse et se releva, les mains sur les hanches. « Et bien. C’est mieux que de grimper, ça c’est sûr. » Elle renifla. « Merci, Xena… »

La guerrière prit son expression la plus nonchalante. « A ton service. » Elle repoussa de son esprit la douleur toujours cinglante et se leva, se brossant de la main avant d’aller vers le bord du surplomb sur lequel elles étaient perchées. « Pas si mal. » Elle commença à planifier un chemin vers l’ouverture en haut, bougeant les épaules pour mettre son armure en place tandis qu’elle attendait que le reste des Amazones les rejoigne. L’anxiété qui la rongeait prenait maintenant le dessus et elle prit des inspirations profondes, essayant d’être patiente tandis qu’Eponine aidait les dernières à monter sur la corniche, et qu’elles s’agglutinèrent derrière elle. « Allons-y », dit-elle dans un souffle, laissant l’énergie nerveuse prendre le dessus et elle sauta puissamment vers l’avant pour attraper la corniche rocheuse et se tirer dessus.

Le sentier était facile maintenant et elle conduisit les Amazones vers l’ouverture sombre qui les surplombait, dans l’ombre du crépuscule ; un léger souffle d’air poussiéreux et humide en émanait. Elles s’arrêtèrent à l’entrée et elle se concentra à la recherche de signes de vie.

Il n’y en avait pas mais la légère senteur de brûlé lui parvenait, confirmant ses soupçons. Elle mit la main sur la roche et repoussa la terreur soudaine, nauséeuse et familière avec une détermination sinistre. « Très bien… voyons où ça nous mène. » Elle se baissa pour entrer, mettant de côté ses sens qui hurlaient et elle plongea dans la montagne.


La pièce était petite avec juste une table et deux chaises mal faites, et une porte, gardée par deux gardes très costauds qui évitaient de la regarder. Elle entra tranquillement et Paladia la suivit et ferma la porte, ce qui fit vibrer l’air de la pièce et lui envoya un frisson le long du dos. Sans demander, elle alla vers la table et s’assit, les mains croisées sur la surface, dans l’attente.

Paladia fit le tour de la table et Gabrielle nota qu’elle boitait légèrement. Elle tendit la main vers le garde le plus proche et il y mit une pile de parchemins. Elle les regarda un long moment puis les posa brusquement sur la table.

Gabrielle les prit vers elle et pencha la tête, repoussant les cheveux de ses yeux d’une main. L’écriture sur le rouleau était familière et elle ressentit une nausée tandis qu’elle scrutait le texte, reconnaissant les termes comme étant ceux qu’elle avait négociés entre les Amazones et les Cenatures pour un accord marchand.

Ça la désignait comme l’un des signataires

et… son regard alla au bas du rouleau. Il n’était pas signé parce qu’Ephiny l’apportait apparemment à Amphipolis pour cette raison. Oh bon sang. Elle le lut deux fois lentement puis passa au suivant, qui était un document similaire. Elle les étudia tous, consciente du silence tendu et opprimant, puis elle les posa et leva les yeux. « Ce sont des accords marchands. »

Paladia mit un pied sur la chaise, ses doigts jouant avec un court fouet qu’elle tenait. « C’est ton nom dessus ? » Demanda-t-elle d’une voix soyeuse et dangereuse.

Gabrielle la regarda droit dans les yeux. « Oui. » Elle baissa les yeux et mit un doigt sur le premier. « J’ai négocié ceci pour le compte des Amazones. »

La femme costaude frotta le bout du fouet en cuir contre sa mâchoire. « Tu es une Amazone ? »

La barde réfléchit à cette question. « A proprement parler, non », répondit-elle honnêtement.

Paladia bougea rapidement et cogna la main de la barde du bout du fouet. « Ne joue pas avec moi. »

Gabrielle se mordit l’intérieur de la lèvre pour ne pas hurler de douleur, ignorant la zébrure qui apparaissait sur ses phalanges.

« Je te le redemande. Es-tu une Amazone ? »

« Je suis une barde », répondit Gabrielle rapidement. « Je vis à Amphipolis. » Elle vit le pincement nerveux dans le bras de Paladia et soupira intérieurement. « Ecoute, de quoi s’agit-il ? Ephiny portait ça à Amphipolis… c’est là qu’elle se rendait… pour avoir ma signature. Alors quoi ? »

Paladia s’installa dans le fauteuil en face d’elle, ses yeux gris neutres et sans émotion. « Je pense que tu mens », déclara-t-elle. « Tu vas me dire ce que je veux savoir. »

Gabrielle repoussa sa peur avec difficulté. « Tu as fait du mal à Ephiny. »

Un éclair de colère traversa son visage. « Bâtard… je lui avais dit de ne pas te laisser approcher de là », grogna-t-elle. « Elle m’a trahie. »

La barde se pencha en avant. « Elle a besoin d’un guérisseur. » Sa voix se serra. « Paladia… tu ne peux pas la laisser mourir. » 

« Ah oui ? » Répondit la femme d’un ton brûlant. « Tu as tort… si je peux… elle s’est retournée contre moi et la peine pour ça, c’est la mort. » Son visage se tendit. « Je vais la rendre à ses précieuses Amazones en pièces. » Elle s’interrompit. « C’est pour ça que tu es là, pour elle ? »

Gabrielle se pencha en arrière avec prudence. « Tu m’as amenée ici, tu te souviens ? »

Un coup à la porte les interrompit. « Entrez », aboya Paladia en se retournant alors que le portail en bois s’ouvrait.

Un garçon grand et élancé passa la tête, respirant difficilement. « Paladia… ils ont repéré un groupe de guerrières qui grimpaient le mur extérieur. » Il se frotta la tête. « Ils disent que ce sont des Amazones. »

Elle se leva. « Où sont-elles ? »

Il baissa les yeux. « Perdues… on a envoyé des gens pour les chercher. »

Paladia se retourna lentement et fixa Gabrielle. « Trouvez-les », ordonna-t-elle calmement. « Amenez-les-moi. » Le garçon partit et elle étudia la barde avec une intention malsaine. « Attachez-la. Amenez-la à la salle de réunion. On va monter un tribunal et montrer à tout le monde ce qu’on fait des traîtres. »

« Je ne suis pas un traître », objecta Gabrielle. « Tu m’as kidnappée… je ne t’ai pas rejointe. »

La femme la regarda. « Je t’aimais bien », dit-elle doucement. « Je commençais à te faire confiance. » Elle hésita. « J’aurais dû mieux comprendre. » Son regard se durcit. « Je te demande une dernière fois… es-tu une Amazone ou pas ? »

La barde soupira et étudia la table. « Est-ce que ça a de l’importance ? »

Paladia la fouetta sur le visage. « Que les dieux te damnent… » Elle plongea par-dessus la table et attrapa Gabrielle par la chemise, la tirant rudement sur le bois. » Arrête de jouer ! »

Gabrielle réfléchit vite. « Très bien… très bien… écoute… ces Amazones viennent pour Ephiny… fais ce qui est juste, Paladia… donne-la leur… elles te laisseront tranquilles… elles veulent juste la récupérer. »

La femme enroula son poing dans la chemise de Gabrielle et la souleva de terre. « Tu es folle ? » Elle siffla, trempant la barde d’un crachat chaud et à l’odeur de vin. « Je la rends, quel message j’envoie aux autres ? »

« Si tu la laisses mourir, tu seras en guerre avec les Amazones… c’est ce que tu veux ? » Contra Gabrielle, se raidissant contre le tissu qui la suffoquait à moitié.

Paladia la serra encore plus. « Comment ont-elles su qu’elle était ici ? » Contra-t-elle dans un grognement sourd. « Comment sauront-elles si elle meurt ? »

Gabrielle ne répondit pas.

La femme la relâcha et eut un rire court et sans humour. « Attache-la », ordonna-t-elle au garde le plus proche. « Emmenez-la. » Sa bouche se tordit de dégoût. « Ne l’écoutez pas. »


L’obscurité les encercla et Xena tâtonna en grimaçant pour trouver son chemin, repoussant la terreur nauséeuse qui menaçait de la faire revenir sur ses pas et lui sciait les jambes. Elle se concentra sur son âme-sœur tout en passant sous un rétrécissement dans le passage, et elle tourna, relâchant un soupir de soulagement silencieux lorsqu’elle vit des torches.

C’est mieux. Le couloir serpentait vers le bas et elle plaça ses pieds avec prudence, sans même faire le moindre murmure sur la pierre rugueuse. Derrière elle, les Amazones étaient en file indienne. La main nerveuse d’Eponine était posée contre l’étui de l’épée de Xena.

De la poussière de roche. Xena déglutit. Dieux que je déteste cette odeur. Un bref souvenir la mit à cran et elle frissonna. Pas le temps pour ça… arrête ça, maintenant, ordonna-t-elle pour elle-même en silence tandis que son ouïe saisissait le bruit de pas approchants.

Elle tendit la main et s’arrêta, penchant la tête.

Une personne, qui déambulait, pas vraiment pressée. Elle attendit au croisement où leur couloir en rencontrait un autre, jusqu’à ce que le bruit soit si près qu’elle pouvait sentir l’odeur de cuir sale et la fourrure des vêtements que l’étranger qui s’approchait portait.

Un autre pas et elle tendit la main, agrippa sa veste et le colla contre le mur où elle se trouvait, le cognant rudement dans la roche, puis enfonçant deux doigts dans les endroits bien connus de sa gorge.

Il s’étouffa et s’affala contre la pierre, la fixant avec peur, les yeux grands ouverts, sa respiration lui parvenant dans des hoquets torturés.

« Maintenant », dit Xena d’une voix très basse. « Tu vas me dire où vous gardez vos prisonniers. » Elle fit une pause. « Ou je vais te laisser mourir. »

« A droite… couloir… en bas… première porte », dit-il d’une voix rauque.

« Brave garçon. » Elle relâcha la prise et le saisit tandis qu’il glissait le long du mur. « Maintenant, dis bonne nuit. »

Il la fixa, confus. « B… bonne nuit ? »

« Mmhmm », Xena approuva puis le cogna du coude dans la tête, l’assomant. « Fais de beaux rêves. » L’action avait pris un peu de son agacement et de son énergie nerveuse et elle se sentait un peu mieux lorsqu’elle glissa le long du chemin qu’il avait indiqué, ses sens à l’écoute d’autres intrus.

Elles arrivèrent à un tunnel adjacent qui descendait mais était plus large et avait de grandes preuves du passage de roues qui marquaient le sol rocheux. Elle le mesura mentalement et décida que c’était le chemin principal vers la sortie. « Pratique », grogna-t-elle puis elle regarda au tournant, pour voir deux gardes stationnés près d’une grande porte en bois verrouillée. « Pas la peine de la jouer fine », marmonna-t-elle à Eponine, puis elle se glissa dans le passage, regardant les gardes sursauter, choqués. « Salut, les gars. »

« Qu… qui… » Commença l’un d’eux en se dirigeant vers elle. « Tu ne peux pas… »

Xena l’envoya contre le mur d’un coup de pied et le désarma avec un autre coup de pied. « Bien sûr que je peux. » Elle attrapa le bras du second garde qui se précipitait et elle tournoya, le faisant tourner avec elle jusque dans le mur avec un craquement humide. Il glissa en silence au sol et elle se frotta les mains, tandis que les Amazones tournoyaient autour d’elle et commençaient à fouiller les corps pour une clé.

« Bon s… » Siffla une voix. « Comme on est contents de vous voir. »

Xena alla à la porte et vit le visage très pâle de Cait qui la regardait à son tour. « Cait ??? » Aboya-t-elle, confuse. « Qu’est-ce que…elle regarda derrière la jeune fille dans les profondeurs obscures. Ses sens lui disaient déjà que Gabrielle n’était pas là mais elle pouvait voir la tension sur le visage de la jeune fille.

« Ouvre cette porte », répondit Cait. « Oh, Xena… c’est… » Elle fit trainer sa voix. « Dépêche. »

La guerrière regarda la porte puis la jeune fille. « Recule. »

« Pas de clé », grogna Solari en venant derrière elle.

« J’en ai une moi. » Xena recula de deux pas puis sauta vers l’avant dans un coup de pied frontal qui cloua le point névralgique de la porte et elle l’envoya voler dans la cellule, avec un bruit de bois qui éclate et de métal hurlant. Les Amazones passèrent près d’elle et se figèrent. « Oh… bon sang… » Dit Xena dans un souffle, fonçant pour se laisser tomber dans la paille, où Johan était agenouillé, le visage abîmé d’Ephiny posé sur sa cuisse.

Un léger cri étouffé résonna derrière elle et elle sentit les mains d’Eponine serrer sa combinaison en cuir, tandis que les autres Amazones s’agglutinaient autour d’elles.

« Qu’est-ce qui s’est passé ? » Demanda Xena, tressaillant, tout en tournant le visage de la régente d’un côté pour voir les bleus sombres et la bosse déformée qui couvrait la moitié de son front. « Il faut la sortir d’ici. »

« Nous ne savons pas… vraiment. » Cait s’agenouilla près d’elle en lançant un regard inquiet à Eponine. « La femme affreuse qui dirige ici l’a prise en grippe… nous ne sommes pas sûrs de savoir pourquoi… mais Gabrielle a dit de te dire de sortir Ephiny, ensuite elle créerait une diversion dans le hall principal. »

« Créer une diversion ? » Répéta Xena lentement.

« Oui… » Dit Cait tranquillement. « Et ces gens là-dehors étaient très en colère parce qu’ils n’allaient pas avoir une occasion de voir ce qu’ils appellent ‘le spectacle’. »

« Le spectacle », répéta la guerrière en silence, sentant la soudaine secousse de peur la taillader intérieurement. « Eponine… sors… Ephiny… d’ici. Le long de ce couloir… c’est la porte pour sortir. » Elle se leva et alla vers l’entrée, sans voir la plus grande partie de la pièce autour d’elle. « Je dois… »

Eponine leva les yeux, la main d’Ephiny dans les siennes. « Va. » Sa voix était âpre. « On va s’occuper de ça. »

Xena partit, ses bottes frappant le sol rocheux dans un abandon. Elle laissa son instinct la guider, à peine consciente de son environnement. Ses sens se troublèrent et elle pensa se souvenir qu’elle avait dégainé son épée.

Pensa qu’elle se souvenait de corps sombres, et de cris, et du sang qui colle et coule le long de son bras, mais elle ne laissa rien arrêter son avance inexorable.

Finalement, la lumière, et le bruit, et l’odeur de corps chauds, tandis qu’elle courait sur un court plan incliné qui menait dans un espace ouvert, et son regard se concentra sur une silhouette solitaire et élancée à mi-chemin de la caverne, face à un homme et un fouet…

Et elle sauta.


Le hall était rempli de voix nerveuses et excitées lorsqu’ils trainèrent Gabrielle à l’intérieur et l’attachèrent à un poteau érigé dans l’urgence, juste à la droite du puits qui contenait leur captif enfermé. Les regards, qui hier s’étaient tournés vers elle avec intérêt et joie la regardaient maintenant avec une malveillance froide, l’antipathie irréfléchie d’enfants à qui on avait pris leur jouet favori.

Les enfants sont cruels, songea-t-elle, en déglutissant nerveusement. Ils n’étaient pas encore assez vieux pour connaître les conséquences de leurs actes. Un souvenir fit surface et elle ferma les yeux contre lui. Pas le bon moment pour ça.

Elle sentit le bois rugueux du poteau contre ses bras et regarda vers la foule bruyante, voyant la silhouette sinistre de Paladia debout sur la plateforme levée. Tandis qu’elle regardait, un homme petit et à la poitrine nue vint se tenir près d’elle, un long fouet couvert de taches sombres serré amoureusement dans sa main.

Les lumières des torches vacillèrent et elle put sentir l’odeur de la transpiration nerveuse dans l’air, tandis que l’homme lui envoyait un sourire carnassier. « Je parie que je te fais hurler avec cinq coups de fouet », lâcha-t-il.

Gabrielle se sentit mal alors qu’un garçon de haute taille avec des yeux dénués d’émotion lui prit le bras et l’attacha à une chaine qui pendait du poteau, étirant ainsi son corps. Puis il tira sur l’autre bras et resta là, à la regarder un long moment. Elle l’ignora et tourna le regard vers l’homme au fouet. « Je parie que non. » Elle leva la tête et lâcha pleinement ses émotions, ignorant la peur et la piqûre des zébrures sur son visage et sur sa main.

« Je veux t’entendre crier grâce », persista l’homme en faisant passer le bout de son fouet sur elle. « Petite fille. »

Gabrielle le cloua d’un regard féroce. « Je ne t’ai rien fait. »

« Les gens de ton espèce m’ont jeté dehors », répondit l’homme.

« Mon espèce ? » Répliqua Gabrielle. « Je n’ai pas d’espèce… je suis une personne… et je ne t’ai rien fait. » Elle haussa la voix, coupant le bourdonnement. « C’est ça ton but ? »

« Notre but est de survivre », cria un des garçons en retour.

« Alors… comment de me battre vous fait y arriver ? » Contra la barde. « Vous avez tous connu des jours difficiles… mais ne vous en prenez pas aux autres… ça vous rend aussi mauvais que les gens qui vous ont fait du mal. »

« La ferme. » Paladia apparut. « Tu ne sais rien. »

« Rien ? » Gabrielle relâcha sa colère. « Non… c’est toi qui ne sait rien… je sais qu’une fois qu’on prend ce chemin, on ne revient jamais. C’est ça que vous voulez ? Vous voulez qu’on vous connaisse comme un groupe de criminels minables ? »

Le coup la fit partir en arrière et elle s’y abandonna, laissant sa force glisser sur elle. « Alors… c’est ta réponse ? Quelqu’un n’est pas d’accord avec toi et tu le frappes ? » Elle était consciente du sang qui coulait de sa bouche, mais elle l’ignora. « Tu ne vois pas ce que vous devenez ? »

Une tempête d’émotions apparut derrière les yeux gris. « Je ne peux pas l’arrêter maintenant. »

Gabrielle adoucit sa voix. « Tu peux toujours l’arrêter », dit-elle doucement. « La violence n’est pas la réponse. »

Pendant un instant, elle crut avoir traversé les défenses. Puis Paladia eut un petit mouvement de la tête. « Trop tard pour ça. » Elle leva la main puis la laissa retomber. « Si je ne fais pas ça, je perds leur respect et sans ça… »

Gabrielle essaya une dernière fois. « Paladia… ne fais pas ça. Laisse partir ces captifs… tu t’es fait une famille ici… conduis-les avec honneur… tu peux trouver un autre moyen de les nourrir. Ces gens ont des talents… tu n’as pas besoin de vivre de cette façon. »

« Mais Gabrielle… je veux vivre comme ça », répondit-elle avec un sourire sournois. « J’aime ça. » Elle recula et fit signe à l’homme à la poitrine nue d’avancer. « Rends-toi service… n’attends pas trop longtemps pour commencer à crier et à supplier… parce qu’il continuera jusqu’à ce que tu le fasses. »

Peut-être pensait-elle que c’était de la bonté.

« Tu vois, Gabrielle… » Elle fit un signe de tête à l’homme et il remua le fouet. « Nous comprenons une chose que tu ne comprends pas… » Il n’y avait que de la désillusion dans ses yeux gris. « Parfois la vie nous apprend une leçon, de la manière la plus difficile. »

La barde garda le regard cloué sur Paladia. « Laquelle ? »

« Il n’y a pas de héros. » Paladia sourit cruellement. « Ils ne tombent pas du ciel pour résoudre tes problèmes. » Elle fit signe et le fouet claqua en avant.

Et ensuite un écho roula à travers la grotte, un cri haut perché et sauvage qui semblait gratter les rochers qui les entouraient et remplit Gabrielle d’un sentiment de chaleur triomphant, tandis que son corps reconnaissait la présence de son âme-sœur bien-aimée, même sans la familiarité de ce cri sauvage.

Il y eut un déplacement d’air puis une forme sombre et élancée passa en arc au-dessus de leurs têtes pour atterrir proprement à côté de Gabrielle ; elle envoya un un coup rapide, intense et flou qui coupa les liens qui la retenaient.

Un silence choqué s’installa tandis que Gabrielle se brossait et avançait d’un pas. « En fait, Paladia… dans mes histoires… ils le font. » Elle tourna la tête et regarda sa compagne avec une affection chaleureuse. « Joli timing. »

Xena lui lança un regard. « Tu as aimé ça ? »

« Mmm… » Elle se rapprocha de la guerrière et tressaillit en voyant les éraflures et les coupures flagrantes sur la peau de son âme-sœur. Elle mit la main sur le côté de Xena et regarda Paladia qui les observait. « Tu voulais rencontrer Xena, pas vrai ? » Elle produisit un sourire grimaçant. « Tu viens de le faire. »

La guerrière avait toujours son épée à la main et elle la fit tournoyer, un avertissement sombre dans ses yeux. « Recule », grogna-t-elle.

Paladia jaugea la grande femme aux cheveux noirs qui se tenait au milieu d’eux avec une calme assurance. « Alors tu es Xena », dit-elle d’un ton songeur.

Les yeux bleu clair la regardèrent froidement. « Ouaip. » Le regard de Xena passa sur elle puis se tourna ailleurs pour regarder l’anneau des combattants, qui se rapprochaient. Ça… pourrait être des ennuis. Elle alla chercher l’énergie sombre qui alimentait ses talents de combat, les sentant monter le long de sa peau, apportant un frisson familier avec elle.

Paladia s’avança. « Ça m’évite le souci de t’amener ici. »

Gabrielle vit le mouvement dans le poids de sa compagne qui se mit sur l’avant de ses pieds et recula d’un pas, éclaircissant sa vue. « Paladia… non », annonça-t-elle en guise d’avertissement. Bon sang… Elle lança un regard autour d’elle, repérant un bâton à sa portée.

La femme dégaina son épée et fit signe aux gardes nerveux de reculer. « Non… celle-ci est à moi. »

Un cercle silencieux se forma autour des deux guerrières.

« Xena… » Commença Gabrielle. « On n’a pas le temps… »

« Les Amazones ont sorti Eph et les autres », lui dit la guerrière sans jamais quitter des yeux Paladia qui faisait des cercles lents. Xena garda son épée légèrement posée sur son épaule et attendit, son corps maintenant complètement détendu. « C’est elle qui l’a frappée ? »

Gabrielle débattit avec elle-même brièvement. « Oui. »

Xena fit passer son épée de sa main droite à sa main gauche et resserra soudain la distance entre elle et la grande femme, lançant son bras en arrière pour relâcher un coup tournant de sa main droite pile dans la mâchoire de Paladia avec un craquement solide et méchant.

La renégate trébucha en arrière, se cognant contre le poteau auquel Gabrielle avait été attachée ; elle manqua laisser tomber son épée.

« Je vais tous vous donner une unique chance de partir d’ici », dit Xena tranquillement. « Une chance pendant laquelle je vais réfléchir à ce que tu as fait à une de mes bonnes amies. » Elle se rapprocha de Paladia, lui ôtant d’un coup de pied l’épée de sa main, puis attrapant sa chemise pour la soulever. « Une chance pendant laquelle je vais réfléchir au fait que tu as porté la main sur ma compagne. »

« C… comp… » Le regard de Paladia passa par-dessus l’épaule de Xena pour aller sur le visage figé de Gabrielle.

« Oups… je pense que j’ai oublié de le mentionner », commenta la barde d’un air ironique.

« Une chance », répéta Xena en baissant la voix tout en projetant à nouveau Paladia contre le poteau. « Ou je vais me laisser aller et envoyer des morceaux de corps partout dans cette maudite grotte puante et remplie de racailles. »

« T… tu bluffes », gronda Paladia.

Xena sourit, de son sourire entier, profond et félin. « Bien sûr, gamine. Défie-moi. »

« Je vais le faire. » Paladia fonça vers l’avant, les entrainant toutes les deux au sol, essayant d’agripper la guerrière.

Gabrielle attrapa le premier garçon qui fonçait, lui prenant le bâton des mains et le faisant bouger dans un flou, lui fauchant les jambes avec un talent infaillible. « Oh non. » Elle en désarma un autre et en battit deux de plus, faisant un espace autour des deux femmes qui luttaient. « Ne soyez pas stupides. »

Ils haletèrent, la regardant, choqués. Elle sourit et lança un regard par-dessus son épaule, là où Paladia tentait vainement de clouer sa compagne avec son poids plus lourd. « Fais-moi confiance, ça ne marche pas. » Xena la fit basculer avec aisance, puis elle bondit sur elle et elle entendit un craquement douloureux qui la fit tressaillir. « Je déteste quand elle fait ça. » Son attention revint vers la foule qui regardait avec agitation et elle fonça en avant, arrachant la longue pique des mains d’un homme et le frappant sur les tempes. « En arrière », avertit-elle.

« Elle avait raison », lâcha un homme plus âgé et costaud. « Tu es une Amazone. »

Gabrielle désarma un garçon petit aux cheveux noirs qui esssayait de venir à l’aide de sa cheffe. « Qu’est-ce qui t’a mis la puce à l’oreille… le bâton… » Bang. « Ou l’attitude ? » Paf.  « Je t’ai eu… maintenant recule. » Elle était parfaitement en colère et elle lança un rapide coup d’œil vers Xena qui tournoyait et relançait sa grande adversaire contre le poteau, puis qui sourit, la défiant avec des mouvements à la vitesse de l’éclair qui la gardait hors de portée de Paladia. « Rapide, n’est-ce pas ? »

Paladia lâcha un grognement de frustration qui vint dans un étrange contrepoint au rire profond de son adversaire, et elle fit un dernier effort désespéré pour étrangler Xena, se lançant contre la guerrière et les faisant rouler toutes les deux.

Et dans le puits, où un rugissement puissant et triomphant les accueillit.


« Xena », hurla Gabrielle horrifiée. « Attention ! »

Elle me le dit maintenant, soupira mentalement la guerrière tout en se retournant en l’air, lançant un coude dans le visage de Paladia pour se libérer à temps pour atterrir proprement sur ses deux pieds. Le puits était très sombre et elle pouvait sentir quelque chose de félin et de musqué, qui semblait aller avec le rugissement sauvage qui faisait écho à l’obscurité.

Paladia trébucha en atterrissant et perdit son équilibre pour tomber de l’autre côté du puits et se mettre à hurler tandis que de longues griffes recourbées et sales s’accrochaient à son corps.

Xena prit une inspiration et se releva, pour soupeser une décision au fil du couteau. Elle n’avait aucune sympathie pour Paladia… pas depuis le moment où elle avait ouvert la porte de la prison et s’était laissé tomber à genoux près d’une Ephiny blessée, faisant de son mieux pour ne pas tressaillir sous la poigne de fer soudaine qu’Eponine avait mise sur son bras.

Et particulièrement aucune en voyant les zébrures à vif sur le visage pâle de Gabrielle.

Elle le mérite, pas vrai ?

Les griffes firent des trous dans le cuir que portait la jeune femme et elle hurla à nouveau, luttant contre la prise de la créature qui grognait hideusement.

Bon sang. Xena soupira intérieurement et plongea en avant, faisant deux pas rapides puis se lançant en l’air et donnant un coup de pied quand elle fut presqu’au dessus de Paladia ; elle sentit le choc de l’impact alors que ses bottes frappaient la tête de la créature.

Son élan les fit tomber tous les deux et elle tendit la main pour une prise, sentant les griffes déchirer le cuir épais au-dessus de son armure, envoyant des brûlures éprouvantes le long de son cou. Elle frappa des deux poings dans le cou de la bête et ouvrit les mains, serrant la trachée et resserrant sa prise avec un cri glaçant.

Les grognements cessèrent.

Elle entendit le léger gémissement de Paladia. Sa respiration. Celle de la créature.

Puis une voix basse, gutturale et rauque lui chatouilla le bout des doigts. « Elue ? »

La prise sur son corps se relâcha et elle tomba au sol, sentant le choc dans ses genoux tandis qu’elle relâchait sa propre prise sur le cou de la bête. Elle força sa vision dans l’obscurité et devina, à peine, une silhouette bien plus haute que la sienne, vaguement humaine. « Oui », finit-elle par répondre tranquillement.

Une voix râpeuse lui répondit à son tour. « Je n’aurais jamais pensé que je serais heureux de voir une de vos engeances d’Arès… mais au moins tu sais ce que je suis. »

Xena relâcha un souffle. « Qui es-tu ? »

Paladia releva la tête à ces mots. « C’est un animal… de quoi tu parles ? »

La guerrière continua à scruter les ombres obscures. « Bien moins que tu ne l’es toi-même », répliqua-t-elle d’un ton froid. « Qui es-tu ? »

Un minuscule éclair de torche sur des canines. « Kelten. »

Xena hocha lentement la tête. « Le successeur de Secan. »

« Oui », d’une voix rude. (NdlT : Kelten apparait pour la première fois dans Unies/Bound de Missy Good)

« Xena ? » La voix anxieuse de Gabrielle flotta vers elle.

« Tout va bien », cria la guerrière. « Tout va bien là-haut ? »

La barde se retourna, leva son bâton et observa les rangées de formes immobiles devant elle. « Bien, merci », dit-elle joyeusement. « Nous avons des renforts. » Elle leva les yeux et vit arriver une rangée d’Amazones grimaçantes et armées.

« Très bien. » Xena retourna son attention vers Kelten. « Tu es enchaîné ? »

L’Etre de la forêt ricana doucement. « Je ne serais plus là si ce n’était pas le cas. »

Xena s’avança et elle plissa le nez quand l’odeur de sang et d’infection monta vers elle. « Tu es blessé. »

Un long silence. « Oui », répondit-il calmement. « L’entrave est enfoncée dans ma jambe. »

« Qu’est-ce que tu fais ? », toussa Paladia.

« Ferme-la », gronda Xena par-dessus son épaule. « Ou je t’arrache le bras et je le lui donne à manger. »

Elle entendit un léger ricanement. « Tu es sûre d’avoir rasé tout ton pelage, Elue ? »

La guerrière passa près de lui et testa l’épaisse chaîne en métal attachée autour d’une jambe épaisse. Son pelage était gluant de sang et elle pouvait sentir une chaleur nauséeuse sous son toucher. « Ce n’est pas bon. » Elle s’essuya les mains sur sa combinaison en cuir et mit un pied contre le mur du puits. « Très bien… attrape cette chaîne et quand je te le dis, tu tires. »

« J’ai déjà essayé ça », gronda Kelten. « Pendant quatre maudites lunes. »

Xena soupira. « Ecoute… je suis vraiment de mauvaise humeur en ce moment. Soit tu fais ce que je dis, soit je te laisse ici. »

Ses mains entourèrent la chaine.

« Merci. » La guerrière mit ses mains autour les liens de métal et se tendit, soulevant son autre pied du sol et l’appuyant contre le mur, se suspendant aux boulons contrepercés de la chaine.

Lentement elle se raidit contre le métal, utilisant tout son corps contre les liens épais. Derrière elle, elle pouvait entendre Kelten grogner d’effort, et sous ses doigts, elle sentit le mouvement craquant alors que les liens de métal lâchaient.

Un mouvement violent et crissant et elle tombait dans les airs pour atterrir sur le sol puant du puits avec un bruit sourd. Avec un grognement interne, elle se mit debout tant bien que mal, interceptant Kelten qui avançait sur Paladia. « Attends. »

« Elue… non… c’est ma chasse », dit l’Etre de la forêt. « Elle a une dette envers moi. »

Xena saisit son pelage et tira. « J’ai dit non. » Elle dégaina son épée et le frappa avec, le repoussant. « Il y a eu assez de sang ici. » Elle avança sur Paladia qui avait reculé jusqu’au mur du fond et était presque invisible dans la faible lumière du puits. La guerrière alla droit vers elle et posa la lame de son épée contre le cou de la grande femme. « Tu veux continuer notre petit jeu ? »

Elle pouvait presque entendre battre le cœur de Paladia.

« Non », murmura la femme. « Mais je le ferai si tu nous mettais à égalité. »

Xena sourit, la lumière de la torche se reflétant sur ses dents blanches et régulières. « Et comment… en me coupant la tête ? » Elle se pencha en avant, chatouillant la peau de la femme du bout de son épée. « Tu ne joues pas dans la même cour, gamine. »

« Tu penses ça, hein », dit Paladia d’une voix rugueuse.

Xena croisa son regard. « Oui. »

« On verra bien », répliqua la jeune femme sans se repentir. « Tu ne sortiras jamais d’ici. »

La guerrière rengaina son épée et mit les mains sur ses hanches. « Bien sûr que si », dit-elle d’un ton de conversation. « Mais toi la première. » Elle cogna la mâchoire de la renégate de son coude, lui faisant partir la tête en arrière contre le mur et l’assommant. « Dieux. » Elle soupira, rappelant toute sa force et elle mit la femme sur ses épaules, se mordant la lèvre quand le poids ajouta de la pression sur des articulations déjà douloureuses. Je vais le regretter. Elle écarta les pieds, jaugeant son équilibre et elle s’accroupit, les mains enroulées autour des supports en bois et elle souleva sa charge ; elle entendit le juron lorsque la barde laissa tomber son bâton et attrapa le corps enroulé sur les épaules de sa compagne, le tirant sur le sol rocailleux de la grotte.

Xena suivit en faisant jouer ses épaules. « Bon sang, Gabrielle… ça aurait été plus facile de soulever Argo. »

La barde lui frotta le bras tout en prenant un moment pour regarder autour d’elle. La grotte était mortellement silencieuse ; ils la regardaient, tandis qu’un petit cercle d’Amazones levait des arbalètes vers eux avec des expressions sévères. Gabrielle toucha le cou de sa compagne du bout du doigt. « Tu saignes. »

« Hein ? » Xena regarda l’endroit où les griffes de Kelten avaient déchiré sa peau. « Oh… » Un haussement d’épaules. « Juste quelques éraflures. » Elle se retourna et mit les pieds contre les rails de bois, ensuite elle tendit les mains vers l’obscurité. « Allez, Kelten. »

Gabrielle sursauta. « Kel… » Elle se pencha, une main sur l’épaule de Xena pour garder l’équilibre. « Du clan de Secan ? »

« Oui », acquiesça Xena, tandis que l’Etre de la forêt sautait avec un hoquet de douleur et elle lui attrapa les poignets, enroulant les mains autour pour le soulever de toute sa force.

Le halètement traversa la pièce et les habitants s’éparpillèrent tandis qu’elle réussissait à tirer le corps velu hors du puits, qui s’allongea, le visage tendu de douleur, sur le sol rocailleux de la grotte.

« Oh », dit doucement Gabrielle en s’agenouillant près de lui, une main sur son épaule. « Wow… »

« Ne bouge pas », ordonna Xena, en sortant son épée. « Ne bouge pas ta jambe. »

« Si tu la coupes, j’aurai moins mal », marmonna Kelten.

Un grondement de surprise traversa la pièce lorsque la voix de l’Etre de la forêt s’éleva. Xena leur lança à tous un regard dégoûté, puis elle se concentra et fit un balayage de son arme dans un arc court et furieux, qui impacta la menotte en métal bien serrée autour de la jambe velue. Des étincelles couvrirent le sol et un son intense coupa le silence épais, puis un claquement léger et étouffé sortit de la menotte qui tomba.

Xena tressaillit inconsciemment, en regardant la plaie infectée que le métal avait causée, profondément inscrite dans la chair de l’Etre de la forêt et d’un rouge virulent. Du sang jaune coulait de l’endroit, mélangé avec du sang collant et sombre. « Ce n’est pas bon. »

Kelten leva sa tête féroce et regarda autour de lui. « Sors juste de mon chemin et laisse-moi partir », gronda-t-il de colère noire.

Gabrielle lui tapota le bras. « Tu devrais laisser Xena s’occuper de ça d’abord. »

L’Etre de la forêt se redressa pour s’asseoir, son visage hagard et son corps si fin qu’elle pouvait bien voir les côtes sous son pelage gris sale. « Non merci » Il lutta pour se relever, les surplombant, et cligna des yeux. « Elue… je te suis redevable. »

« Ah oui ? » Dit Xena tranquillement. « Très bien… alors paie-moi tout de suite. »

Kelten la fixa.

« Pose ton foutu cul poilu », gronda la guerrière. « Où bien je vais me lever et te botter les fesses jusqu’à la prochaine vallée. »

Leurs regards se clouèrent un long moment puis Kelten baissa les yeux et se réinstalla sur le sol avec un bruit sourd, les bras sur ses genoux à regarder tranquillement le sol poussiéreux.

« C’est mieux », soupira Xena en se remettant debout et en tendant une main à Gabrielle.

Elles firent face à la foule qui les regardait avec une hostilité non masquée. « Très bien… et maintenant ? » Demanda la guerrière dans un murmure. « Je ne veux vraiment pas battre tous ces gamins, Gabrielle. »

La barde la regarda. « Ils ne sont pas tous… mauvais. Xena… la plupart sont des gens qu’on a renvoyés de chez eux pendant l’hiver… il y a même des enfants ici. »

La guerrière mit les mains sur ses hanches et regarda sa compagne. « Gabrielle… ils étaient sur le point de te regarder te faire fouetter. »

« Je sais », soupira la barde. « Ils suivent leur cheffe, c’est tout. » Elle montra Paladia du menton.

Xena regarda le sol un moment puis releva les yeux. « Je veux que vous partiez tous d’ici. Rentrez chez vous. » Elle parla d’une voix claire et puissante. « La fête est finie. »

Un garçon s’avança, sa mâchoire se serrant et se desserrant. « C’est ici chez nous. »

Les voix s’élevèrent dans un acquiescement houleux. « Tu ne peux pas nous dire de partir », ajouta le garçon, qui prenait confiance avec le soutien des autres.

Xena pianota sur sa cuisse en réfléchissant. « Si, je peux », les informa-t-elle avec une menace tranquille, sortant son épée avant de s’avancer vers eux. Ils reculèrent, les yeux écarquillés et elle s’arrêta, perplexe. Qu’est-ce que je fais avec ces gens, par Hadès ? Elle se tourna à demi et regarda Gabrielle, qui lui fit un mouvement de la tête et vint se mettre près d’elle, fixant la foule.

« Vous ne pouvez pas continuer à faire ce que vous faites », dit la barde, lentement. « Nous ne pouvons pas vous laisser faire. »

Le garçon s’éclaircit la voix. « On n’a rien fait de mal. »

Gabrielle secoua la tête. « Tu as tort… vous l’avez fait… »

Paladia grogna en remuant et elle se toucha la tête.

Une agitation attira l’attention de Xena et elle se tourna à demi, pour voir la foule se pousser tandis qu’Eponine se dirigeait vers le centre de la grotte, les yeux rivés sur la forme affalée de Paladia.

Elle se mit à courir, dégainant son épée d’une main, une intention meurtrière dans chaque point de son corps.

Xena réussit tout juste à l’intercepter, sautant par-dessus le corps accroupi de Kelten et s’écrasant sur la maîtresse d’armes avec moins de finesse que de force brute ; elle les envoya toutes les deux au sol, ajoutant un lot d’éraflures toutes fraîches à sa collection. « Eponine… » Elle haleta, rampant pour retenir la femme qui luttait furieusement.

« Lâche-moi. » Eponine réussit à les relever sur leurs genoux et lutta pour se mettre debout. « Je vais tailler cette garce en dix mille morceaux. »

« Non… Ep… » Xena l’attrapa et la maintint fermement. « Tu ne vas rien faire. »

« LACHE-moi. » L’Amazone retournait maintenant sa colère contre la guerrière, la frappant fortement sur le côté de la tête de son avant-bras. « Bon sang, Xena… tu n’as pas le droit de m’arrêter. »

Xena bougea sa prise et attrapa les épaules d’Eponine pour la forcer à lui faire face. « Non, Eponine… ça n’aidera en rien. »

L’Amazone lui attrapa sa combinaison en cuir et la secoua aussi fort que possible, sa voix épaissie par la rage. Elle était au-delà du sens commun… inconsciente du danger dans lequel elle se trouvait. « Lâche-moi… bon sang… personne ne t’a arrêtée par Hadès, pas vrai ? »

Cela lui fit du mal, mais Xena captura son visage et la regarda droit dans les yeux avec une violente intensité. « NON… elles ne l’ont pas fait… » Elle relâcha un souffle angoissé. « … et j’ai perdu quelque chose à cause de ça que je ne retrouverai plus jamais, plus jamais, Eponine. » Elle s’interrompit et déglutit. « On ne se sent pas mieux… ne tombe pas dans ce piège. »

Les yeux couleur caramel s’embuèrent. « Soit damnée jusqu’aux tréfonds d’Hadès, Xena », gronda Eponine.

« Oui », répondit la guerrière d’une voix douloureusement calme. « Je m’en suis assurée moi-même, pas vrai ? » Elle laissa un silence tranquille et significatif entre elles. « Et c’est un fardeau avec lequel je dois vivre. »

Le silence. Puis les épaules d’Eponine s’affaissèrent. « Elle est… je pense que tu ferais mieux de venir voir. » Elle relâcha la combinaison de Xena et fixa le sol.

Gabrielle s’avança et mit le bras autour d’elle. « Il faut qu’on parte d’ici. » Elle regarda Xena. « Dis-leur simplement qu’il doivent trouver un autre moyen de vivre, Xena. Balance quelques menaces. Tu sais comment faire. »

Eponine redressa brusquement la tête. « Et elle s’en sort comme ça ? » Son regard fixait la barde d’un air accusateur.

Mais Gabrielle secoua la tête et fit signe à quelques Amazones de s’avancer. « Non. » Elle se retourna. « Attachez-la… je veux qu’on la ramène au village… et qu’elle soit jugée par un tribunal amazone. » Elle vit l’étincelle dans les yeux de Paladia à cette décision et elle croisa directement le regard de la femme robuste.

Terrea la regarda avec un respect tranquille. « Oui, ma Reine. » Elle et deux autres Amazone s’approchèrent du corps affalé de Paladia avec une sombre intention.

Les yeux vitreux de Paladia se durcirent. « Reine ? » Elle regarda nerveusement les trois Amazones, dont une sortit sa dague et toucha sa gorge de la pointe.

Gabrielle se tourna et la regarda. « Oups… je pense que j’ai aussi oublié de mentionner ça. » Elle jeta un coup d’œil à Eponine. « Pas vrai ? »

La maîtresse d’armes l’étudia. « Si ça dépendait de moi, je finirais tout ça ici. »

Un regard vert direct la dévisagea. « Je sais. Mais ce n’est pas comme ça que j’agis. » Brièvement, son regard toucha sa compagne, qui se tenait dans l’ombre telle une noire menace. « La vengeance n’est pas la réponse. »

Eponine baissa les yeux.

Xena laissa un minuscule sourire étirer ses lèvres puis elle éleva la voix. « Très bien… la Reine des Amazones a parlé. » Elle ignora le petit roulement des yeux de sa compagne. « Si vous voulez rester ici, bien… mais vous trouverez un autre moyen de gagner votre vie. » Elle s’interrompit et regarda autour d’elle, voyant le soulagement coupable dans leurs yeux. « C’est mon terrain ici et si j’entends que quelqu’un a été enlevé dans les parages, je viendrai frapper à votre fichue porte dans un battement de cœur, compris ? »

Le petit porteur de fouet s’avança. « Et si on n’accepte pas ? » Il regarda la foule. « On est plus qu’assez ici pour s’occuper de toi. »

La guerrière relâcha un petit soupir et s’apprêta à prendre son épée mais la main de Gabrielle sur son bras l’arrêta. Elle regarda la barde d’un air interrogateur.

« Ça t’ennuie si je m’en occupe ? » Requit Gabrielle innocemment.

Xena hésita une seconde puis haussa les épaules. « Pas du tout. »

« Merci. » La barde leva son bâton volé et se glissa devant sa compagne, face à l’homme trapu à la peau sombre. « Tu sais, le problème c’est que… » Elle bougea ses mains dans un flou, lui arrachant le fouet des mains pour l’envoyer voler dans le puits. « Vous les gars, vous ne pourriez pas vous occuper de moi… » Elle le fit tomber sur les fesses avec un balayage inversé. « Alors Xena… vous êtes cinglés ou quoi ? Ou bien vous aimez souffrir ? » Elle se tourna à demi et montra sa compagne de son bâton. « Ce n’est pas un jeu… on ne s’amuse pas et des gens sont blessés. » Elle fit une pause. « Beaucoup. » Elle regarda autour d’elle, ayant capturé leur attention. « Vous ne pouvez pas kidnapper les gens comme ça et demander des rançons sans vous attendre à des représailles… vous avez vraiment de la chance… on pourrait être un seigneur de guerre embauché par les marchands pour vous cogner tous. » Elle leur fit un sourire sombre. « Ça arrive, vous savez. »

Les yeux se détournèrent de contrariété.

« Nous ne le sommes pas. » Tout le monde la regardait maintenant. « Je suis de Potadeia… vous avez pris des gens de ma famille… et une de mes meilleures amies… et j’ai décidé de venir ici vous arrêter. » Elle s’appuya sur le bâton. « Et je l’ai fait. » Son regard se détourna et se réchauffa. « Avec un peu d’aide. »

Xena sourit en retour.

« Vous avez beaucoup de talent ici… faites-en bon usage… trouvez un moyen de vivre qui n’implique pas de blesser d’autres gens. »

« Jeune fille. » Une voix basse et masculine s’inséra et ils virent entrer Johan et deux habitants de Potadeia. « Peut-être qu’on peut aider. » Il alla près de Gabrielle et lui tapota l’épaule. « Ils ont été lâchés par les leurs… je pense qu’ils ont juste besoin de bons et honnêtes conseils. »

« Johan… si nous rentrons sans toi, je suis grillée », lui rappela doucement la barde.

Il rit. « Nan… pas moi mais ces gars ici… » Il montra du pouce par-dessus son épaule vers les deux hommes plus âgés qui se tenaient tranquillement derrière lui. « Ils vont rester pour voir ce qu’ils peuvent faire. »

Gabrielle cligna des yeux. « Wow… bien sûr. » Elle sourit aux deux hommes. « Mais vous n’allez pas manquer chez vous ? »

Le plus grand des deux s’avança. « Gabrielle… On est venus à Potadeia après que tu es partie… notre village a été brûlé par les hommes de Draco. On sait ce que ressentent ces gens…On a été refoulés de quatre endroits avant d’être pris là-bas. »

La barde regarda sa compagne silencieuse, qui leva un sourcil puis eut un bref signe de tête. « Ça me semble génial… dites-nous si vous avez besoin de quelque chose. »

« Allez. » Xena mit la main sur son bras. « Partons d’ici. » Elle se retourna. « Kelten… j’ai un kit médical… on va chercher de l’eau et je soignerai ta jambe. » Elle aida l’Etre de la forêt qui rechignait à se lever et ils suivirent le chemin jusqu’à la sortie de la grotte avant de descendre le passage étroit.

Gabrielle garda un œil sur sa compagne tranquille, laissant le reste du groupe avancer un peu, tandis qu’elle repartait à l’arrière et elle prit doucement la main de Xena dans la sienne. Les longs doigts serrèrent les siens et Xena lui lança un rapide coup d’œil en coin.

« Contente que ce soit fini », soupira la barde. « Bon sang… comme j’ai été heureuse de te voir. »

Xena frotta les phalanges avec son pouce. « Pareil. » Elle se tourna à demi et leva une main, touchant la marque rouge sur le visage de la barde. « Gabrielle… »

La barde grimaça. « Oui… ouille. » Elle avança bougeant son bâton vers l’avant tandis qu’elle marchait à un rythme naturel. « Comment va Eph ? » Demanda-t-elle d’une voix très basse.

Xena soupira et glissa le bras autour de ses épaules. « Pas bien. » Elle sentit Gabrielle se raidir. « Ça a été plutôt brutal. »

Gabrielle s’appuya contre elle. « Elle pensait me protéger », murmura la barde. « Xena, elle ne peut pas mourir. »

La guerrière regarda devant elle et ne dit rien.

Ils sortirent par l’entrée la plus basse, anxieux de retrouver l’air libre. Les Amazones et le reste des villageois les attendaient là, avec Arès, fermement retenu par Cait. Solari avait attaché la régente blessée à une civière et était agenouillée près d’elle, lançant des regards anxieux vers l’entrée. Elle ferma les yeux de soulagement quand elle vit le groupe émerger du trou sombre et que la lune argentée fit ressortir leurs silhouettes reconnaissables.

Xena relâcha son âme-sœur et fit un signe de tête à Cait qui lâcha un Arès piaulant. Elle laissa le loup faire ses pitreries de bienvenue puis le poussa vers Gabrielle et se mit sur un genou près d’Ephiny. Elle laissa le tourbillon d’activité la dépasser et testa d’une main prudente la tête de l’Amazone.

Elle déglutit. La peau sous ses doigts était chaude et très gonflée, et elle pouvait voir les inspirations courtes et difficiles qui secouaient la frêle silhouette de la régente. Un petit silence tomba et elle leva les yeux pour voir tous les regards sur elle, tendus et inquiets.

Xena baissa les yeux sentant un poids dans sa poitrine et elle toucha le pouls d’Ephiny, fermant les yeux au faible et rapide battement qu’elle y sentit.

Elle regarda droit dans le regard blessé de Gabrielle.

Pas un mot ne passa, juste la supplique silencieuse et mélancolique dans les yeux vert brume croisant la connaissance lasse et triste dans le sien.

Tous la regardaient, tous attendaient qu’elle sorte un miracle de sous le sabot d’un cheval.

Ils l’attendaient. Gabrielle… l’attendait. Les yeux de la barde ne contenaient que de l’espoir et une confiance désespérée en elle qui la fit regarder le corps mourant d’Ephiny et mit son esprit furieusement en mouvement.

Je ne peux pas la laisser tomber. La pensée s’enfonça fermement dans son esprit.

Le regard bleu se leva, se rivant sur le visage tiré et fermé de Paladia. « Où est la source froide la plus proche », demanda-t-elle directement, pour n’avoir en réponse qu’un silence renfrogné.

Xena se leva, bougeant avec une vitesse surprenante et elle attrapa la grande femme, frappant sa gorge sans merci de ses doigts, et regardant les veines ressortir à la pression. « Pas de bluff. Tu me le dis ou tu meurs ici. » Sa voix était neutre et très froide.

Paladia hoqueta et frissonna, les yeux roulant furieusement. « Après ce tournant », gargouilla-t-elle. « Sous la paroi rocheuse. » Deux coups rapides la libérèrent et elle s’effondra sur le sol.

Xena ne la regarda même pas. Elle s’agenouilla à nouveau et porta la forme immobile d’Ephiny, silencieusement en direction de l’endroit. Elle relâcha un soupir de soulagement en constatant que c’était là où la renégate l’avait indiqué et elle courut à demi, à demi glissa le long du chemin caillouteux, glissant pour s’arrêter près du bord de l’eau et tomber à genoux avec un tressaillement.

Solari et Eponine furent à ses côté instantanément, l’aidant à déposer la régente sur la pente et à immerger sa tête dans l’eau claire et froide jusqu’à ce qu’elle couvre les oreilles d’Ephiny et tombe en cascade sur sa gorge, envoyant des gouttelettes argentées serpenter sur sa peau claire.

« Et maintenant ? » Murmura Eponine doucement, passant sans espoir des doigts hésitants dans les cheveux blonds frisés qui flottaient dans l’eau, pas même consciente qu’elle le faisait.

« On attend », répondit Xena tranquillement. Elle regarda autour d’elle. « C’est un endroit comme un autre pour planter un campement. »

Ils attachèrent Paladia tandis que Kelten avançait fantômatiquement vers le bord de l’eau, s’y accroupissait, puis tombait lourdement sur le côté alors que sa jambe le lâchait. Xena retira le kit de son sac et commença à couper la fourrure autour de sa blessure, lançant un regard régulièrement au visage figé de la régente.

Gabrielle arrangea le campement, donnant calmement des ordres aux Amazones et aux villageois de démarrer un petit feu et de mettre en commun les ressources alimentaires qu’ils avaient. « Pas grand-chose », remarqua-t-elle avec une grimace. « Mais ça ira, je présume. » Elle prit une marmite dans le kit de Solari et y versa les plats séchés divers ainsi que les fruits et les légumes, les couvrant d’eau avant d’installer le pot sur le feu. « Ça va faire une drôle de soupe mais elle sera mangeable. »

Xena la regarda tout en lavant doucement la jambe de l’Etre de la forêt dont les doigts s’enroulaient et se déroulaient à cause de la douleur. Elle tendit la main derrière elle, plongea le bras dans l’eau et ferma les yeux.

Une légère éclaboussure et elle sortit la main de la source, regardant la forme remuante qui s’y trouvait. « Tiens. » Elle jeta le poisson à sa compagne qui l’attrapa sans même y penser et s’agenouilla pour le nettoyer et le diviser, l’ajoutant à leur dîner de fortune sans vraiment faire attention à ce qu’elle faisait. Sa concentration… toute leur concentration… allait à la silhouette immobile et silencieuse au bord de l’eau.

Kelten la fixa, son pelage clair presque blanc dans la clarté de la lune, mais il resta silencieux comme les autres. Cela faisait un tableau fantômatique, là près de l’eau, avec les Amazones en cercle autour de leur régente et les villageois tranquillement blottis de l’autre côté du feu, qui les regardaient simplement. Xena s’assit au bord de la source et oeuvra sur la blessure de l’Etre de la forêt, ses cheveux noirs effleurant son visage dans la brise, et sa combinaison en cuir presque noire dans le mélange d’argent et de rouge. Elle bougea méthodiquement et découpa la zone autour de la blessure, puis la lava et la recouvrit d’herbes de son kit, avant de poser un léger bandage autour. « Voilà », finit-elle par murmurer, sa voix résonnant fort de manière anormale dans le silence oppressé.

« Merci », grogna Kelten en réponse.

Le silence retomba sur eux, brisé par le craquement des flammes et le bruit étouffé de Gabrielle qui remuait sans fin la soupe. La source envoyait des bruits légers dans la clairière, tandis qu’ils étaient quasiment tous assis et regardaient et écoutaient la respiration rauque et tendue d’Ephiny.

Gabrielle abandonna sa tâche et alla vers son âme-sœur, se laissant tomber près d’elle et entourant le haut du bras de la guerrière de sa main, sa joue posée contre la peau chaude tandis que Xena entremêlait ses doigts aux siens. Elles attendirent.

Une chouette hulula, ses ailes bruissant dans l’obscurité.

Les feuilles remuèrent tandis que la brise passait dessus avec un soupir doux et fini.

Puis le bruit rauque cessa en même temps que les battements de cœur en cercle. Gabrielle ferma les yeux et elle serra fort le bras de sa compagne, sa mâchoire serrée tandis qu’elle se mordillait la lèvre inférieure. Xena lui serra doucement la main en retour.

Dans le silence austère, un léger grognement de douleur s’échappa d’Ephiny et elle remua, tendant faiblement la main vers sa tête.

« Hé… hé… » Eponine lui prit la main, sa voix tremblante. Solari lui mit la main sur le dos en soutien. « Tu as été secouée, Eph… vas-y doucement. »

Xena toucha la tête de la régente et lâcha un long soupir d’incrédulité. « La bosse a diminué. » Elle regarda les Amazones cligner des yeux de soulagement. « Je savais bien qu’elle était plus coriace que ça. »

Mais tout le monde la regardait elle, connaissant la réalité. Solari mit la main sur le genou de la guerrière, la regardant pour exprimer sa gratitude. Ce fut un doux moment de reconnaissance, après l’avoir écartée depuis que Gabrielle et elle s’étaient rejointes. Ces regards n’étaient plus glacés maintenant, et ne contenaient que du soulagement et ce qui aurait pu être une note de culpabilité.

« Ça a marché », dit Gabrielle dans un souffle, puis elle enfouit à nouveau son visage dans le bras de son âme-sœur.

Ephiny cligna à demi des yeux tandis que son front se contractait de confusion. « Qu… » Son regard hagard alla vers le visage tiré et épuisé d’Eponine et ses lèvres se pincèrent légèrement. « Je ne voulais pas tellement prendre de bain », marmonna-t-elle en pressant la main de sa compagne.

Xena posa la tête contre celle plus claire de Gabrielle, sentant le chemin humide de larmes contre sa peau. Elle embrassa la tête de la barde et soupira de soulagement. « Donnez-lui un peu d’eau. » Elle testa le pouls de l’Amazone et envoya un calme remerciement au quelconque dieu qui regardait cette clairière particulière éclairée par la lune. « Eph… doucement. »

La tête blonde bougea des deux côtés, clignant des yeux à l’eau qui chatouillait ses paupières pour regarder la guerrière sombre. « C’est facile pour toi de dire ça. » Elle cligna à nouveau des yeux tandis que l’eau coulait sur son visage. « Je peux sortir de là ? »

Ils la sortirent sur une civière rapidement faite, les voix bourdonnant maintenant de soulagement. Xena les regarda en relâchant un long, long soupir. Elle se pencha en avant et s’aspergea le visage d’eau, puis elle se leva, s’étirant pour faire passer les nœuds dans ses muscles raidis avec une grimace. Gabrielle aidait les Amazones et Kelten était sorti de l’eau en rampant et il était maintenant roulé en boule, la tête posée sur son bras, épuisé.

Drôles de copains de chambrée, pas vrai ? Songea Xena tandis qu’elle traversait péniblement la petite clairière pour trouver un carré d’herbe soyeuse et s’y laisser tomber. Elle prit son sac et s’adossa à un rocher, laissant l’émotion à laquelle elle avait résisté toute la nuit, tomber en cascade sur elle. C’était fini. Elle leva les yeux. Gabrielle était en sécurité, Ephiny était vivante et les kidnappeurs en déroute.

Juste une journée ordinaire, pas vrai ?

Elle se sentait un peu fière d’elle-même cependant. Une secousse plutôt satisfaisante de chaleur intérieure réchauffa son cœur, basée sur la connaissance qu’aujourd’hui, elle avait fait une différence. Elle l’avait fait d’une manière que personne n’aurait pu faire et elle se sentait de fait très bien.

Pas qu’elle l’admettait. C’était mauvais pour son image. Elle sourit tranquillement et laissa ses bras reposer sur ses genoux, sentant enfin les éraflures, les coupures et les bleus. Oh dieux… Elle jeta un coup d’œil sur les éraflures, largement couvertes de saleté et de boue. Il faut que je nettoie ça. Mais, soudain, elle ne put trouver l’énergie pour bouger et elle se contenta plutôt de regarder les Amazones, entendant leur rire bas et presque sanglotant, et le bourdonnement maintenant presque normal des conversations des villageois, qui lui lançaient des regards admiratifs à peine voilés. Mmm… oui… c’est plutôt fichtrement bon.

Et ensuite il y avait Gabrielle agenouillée près d’Ephiny et qui lui envoyait sans cesse ces… regards adorables… vraiment merveilleux… doux… gentils qui lui faisaient complètement oublier les nuits sans sommeil et la douleur de sa collection de coups et éraflures.

Elle se sentait ridiculement presque satisfaite de manière étourdissante.

A sa façon réservée, fermée et sévère de Princesse Guerrière, bien entendu.

Gabrielle couvrit gentiment les coupures d’Ephiny avec un peu de pommade, les yeux de la régente clignant avant de la rechercher. « Salut toi. » Elle sourit à son amie. « Je t’avais dit qu’on allait sortir. »

Ephiy réussit à produire le plus petits des sourires. « Tu as fait venir les troupes, je vois. »

« Oui… une centaine de gamins sauvages contre six Amazones et Xena », l’informa Gabrielle avec drôlerie. « Aucune chance pour eux. »

Les yeux de la régente brillèrent. « Je me sens comme du crottin de Centaure », marmonna-t-elle.

« Je sais », soupira Gabrielle. « Je peux t’apporter quelque chose ? »

Ephiny cligna un peu des yeux. « Un oreiller », blagua-t-elle faiblement.

La barde claqua des doigts. « Pas de problème. » Elle montra Eponine qui était penchée sur elles. « Assieds-toi. »

La maîtresse d’armes lui lança un regard surpris. « Hein ? »

« Assieds-toi. » Gabrielle tendit la main  et tira sur le cuir, la faisant descendre avec un couinement. « Là. » Elle mit la main sur l’épaule d’Ephiny et fit signe à Solari et Cait. « Aidez-moi à la soulever un peu. »

Elles le firent et la barde lança un regard à Eponine. « Assise. »

La mâchoire de la jeune femme bougea un long moment puis elle soupira et se plaça sous la tête d’Ephiny et elle les laissa poser la régente sur ses cuisses. Elle lutta pour ne pas froncer les sourcils et rougit, alors qu’elle était incapable d’empêcher ses doigts de doucement caresser les cheveux de son amante. Ephiny saisit sa main et l’embrassa.

Gabrielle leur fit un sourire satisfait et elle lança un regard vers le petit cercle d’Amazones qui souriaient également, lançant des regards en cachette à Eponine tout en riant. « Voilà… c’est mieux ? » Demanda-t-elle à Ephiny, qui la regardait avec une expression lasse mais soulagée. Elle mit la main sur l’épaule de la régente. « Maintenant tu te détends, ok ? »

L’Amazone hocha un peu la tête et ferma les yeux de fatigue, tandis que ses doigts caressaient ceux d’Eponine.

« La soupe sent bon, ma Reine », murmura Solari tandis qu’elles se rasseyaient. « La journée a été très longue. »

Gabrielle hocha la tête, volant un regard du côté de son âme-sœur assise dans les ombres, la lumière du feu faisant briller ses yeux clairs et ressortir les trainées sombres du sang et de la poussière qui la couvraient quasiment partout. « Qu’est-ce qui s’est passé, Solari ? Pourquoi Xena donne l’impression d’avoir eu une dispute avec un éboulement ? » Demanda-t-elle tranquillement, en regardant vers l’Amazone aux cheveux noirs qui ne répondait pas. « Quoi ? »

« Heu… » Solari pinça son cuir et regarda vers la guerrière à l’air paisible. « Elle… » La mâchoire de Solari joua plusieurs fois. « Nous… il y avait ce… »

« Gouffre… et… » Commença Terrea. « C’était… on était sur ce truc… »

« Paroi », lâcha Eponine dans un grognement. « On était sur la paroi extérieure et on avait besoin de venir sur la paroi intérieure. »

Gabrielle les regarda à tour de rôle. « Et… vous… quoi ? »

« Elle… » Solari jeta un coup d’œil vers Eponine qui secoua la tête. « Hum… » Elle leva les mains et les laissa retomber. « Elle a sauté entre les deux… juste… » Elle leva à nouveau la main et décrivit un arc de cercle. « Et elle a touché l’autre côté… c’était plutôt rude. C’est de là que viennent les éraflures. »

La barde cligna des yeux. « Attendez. » Elle se frotta les tempes. « Vous me dites qu’elle a sauté cet énorme espace entre la montagne où nous sommes et la section extérieure ? »

Des hochements de tête. « C’était… plutôt fichûment stupéfiant », confirma Eponine.

« Je parie oui », dit faiblement Gabrielle. Elle produisit un léger rire. « Je ne… sais pas comment elle fait parfois. »

Elles la regardèrent avec des sourires soudains et timides. « En fait. » Solari mâchouilla sa lèvre. « Elle a un peu expliqué. »

La barde leva les yeux, un froncement de perplexité sur le visage. « Ah oui ? »

« Oui. » La voix d’Eponine était inhabituellement gentille. « Elle a dit que… elle savait qu’elle pourrait passer cet espace… » La jeune femme s’interrompit et s’éclaircit la voix. « Parce que tu étais de l’autre côté. » Un bref sourire. « Et que tu avais besoin d’elle. »

Gabrielle sentit une boule monter dans sa gorge si vite qu’elle ne put l’arrêter et elle baissa la tête, se mordant la lèvre alors que l’émotion la submergeait. Ça n’avait jamais été énoncé aussi clairement, aussi ouvertement, et ceci à des personnes qui la voyaient comme une sorte de monstre dangereux. C’était sa compagne. Sa guerrière calme et fière, qui était une petite lumière, beaucoup d’obscurité, et une éternité entre les deux. « Oh », finit-elle par dire en levant les yeux pour voir leur acquiescement impassible. « Je présume que c’est aussi simple que ça. »

Un silence pensif tomba tandis qu’elles étudiaient le sol et Eponine arrangea paresseusement les boucles échevelées posées sur ses cuisses. « Gabrielle », finit-elle par dire en regardant la barde droit dans les yeux. « Tu as une championne du feu d’Hadès. »

Gabrielle lut les nombreux niveaux de cette déclaration avec peu d’effort. « C’est assurément vrai. » Elle laissa un bref sourire doux passer sur son visage. « Et hum… » Elle regarda ses mains, puis releva les yeux. « Il faut que j’aille lui poser quelques bandages. »

Des regards furtifs furent lancés de l’autre côté du campement vers la silhouette grande et sombre allongée dans un confort apparent, avec une expression de calme intérêt sur le visage. « Elle a l’air bien », tenta Solari en faisant un rapide sourire à Gabrielle.

« Oui », répondit la barde en voyant une forme épuisée et tendue dans ce qui apparaissait être une douleur évidente cachée derrière le bouclier de princesse guerrière. « Et bien, les apparences peuvent être trompeuses. » Elle se reprit et se releva, faisant signe vers le feu de camp. « Je pense que la soupe est prête. » Elle fut consciente de Johan qui arrivait sur sa gauche. « Il y en a assez pour tout le monde. »

Xena pensait à se lever pour aller vers la source quand des bruits de pas lui firent lever les yeux et voir la silhouette approchante de Gabrielle dans la lumière de la lune argentée alors que le feu de camp rehaussait la peau bronzée de la barde. Elle cligna des yeux en voyant les deux bols que portait son âme-sœur.

« Tiens. » Gabrielle lui en tendit un qui relâcha une odeur enivrante de poisson et de fumet de viande séchée, ainsi que la douceur des fruits. « Bon, viens par ici et reste tranquille. »

Xena se rendit compte que le second bol n’était pas de la soupe mais de l’eau chaude et que la barde avait un tissu usagé et sa pommade de guérison.

Elle était sur le point de protester mais Gabrielle mit le doigt sur ses lèvres et elle s’interrompit, inhalant docilement une cuillerée de la soupe tandis que la barde nettoyait doucement la collection de griffures et de coupures.

L’eau chaude et le toucher de son âme-sœur étaient tous deux les bienvenus.

« Dieux. » Gabrielle tressaillit en tapotant la peau déchirée et en étudiant sa compagne. « Ça a été une sacrée journée, hein ? »

« Mm », marmonna Xena en avalant une bouchée. « Oui… pas trop mal. »

La barde roula les yeux et détacha la boucle sur l’armure de la guerrière. « Tiens… tu as une méchante coupure sur la nuque. » Elle défit l’autre boucle puis leva les plaques de métal au-dessus de la tête de Xena avant de les poser. « Tu as fait une grande impression, tu sais. »

« Nan », objecta la guerrière. « Je n’ai pas fait grand-chose… je suis entrée, j’ai trouvé Eph, je t’ai trouvée, on est sorties. » Un haussement d’épaules. « Rien de terrible. »

« Vraiment », dit Gabrielle d’un air songeur en nettoyant autour de la clavicule. « Aussi simple que ça, hein ? »

« Oui oui », acquiesça Xena. « Rien de spécial… c’est toi qui as été impressionnante. »

« Ah », commenta sa compagne. « Alors… le saut intrépide au-dessus du gouffre était le fruit de… voyons voir, l’imagination d’Eponine. » Elle fit une pause. « Incroyable… Ephiny va être tellement heureuse de savoir qu’elle en a développé une. »

Xena sentit un petit sourire impuissant et désespéré se former. « Oh… oui, et bien… il y a eu ça. » Elle tenta une expression d’auto dérision et échoua lamentablement.

Gabrielle la regarda et vit les rides autour de ses yeux tandis qu’elle luttait pour ne pas sourire. « Oui, ça », répliqua-t-elle en laissant ses doigts voyager le long de la nuque de Xena. « Tu as vraiment dit que tu savais que tu pouvais sauter par-dessus ce gouffre parce que j’étais de l’autre côté ? »

La peau foncée de sa compagne rougit. « Hum… » Elle regarda les yeux verts délicieusement intimidés. « Oui… je pense que je l’ai dit. » Elle s’arrêta et sourit enfin. « Je le pensais. »

La barde lui sourit. « Je sais. » Elle mit sa main dans celle de Xena et entremêla leurs doigts. « Je savais que tu trouverais un moyen d’entrer. »

Xena savoura la sensation. « Ah oui ? »

« Oh oui », reconnut Gabrielle. « Je n’en ai pas douté une seule seconde. » Elle fixa paisiblement sa compagne puis baissa les yeux. « Mais j’ai eu quelques moments effrayants. »

« Toi ? » Répondit Xena avec un sourire ironique. « Gabrielle, je n’ai aucune idée de la façon dont je suis allée de cette cellule jusqu’à l’endroit où tu étais, tu t’en rends comptes ? Je pense me souvenir avoir combattu plusieurs personnes, mais… » Elle secoua la tête avec un air désabusé. « Je ne pourrais pas le dire avec certitude. » Elle leva le bol jusqu’à ses lèvres et prit une gorgée. « C’est bon. »

« Mmhmm… » La barde nettoya avec soin les éraflures profondes sur les cuisses de Xena, passant de la pommade d’herbe sur la peau rougie et abîmée. » Tu as mangé quand pour la dernière fois ? »

Un silence total et Gabrielle leva les yeux pour voir l’air d’adolescente coupable sur le visage de Xena. « On… était occupées », marmonna la guerrière. « On avait des trucs à faire. »

La barde examina le cuir de Xena. « Tu as du sang partout. » Elle toucha l’avant d’un doigt précautionneux. « C’est le tien ? »

Xena relâcha un souffle. « En partie », admit-elle tranquillement.

Gabrielle soupira et lui prit le bol, la poussant vers le rocher pour travailler sur les lacets qui tenaient sa combinaison de cuir fermée. Elle sentit le tressaillement et levant les yeux, elle vit la tension autour de la mâchoire de Xena et ses narines qui s’écartèrent brièvement. « Tu aurais dû m’en parler plus tôt », dit-elle sévèrement. « Tu n’apprendras jamais, pas vrai ? »

« C’est… il y avait une branche qui dépassait quand je… ce n’est pas si méchant, Gabrielle… j’ai juste… j’avais oublié. » La guerrière se défendit tandis que les lacets cédaient et que la barde les tirait sur les côtés, inspirant brusquement quand elle vit la blessure gonflée et perforée juste sous la cage thoracique de Xena.

« Xena… » Le visage de Gabrielle se tendit. « Ok… ok… » Elle rinça un morceau de tissu propre dans l’eau chaude et lava le point, essuyant avec soin le sang qui coulait et nettoyant les petits morceaux d’écorce qui étaient enchâssés dans la chair bronzée. Elle fit couler de l’eau sur la blessure, écartant toute la saleté et les débris, puis elle recouvrit la zone avec une grande quantité d’herbe en poudre que Xena utilisait toujours pour ça, elle le savait. Puis elle plia un bandage frais et propre dessus, tirant sur les lacets pour le maintenir en place. « Voilà. »

« Merci. » La guerrière sourit brièvement. Maintenant que l’excitation était passée, les longues journées et les coups qu’elle avait pris commençaient à la rattraper, des douleurs qu’elle avait ignorées précédemment passaient leurs têtes tenaces. « Et toi ? » Elle toucha la main de la barde où un coup pourpre couvrait les phalanges.

Gabrielle l’étudia. « Non… je vais bien… » elle plia la main. « J’ai eu de la chance… juste ces deux là et quelques bosses. » Elle fouilla dans le sac de Xena et en sortit la légère cape bien pliée, qu’elle secoua et installa autour de sa compagne. « Pourquoi tu ne dormirais pas un peu ? »

Xena secoua vigoureusement la tête. « Non… je veux aller revoir Ephiny… et cet endroit est plutôt ouvert… je n’ai pas confiance. »

La barde pianota sur la cuisse musclée contre laquelle elle était assise et elle renifla. « Très bien… » Elle regarda Arès qui changeait de position et reposa son museau sur le mollet de Xena. « Je vais faire du thé… je t’en apporte une tasse. » Elle se mit debout après avoir donné une petite tape à sa compagne et elle retourna près du feu.

Xena la regarda affectueusement et se réinstalla, renvoyant sa fatigue montante tout en attrapant sa cuirasse, pour examiner la boucle d’épaule, ce qui lui fit secouer la tête. « Il faut que je répare ça », marmonna-t-elle en fouillant dans son sac pour en sortir son kit de réparation.

Gabrielle avança tranquillement vers le feu, souriant aux Amazones et aux villageois installés tout en posant au-dessus des flammes le petit pot d’eau qu’elle avait sorti de l’équipement de Xena et rempli de l’eau de la source.

« C’est agréable », dit Cait derrière elle et elle se retourna pour regarder la jeune fille. « Tu n’es pas en colère contre moi, non ? »

Gabrielle lui lança un regard. « Je devrais l’être. » Elle réfréna un rire. « Cait… une des choses quand on est une Amazone, c’est d’apprendre à suivre les ordres. »

« Pourquoi ? » Demanda la jeune fille avec une innocence pratique. « Personne ne le fait. » Elle suçota sa cuillère et s’accroupit près de la barde. « Elles font ce qu’elles veulent… tu sais bien que c’est vrai. »

Gabrielle ne put s’empêcher de se mettre à rire. « Et bien… elles sont un peu têtues… »

Cait lui sourit en retour. « Oui… et maintenant je suis en colère parce que je n’ai pas pu voir le super saut de Xena. » Elle soupira d’un air agacé. « J’aurais bien aimé le voir. »

« Tu vois ? » La barde secoua le doigt vers elle. « La prochaine fois, suis les ordres et tu finiras par être au bon endroit. »

La jeune fille roula les yeux. « J’te veux… si j’avais suivi les ordres, je serais sur la crête ouest là maintenant à peler des lapins et vous autres vous n’auriez rien su pour Ephiny. »

« Hmmm », dit Gabrielle d’un air songeur tout en versant l’eau maintenant chaude sur les herbes qu’elle avait mises dans les deux tasses. « Tu marques un point, là, Cait. »

Cait mordilla un morceau de carotte et baissa la voix. « Reine Gabrielle… qu’est-ce qui va lui arriver ? » Elle tourna le regard vers une Paladia renfrognée qui était bien attachée à un arbre proche. « Est-ce qu’on va la tuer ? »

La barde cessa de remuer l’eau et lança un regard à Cait. « Elle va être jugée par un tribunal amazone pour ce qu’elle a fait à Ephiny… la peine pourrait inclure la mort mais je ne sais pas quel sera le résultat. »

« Mpf. » Cait hocha la tête. « Elle est mauvaise. »

Gabrielle hocha la tête et prit les deux tasses puis se releva, et au lieu de retourner immédiatement vers sa compagne, elle alla vers l’endroit où se trouvait la renégate, à demi assise, à demi allongée. « Tu veux de la soupe ? » Demanda-t-elle d’une voix neutre.

Les yeux gris la regardèrent avec une hostilité patente. « Je préfèrerais manger de la terre. »

La barde haussa les épaules. « Très bien », répondit-elle d’un ton gentil. « Je demandais juste. »

Paladia bougea dans ses liens serrés. « Pourquoi tu ne les as pas juste laissées me tuer ? Cette garce là le voulait. »

Gabrielle la fixa. « Ce n’est pas mon style », commenta-t-elle. « Peut-être que je pense que tu peux encore apprendre quelque chose. »

Un rire court et affreux. « J’ai appris à ne pas croire les jolies petites menteuses. »

La barde se tourna pour partir, prenant une gorgée de sa tasse. « Paladia, réfléchis un peu. Je ne t’ai jamais menti… pas même une fois. Tu as juste refusé d’entendre la vérité. »

« Tu as dit que tu n’étais pas une Amazone », dit la femme avec un triomphe amer.

Gabrielle lui sourit. « Strictement parlant, je ne le suis pas », répliqua-t-elle. « Je suis une barde et je vis à Amphipolis… et je voyage en chroniquant parfois la vie et les aventures de Xena. » Elle fit une pause. « Il y a quelques temps, une de ces aventures a eu pour résultat de me donner le droit de caste d’une Princesse Amazone mourante. » Elle haussa les épaules. « Alors j’ai fini par hériter… mais c’est Ephiny qui les dirige vraiment. »

Paladia la fixa. « Mais tu as dit que… » Ses yeux allèrent vers la silhouette sombre et attentive de l’autre côté du feu.

« Que je connaissais Xena ? C’est vrai », répondit Gabrielle d’un ton raisonnable. « Je n’ai juste jamais dit combien je la connaissais bien. »

« Mais… » Le regard était maintenant posé sur la main fine de la barde, enroulée autour de la poignée de la tasse de Xena.

Cela lui valut une légère étincelle dans les yeux vert brume. « C’est son blason. » Elle haussa les épaules. « Ce n’est pas ma faute si tu ne l’as pas reconnu… vous les jeunes gens d’aujourd’hui, vous ne connaissez pas assez votre histoire, je présume. »

Elle secoua la tête et repartit vers l’endroit où sa compagne travaillait patiemment sur un morceau de son armure, sa tête sombre légèrement penchée d’un côté. Elle s’installa avec précautions près d’elle et posa sa tasse, puis retira l’armure des mains de Xena et mit sa tasse à la place. « Tiens. »

La main de Xena s’enroula autour de la coupe en bois tandis qu’elle posait son outil avec un petit soupir, faisant plier ses doigts. « Merci. » Elle prit une longue gorgée et ferma les yeux tandis que le liquide chaud remplissait son ventre. « C’est génial. » Puis elle cligna des yeux et regarda son âme-sœur. « Je t’ai vue discuter avec notre prisonnière. »

« Mmm », acquiesça Gabrielle en poussant l’armure de côté pour se rapprocher et s’enrouler avec soin autour de Xena ; la guerrière l’entoura de son bras. « Merci d’avoir arrêté Eponine, à propos. » Elle regarda le visage ombragé par la lumière du feu. « Je pense que ça va finir par être la meilleure solution pour elle. »

Xena prit une autre gorgée, fixant l’obscurité du campement. « Je ne l’ai pas fait pour elle », répondit-elle lentement. « Je l’ai fait pour Eponine. »

La barde prit une longue inspiration. « Oui… je sais… mais ça a marché. » Elle s’interrompit. « Elle me déteste. »

La guerrière la serra plus fort et mit sa tête blonde contre son épaule, absorbant la chaleur avec un sentiment de soulagement paisible. « Tu as fait ce qu’il fallait. »

Gabrielle tourna légèrement la tête et embrassa la peau nue contre laquelle elle reposait. « Je sais… » Elle sentit les odeurs familières de cuir et de bronze avec plaisir. « C’était aussi la chose juste pour les Amazones… après ce qui est arrivé à Eph. »

Xena soupira. « Il y a beaucoup d’Amazones qui pensent que j’aurais aussi dû être jugée dans un de leurs tribunaux, Gabrielle. »

Son âme-sœur sourit. « Plus maintenant… pas pour elles. » Elle hocha la tête en direction du petit groupe de l’autre côté du feu. « Et tu sais comment c’est… si tu veux que quelque chose soit connu, dis-le à une Amazone. » Son regard revint sur Xena. « En plus…Ephiny n’avait aucune base sur quoi se fonder… et elle le savait. » Sa voix baissa légèrement. « Je lui avais dit de ne pas essayer de t’arrêter. »

La guerrière cligna des yeux. « C’est vrai ? »

Gabrielle hocha tranquillement la tête. « Oui… je me… fichais un peu de ce que tu m’avais fait, Xena. Je ne pouvais juste pas supporter d’être seule. » Elle déglutit. « Je serais plutôt morte de tes mains que de vivre comme ça. »

Xena y réfléchit et posa sa tasse puis entoura sa compagne de ses bras et la serra. « Nous avons survécu toutes les deux », répondit-elle simplement.

« Mmhmm. » La barde acquiesça avec un soupir paisible. « Peut-être que d’être avec des gens qui s’aiment aidera Paladia… tu en penses quoi ? »

La guerrière réfléchit à la question, étudiant la femme renfrognée, regardant Cait qui traversait pour aller vers elle et s’installait pour monter la garde. « Ça ne peut pas faire de mal », finit-elle par décider. « C’est facile de tomber dans la colère et la haine quand ce sont les seules choses qu’on a connues. »

« Xena… » Gabrielle se tourna à demi et posa légèrement la main sur la poitrine de sa compagne, évitant les éraflures. « Elle a fait… d’autres choses à Ephiny. » La barde relâcha un souffle perplexe. « Et je ne… je ne pense pas… » Ses yeux verts recherchèrent les yeux bleus au-dessus d’elle. « Elle lui a donné un truc… comme Rurik allait me donner. » (NdlT : cf. La fin de l’hiver/Winter’s ending)

La guerrière se raidit et cligna des yeux avant de lancer un rapide coup d’œil de l’autre côté du feu, puis son regard revint sur Gabrielle. « Bon sang… je ne pensais pas… »

La barde continua. « Je pense… que c’est… j’ai fait une sorte de marché… j’ai dit à Paladia que je… prendrais la place d’Ephiny. »

Xena écarquilla les yeux.

« Ch… je savais que tu serais là à temps. » La barde mit le bout de son doigt sur les lèvres de sa compagne. « Mais… Eph a su… je présume que Paladia lui a dit… et… elle l’a attaquée. C’est pour ça qu’elle a été battue aussi sauvagement. » Elle pouvait sentir la tension dans le corps de Xena et elle prit une inspiration nerveuse. « Ecoute… je devais… elle était… vraiment très secouée, Xena… je ne pouvais pas la laisser… mais… »

« Gabrielle. » La guerrière relâcha un soupir explosif. « C’était une chose vraiment stupide à faire… »

« Non, ce n’est pas vrai ! » Contra la barde sans bouger d’un pouce. « Elle était en train d’être déchirée, Xena… je n’avais pas beaucoup d’options, et… »

« Ephiny est une adulte, Gabrielle », répliqua la guerrière. « Elle connaissait les risques… et elle a visiblement senti qu’elle était mieux placée pour les gérer… sinon elle n’aurait pas risqué sa vie pour te protéger de ça. »

« C’était mon choix », répliqua fermement la barde, en colère, puis elle s’arrêta, dans un questionnement soudain et surpris. « Hé. »

« Quoi ? » Aboya Xena, les sourcils froncés d’agacement.

Elle fut reçue avec un sourire brillant. « On se disputait. »

Une douzaine de battements de cœur pendant lesquels leurs respirations se mêlèrent et elles se regardèrent. Xena se gratta l’oreille et laissa à contrecoeur un sourire désabusé recourber ses lèvres. « Je présume que oui », répondit-elle d’un air penaud. « Je me demande comment c’est arrivé. »

Gabrielle se pencha en avant et l’embrassa, ignorant complètement le fait qu’elles étaient au milieu d’un campement affairé. « Tu as raison », concéda-t-elle quand elles se séparèrent. « C’était idiot de faire ça… et je vais tâcher de mieux réfléchir la prochaine fois. »

Xena choisit d’ignorer les regards et les sourires de l’autre côté du feu. « Tu as fait ce que tu pensais juste, ma barde. » Elle mordilla le bout du nez de Gabrielle. « C’était brave de ta part… tu ne pouvais pas prédire comment Ephiny allait réagir. »

Gabrielle se blottit plus fort et l’étreignit avec soin. « Je t’aime », murmura-t-elle doucement.

La guerrière sourit dans l’obscurité et lui caressa ses cheveux soyeux. « Je t’aime aussi », répondit-elle avec un soupir d’aise, fermant les yeux un moment. « Je dois aller voir Eph », dit-elle d’un ton exténué.

« Mmmhmm… » Gabrielle approuva, diminuant sa respiration et laissant ses doigts bouger dans un dessin subtil sur la peau de sa compagne. « Pony va me tuer pour l’avoir forcée à jouer le rôle de l’oreiller. »

« Nan », répondit Xena. « Elle adore ça. » La guerrière s’interrompit. « Mais je pense que tu devrais… » Elle hésita brièvement. « Laisser Eph et Pony parler de ce qui s’est passé avec… là-bas… avant de dire quoi que ce soit. »

« Ooh. » Gabrielle se rapprocha et sentit la tension commencer à s’éloigner du corps tendu de sa compagne. « Une suggestion sensible et attentive de ma guerrière plus rude qu’un chat sauvage… je défaille. »

« Tch. » Xena leva une paupière et la regarda. « Je suis aussi mauvaise que ça ? »

La barde lui sourit d’un air narquois. « Seulement quand tu es extrêmemnt frustrée et que tu insistes pour rester éveillée quand tu es épuisée et blessée. »

Xena ouvrit brusquement les yeux et cligna, puis elle soupira. « Démasquée, hein ? »

« Et comment », confirma la barde. « Ferme les yeux, tigresse. »

La guerrière obéit mais pas avant d’avoir doucement fermé les dents sur l’oreille de Gabrielle. « Grrrr. »

Arès dressa les oreilles et grogna à son tour, les faisant rire toutes les deux. Gabrielle nicha sa tête un peu plus sur la poitrine de sa compagne et soupira. « On dort plus confortablement sur toi que sur Flameball. »

Deux yeux bleus s’ouvrirent tout grand et s’arrondirent. « Quoi ? »

Gabrielle plongea d’une main dans son sac et en sortit un morceau de tissu usé puis le mit contre la poitrine de Xena avec un soupir satisfait.

La guerrière prit la peluche avec précaution et l’examina. « Oh… par Hadès… où est-ce que tu as eu ça ? » Sa voix portait une note de questionnement mélancolique. « Je ne l’ai plus vu depuis… wow. » Elle tressaillit en réalisant combien de temps ça faisait vraiment. « Très longtemps. »

« Ta mère l’avait… lui je veux dire », répondit Gabrielle dans un marmonnement étouffé. « J’avais oublié que je l’avais mis dans mon sac… j’ai dû inventer une histoire idiote pour expliquer à quoi il servait. » Elle entoura Xena de son bras, piégeant le dragon contre sa poitrine.

« Euh… Gabrielle ? » Xena s’éclaircit la voix.

La jeune femme ouvrit un œil et la regarda. « Oh. » Un rapide sourire. « Désolée… l’image… j’oubliais. » Elle mit le jouet usé contre sa propre épaule et replaça son bras. « Voilà. »

Xena ouvrit la bouche pour protester puis la referma, charmée par l’adorable vue de sa compagne endormie avec le jouet préféré de son enfance. Par Hadès. Elle laissa un sourire détendu se former sur son visage et s’appuya contre le rocher, essayant de garder les yeux ouverts.

Mais le doux rythme de la respiration de la barde et ses caresses hypnotiques vinrent à bout de ses meilleures intentions. Ses yeux se fermèrent contre sa volonté et elle ne put faire appel à l’energie pour les rouvrir tandis qu’elle glissait dans un endroit chaud et brumeux et que le campement disparaissait. « Non… non… » Elle se força à rouvrir les yeux en clignant.

« Xena. » La voix de Gabrielle était tranquille et très sérieuse. « Il faut que tu dormes, ok ? »

« Ce n’est pas sécurisé. » Elle secoua la tête faisant appel à ses réserves.

« Chh. » La barde commença un doux massage. « Arès et moi, on monte la garde… demain va être une longue journée, ok ? » Elle regarda les yeux bleus se refermer à nouveau. « C’est bien… allez maintenant… tout va bien se passer… allez… tu vas devoir prendre la tête demain en pleine forme, partenaire… ça ne marchera pas si tu ne dors pas ne serait-ce qu’un peu. »

Finalement, un hochement de tête approbateur. Gabrielle relâcha le souffle qu’elle avait retenu tandis qu’elle sentait que Xena se rendait à sa requête et laissait finalement le sommeil la gagner. Quelle entêtée… oh bon sang… ce n’est pas vrai. La barde leva les yeux et étudia le profil à peine éclairé. Pfiou. Elle laissa son attention divaguer sur les traits de son âme-sœur pendant un long moment puis elle tourna son attention au reste du campement.

Les Amazones étaient en train de se coucher, dans un cercle serré et protecteur autour d’Ephiny, qui dormait dans les bras d’Eponine. Paladia fixait le feu, ignorant Cait, qui s’était apparemment nommée toute seule gardienne. Kelten était toujours blotti au coin le plus éloigné du feu, sa fourrure salie presque de couleur cuivre dans la lumière vacillante.

Eponine regarda par-dessus le feu et croisa son regard, produisant un minuscule sourire. Gabrielle lui sourit à son tour, une oreille collée sur la musique des battements de cœur réguliers de Xena. Demain elles devaient être rentrées à la maison.

Ramener Ephiny à la maison.

Juger Paladia.

Elle se rendit compte qu’elle aurait à prendre la décision sur le destin de la jeune femme.

Les yeux verts fixèrent le feu pendant très, très longtemps.

A suivre - Partie 5

 

Publicité
Publicité
Commentaires
T
Les entrées de Xena sont toujours spectaculaire. J'ai bien aimé le retour des êtres de la forêt de manière inattendu. Quant à Paladia, je pense que Gabrielle a encore beaucoup de travail à faire avec elle. Eponine et Ephiny sont toujours aussi adorables ensemble.
Répondre
I
Le plan de sauvetage de Xena a été une nouvelle fois à la hauteur de ce que l'on pouvait attendre d'elle dans une histoire de Missy Good: Incroyable!!! LOL<br /> <br /> Merci Fryda pour ce délicieux moment!<br /> <br /> <br /> <br /> isis.
Répondre
G
Encore une fois, merci Fryda de nous permettre de profiter pleinement de cette nouvelle aventure de nos deux héroïnes préférées.
Répondre
Publicité