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Guerrière et Amazone
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  • Vous trouverez ici des Fans Fictions francophones et des traductions tournant autour de la série Xena la Guerrière. Consultez la rubrique "Marche à suivre" sur la gauche pour mieux utiliser le site :O) Bonne lecture !!
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Guerrière et Amazone
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17 février 2018

Le Festival, partie 6

Avertissement en 1ère partie


Le Festival – 6ème partie

Par Melissa Good

Traduction : Fryda (2017)


Leurs voix basses firent écho sur la pierre tandis qu’ils revenaient dans la salle principale. Gabrielle repéra son âme sœur appuyée contre le mur, les bras croisés et discutant avec Eponine et Ephiny. Elaini s’était installée dans une petite courbe sur le mur extérieur, ses fourrures étendues autour d’elle et les trois minuscules paquets installés à leur tête. La barde laissa son grand ami aller vers sa famille et elle continua à avancer, s’arrêtant pour prendre une poignée de fruits secs de la caisse dans laquelle ils avaient trouvé leur dîner.

De l’autre côté de la grotte, une Paladia à l’air grognon avait récupéré une couverture épaisse et était affalée sur une caisse près de la table où reposait Cait. La barde nota qu’il y avait des linges propres et soyeux sur la table et que la jeune Amazone endormie était bordée. Elle sourit pour elle-même tandis que l’ex-renégate ouvrait un œil, vérifiait sa compagne, puis le refermait avec un plissement de son nez.

« On dirait qu’ils ont pris les avant-postes existants », disait Ephiny lorsqu’elle arriva près d’elle. « Salauds… je ne peux pas croire qu’ils nous aient prises par surprise comme ça. » Elle semblait dégoûtée. « Peut-être qu’elle avait raison d’une certaine façon… à quoi est-ce qu’on pensait ? »

Xena secoua la tête. « Ne creuse pas ton propre trou, Eph… vous ne vous attendiez pas à des problèmes et elle avait les mots de passe… aucune raison pour vos sentinelles de soupçonner quoi que ce soit jusqu’à ce qu’elle les frappe. »

La régente ne parut pas s’apaiser.

« Ils ont probablement profité de ce que Pony n'était pas là », commenta Gabrielle, en donnant un léger coup à l’Amazone brune. « Et du festival… écoutez, parfois les choses arrivent simplement. » Elle rit doucement. « Je devrais le savoir, pas vrai ? » Elle mordilla un morceau de pomme séchée. « Reposons-nous un peu… demain nous trouverons un plan pour mettre tout le monde en sécurité. »

Ephiny soupira et se passa la main dans ses cheveux blonds frisés. « Oui… mais je pense surtout à toutes ces Amazones là-bas. »

Pony ricana doucement. « Oooouui… elles sont probablement assises à attendre tranquillement qu’on vienne les sauver. » Elle lança un regard connaisseur à Ephiny. « Et à prendre les paris sur le temps que ça va prendre. »

La régente pinça les lèvres en connaissance. « Très bien… comme ça je suis une mère poule. » Elle les regarda. « Après tout… ils sont… combien… cinquante, soixante types ? Bon sang qu’ils sont dans le pétrin. » Elle donna un coup du dos de sa main dans le ventre de Xena. « Ça m’en laisse quelques-uns, hein ? » Elle les dépassa et alla vers un trou entre les caisses, là où Pony avait rangé des paquets épais pour faire un petit nid. La maîtresse d’armes la suivit en silence et elles s’assirent ensemble, la tête blonde et la tête noire penchées dans une conversation paisible.

Des excuses, je présume… Xena rit puis elle regarda Gabrielle en haussant les sourcils. « On y va ? » Elle fit signe vers une courbe sombre dans la paroi de la caverne, qui cachait un tas de couvertures tissées et colorées qu’elle avait récupérées et placées pour faire un endroit confortable où s’allonger.

Avec un loup blotti exactement entre elles deux. Arès les regarda approcher et leva la tête, leur tirant sa langue rose et s’étirant dans un confort complet. « Hé ! » Xena mit les mains sur ses hanches et lui jeta un faux regard noir.

« Roo ? » Il renifla ses bottes.

Gabrielle rit et se laissa tomber près de lui, lui frottant la tête avec affection. « Tu as volé le lit de Mama, hein ? » Il roula sur le dos pour lui présenter son ventre qu’elle gratta avec vigueur.

Xena se laissa glisser le long de la paroi et se blottit sur son côté, laissant sa tête reposer sur son poing. « Bien sûr… bien sûr… tu es de son côté, hein ? Je vois où je me tiens, moi. »

Clignement d’un œil vert. « Tu t’allonges », lui rappela la barde pince-sans-rire et en soupirant. « Dieux, Xena… ça me tue de savoir que ces types ont nos affaires… mon journal. » Son visage se tendit dans un tressaillement profond.

La guerrière mit un doigt sur son nez. « Mon armure », rappela-t-elle à sa compagne. « Et le chakram. »

« Beuh. » Gabrielle se couvrit les yeux. « J’espère qu’ils ne vont pas essayer de l’utiliser. Ça pourrait devenir saignant. »

« Ça nous éviterait des problèmes », marmonna Xena. « J’espère qu’ils auront le bon sens de ne pas ennuyer Argo. » La jument entraînée pour les batailles ne se laisserait pas faire par une main étrangère et elle était très capable de se protéger avec des dents acérées et des sabots dangereux.

« Ça va aller pour elle », lui dit la barde d’un ton apaisant. « Est-ce que tu as déjà un plan ? »

Xena remua la main. « Il faut que je voie la situation au jour… un assaut frontal est hors de question… ils ont bien trop d’otages. C’est pareil si on veut les avoir un à la fois… je ne veux pas qu’elle commence à jeter des cadavres par le portail. » Elle vit le tressaillement. « Désolée. »

« Non non… tu as raison », murmura Gabrielle. « Alors il te faut être plus maligne qu’eux. »

La guerrière hésita puis hocha la tête. « Oui… c’est plus ou moins ça. »

La barde haussa les épaules. « Bon, je peux dormir tranquille alors. » Elle observa calmement sa compagne. « Quand tu le feras, je pense que la question ne sera pas ‘les Amazones vont-elles t’accepter’, mon amour. » Un sourire lui plissa le visage. « Ce sera plus quelque chose comme ‘voudras-tu bien honorer la Nation en la rejoignant ?’ »

« Gabrielle… » Xena se frotta les yeux. « Ce n’est pas ça… c’est un effort de groupe. Je ne suis pas… » Elle s’interrompit. « Pas… »

La barde la regardait simplement, un sourire connaisseur sur le visage.

Pas la clé de tout ça ? Ne sois pas idiote, Xena. Elle se moqua ironiquement d’elle-même. Bien sûr que tu l’es. « Je présume que ça veut dire que je n’aurai pas à me bagarrer avec Pony alors, hein ? » Marmonna-t-elle. « Je me disais bien que vous enlèveriez la seule partie amusante de ce truc. »

« Tch… aie pitié de la pauvre fille, Xe… elle a été frappée et capturée, ensuite elle doit vivre avec le fait que Paladia l’a sauvée, ensuite tu lui fiches une peur bleue et maintenant Eph et elle se disputent. Sois gentille. » Puis elle poussa doucement Arès sur le côté, ignorant son grondement et elle se blottit contre la grande femme avec un sentiment d’aise profond. Xena referma ses bras autour de la barde et Gabrielle se contenta de rester là un long moment, savourant la chaude et aimante sensation.

Dans ce coin sûr, elle se détendit et s’autorisa à penser à ce que Jessan lui avait dit.

Dans sa perspective à lui, elles étaient juste… différentes.

C’était peut-être vrai, songea Gabrielle. Mais alors, peut-être pas. Elle connaissait les chances. Elle connaissait la réalité de la vie et après tout, ça avait été son choix d’aller avec Toris. Mais…

Mais.

Aujourd’hui, pour la première fois vraiment, elle avait commencé à se sentir un tout petit peu différente. Ce n’était pas grand-chose, juste une sensation dans ses tripes de… et bien, une sorte de sentiment de plénitude. Un peu comme avant que ses règles commencent, mais sans la nervosité qui la tannait habituellement à cette période. La moitié du temps, elle pensait seulement l’imaginer et puis l’autre moitié du temps, elle était tellement sûre…

« Un dinar pour tes pensées ? » Une voix basse et vibrante lui chatouilla les oreilles.

Gabrielle ouvrit les yeux à contrecœur. « Humm… montre-moi le dinar », la taquina-t-elle. « On n’est jamais assez prudent avec les seigneurs de guerre cruels de votre espèce. »

Xena lui sourit, contente des moments de paix après toute cette journée longue, frustrante et d’anxiété. « Oh… tu sais bien qu’on est toujours après vous, les jeunes villageoises crédules. » Sa voix était chaude d’affection.

« Mm. » Gabrielle se blottit un peu plus avec un sourire. Elle relâcha un souffle en réfléchissant. Devait-elle livrer ses pensées à Xena ? Ou bien est-ce que la guerrière… Dieux, elle ne voulait pas que Xena pense qu’elle était obsédée par le sujet et sa compagne avait été visiblement déconfite par ce qu’elle avait dit sur le rôle que jouerait Xena dans l’existence de son… de leur enfant. Mais…

Mais. Demain elles allaient à nouveau affronter le danger et elle s’était juré qu’elle ne retiendrait plus jamais rien, qu’elle ne garderait pas ses pensées pour elle, attendant ‘le bon moment’ pour les énoncer, quand leurs vies étaient remplies de tellement de ‘mauvais moments’. Elle hocha un peu la tête pour elle-même et laissa ses doigts voyager paresseusement sur le corps puissant contre lequel elle était blottie. « C’est agréable de voir Jess », commença-t-elle, mettant ses pensées en place.

« Hmm ? Oh… » Xena ramena son attention de ses réflexions et posa sa joue sur les cheveux de la barde. « Bien sûr… Je ne pouvais pas y croire quand je les ai trouvés… » Elle hésita. « C’est gentil de leur part de penser à nous », continua-t-elle tranquillement.

« Oui… » Acquiesça Gabrielle, mêlant ses doigts à ceux de son âme sœur. « Tu sais… il a deviné que j’étais enceinte avant même que je lui dise… il était tellement mignon à voir. » Elle sentit la douce vibration contre elle quand Xena se mit à rire. « Je lui parlais du fait qu’on partageait des trucs. »

« Oh… je parie qu’il a ri… je me souviens des histoires qu’il a racontées au Solstice », commenta la guerrière avec un sourire.

La barde fit une pause en se mordillant la lèvre. « Et bien… en fait il était surpris. »

Xena garda le silence un long moment. « Ah oui ? » Il y avait de l’étonnement dans sa voix. « Je ne… »

Gabrielle se retourna et la regarda, absorbant la façon dont la faible lueur du feu glissait sur la peau de sa compagne. « Oui… il l’était, parce que… avec eux… ça n’arrive pas toujours. »

Des yeux bleus intelligents l’étudièrent. « Vraiment ? »

La barde leva la main, traçant les angles familiers de son visage et savourant le moment. « Non… ça… apparemment ça n’arrive que quand… ils sont tous les deux les parents des enfants. »

Xena resta quasiment immobile, seuls quelques minuscules mouvements de ses yeux dérangeaient sa posture, tandis qu’elle regardait Gabrielle, sa respiration soudainement instable. « Qu… quoi ? » Balbutia-t-elle doucement. « M… Gabrielle, ce n’est pas… »

Un doux soupir réchauffa la peau de la guerrière. « Je sais », reconnut Gabrielle. « Mais tu…. Je réfléchissais, Xena… tu sais, je fais ça parfois, je reste assise et j’essaie de mettre les pièces en place, de donner du sens aux choses… un peu comme tu le fais, sauf que je… »

Xena lui prit doucement la joue dans sa main, une expression tranquille de douleur sur le visage. « Gabrielle… je sais combien tu veux cela… mais je… » Elle laissa les mots disparaître.

« Xena… réponds à cette seule question », murmura Gabrielle. « Réponds juste à ça… si Dahak… pouvait utiliser l’essence pure du mal pour… créer… un enfant en moi… » Son seul monde fut les yeux bleus de Xena et elle laissa son cœur parcourir la petite distance entre elles. « Alors pourquoi est-ce que la force de notre amour ne pourrait pas en faire autant ? » Sa voix était devenue un murmure suppliant. « Le mal n’est pas plus fort que le bien, non ? »

La guerrière cligna des yeux, réellement ébahie.

Et tandis que les mots traînaient dans un silence qui portait des possibilités jamais entrevues, Xena sut que pour elle, pour elles, il n’y avait qu’une seule réponse à cette question.

A jamais.

« N… non, ça ne l’est pas », s’entendit-elle dire d’une voix rauque.

Les yeux de Gabrielle semblèrent s’allumer de l’intérieur. « Alors… tout est possible, pas vrai ? »

Est-ce que ça l’était ? Xena fut soudain consciente de sa respiration, de l’air qui entrait et sortait de ses poumons dans un flux presque palpable. Elle était une personne pratique et avait toujours maintenu que la seule chose dont une personne pouvait dépendre, vraiment, c’était ses propres capacités. Accepter ce que disait Gabrielle signifiait abandonner délibérément cette option et admettre la possibilité qu’il y avait des choses autour d’elle sur lesquelles elle n’avait aucun contrôle.

Des choses pour lesquelles elle devait juste avoir la foi. Et son esprit logique, malgré cela, plaçait la preuve évidente devant elle, construite sur la connaissance de combien la seule rencontre entre sa compagne et son frère, si près de ses règles, pouvait avoir donné ce résultat.

Et, incapable de s’en empêcher, elle ressentit dans son cœur, l’émerveillement et la magie d’une certaine nuit. Dans un certain arbre, quand elle avait expérimenté une connexion avec Gabrielle, si profonde que cela lui coupait le souffle de s’en souvenir.

Tout était-il possible, demandait la barde ? Elle aurait pu arguer du fait que Dahak n’était pas mortel.

Mais cela ouvrait des zones qu’aucune d’elles n’avait jamais mentionnées, concernant ce qu’être mortel était exactement, en relation avec les choses qu’elles avaient traversées. En relation à des zones auxquelles elle-même  préférait ne pas penser habituellement.

Tout était-il possible ?

« Je présume que oui », murmura-t-elle d’un ton inquisiteur. Elles ne le sauraient jamais, d’une façon ou d’une autre, mais ça ne faisait pas de mal de laisser Gabrielle le croire, n’est-ce pas ? De se laisser aller à des vœux nostalgiques ? Elle essaya cette idée et sentit un bonheur tranquille la remplir. Non. Ça ne faisait pas de mal.

« Ça fait du bien, non ? » Les doigts de Gabrielle caressaient sa joue. « De simplement le penser ? »

Xena se laissa aller dans le contact et hocha la tête en silence, tandis qu’un sourire se frayait un chemin sur ses lèvres.

Leurs fronts se touchaient et elles respirèrent leur air dans un silence satisfait.

« C’est juste entre nous, d’accord ? » Gabrielle effleura les lèvres de sa compagne des siennes. « Ça va être trop compliqué sinon. »

Compliqué. Xena faillit se mettre à rire à l’euphémisme de son âme sœur. « Oh oui. » Elle lui rendit son baiser, sans se préoccuper qu’elles fussent sur le sol dur et rocailleux d’une grotte poussiéreuse, au milieu du territoire Amazone assiégé.

Il serait assez tôt demain pour s’inquiéter de ça. Là maintenant, on était à des marques de chandelle de l’aube qu’elles pouvaient passer en silence, dans un émerveillement joyeux et elle n’allait pas gâcher ce moment.


Les braises restantes luisaient faiblement, envoyant de minuscules rais de lumière sur le sol. Dehors il faisait toujours nuit, dans la tranquillité de l’heure qui précède l’aube. Même les crickets dormaient, la rosée luisant sur leur dos vert foncé et coulant sur l’herbe crue et épaisse sur laquelle ils reposaient.

Arès était blotti sur les couvertures que la Cheffe avait mises là, son dos pressé contre les genoux de Xena tandis que la guerrière était blottie sur le côté, Gabrielle fermement enroulée entre ses bras. Les deux femmes dormaient, mais pas le loup. Il bougea les oreilles, puis à nouveau, détectant un léger bruit de frottement.

Instantanément, il leva la tête, ses yeux jaunes s’écarquillant, leur couleur disparaissant presque tandis que les pupilles se dilataient pour saisir toute la lumière. Il leva son museau, reniflant délicatement et il détecta plusieurs odeurs bizarres qui entouraient la grotte.

De la nourriture bien sûr, la soupe de la nuit dernière dont la Cheffe lui avait donné une grande portion. La senteur bizarre et musquée des grands êtres. La senteur suspecte des Amazones. L’odeur réconfortante et familière de sa meute.

Le son à nouveau, plus près. Arès dressa les oreilles. Le frottement hésita et il renifla plus fort, mais le courant d’air passait au-dessus de lui et il ne pouvait sentir que sa famille. Un glissement, des poils contre la roche, et il baissa alors la tête et son poil s’ébouriffa, ses lèvres fines et sombres s’écartant sur ses canines imposantes.

Il grogna.

Un visage minuscule et pelucheux émergea devant lui et grogna à son tour, ses crocs luisants.

Les deux carnivores se fixèrent l’un l’autre.

Arès jappa et recula en se tortillant, cognant le corps de Xena, et à moitié écrasé quand la grande guerrière réagit dans un instinct brumeux, une main vers son épée tandis qu’elle roulait pour se mettre à genoux et s’accroupir, ses sens prêts pour un ennemi.

Leur adversaire gloussa.

Xena laissa retomber son épée et lança un regard noir au loup craintif. « Bon sang, Arès ! » Elle baissa les yeux tandis qu’une Gabrielle endormie passait la tête sous son bras et regardait dans la lueur.

« Oooh… » Elle rampa vers l’avant et se mit sur le ventre. « Salut toi… » Elle remua un doigt dans la direction du bébé qui l’attrapa, le tenant avec une force surprenante. « Je pense que c’est ta petite homonyme, Xena. » La barde gloussa.

Xena retomba sur les couvertures et roula sur le dos, laissant son épée sur le sol rocailleux. « Génial. » Elle étouffa un bâillement. « Heureusement que j’ai regardé avant de frapper, pas vrai ? »

« Tch. » Gabrielle la réprimanda. « Viens par ici ma chérie. » Elle prit l’enfant et la serra contre elle, lui chatouillant le ventre d’un doigt. « Tu es venue nous réveiller ? »

« Bck. » Le nourrisson lui passa une langue rose. « Caca ! » Elle remua un bras vers un Arès au regard noir qui se cachait derrière les jambes de Xena.

« Non… non… ma chérie, ce n’est pas caca, c’est un loup. » Gabrielle gloussa. « Tu ne peux pas jouer avec lui… il n’aime pas ça. » Elle se pencha un peu plus vers le bébé. « Il pense qu’il est tellement coriace. » Un tout petit poing attrapa une mèche de cheveux clairs et tira. « Hé ! » Elle ravala un cri.

Xena sourit en regardant son âme sœur bien-aimée faire la grimace, ses doigts tentant de se libérer. Elle renifla paresseusement l’air qui soufflait depuis l’entrée et détecta l’odeur lourde de la pluie. Oh bon. Elle caressa Arès d’une main. J’aime bien la boue. « Tu as faim ? »

Gabrielle lui lança un regard ironique. « Nan. » Elle leva les yeux au ciel tout en libérant ses cheveux et elle chatouilla le museau du bébé avec une mèche. Elle soupira. « Bien sûr que j’ai faim… Xena, où tu vas ? »

La guerrière s’était mise debout et s’étirait. « Je vais sortir et faire une surprise à un poisson qui ne se doute de rien et que j’ai l’intention de rapporter ici pour le petit déjeuner », dit-elle fermement à la barde. « Ça t’ennuierait de relancer un peu le feu et de réveiller tout le monde ? »

Ça m’ennuierait ? Gabrielle fut un peu surprise de la tournure. « Bien sûr que non… mais, dieux, Xena… il pleut là-dehors… tu n’as pas à aller pêcher… on peut trouver des choses ici. » Elle se mit debout avec prudence, la petite Xena toujours dans ses bras. « Je me sentirais bien mieux si tu restais là… on sera bien assez tôt dehors. »

Xena l’observa en silence puis acquiesça avec un signe de tête. « Très bien », accepta-t-elle d’une voix neutre. « Tu me la passes ? » Elle tendit les bras et accepta le tout petit paquet que son âme sœur un peu surprise lui tendit. « Hé… » Elle berça la boule de poils et lui chatouilla les pieds.

Le bébé gloussa doucement, s’accrochant à sa combinaison en cuir. « Allons, ma jolie… je te rapporte à ta maman avant que tu ne lui manques, d’accord ? » Xena la regarda, souriant à son museau plat et plissé et à ses jolies oreilles roses. Elle continua à murmurer tout en allant à pas lents vers le coin où le reste de sa famille se trouvait, toujours endormie.

Gabrielle relâcha un soupir qu’elle ne réalisa qu’à demi avoir retenu et elle secoua la tête de confusion. Puis un sourire joyeux passa sur ses lèvres. Elle va être une mère formidable. La barde s’étira puis se dirigea vers le feu, faisant un détour par le coin dans lequel Ephiny et Eponine s’étaient blotties. Bien qu’elle soit silencieuse, les yeux des deux femmes étaient ouverts et clignaient lorsqu’elle les atteignit et elle leur sourit. « Bonjour. »

Ephiny referma à demi ses yeux. « Ça l’est ? Qui peut le dire. » Mais elle bâilla et remua. « Je ne me souviens pas de toi comme une personne matinale, Gabrielle. »

La barde rit. « Je ne l’étais pas, non… mais j’ai eu une bonne influence sur mes habitudes paresseuses. » Elle s’accroupit et leur sourit. « Il fait toujours noir là dehors… mais je sais qu’il faut qu’on aille voir ce qui se passe… vous me donnez un coup de main pour le petit déjeuner ? »

Avec un bon grognement, elles le firent.

La pluie avait diminué, mais ne s’était pas arrêtée tandis qu’elles se préparaient, la lueur terne de l’extérieur à peine brisée par la faible lumière de l’aube naissante. Xena serra les attaches de sa combinaison et attendit, tandis que les Amazones chargeaient des arbalètes avec soin. Elaini vint vers elle et observa son mari qui se mettait debout tout près.

« Ecoute… je vais rester ici pour surveiller tout ça… me battre dans la boue n’est pas ma tasse de thé pour m’amuser. » Une pause. « Pas comme d’autres que je connais. »

Jessan regarda autour de lui, ses yeux dorés prenant un air innocemment insulté. « Moi ? »

Xena rit. « Très bien… J’ai changé le bandage de Cait… elle pourrait apprécier de la soupe si tu arrives à lui faire avaler. » Elle regarda Paladia qui se retournait, ses cheveux clairs et lisses obscurcissant à moitié ses yeux.

« Je peux venir ? » Demanda franchement l’ex-renégate tandis qu’Eponine et Ephiny les rejoignaient.

Les deux Amazones la regardèrent fraîchement et leurs doigts se resserrèrent inconsciemment sur leurs armes.

Paladia le remarqua et tourna son attention vers Xena. « Je peux lancer des pierres. »

La guerrière réfléchit, tranquillement consciente du toucher confiant sur son dos, qui lui réchauffa la peau même à travers sa combinaison. Elle avait vu la grande femme blonde apporter de l’eau fraîche à Cait sans même qu’on lui demande et toutes les deux avaient été dans une conversation profonde pendant longtemps, les deux têtes claires penchées, Paladia au-dessus de la table pour entendre la voix faible de la jeune fille.

« Bien sûr », décida-t-elle, ignorant le regard acéré qu’elle reçut d’Eponine, écoutant plutôt sa voix intérieure. « Cait va être jalouse. »

La jeune femme recourba les lèvres, mais elle garda le silence.

Xena prit une inspiration et plia les mains, ses yeux se portant sur son âme sœur tandis qu’elle se tournait vers l’entrée. Gabrielle portait son bâton et arborait une expression calme et sérieuse sur le visage. Pendant un long instant, Xena souhaita avoir le cran d’ordonner à la barde de rester ici, en sécurité dans la grotte avec une Elaini patiente et les enfants, mais elle décida de s’épargner de la salive à essayer. « On est prêts ? »

Gabrielle leva une main de son bâton et tapota le côté de sa compagne. « Prends la tête, yeux bleus. » Elle lui lança un regard affectueux. « En avant dans la boue. » Elle se tourna à demi. « Arès, tu restes ici, d’accord ? Prends soin de nos amis. »

Le loup lui lança un regard mauvais et frustré, mais il s’assit, enroulant sa queue autour de ses pattes dans une irritation évidente.

Le visage de Xena se détendit momentanément dans un sourire, puis elle sortit, testant le vent de ses oreilles sensibles avant d’autoriser le reste du groupe à sortir derrière elle. La pluie froide la frappa, mais elle l’ignora, s’éloignant de la paroi rocheuse dans l’obscurité. Elle était consciente de la présence proche de Jessan derrière elle et de celle de Gabrielle qui marchait près d’elle et un frisson familier d’anticipation fit dresser les poils sur sa nuque.

Ils traversèrent la forêt, six silhouettes silencieuses qui prenaient avantage des ombres et ils marchèrent d’un bon pas jusqu’à ce qu’ils atteignent le premier avant-poste. Xena leva une main et ils s’arrêtèrent. « Restez ici », dit-elle doucement sans murmurer. Sa voix résonnait étrangement comme le grondement du tonnerre qui roulait au-dessus d’eux.

« Sûrement pas. » Plusieurs voix la contredirent fermement.

« S’il vous plaît », interjeta Gabrielle. « Faites ce qu’elle dit. » La voix de la barde sonna très sérieuse. « C’est dangereux et il faut que vous écoutiez Xena. Discutez plus tard. » Une leçon apprise de la plus dure des façons.

Un silence obstiné lui répondit. La barde soupira intérieurement. « Le premier qui essaie de la suivre va sentir mon bâton sur ses fesses », avertit-elle, entendant la légère inspiration du rire quasiment inaudible de Xena.

Un toucher sur ses cheveux, une main chaude sur le côté de son visage, puis la guerrière disparut dans la brume comme un spectre d’Hadès. Ils s’installèrent pour attendre, la pluie coulant à travers les feuilles pour courir le long de leur peau.

Xena avança et attrapa une branche pour se hisser dessus, puis elle rampa vers l’avant-poste et elle s’aplatit, tandis qu’elle observait l’activité sous elle. Malgré la pluie et l’heure matinale, les sentinelles étaient actives et il y avait un air évident de tension parmi elles. Ils avaient installé du treillis comme barricade pour les flèches éventuelles et ils regardaient vers la forêt, les mains serrées nerveusement sur leurs armes.

Hmm. La guerrière posa le menton sur un avant-bras et croisa les chevilles. Je pense qu’ils se sont rendu compte qu’il y avait quelque chose de méchant par ici. Un éclair de dents blanches tandis qu’elle souriait. Expérimentalement, elle arracha une noix de la branche sur laquelle elle était allongée et elle la lâcha dans le feuillage. La noix fit un léger bruit sourd et attira six paires d’yeux tendues et trois flèches qui partirent dans les feuilles. Oh oui… je suis désolée s’il y avait un écureuil par là. Elle dressa les oreilles.

« T’as entendu ça ? » L’homme courtaud aux cheveux noirs murmura. « Tu penses que t’l’as touché ? »

Un homme blond et fin au visage sale renifla et cracha dans le buisson. « Par Hadès, j’sais pas. » Il jeta prudemment un coup d’œil. « Foutue garce si elle vient ici et qu’elle nous fout la trouille à mort. »

Un homme plus âgé à la peau foncée arma prudemment son arbalète. « Ne jure pas… si c’est vraiment Xena là dehors, je préfère le savoir. » Sa voix était faiblement familière à la guerrière en observation et elle commença à trier ses souvenirs pour trouver qui. « J’espère que son plan va marcher ou on va tous payer pour ça. »

L’homme blond se gratta le menton. « T’as vu ce qu’elle a fait à ces trois Amazones ? Mec… c’était saignant. »

La bonne humeur de Xena disparut.

L’homme basané haussa les épaules. « Ça lui a pas servi à  grand-chose. Ces femmes ne lui ont pas dit un mot… J’pense qu’elle continue à les fouetter parce qu’elle aime ça. » Il regarda à nouveau dans l’obscurité. « Ces Amazones sont plus coriaces que des pantalons en cuir. »

Le petit homme ricana. « Tu penses qu’on aura une chance de les essayer ? »

Il eut un ricanement en retour. « T’es taré ? Tu veux perdre tes attributs de mec, espèce d’idiot ? » Le bruit d’un poing qui frappe la chair parvint faiblement aux oreilles de la guerrière. « Ce sont pas des putes communes… ce sont des emplumées dangereuses… c’t’une bonne chose qu’on ait pris la drogue avec nous, ou on n’arriverait jamais à rien avec elles. »

Xena en avait assez entendu. Elle débattit tranquillement avec elle puis elle prit une inspiration et ramassa son corps, relâchant la branche avant de sauter en avant comme un grand félin couvert de cuir.

Ils n’eurent pas le temps de voir ce qui les frappait. Juste une ombre hideusement puissante avec des griffes qui s’agrippèrent à leurs corps et des marteaux qui les cognèrent, brisant les os, finissant par le craquement affreux des vertèbres qui se brisaient dans la lueur sombre. C’était silencieux et ils moururent terrifiés, sans même la faible lumière de l’aube sur l’acier pour éclairer leur attaquant, humain ou quoi que ce soit d’autre.

Xena se mit debout, entourée de corps au sol et elle les observa froidement. La pluie la battait et elle secoua la tête pour écarter ses cheveux mouillés de ses yeux. La rivière passait tout près, plus un courant en fait, et elle prit une rapide décision.

Le tonnerre couvrit le bruit des éclaboussures tandis qu’elle jetait les cadavres dans l’eau qui coulait rapidement et elle regarda sans émotion, le flot les emporter. Puis elle se retourna et remit l’avant-poste en ordre, installant les armes avec soin et prudence avant de remettre le treillis en place.

Un léger sourire passa sur ses lèvres.

Gabrielle courba les épaules en souhaitant que la pluie ne lui coule pas dans le dos et elle soupira. On était après l’aube, mais on ne pouvait pas le dire parce que les nuages étaient si sombres, seules les lueurs les plus claires peignaient leurs traits de légères bandes argentées. Elle relâcha le souffle qu’elle avait retenu tandis qu’elle sentait Xena approcher et elle sourit un peu lorsque l’obscurité bougea soudain puis se transforma en silhouette de la grande forme musclée de sa compagne.

Xena s’approcha d’eux, une énergie froide et nerveuse émanant d’elle. « Me suis occupée de l’avant-poste. » Sa voix contenait une colère basse et féroce. « Eph… ils savent qu’on est ici. » Inconsciemment, elle écarta un bras et l’installa autour de la barde pour la rapprocher.

La régente s’avança. « On s’en est doutés », répondit-elle d’un ton tranquille, ses yeux à la recherche du visage sombre de Xena.

La guerrière prit un temps. « Il y a eu… des trucs moches là-bas. » Gabrielle leva les yeux à ces mots, son visage tendu tandis qu’elle posait sa main chaude sur l’estomac de Xena. « Elle voulait de l’information qu’elle n’a pas eue », termina la grande femme très tranquillement.

Un silence sinistre tomba. Jessan recourba ses lèvres, exposant ses crocs.

« Venez, on y va », finit par dire Xena. « Je veux me rapprocher et voir par moi-même ce qui se passe. » Elle se sépara à contrecœur de la chaleur de Gabrielle et repartit vers le village.

Ils la suivirent, les yeux allant vers l’avant-poste silencieux et vide tandis qu’ils passaient tout près.

Personne ne posa de questions.


Ephiny leva la main pour les arrêter tandis qu’elle regardait au loin dans la brume. « Attendez… il y a un autre avant-poste juste derrière ce grand arbre. »

Xena prit une inspiration et s’avança, puis elle se sentit arrêtée par une main poilue.

« Oui oui oui… c’est mon tour », objecta Jessan en refermant ses doigts griffus autour des attaches de sa combinaison en cuir pour la tirer en arrière. « Tu ne vas pas être la seule à t’amuser. »

La guerrière le regarda pour protester puis elle laissa tomber, tandis que le grand être de la forêt remuait un doigt devant son visage. « Mais dépêche-toi alors », marmonna-t-elle en s’appuyant contre un arbre proche. Elles regardèrent Jessan se glisser vers l’avant, étonnamment silencieux pour un homme aussi grand. Son pelage, tacheté par la maigre lumière, semblait faire partie du paysage tandis qu’il bougeait à travers les buissons vers le toit dégoulinant du petit avant-poste.

Gabrielle serra un peu plus fort son bâton, qui devenait glissant sous la pluie. Elle s’appuya dessus puis leva les yeux, surprise tandis que les bras de Xena la capturaient par-derrière et qu’elle se retrouvait attirée contre le corps de sa compagne. « Mm. » Elle sourit d’appréciation de la chaleur et se laissa aller contre la guerrière, qui glissa ses bras autour de son ventre et posa le menton sur la tête de la barde.

C’était un peu surprenant, mais elle n’allait pas se plaindre. La pluie la refroidissait et c’était infiniment plus plaisant d’être contre le corps chaud de Xena. Elle saisit le regard amusé d’Ephiny et tira la langue tandis qu’elles attendaient.

Jessan s’arrêta à l’entrée de l’avant-poste et resta immobile. On pouvait entendre le crépitement de la pluie sur les feuilles puis des bribes de mots et des bruissements tandis que les hommes de garde bougeaient dans leur cache.

Inconscients, deux hommes bougèrent un toit en chaume et regardèrent dehors, scrutant la forêt environnante avec soin et ratant l’homme de deux mètres et plus, poilu, qui se tenait juste devant leur avant-poste. Ils se levèrent et le dépassèrent de deux pas, toujours scrutant les arbres nerveusement.

Jessan tendit la main et les tapota sur l’épaule.

Ils se retournèrent et il ouvrit pleinement la mâchoire, montrant chacune de ses dents acérées et blanches, étendant les bras, griffes sorties. Un rugissement profond explosa de sa poitrine tandis que les deux hommes sursautaient de choc, puis trébuchaient, s’évanouissant de pure frayeur.

Jessan s’arrêta au milieu d’un saut et laissa tomber ses mains sur ses hanches, clignant des yeux dans une stupeur totale. « C’était quoi ça ? » Demanda-t-il d’un ton plaintif puis il leva les bras et étendit ses mains, paumes au-dessus. « Xeeeeeennnnnaaaa ? ? ? »

La guerrière le gratifia d’un rire ironique tandis qu’elle relâchait la barde qui regardait d’un air ahuri et elle s’avança, examinant ses victimes en secouant la tête. « Pony… tu as de la corde ? » Elle hésitait à les garder en vie, mais la pensée de tuer deux hommes inconscients… même sa sensibilité endurcie par les batailles flanchait. « Allez… Eph, est-ce qu’il y a encore de ces avant-postes entre ici et le village ? »

La régente s’avança, vérifiant l’avant-poste maintenant vide. « Non… pas de ce côté… si nous grimpons cette pente là-bas, nous aurons une bonne vue sur la zone centrale. » Elle regarda la colline en question. « J’allais faire faucher ses buissons juste après le festival… c’est un trop bon endroit pour se cacher. »

« Joli timing. » Gabrielle lui tapota le dos.

Ils laissèrent les hommes attachés et bâillonnés derrière eux, Eponine s’assurant pleinement qu’ils n’allaient pas bouger en liant les cordes autour de leurs poignets, attachés dans leur dos, à leurs attributs virils. « Les mecs. » Elle se brossa les mains avec efficacité. « Ils ont bien trop de faiblesses. »

« Hé. » Jessan fronça les sourcils, offensé.

« Toi tu ne comptes pas », répondirent Ephiny et Eponine en chœur tandis qu’elles le dépassaient et commençaient à grimper la crête.

Xena et Gabrielle échangèrent un regard amusé puis elles contournèrent les deux hommes et les suivirent. Paladia resta immobile et regarda les prisonniers puis elle rit doucement et secoua la tête avant de les suivre également.

Ephiny atteignit le haut de la crête la première et se laissa tomber à plat ventre, avançant lentement et avec prudence sous les feuilles épaisses tout en observant le village en contrebas.

Xena, en entendant son juron virulent, se mit également à plat ventre sur l’herbe et rampa rapidement vers l’avant, pour finir épaule contre épaule avec la régente, dont le corps était tendu de colère. « Bon sang. » La guerrière ferma brièvement les yeux puis regarda derrière elle tandis que le bras de Gabrielle se pressait contre le sien. « Gab… »

Gabrielle cligna des yeux tandis qu’elle tentait de rendre l’entrée du village conforme à son souvenir. L’ouverture avait été barrée par des chariots retournés et était fortifiée de diverses pièces de bois arrachées en hâte des cabanes. Sur le dessus de la barricade, elle pouvait voir une plate-forme, faite de quelques planches de bois posées sur deux tables, avec trois formes ensanglantées et effondrées qui y étaient attachées. « Qu… »

Paladia relâcha un juron de surprise, ses yeux gris écarquillés. « Bon sang… quelle garce. »

Ephiny laissa sa tête retomber sur son avant-bras et Eponine posa une main sur son épaule.

Xena sentit une froideur s’installer en elle tandis qu’elle évaluait la situation. Il y avait deux ou trois gardes autour des femmes battues, qu’elle reconnut être Solari, Ménelda et la jeune fille que Gabrielle avait battue dans son deuxième combat au bâton. « Très bien », dit-elle tranquillement, mettant de côté la colère qu’elle pouvait ressentir autour d’elle. « Nous ferions mieux de partir et de voir si nous pouvons nous rapprocher par l’arrière, près de la rivière. »

Des bruits de pas l’interrompirent et elle jeta un coup d’œil pour voir Arella apparaître à la barricade, qui regarda vers la forêt avec ce que Xena reconnut être de l’appréhension. La guerrière laissa un sourire grimaçant passer sur ses lèvres. Alors… tu te souviens de moi, hein ? La grande Amazone n’avait pas beaucoup changé… Xena pouvait voir son air arrogant même de là où elle était, bien qu’elle portât une armure épaisse en cuir, qui la faisait plus ressembler à ses hommes qu’à une Amazone.

Arella se retourna, tendit la main et prit un mégaphone en cuir, utilisé par les maîtres à l’entraînement sur le terrain. Elle le porta à ses lèvres. « Très bien ! » Sa voix fit écho à travers la pluie et fit plisser les yeux à Xena.

« Je sais que vous êtes là… alors écoutez. Si je n’ai pas Ephiny et la petite chérie Gabrielle ici avant midi, des cadavres vont commencer à s’empiler devant les portes. Je vais commencer avec ces trois-là et faire monter le tas à mon rythme. » Elle fit une pause. « Ou bien le faire baisser… il y a pas mal de petites gamines délurées ici qui commencent à me taper sur les nerfs. »

« Tu penses qu’elle sait vraiment qu’on est là ? » Murmura doucement Gabrielle à sa compagne.

« Mm…. Probablement pas… elle va répéter ça pendant plusieurs marques de chandelles… elle se dit qu’on finira par l’entendre », répondit Xena.

« Midi », répéta Arella puis elle jeta le mégaphone et s’éloigna, s’abaissant sous les barricades avant de disparaître.

Ils se regardèrent. « Elle va le faire », commenta Eponine, son visage figé tel un masque.

« Garce… j’aurais dû la finir… » Siffla Ephiny, ses doigts serrant l’herbe. « J’aurais dû lui couper les mains. »

Jessan mit son menton rond sur un poing et cligna des yeux. « Xena ? »

« Mm ? » La guerrière tourna la tête et le regarda.

« Je pense que je viens de réaliser que dans ton espèce, les femelles sont bien plus mauvaises que les gars », commenta l’être de la forêt pensivement. « Il faut que je m’en souvienne. »

Xena ricana doucement. « Merci… » Elle retourna le regard vers les barricades. « Très bien… il faut qu’on trouve un autre moyen d’entrer… un assaut frontal fera bien trop de victimes. »

Paladia haussa les épaules. « Ils le méritent. »

« Elle parle des Amazones », l’informa Gabrielle à voix basse.

« Oh. » L’ex-renégate fit marche arrière. « Est-ce que c’est celle avec toi, et le truc de la flèche… et tout et tout ? »

La barde hocha la tête. « Oui. »

« Garce. »

Un haussement de sourcil blond. « Oui. » Gabrielle se tourna vers sa grande compagne. « Qu’est-ce qu’on fait ? » Elle regarda par-dessus la crête. « Nous n’avons pas beaucoup de temps… parce que je ne vais laisser personne mourir comme ça. » Son regard croisa celui d’Ephiny. La régente hocha la tête. « Il faut qu’on descende. »

« Sûrement pas. » La voix de Xena tomba d’une octave. « Ne sois pas idiote, Gabrielle. »

Les yeux verts brillèrent de colère.

« Vous descendez et ensuite ? » Continua la guerrière, ignorant les autres et se concentrant sur son âme sœur entêtée. « Tu penses que ça l’empêchera de tuer des gens ? »

« Oui », répliqua la barde. « C’est ce qu’elle demande. »

« Et quand elle mettra une épée sur ta gorge, tu feras quoi ? » Répondit Xena d’un ton cinglant.

« Elle ne le fera pas », répondit Gabrielle tranquillement. « Nous sommes son ticket pour partir d’ici… elle sait que tu ne l’attaqueras pas si elle m’a. » Une pause. « Vivante. »

Xena écarta les narines. « Je ne vais pas prendre ce risque. » Un grondement dans la voix. « Je vais y aller et tuer chacun d’eux à mains nues avant. »

Un petit silence descendit tandis qu’ils se rendaient compte que Xena le pensait vraiment et que la guerrière n’allait pas reculer, pas même devant la volonté féroce de sa jeune compagne.

Gabrielle inspira. « Alors nous ferions mieux de trouver un autre moyen », murmura-t-elle. « Avant de tester cette théorie. »

Xena écarta le regard du visage grimaçant de la barde et retourna son attention sur le village. « Ephiny, le village est sur une légère montée, pas vrai ? »

La régente s’éclaircit nerveusement la gorge. « Plutôt une pente, en fait… descendant vers la rivière d’un côté et avec cette crête de ce côté-ci… Ils ont probablement bloqué les espaces entre les sections. » Son regard passait incessamment d’une Amazone blessée à l’autre.

La guerrière hocha lentement la tête. « Très bien… vu l’endroit où sont les gardes… ils ont dû confiner tout le monde dans la salle à manger… vous avez des caves là-dessous, oui ? »

Maintenant tout le monde la regardait. « Oui… » Ephiny acquiesça. « Et ? »

« Contournons la pente de l’autre côté, là… » Xena n’expliqua rien. « Venez. »


Eponine resta près de l’épaule d’Ephiny tandis qu’elles se frayaient un chemin autour du village assiégé, où elles pouvaient voir les têtes casquées et les yeux prudents qui étudiaient le feuillage épais. « Tu vas bien ? »Finit-elle par marmonner à voix très basse.

Un clignement des yeux noisette. « Non. »

La maîtresse d’armes lui frotta le dos avec une gentillesse embarrassée. « Ça va aller. » Elle regarda furtivement vers l’avant, là où Gabrielle se tenait très grimaçante et proche de sa compagne. « Je… je sais que c’est un peu discutable… mais… je… pense que Xena a raison. C’est cinglé que vous y alliez. »

Ephiny la regarda puis soupira et carra les épaules. « Gabrielle marque un point… c’est une sécurité pour Arella. »

Eponine referma sa main autour du bras d’Ephiny, la faisant s’arrêter. « Oui, elle marque un point. » Les yeux couleur caramel étaient très sérieux. « Je ne veux pas te voir suspendue à ce portail. »

La régente soupira et leva la main pour couvrir la sienne. « Je ne peux pas la laisser y aller seule », répondit-elle simplement. « Espérons juste que quoi que Xena ait en tête, ça marche. » Elles rampèrent et arrivèrent sur une douce crête boueuse, qui s’élevait au dessus de la rive sablonneuse de la rivière, et elles s'étendirent devant la tête poilue de Jessan. Ça leur bloquait la vue, mais pour la même raison, ça les rendait invisibles et ils se réunirent autour, regardant la boue en silence.

« On est loin ? » Demanda Xena, tranquillement.

Jessan se mit debout et attrapa les bords des buissons épais sur le dessus de la pente, se soulevant pour observer par-dessus. Il sursauta légèrement puis se laissa retomber. « Ouaouh… » Sa voix n’était plus qu’un murmure. « Les murs sont là… je peux voir des bouts de flèches d’arbalète à travers la palissade. »

Xena se mit debout à son tour, se redressant contre la boue, passant sa tête sombre avec précautions à travers l’herbe. Effectivement, les murs du village se trouvaient à quelques mètres d’eux et elle pouvait repérer les murs de la salle à manger juste derrière. Des soldats étaient alignés le long des murs, protégés d’une attaque et observant avec vivacité l’espace entre les murs et les arbres. Ils ne soupçonnaient pas, elle s’en rendit compte, que les buissons couvraient les rigoles, là où la rivière avait transpercé les rives ; ils présumaient que le sol allait jusqu’au bord de l’eau et les alerterait amplement si quelqu’un venait de là.

Elle se laissa tomber, satisfaite. La pluie s’intensifiait et la boue coulait sur elle dans une trace de rouge et de marron tandis qu’elle se tenait debout, la tête en arrière, laissant l’eau froide la recentrer et concentrer son énergie. Après un moment, elle se redressa et mit les mains sur ses hanches. « Très bien. » Elle regarda autour d’elle. « Trouvez des pierres plates. »

Gabrielle s’avança et mit les mains sur la poitrine de la guerrière. « Xena, qu’est-ce qui se passe ? » Le regard de la barde croisa le sien avec une insistance tranquille. « C’est quoi le plan ? »

Xena fit un geste de la main vers la rive. « On va creuser. »

« Creuser ? » Eponine mit un doigt sur la surface épaisse et friable. « Vers où ? »

La guerrière sourit. « Directement dans la cave. » Elle frappa du poing contre la terre.


Ce plan était vraiment malin, se dit Gabrielle tandis qu’elle creusait l’argile devenue boue, la repoussant hors de ses yeux pour la énième fois. Pas confortable… pas facile… les Amazones étaient couvertes, de la tête aux pieds, de morceaux de truc rouge et Jessan ressemblait à un monstre ambulant, son épaisse fourrure ébouriffée. Mais malin, et après tout, vu que Xena creusait aussi, ils ne pouvaient pas dire grand-chose.

Ils avaient réussi à faire une indentation de la taille d’une personne dans la rive et étaient maintenant à environ cinq mètres dans le tunnel. Gabrielle estimait qu’il faudrait encore une marque de chandelle ou deux avant qu’ils soient sous la barrière elle-même, ensuite… elle se mâchouilla la lèvre et regarda le soleil. Ils n’allaient pas réussir avant le délai imparti.

Une main toucha son bras et elle sursauta hors de ses pensées, pour voir les yeux bleus clairs de sa compagne qui la regardaient, ressortant d’un visage couvert de saleté. « Oh… désolée… je… »

« Pensais que nous allions manquer de temps », finit Xena pour elle, tranquillement.

Gabrielle relâcha un souffle et l’étudia. « Quelque chose comme ça oui. » Elle tendit la main et attrapa la combinaison de Xena tandis que celle-ci se retournait pour redoubler d’efforts et elle la retint. « Attends… » Elles se regardèrent. « Xena… ça ne va plus être long… nous avons presque fini ici… je peux la distraire pendant une marque de chandelle ou deux… c’est tout ce qu’il faudra. »

« Tu as vu ce qu’elle a fait à Cait… elle n’a aucun respect pour la vie, Gabrielle… elle t’a presque tuée la dernière fois », répliqua Xena d’un ton sec.

La barde s’avança, ignorant la boue et elle posa une main sur la poitrine de la grande femme. « Je sais », répondit-elle doucement. « Mais tu m’as enseigné l’intérêt général, Xena… je ne peux pas laisser ces personnes être tuées à ma place… ne me demande pas ça. »

Un rapide coup d’œil alentours pour s’assurer qu’elles étaient seules. « Je ne peux pas te laisser aller là-bas et peut-être être touchée par une flèche que je ne pourrai pas arrêter… ne me demande pas ça, à moi » répondit Xena doucement. « S’il te plaît, Gabrielle. » La guerrière leva la main et couvrit celle posée sur sa peau. « S’il te plaît ? »

Elle s’était préparée à une résistance coléreuse. Elle était prête pour de l’obstination bornée et elle avait des arguments pour ça. Mais elle leva le regard vers ces yeux bleus suppliants et elle sentit qu’ils la conquéraient complètement, tandis qu’elle y reconnaissait l’angoisse et la crainte. Elle se sentit terriblement en conflit avec elle-même, avec sa conscience qui la poussait vers une chose et son cœur et son âme qui tiraient tout aussi fort dans l’autre direction, et elle accueillit presque avec joie le léger raclement de gorge tout près.

Jessan se montra, essayant sans succès d’essuyer un peu de la boue qui collait sur sa fourrure. « Salut. »

« Salut », répondit Gabrielle, voyant que sa compagne n’avait aucune intention de faire de même.

« Ecoutez… je me suis dit que nous avions besoin d’une distraction », dit l’être de la forêt d’un ton traînant, crachant une pierre. « Et j’ai besoin d’une pause ou bien mon poil va tomber… ça vous ennuie si je remue un peu ces gars ? » Il sourit, montrant des dents étonnamment blanches contre ses poils rougis. « Leur donner quelque chose de quoi s’inquiéter ? » Il accueillit l’air de gratitude sincère de Xena et le mit de côté, souriant intérieurement.

Gabrielle pencha la tête. « Bien sûr… mais ne t’attire pas d’ennuis… d’accord ? »

L’être de la forêt alla à grands pas vers la rive puis se retourna pour les regarder. « Et je m’amuse quand moi ? » Un éclair de dents blanches et le voilà parti, glissant parmi les arbres à une vitesse étonnante.

La barde le regarda partir puis retourna son attention sur son âme sœur. « Tu avais prévu ça. »

Les yeux bleus la regardèrent. « Non… mais je l’aurais fait. »

Gabrielle se pencha en avant et posa son front couvert de boue contre la poitrine de son âme sœur. « C’est bon… j’aurais cédé de toutes les façons », admit-elle doucement, souhaitant que Xena l’enserre et étant récompensée, malgré la boue. « C’était une chose horrible à me faire, Xena. »

La guerrière la serra un peu plus. « Je suis désolée », répondit-elle dans un murmure rauque. Elles restèrent ainsi un moment puis Xena prit et relâcha un grand souffle. « Bon… creusons… » Elle commença à pousser Gabrielle vers leur tunnel, quand la voix d’Arella flotta par-dessus les arbres.

« C’est bientôt le moment ! » Le ton moqueur grinça de manière déplaisante.

Eponine et Ephiny sortirent du trou, écoutant attentivement tandis que Paladia les suivait, faisant sauter un morceau de boue de son bras.

« Je présume que vous vous fichez des personnes ici… et je sais que moi non », continua Arella. « Si c’est le cas… merde ! »

Ephiny haussa un sourcil boueux. « C’est une drôle de menace. »

« Par Hades… qu’est-ce que… ouille ! » La voix de la femme s’interrompit abruptement et elles entendirent un désordre indescriptible dans le campement.

Xena sourit. « Allons… mettons-nous au travail… Jessan va les occuper. »


L’air commençait à vraiment manquer dans le tunnel. Gabrielle fit une pause et passa une autre poignée de terre à Eponine, la regardant relayer à l’extérieur. Elles étaient à la file maintenant, avec Xena à l’avant qui utilisait sa grande force à son avantage, creusant des brassées à chaque fois.

Ensuite Gabrielle les passait à Eponine qui les donnait à Ephiny qui les passait à Paladia qui avait le rôle de s’assurer que c’était mis hors du chemin. Trop de boue flottant dans la rivière pourrait attirer une attention non voulue, alors l’ex-renégate les rangeait avec soin contre la rive.

Mais le tunnel commençait à entamer son âme sœur, Gabrielle s’en rendit compte et tressaillit. Xena s'était arrêtée deux fois cette dernière demi-marque de chandelle et avait posé la tête contre le plafond tout près, prenant des inspirations lentes et irrégulières. Gabrielle avait envoyé Eponine chercher de l’eau, libérant un peu d’espace et la brise avait soufflé à l’intérieur, apaisant un peu la détresse de la guerrière.

Elles avaient presque fini. Aucun cri ne provenait du village et elles avaient entendu quelques volées de flèches déchirer les feuilles tandis qu’ils tiraient sur une silhouette élusive et poilue. Gabrielle espérait que Jessan fasse attention… mais ses pitreries leur avaient donné le peu de temps dont elles avaient besoin pour arriver aussi près que possible.

Abruptement, Xena cessa de creuser et elle pencha la tête d’un air las. « Je pense qu’on y est. »

La guerrière mit la main sur la terre et poussa, sentant la surface lâcher sous ses doigts. Elle fit un trou d’essai dans le mur et regarda.

L’obscurité. Une odeur de racines et de légumes secs lui parvint, cependant, et elle hocha la tête. « Nous y sommes », annonça-t-elle, tandis qu’elles se rassemblaient devant avec avidité.

« Hé », la voix de Paladia les interrompit dans un murmure sifflant.

Xena se repoussa du mur. « Vas-y… vois si tu peux entrer là-dedans », dit-elle à Gabrielle d’une voix basse. « Je vais voir ce qui se passe. » Toute excuse pour sortir de ce fichu trou était bonne. Son esprit fulmina tandis qu’elle se tortillait pour éviter la foule et se diriger vers l’ouverture, où elle pouvait voir la tête blonde de l’ex-renégate.

Paladia recula, laissant la guerrière sortir dans la lumière du jour. « J’ai entendu du boucan. »

La guerrière passa un moment à simplement aspirer l’air frais et humide, avant d’écouter les sons. Son regard tomba sur l’entrée, que Paladia avait artistiquement améliorée avec la terre qu’elles avaient sortie, sculptant la substance en une forme courbée et fantaisiste, additionnée de boucles et de nœuds et d’un bas qui ressemblait à un parchemin. Ses yeux bleus clignèrent d'étonnement. « Bon sang. »

Paladia haussa les épaules puis montra la forêt. « Ecoute. »

Ce que fit Xena, qui entendit un bruit sourd d’écrasement. En jurant, elle attrapa son épée et la fit bouger, faisant signe à l’autre femme d’entrer dans le tunnel. « Vas les aider… je monte la garde ici. »

La grande femme blonde lança un regard à l’apparition couverte de boue, presque méconnaissable qui tenait une longue épée et grognait. « Pas de problème. » Elle entra, laissant la guerrière seule dans la pluie brumeuse.

Xena entendit un éclaboussement puis un ensemble de cris et elle bougea sa prise sur l’épée par anticipation. Son regard restait cloué sur le cours d’eau et elle cligna quand elle vit une tête sombre et poilue briser la surface et se diriger vers elle. « Oh… merde de centaure », jura-t-elle en voyant les flèches qui perçaient l’eau derrière lui.

Jessan traversa rapidement le cours d’eau, luttant contre le courant avant de se glisser sous un arbre tombé qui enjambait la rivière et qui était une aire de jeu préférée des jeunes Amazones. Il se sortit de l’eau et se retourna, haletant, tandis qu’un mur de corps en armures sortait brusquement du sous-bois et se dirigeait vers eux. « Je pense que j’en ai trop fait », réussit-il à dire en toussant, lançant un regard d’excuse à Xena.

Celle-ci lança un simple coup d’œil aux soldats en colère et soupira. « Encore une nouvelle légende qui monte », marmonna-t-elle pour elle-même tandis que les premières flèches les atteignaient.


Gabrielle regarda sa compagne qui se faufilait et elle relâcha un petit soupir de soulagement, tandis qu’elle retournait au mur et l’attaquait avec détermination. La boue séchée s’effritait sous ses mains et elle poussa, sentant une section entière lâcher et tomber au sol dans la cave sombre. « Y a des oignons pourris là-dedans », commenta-t-elle tandis qu’une odeur forte et acide lui parvenait.

« Beuh », acquiesça Ephiny, en tirant le mur avec des doigts anxieux. « Allons… on s’inquiétera des légumes plus tard. » Elles poussèrent fort ensemble de leurs épaules couvertes de boue et le mur du tunnel s’effondra à l’intérieur, faisant trébucher la régente et la barde dans la cave et elles finirent à genoux dans l’obscurité couleur d’encre.

Gabrielle se mit debout tant bien que mal, s’écartant du tunnel pour entrer dans la pièce et elle leva les mains avec incertitude, avançant jusqu’à ce qu’elle cogne un mur opposé. Elle tâta au-dessus d’elle jusqu’à ce qu’elle détecte le plafond. « Bon… bon… je pense que je sens un verrou. »

« Fais attention. » La voix d’Eponine lui parvint dans l’obscurité. « Nous ne savons pas ce qui se passe là-dedans. » Elles se mirent autour d’elle et elle se rendit compte que Paladia les avait rejointes. « Qu’est-ce qui se passe dehors ? » Demanda-t-elle.

Un haussement d’épaules. « J’sais pas… j’ai entendu du bruit, on m’a dit de venir ici. »

La barde mâchouilla sa lèvre, puis le regretta quand elle sentit le goût des rives de la rivière. « D’accord. » Elle tâta le verrou de ses doigts. « Je vais m’occuper de ça… Paladia… tu es la plus grande, tu jettes un œil par la trappe et tu dis si tu vois quelque chose. »

Lentement, elle fit glisser la barre qui retenait la trappe en place d’un côté, sachant que l’autre côté portait sa jumelle et qu’il faudrait aussi la bouger. Elle souleva à peine tandis qu’une maigre lueur de chandelle passait au travers et faisait ressortir les traits lisses de Paladia.

« Qu’est-ce que tu vois ? » Murmura la barde.

« Une pique qui va m’enlever les yeux », répondit l’ex-renégate, puis elle se baissa quand la trappe fut brusquement ouverte et qu’une rangée de visages meurtriers les regarda. Un rugissement sourd leur blessa les oreilles tandis que des corps s’avançaient et que des mains les saisissaient rudement.

« Hé ! » Cria Gabrielle, sa voix puissante ponctuant le chaos. « Arrêtez ça ! »

Le silence s’installa et les visages qui les regardaient clignèrent des yeux de surprise. « C’est la voix de la Reine Gabrielle. » Une torche fut approchée, faisant ressortir les yeux verts clairs distinctifs dans un visage couvert de boue. « Merde… c’est bien elle ! » Des mains se tendirent. « Venez ! »

Gabrielle secoua la tête. « Non… on a un tunnel pour sortir », dit-elle à voix basse, voyant la surprise sur les visages des Amazones. « Venez par ici. »

« Il y a encore quelques personnes retenues au portail », objecta une voix tranquille.

Ephiny s’avança. « Nous savons. » Un murmure s’éleva tandis qu’on citait son nom. « Venez… sortons d’ici ensuite nous bâtirons un plan pour reprendre le village. »

La trappe s’ouvrit pleinement et les Amazones captives se réunirent autour, attrapant ce qu’elles pouvaient en guise d’armes. Elles étaient toutes nues et certaines étaient blessées, mais leurs visages étaient grimaçants et elles étaient visiblement contentes de voir leur reine et leur régente. Lentement, elles commencèrent à sauter dans la cave et Gabrielle s’écarta de l’ouverture, retournant son attention vers le tunnel et les sons étouffés l’inquiétèrent, ainsi que l’absence de son âme sœur.


Attraper des flèches était vraiment plus… une tactique qu’un talent. Et ça ne marchait pas vraiment bien si des dizaines de gens vous tiraient dessus, en rater quelques-unes était toujours une possibilité. Xena repoussa un autre carreau, sentant la chair se déchirer dans sa jambe tandis qu’elle plongeait vers l’avant pour attaquer un soldat déterminé. Les premières rangées d’hommes s’étaient rapprochées d’eux, combattant à la main et le reste était massé derrière les arbres, leur tirant dessus avec des arbalètes qui, fort heureusement, frappaient leurs compatriotes aussi souvent qu’elles touchaient leurs deux ennemis déterminés.

La chance de Jessan l’avait placé derrière l’arbre qui traversait le cours d’eau, aussi les tireurs étaient plutôt concentrés sur elle et elle commençait à ressentir la tension de les combattre et d’empêcher les flèches de la transpercer, tout ça en protégeant l’entrée du tunnel. Avec un soupir, elle donna un coup de la poignée de son épée contre son opposant actuel et elle le repoussa, puis elle eut un coup fatal rapide et pendant un moment cela la rendit plus atteignable par les archers.

Elle n’eut aucune idée, après coup, de la manière dont elle réussit à les avoir tous. C’était une sorte de brouillard et elle pensait se souvenir de son épée qui bougeait, qui déviait les carreaux tandis qu’elle se mettait hors du chemin, mais…

Puis tout s’arrêta. Les hommes qui les attaquaient s’arrêtèrent et leurs yeux s’écarquillèrent.

Xena prit une inspiration et regarda derrière elle, saisissant la scène avec un profond soulagement. « Par Hadès, je n’aurais jamais pensé être aussi contente de voir un groupe d’Amazones nues, sales et enragées », dit-elle à Jessan qui passa une main sur sa tête y posant de la boue rouge.

Les Amazones repérèrent leurs cibles et crièrent.

Xena se mit hors du chemin et s’appuya contre la rive. Puis elle tourna la tête et chercha Gabrielle, ne la voyant pas. En jurant, elle en oublia le combat et fonça vers le tunnel.


Gabrielle avait sauté dans la salle à manger et elle poussait les Amazones à se dépêcher de descendre sans bruit dans la cave. C’était une expérience surréaliste – cette file de femmes en sueur et nues disparaissant dans le sol pour ne pas revenir… la pièce se vidait encore et encore… jusqu’à ce qu’enfin elle soit la seule à y rester.

Momentanément, parce qu’Ephiny sauta dans la pièce et se mit debout, rejoignant la barde tandis qu’elles traversaient silencieusement la pièce et regardaient avec précaution à travers la fenêtre principale, qui était barricadée.

A travers les fissures du bois, elles pouvaient voir la zone centrale où se trouvait la plate-forme. Des hommes couraient ici et là et tout semblait chaotique. « Il y en a moins que je pensais », murmura Gabrielle.

Ephiny hocha la tête, les yeux fixés sur la plate-forme. « Bon plan, Gabrielle », dit-elle doucement en tapotant le dos de la barde. « Il reste maintenant un détail dont il faut qu’on s’occupe. »

« Ce n’est pas mon idée », la corrigea fermement Gabrielle. « Tu le sais et je vais fichtrement m’assurer que tout le monde le sache. » Elle jeta un coup d’œil derrière elle, entendant un bruit, et elle fut surprise de voir Paladia qui se soulevait pour sortir de la cave. « Elles sont toutes dehors ? »

« En route », confirma Paladia. « Eponine est au bout du tunnel…c’est trop puant là-bas. » La grande femme les rejoignit à la fenêtre, regardant à travers un trou élevé dans les planches. « Euh… » Elle grogna, repérant les captives et les soldats qui s’empressaient. « Où est-ce qu’ils vont ? »

Ephiny plissa les yeux. « Je ne sais pas… oh, ils se dirigent vers l’autre entrée… Jessan doit les occuper. » Elle sourit un peu. « Nous allons devoir faire une exception pour lui, pas vrai ? »

Gabrielle sourit en retour. « Oui… c’est ce que je me disais. » Elle regarda dehors. « Hé… on peut atteindre cette plate-forme… ils sont tous partis. » Elle alla vers la porte et mit sa main dessus puis tira. « Oh… zut… c’est fermé. »

« J’ai une solution pour ça », dit Paladia, qui regardait toujours dehors.

« Ah oui ? » Gabrielle se retourna et pencha la tête d’un air interrogateur. « C’est quoi ? »

L’ex-renégate cligna des yeux vers le petit groupe de soldats qui couraient vers le bâtiment. « Et bien ils vont ouvrir la porte de l’extérieur… feriez mieux de bouger. »

La barde fonça prendre son bâton qu’elle avait traîné dans le tunnel avec elle et elle se colla contre l’autre côté de la porte, avec Ephiny juste derrière elle, qui portait un morceau épais de chaise. Paladia se pressa contre l’autre mur et elles attendirent, tendues, tandis que l’on manœuvrait à grand bruit le verrou et que la porte s’ouvre brutalement vers l’intérieur.

Six hommes s’engouffrèrent et se figèrent, fixant avec stupéfaction la pièce vide.

Gabrielle tendit son bâton et tapota l’un d’eux sur l’épaule. Il tournoya. Elle sourit. « Salut toi. »

Son épée s’éleva partiellement puis lui fut proprement enlevée des mains par un coup rapide de son bâton et elle fit tourner l’autre bout, le frappant sur le côté de la tête. Il tomba au sol et il y eut un instant de choc, jusqu’à ce que le reste des soldats ne reprenne ses esprits et charge.

Ephiny attrapa le plus proche et le fit passer par-dessus son épaule, le laissant atterrir avec un bruit sourd tandis qu’elle lui prenait son épée et se retournait pour engager l’attaquant suivant. Elle le désarma rapidement puis retourna l’épée dans sa main et le frappa dans la mâchoire, le regardant tomber au sol avec satisfaction. « Ouille. » Elle secoua sa main, se tournant pour voir que Gabrielle s’occupait proprement de leur dernier adversaire, son partenaire ayant déjà été assommé par une Paladia satisfaite.

Gabrielle prit une inspiration, laissant le bout de son bâton tomber au sol et elle leur fit un hochement de tête brusque. « D’accord… maintenant la porte est ouverte. C’est une bonne chose. » Elles se glissèrent dehors, notant la zone quasi déserte avec surprise et suspicion. « Je me demande où est passé tout le monde ? » Marmonna la barde entre ses dents.

Ephiny secoua la tête et bougea l’épée dans sa main en jetant un coup d’œil alentour. « Je vais aller m’occuper de ces types. » Elle commença à contourner le périmètre, ne voulant pas traverser la zone ouverte. Gabrielle et Paladia la suivirent et la barde nota que l’ex-renégate avait profité de l’occasion pour prendre une masse à sa victime inconsciente.

Elles étaient à mi-chemin quand une haute silhouette trempée par la pluie plongea devant elles, une lumière agitée se reflétant sur une longue épée. « Oh non… vous êtes là, vous… »

« Arella. » Ephiny mit son épée sur son épaule et regarda la renégate avec acrimonie. « Ton petit jeu est terminé. »

Arella fit passer son épée d’une main vers l’autre. « Tu te trompes… j’ai ce que je voulais vraiment maintenant. » Elle s’avança.

Gabrielle se mit inopinément devant la régente et, dans un mouvement fluide, elle frappa de son bâton et fit sauter l’arme de la main d’Arella. « Je dirais plutôt que… ce que tu as c’est une brassée de problèmes », l’informa-t-elle en regardant la femme secouer ses doigts qui brûlaient et jurer. « Tu devras répondre de beaucoup de choses. » Elle tourna la tête. « Comme ces gens… et Cait. »

Arella lui jeta un regard noir, une once de folie dans les yeux. « Tu ne vas pas gagner à nouveau, yeux verts… et tu n’as pas idée de combien c’était bon de mettre une flèche dans cette petite fille… juste parce que je savais que c’était une de tes amies. »

« Hé. » Paladia avança à grands pas et tapa Gabrielle sur l’épaule. « C’est celle-là… celle avec la flèche et tout ce truc ? »

La barde lui jeta un coup d’œil brusque. « Oui… on peut en parler plus tard ? »

« Nan. » Paladia tendit sa masse à la barde. « Tiens-moi ça, d’accord ? »

Gabrielle eut à peine le temps d’enrouler ses doigts autour de la masse avant que la grande blonde ne se jette sur Arella, surprenant l’Amazone en les emmenant toutes les deux au sol. Paladia la frappa de ses poings lourds tandis qu’elles luttaient.

« Bon sang… » Grogna la blonde en réussissant à bloquer sa rivale plus lourde. « J’ai dû écouter cette fichue histoire crasseuse, sentimentale, comme une épine dans le cul d’un Centaure merdeux chaque soir pendant le dernier foutu MOIS ! ! ! » Elle les fit rouler sur leurs genoux et cogna le visage d’Arella de son coude. « Je vais te tuer pour ça ! ! ! ! »

Gabrielle et Ephiny échangèrent un regard surpris. La barde s’appuya sur son bâton et laissa tomber la masse, se grattant la tête d’étonnement. Les deux femmes se battaient, grognant et criant tandis qu’elles trébuchaient par-dessus les ordures de l’armée absente, jusqu’à ce que finalement, Arella se libère et roule sur elle-même, attrapant une arbalète avec un cri de triomphe, la soulevant et la pointant vers Paladia.

Une main se referma sur le mécanisme par-dessus son épaule. C’était une grande main, couverte de boue et de sang et elle était attachée à un avant-bras musclé et tout aussi taché. Furieuse, elle leva les yeux vers un regard bleu glacier qui lui prit toute envie de bouger. Puis tout devint noir tandis que quelque chose, de grand et de dur, lui frappait le côté du visage.

Pendant un moment, le seul son fut celui de la pluie. Puis Xena soupira et se frotta les mains sur sa combinaison, tandis qu’Ephiny allait vers la plate-forme. Après un moment, Paladia se releva de la boue et la rejoignit.

Gabrielle alla vers sa compagne et toucha une entaille sanglante sur le bras de Xena. « Tu… vas bien ? » Demanda la barde doucement.

Xena mit ses mains sur ses hanches et soupira, lançant un regard ironique et fatigué à son âme sœur. « J’ai bien une douzaine de trous de flèches, quelques côtes cassées, encore plus de muscles froissés que je ne veux le dire et un mal de crâne qui ferait tomber un Centaure à trente pas. » Elle s’interrompit. « Oui… je vais bien. Et toi ? »

Un léger sourire apparut sur les lèvres de la barde et elle s’appuya contre l’épaule de la grande femme. « Et bien… mieux vaut peu… » Elle soupira, laissant son regard naviguer vers le portail, qui avait été repoussé pour révéler un groupe d’Amazones furieuses, couvertes de boue, trempées et nues, entourant un groupe trébuchant de captifs semi-conscients. « Je pense qu’on a gagné. »

La guerrière hocha la tête tournant le visage vers le haut pour laisser la pluie le nettoyer. « Oui. » Elle mit un bras autour de la jeune femme. « Allons… donnons un coup de main à Ephiny. » Elles allèrent vers le groupe qui arrivait, voyant la grande silhouette de Jessan qui tenait l’arrière et Eponine qui sortit des rangs pour se précipiter vers la plate-forme.

Gabrielle relâcha un long souffle. « Xena ? »

« Mm ? »

« Je vais devoir faire quelque chose contre elle, cette fois-ci, pas vrai ? »

Les yeux bleus entourés de boue la regardèrent. « Oui. »

Gabrielle se contenta de hocher la tête. 


Xena se pencha en arrière, elle ferma les yeux tandis que des doigts doux passaient sur sa peau déchirée et blessée. Elle était dans la hutte de guérison, ayant suivi le groupe tranquille qui avait porté leurs trois camarades tombées à l’intérieur et elle avait pris quelques instants pour les évaluer avant qu’on la pousse elle-même sur une paillasse.

Après qu’elle avait fait un détour pour s’assurer qu’Argo allait bien, bien entendu, et jeter un coup d’œil à leurs quartiers. Ils avaient été vandalisés et leurs possessions jetées de partout mais son armure n’avait pas été touchée et elle n’était pas non plus surprise de noter que son chakram non plus.

Le journal de Gabrielle avait été retrouvé dans les quartiers d’Ephiny qu’Arella avait pris pour elle. La barde avait repris le livret avec un sourire tranquille, mais ses yeux étaient tempétueux et elle avait inspecté le volume broché avec soin pour voir s’il était endommagé. Elle avait tourné une page et se tenait dans la lumière qui provenait de la fenêtre, lisant un moment avant de refermer le journal et de le mettre sous son bras.

Jessan s’était éclipsé et était retourné vers Elaini et les triplés et il avait déposé Cait avec soin sur une paillasse ici avec Xena. Les Amazones avaient passé un moment ou deux à regarder avec stupeur leurs étranges invités, mais, entre celles qui avaient rencontré le grand être de la forêt à Amphipolis et la première vision des enfants… on avait un grand groupe d’Amazones roucoulantes, c’est sûr.

Arella avait fait un travail de brutes sur les trois femmes. Elles avaient été attachées aux planches toute une nuit et fouettées et, au vu des marques de coupure sur le corps de Solari, elle avait aussi utilisé une dague. Mais c’était des Amazones et elles étaient coriaces, et Xena était plutôt sûre qu’elles seraient sur pied après quelques soins.

L’eau chaude coulait sur sa peau et elle souhaita avec nostalgie être en train de prendre un bain pour finalement enlever toute la boue puante et collante de son corps. A contrecœur, elle ouvrit les yeux et regarda la tête claire penchée tout près tandis que Gabrielle suturait avec précautions la seule mauvaise coupure de flèche juste au-dessus de sa clavicule.

La barde mordit le fil qu’elle utilisait et tapota le bras de Xena puis elle se redressa, une main posée sur le mur. « C’est la pire… » Elle passa la main dans les cheveux noirs de son âme sœur et les repoussa de son visage. « Je pense que tu as besoin d’un bain, chérie. »

Xena hocha la tête. « Oui… » Elle tendit la main et tira sur un morceau d’herbe sur la combinaison en cuir de la barde. « Toi aussi. » Avec un soupir, elle s’assit, luttant contre la douleur dans ses côtes et elle tria ses options. « On va avoir besoin de nettoyant, d’onguent… »

Deux Amazones qui se tenaient là s’approchèrent et s’agenouillèrent devant elle, leurs bras posés sur leurs genoux. « Dis-nous ce que tu veux, Xena… nous irons le chercher », dit la plus âgée tranquillement. « Quel que soit ce dont tu as besoin. »

Un haussement de sourcil noir. Xena lança un regard vers son âme sœur, dont le visage se pinça en réaction. « Hum… » La guerrière se reprit. « Très bien… » Elle nomma cinq ou six objets. « Ça ira pour l’instant… oh oui, de l’eau bouillante pour nettoyer ces marques de fouet. Elles sont incrustées de cuir. »

L’Amazone aux cheveux clairs devant elle tressaillit à ces mots. « Pauvre Soli… elle a été trop brave aussi. Elle a dit à Arella qu’elle devrait la rôtir vivante avant qu’elle lui dise où Ephiny et vous tous étiez. »

Le regard de Xena passa sur l’Amazone brune, qui remuait faiblement sur la paillasse. « Elle aurait dû… Solari ne savait pas », déclara tranquillement la guerrière. « Pourquoi les deux autres ? »

La femme, Séléné, dans le souvenir de Xena, la regarda. « Ménelda l’a rembarrée… » Elle fit un signe de tête en voyant l’air ironique de la guerrière. « Ouais… et la gamine… la gamine lui a dit que c’était dommage que tu ne lui aies pas brisé plus que la mâchoire la dernière fois. » Séléné secoua la tête. « Pas que je dise que je ne suis pas d’accord avec ça… » Elle se retourna. « Allez, Evie. Allons chercher ces trucs… et on rapportera quelque chose de la salle à manger, vous devez avoir faim. »

Xena sentit un tout petit sourire ironique s’installer sur ses lèvres, tellement l’attitude des Amazones à son égard était différente. « Merci. » Elle-même tressaillit à la pensée de mettre de la nourriture dans son estomac retourné, mais elle soupçonna que son âme sœur avait besoin d’être nourrie, surtout après toute cette activité. « Je sais que Sa Majesté appréciera. »

« Tch. » Gabrielle lui lança un regard. « Je peux aller chercher moi-même ma nourriture, merci… en plus, je veux trouver Ephiny et voir comment vont les choses. »

« Hé, Elananora… » Séléné s’était levée et appelait une autre Amazone qui traversait la pièce. « Va mettre de l’eau à bouillir, d’accord ? » Elle se retourna et inclina la tête vers la barde. « Est-ce qu’on peut t’escorter ? »

Gabrielle réfréna l’envie de lever les yeux au ciel. « Bien sûr… allons-y. » Elle tapota le genou de son âme sœur. « Tu restes ici… d’accord ? »

Xena hocha la tête d’un air aimable. « D’accord… » Elle gardait un œil sur une citerne d’eau à l’arrière de la salle de la guérisseuse depuis quelques minutes, depuis que sa combinaison en cuir s’était mise à vraiment la démanger à cause de la boue. « Amuse-toi bien. »

La barde soupira et suivit son escorte vers la porte, pour traverser le campement. Il avait de nouveau l’air normal avec des Amazones maintenant habillées qui se déplaçaient dans des mouvements ordonnés. L’échafaudage avait été retiré et plusieurs femmes le cassaient maintenant, entreposant le bois dans un foyer pour le brûler plus tard.

« Alors… Reine Gabrielle… » Séléné s’éclaircit la voix. « Ça t’ennuie si je te pose une question rapide ? »

La barde se tourna vers elle, surprise. « Non… non… vas-y. »

La femme blonde se massa la nuque. « Hum… alors… au sujet de la nourriture… tu as une préférence sur ce que je peux lui apporter ? » Elle eut un regard un peu embarrassé pour la barde. « Je veux dire… par Hadès… nous nous sentons toutes tellement… la dernière fois, ça a été si moche, nous étions tellement… et ensuite vous venez et vous sauvez Ephiny… et maintenant ça… »

Gabrielle s’arrêta et mit la main sur le bras de la femme. « C’est bon », la rassura-t-elle. « Xena comprend ce qui s’est passé… et moi aussi. » Elle prit une inspiration. « Mais c’est le passé maintenant… alors repartons juste de ça. » Elle continua, en faisant un signe de tête à la femme. « Quant à ta première question… et bien…prends trois choses que tu n’aimes vraiment pas et je te garantis que ça ira pour elle. »

Séléné relâcha un rire, surprise. « Vraiment ? »

« Oui… » La barde commença à marcher vers la salle à manger. « Fais-moi confiance. »

« Et bien… il nous reste des côtes… avec toute cette sauce gluante… et du gâteau… » Proposa Séléné avec hésitation, toujours pas sûre de savoir si la barde blaguait ou pas.

« Parfait », lui dit Gabrielle pince-sans-rire. « Mais rends-moi un service, d’accord ? Ajoute une carotte… peut-être que j’aurai de la chance. »

« Tu es sérieuse. » Les deux Amazones la regardèrent.

« Oh oui. » La barde sourit un peu tandis qu’elle atteignait la porte et l’ouvrait. « Croyez-moi, il y a une personne sous tout ce cuir et cette armure… tout comme vous et moi. »

Un cri d’accueil monta quand on la vit et elle s’arrêta, intriguée. « Quoi ? »

Ephiny se leva et lui fit signe de venir. « Je racontais juste notre côté de l’histoire… mais maintenant que tu es là… »

Gabrielle mit de côté son épuisement et hocha la tête. « D’accord… laissez-moi manger un peu et ensuite… » Elle s’assit près d’Ephiny et tira sur un plateau de pain, en brisa un morceau et le trempa dans un plat d’huile d’olive aromatisée. « Alors… où est-ce que tu t’es arrêtée ? »


Xena retira sa combinaison d’un air las et, utilisant un seau en bois, elle versa abondamment de l’eau froide sur son corps avec un sentiment de soulagement profond. Elle se frotta avec précaution avec un morceau de savon qu’elle avait trouvé et réussit à retirer la plus grande partie de la boue de la rivière, avant d’arroser sa combinaison et de la jeter sur le fil pour la sécher. Gabrielle avait rapporté son gambison matelassé quand elle avait rangé son journal et la guerrière se glissa avec gratitude dans le tissu usé et doux.

Ceci pour qu’elle puisse porter son épée, Gabrielle ayant correctement deviné qu’elle le voudrait, jusqu’à ce que la situation soit complètement stabilisée. Elle accrocha l’étui à l’arrière du gambison et boucla les attaches de la poitrine, resserrant le vêtement autour d’elle en donnant un coup de main pour installer le tout.

Ouahou… c’était bon. Elle se passa les doigts dans ses cheveux noirs, faisant bouger les boucles mouillées pour les débarrasser de l’excès d’eau. Un bruit à la porte lui fit lever les yeux et elle repéra Elaini qui entrait, avec Arès sur ses talons. « Salut. » Le loup sauta immédiatement sur elle, le museau contre sa poitrine avec un gémissement joyeux. « Hé Arès… comment tu vas ? » Le poil humide s’ébouriffa sous ses doigts.

L’être de la forêt leva une main poilue. « J’ai pensé que tu aurais peut-être besoin d’aide ici. » Elle s’agenouilla près de Solari et siffla quand elle vit les marques de fouet. « Vous êtes une espèce cruelle, tu sais ça ? »

Xena soupira. « Oui je le sais », admit-elle tranquillement. « Merci… les enfants sont bien installés ? »

Elaini ricana doucement. « Oh oui… ils ont une bonne douzaine de tantes… qui vont les gâter pourrir. » Elle se leva puis alla vers Xena et la poussa dans la lumière de la fenêtre pour l’examiner avec soin. « Tu ressembles à du caca de cerf. »

« Nan… » La guerrière haussa les épaules pour la repousser. « Juste quelques flèches… rien de méchant. » Elle sentit un peu de son énergie revenir ce qu’elle soupçonna être surtout un résultat fantôme de son nettoyage. « Je leur ai dit d’apporter des herbes… des choses qu’on a enlevées d’ici. On dirait bien qu’ils avaient l’intention de tout vandaliser en partant. »

Elaini hocha la tête, décidant de ne pas discuter avec l’humaine agacée au sujet de sa condition physique. « Ton plan était plutôt malin… Jess a pris énormément de plaisir à en rajouter. »

Xena leva ses yeux bleus au ciel. « Oh génial. » Elle regarda la porte qui s’ouvrait et les deux Amazones qui rentraient, chargées de plateaux. « Vous pouvez poser ça là. » Elle fit signe de la main vers la table de travail. « Merci. » Une odeur intrigante attira son attention et elle s’avança, poussant le contenu du plateau pour découvrir des côtes qui lâchaient une odeur épicée et douce.

Est-ce que j’ai dit que je n’avais pas faim ? Elle en prit une et commença à mâcher tout en fouillant le reste. « Tous ces types sont enfermés ? »

Séléné masqua un sourire au choix de la guerrière et s’éclaircit la voix. « Plutôt bien, oui… on leur a retiré tous leurs vêtements et on les a mis dans la grange de battage. »

Xena la regarda. « Avec toutes ces balles de foin ? » Elle s’imagina les hommes nus, triturés par toutes ces cosses tranchantes qui se collaient à la peau, habituellement.

L’Amazone sourit d’un air diabolique. « Oui… »

« Ouille… » la guerrière relâcha un léger rire. « Et Arella ? » Son sourire disparut.

« Ficelée comme un cochon dans la cave », l’informa Séléné.

« Est-ce que vous avez retiré les oignons pourris d’abord ? » Xena entama une seconde côte.

« Non. »

La guerrière rit en avalant rapidement. « Bien. »

Les Amazones partirent finir leurs tâches et un silence s’installa, brisé seulement par les légers murmures des patientes. Elaini commença à trier les provisions médicales et attrapa une côte à son tour, tandis qu’elle préparait une solution de nettoyage et ajoutait plusieurs chiffons de coton léger pour les y tremper. « Voilà. » Elle versa la moitié de la solution dans un bol pour Xena qui l’accepta avec un hochement de tête. « A propos… félicitations. »

Les yeux bleus se levèrent vers elle, un peu surpris, puis le visage de Xena s’éclaira. « Tu parles de Gabrielle ? »

L’être de la forêt hocha la tête. « Jess m’a dit qu’elle était enceinte. »

Xena sourit. « Oui. » Ses yeux étincelèrent doucement. « C’est vrai. » Elle remua le contenu de son bol puis leva les yeux. « Je… je pense que c’est génial. »

Elaini laissa un sourire en coin dévoiler ses crocs. « Oui je le Vois… » dit-elle ironiquement. « Et… il a dit que tu… heu… avais des symptômes aussi ? »

La guerrière finit sa côte et se frotta les mains puis elle les nettoya avec un peu de solution et un morceau de coton. Ensuite elle s’avança et s’agenouilla près de Ménelda, faisant signe à Elaini de commencer avec Solari. Elle se mit à nettoyer les coups de fouet, retirant doucement des morceaux de débris avec des ciseaux en bois. « Oui… je pense que oui », finit-elle par répondre à la question d’Elaini.

Celle-ci continua à s’occuper de l’Amazone brune, digérant la réponse. « Quand est-ce que tu t’en es rendu compte ? »

Xena soupira. « Il y a quelques semaines, je pense… j’ai commencé à avoir des nausées… les odeurs étaient plus fortes, elles me gênaient plus. » Elle étala de l’onguent apaisant sur une marque particulièrement profonde sur la nuque de Ménelda. « Je… perdais la notion des choses… je mangeais des trucs bizarres. » Elle rit un peu. « Finalement, un matin… je présume que j’ai commencé à me dire que quelque chose ne tournait pas rond, ensuite Gabrielle m’a dit qu’elle était en retard d’une semaine. »

Elaini la regarda pensivement tandis qu’elle tapotait les coupures sur le bras de Solari. « C’est… familier », admit l’être de la forêt. « C’est plus ou moins comme ça que Jess s’en est rendu compte. » Elle regarda sa patiente qui remuait puis elle attendit, tandis que Solari clignait des yeux et regardait vaguement Elaini.

Il n’y eut aucune panique dans les yeux de l’Amazone, ce qui surprit un peu Elaini et elle fit ce qu’elle pensait être un sourire rassurant. « Doucement… tout va bien maintenant. »

Solari tourna lentement la tête et repéra Xena à genoux. Un petit sourire recourba ses lèvres. « Il… t’a… fallu… du temps. »

La guerrière tourna la tête et lança un regard à Solari. « Qui a gagné le pari ? »

L’Amazone brune se contenta de hocher un peu la tête. « Tout le monde va bien ? »

« Oui, tout le monde », confirma Xena.

Solari tourna la tête de l’autre côté et repéra Cait endormie. « Hé… »

« Ils lui ont tiré dessus », lui dit Elaini doucement. « Ça va aller. »

La tête brune la regarda droit dans les yeux. « Elaini ? »

Un sourire. « Salut… et moi qui pensais que nous autres boules de poils on se ressemblait tous. »

Xena soupira et retourna son attention à la guérisseuse blessée qui commençait aussi à remuer. Elle s’était occupée de la majorité des coups de fouet, mais Ménelda avait aussi un poignet cassé qu’elle allait devoir remettre en place. Tandis qu’elle regardait, les yeux de l’Amazone âgée clignèrent avant de s’ouvrir et de chercher son visage. Des émotions conflictuelles passèrent sur ses traits et s’installèrent en une grimace résignée. « Toi… »

« Oui. » Xena garda avec soin une voix neutre.

« Ces salauds doivent être partis alors. »

« Oui. » Une pause. « Attends… je dois m’occuper de ton poignet. » La guerrière pressa un point à l’intérieur du coude de l’Amazone blessée et la sentit sursauter en réponse. « Reste tranquille. »

« Je sais quoi faire, bon sang », grogna Ménelda. « Je pourrais le faire moi-même maintenant que tu as supprimé la douleur.

Xena lui lança un regard direct puis remit rapidement la fracture, sentant les os brisés se remettre en place avec un léger grattement couinant. Elle leva le bras et relâcha le point, voyant le visage de la femme se serrer tandis que la douleur revenait. « Ça devrait aller. »

Ménelda renifla puis regarda par-dessus l’épaule de Xena, repérant Elaini. « C’est quoi ça, par Hadès ? » Lâcha-t-elle surprise.

Il y avait eu des moments dans le passé où Xena avait ressenti le besoin de simplement blesser quelqu’un parce qu’il lui courait sur les nerfs. La plupart du temps, elle s’abandonnait au désir, ce qui avait résulté en beaucoup de blessures brutales et à la fin avait amené son armée à apprendre à ne pas lui courir sur les nerfs. Elle pensait avoir laissé ça derrière elle.

Apparemment non. « C’est une amie. » La guerrière pouvait sentir les muscles de sa mâchoire se serrer et cela apporta une note dangereuse dans sa voix.

« Je m’en doute », lâcha Ménelda.

Xena prit et relâcha un souffle plusieurs fois. « Tu sais quoi, Ménelda ? »

« Quoi ? »

« Pendant quinze ans, j’ai bourlingué dans les endroits les plus moches de la terre et je ne suis jamais tombée sur un morceau de crottin de cheval comme toi. » Brusquement, la guerrière se leva et traversa la pièce, s’agenouillant sur un genou près de Cait. Elle s’affaira à contrôler la jeune Amazone, ignorant le silence figé dans son dos. C’était mesquin, se réprimanda-t-elle. Et cette fichue femme avait mal… dieux, Xena… mets un couvercle sur ta colère, tu veux bien ?

Cait ouvrit les yeux et cligna vers elle. Un petit sourire recourba les lèvres de la jeune fille. « J’ai tout raté… pas vrai ? »

La guerrière laissa son irritation glisser ailleurs tandis qu’elle la regardait. « Presque, oui. »

« Zut ! » La jeune fille réussit à produire un demi-froncement. « Est-ce que tu as encore cogné cette folle d’Arella ? J’aurais aimé voir ça.”

« Nan », admit Xena avec un sourire tranquille. « C’est ton amie Paladia qui l’a fait. »

Les yeux gris de Cait s’ouvrirent en grand dans un étonnement. « Pas possible », dit-elle dans un souffle. « Vraiment ? »

« Oui », l’assura Xena tandis qu’elle replaçait le bandage sur le dessus de l’épaule de la jeune fille. « Vraiment. » Elle regarda une série d’émotions couler sur le visage de sa jeune amie. « Elle a sorti Eponine du pétrin aussi. »

L’Amazone resta silencieuse un moment puis elle fronça les sourcils. « Tu l’as droguée ? » Demanda-t-elle d’un ton accusateur.

La guerrière lâcha un rire de surprise. « Non. » Elle replaça la couverture autour de Cait. « Elle l’a fait de son plein gré. »

Cait réfléchit. « Pourquoi ? » Demanda-t-elle d’un ton neutre.

Xena posa une main sur son épaule. « Je ne sais pas, Cait… il faudra que tu lui demandes. » Elle hésita, débattant si elle devait s’en mêler. Oh bon. « Tu sais… elle était… hum… plutôt inquiète pour toi. »

Une rougeur légère, mais visible colora la peau claire de Cait. « Sors d’ici. »

Xena haussa ses sourcils noirs. « Désolée… c’est vrai. » Elle tapota le bras de la jeune fille. « Va doucement. »

Le visage de la jeune fille prit un air pensif et un peu confus, mais elle hocha la tête. « Est-ce que Gabrielle va bien… oh c’est une question idiote… tu ne serais pas là sinon. »

La guerrière rit. « Elle va très bien. » Elle se pencha un peu plus et baissa la voix. « Repose-toi. » Elle se remit debout et regarda autour d’elle. Elaini avait fini de s’occuper de l’autre jeune fille et elle se lavait maintenant les mains au bassin. Xena la rejoignit, relâchant un soupir. « Dure journée, hein ? »

La grande être de la forêt la regarda. « Tu es douée pour les euphémismes, Xena… est-ce que quelqu’un te l’a déjà dit ? » Répondit-elle ironiquement. « Viens… allons finir ce plateau avant que Gabrielle ne revienne et crie. »

Elles allèrent à l’arrière de l’infirmerie où il y avait une petite table de travail près de la fenêtre qui laissait entrer un gros rayon de lumière grise. Xena s’assit dans le fauteuil contre le mur et posa ses avant-bras sur la table, faisant tourner une côte dans ses doigts plusieurs fois avant de choisir un point de départ et de commencer à la manger.

Elaini mordit dans sa portion et la regarda avec curiosité. « Alors… est-ce que ce truc de partager te pose des problèmes ? »

Un haussement d’épaules. « Non… pas vraiment… une fois que j’ai réalisé ce que c’était », répondit Xena en mâchant impassiblement. « C’est… je présume que ça me fait faire partie de tout ça… j’aime plutôt bien ça. »

L’être de la forêt hocha un peu la tête. « Oui… j’ai toujours senti que ça nous rapprochait Jess et moi… et ça lui donnait le sentiment de ce par quoi je passais. » Elle mordit une griffe. « Xena… »

« Je sais », dit la guerrière doucement. « Je ne suis pas censée ressentir ça. » Elle fixa la table. « Mais je ne l’imagine pas, Elaini. »

L’être de la forêt tendit la main et la posa sur son poignet. « Je le sais. » Elle baissa la voix. « Je vais te dire une chose… je… je ne sais pas grand-chose sur les humains, tu le sais. Toi… et Gabrielle… et ces gens sont presque les seuls que j’ai jamais rencontrés. » Elle fit une pause. « Mais je connais notre peuple… ce que je vois… quand je les regarde et comment ça change après que deux personnes se sont unies, comment c’est différent pour les Unis… et comment ça paraît différent après que deux personnes se sont mises ensemble et ont produit un enfant. »

Xena se contenta de la regarder. « Qu’est-ce que tu racontes ? » Demanda lentement la guerrière. « Elaini… tu sais que nous sommes différentes de vous. »

Un soupir. « Mais non. » Elle jeta un coup d’œil alentour. « Xena si je ferme les yeux et que je Regarde, je peux dire la différence entre toi et Gabrielle et moi et Jessan. » Sa mâchoire bougea plusieurs fois. « Dans tous les aspects. »

La guerrière soupira et se passa une main dans les cheveux d’agitation. « Ce… n’est pas… physiquement possible et tu le sais. »

Les yeux dorés s’adoucirent inopinément. « Je le sais… mais Xena… il y a tellement de choses en toi qui ne sont pas physiques », lui dit Elaini, avec un sourire tranquille. « Ne t’inquiète pas pour ça… je ne voulais pas t’inquiéter. »

La guerrière eut un petit signe de la tête. « Ce n’est pas… c’est juste que Gabrielle veut tellement que ce soit vrai et après tout ce qui nous est arrivé… » Elle s’interrompit et se frotta les yeux. « Peut-être que moi aussi. »

L’être de la forêt haussa les épaules. « Alors crois-le », répondit-elle d’une voix normale.

Xena lâcha un rire sans joie. « Comme ça ? »

Elaini hocha la tête. « Oui. » Elle tapota le bras de Xena. « Etant donné l’autre choix possible, tu ne vas pas être capable de dire la différence en fait… et si ça vous rend heureuses, pourquoi pas ? » Elle réfléchit un moment. « Jusqu’à ce que l’enfant soit assez grand pour te prendre ce truc rond, là. »

« Non. » Xena secoua fermement la tête. « Pas l’épée… pas un guerrier. Non. »

Elaini se leva. « D’accord. » Elle regarda par la fenêtre. « Et voilà des ennuis. » Elle rit puis jeta un rapide coup d’œil à Xena. « Alors… pas de bataille, hein ? »

« Nan », répondit la guerrière. « Il y a d’autres choses à enseigner. »

« Mmhn. » Les yeux dorés brillèrent d’une connaissance ancienne tandis qu’elle étudiait le profil puissant et acéré. Ah… il y a des choses écrites en nous, Xena… et nous ne pouvons pas les nier. C’est ton sang qui parlera, en fait. « Tu ferais mieux de manger tes carottes. La cheffe arrive. »

Elle se baissa quand la carotte en question lui arriva dessus avec une acuité mortelle.


A suivre 7ème partie

 

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Commentaires
E
Merci Fryda pour la trad ! <br /> <br /> Super chapitre ! J'ai adoré ! <br /> <br /> Bon courage pour la suite 😊
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I
Merci Fryda pour cette suite en territoire amazone...Pas facile d'être amazone !!<br /> <br /> <br /> <br /> Isis
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