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Guerrière et Amazone
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  • Vous trouverez ici des Fans Fictions francophones et des traductions tournant autour de la série Xena la Guerrière. Consultez la rubrique "Marche à suivre" sur la gauche pour mieux utiliser le site :O) Bonne lecture !!
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Guerrière et Amazone
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20 avril 2011

Quand tombent les ténèbres, chapitre 4, première partie

Quand tombent les Ténèbres

Chapitre 4, 1ère partie

Par Melissa Good

Traduction : Fryda

**************************************

Gabrielle se demanda depuis combien de temps elle était restée concentrée sur les bruyères légères et fines du bord du rocher, à regarder la pluie et le vent léger les faire danser et effleurer la surface pierreuse. Elle se sentait en paix mais très épuisée, et elle se contenta de rester où elle se trouvait, allongée et confortablement appuyée contre la poitrine de Xena, à simplement regarder les gouttes tomber.

Elle pouvait entendre le battement lent et régulier du cœur de sa compagne vibrer sur sa nuque, et elle sentait la pression calme et hypnotique des mains de Xena qui trouvaient les raideurs douloureuses et les attaquaient, puis remontaient pour venir doucement lui masser les tempes. « Mmm. » Elle soupira. « Merci… c’est drôlement bon. »

Les mains finirent leur œuvre et se réinstallèrent autour d’elle en deux rubans chauds autour de son estomac dénudé ; elle couvrit la main de Xena de la sienne tout en retournant son attention vers la pluie. « Je pense qu’il va pleuvoir pour la parade amazone, Xena. » Sa voix était toujours rauque d’avoir pleuré et elle eut une pensée rapide et nostalgique pour une tasse de thé chaud.

« Je pensais que c’était une fête… pas une parade », murmura la guerrière doucement.

« Fête, parade… ce sont les Amazones… pour elle c’est pareil », répondit la barde. « Comment tu te sens ? »

Xena soupira. « Mieux. » Elle libéra une main de l’emprise de la barde et prit un morceau de coton froissé, le plongea dans le ruisseau et le tordit pour enlever l’excédent d’eau avant de doucement tamponner les yeux gonflés de Gabrielle ; puis elle pressa le tissu froid sur ses yeux à elle. « J’ai l’impression d’avoir fait l’aller-retour d’ici à Amphipolis à la course. »

« Mff. » La barde s’éclaircit un peu la voix. « Alors je ne me sens pas si mal. » Elle bâilla. « Mais c’est une bonne fatigue. »

Xena hocha la tête contre le dessus de la sienne. « Oui oui. » La douleur était toujours présente, mais une couche isolante s’y était ajoutée, apportée par la foi retrouvée qui s’écoulait maintenant entre elles, et elle se rendit compte que c’était ce dont elle avait eu besoin. Depuis le moment où tout était arrivé… Gabrielle avait eu besoin de son soutien, oui, mais elle-même ne souhaitait pas… ou… sois honnête, Xena, ne pouvait pas admettre qu’elle avait tout autant besoin de l’aide de la barde pour traverser ceci. Ou de bien plus.

Elle avait fini par comprendre cela quand elle avait entendu la voix de Gabrielle de l’autre côté du ruisseau et elle avait ressenti le désir soudain et désespéré de son contact, de sa présence… C’était une supplique absolue à laquelle elle n’aurait pas pu résister ; et elle était tellement, tellement reconnaissante à la barde de l’avoir recherchée, et de lui avoir donné une chance que ses blessures torturées reçoivent le seul traitement dont elle savait qu’il les guérirait. Elle s’était menti à elle-même en pensant qu’elle maîtrisait tout ça, qu’elle était assez forte pour s’en sortir et ne pas ajouter ses propres problèmes au fardeau de la douleur de Gabrielle.

C’est stupide, Xena. C’est toi son plus gros problème, tu ne l’as pas encore compris ? Mais ça avait été si bon de simplement laisser tomber ses défenses et sentir les mains douces de la barde et sa voix, atteindre des endroits profonds en elle où seule Gabrielle avait jamais été autorisée à aller. Des endroits qui avaient connu un abandon total pendant leur séparation et qui lui avaient montré, en pleine lumière, combien elle dépendait exactement de l’amour et de la confiance qu’elle recevait de sa compagne. Cela avait été une leçon déchirante.

Solan était parti. Cela faisait mal, mais c’était la réalité et elle ne pouvait pas laisser sa mort devenir une ombre obsédante entre elles. Elle avait pardonné à Gabrielle… Les dieux savaient que cela avait été un piège dès le début et elles y étaient proprement tombées toutes les deux. Maintenant, il fallait qu’elle fasse en sorte que la barde se pardonne à elle-même. Xena prit une inspiration et le paquet enveloppé de tissu pour y fouiller et en montrer le contenu à Gabrielle.

« Oh… » La barde toucha tristement le parchemin. « Oui… je le lui ai donné après toute cette histoire avec les esclavagistes. » Elle relâcha un léger souffle. « J’en faisais un pour lui, de nos aventures ensemble. » Elle jeta un coup d’œil à sa compagne silencieuse. « Il m’avait fait promettre de mettre tous les détails du combat à la fin. » Elle fit une pause. « J’allais laisser de côté un ou deux points. »

Cela lui valut un très léger sourire de la part de la guerrière qui prit le jouet en peluche et le lui tendit. « Je me demande si on l’a taquiné pour ça ? »

Gabrielle prit la poupée avec précaution. « Oh… Xena… » Elle toucha les morceaux de tissu du doigt. « Je pense… je pense que c’est supposé te représenter. »

La guerrière lâcha un léger soupir. « Je pense… oui… » Elle regarda la poupée. « Tyldus a dit qu’il… » Elle s’interrompit. « Il était plutôt excité quand il est revenu après tout ce malentendu. »

« Il t’aimait beaucoup », lui dit Gabrielle doucement, en passant le doigt sur la poupée usée. « Tu étais son héroïne. »

Xena posa sa joue contre les cheveux blonds de la barde. « Je sais. C’est drôle comme la vie peut changer parfois. » Elle secoua la tête. « Je ne comprends pas vraiment comment c’est arrivé. »

Gabrielle la regarda avec un sourire tranquille. « Moi si. » Elle retourna son attention vers la poupée. « J’ai toujours aimé les jouets en peluche. »

« Oui ». La réponse murmurée ronronna dans son oreille. « J’avais un… euh… un dragon… en peluche… un truc comme ça, quand j’étais petite. » Un violet passé, et plutôt usé… elle se souvenait, mais à peine, trottiner dans l’auberge avec ce truc qui cognait le sol derrière elle. Cyrène détestait cette chose… et elle essayait tout le temps de la lui piquer et de la cacher, mais elle la retrouvait toujours. L’aubergiste ne pouvait cependant pas prendre sur elle de la détruire.

Les sourcils de la barde remontèrent un petit peu. « Petite comment ? » Elle adorait ces petits moments furtifs de l’enfance de sa compagne. Elle se représentait Xena comme une gamine fougueuse, aux cheveux noirs, avec un froncement de sourcil miniature et tout et tout, et elle se laissait parfois aller à l’imaginer dans ses aventures enfantines. Elle avait même inventé, secrètement, quelques histoires dans un langage simple d’enfant et elle les avait fait lire à Cyrène. L’aubergiste avait bien ri et l’avait complimentée pour sa justesse. Et elle l’avait suppliée de la laisser montrer les histoires à sa fille. Gabrielle avait serré les mains sur les histoires et les avait cachées aussi loin qu’elle le pouvait dans sa boite à parchemins.

« Très petite », l’assura Xena. « Minuscule. » Elle leva la main et ses doigts dessinèrent quelque chose de très petit. « Je dormais avec. »

Gabrielle traça la longue cuisse musclée contre laquelle son bras était collé et elle lui donna une petite tape. « Je ne sais pas mais… mon amour… j’ai du mal à t’imaginer aussi petite. » Elle prononça les mots sans tressaillir cette fois.

Xena soupira. « C’était il y a bien longtemps. »

« Est-ce qu’il avait un nom ? » Demanda Gabrielle nonchalamment, en jouant avec le vêtement en cuir noir que le jouet portait. « Je… j’avais… c’était juste un chiffon… une sorte de poupée toute molle… je l’appelais… » Elle recourba légèrement les lèvres. « Princesse. »

« Je ne me souviens pas », murmura la guerrière.

Gabrielle pencha la tête et regarda sa compagne avec un demi-sourire doux et connaisseur.

Xena soupira. « Boule de feu. » (NdlT : Flameball en VO) Elle regarda la mâchoire de la barde se serrer tandis qu’elle réfrénait un rire. « Oui… je sais. J’essayais que Digger le tue mais ça n’a jamais marché. » Elle sentit la lourde pression sur sa poitrine commencer à se relâcher tandis que le rythme de la pluie l’apaisait et que la présence de Gabrielle la protégeait de la douleur de ses souvenirs. C’était si bon de rester là à simplement parler, sans pression, ou sans s’inquiéter de ce que quelque chose qu’elle dirait relancerait la tension.

La barde sourit. « Lila me piquait toujours Princesse… Je la retrouvais suspendue au support de la fenêtre… ou dans l’écurie… elle avait toujours des ennuis. » Son regard alla vers le visage de Xena. « Comme une certaine Princesse Guerrière de ma connaissance. »

« Moi ? » Protesta Xena doucement. « Et si on parlait d’une certaine Princesse Amazone ? »

Un sourire étira les lèvres de Gabrielle. « Peut-être que c’est un truc de princesse. » Elle regarda vers l’extérieur. « Xena, il pleut à nouveau pas mal… Argo risque de nous maudire, non ? »

La guerrière grogna puis passa la tête hors du rocher sous la pluie, plissant les yeux sous sa force. « Nan… elle s’est mise à l’abri. » La jument s’était placée d’elle-même sous un groupe d’arbres et les regardait avec une expression fâchée. « Euh… est-ce que tu as dit à Ephiny où tu allais ? »

Gabrielle écarquilla légèrement les yeux. « Euh… non.. » Elle se tourna à demi vers sa compagne. « Je ne pouvais pas… Je… Xena, je ne savais pas où tu… et je ne voulais pas qu’elle… »

« Chhhut. » La guerrière lui prit les joues entre ses mains. « Ok… ok… je comprends. » Elle regarda à nouveau vers le ciel. « Bon, on peut rentrer. »

Gabrielle se blottit un peu plus. « Oui, on pourrait. » Qu’Ephiny aille chez Hadès, décida son esprit capricieux. Je suis trop bien ici.

Elles regardèrent la pluie battante qui tombait puis l’une vers l’autre. « On pourrait attendre jusqu’à ce que ça se calme un peu », ajouta Xena d’un air pensif. Je suis plutôt épuisée… elle aussi on dirait… ça ne nous fera pas de mal de rester nous reposer ici encore un peu. « Ephiny va manger ses chobos de toutes les façons. »

« Beuh. » Gabrielle tressaillit. « Je viens juste de lui faire cracher les échardes de la dernière fois. » Elle s’interrompit. « Je… euh… je lui ai raconté ce qui s’était passé. » Elle mordilla son pouce. « Je pense que je l’ai un peu choquée. » Sa voix s’était adoucie. « Et puis je t’ai ressentie… et je suis partie, comme ça. Elle pense probablement que j’ai perdu la tête. »

Xena la regarda. « Tu n’avais pas besoin… de tout lui raconter si tu ne le souhaitais pas. »

La barde se tourna pour la regarder droit dans les yeux. « Et qu’elle pense que je n’avais rien à me reprocher ? Non, Xena… Ce n’est pas ce qui s’est passé pour moi… pour nous. » Elle mit la main sur la poitrine de la guerrière et absorba le regard qu’elle recevait de sa compagne. « Je veux qu’elle comprenne bien ça. »

La guerrière enroula ses doigts autour de ceux plus petits de la barde et leva sa main pour en embrasser doucement la paume. « Très bien », répondit-elle avec une calme acceptation. « Une vieille habitude, je présume. »

Gabrielle enveloppa la joue bien travée de sa main et effleura la peau douce de son pouce. Elle hocha la tête pour exprimer son assentiment. « Il faut qu’elle accepte qu’il y a beaucoup de choses qui ont changé chez moi… tout comme je dois l’accepter aussi. »

Xena prit une inspiration résignée mais hocha la tête à son tour. « Peut-être que tu découvriras… après un moment… que les choses ne sont pas tout à fait comme tu le pensais. »

La barde sourit doucement. « C’est un désir ? »

La guerrière haussa les sourcils. « C’est l’expérience de la vie », admit-elle d’une petite voix. « Il y a pas mal de moments où j’aimerais avoir changé plus que je ne l’ai fait. »

Gabrielle laissa ses doigts continuer leur exploration, essuyant la pluie qui avait coulé sur Xena quand elle avait passé la tête dehors. Elle regarda les yeux bleus se fermer lorsqu’elle toucha les sourcils noirs de sa compagne pour les lisser, avant de repousser les mèches de cheveux mouillées. « Je pense que tu as plus changé que tu ne le réalises. » Elle vit la gorge de Xena bouger lorsque celle-ci déglutit plusieurs fois. « La personne que tu étais en Chine telle que tu me l’as décrite … » Elle fit une pause. « …m’aurait bien trop effrayée pour que je devienne son amie… je pense. »

Xena posa la tête contre la roche et ouvrit les yeux. « J’étais un animal », reconnut-elle doucement. « Lao Ma me l’a fait comprendre… mais elle ne pouvait pas me donner de substitut à la merveilleuse satisfaction primale que d’être un animal m’apportait. » Elle cligna lentement des yeux. « Mais… je suis un peu désolée pour elle maintenant. »

Gabrielle pencha la tête en questionnement. « Désolée ? Pourquoi ? »

Xena eut un sourire désabusé. « Elle n’a jamais su ce que c’était que d’être comme ça… » Elle captura la main de la barde et l’effleura de ses lèvres. « Elle m’a dit que la discipline me libèrerait… Mais je pense qu’elle avait bien trop peur pour se rendre aussi vulnérable. » Elle secoua la tête. « Je ne la blâme pas, non… pas vu le monde dans lequel elle vivait. »

La barde lâcha un petit souffle. « Si elle avait été vivante, qu’est-ce que tu aurais fait ? »

Oh oh… Les cloches sonnèrent tranquillement l’alarme. Heureusement, se dit Xena, la réponse était facile. « Rien. » Elle haussa les épaules. « Elle savait que je lui étais redevable… Elle ne requérait pas une amie, Gabrielle… Elle requérait une tueuse. » Elle prit lentement une inspiration. « Je pense qu’elle aurait été surprise si nous avions eu l’occasion de parler… Je… je sais que je ne suis pas la personne dont elle se souvenait… » Elle s’interrompit et déglutit fortement en se souvenant. « Mais je ne… même si à ce stade j’avais pensé… Je euh… » Elle regarda ses mains. « J’avais pensé t’avoir perdue… même alors. Je ne… ça n’aurait pas… » Non… Lao Ma aurait été surprise de voir la personne complexe qu’était devenue l’enfant qu’elle avait sauvée. Elle était devenue quelque chose de bien plus différent que tout ce que la Chinoise aurait pu envisager… bien qu’elle sut que Lao Ma l’aurait façonnée à sa propre image si elle l’avait pu.

Elle réfléchit à tout ça. A la paix nue qu’elle avait enfin créée pour se permettre d’utiliser l’essence de la vie, tout comme Lao Ma le lui avait enseigné. Nue en ce sens qu’elle se concentrait sur son détachement de toutes choses, et de tout être, et elle avait dû se vider elle-même de toutes choses pour l’atteindre. Même de Gabrielle. Et tandis que cela lui permettait d’atteindre son but, le prix à payer était bien, bien trop élevé. Elle avait vu le monde à travers les yeux de Lao Ma pendant un instant, canalisant les forces que cette femme avait connues, dans la solitude qu’elle avait également connue, ne la brisant que pour permettre, un court instant, à une étrangère d’entrer dans ce qu’elle comprenait à peine.

Mais ça n’avait pas été la discipline qui l’avait domptée à la fin, songea-t-elle. Ça avait été l’amour. Oh oui, tu aurais été surprise, mon amie. Nous nous serions à nouveau revues à égalité, mais sur un terrain complètement différent. « Ça n’aurait pas été… pareil. »

« Chhhut. » Gabrielle posa le bout de ses doigts sur les lèvres hésitantes de la guerrière. « Tout va bien… je ne voulais pas… je veux dire que ce n’était pas vraiment juste de ma part de te demander cela. Elle soupira. « Sachant tout ce qui s’était passé… je pense que c’était surtout douloureux d’être abandonnée. »

« Mais tu… » Xena commença à parler, les sourcils froncés. Voulais rester… tu l’avais dit…

« Je sais. J’étais… je présume que j’espérais que tu tenterais de me faire changer d’avis », répondit tranquillement la barde. « Je présume que je ne voulais pas vraiment accepter que ce que tu allais faire… la personne pour qui tu le faisais…étaient beaucoup plus importants que moi. » Elle se souvint calmement du sentiment angoissant qu’elle avait ressenti. « Est-ce que tu m’aurais empêchée de venir si j’avais insisté ? » Elle connaissait la réponse mais elle voulait entendre Xena la prononcer.

La guerrière baissa le regard. « Non… je… j’espérais que tu… » Marmonna-t-elle. « Quand tu as… dit que tu ne pouvais pas… je me suis dit que tu t’étais finalement… détachée de moi. » Cette dernière étreinte avait été douloureuse, bien plus que tout ce qu’elle avait vécu jusque là ne l’avait fait. Elle avait su, en s’éloignant de cette silhouette frêle et solitaire sur le pont, qu’elle abandonnait quelque chose qu’elle ne pouvait pas se permettre de perdre, et ce fut à ce moment, elle le savait, qu’elle avait décidé qu’elle ne reviendrait pas.

Le savoir était la seule chose qui l’avait empêchée de sombrer dans la folie pendant ces longues semaines de voyage, où les images de sa perte lui tenaient piètre compagnie et Gabrielle n’était jamais loin de ses pensées. Elle se retenait à ses souvenirs et se concentrait sur les bons, ce qui lui permit de survivre jusqu’à ce que le bateau accoste enfin à l’Est, et qu’elle puisse faire ce qu’elle avait à faire et abandonner la misérable vie puante qu’elle n’avait plus aucun intérêt à vivre.

De voir Gabrielle en Chine l’avait forcée à changer d’idée, parce que même si elles n’étaient plus âmes-sœurs, elle avait toujours une responsabilité envers la barde. Et une fois qu’elle eut vu ce regard écoeuré dans ce donjon… elle avait su que quelque part, d’une façon ou d’une autre… il y avait encore de l’amour entre elles. Et que cela valait la peine de vivre. La peine de se battre.

Gabrielle se pencha en avant et posa son front contre celui de la guerrière. « Nous étions plutôt bien aveuglées toutes les deux. »

Xena hocha la tête et l’attira contre elle pour la prendre dans ses bras. « Oui… nous l’étions. » Elle sourit en sentant Gabrielle se détendre totalement contre elle. « Je suis contente que nous ayons eu une autre chance », ajouta-t-elle simplement.

Gabrielle sourit contre son cou et le mordilla légèrement. « Moi aussi. »

Elles se reposèrent en silence pendant un moment, à regarder la pluie qui tombait. Puis Xena jeta un coup d’œil sur sa gauche. « Heu… on a un problème. »

La barde redressa brusquement la tête. « Quoi ? »

Xena fit un mouvement de mâchoire. « Une inondation. » La rivière montait rapidement et léchait déjà le bord de leur cachette. « Il pleut depuis des heures. »

« Mmm… » Gabrielle étudia l’eau. « Ephiny disait que la rivière près de chez elles était aussi plutôt élevée… J’espère que… »

Elles se regardèrent. « Oh bon sang », marmonna Xena.

« Ce n’est pas de ma faute », protesta la barde. « Ce n’est pas parce qu’elles n’ont jamais eu d’inondation au village que cela veut dire que ça va se produire parce que je suis ici. » Elle se mordit la lèvre. « Mais je présume qu’on ferait mieux d’aller voir. » Un grondement de tonnerre résonna.

Elles se regardèrent. « Ce n’est PAS de ma faute », gémit Gabrielle.

Xena masqua un sourire. « Bien sûr que non », acquiesça-t-elle solennellement. « Allez… au moins elles seront trop occupées pour me foudroyer du regard. » Elle ramassa les affaires qu’elle avait emportées et poussa la barde dehors, entendant le léger juron quand la pluie la toucha.

Gabrielle plongea dans la rivière et se rendit compte de son erreur lorsque le courant rapide menaça de l’entraîner. Un instant d’équilibre précaire, puis la sécurité quand un grand corps chaud se mit entre elle et les rochers et la soutint pendant leur traversée. « Merci », cria-t-elle en se retenant au cuir trempé de Xena. « Toi, ça va ? »

« Je savoure chaque instant », répondit Xena en sortant péniblement de la rivière avant de soulever la barde pour la poser sur la rive et elle déposa Arès qu’elle avait porté pendant la traversée. Elles coururent jusqu’à la cachette d’Argo et calmèrent la jument énervée, regardant vers les arbres quasiment cachés par la pluie battante. Des petits ruisseaux de boue commençaient à couler entre les grands sabots du cheval qui frappa un peu le sol, éclaboussant leurs bottes de la matière noire et faisant s’ébrouer violemment Arès.

« Hé ! » Cria Gabrielle en sautant hors du chemin. « Arrêtez ça. » Elle regarda Xena attacher le paquet aux attaches de la selle de la jument puis attraper les rênes et se hisser sur cette dernière. Elle attrapa la main tendue et se sentit soulevée ; elle passa une jambe par-dessus le dos d’Argo avant de s’installer derrière la forme solide de la guerrière, qui bloquait confortablement la pluie.

Elle se rendit compte avec un peu de suffisance qu’elle avait plus de chance que Xena tout en posant sa tête contre le dos de la guerrière et en entourant son estomac couvert de cuir. Elle sentait la pluie couler sur ses poignets et Xena qui secouait la tête fréquemment pour écarter les cheveux de ses yeux.

Argo avançait lentement tandis que la pluie les cognait fort, et Gabrielle pouvait à peine voir les contours des arbres qu’ils dépassaient. « Wow », cria-t-elle et elle sentit le corps de Xena bouger tandis que la guerrière se retournait pour l’écouter. « C’est stupéfiant. »

« Oh oui », cria Xena à son tour en tapotant ses bras serrés. « Tiens bon… je ne veux pas que la pluie t’emporte. »

La barde resserra son étreinte. « Aucune chance. »

Elles entendirent les cris bien avant d’atteindre le village et lorsque Gabrielle regarda vers le bas, elle vit un torrent boueux emporter rapidement du cuir et des plumes.

***********************

« Sécurisez en hauteur », hurla Ephiny en évitant deux éclaireuses qui emportaient des sacs en toile de jute vers un barrage de fortune. « Par les tétons d’Héra… » La régente jura et se mit aussi à courir quand elle vit chanceler le barrage de branchages rapidement érigé. Elle posa les mains et poussa, sentant le poids du mur commencer à se renverser sur elle. « Poussez ! »

Trois Amazones se précipitèrent et agrippèrent les branches de chaque côté, ajoutant leur poids au sien pour repousser le barrage. Elles réussirent à remettre le bas en place et se mirent à l’œuvre pour le redresser, et elles placèrent des sacs de sable pour bloquer les torrents d’eau qui traversaient le village.

La pluie les avaient surprises et elle n’avait pas réalisé que le sol de chaque côté du village était saturé… Au lieu d’absorber l’eau, il la transformait en boue qui balayait les huttes comme une rivière coulant lentement et entrainant les petites structures dans son passage. Cela avait écarté son attention du fait que Gabrielle avait… disparu soudainement et elle avait retardé le moment d’envoyer une patrouille de recherche, en se convainquant que la barde était tout à fait capable de s’occuper d’elle-même, et qu’elle avait simplement rejoint Xena quelque part.

Ephiny sentait la tension commencer à l’affaiblir et elle ferma les yeux, poussant en avant avec des muscles qui commencèrent à trembler tandis qu’elle les injuriait. « Plus vite… bon sang. » Elle grogna vers les éclaireuses qui poussaient frénétiquement. « On ne va pas y arriver. » La pluie la repoussait ainsi que le barrage. Si elles laissaient le mur s’effondrer, le torrent d’eau saperait les constructions… et emporterait les structures plus vite qu’elles ne pourraient les soutenir.

Mais ce barrage était bien trop lourd… Elle pouvait entendre les grognements de ses compagnes et elle sentait sa propre force fléchir tandis que l’eau la repoussait puissamment, et elle sentit ses pieds commencer à glisser dans le sol détrempé.

Elle entendit à peine le bruit de pas s’approchant rapidement derrière elle, jusqu’à ce que le poids soit soudainement soulevé de ses épaules et elle trébucha vers l’avant, les genoux dans la boue. Bon sang, que… Elle se tourna à demi, repoussa ses cheveux trempés de ses yeux et tendit une main à l’aveuglette, sursautant quand elle sentit la peau chaude. La pluie fut bloquée et elle leva les yeux pour voir une silhouette sombre la surplomber, les bras contre le barrage, les jambes à demi pliées, pour en soutenir le poids.

Une dizaine de jurons lui vinrent à l’esprit, à commencer par « T’étais où, par Hadès ? » mais elle les repoussa tous en échange d’une tape amicale sur la cuisse musclée à peine à quelques centimètres de son épaule. Un grand sac de sable tomba sur le sol près d’elle et elle leva les yeux pour voir le visage de Gabrielle dans la pluie battante, tandis que la barde posait la main sur son épaule. « Ça va, Ephiny ? »

Est-ce que je vais bien ? Oh… certainement… Gabrielle… Tu me rends dingue en disparaissant dans les bois pendant des heures… on ne peut pas te retrouver, la retrouver, les Centaures nous disent qu’elle est partie depuis des heures déjà… « A merveille, merci. Et toi ? » Cria-t-elle dans la direction dela barde.

Gabrielle tira sur un autre sac pour le mettre en place et lui tapota le bras. « Je vais très bien, merci… Désolée d’avoir filé comme ça tout à l’heure… On s’est retrouvées dans les bois et on a décidé d’attendre que la tempête se calme. »

« Bien. » Ephiny hocha la tête d’un air aimable puis se mit péniblement debout et commença à aider à pelleter du sable. « Cette fichue pluie nous a prises par surprise… Je n’avais jamais vu l’eau descendre jusqu’ici comme ça avant. »

Il leur fallut plusieurs heures pour metre le mur en place, et encore quelques heures pour placer des barrages de fortune sur une grande partie du périmètre, jusqu’à ce qu’elles finissent en sécurité dans la salle à manger commune, qui se trouvait à l’endroit le plus élevé, le moins boueux et le plus spacieux. Les barrages détournaient l’eau de chaque côté du village et préservaient l’intérieur de plus de dégâts.

Mais ils ne l’empêchaient pas de fuire par endroit et elles étaient blotties en groupes malheureux tandis que la pluie continuait à battre le toit en chaume, les mouillant de manière imprévisible.

« Crotte de Centaure », grogna Solari tout en essayant d’enlever un bloc de boue durci de sa jambe. Elles étaient assises sur les bancs, fatiguées, essayant de garder les chandelles allumées. « Si ce truc durcit, je ne pourrai plus bouger. »

« Tais-toi donc. C’est bon pour ta peau », lança Menelda. « Ça ne peut pas te faire de mal en tous cas. »

« Hé ! » Objecta Solari. « Garde tes critiques pour toi… tu ne me fais pas l’impression d’être une fleur de printemps non plus à l’instant. » Elle renifla grossièrement. « Ça pue les cochons morts par ici. »

« Fais attention, pattes de dinde », répliqua Menelda. « Je ferais mieux de retourner chez moi… c’est plus sec et ça sent sûrement meilleur. »

Ephiny lâcha un grognement et se prit la têe dans les mains. « Fermez-la, toutes les deux. » Elle commença à parler quand un bruit sourd résonna, puis elle leva les yeux pour voir une tasse posée devant elle, qui fumait doucement. « Par les dieux… » Elle lança un regard pathétiquement reconnaissant à Gabrielle. « Où est-ce que tu as trouvé ça ? Les foyers étaient inondés. »

La barde regarda rapidement par-dessus son épaule ver la zone de cuisine. « Un des nombreux talents », répondit-elle en se glissant près de la régente tout en entourant sa propre tasse de ses mains. « Xena peut enflammer des blocs de glace. Ne me demande pas comment. » Elle posa les coudes sur la table et prit une gorgée du thé, fermant les yeux et savourant le goût riche et sucré. « Par les dieux… qu’est-ce que c’est bon. »

Ephiny prit une gorgée avec précaution puis soupira. « Elle a vraiment le truc… » Elle regarda calmement la barde. « Alors… tu te sens mieux maintenant ? Tu avais l’air un peu… secouée… quand nous nous sommes séparées cet après-midi. »

Gabrielle hocha la tête rapidement. « Oh oui… désolée… je… mmm… j’avais besoin de temps pour réfléchir et je suis allée me balader vers le village centaure… j’ai croisé Xena qui revenait ici. Nous… heu… nous avons un peu parlé… puis il a commencé à pleuvoir… alors on a cherché un abri en quelque sorte… et puis on s’est rendu compte que ça n’allait pas s’arrêter, alors… Et c’est là qu’elle demande… d’un ton inquiet, Gabrielle… tu vas bien ? Prédit la barde avec ironie.

La régente baissa la voix et se pencha vers elle. « Gabrielle, est-ce qu’elle va bien ? »

La barde ressentit un choc de surprise plaisant glisser le long de son dos. « Elle est… » Son regard traversa la pièce sombre, chaude et trempée pour trouver l’ombre pâle de sa compagne, qui était agenouillée contre le foyer avec Esta, nerveusement affairée. « Ils lui ont rendu les affaires de Solan… c’était plutôt dur pour elle. »

Ephiny la voix basse. « Tu le savais. » Ce n’était pas une question. « Elle était bouleversée et tu le savais. » D’y penser et de se souvenir de la voix basse et grondante de Jessan qui parlait des profondeurs d’un lien qu’elle comprenait à peine, lui apportait des frissons le long de son épine dorsale.

La voix de Cyrène, dans son souvenir. « C’est possible. Je l’ai vu se produire. Et toi aussi. » C’était vrai. « Quand elle saigne, j’ai mal », avait dit l’être de la forêt, de sa voix remarquablement calme. C’était vrai. Alors comment avaient-elles pu s’éloigner autant… si ça l’était ? Ce n’était pas possible, à moins que… Le regard d’Ephiny s’assombrit. A moins qu’il n’y ait une interférence extérieure.

Un long moment de silence s’installa entre elles, tandis que la barde tentait de trouver quoi répondre. « D’une certaine façon, oui », finit-elle par admettre. « Je savais qu’elle souffrait… et je suis allée la trouver. » Voilà… c’était plutôt neutre, décida-t-elle. « J’étais contente de l’avoir fait… on a réglé encore d’autres choses entre nous. »

La régente prit sa main dans la sienne. « Contente de l’entendre. » Elle sourit d’un air las puis examina la salle. « Quel bazar. »

Gabrielle ne put qu’acquiescer… La salle à manger ressemblait à une mer d’Amazones couvertes de boue, surchauffées, lasses et agacées, qui se lançaient des piques irritées, tout en essayant de rester en dehors des fuites d’eau. La boue était partout, assombrissant la peau des femmes fatiguées et se déposant en une couche puante de plusieurs centimètres sur le sol. Marcher était… la barde tressaillit. Ses bottes s’enfonçaient dans le cloaque et elle devait les en sortir avec un bruit de succion qui commençait rapidement à lui courir sur les nerfs.

Elle lança un coup d’œil à sa compagne, qui s’était relevée et traversait lentement la salle vers elles, évitant les petits groupes d’Amazones qui la regardaient passer avec des regards attentifs mais pas ouvertement hostiles. Xena avait tiré ses cheveux en arrière et sa combinaison en cuir noir était presque grise à cause de la boue séchée qui enveloppait également ses longues jambes, masquant presque les lourdes pièces d’armure qui couvraient ses genoux. Après qu’elle eut aidé à remettre le barrage en place, la guerrière était allée infatigablement d’un endroit à l’autre, bougeant des sacs, chargeant des provisions vitales en hauteur hors de la portée de l’eau, et elle apportait sa force et sa haute taille partout où elle était requise.

Gabrielle, ralentissant sous la pluie quelques instants pour l’observer, avait ressenti le vieux pincement familier de fierté en voyant la guerrière repousser plusieurs Amazones pour soulever un chariot renversé sur ses épaules, et marcher sous la pluie battante comme si elle faisait une petite ballade un soir de printemps. Cela avait provoqué un sympathique frémissement le long de son dos et elle avait souri pour elle-même, avant de repartir pour amener les Amazones les plus jeunes dans les quartiers de la guérisseuse, au grand dam d’une Eponine dégoûtée.

« Ah ben ça, ce qu’elle est forte », avait murmuré une des jeunes filles, en poussant sa copine dans les côtes. « Regarde-moi ça ! »

Gabrielle s’était contentée de rire doucement et sans bruit. Du temps. C’est ce dont elles avaient besoin… du temps pour guérir, et du temps pour que les gens oublient la peur, la colère et l’horreur de ce qui avait vraiment été une chose terrible. Les filles avaient continué leur bavardages à voix basse tandis qu’elle les emmenait à l’infirmerie.

Désolée Pony… La barde sourit tranquillement pour elle-même tandis que la guerrière se glissait près d’elle avec un soupir quasiment inaudible. « Salut. » Elle attendit que la grande femme pose les coudes sur la table et s’y appuie avec lassitude, puis elle mit la main autour du bras de Xena et s’appuya contre lui, sentant la chaleur lorsque sa joue toucha la peau de la guerrière, se fichant totalement de la boue qui les couvrait à foison toutes les deux.

Elle savait que tout le monde les regardait. Elle savait que Xena le savait aussi, vu le léger rire qu’elle sentit dans la respiration de la guerrière et la pression soudaine lorsque sa compagne posa la tête contre la sienne. « Merci pour le thé », murmura-t-elle dans la chaleur de la peau.

Xena bâilla, sentant la barde tressaillir au craquement de sa mâchoire. « A ton service. » Elle se sentait physiquement épuisée mais étrangement paisible, malgré l’environnement inconfortable et la tension toujours palpable de la part des Amazones qui les entouraient.

Ça n’avait pas d’importance. Pas avec Gabrielle tout près, appuyée si confortablement contre elle. Elle se laissa baigner dans la présence de la barde et ignora la chaleur qui provoquait une couche d’humidité sur la peau de tout le monde y compris la sienne. Ignora l’écoulement impromptu d’eau qui faisait atterrir une goutte sur ses épaules de temps en temps. Ignora les grognements des Amazones.

Esta et une aide allaient péniblement de table en table, passant des rations de voyage sèches qu’elle avait réussi à sauver de l’inondation, et lentement, un groupe désordonné avança en trainant vers le tout petit feu et commença à préparer un peu de nourriture et des boissons.

Ephiny rejeta ses boucles blondes en arrière et fixa le plafond. Le tonnerre grondait et le battement s’intensifia, faisant jurer silencieusement la régente. « On est coincées ici. » Elle posa le front sur sa main.

Une vague arriva en bouillonnant sous la porte et étendit son liquide sale en une nouvelle couche sur le sol, apportant avec elle la puanteur de la rivière toute proche. Un chœur de grognement accueillit le remugle. Plusieurs poissons glissèrent à cette occasion et l’un d’eux s’arrêta pile aux pieds de Xena. La guerrière regarda nonchalamment vers le sol tandis que le poisson regardait nonchalamment vers le haut.

« Grogh », grogna le poisson.

Xena renvoya la créature bruyante à l’autre bout de la pièce d’un coup de botte, le regardant glisser pour s’arrêter près d’Esta.

« Grogh ! » La cuisinière sursauta et perdit l’équilibre, tombant dans la boue avec un bruit sourd tandis qu’une volée de rires fatigués accueillait cette vision.

« Oups », marmonna Xena, en baissant la tête et en regardant attentivement ses doigts croisés.

Gabrielle enfouit son visage dans le bras de la guerrière et fit semblant de n’avoir rien vu. « Je ne peux pas croire que tu as fait ça. »

La guerrière cligna innocemment des yeux. « Fait quoi ? »

Elles cuisinèrent le poisson et réussirent à le manger avec un peu de viande séchée, avalée avec du thé et un peu de cidre qu’elles avaient stocké à l’arrière de la salle à manger. Après ça, la question fut de trouver un endroit où poser leurs têtes, tandis que la fatigue l’emportait graduellement sur l’inconfort.

Xena s’appuya contre le mur et dégrafa son armure, la passa par-dessus sa tête et la posa dans la boue près d’elle. Gabrielle n’eut pas besoin de plus que ça pour venir se blottir contre sa compagne avec gratitude, sans se préoccuper de la chaleur boueuse lorsqu’elle entoura Xena de ses bras et posa la tête contre la poitrine de la grande femme. Elle s’endormit en quelques secondes, au grand étonnement de la guerrière, qui entoura le corps détendu de son bras assuré.

Ephniny réussit à sauver un morceau de sac de jute et elle le plia pour en faire un oreiller, le mit sur la table et posa la tête dessus. Elle fixa la barde avec envie et leva les yeux pour croiser le regard bleu et légèrement amusé de Xena. « Ça a du bon d’être la Reine », dit-elle d’une voix trainante avec une étincelle dans les yeux.

Xena baissa les yeux vers la forme endormie tranquillement nichée contre elle et laissa un sourire indulgent passer sur ses lèvres. « Le privilège du rang », répondit-elle pince-sans-rire. « On a son propre oreiller guerrière en peluche animée. »

La régente eut un petit rire surpris. « Et moi qui pensais que tout était question de pouvoir politique. Maintenant je connais le vrai secret sur la poésie du poste », fit-elle remarquer d’un ton taquin, puis son regard passa sur la salle et revint vers Xena. « Quel bazar, hein ? »

Le regard de la guerrière voyagea sur la pièce éclairée par les chandelles et remplie d’Amazones fatiguées et couvertes de boue. « Ça pourrait être pire. » Elle ajusta ses épaules plus confortablement contre le mur.

« Ah oui ? Et comment ça ? » Demanda nonchalamment la régente. « Laisse-moi deviner… on pourrait toutes avoir nos règles en ce moment. »

Le sourcil de Xena se redressa en même temps que le coin de sa bouche. « On pourrait être chez la guérisseuse avec les gamines. »

Ephiny réfléchit un instant puis remua le doigt. « Si je n’arrive pas à débarrasser ma combinaison de cette boue, je finirai là-bas de toutes les façons. » Elle tressaillit et bougea. « Dieux… mais je vois ce que tu veux dire », admit-elle. « Pony va me tuer pour la laisser là-bas avec elles. »

La guerrière passa une main boueuse dans ses cheveux et essuya la sueur sur son visage, soupirant un peu tout en croisant les chevilles. « Elle va survivre. »

« Xena ? » La régente prit une inspiration et fixa la femme couverte de boue.

La lumière de la bougie brilla dans les yeux bleu clair. « Oui ? »

« Merci pour ton aide. » La bouche d’Ephiny se courba en un léger sourire. « Je l’ai beaucoup appréciée. »

Cela lui valut un bref sourire, mais sincère, en retour. « Contente d’avoir été dans le coin. » Son regard alla vers la salle qui se calmait doucement. « C’est probablement bien qu’elles puissent voir que je ne suis pas toujours une maniaque criminelle. »

La régente haussa les sourcils. « Ce n’est pas ce qu’elles pensent. »

Un haussement de sourcil noir. « Tu oublies que j’ai une bonne oreille. »

Ephiny sentit son visage chauffer. Elle passa un long moment à essayer de trouver quelque chose à dire et se rendit compte qu’il n’y avait rien. « Désolée », finit-elle par murmurer.

Xena haussa une épaule, attentive à ne pas réveiller la barde endormie. « J’y suis habituée. »

La régente étudia le visage assombri, un masque habituellement indéchiffrable, et elle eut un sentiment irrationnel de perte. Elle avait passé des mois à Amphipolis, apprenant à connaître cette femme, et elle l’avait considérée comme son amie. Et elle avait cru que Xena la considérait comme telle. Et maintenant, tout ce qu’elle voyait, c’était la Princesse Guerrière, son apparence d’acier intacte.

Sauf qu’elle avait laissé Gabrielle à nouveau entrer. Ça, c’était évident. Les doigts posés sur le dos nu de la barde n’arrêtaient pas leur doux mouvement apaisant. Peut-être que plus tard, de nouveau, elles auraient une chance de commencer à la voir différemment, et de laisser ce qui était arrivé devenir un petit coin dans la tapisserie de sa vie.

« Xena, je suis vraiment désolée. Plus que je ne saurais le dire », dit Ephiny doucement, en regardant le visage figé en réaction. « Je suis contente que les choses se soient arrangées. » Son regard alla alors vers le visage satisfait de Gabrielle, puis revint vers celui de la guerrière.

Et elle y vit de la chaleur. « Merci. »

Avec un petit hochement de tête, la régente ferma les yeux, se préparant à une nuit inconfortable. Elle soupçonnait fortement que la seule d’entre elles qui allait avoir un sommeil décent, ce serait la barde.

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A suivre Chapitre 4, 2ème partie

 

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Commentaires
F
No comment :-)
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A
Comme tous le monde, Merci à Fryda pour cette trad que je vais dévorer rapidement. Merci à Kaktus pour ses maj et evidemment merci à MG pour ses histoires ^^<br /> Ce récit s'apprête à priori à être un de mes préféré de la serie "A Journey of Soulmates"
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F
ça c'est sûr, parce que sans elle, pas d'histoire à traduire :-)<br /> et merci à vous pour vos posts sympas. Bonnes fêtes de Pâques
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I
Merci Fryda pour ce chapitre...<br /> C'est toujours un régal.<br /> <br /> Isis.
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X
c'est magnifique....<br /> <br /> Quel talent, Missy Good !!!!!<br /> Que d"émotions dans cette FF que je peux apprécier grace à toi Frida.<br /> <br /> Merci Pour ton travail et vite la suite.<br /> Merci encore Frida
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