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27 octobre 2013

Indiscrétions, épisode 8

 

INDISCRETIONS

Troisième Saison

Créé, produit, dirigé et écrit par :

Fanatic et TNovan

Traduction : Fryda (2013)

 

Episode 8 : Jeux d’Esprit

Kels n’était pas particulièrement de bonne humeur quand elle est revenue du studio ce soir. Je parie que Bruce a quelque chose à voir là-dedans. Il va falloir que j’aie de nouveau une petite conversation avec lui.

Je jette un coup d’œil vers la porte de la salle de bains. Elle est fermée. Elle y est depuis un sacré bon bout de temps. Bon, plus longtemps qu’à son habitude. Je sors du lit et m’y dirige pour frapper doucement.

« Kels, ma chérie, tu vas bien ? »

Pas de réponse à ma demande. Mais j’entends ce qui ressemble à un verre brisé sur le sol. Je tente d’ouvrir. Verrouillé. Bon sang ! Une des petites phobies sécuritaires de Kels. « Kels ! » Je frappe à la porte. « Bébé, ouvre la porte ou réponds-moi ! »

J’étudie la porte et je me remémore ce que Bear m’a dit au sujet de les ouvrir à coups de pied. Toujours près de la poignée, c’est la partie la plus faible. Je fais un pas en arrière en jaugeant la distance. Je mets un coup de pied rude à la porte. Elle cède mais ne se casse pas complètement.

« Kels ! » Un autre coup de pied et la porte finit par s’ouvrir brusquement.

Oh bon sang !

Je me précipite à l’intérieur et je me plie en deux en gémissant. « Kels ! » Je la prends dans mes bras et son regard croise le mien. Les larmes coulent abondamment sur ses joues.

« Har- »  Elle n’arrive même pas à finir avant que son corps ne soit enferré dans une autre douleur et elle pleure.

« Brian ! Brian ! » Je hurle tout en la prenant dans mes bras pour la porter hors de la salle de bains. Alors que je la dépose sur le lit et que j’attrape le téléphone, il entre dans la pièce.

« Oh merde ! Qu’est-ce qui s’est passé ? »

Je lui jette le téléphone pour pouvoir me concentrer sur Kels. « Appelle une ambulance et après tu appelles le Dr McGuire. Son numéro… »

« Je l’ai ! » Il fonce hors de la chambre.

Je retourne mon attention vers Kels. « Kels, bébé, allez, parle-moi. »

Elle se contente de pleurer en souffrant encore plus. Je la prends dans mes bras, essayant de la réconforter.

« Les bébés… » Réussit à dire Kels à travers ses hoquets pour respirer. « Quelque chose ne va pas… »

« Tiens bon, bébé. On va avoir de l’aide. » J’essaie de l’apaiser.

Elle secoue la tête contre moi. « Harper… ne laisse pas nos bébés… mourir. »

Je réponds avec force en souhaitant que ce ne soit pas le cas. « Nos bébés ne vont pas mourir. Tout va aller bien. Détends-toi, Kels. »

« Oh Seigneur ! » Elle hurle et se plie en deux dans mes bras. Je remarque un flot de liquide rouge qui coule le long de ses jambes.

Brian revient dans la pièce et se laisse tomber à genoux près du lit. « L’ambulance est en route et j’ai appelé le numéro d’urgence du docteur. On m’a dit qu’il nous rejoindrait à l’hôpital. Je peux faire autre chose ? »

Je me regarde rapidement et je me rends compte que je n’aurai pas besoin de plus que du short et du tee-shirt que je porte mais j’aurai au moins besoin de mes baskets.

« Des chaussures », lui dis-je en serrant Kels contre moi tandis qu’elle agrippe mon tee-shirt en continuant à pleurer et à gémir. « Prends les baskets dans le hall. »

« C’est comme si c’était fait. » Il fonce à nouveau hors de la pièce.

Où est cette ambulance, purée ? 

Kels prend une inspiration profonde et me regarde. « Tu te souviens ? »

Je dépose un léger baiser sur son front. « Je me souviens de quoi, bébé ? »

« De ta promesse. » Elle se mord la lèvre en retenant le cri de la souffrance que je sais qu’elle ressent à l’instant.

« Kels, tout… »

« Promets ! » Exige-t-elle en prenant plusieurs inspirations.

Mon cœur se brise proprement à la simple pensée de ce à quoi elle pense, mais je ne veux pas l’inquiéter plus. « Je promets », réponds-je simplement. « Je promets, sentant la première larme couler le long de ma joue. « Mais tu vas aller bien et nos Bébés Gourous aussi. » Seigneur, faites que ce soit vrai.

Elle tremble maintenant et semble ne pas pouvoir parler à cause de la douleur. Je peux sentir un frisson sur sa peau. Non, Kels, s’il te plait, ne me quitte pas. Allez, bébé, Tiens bon. L’aide arrive.

« Parle-moi, Kels. Allez, Petit Gourou, parle-moi », je la supplie à travers mes propres larmes. Je sens son corps qui se détend entre mes bras. Non, non, non, non, non ! « Allez Kels. S’il te plait ! Parle-moi ! »

Je regarde son visage et ses yeux s’ouvrent légèrement, les larmes coulant régulièrement sur ses joues. Elle me fait un très faible sourire. « Je t’aime, Tabloïde. »

« Je t’aime aussi, Kels. Tu es la meilleure chose qui me soit arrivé. Tu vois, tout va bien se passer ! » Elle me parle alors ça doit être vrai, non ?

Sa main remonte lentement le long de ma poitrine et se pose sur ma nuque. Je sens une tentative fragile pour me faire me rapprocher. Je la serre plus fort contre moi. « Quoi, bébé ? »

« Embrasse-les pour moi », murmure-t-elle avant que sa main ne retombe ; ses yeux se ferment et son corps est totalement sans vie dans mes bras.

« NON ! »

Je hoquète et je me réveille en sursaut, le corps couvert de sueur, le visage couvert de larmes. Mon cœur bat fort. Je jure qu’on peut l’entendre à quelques blocs d’ici. Je tends la main et j’allume la lampe.

Kels n’est pas au lit avec moi.

Oh merde ! Dites-moi que ce n’était qu’un rêve. S’il vous plait, je ne peux pas les perdre.

Je saute hors du lit et me précipite à la salle de bains mais elle n’y est pas. « Kels ! Je hurle sans m’occuper des voisins. « Kels ! »

Où est-elle ? Est-ce qu’elle va bien ? Je commence à courir dans l’appartement. Je manque l’emboutir tandis qu’elle revient à la chambre. « Kelsey ! »

« Harper, ma chérie, j’étais dans le séjour ! »

Je l’attrape par le haut de ses bras et je l’inspecte avec soin, puis je la prends contre moi et j’enfouis mon visage dans ses cheveux. « Merci Dieu. » Je commence à pleurer sans honte.

Je sens les bras de Kelsey qui glissent autour de moi et elle commence à me bercer doucement. « Chh, ma chérie, c’est bon. Quoi que ce soit, tout va bien. » Elle commence à me tirer vers le canapé. « Viens t’asseoir avec moi. »

Nous avançons vers le canapé de manière malaisée, surtout parce que je ne veux pas relâcher ma prise. Nous nous asseyons et je la serre fort contre moi.

« Tout va bien ? » J’entends Brian appeler depuis le couloir.

Kels se détache de ma poigne un moment. « Oui, tout va bien. Je pense qu’Harper a fait un cauchemar. » Elle caresse ma joue. « Elle va bien. »

« Je vais faire du chocolat chaud », propose Brian et il a la bonne grâce de nous laisser seules.

J’attrape la main de Kels et je dépose un baiser sur sa paume. Je n’arrive pas à parler. Je pense que je n’en ai pas la capacité à cet instant.

« C’est bon. Quoique ce fût, Harper, ce n’était qu’un rêve. Nous sommes tous là et nous sommes intacts. » Elle guide ma main et la place sur son ventre.

Je prends une profonde inspiration et caresse sa peau. « C’était horrible… Tu mourais… dans notre lit… les bébés… je pensais devenir folle. Et ensuite je me suis réveillée et tu n’étais pas là. »

« Tout va bien pour nous, nous sommes bien vivants et en bonne santé. J’ai eu un peu d’insomnie. Je ne voulais pas te réveiller en lisant dans le lit. »

« Lis dans le lit à partir de maintenant », je marmonne. « Je t’aime. » Je me penche et je l’embrasse longuement et avec force.

« Voilà du chocolat chaud, c’est bon pour ce qui te fait du mal ! » Dit Brian à haute voix, en entrant dans la pièce. « Oh… excusez-moi. » Je l’entends poser un plateau sur la table de salon.

Je me rends compte que je suis assise sur le divan toute nue à embrasser ma nana avec intensité, et Brian regarde. Il y a des choses qu’on ne peut pas programmer. Oh bon. Je continue avec le baiser, me sentant de mieux en mieux à chaque seconde où je suis connectée à Kels. Elle doit avoir le même degré de réalisation au sujet de ma nudité que moi parce que je sens qu’elle tire une couverture autour de moi. C’est notre couverture de mariage. Elle l’utilise toujours quand elle lit sur le divan.

« Je m’en vais », dit Brian sans qu’il en soit besoin et il sort, quittant la scène.

« Viens au lit avec moi », murmuré-je contre les lèvres de Kels. Elle hoche la tête et je l’emmène dans la chambre à coucher en lui tenant la main tout le temps.

Kels jette un coup d’œil aux draps, complètement tournés à cause de mon cauchemar et elle tend la main pour les toucher. « Harper, ma chérie, ils sont trempés de sueur. Je vais les changer vite. Comme ça on sera à l’aise. »

« Je vais le faire. Je ne veux pas que tu te fatigues. » Je vais vers le placard et je prends des draps frais. En quelques minutes, j’ai fini ma tâche. J’aide Kels à entrer dans le lit et je l’attire contre moi.

C’est bien mieux. Je sens sa respiration sur ma poitrine, son cœur bat près du mien. Brennan et Collin semblent s’être réveillés et ils me donnent des coups de pied. Seigneur, comme je les aime. »

Après quelques minutes, j’entends la respiration de Kels ralentir et s’approfondir. Elle s’est endormie contre moi. Les jumeaux bougent encore un peu mais ensuite ils se calment aussi.

Je tends la main et j’éteins la lampe de chevet mais je sais que le sommeil ne va pas me gagner avant longtemps. Je pense que je vais juste rester éveillée et surveiller ma famille pendant un moment.

Disons, pour le reste de leur vie.

 

* * *

 

Je regarde ma montre quand nous sortons de l’ascenseur. Sept heures. Je suis sûre que Kevin est aussi émoustillé que moi sur ce coup-là. Je regarde Harper.

« Fais-moi plaisir », marmonne-t-elle. « Kevin est là. »

« Oui oui. » Je bâille. Bon sang, la journée va être longue.

Kevin est appuyé au mur d’une des salles d’attente, à siroter un café quand nous arrivons. « Laquelle de vous deux a fait un mauvais rêve. »

« Comment le savez-vous ? » Je demande en montrant Tabloïde pour confirmer que c’est elle la coupable de notre invasion matinale de son bureau.

« Ça arrive souvent. » Il rit un peu. « La salle deux est prête. »

« Bien. Merci de nous recevoir, Kevin », dit Harper par-dessus mon épaule. « Ma famille est douée pour les intuitions. Je ne veux pas avoir raison sur celle-ci. » Elle attrape ma main si fermement que je sens les os frotter les uns contre les autres. Doucement, mon cœur. Tout va bien. »

« Pas de problème. Allez-y. Kels, vous connaissez la musique. J’arrive tout de suite. Harper, vous voulez du café ? » Bon sang, il est plutôt à l’aise avec tout ça.

Je ne suis pas aussi amusée. Ça doit être les hormones. » Je passe sur le café mais si vous pouvez trouver une bouteille de jus de fruits, ce sera génial. Merci de me le proposer. » Je le tourmente un peu avant de me diriger vers la salle d’examen.

Il se met à rire. « Bien sûr, Kels. Pas de problème. « Harper, un café ? »

« S’il vous plait. Noir. Sur-cafféiné », répond-elle avant de me suivre dans la salle d’examen.

« Si vous voulez, je peux vous faire une perfusion », propose Kevin en entrant. Oh, ne faites pas de promesses que vous ne pouvez pas tenir. Mon épouse adorerait ça. De ce que je peux dire, elle n’a pas dormi du tout la nuit dernière.

Tandis que je me déshabille et m’apprête pour l’examen, je remarque que le regard d’Harper ne me lâche pas d’un pouce. Ce n’est pas son regard appréciateur habituel. C’est un œil bien plus inquiet, plus critique. Je ne sais pas si je dois me sentir flattée ou insultée.

Elle est près de moi à l’instant où je suis prête à monter sur la table, pour m’aider. Bon sang, je ne sais pas comment je vais gérer huit autres semaines comme ça. J’espère que cette visite la calmera et la rassurera que tout le monde va bien.

Kevin entre et tend son café à Harper. Il pose mon jus sur le comptoir pour après. « Vous savez, je déteste avoir à vous dire ça mais les mauvais rêves comme celui-là sont très communs à l’approche de la date de délivrance. C’est habituellement la mère qui va accoucher qui les fait. » Il s’asseoit et met des gants. Harper est assise tout près de lui, inhabituellement, et elle regarde pratiquement par-dessus son épaule. Il me sourit avant de se tourner vers elle. « Vous voulez le faire ? »

Elle recule d’un pas en rougissant. « Non, mais je veux bien d’une visite. »

« Harper ! » Je la réprimande. « Viens par ici et assieds-toi près de moi. La dernière chose dont tu as besoin, c’est une visite. »

Kevin se met à rire si fort que j’ai peur qu’il se fasse mal. Tabloïde s’asseoit près de moi et lui lance un regard noir. « Très drôle, Doc », grommelle-t-elle mais elle passe les doigts dans mes cheveux.

« Je suis désolée, Harper. Je le suis vraiment. » Il prend une profonde inspiration et commence l’examen. « Tout est bon vu d’ici. Pas de perte, pas de dilatation, rien qui sorte de l’ordinaire. Tout est parfait. »

« Comment vont les enfants ? » Demande-t-elle.

« Voyons voir, d’accord ? » Kevin enlève ses gants et va vers la machine à ultrasons. Il applique le gel puis tend le bâton à Harper. « Allez-y. Je vous dirai où le bouger. »

Elle le pose avec précaution sur mon ventre.

« Un peu plus de pression, Harper et bougez-le sur votre gauche. » Kevin regarde l’écran en jetant un coup d’œil vers elle de temps en temps. « C’est bien. » Il montre l’écran. « Brennan suce son pouce. »

« Est-ce qu’elle va bien ? »

« Elle m’a l’air très heureuse. Voyons si on peut la faire bouger pour vous. » Sur ces mots, Kevin gratouille mon ventre et Brennan répond en se contorsionnant un peu. « Ouaip, elle aime beaucoup la vie en ce moment. »

« Bien. Et Collin ? »

« Bougez le bâton vers la droite et le bas, un peu vers la hanche de Kels. Stop. C’est bien. » Il se penche et regarde l’écran puis il se retourne et sourit à Harper. « Votre fils a déjà appris ce qui est important pour la plupart des hommes. »

Elle éclate de rire. « Oh bon sang. C’est un Kingsley, pour sûr. »

Je me contente de me couvrir les yeux et de secouer la tête. Je prends la main libre d’Harper et je dépose un petit baiser. « Tu te sens mieux maintenant ? »

« Un peu. Kev, est-ce que Kels doit commencer à se reposer au lit maintenant ? Est-ce que nous avons autre chose à faire ? »

Kevin me regarde et secoue la tête. « Euh… Harper, Kels nous tuerait tous les deux si je la confinais au lit maintenant. La seule chose que je vais dire, c’est ce que j’ai déjà dit, » il se tourne vers moi un peu plus sérieux, « continuez à prendre les médicaments que je vous ai donnés. Reposez-vous amplement. Et attention à tous les signes inhabituels : gonflement, pertes, douleur intense, contractions qui arrivent plus vite que quatre par heure. Pas d’avion, excepté pour rentrer pour l’accouchement. Et soyez prudente d’une manière générale. Comment va votre vie amoureuse ? »

Je cligne un peu des yeux à cette question inattendue. « Ah… bien, merci et la vôtre ? »

Il rit à nouveau en me massant l’épaule. « La seule raison pour laquelle je pose cette question, c’est que, dans la mesure où Harper est concernée, je dois vous avertir maintenant que plus on se rapproche de la date d’accouchement, plus l’orgasme a tendance à démarrer le travail. Juste un rappel amical. » Il me fait ce qu’il pense être un joli sourire.

Je regarde Harper. On dirait qu’elle a avalé une truite. Je ne l’ai jamais vue si pâle avec l’air si malheureux.

Et bien, la vie était belle jusqu’à aujourd’hui. Je parie que ma vie sexuelle vient de prendre un sale coup. Je vais le frapper après la naissance des bébés.

* * *

 

J’escorte Kels jusqu’à son bureau. Je déteste devoir la laisser ne serait-ce qu’une minute, même si Kevin m’a certifié qu’ils allaient bien tous les trois. Je tapote mon mobile accroché à ma ceinture. « Si tu as le moindre soupçon de douleur, le plus petit pincement, quelques gaz, tu m’appelles. » Kels comment à objecter mais je mets le doigt sur ses lèvres. « Immédiatement. »

Elle fronce ses sourcils clairs mais hoche la tête. « Je le ferai, mais Harper, je ne suis pas en verre. »

« Si tu l’es. Du verre soufflé importé, ma chérie. » Je lui embrasse le nez. « S’il te plait, fais-moi plaisir, d’accord ? »

« D’accord. »

« Je viens te chercher pour déjeuner, d’accord ? » Kels me sourit avec indulgence. Je l’embrasse à nouveau parce que je déteste la pensée d’être séparée d’elle. « A tout à l’heure. »

Lorsque je sors de la pièce, je trouve Brian assis à son bureau. Lui et moi échangeons un regard, essayant de décider si l’un de nous est ou devrait être embarrassé. « Merci pour le chocolat chaud. » Il vire au rouge. Je présume qu’il est embarrassé. Je me demande s’il a déjà vu une femme nue auparavant. Est-ce que je lui demande ? A quoi je pense, là ? Il a des sœurs, bien sûr qu’il l’a déjà fait.

« A ton service », bafouille-t-il. « Tu te sens mieux ? »

« Je ne me sentirai pas mieux tant que je ne tiendrai pas ces gamins. En fait, je ne me sentirai pas mieux avant de voir Kels tenir nos enfants. » C’est la vérité vraie. « Tu gardes un œil sur elle, Brian. »

« D’accord. »

Je lui fais un fantôme de sourire. « Tu ferais mieux. »

 

* * *

 

Mon téléphone bourdonne et je l’attrape, de peur que ce soit Kels. J’aboie, « Kingsley ! »

Langston rit. « Vous êtes toujours aussi sérieuse ? » Demande-t-il. Depuis le changement, mes relations de travail avec lui se sont considérablement améliorées. Ce n’était pas si mal avant, mais maintenant, n’étant pas aussi fortement associée au Talent, je peux être son bras droit et sa confidente. Du moins, c’est ce que je pense qu’il m’amène à faire. Ou ce que j’espère que nous faisons.

« Bien entendu, j’adore mon travail », répliqué-je avec une légère touche de sarcasme.

« Content de l’entendre », réplique-t-il. « Venez à mon bureau. J’ai une mission pour vous. »

Je pars au petit trot jusqu’au bureau de Langston et je passe rapidement la porte ouverte. Je le trouve, pas derrière son bureau, en train de taper à l’ordinateur comme je m’y attends, mais assis sur son canapé en train de parler à une jeune femme blonde très attirante.

« Harper Kingsley, vous avez déjà rencontré Brenda Lawson ? »

Je lui tends la main essayant d’ignorer le décolleté en me penchant. « Bien sûr, on s’est rencontrées plusieurs fois. »

Brenda sourit. « Contente de vous revoir. »

Langston me montre le fauteuil. « Harper, je veux que vous produisiez le premier reportage de Brenda pour nous. Et, j’aimerais que vous lui fassiez faire un tour du propriétaire aujourd’hui pour la présenter au reste de l’équipe. »

Oh, ça ne va pas plaire aux hormones de mon épouse très enceinte.

 

* * *

 

Premier arrêt, le bureau de Kels. C’est bon pour l’émission parce que Kels fait partie des huiles maintenant. C’est aussi bon pour la politique maritale parce que je veux qu’on sache que je ne me suis pas portée volontaire pour cette mission. Et je ne veux pas être exilée dans une nation du Tiers Monde, genre dormir sur le balcon.

Je frappe à l’encadrement de la porte et j’attends que Kels nous dise d’entrer. « Langston m’a demandé de présenter notre nouvelle correspondante à tout le monde. Voici Brenda Lawson. Brenda, je vous présente Kelsey Stanton, notre présentatrice.

Kels se lève et tend la main. « C’est un plaisir, Mlle Lawson. Bienvenue à bord. »

« Je suis tellement contente d’être ici. Surtout vu le soutien que j’ai déjà. » Pour une raison inexplicable, elle me fait un sourire radieux.

Je lance un regard très désorienté à Kels.

Brenda fait le tour du bureau du regard et s’attarde sur les photos sur le mur. Ah oui, nos photos de mariage. Merci. Je veux que cette petite fille connaisse la situation rapidement.

Kels me lance un regard qu’on ne peut décrire que comme prédateur et possessif. « Elles sont belles, pas vrai ? » La question estdirigée vers Lawson, le regard reste sur moi.

Je me retiens de lancer des miaulements. « Bien sûr qu’elles le sont. Tu es dessus », dis-je de mon ton le plus charmant. Brenda est visiblement plus modérée. Ce pour quoi je lui suis reconnaissante. « Je vais emmener Brenda voir les autres correspondants. On se voit pour le déjeuner, mon cœur. »

Kels délivre un rire bas très sympa. « Pour sûr, l’Etalon. »

Je me penche et je dépose un léger baiser sur la joue de Kels et je lui masse le ventre. Bon sang, je peux aussi la jouer possessive. Cette femme est à moi. Ces enfants sont à moi. Il n’y a absolumment rien au monde qui puisse se mettre entre nous.

Nous quittons le bureau et nous dirigeons vers celui de Sam. « Depuis combien de temps êtes-vous ensemble ? » Demande enfin Brenda.

« La meilleure période de ma vie. »

Et nous répétons les salutations avec Sam.

 

* * *

Si je pouvais éviter son bureau, je le ferais. Je l’ai déjà placé en dernier, après Kendra et même Frankie. En fait, si je pouvais cracher sur le tapis, je le ferais. « Et enfin, voici Bruce Bartlett. Voici notre nouvelle correspondante, Brenda Lawson. »

Le connard se lève, lisse sa cravate et tend la main. « Bienvenue à bord, Brenda. S’il y a quelque chose que je peux faire pour vous, faites-le moi savoir. » Il me regarde. « Mais je parie que tu t’occupes d’elle, hein, Kingsley ? »

Je lui fais un grand sourire, décidant d’ignorer son commentaire stupide. « Je veux cette partie avant la fin de la journée, Bruce. Nous sommes sur une corde raide. » J’te veux.

« Hmmm, si tu le dis, cheffe. Je sais que tu as les mains pleines. Je vais m’en occuper. »

« Non, Bruce, fais juste ton foutu boulot. Je vais produire. »

« Je parie que ta femme sera ravie d’entendre ça. » Il prend un dossier et une cassette. « Je pars pour la baie d’édition. Amusez-vous bien toutes les deux. »

Je souris. J’adore le chasser de son propre foutu bureau. « Allez, Brenda, je vais vous montrer vos nouveaux locaux. »

Et je vais foutument m’assurer que la porte est ouverte.

 

* * *

 

« Oh ne me demandez rien, je ne suis que le Talent. » Je souris en sirotant mon café.

Les deux producteurs et Aaron rient avec moi. « Allons, Kels. C’est vraiment à vous de nous le dire. »

« Non. Je ne le ferai pas. C’est pour ça que vous êtes sous-payés pour travailler plus. »

« Bon sang, si ce n’est pas la vérité. » Un des producteurs rit en avalant son café.

On entend un coup à la porte. Quasiment suivi par l’apparition de la tête d’Harper. « J’ai une chance de pouvoir t’embarquer pour le déjeuner ? »

Je regarde mes collègues, un sourcil dressé.

« Bien sûr. » Aaron se lève en me faisant un clin d’œil. « Mais ne nous blâmez pas quand vous ne vous souviendrez pas de l’ordre dans lequel les reportages vont passer », dit-il d’un ton songeur tandis que les deux autres le suivent.

« Vous blâmer ? L’ami, je vous en tiendrai personnellement responsable. » Je blague avec lui tandis qu’ils partent.

Harper entre en portant une boite en carton. Elle ferme la porte du pied.

« Tu essaies de t’assurer que j’ai ma dose de fibre ? » Je lui montre la boite.

« Nan. » Elle pose la boite sur la table et se dirige vers mon placard d’où elle retire une couverture que je garde à portée de main pour mes jambes quand on met la clim à un niveau qui dit ‘il fait froid ici ou tu es juste contente de me voir’. Elle étend la couverture sur le sol puis tend la main vers moi, m’aidant à m’asseoir.

Elle me rejoint et commence à ouvrir la boite. « Je ne savais pas ce que les enfants et toi alliez vouloir pour le déjeuner aussi j’ai décidé de prendre une variété de choses. »

« Je suppose que tu n’aurais pas des sushis là-dedans par hasard ? »

Elle a un large sourire. « Oh, tu paries ? » Elle me tend un carton blanc.

« Oh, tu es une déesse. » Je ne peux pas attendre de creuser dans cette boite. Je prends le temps d’apprécier mon déjeuner quand elle me tend des baguettes. « Merci, tu t’es souvenue de tout. »

« Je me suis dit que c’était comme une sorte de règle. »

« Hmmm, oui c’est ça. » Je prends ma première bouchée. Oh que c’est bon. « Comme la règle du ‘n’essaie même pas de regarder ma femme’ qui s’est manifestée ce matin. »

« Tu as remarqué ça, n’est-ce pas ? » Demande-t-elle.

« Remarqué ? Remarqué ? Tabloïde, elle en bavait littéralement. »

« Je suis sûre que c’était sur toi, bébé. C’est toi la belle de la famille. »

« Ouais, en ce moment j’ai l’air d’un ballon gonflé au gaz. Non, mon cœur, elle te lançait assurément des regards. Ces grands yeux qui disent ‘viens dans la chambre qu’on aille baiser’.

« Ça va te coûter dix dollars, ma douce. Et elle regarde la mauvaise personne. Parce je suis l’Etalon d’une seule nana. Je suis très engagée. »  Elle remue son alliance devant mes yeux.

« Tu ferais bien de le croire. Je serai heureuse de lui rappeler, si besoin. Ta femme a une fibre horriblement jalouse d’un kilomètre de long en ce moment. » Je souris en la poussant doucement.

« Ooh, j’aime bien ça. Personne ne s’est jamais battu pour moi. »

« Pardon ? Tu es en train de me dire qu’aucune de tes petites copines de bar ne s’est jamais lancée pour savoir qui allait rentrer avec toi ? Je trouve ça dur à avaler. J’aurais pensé que tu aurais été le sujet de nombreux crêpages de chignon. »

Elle se penche et me dépose un baiser sur la tempe. « C’est se battre pour m’avoir. Pas se battre pour moi. Ça fait une grande différence, bébé. C’est ce qui fait de toi l’amour de ma vie. »

« Et bien, ma chère, si ça peut te faire encore plus plaisir, j’ai un rendez-vous pour effiler mes ongles un peu plus tard dans la journée. Je me dis qu’ils seront bien assez bons pour lui arracher les yeux et tirer du sang pendant l’accouchement aussi. Une double utilité. » Je fais un petit geste comme pour griffer.

Elle manque s’étouffer sur son déjeuner en se mettant à rire.

« Ah oui, tu trouves ça drôle maintenant. Attend sun peu. » Je me penche et lui fais un petit baiser puis je lui tends un morceau de wasabi. « Tu veux réessayer, Tabloïde ? »

Elle attrape le petit morceau de moutarde forte et le mange. Ces méchants hotdogs qu’elle mange ont dû lui bousiller les papilles gustatives. Elle commence à mordiller mes doigts en remontant vers mon poignet. Oh, c’est sympa.

Je me penche et je l’embrasse pour lui faire comprendre que nous pourrions dire à Brian que nous sommes en conférence. Elle saisit le message et je suis sur le point de lui annoncer mon petit plan quand elle se recule.

Harper prend une inspiration profonde et secoue la tête. « Non. »

« Non ? Non ? C’est quoi ce non ? »

« Non. Tu as entendu ce que Dougie a dit. »

Oh oui, je vais le tuer. « Kevin a dit ‘pourrait causer’ et près de la date d’accouchement. J’en suis au minimum à huit semaines avant. Huit semaines, Tabloïde. Tu veux bien me dire ce que nous allons faire pendant huit semaines ? »

Elle grogne et baisse la tête. « Kels, est-ce que tu sais ce que j’ai traversé hier soir ? Je pensais t’avoir perdue, avoir perdu Brennan, avoir perdu Collin. Je n’ai jamais ressenti une telle douleur dans ma vie. Est-ce que je veux te faire l’amour à l’instant ? Plus que tu ne l’imagines. Mais suis-je terrifiée à l’idée que quelque chose puisse vous arriver à tous les trois ? Plus que tu ne l’imagines. »

Je prends une inspiration profonde et je lui caresse la joue. Comment puis-je discuter ? « Merci de nous aimer autant. » Je me penche et je mets le nez près de son oreille avant de mordiller doucement. « Mais tu ne vas jamais tenir huit semaines. »

 

* * *

 

Je suis encore appelée au bureau de Langston. Je regarde d’un air prudent au cas où je trouverais une autre blonde voluptueuse qui me regarde comme de l’herbe à chats grandeur nature. « Asseyez-vous, Harper, j’ai une opportunité pour vous. »

Ça pourrait être bien, ça pourrait être mauvais. Je m’asseois. Et j’attends.

« J’ai reçu un coup de fil de l’Ecole de Journalisme de l’Université de Columbia. Ils veulent que quelqu’un aille rejoindre un forum qu’ils hébergent la semaine prochaine sur ‘Le Sensationnalisme dans le Journalisme et la Violence aux USA’. Je pense qu’étant donné votre profil, vous seriez un choix parfait pour cette discussion. C’est mardi soir prochain. Ça vous dit d’y aller ? »

Bon sang, oui. J’ai probablement le même âge que l’étudiant moyen dans cette école mais il se trouve que je fais ce qu’ils rêvent en fait de faire. Non seulement je suis dans cette filière, mais je suis en haut de l’affiche. Je souris. « J’en serais ravie. »

Langston s’adosse à son fauteuil et se masse la mâchoire. « Je me disais bien. C’est toujours bien d’avoir du succès, hein ? »

J’échange un rire avec lui. Il me connait bien. « J’ai mis tous mes efforts pour arriver ici, je mets tous mes efforts pour y rester- »

Mon producteur exécutif me coupe la parole. « Et vous allez mettre tous vos efforts pour partir d’ici un jour. Etre animateur est un bon moyen de booster son cv, c’est sûr. La professeure Lowes reçoit le forum, voici son numéro. » Il me tend un morceau de papier avec le numéro. « Amusez-vous bien. »

« Merci, chef. »

 

* * *

 

« Oui, j’aime bien ça. C’est plus fluide. Le rythme est meilleur. » Je tourne les pages pour voir les autres changements faits au script.

« Ça semblait pertinent de passer la nouvelle partie de Kendra avant celle de Bruce. Elles se répondent bien en quelque sorte. » Tom Anderson, un jeune producteur est appuyé contre un bureau.

« Que Kendra ne vous entende pas », je blague avec le jeune producteur. Il rit un moment avec moi puis s’arrête soudain, en regardant par-dessus mon épaule.

Je me retourne pour voir Bruce. Je fais de mon mieux pour réfréner un grognement. Il a été une vraie plaie depuis que j’ai pris le job. « Salut, Kels. »

« Bruce. » Je regarde Tom et je roule des yeux. Il réfrène un sourire.

« Alors Kels », Bruce s’avance, « Tu vas me mettre en valeur cette semaine ? »

« Et bien, Bruce. » Je me tourne en lui produisant mon sourire le plus insincère. « Quelqu’un doit bien le faire.’

« Oh Kelsey, je me sens blessé. » Son sarcasme est à son meilleur niveau aujourd’hui.

« J’espère que c’est une blessure à la tête. » Je peux aussi être sarcastique.

« Tu devrais garder tes griffes pour ceux qui le méritent. »

Je prends une inspiration profonde. « Ça veut dire quoi, Bruce ? » Si j’ai l’air d’être fatiguée de lui, c’est parce que je le suis.

« Tu as rencontré Lawson ? » Il ressemble au chat qui aurait avalé le canari. J’espère qu’il va s’étouffer sur les os.

« Oui. Harper l’a amenée à mon bureau avant toute chose, puisque je suis la présentatrice de l’émission. »

« Elle s’intéresse à… »

« A tous ceux dont elle pense qu’ils peuvent faire avancer sa carrière. Tu joues bien tes cartes et elle pourrait s’occuper de toi. Elle a l’air de quelqu’un d’assez idiot pour tomber amoureuse du crottin de ton cheval. »

« Si elle ne trouve pas un producteur qui s’occupe d’elle avant. » Il ajuste sa cravate.

C’est une très jolie cravate aussi. Du genre qu’une personne pourrait presque attraper pour l’étouffer avec. « Je doute que Jac puisse rester sobre assez longtemps pour s’occuper de l’affaire. Et si tu es en train d’insinuer qu’Harper est intéressée, je t’avertis, ferme ta grande gueule ou je fais de ta vie un enfer. Aimerais-tu couvrir le championnat national de dictée pour le reste de ta carrière ? Ou peut-être les barges d’ordures sur l’East River ? Tu dois être habitué à être entouré de déchets. J’ai vu la femme avec qui tu sors. »

Il me fait un sourire narquois.

Ne fais pas ça, Bruce. Je n’aime pas quand tu le fais. « Je le pense vraiment, Bruce. Ne pense même pas à faire des ennuis à Harper, parce que si c’est le cas, je te mets en pièces moi-même. Tu vois, ça fait un moment que je suis dans ce business. Je suis riche, puissante et je peux m’assurer qu’on ne retrouvera jamais ton corps. Mon père est le dernier à avoir vu Jimmy Hoffa vivant (NdlT : un syndicaliste qui a été assassiné à cause de ses convictions). »

« Essaye seulement de me mordre, pétasse. »

« Pas même avec les dents de quelqu’un d’autre, Bruce. Maintenant fais ton choix et va te faire voir. »

Seigneur, Brian ne me pardonnera jamais si Bruce décide de le faire. 

 

* * *

Harper me fait un large sourire quand j’enfourne le billet de cinquante dans le bocal à jurons de la cuisine. Je le fais tout en continuant à jurer et je me verse un verre de jus de fruit.

« Qui t’a remontée ? » Demande-t-elle en ricanant.

Je me tourne vers elle avec un regard noir. « Ton correspondant favori. »

« Comment est-il devenu MON correspondant ? Et qu’est-ce qu’il a fait, Bruce ? »

« Il a été idiot comme à son habitude. J’ai proposé de l’envoyer au fond de l’Hudson les pieds dans du ciment s’il continue à ouvrir sa grande gueule. »

« Tu connais des gens qui pourraient lui faire ça ? » Je remarque qu’elle a une certaine lueur dans l’œil.

« Bien sûr. » Je prends mon jus et je me dirige vers le séjour. Elle attrape quelque chose à boire et me suit. « Tu veux dire que tu ne peux pas ? Tu perds du terrain, Tabloïde. »

« Et bien, excuse-moi. Je suis plutôt pour une mort lente. »

Nous nous installons sur le divan. Je lance mes chaussures et pose les pieds sur la table de salon. « Moi, je préfère une gratification immédiate. » Je lui lance un coup d’œil. « En parlant de ça, cite-moi une chose sexuelle que tu n’as jamais tentée. »

Je me demande si le jus de framboise/cranberry pique quand il passe par le nez ? Elle tousse et s’étouffe un peu avant de me regarder. « Ça vient d’où, ça ? »

« Je veux savoir. Alors je pose la question. Et bien ? »

« Je n’ai jamais couché avec un homme. »

« Tu n’as pas raté grand-chose. »

« Vraiment. » Elle se penche en avant, intéressée. « Raconte-moi tout. »

Je la regarder et me dit qu’elle est sincère. « D’accord. Tu sais pourquoi toi et moi nous ne ratons jamais notre but ultime ? »

Oooh, voilà un rire arrogant. « Oh oui. »

« Parfois les hommes n’ont qu’un seul but en tête et ce n’est généralement pas leur partenaire féminine. Quand ça arrive, on est alors obligée de ‘faire semblant’. Je déteste faire semblant. »

« Chér, tu ne feras jamais semblant avec moi. Je te le garantis. »

« Oh, je sais, l’Etalon. Tu as fait tes preuves. Encore et encore. » Je sirote mon jus. « Mais la chose que j’ai découverte, avec Ben du moins, c’est que son ego était blessé s’il pensait ne pas avoir été merveilleux à chaque fois. J’ai fini par me fatiguer. Je suis sûre que tous les hommes ne sont pas pareils mais quelque chose manquait, de la tendresse et de l’intérêt. »

Sur ces mots, elle se penche en avant et dépose un baiser très tendre sur mes lèvres.

« Oui, c’est de ça que je parle. » Je la taquine un peu et je lui prends la main. « Alors, tu n’as pas répondu à ma question. »

« Si je l’ai fait. Je n’ai pas couché avec un homme. Ou un mouton. Juste pour ton information. »

Je ris. « Contente de l’entendre. Okay, à part le bétail, quoi d’autre n’as-tu pas fait ? »

« Tu sais que je ne fais pas de bondage. Mais si tu me demandes ce que je n’ai pas fait et que j’aimerais faire… et bien… »

« Oui ? » Oh j’ai hâte d’entendre ça. Elle rougit.

« Et ben… tu sais… c’est un peu idiot. »

« Allez Harper, je ne t’ai jamais imaginée du genre timide. Comment peux-tu être timide avec moi ? Je connais chaque partie de ton corps, et j’ai laissé des marques de dents sur plusieurs d’entre elles. »

« Sur toutes, je pense », me corrige Harper. « Mais le jeu de rôle… je n’ai jamais fait ça avec quelqu’un. »

Et bien, voilà qui est intéressant. « Pourquoi pas ? »

« Je présume que c’est parce que je jouais déjà la comédie avec elles. Ça me semblait redondant. Et ça aurait impliqué de la confiance. Je n’ai jamais fait confiance aux femmes avec qui j’ai couché, sauf avec toi. »

Je hoche la tête. C’est vrai. Ça implique une confiance totale. « Tu me fais confiance ? Totalement ? »

« Pourquoi j’ai l’impression d’être piégée ? » Elle joue avec moi, je m’en rends compte. « Je te fais confiance pour ma vie, Kels. Et pour mon cœur. »

Je tends la main et je la passe sous sa chemise, en m’assurant de passer sur toutes les places intéressantes au passage. « Et ton corps ? » J’ai le sentiment que si son corps pouvait répondre pour elle, je connais la réponse.

Elle grogne en fermant les yeux sans me demander de retirer ma main. « Seigneur, oui. »

« Bien. Je garde ça en mémoire. » Je reprends ma main et j’attrape la télécommande. « Alors, Tabloïde, qu’est-ce que tu veux faire ce soir ? Puisque nous n’avons pas de sexe pour les huit ou dix prochaines semaines, nous allons devoir trouver autre chose pour passer le temps. »

« J’emmerde les docteurs. Et tu es une femme diabolique. » Elle me regarde avec espoir. « Alors, tu penses qu’on est en sécurité pour ce soir ? »

« Oh oui j’en suis sûre. C’est toi qui as dit que tu ne voulais pas prendre de risque après ce qu’avait dit Kevin. » Je sirote mon jus et je prends une profonde inspiration de manière dramatique, pour la relâcher lentement. « C’était ton choix mais je peux le respecter. »

Elle plisse les yeux en me regardant. « Ne commence pas ce que tu ne veux pas finir. »

« Je n’ai rien commencé. Je t’ai juste posé une question. »

« Tu as bien commencé quelque chose. Et – sérieusement, si tu penses que tout va bien – tu sais ce que je veux faire ce soir.

« Oh non je n’ai rien fait », je la taquine. « Et tout va bien, mais tu n’auras rien ce soir. » Je lui fais un sourire diabolique.

« Oh vraiment ? C’est malheureux pour toi, alors. »

Je ris doucement. « Je suis prête à prendre le risque. En plus, j’ai un plan et j’ai besoin de temps pour que ça marche. »

Elle se penche en avant et murmure quelque chose dans mon oreille, puis elle commence à la mordiller.

Je ris et je m’écarte de sa bouche. J’ai beaucoup de pouvoir quand j’en ai besoin. Heureusement, je n’en ai pas besoin longtemps ou très souvent. « Non, Tabloïde, oublie ça. »

Elle grommelle un peu mais elle se rend compte que je suis plutôt sérieuse. « Très bien, alors si on regardait une video et qu’on se blotisse sur le canapé ? »

« On peut se blottir, d’accord. »

Et attends demain, Tabloïde. Si tu portes des chaussettes, elles vont partir dans un grand souffle.

* * *

 

Je me regarde dans le miroir. Je me sens totalement ridicule, mais le vêtement, dirons-nous, est intrigant. J’ai l’air de quelqu’un sorti d’un film avec Errol Flynn. C’est un look un peu pirate. Tandis que je tire une dernière fois sur les cuissardes, je ne suis pas sûre de vouloir savoir où Kels a trouvé ça et ce qu’elle compte exactement en faire.

Attendez, je reprends cette phrase. Je ne veux pas savoir où elle l’a eu. Je veux savoir ce qu’elle compte en faire. Et de moi.

On m’a renvoyée de la maison très tôt ce matin et on m’a dit d’aller m’organiser une partie improvisée dans le parc. Ça sonne un peu crade mais ça ne l’est pas. Ben en fait, ça ne l’est plus. Je savais qu’elle parlait de basketball.

Quand je suis rentrée, des rideaux bloquaient l’entrée du séjour et on m’a donné l’ordre de ne pas y entrer. Ensuite on m’a donné cette boite et dit d’aller me doucher et me changer.

C’est presque effrayant. Presque.

Brian a même pris Kam avec lui chez Doug, comme ça il n’y aura pas d’interruption. J’ai le sentiment que mon adorable épouse a prévu des choses diaboliques pour moi.

Seigneur, je l’espère en tous cas.

C’est drôle en fait. Avant Kels, je faisais l’amour parce que ça me plaisait. Beaucoup. C’est plaisant, rien à redire à ça. Mais avec Kels, je veux plus. Et je ne suis jamais déçue. Je pense que c’est parce que je sais que Kels veut et attend de moi plus que les femmes avec lesquelles j’ai couché auparavant. Elle s’attend à ce que je sois là le matin quand elle se réveille. Elle s’attend à ce que je sois là dans cinquante ans. Personne d’autre ne s’est jamais attendu à ce que je reste au-delà du temps pour reprendre mon souffle. Et je l’ai rarement fait.

Même à cet instant où j’ajuste la large ceinture noire autour de mon estomac, qui sépare le pantalon couleur crème très serré et la chemise en soie blanche de pirate, je sais que peu importe quel genre de jeu elle nous a préparé ce soir, je serai là demain matin et chaque jour du reste de ma vie. C’est un sentiment agréable. Elle me veut pour plus que le plaisir physique que je lui apporte. Je suis vraiment une chanceuse si on considère tout ce qui s’est passé. Beaucoup de femmes comme Kels n’auraient jamais tenté leur chance avec moi.

On m’a donné des instructions claires sur ce que je ne devais pas porter dessous le costume et je me demande si je ne devrais pas serrer un peu plus les lacets qui ferment légèrement la chemise. Non, je pense que ce serait une mauvaise idée. Je pense que Kels la veut ouverte comme elle est. La chemise est un peu ouverte jusqu’à mon nombril, avec les lacets qui la retiennent fermée juste ce qu’il faut pour être séduisante.

Qu’est-ce que je dis là ? Séduisante ? Ce vêtement si on l’examine bien, est à la limite du pornographique. C’est le genre de vêtement qu’on porte quand on va coucher.

Merci donc !

D’accord, et maintenant la touche finale. La boucle d’oreille unique. Je présume qu’on ne peut pas être un bon pirate sans ça. Une cravate noire en cuir pour mes cheveux, qui les laisse flotter librement dans mon dos. Et, bien sûr, des gants en cuir noir avec des gantelets jusqu’à mes coudes. Bon sang, Kels, tu sais comment ajuster une tenue. Tu l’as déjà fait.

Ne pense pas à ça, Harper. Ça va te rendre cinglée.

Je suis une adulte mature. Et j’ai gagné, j’ai gagné, j’ai gagné.

Je pense être prête. Je me demande quand on va me convoquer ? Peut-être que je devrais aller jeter un coup d’œil ? Kels a dit que je ne pouvais pas entrer dans le séjour, elle n’a pas dit que je ne pouvais pas sortir de la chambre à coucher.

Tandis que je sors dans le couloir, une partie de moi se sent idiote et une autre déjà émoustillée. Emoustillée bat idiote chaque jour dans mon monde.

Oui, d’accord, il n’y avait aucune règle quant à marcher très lentement près du séjour et d’essayer de deviner ce qui se passe derrière le rideau.

« Tu peux entrer. »

Comment trois mots peuvent-ils me causer autant de frissons dans l’échine ? Ma main voyage lentement jusqu’au rideau jusqu’à ce que mes doigts trouvent une ouverture dans le tissu et je m’avance.

Notre séjour a été transformé. On croirait un repaire de pirate. Des lampes à huile et des chandelles lui donnent une douce lueur orangée et le foyer produit la plus grande partie de la lumière. Je cherche un coffre avec de l’or qui déborde et un perroquet. Heureusement, il n’y a pas d’oiseau.

Devant le foyer il y a un lit au sol fabriqué avec des couvertures épaisses et de grands oreilleux moëlleux. Il y a des plateaux de nourriture alignés sur un côté.

Je sais que j’ai un énorme sourire idiot sur les lèvres tandis que je mets les pouces dans la ceinture et que j’absorbe la scène. Juste au milieu du lit au sol, il y a Kels vêtue de son seul sourire.

J’écoute avec soin et j’entends ce qui doit être des effets sonores depuis un CD qui joue très doucement à l’arrière. J’entends les sons étouffés de mouettes, le craquement de la vague et la brise qui souffle dans les arbres. C’est le bruit d’une plage tropicale très tranquille.

Si je ferme les yeux, je peux presque sentir la brise qui passe par la fenêtre. Je peux aussi sentir l’encens que Kels a allumé. Ça provoque un nouveau frisson le long de mon échine, si fort que je dois le secouer réellement.

Je continue à écouter parce que j’entends aussi ce qui ressemble à un tambour tribal et des chants au loin. Ces sons sont plus légers que celui de la vague, indiquant que notre repaire doit se trouver à quelque distance d’un petit village.

Eh bé, ma Kels, tu as de l’imagination.

Elle a réussi à affoler tous mes sens. Ma peau est déjà prête à ramper hors de mon corps et à courir vers elle pour qu’elle puisse jouer avec. J’ouvre les yeux. Je peux aussi bien emmener le reste de moi pour qu’il puisse aussi prendre du bon temps.

« Kels… » Dis-je doucement, ne voulant pas gâter l’atmosphère.

Elle s’assied un peu, bouge légèrement la tête sur un côté et avec l’expression la plus sincère que je lui ai jamais vue, elle dit, « Qui ? »

Oh j’ai compris là. Elle a prononcé quatre mots, a à peine croisé mon regard et ne m’a pas touchée une seule fois, et je suis si excitée que je peux à peine penser.

Je fais quelques pas en avant et Kels se met à genoux, penche la tête, puis la lève assez pour me faire un sourire timide et cligner des yeux. « Maîtresse… »

Oh oui, à la seconde où elle va poser la main sur moi, je vais m’enflammer. Pouf ! Une petite boule de feu.

Soudainement, ma bouche se dessèche. Elle doit me voir lutter parce qu’elle me tend un gobelet en argent rempli de vin. Je jure qu’elle pense à tout. Je remarque que ses mains sont très légèrement attachées par un ruban rouge. Je fais ce que n’importe quel bon pirate ferait et j’accroche l’auriculaire de ma main libre dans le ruban et je la tire vers moi. « C’est quoi, ça ? »

« Les attaches que tu dois retirer si tu veux me libérer, Maîtresse. »

« Et si je ne veux pas ? »

« Je pense que je te servirai mieux si je suis libre. »

Elle bouge légèrement et frotte son corps et ses mains le long de ma jambe, sa main remontant à l’intérieur de ma cuisse. Elle s’arrête là, me laissant arriver à mes propres conclusions. C’est assurément meilleur que n’importe quelle drogue que j’ai pu prendre.

Je tire sur le ruban et le laisse tomber au sol. Une main reste entre mes jambes et l’autre voyage jusqu’à mes fesses et les gratte avant de voyager devant sur la boucle de ma ceinture.

« Je peux, Maîtresse ? »

« Je t’en prie. » J’effleure ses cheveux, sirote mon vin et la regarde retirer la ceinture très lentement.

Elle est en train d’essayer de me tuer.

Attendez qu’elle découvre que mon assurance-vie ne paiera pas si on me trouve avec un énorme sourire sur les lèvres et une grande partie d’un costume de pirate éparpillé autour de moi.

Je la regarde jeter la ceinture. Ensuite elle prend ma main et me tire sur le lit avec elle.

« Tu dois avoir faim. » elle me tend une fraise avant que je puisse répondre.

Sans la quitter du regard, je prends le fruit et mets le bout de ses doigts dans ma bouche. Je vois le frisson. Elle retire lentement ses doigts et me tend une autre fraise.

Après l’avoir mangée, je mets doucement la main sur sa nuque et je l’attire pour un baiser. Je considère que tout ça va bien dans le jeu que nous jouons. Elle semble m’avoir donné le rôle de la maîtresse.

C’est une bonne chose que nous sachions qui a vraiment le contrôle. Et elle est super bonne à ce jeu.

Le baiser est lent et profond et l’une des expériences les plus érotiques que j’ai eues. Elle ne résiste pas une seconde tandis que j’exige plus et deviens insistante. Elle se contente de me suivre. Ceci provoque une montée encore plus forte de mon désir, plus rapide et plus chaud en traversant mon corps. Elle gémit dans le baiser et me rejoint dans son intensité.

Sa main glisse de haut en bas à l’avant de ma chemise. Un arrêt sur le tissu juste sur le téton durci qui supplie qu’on s’occupe de lui depuis ces dix dernières minutes. L’autre main commence à gratter la peau qu’elle peut atteindre à travers les attaches.

Je finis par m’arrêter pour reprendre ma respiration. Est-ce qu’elle sait respirer par les oreilles ? Je laisse tomber ma tête en arrière et j’avale de l’air. « Seigneur… »

« Comment », elle commence à mordiller mon cou tout en continuant son massage de ma poitrine, « puis-je te servir, Maîtresse ? »

Autrement qu’en arrachant ce vêtement de mon corps pour t’occuper de moi ? « Euh… j’ai… j’ai... » ? J’ai du mal à parler et à respirer en même temps on dirait. « Les bottes », je réussis à bredouiller.

Elle sourit et dépose un baiser caressant sur mes lèvres avant de bouger pour me sortir de mes bottes. Ça lui prend moins de temps que ça m’a pris pour les mettre. Ses mains sont chaudes même à travers le tissu du pantalon que je porte.

Ses ongles grattent mes jambes, puis atterrissent sur mes cuisses. Elle commence un massage lent, du haut vers le bas. « Tu es contente ? »

« Oh très contente. » Je hoche lentement la tête en regardant la lumière du foyer danser sur sa peau.

« Peut-être un massage ? » Suggère-t-elle tout en attrapant une bouteille d’huile. Je la regarde la verser dans une petite boite et la pousser vers le foyer pour qu’elle se réchauffe avant qu’elle ne l’applique sur ma peau. Puis elle se tourne vers moi. « Bien sûr, il faut qu’on t’enlève ces vêtements. »

Je déglutis. « Bien sûr. » Je commence à retirer le bouton du pantalon mais elle repousse mes mains.

« C’est mon travail, Maîtresse. »

Elle rit lorsqu’un long grognement profond s’échappe de ma poitrine et je me laisse simplement retomber sur les oreillers. Si je la regarde faire ça, je meurs. Je sais que je meurs.

Elle relâche chaque bouton en tirant, laissant sa main glisser entre le tissu et ma peau à chaque fois. Elle caresse ma hanche, allant lentement d’un côté à l’autre. Je sens ses doigts se rapprocher franchement du point de non retour.

Continue chér et on va devoir oublier le massage.

J’essaie de garder mes hanches au sol et je n’y arrive pas. Comme la bête érotique que je suis, si je n’ai pas satisfaction bientôt, je me mets à hurler.

Elle enlève le pantalon puis le jette au loin. J’ai remarqué qu’elle semblait être excitée quand je n’étais vêtue qu’en haut. C’est un truc un peu bizarre mais, hé, si ça marche, qui suis-je pour discuter ?

Mon corps conspire contre moi et je suis surprise et choquée de sentir ma main sur le dessus de sa tête, la guidant vers l’endroit où j’ai le plus besoin d’elle. En général, je n’essaie pas d’être aussi exigeante mais ce soir, c’est différent. Elle m’a donné la permission de l’être et je vais l’être.

« Oh oui… » Je hoquète quand elle prend ma demande à cœur et commence une lente exploration entre mes jambes avec sa bouche.

D’abord, je sens la douceur de ses lèvres à l’intérieur de mes cuisses. Puis les dents et les lèvres mordillent doucement ma peau.

Je veux, non enlevez ça, j’ai besoin d’être nue. Je passe la chemise par-dessus ma tête et elle vole dans la pièce. Tandis que j’essaie de me concentrer et de reprendre mon souffle, je jette un coup d’œil sur Kels et c’est fini. Une fois de plus, je ne suis plus qu’une masse de chair frissonnante.

Je me demande si j’ai l’air aussi vulnérable que je le ressens quand j’atterris brutalement de là où elle m’entraine. Je sais qu’elle est toujours là pour me calmer et me réconforter et cette fois n’est pas différente. Je suis bientôt enveloppée dans ses bras et elle m’embrasse le front et le dessus de la tête. Elle me murmure des choses que j’entends à peine. Une seule chose traverse toujours claire et nette et cette fois n’est pas différente.

« Je t’aime », murmure-t-elle.

Je ne peux pas répondre mais elle sait pourquoi et comprend ; C’est la meilleure part de son amour pour moi.

Elle comprend.

 

<Fondu au noir>

A suivre épisode 9

 

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Commentaires
G
Merci Fryda pour la traduction de ce nouvel épisode.
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