Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Guerrière et Amazone
Publicité
Guerrière et Amazone
  • Vous trouverez ici des Fans Fictions francophones et des traductions tournant autour de la série Xena la Guerrière. Consultez la rubrique "Marche à suivre" sur la gauche pour mieux utiliser le site :O) Bonne lecture !!
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Guerrière et Amazone
Derniers commentaires
23 octobre 2020

Cible mouvante, chapitre 22

Cible Mouvante (Moving Target)

Chapitre 22

Ecrit par : Missy Good (2013)

Traduction : Fryda (2020)

*************************************

Kerry se tenait dans le petit bureau, entourée de gens affairés. Elle avait pris un gobelet d’eau froide et elle le sirotait lentement tout en écoutant les nombreux fils de conversation autour d’elle.

Mais son esprit n’était pas vraiment aux affaires de la pièce. Elle fit rouler l’eau froide presque sans goût dans sa bouche et l’avala, sentant la fraîcheur descendre le long de sa gorge jusqu’à son estomac.

« Kerry ? » Elaine s’approcha avec des papiers à la main. « Tu peux jeter un coup d’œil à ça ? Je pense que c’est bon mais… »

Kerry prit les papiers et les tint devant elle, ses yeux scannant les écrits sans comprendre pendant au moins une minute. Puis elle soupira et les rendit à Elaine. « Garde ça au chaud, tu veux bien ? Il faut que j’aille m’occuper de quelque chose et je vérifierai ça en revenant. »

« Euh… bien sûr. » Elaine la regarda partir avec un air intrigué.

Kerry sortit du bâtiment du côté proche du navire et montra son badge d’identification au garde qui lui fit signe de passer avec un air de lassitude sans vraiment la regarder. Etant donné le nombre de personnes qui devaient entrer et sortir, elle pouvait difficilement l’en blâmer, mais le manque de sécurité l’inquiéta tout de même.

Oh bon. Elle s’en occuperait quand elle reviendrait. Tout en s’orientant, Kerry descendit le quai, passant près des grandes caisses, les petits groupes d’hommes qui discutaient et les chariots élévateurs omniprésents qui passaient en bipant partout.

Elle avait l’impression que le quai était infini, lui donnant bien trop de temps pour penser à ce qu’elle faisait. Les doutes la picoraient comme des pigeons affamés, mais elle continua à marcher sur les pavés, résistant au besoin de s’arrêter et de faire demi-tour et…

Qu’allait dire Dar si elle lui demandait ? Dirait-elle qu’à cheval donné on ne regarde pas les dents ? Après tout, elles n’avaient pas fait en sorte que les équipements de Michelle et Shari soient livrés à leur emplacement, n’est-ce pas ? Sûrement, sans aucun doute, si les positions étaient inversées, Kerry savait que la seule chose qu’elle aurait jamais vue de ses affaires, ça aurait été une boite flottant en s’éloignant sur l’océan.

Mais elle n’était pas Michelle ni Shari. Kerry traversa la ligne entre les deux quais. Elle n’était pas Dar. Qu’est-ce qu’elle avait justement dit ? Qu’on récolte ce que l’on sème ?

Bon. Elle carra les épaules et passa entre deux grandes piles d’acier, marchant entre les projecteurs qui longeaient l’autre navire et elle repéra deux silhouettes familières qui se tenaient près de la passerelle.

Deux cadreurs les entouraient et il était évident que Shari était affairée à leur faire la cour. Elle faisait de grands gestes et tandis que Kerry se rapprochait, ses mots commencèrent à être compréhensibles.

Bon, elle pouvait les entendre en tous cas.

« Donc messieurs, vous voyez les obstacles que nous devons surmonter », dit Shari. « Nous avons eu affaire au sabotage, à des méthodes de business pourries et à de l’espionnage. Vous ne pensiez pas que vous seriez partie prenante d’une histoire simple sur des navires de croisière, n’est-ce pas ? »

Kerry ralentit en se rapprochant et vint se mettre derrière le cadreur.

« Mais nous réussirons. » Shari parlait avec confiance. « Peu importe ce qu’ILS balance sur notre chemin, nous le surmonterons. Leurs manœuvres pourries les enterreront, notez mes paroles. »

Kerry s’arrêta entre la lumière et l’ombre.

« C’est nous qui faisons les choses à temps, c’est nous qui nous assurons que le travail est fait. » Shari pointa l’autre navire du doigt. « Pas elles. Vous ne les trouverez pas ici à se salir les mains, c’est sûr. Allez-y, allez les interroger ! Allez voir où elles sont à cet instant ! »

« Pas besoin. » Kerry entra dans la lumière et posa les mains sur la rambarde de la passerelle. Les caméras pivotèrent pour se caler sur elle et elle laissa le silence se poser un moment avant de reprendre la parole.

Elle les avait surpris, pas de doute. Même Shari semblait rendue muette pour l’instant. Son regard passa de l’un à l’autre, hésitante à nouveau, même maintenant.

« Vous venez demander de l’aide ou présenter des excuses ? » Shari avait retrouvé sa langue et un sourire narquois.

Kerry était très consciente des regards arrondis et figés tournés vers elle. Un léger sourire apparut sur ses lèvres et elle soupira, se soumettant à sa propre nature en produisant juste un tout petit soupir. « Ni l’un ni l’autre », dit-elle tranquillement. « Une partie de votre équipement nous a été livré par erreur. Si vous envoyez un chariot élévateur, je le ferai livrer. »

Prise au dépourvu, Shari se contenta de la fixer. Mais Michelle contourna la passerelle et s’approcha de Kerry. « Par erreur ? » Demanda-elle avec un air soupçonneux.

« Apparemment », acquiesça Kerry. « Les quatre commandes que vous avez envoyées pour que la livraison de l’équipement réseau soit tarie, sont arrivées avec les nôtres. Bonne chance pour les récupérer. » Et sur ces mots, elle se retourna et se contenta de les quitter sans regarder derrière elle pour voir si quelqu’un la suivait.

*************************************

« Où est-ce qu’elle est allée ? » Demanda Dar, résistant au désir de faire les cent pas dans le bâtiment.

« Par-là, madame. » Le garde montra le bout du quai. « Il y a quelques minutes en fait. »

Dar alla à la porte et regarda dehors, couvrant ses yeux contre les projecteurs brillants. Elle pouvait voir plusieurs personnes qui bougeaient entre les deux navires mais aucune d’elle n’était la silhouette familière de sa compagne. Pourquoi Kerry irait-elle là-bas ? »

Qu’est-ce qu’elle mijotait ?

« Hé, Dar ? » Mark s’avança en se frottant le front. « Je pense que tout est déballé… tu penses qu’on peut détourner une partie de la ligne ici pour que je puisse télécharger les configurations ? »

Dar cligna des yeux, repérant les contours distinctifs de Kerry qui sortait d’entre deux piles, se dirigeant vers le terminal d’un pas volontaire. Son langage de corps était un mélange de colère et de férocité, sa tête haute mais les mains serrées en forme de poings sur ses côtés.

« Dar ? »

Dar ouvrit la porte et boita pour sortir, se dirigeant sur le béton dans un chemin calculé pour intercepter sa compagne. Elle vit que le regard de Kerry se tournait soudain vers elle et le changement dans sa posture ajoutait une touche d’appréhension à son attitude.

« Hé. » Dar ralentit et s’arrêta à sa hauteur. « Où étais-tu ? »

Kerry la regarda. « Faire quelque chose dont tu penseras sûrement que j’étais une idiote de vouloir le faire. »

Dar sentit son cœur se mettre à battre un peu plus vite. « La dernière fois que tu as dit ça, tu t’es fait faire un tatouage et ce n’était pas si terrible », osa-t-elle. « Tu veux qu’on rentre en parler ? » Elle mit une main sur l’épaule de Kerry avec hésitation. « Je ne savais pas où tu étais… je suis revenue et tu étais partie. Le garde a dit que… »

Kerry regarda au-delà d’elle une seconde. « Est-ce que Mark t’a montré les boites ? »

Dar garda le silence un instant. « Euh. »

« D’accord. Viens. »

Elles entrèrent dans le bâtiment et Dar permit silencieusement à Kerry de l’emmener dans la section arrière du terminal, dans l’ombre, où elle pouvait maintenant voir plusieurs palettes de boites sous des bâches. « Que… »

Kerry s’avança et souleva la bâche, montrant l’étiquette. Elle attendit que Dar se penche pour lire, consciente que plus d’un regard était posé sur elles.

Dar se redressa et mit les mains sur les boites. « Et bé. Purée. »

« Mm. »

« Alors… » Dar regarda autour d’elle puis Kerry. « Tu es allée leur dire que c’était là, pas vrai ? »

Les épaules de Kerry se détendirent soudain et elle s’appuya contre la pile. « Oui. »

Intriguée, Dar passa sa main de la boite à l’épaule de Kerry, lui donnant une petite tape de réconfort. « Alors, quel est le problème, mon cœur ? »

Kerry se frotta le visage d’une main. « Ton père a dit… je veux dire que c’est un gros avantage compétitif, tu sais, Dar ? Je veux dire que si on garde ça, elles sont fichues. »

« Kerry ! »

Elles se retournèrent ensemble pour voir plusieurs personnes incluant un cadreur avec sa caméra éteinte à la porte avant. Mark était à côté d’eux et leur faisait signe avec une expression sévère.

« Ker, on garde ça et c’est du vol qualifié. » Dar captura l’attention de Kerry, lui tournant doucement la tête pour que leurs regards se croisent de nouveau. « Je suis peut-être celle pour qui tout avantage est le bienvenu, mais je trace une ligne parfois, tu sais ? Ça inclut de nous mettre l’une ou l’autre, ou la compagnie, en danger d’une action criminelle. »

Kerry la regarda longuement, puis elle se laissa tomber brutalement contre Dar, la tête posée sur l’épaule de sa compagne. Puis elle se redressa et toucha Dar sur le côté d’une main. « Il faut que je m’assoie. Tu peux voir de quoi il retourne là-bas ? »

« Bien sûr », murmura Dar. « Il y a une chaise par-là. Je vais me débarrasser de quoi que ce soit et je reviens, d’accord ? »

Kerry lui fit un sourire bref mais sincère et ensuite elle se retourna et alla vers la chaise, à demi cachée derrière les boites. Elle s’y assit et posa ses coudes sur ses genoux, fixant le tapis sale d’un regard pensif.

Dar s’arrêta, indécise, avec l’idée d’ignorer la foule à la porte.

Kerry le ressentit apparemment parce qu’elle leva les yeux et réussit à faire un sourire désabusé, levant une main et remuant les doigts vers Dar en direction de la porte.

Rassurée, Dar se retourna et entama une marche boiteuse digne autant que possible vers l’entrée, faisant émaner d’elle une attitude agacée jusqu’à ce qu’elle y arrive, avec des gens qui reculaient un peu et affichaient un air alarmé.

« Je peux vous être utile ? » Demanda Dar en s’arrêtant devant et adoptant une posture aussi agressive qu’elle le pouvait actuellement.

« Salut. » La femme la plus proche d’elle prit la parole. « Je m’appelle Elecia Rodriguez et je suis reporter pour le Miami Herald. »

« Tant mieux pour vous. » Dar ne lui laissa aucun répit.

« J’aimerais parler à Kerry Stuart, s’il vous plaît. » Apparemment la femme avait dû affronter des participants récalcitrants auparavant et son ton ne varia pas d’un  pouce.

« Elle est occupée. »

« Elle est assise là-bas et ne semble pas du tout occupée. Puis-je lui parler, s’il vous plaît ? » Répondit la journaliste calmement. « C’est vraiment dans son meilleur intérêt. »

« Non », répliqua Dar tout aussi calmement. « C’est dans son meilleur intérêt qu’on la laisse tranquille pour le moment. »

La journaliste cloua son regard dans celui de Dar. Elles se fixèrent ainsi pendant quelques minutes. La femme était à peu près de la taille de Dar et de son gabarit et Dar se demanda un instant si elle allait se précipiter pour la contourner et foncer sur sa proie.

Plusieurs gardes de la sécurité d’ILS vinrent se poster autour d’elles, ayant apparemment les mêmes pensées. Dar se détendit un peu, rassurée de penser que la journaliste ne serait pas assez stupide pour risquer une scène aussi juteuse soit l’histoire qu’elle couvrait.

« Ms Roberts, vous voulez vraiment que l’on présente votre facette de l’histoire », finit par dire Rodriguez. « Je comprends qu’il y a beaucoup de choses qui se passent et que vous n’avez aucune raison, voire ne voulez pas faire confiance à la presse à ce stade mais nous ne faisons pas partie du cirque de M. Quest. Nous sommes des journalistes locaux et vous êtes l’équipe locale. Vous voyez où je veux en venir ? »

Dar prit un moment, entendant un filet de sincérité dans cette déclaration. La femme n’était pas non plus insistante ni lourde, elle était plutôt directe et soudain Dar se souvint d’où elle connaissait son nom. « Vous avez fait un beau sujet sur les coulisses de l’industrie sportive », dit-elle. « J’ai bien aimé. »

Un peu désorientée, la femme produisit un léger sourire et sa posture changea un peu. « Merci. Vous n’avez aucune idée combien ma société m’a détestée pour ça. Nous avons perdu les tickets de complaisance pour la plupart des jeux dans cette ville. »

Hm. « Très bien. » Dar fit une pause pour réfléchir. « Si vous pouvez déposer vos lauriers quelques minutes, je vais voir si Kerry souhaite discuter avec vous. » Elle montra la table à manger. « Servez-vous. »

La reporter ne réagit pas vraiment mais les trois hommes qui l’accompagnaient, incluant un cadreur, s’illuminèrent comme des sapins de Noël à la vue de la nourriture gratuite. Rodriguez les regarda avec un air tolérant, puis elle hocha la tête. « C’est sympa et au moins il y a la clim ici. Prenez votre temps pendant que je nourris mes loups affamés. »

Dar leur lança un dernier coup d’œil puis elle se retourna et repartit dans l’ombre.

« Sympa. » Le cadreur complimenta sa collègue. « Je ne pensais pas qu’on allait obtenir quoi que ce soit. »

« Moi non plus. » Rodriguez soupira en passant près des gardes vigilants. « Mais j’ai fait ça assez longtemps pour savoir que quand on discute avec quelqu’un d’aussi intelligent, il faut laisser tomber les conneries et leur laisser le choix. »

« Rudement différent de ces autres personnes », acquiesça l’homme.

« Rudement différent oui », acquiesça Rodriguez à son tour. « On tient un bon sujet. »

********************************

Dar s’accroupit près du fauteuil de Kerry, se positionnant de manière à bloquer la vue de quiconque les regardait. Elle mit la main sur le genou de Kerry et le pressa doucement. « Salut. »

« Salut », répondit Kerry.

« Tu vas bien ? »

« J’ai mal au cerveau. »

Dar rit faiblement. « J’ai mal au pied. On est à égalité. »

Kerry ébouriffa les cheveux de sa compagne. « Alors. »

« Alors. »

« Tu as laissé les vandales au portail, je vois. »

Dar hocha la tête. « C’est une journaliste du Herald », confirma-t-elle. « Elle veut te parler. »

« Ah. » Kerry renifla d’un air pensif. « Une interview avec une nana de biker rebelle, je présume ? »

Est-ce que c’était ça ? Dar s’abandonna soudain à l’inconfort de son pied blessé et elle s’assit, croisant les jambes sous elle. « Je n’en suis pas sûre », contra-t-elle.  « On aurait dit qu’il y avait un lien avec tout ce marché, mais j’ai vu des trucs qu’elle a écrits et c’est plutôt objectif. »

« Hm. »

« Oui, je pensais aussi que l’autre journaliste était réglo, je sais », admit Dar. « Mais j’ai vraiment lu ses articles. Elle traite sous l’angle business et elle a réussi à prendre parti pour Janet Reno et elle n’a pas encore été dégagée. »

« Ah. » Kerry s’appuya à nouveau sur ses coudes, la tête posée contre celle de Dar, sans s’inquiéter de qui regardait ou pas. « Je me sens vraiment déboussolée là. Je ne suis pas sûre que parler à une journaliste soit une bonne idée. »

« D’accord. » Dar accepta volontiers. « Je lui ai juste dit que je te demandais. » Elle enroula sa main autour de la jambe de Kerry, caressant doucement son mollet. Elle pouvait y sentir la tension, une contraction courte et rapide qui disait bien dans quel état nerveux était sa compagne. « Tu veux boire quelque chose ? »

Kerry fit tourner une mèche de cheveux de Dar autour de son doigt, gardant le silence. Elle déconnecta le reste de la pièce et se contenta de se concentrer sur le contact de la main de Dar sur sa jambe et l’odeur de la fumée de bois qui s’accrochait légèrement à elle depuis l’endroit où elles avaient dîné.

Il lui était vraiment difficile de dire pourquoi elle était autant secouée. Après tout, elle avait agi selon sa conscience et elle s’était trouvée avoir pleinement raison, même dans le regard de Dar. Alors, c’était quoi son problème ? « Dar ? »

« Hm ? » Dar semblait disposée à rester assise là aussi longtemps qu’elle en avait besoin, ignorant totalement la pièce dans son dos.

« Pourquoi je flippe autant ? »

« Je ne sais pas, Ker », répondit honnêtement Dar. « Tu as fait ce qui était juste. »

« Je le sais bien », murmura la jeune femme blonde.

Dar posa son menton sur le genou de Kerry. « Est-ce que tu flippais parce que mon père voulait tout balancer ? »

Kerry garda un silence pensif.

« Ce n’est pas dans ses habitudes de suivre les règles », dit Dar après une légère hésitation. « Je veux dire… je veux dire qu’il est prêt à tout pour ce qu’il estime être l’intérêt général. »

« Oui. » Kerry hocha la tête. « Peut-être que c’est ça », admit-elle. « Je savais qu’il voulait le faire pour nous. Mais c’était… c’était… »

« Mal », proposa Dar.

« Oui. »

La jeune femme brune haussa légèrement les épaules. « Shari et Michelle l’auraient approuvé dans un battement de cil. »

Kerry leva la tête et fixa Dar, visiblement un peu calmée. « Oh je sais », dit-elle. « Hé, écoute. » Elle hésita.

« Tu veux que je m’occupe de leur donner ce truc pendant que tu vas parler à la journaliste ? » Suggéra Dar.

« Tu recommences à lire dans mon esprit. » Kerry leva la main et frotta un peu de poussière sur le nez de Dar. « Tu sais que la moitié de la pièce nous regarde ? »

« Et ? »

« Je m’en fiche aussi. » Kerry se détendit un peu, se radossant dans le fauteuil tout en étendant ses jambes près du genou de Dar. « D’accord. Je vais aller batailler avec le Herald et tu peux avoir un sourire hautain en faisant Michelle se sentir idiote pendant que tu leur envoies ces boîtes. Et la voilà. »

Dar tapota sa jambe et se mit debout, retrouvant son équilibre près des caisses et se redressant tandis qu’elle repérait la petite silhouette de Michelle qui se dirigeait vers elle. « Elle n’a pas amené sa cour. »

Kerry se leva également et partit en donnant une petite tape sur les fesses de Dar en passant. « Bien sûr que non. Ce n’est pas drôle d’être filmée en avouant ses erreurs. »

Non, bien sûr que non. Dar carra les épaules et attendit que Michelle s’approche en luttant pour garder un air neutre sur le visage. « Bonsoir. »

Michelle s’arrêta, jetant un coup d’œil derrière Dar vers Kerry qui s’éloignait. « Elle balance la bombe et c’est vous qui baignez dans la puanteur ? »

Dar s’appuya contre les caisses. « La seule puanteur ici vient de vous », répliqua-t-elle sans ménagement. « Où est votre chariot élévateur ? A moins que vous n’ayez prévu de traîner les caisses vous-même ? »

« Ne vous retenez pas, Dar. Dites-moi comment vous vous sentez vraiment », contra Michelle. « Ne pensez pas un instant que je ne sais pas que le timing pour cette petite révélation a été magnifiquement planifié. »

Dar se contenta de lever les yeux au ciel et recula, tirant sur la bâche du premier lot de caisses. « Vous me faites perdre mon temps. Tenez. »

Michelle s’avança et examina l’étiquette de transport. Elle sortit une liasse de papiers de sous son bras et fit une vérification, ignorant la présence détendue de Dar. Elle finit par tourner la tête et la regarda. « Croyez-moi quand je vous dis qu’il va y avoir une enquête sur la façon dont cette livraison a fini entre vos mains. Vous feriez mieux de vérifier que vos juristes sont prêts. »

« Bien sûr. » Dar lui sourit. « Ils seront contents d’expliquer pourquoi trois fausses commandes et une vraie ont été livrées par un camionneur qui ne voulait pas vous les apporter parce qu’on l’avait traité de connard et plus d’une fois. Pas de problème. »

Michelle se retourna complètement. « Vous savez quelque chose ? »

« La majeure partie, merci. »

« Vous êtes une vraie conne. »

Dar regarda Michelle repartir vers la porte, tout son corps semblant générer de la colère et du dégoût. « Qui se ressemble s’assemble », cria-t-elle à la petite femme. « Vous feriez mieux de débarrasser tout ça avant que je vous compte des frais de magasinage. »

A la porte, Michelle se retourna et lui lança un regard meurtrier.

Dar lâcha un rire mauvais. « Vous voulez que je sois une conne ? Vous ne savez pas ce que vous demandez. Maintenant faites venir vos hommes ou je demande aux manutentionnaires de les remballer et de les renvoyer. »

Michelle sortit et claqua la porte derrière elle. Malheureusement, elle resta ouverte par un gond automatique et finit par rebondir et la frapper dans les fesses. Elle plongea vers l’avant, finissant dans deux hommes qui poussaient un chariot et s’approchaient.

Les hommes sautèrent en arrière et tentèrent de la retenir mais ils la manquèrent et Michelle tomba à genoux entre eux. Ils l’aidèrent rapidement à se relever, reculant aussitôt qu’elle fut debout et se frotta les mains.

Dar rit joyeusement puis elle soupira. « Bon sang, où sont les caméras quand on en a besoin ? »

************************************

Kerry prit un moment pour se recomposer avant d’entrer dans la zone éclairée autour de la table à manger et elle s’approcha des journalistes. Elle se passa les doigts dans les cheveux pour les arranger un peu et ensuite elle se dirigea vers le petit groupe avant de croiser le regard avec la journaliste. « Bonjour. »

La femme fut surprise au milieu d’une bouchée. Elle écarquilla un peu les yeux puis elle finit de manger et posa sa tasse. « Bonjour. » Elle tendit la main. « Elecia Rodriguez. »

« Kerry Stuart. » Kerry lui serra main. « Vous vouliez me parler ? » Le ton de sa voix était doux et légèrement rauque et elle résista au besoin de s’éclaircir la gorge.

« Ah oui, en effet. Merci. » La journaliste reprit ses esprits. « Y a-t-il un endroit où l’on puisse s’asseoir ? Pas que l’ambiance ici me dérange, c’est déjà mieux que d’attendre debout dehors mais… »

« Il y a des fauteuils par ici. » Kerry montra un coin inutilisé du terminal puis elle s’interrompit en entendant la voix de Dar monter et envoyer des échos vers les poutres. Faisant cesser brusquement toute conversation dans la pièce.

Les journalistes se retournèrent pour regarder puis Elecia se tourna à nouveau vers Kerry. « Vous avez une sacrée situation ici assurément, n’est-ce pas ? » Ils continuèrent à écouter mais le cri ne se répéta pas et les voix reprirent autour d’elles.

Kerry les emmena vers les sièges et en choisit un dans lequel elle s’assit les jambes sobrement croisées aux chevilles avant de mettre ses pieds sous le fauteuil. C’était de la modestie un peu ridicule vu qu’elle portait un jean délavé et des chaussures en toile usée, mais les vieilles habitudes ont du mal à se perdre parfois après tout. « Que puis-je pour vous, Ms Rodriguez ? »

La journaliste s’assit à son tour et se reprit, sortant un carnet de sa poche arrière et un stylo de derrière son oreille. « D’accord. » Elle fixa Kerry pensivement. « Où puis-je commencer avec vous, Ms Stuart ? »

Kerry haussa un de ses sourcils clairs. « Pardon ? »

La journaliste étudia son carnet. « J’ai environ dix mille questions que j’aimerais vous poser, à commencer par c’était comment de grandir dans la maison de Roger Stuart à ce que ça fait d’avoir un tatouage, mais je présume que je vais devoir commencer quelque part et je vais démarrer avec, qu’est-ce que vous essayez d’accomplir exactement avec ce contrat ici ? »

De toutes les questions qu’on aurait pu lui poser celle-ci était relativement facile. « Nous essayons d’installer et de configurer un réseau télé-informatique pour le navire là-dehors, pour montrer notre capacité à fournir ces services sur toute la flotte de M. Quest et lui soumettre l’offre la plus compétitive pour qu’il nous choisisse. »

Rodriguez hocha la tête. « D’accord. » Elle gribouilla une note. « Alors je vais vous poser cette question. Est-ce que vous faites souvent ce genre de chose ? »

Intriguée, Kerry fronça un peu les sourcils. « Bien sûr », dit-elle. « C’est notre travail pour ILS. Intégrer et assister l’acquisition de nouveaux contrats, parmi d’autres choses. »

La journaliste écrivit une autre note. « D’accord », dit-elle. « Alors, Ms Stuart, est-ce que la procédure est toujours comme un cirque à trois pistes ? Vous devez avoir un boulot très divertissant. »

Kerry soupira. « Non, ça ne l’est pas », dit-elle. « La plupart du temps c’est une procédure plutôt aride et épurée. Quelqu’un prend contact avec moi ou bien notre département des ventes a une piste et nous faisons une analyse puis nous présentons les solutions possibles et donnons un prix. Il y a une négociation et soit nous avons le contrat, soit non. »

« Oui oui », dit la femme d’un air songeur. « C’est bien ce que je pensais », dit-elle. « Alors parlez-moi de cette vendetta entre vous et les gens de Telegenics. D’où est-ce que ça vient ? Je comprends la concurrence en affaires mais ceci semble la dépasser. Pas vrai ? »

« Et bien. »

« Tenez. » La journaliste sortit un classeur et l’ouvrit. « Les gens de l’autre côté de ce quai m’ont rebattu les oreilles tout l’après-midi. Ils veulent vous enterrer de la pire façon. » Elle montra non pas une mais trois photos à Kerry.

L’une était celle de la nana de motard ce à quoi elle s’attendait. Les deux autres étaient d’elle et de Dar, une au restaurant près de la plage… l’autre dans la piscine à Disney, en train de s’embrasser.

Kerry étudia les photos. « Et ? » Elle lança un regard inquisiteur à la journaliste. « Vous voulez que je leur donne une note ou que j’en choisisse une pour votre sujet ? » Demanda-t-elle. « Et en quoi ceci a-t-il à voir avec le travail que nous faisons ici ? »

« Et bien, c’est exactement ce que je voulais savoir, Ms Stuart », dit la journaliste. « Ça n’a rien à voir avec ce qui se passe ici et c’est pourquoi je voulais vous parler. Vous voyez, votre compagnie fait partie de notre communauté depuis longtemps et a fait son lot de bonnes œuvres, des boulots moins glamour aussi mais elle a fait son travail pour l’emploi de beaucoup de gens par ici. »

« C’est vrai », acquiesça Kerry tranquillement. « On essaye d’être de bons citoyens. »

« Alors, qu’y a-t-il derrière tout ça ? » Demanda Rodriguez, en bougeant un peu. « Vous ne nous êtes pas inconnue, Ms Stuart. Mon journal a conscience de qui vous êtes depuis votre arrive à ILS. »

Kerry la regarda simplement, consciente à la périphérie de ses sens que Dar était tout près et regardait aussi.

« Nous avons choisi, ou devrais-je dire que ma hiérarchie a choisi de ne pas se concentrer sur vous, parce que votre compagnie est fichument discrète. Vous faites juste ce que vous faites et vous payez vos impôts et franchement, vous apportez à la ville bien plus que vous ne lui prenez. » La femme tourna une page. « Alors, pour résumer, quand des gens de l’extérieur commencent à mitrailler quelqu’un de chez nous, nous désapprouvons et nous voulons savoir pourquoi. »

« Pourquoi ? » Dit Kerry, songeuse. « Vous êtes sûre de vouloir savoir pourquoi ? »

Le visage de Rodriguez se changea soudain en un sourire espiègle. « Non. Je parie que non », dit-elle. « Mais on nous a envoyé cette photo de vous, sur la moto. » Elle leva la photo. « Maintenant tout le monde trouve ça très très intéressant parce qu’il y a peu de vice-présidents de compagnies internationales qui ont une telle photo d’eux. »

« Je parie. »

« Etes-vous un petit diable, Ms Stuart ? »

Ce fut le tour de Kerry de sourire et elle le fit, un sourire de réel amusement qui fit briller ses yeux. « Parfois. »

« Racontez-moi une histoire alors. Qu’est-ce qui se passe ici ? » Dit la journaliste, en posant son crayon sur la page. « Racontez-moi le côté de Goliath. »

Kerry était consciente du regard observateur de Dar et elle savait que si elle tournait la tête vers la gauche, elle verrait sa compagne dans l’ombre, prête si elle avait besoin d’elle. « D’accord », acquiesça-t-elle. « Je suis un peu petite pour incarner Goliath mais je vais faire de mon mieux. »

« Je suis sûre que vous avez toute l’aide qu’il vous faut. » La journaliste ne regarda pas Dar. « Je ne cherche pas à me faire botter les fesses. Est-ce que ça va m’arriver ? »

Kerry sourit. « Ça dépend. »

« Je pensais bien que vous alliez dire ça. » Rodriguez se mit à rire. « Je vais prendre le risque. »

******************************************

Elles finirent dans le petit bureau, vu que tout le monde avait migré dehors pour aller dîner et se détendre. Kerry était assise dans l’un des fauteuils de bureau confortable et anodin, adossée au fond avec un pied posé sur le genou opposé.

La journaliste s’était assise face à elle, utilisant l’un des bureaux pour s’appuyer pour écrire et elles avaient toutes deux une tasse de café grâce à Dar, qui avait rapidement disparu après qu’elle eut décidé que Kerry n’était pas en danger dans l’immédiat.

« Très bien, Ms Stuart. »

« Kerry », interrompit cette dernière. « Je déteste qu’on m’appelle Ms Stuart. »

La journaliste écrivit une note. « D’accord, Kerry. » Elle continua. « Ainsi vous avez été approchées à Orlando par M. Quest, c’est ça ? »

« En fait, Dar a été traquée par M. Quest », précisa Kerry. « Il l’a pourchassée dans le lobby de l’hôtel et l’a approchée avec cette idée. »

« Traquée est un terme très puissant. »

« Et bien. » Kerry prit une gorgée de café. « Comment appelleriez-vous le fait que quelqu’un fasse prendre des photos de vous et ensuite traverse un hôtel pour vous trouver ? »

« Hm. »

« Dans tous les cas, il a exposé son idée à Dar et elle l’a retoqué. »

« Pourquoi ? » Demanda Rodriguez.

Bonne question, se dit Kerry. « Je pense qu’elle était méfiante de la façon dont il l’avait approchée. Ça semblait être en dehors des règles officielles des affaires », expliqua-t-elle. « Ça semblait assez sournois. »

« Hm. » La journaliste tapota son crayon contre sa mâchoire. « Et qu’est-ce qui l’a fait changer d’avis ? »

Une autre bonne question et une question à laquelle Kerry était plutôt sûre de ne pas pouvoir répondre honnêtement. « Elle y a réfléchi et nous en avons parlé, et ça nous a semblé être une bonne opportunité au moins pour mettre un pied dans une industrie où nous n’étions pas encore présents. »

Rodriguez hocha la tête et écrivit. « C’est plausible », dit-elle. « Alors ça n’avait aucun rapport avec le fait que Telegenics était l’un des soumissionnaires ? »

La vérité ? Kerry agit sur une impulsion. « Bien sûr que ça avait quelque chose à voir avec ça », répondit-elle. « Nous voulions une opportunité d’être en compétition avec eux, après quelques-unes de leurs déclarations et aussi après qu’elles eurent approché nos équipes à l’exposition pour tenter de leur offrir des postes. »

« Oui oui », grogna la femme. « Télégenics jure que ça n’est jamais arrivé. »

Kerry eut un rire. « Bien sûr que si », répondit-elle. « Le problème c’est qu’ils ont oublié de prévenir leur manager technique et il n’avait aucune idée de qui il recrutait. » Elle continua. « Quand nous sommes arrivées à l’exposition tard le soir du montage, nous avons découvert qu’il n’y avait pas d’équipe en service. Alors Dar et moi on a aidé nos gars à monter le stand et du coup nous étions deux recrues potentielles. »

La journaliste la regarda, un demi-sourire sur les lèvres. « Vous blaguez ? »

Solennellement, Kerry secoua la tête. « Ils nous disaient que nous devrions rejoindre leur compagnie au lieu de travailler pour un consortium sans visage où leurs chefs étaient assises quelque part à manger du caviar et à faire les belles dans des limousines. Mes gars pensaient que c’était fichument drôle. »

« Tu parles. » Rodriguez se leva et marcha dans le petit bureau, étirant ses bras au-dessus de sa tête. « Ça vous a vraiment agacées ? »

« D’être recrutées ? On a bien ri », répondit Kerry. « Mais pour nous, c’était une indication de plus que Telegenics nous cherchaient d’une manière très personnelle et aucune de nous ne saisissait pourquoi jusqu’à ce qu’on parte ce soir-là et qu’on voit Michelle et Shari entrer dans le bâtiment. »

La journaliste se retourna. « Vous ne saviez pas avant ça qu’elles étaient parties prenantes ? » Elle avait l’air incrédule.

« Non, en effet », répondit Kerry honnêtement. « Ms. Rodriguez… »

« Elecia. »

Kerry sourit. « Elecia, nous avons beaucoup de concurrents. Nous lançons des analyses pour les connaître en affaires, mais nous ne chassons pas chez eux les gens qui pourraient avoir une rancœur. » Elle regarda au-delà de la femme vers la porte où Dar passait la tête. « Hé. » Elle se mordit la langue avant de dire ‘mon cœur’.

« John veut te voir », dit Dar. « Désolée de vous interrompre. »

« C’est possible que je discute avec vous quelques minutes pendant cet échange, Ms Roberts ? » La journaliste l’interrompit doucement. « Je pense que nous sommes à un point d’attente logique là. »

Kerry se leva, laissant son fauteuil à sa compagne avec un grand geste du bras. « Sois mon invitée. Je vais voir ce que veut John… pas son problème parce que je sais exactement ce que c’est mais ce qu’il veut. » Elle passa près de Dar, coincée dans l’encadrement de la porte et elle lui tapota le côté en se faufilant.

Dar hésita brièvement puis elle boita en traversant la pièce et s’assit dans le fauteuil de Kerry, passant ses pouces sur les accoudoirs encore chauds de la chaleur de son corps. « Et bien ? »

Elecia se rassit devant le bureau et l’étudia un moment. « Merci de prendre le temps de parler, Ms Roberts. »

Dar hocha rapidement la tête et attendit.

« Quelqu’un vous a-t-il jamais dit que vous deux étiez réellement opposées ? »

Un haussement de sourcils. « Ça a été mentionné une ou deux fois », dit Dar.

« D’accord. » La journaliste rassembla ses notes. « Kerry me disait juste qu’après avoir d’abord décliné l’invitation de participer à l’appel d’offres de M. Quest, vous aviez changé d’avis. »

« C’est vrai. »

La journaliste attendit mais apparemment rien n’allait suivre. « Vous avez un passé avec les deux femmes de Telegenics, n’est-ce pas ? »

Dar haussa à demi les épaules. « Oui », acquiesça-t-elle. « Michelle était la directrice informatique d’une compagnie avec laquelle j’avais négocié un contrat une année avant environ et je connais Shari depuis de longues années. »

« Ça parait tellement civilisé », dit Rodriguez. « Et pourtant, vu ce qu’en disent ces deux femmes, cet appel d’offres en a été très loin. Qu’avez-vous à dire de votre côté ? »

Dar colla ses doigts en pointe et posa les bords contre ses lèvres. Elle était très consciente que cet article allait tenir le haut du pavé au Herald. Bien que, le Miami Herald ne soit pas le Washington Post, ni le New York Times, mais d’une certaine façon, c’était un dispensateur honorable de nouvelles locales et elle savait que peu importe ce que l’article deviendrait, il serait vu par le conseil d’administration qui lui payait son salaire.

Alors. Comment présenter un chaos indescriptible ? « Jusqu’ici ça a été un appel d’offres difficile », répondit lentement Dar. « Il y avait pas mal de choses qui y contribuaient, la plupart n’impliquant aucune de nous ou nos histoires passées respectives. Par exemple. » Elle leva un doigt. « Le déplacement inattendu du projet de la Nouvelle Zélande à Miami et l’accélération du délai. Ça a mis un focus sur nous qui n’aurait pas existé autrement. »

« Parce que vous êtes d’ici. »

« Exactement », acquiesça Dar. « Deuxièmement, la mise en lumière du projet par l’implication de la chaine Voyages et leur équipe de tournage. Cela a ajouté pas mal de bazar. »

« Vrai. »

« Troisièmement, la confusion sur l’intervention de l’agence de protection de l’environnement, qui tronqua le délai et a changé l’appel d’offres en quelque chose comme une course de chevaux frénétique. »

« Vrai aussi. » La journaliste opina de la tête. « Mais ce n’est pas ce que je veux dire et je pense que vous le savez. »

Ah. « Est-ce que cet article a à voir avec les affaires ou bien les ragots ? » Contra Dar en la regardant droit dans les yeux. « Pour être honnête, bien sûr. Nous nous sommes toutes comportées comme des invités au show de Jerry Springer, mais au bout du compte, nous devons terminer ce boulot et celui qui le fait bien gagne la récompense. »

Les yeux de la journaliste brillèrent un peu. « Alors, vous dites que la controverse entre vous quatre n’est pas la véritable histoire ? Leur opinion c’est que la discorde vous empêche toutes d’être capables de concourir effectivement. »

Dar garda le silence un moment puis elle secoua la tête. « Pour autant que je suis concernée, nous sommes effectivement dans la compétition. Si elles laissent cela les distraire au point qu’elles ne le sont pas, ce n’est pas mon problème. »

Rodriguez gribouilla quelques notes et ensuite elle releva les yeux. « Parlez-moi de votre père qui travaille sur les docks. C’est voulu ? »

Dar laissa quelques secondes passer avant de répondre. « Bien sûr », dit-elle. « Je lui ai demandé de se trouver un boulot ici pour garder un œil sur les choses. »

« Ah. Et il l’a fait ? »

« Oui. C’est lui qui a découvert que Telegenics avait envoyé quatre copies de la commande de matériel de réseau, pour empêcher quiconque d’y avoir accès à temps sauf à vouloir payer une fortune. »

La journaliste haussa les sourcils. « C’est vrai ? »

« Mm. » Dar hocha la tête. « Heureusement pour nous, nous avions plus d’influence que la plupart et nous avons fait passer une commande en force. »

« A ce sujet, si on les écoute, vous avez acheté tous les circuits pour les forcer à faire la même chose », contra Rodriguez. « On dirait un prêté pour un rendu. »

« Sauf que nous ne l’avons pas fait. » Dar sourit à demi. « Kerry ménageait juste ses arrières vu qu’on n’assignait de quai à aucun des navires. »

« C’est vous qui le dites. »

« C’est ainsi. »

La journaliste gribouilla d’autres notes. « Est-ce que votre père les a sabotés ? »

Dar rit. « Mon père est un ancien démolisseur-plongeur. Il n’est pas aussi subtil. S’il les avait vraiment sabotés, le navire serait au fond de Government Cut », se moqua-t-elle. « Au contraire, il les a sûrement aidées en organisant le chaos. »

« Mm. » Rodriguez hocha la tête. « Le superviseur de quai a dit la même chose. Il n’a pas une grande opinion de Telegenics, à ce sujet. » Elle se tourna pour faire face à Dar. « Alors, je dois dire que la balle est dans votre camp, Ms Roberts. »

Dar leva les deux mains dans un geste plaintif.

Kerry revint dans le bureau et vint se mettre près de Dar, s’asseyant sur le bureau tout en soupirant lourdement. « Il a fini de tirer le câble, Dar. »

« C’est mauvais ? » Demanda sa compagne.

« Ils ont fermé les cloisons après qu’ils ont tiré tous les fils et il n’est pas sûr que tout est bien branché. Il soupçonne que certains le sont, alors il faut qu’on teste avant qu’il ne continue. »

« Ah. » Dar hocha la tête. « Mark a des types du réseau par ici. Envoie-les. »

« Je l’ai fait », indiqua Kerry. « Mais voilà le sujet – les électriciens doivent couper le courant et ça pourrait durer cette nuit et une partie de demain. Nous sommes paralysés d’ici là. »

« Merde. » Dar se massa les tempes. « On peut installer les commutateurs ? »

« Dans le noir ? »

« On a des lampes-torches. »

Kerry se pencha sur elle. « Dar, c’est une zone de construction, il n’y a pas de clim et ils vont utiliser des chalumeaux dans le même endroit où nous mettons nos commutateurs. Tu veux prendre le risque ? »

La journaliste était silencieuse et les regardait avec fascination.

Dar réfléchit. « Oui, je veux prendre le risque », répliqua-t-elle. « Si nos commutateurs sont en place, déjà configurés, et que les lignes sont testées alors quand le courant reviendra, on pourra apporter le groupe principal. Autrement, on perdra deux jours et si quelque chose merde, on n’aura pas le temps de le réparer. »

Kerry réfléchit à son tour. « D’accord, mais il faut qu’on trouve les équipes de l’électricité et installer nos gens après qu’ils ont fini dans chaque armoire électrique. »

« Bon plan », acquiesça Dar.

« Bien. » Kerry se leva et partit en se grattant les cheveux avec les doigts d’une main puis elle disparut.

Dar retourna son attention vers la journaliste. « Où en étions-nous ? »

« Ma question maintenant c’est, pourquoi êtes-vous ici ? » Demanda Rodriguez. « Pourquoi n’êtes-vous pas dans une tour d’ivoire quelque part, à manger de la quiche dans un tailleur de soie ? Les chefs de l’information et les vice-présidents ne sont pas supposés faire le travail qu’ils payent d’autres gens à faire. »

Dar garda momentanément le silence, n’ayant pas de bonne réponse toute prête. D’une façon générale, la journaliste avait raison et elle le savait. « J’ai des gens talentueux et ils font du beau boulot. »

« Mais ? »

Un haussement d’épaules.

« Ou bien est-ce qu’on en vient à un conflit personnel finalement ? »

Et bien sûr, la journaliste avait bigrement raison là-dessus aussi. « C’est la façon dont on procède », répondit Dar pudiquement. « Restez dans le coin et je vous le prouverai. »

Elecia sourit en mâchouillant le bout de son crayon.

*************************************

« Ok, on a monté le tuyau. » Mark était tête penchée au-dessus de son ordinateur portable, les doigts bougeant en permanence. « Je vais mettre ces petits en marche. »

Dar était appuyée contre une cloison et regardait l’activité en cours. « On va devoir mettre beaucoup de sécurité sur cette pièce ce soir », fit-elle remarquer. « Je ne veux pas risquer que nos amis au bout du quai essayent d’entrer par effraction pour nous causer des ennuis. »

« Pft. » Mark fit un bruit méprisant. « Hé, cheffe… » Il se tourna à demi et regarda Dar. « Tu as fait une configuration spéciale pour ça ou bien j’utilise la standard ? »

« Standard », répondit brièvement Dar. « On pourra la customiser quand on sera sur le navire. » Elle chercha Kerry des yeux mais la jeune femme blonde n’était pas en vue et la journaliste avait disparu aussi. « Combien de travail avons-nous encore à faire ? »

Mark se retourna totalement pour lui faire face. « Dar, tu sais, sérieusement, tu n’as pas à traîner par ici. Tout va bien », dit-il. « On a juste à finir la mise en place et faire du ménage. »

Dar eut la grâce d’avoir l’air un peu embarrassé. « Je sais », admit-elle. « Je me sentais juste un peu mal de demander à tout le monde de rester jusqu’à la dernière minute. »

Le chef du SI se détendit. « Pas de problème », dit-il. « Pour te dire la vérité, tous les gars étaient plutôt curieux sur ce qui se passait ici et ils pensent que le navire c’est super cool. »

« C’est une épave. »

« Oui, mais c’est quelque chose de nouveau et différent, tu vois ? »

Dar le savait en effet. « Oui. » Elle sortit son PDA de sa poche et l’ouvrit, tapant un message tandis que Mark retournait à son travail. (NdlT : ne pas oublier que la FF date de plus de dix ans, pas de tablettes ou de smartphones J)

Salut. Où es-tu ?

La machine resta silencieuse. Dar fronça les sourcils. Ensuite elle abandonna et boita jusqu’au bureau, se sentant plus qu’inutile dans le hall affairé. Elle s’assit au bureau et tapa sur le clavier de l’un des ordinateurs de bureau, se connectant avant de pianoter tandis qu’elle attendait que le système l’authentifie.

Elle fut connectée avec son écran d’accueil standard et ouvrit une session de programmation, démarrant son moniteur de réseau tout en attendant que le premier programme finisse de démarrer. Une fois qu’elle fut satisfaite, elle mit le clavier sur ses cuisses et s’adossa au fauteuil de bureau, dans une position confortable tandis qu’elle bougeait un peu les fenêtres sur son écran pour mieux les voir.

Pendant un moment, elle laissa son regard naviguer sur le moniteur de réseau, étudiant les indicateurs avec intensité. Tout lui apparut relativement normal, la seule alerte lui indiquant que huit nouveaux appareils avaient été ajoutés au réseau cette dernière heure.

« Ça, je le savais, merci. » Dar répudia l’alerte. Elle se connecta dans les routeurs et étudia ses résultats de programme, rappelant le programme lui-même sur un second écran et se prépara à y travailler.

Qu’est-ce qu’elle voulait faire ensuite ? Dar hésita, ses doigts posés sur le clavier. Quelque chose que Kerry lui avait dit avant qu’elle commence sur le projet lui vint à l’esprit et elle réfléchit à comment elle avait fait s’étendre le programme au-dehors de leur réseau pour chasser les hackers.

Cela lui rappela le petit déjeuner et elle mit brièvement le programme de côté tandis qu’elle allait sur un troisième écran et vérifiait l’activité à la passerelle. Tout était calme, apparemment leur ami hacker avait soit abandonné, soit s’était ennuyé et avait trouvé autre chose pour occuper son temps, lui ou elle.

Lui ou elle. Dar soupçonnait un lui vu que la plupart des hackers qu’elle avait connus étaient des hommes. Elle n’avait jamais été sûre de savoir si c’était juste un truc social ou hormonal et elle n’avait jamais vraiment pensé à ce que ça disait d’elle.

Avec un soupir, elle tapa plusieurs lignes dans son programme puis elle s’interrompit et le ferma. Elle passa plutôt aux moniteurs de réseaux et commença à les passer en revue, creusant dans plusieurs niveaux pour examiner les flux de trafic entrants et sortants de leur réseau principal.

Etant donnée l’heure, tout était plutôt normal. Dar cliqua, bougeant le moniteur de leurs frontières externes aux travaux internes du bureau principal, descendant jusqu’au niveau du département. « Voyons voir. Duks doit faire travailler ses gars au-delà des heures ce soir. »

Elle cliqua sur l’icône de message et tapa une note.

Bonsoir, et c’est toi qui me dis que je suis une esclavagiste.

Dar rit doucement et retourna à ses recherches, vérifiant la densité du trafic qui entrait et sortait des mini-ordinateurs de la compta et la saturation du câble vers Houston où les reporting arrivaient en masse. Ça semblait affairé et elle se creusa les méninges en essayant de penser si elle avait oublié une deadline.

Les budgets ? Non, pas avant un mois et le quadrimestre ne se terminait que dans deux mois environ.

Son écran clignota et elle vit le message en retour de Duks.

Moi ? Je suis assis tout seul avec juste un mouton de poussière sous mon bureau. Où es-tu ? Je suis passé à ton bureau ce soir mais tu n’y étais pas.

Dar cligna des yeux en lisant. Puis elle sortit son mobile du clip à sa ceinture et l’ouvrit, composant rapidement le numéro de Duks. Ses cuisses remuaient sous le clavier tandis qu’elle attendait qu’il réponde, le faisant rebondir légèrement tandis que ses nerfs lui lançaient une alarme. « Duks ? »

« Ah, Dar. » Duks avait l’air complètement calme. « Comment vas-tu ? »

« Ecoute-moi », dit Dar. « Je suis dans le réseau et je vois une tonne de trafic sur tes serveurs. Est-ce que tu as lancé quelque chose ? »

Silence de mort. Puis, « Non. »

« Tu peux vérifier tes travaux en cours ? »

Un raclement de touches résonna clairement dans le téléphone. Dar attendit, sachant que si elle devait elle pouvait se connecter elle-même à une session et les vérifier mais sachant aussi que Duks saurait plus intensément ce qui appartenait au système et ce qui ne l’était pas.

« Paladar, nous avons un problème. »

Dar se lécha les lèvres. « D’accord », répondit-elle. « Qu’est-ce que tu veux que je fasse ? Je peux isoler cette boite, Duks. »

« S’il te plait, fais-le. »

Les mains de Dar bougèrent rapidement, coupant les multiples accès de réseau aux mini-serveurs. Cela coupa également son accès mais dans son esprit, ce n’était pas important. « D’accord, c’est fait. »

« Je vais dans la pièce informatique maintenant. Je t’appellerai de là. » La voix de Duks était tranquille et très très sérieuse. « S’il te plait, ne contacte personne pour le moment. »

« D’accord », acquiesça Dar doucement. Elle referma le mobile et le laissa ainsi sur sa jambe, tandis qu’elle ouvrait l’écran du moniteur en pleine taille et le fixait, se concentrant sur des petites émergences ici et là, des taches de vert clair par rapport au vert normal, complètement ordinaire aux yeux de tous y compris les siens.

Une alarme rouge attira son regard et elle cliqua sur son programme de routeur, clignant des yeux à la vue des résultats énigmatiques qui émergeaient de son propre codage. Une autre alerte qu’on cherchait à accéder et Dar faillit le fermer mais elle vit une seconde ligne derrière, un accès en routine sur un autre routeur, qui portait une adresse IP qui n’était pas la sienne.

Elle la suivit, allant vers le routeur en question et le saisit immédiatement, trouvant la session et capturant l’adresse avant qu’elle ne puisse disparaître. Puis elle effaça la session et verrouilla le routeur, ne permettant l’accès qu’à son propre login.

Elle respirait un peu plus vite et elle sortit de ce routeur pour entrer dans le cœur, à la recherche de l’IP offensante. Son cœur se mit à battre plus vite tandis qu’elle la localisait, se dépêchant pour la tracer avant qu’elle ne disparaisse. Elle saisit l’adresse mac et la colla dans une note puis elle fit une recherche.

« Ah. » Elle captura le port et le colla aussi, puis elle refit la trace. Comme elle s’y attendait, l’adresse était partie maintenant mais elle avait le port.

Si elle avait le port, elle savait ce qu’il y avait au bout. En grimaçant, Dar ouvrit la documentation du réseau et recolla le numéro du port dans le champ de recherche puis elle tapa entrée.

Son téléphone sonna. Elle y répondit d’une main tandis qu’elle fixait l’écran. « Oui ? »

« C’est Louis. »

Dar inspira, ses narines écartées en réaction. « Oui. »

« Quelqu’un a essayé de retirer les fichiers dans ce système qui maintient les comptes de notre client », déclara Duks d’un ton neutre. « Le login qui a activé ces rapports appartient à mon département, depuis l’unité d’audit senior. »

Dar attendit mais la ligne resta silencieuse. « Et tu ne leur as pas demandé de faire ça ? »

« Non », confirma Duks. « Je contacte la sécurité et j’apprécierais que tu m’envoies les données que tu as vues et qui t’ont poussée à me contacter. »

« D’accord », répondit Dar calmement. « J’ai peut-être un autre problème. »

Duks soupira. « Paladar, s’il te plait. Mon cœur ne peut supporter qu’un seul désastre à la fois. » Il soupira. « Je te rappelle après avoir parlé à Able Jacobs. »

« D’accord. » Dar le laissa raccrocher, satisfaite au moins que Duks ait la situation sous contrôle. Ce ne serait bon pour personne qu’elle soit impliquée, Duks était plus rude avec son personnel et la sécurité qu’elle ne pourrait jamais l’être et elle savait que trouver un voleur de données dans son département pousserait son vieil ami dans une rage sans limite.

Bon. Passons à l’autre problème. Dar étudia l’écran à nouveau. La requête pour ses fichiers de programme venait d’un PC du treizième étage, juste au bout de son propre bureau. Elle se souvint que c’était une salle de rab dans laquelle se trouvait également deux fax et un photocopieur et on l’utilisait à l’occasion pour les visiteurs qui avaient besoin d’un accès à un PC pour diverses raisons.

Dar composa rapidement à nouveau. Elle écouta la sonnerie puis soupira en entendant la réponse.

« Opérations, Rosie à votre service. »

« Salut Rosie », dit Dar. « C’est Dar Roberts.

La voix de la femme monta d’un ton. « Oh, bonjour Ms Roberts ! Que puis-je faire pour vous ? »

Kerry avait ses admirateurs au bureau mais Dar reconnut qu’elle aussi. Rosie en faisait partie. « J’ai besoin que vous fassiez quelque chose pour moi », dit-elle. « Vous savez l’ordinateur dans la salle d’impression, au 13ème étage près de mon bureau ? »

« Oh ! Oui, madame, je le connais », l’assura Rosie.

« D’accord », dit Dar. « je veux que vous montiez et que vous écoutiez bien, d’accord ? »

« Oui ! »

Dar aurait levé les yeux au ciel si la situation avait été moins sérieuse. « Rosie, c’est très sérieux », dit-elle. « Quelqu’un vient d’essayer d’accéder à quelque chose depuis cet ordinateur et il ne devrait pas. » Elle entendit le bruit d’une inspiration dans le téléphone. « Alors ce que je veux que vous fassiez, c’est prendre quelques sacs plastiques et aller là-bas. Mettez le clavier et la souris dans un sac et prenez ça, le PC et l’écran et rapportez-les avec vous chez les ops, d’accord ? »

« Je fonce, madame », dit Rosie. « Vous voulez que j’appelle la sécurité ? »

Dar soupira. « Ils sont sûrement occupés avec d’autres choses en ce moment et je ne suis pas vraiment sûre de ce qui s’est passé avec ce PC. Alors sécurisez-le et je le récupèrerai chez vous plus tard. »

« Je m’en occupe », dit Rosie.

Dar raccrocha et tapota le téléphone contre son menton. Son organiseur bipa à ce moment, lui flanquant quasiment une peur bleue et elle se retint à peine de lancer le téléphone à l’autre bout de la pièce. Elle sortit son PDA et l’examina.

Désolée mon cœur. J’étais en bas sur le navire. Qu’est-ce qu’il y a ? 

Dar se demanda où commencer. Est-ce que la journaliste est toujours avec toi ? Demanda-t-elle. Il vient de se produire des trucs que je préfère ne pas exposer au Herald en ce moment.

La PDA resta brièvement silencieux puis la led clignota. J’arrive.

Dar hocha un peu la tête et ouvrit son téléphone à nouveau avant de composer. Elle attendit. « Bonjour. C’est Dar Roberts. Il me faut une liste de tous ceux qui sont connectés dans le bâtiment en ce moment et de tous ceux qui sont entrés ou sont sortis ces dernières vingt minutes. »

**************************************

Elles se garèrent devant le bâtiment du bureau et marchèrent côte à côte jusqu’à la porte. Elles passèrent ensemble les portails électroniques, avec un hochement de tête nerveux du garde en service.

« Bonsoir, mesdames. »

« Bonsoir. » Dar le salua brièvement de leur part à elles deux. Elle suivit Kerry dans l’énorme lobby vers les ascenseurs et elles entrèrent ensemble. « Seigneur. »

« Ce n’est pas comme ça que je voulais finir la soirée », confirma Kerry en poussant le bouton du neuvième étage. « Mais au moins tu les as arrêtés, Dar. »

« Par pure chance, bon sang. »

« Chérie, quoi que ce soit ça a marché », dit Kerry en soupirant. « Je suis juste contente que tu ais été là. »

Dar fixa les portes fermées de l’ascenseur d’un air morose jusqu’à ce qu’il s’arrête et qu’elles arrivent au neuvième étage. Elle suivit Kerry sur la droite en direction du centre des opérations.

« Ça montre juste combien on a besoin de ton programme », continua Kerry avec un peu d’hésitation. « Et de toi. »

Dar s’arrêta la main sur la poignée de la porte du centre des ops et elle pencha la tête d’un côté. « Tu le penses vraiment ? »

Kerry la regarda droit dans les yeux. « Si tu veux dire personnellement, je vais te botter les fesses pour avoir osé le demander. »

Un sourire inattendu apparut sur les lèvres de Dar. « J’adore quand tu me parles comme ça. » Elle ouvrit la porte et fit signe à Kerry de la précéder, la porte grande ouvert empêchant la jeune femme blonde de poser une question pertinente.

Kerry tira la langue et entra dans la pièce, là où l’opératrice était déjà debout pour les saluer. « Salut, Rosie »

Dar la suivit à l’intérieur et fit également un signe de tête à la femme.

« C’est là, madame. » Rosie montra une table de travail sur le côté du bureau des opérations. « J’y suis allée tout de suite et j’ai tout pris comme vous avez demandé. »

Dar s’avança pour examiner sa prise. L’opératrice avait pris ses mots au pied de la lettre et l’ordinateur, sa souris, le clavier et des câbles assortis étaient proprement emballés dans assez de plastique à bagage pour couvrir la moitié de la pièce dans laquelle elles se trouvaient. Du ruban adhésif sécurisait le tout et elle soupçonna qu’il lui faudrait utiliser la pointe aiguisée de son couteau suisse pour libérer le pauvre captif. « D’accord. »

« Vous avez vu quelqu’un quand vous y étiez, Rosie ? » Demanda Kerry. « Quelqu’un dans le couloir ou un truc comme ça ? »

« Non, madame. » Rosie secoua la tête. Elle était dans la vingtaine, de taille moyenne, une couleur de cheveux incertaine qui faisait souvent penser Kerry à un cocker. « Il ne devrait y avoir personne là-haut à cette heure-ci et c’était vide comme un cimetière quand j’y étais. »

Dar vérifia sa montre et décida de laisser le PC emballé là où il était. Elle boita vers la grande console et prit le téléphone, composant le numéro de Duks. « Tu es là ? »

« Je suis là », répondit Duks. « Et toi ? »

« Oui. »

« Bien. Maintenant que ce boulot particulièrement important est conclu, peux-tu venir à mon bureau ? »

« Tout de suite. » Dar posa le téléphone. « Ker, je vais parler à Louis. Je reviens dans quelques minutes. »

Kerry prit une inspiration, puis se contenta de croiser les bras. « D’accord », acquiesça-t-elle. « Je vais monter et voir ce que je peux renifler. »

« Bonne idée. » Dar lui fit un clin d’œil tout en se dirigeant vers la porte et elle l’ouvrit d’un coup de coude. Elle boita pour sortir et la porte se referma derrière elle, laissant Kerry seule avec l’opératrice.

« Ms Stuart ? »

« Hm ? »Kerry s’était avancée pour examiner le PC emballé.

« Comment se fait-il que Ms Roberts boite ? Il lui est arrivé quelque chose ? » Demanda Rosie.

Kerry tourna la tête pour regarder l’opératrice, dont les yeux ronds et innocents la fixaient sans aucune malice. « En fait, ça lui est arrivé quand elle me sauvait d’un barracuda, Rosie. »

Si c’était possible, les yeux de Rosie s’arrondirent et s’agrandirent encore plus. « Sans rire ?! »

« Sans rire. » Kerry se retourna complètement et lui fit face. « Nous étions dans l’océan, ok ? »

« Ok . »

Kerry remua les mains, pour imiter la nage. « Je nageais avec notre chien et nous étions sous le dock. J’ai senti quelque chose m’effleurer puis tout d’un coup Dar a sauté et m’a sortie du chemin avant de donner un coup de pied à un barracuda qui allait me mordre la bouche ! »

« Ouaouh ! »

« Oui, mais elle a été mordue pour s’être intercalée, alors vous voyez », continua Kerry joyeusement. « Mais c’était très courageux de sa part. »

« Pour sûr ! » Acquiesça Rosie avec ferveur. « Ouaouh… Vous avez eu peur ? »

Kerry mit les mains dans ses poches. « Pas eu le temps. »

« Ouaouh », répéta l’opératrice. « C’est stupéfiant. »

« Dar l’est souvent aussi. » Kerry alla vers la porte. « Et bien, je vais vérifier nos bureaux. Je reviens. » Elle quitta le centre des opérations et ferma la porte, s’arrêtant dehors pour sourire et grogner d’un ton satisfait. « Si tu n’aimes pas les rumeurs à ton sujet, disait toujours mon père, alors lances-en une qui te convient. »

Elle alla jusqu’à la cage d’escalier. « Je parie que tu n’aurais jamais pensé utiliser un de ses conseils, hein, Ker ? » Avec un léger mouvement de la tête, elle poussa la porte de la cage d’escalier et commença à monter les quatre étages vers leurs bureaux.

*******************************

Dar entra dans le bureau d’accueil de Duks et traversa la pièce sur la moquette souple avant d’ouvrir la porte de son bureau qui faisait plutôt bien écho au sien. « Bonsoir. »

Duks était derrière son bureau les bras croisés. Il regarda Dar s’asseoir en face de lui. « Comment va ta morsure de poisson ? »

« Hein ? »

« Je vois que tu t’en occupes bien. »

« Ça fait un mal de chien », se permit Dar. « On m’a fait une piqûre d’antibiotique mais je n’ai pas arrêté de marcher de la nuit. »

« Et je l’ai empirée », dit Duks.

Dar haussa les épaules.

« On a réduit à quatre possibilités, Dar. » Dar se dispensa de discussion. « Demain je vais convoquer ces quatre-là dans mon bureau et nous trouverons de qui il s’agit. »

Dar pencha la tête d’un côté. « Tu veux dire qu’aucun des quatre n’était ici quand c’est arrivé ? »

« Non. Ça a été conçu pour fonctionner à cette heure-là », dit le vice-président des finances. « Je pense que quelqu’un a imaginé qu’il n’y aurait personne ici pour le voir et le remarquer. » Il entrelaça ses grands doigts et les étudia. « C’est difficile de croire qu’il s’agit de l’une de ces personnes. Ils travaillent pour moi depuis très longtemps. »

Dar savait ce qu’il voulait dire. On aime bien faire confiance aux gens qui travaillent pour nous, mais elle avait découvert de la pire façon au cours des ans que la loyauté n’existait pas vraiment en général. « C’est dur », dit-elle. « Tu es sûr que c’est l’un d’eux ? »

Il haussa les épaules. « Ce sont les seuls qui connaissent ce login. C’est celui que nous utilisons pour donner un accès aux rapports de nos quatre bases de données. »

Hm. « Les logins et les mots de passe peuvent être obtenus », lui rappela Dar.

« Dar, qu’est-ce que je peux dire à ça ? Alors peut-être que c’était moi ! » Il se leva et marcha derrière son bureau. « Comme si ça ne suffisait pas que je trouve que l’un de mes employés est possiblement un voleur ! »

« Hé. » Dar leva une main. « Je le dis juste parce que c’est vrai », dit-elle. « Combien de fois nous sommes nous retrouvés dans le bureau de Mari parce que quelqu’un avait donné son mot de passe ? »

Duks se laissa tomber dans son fauteuil avec un soupir de dégoût. Puis il regarda Dar droit dans les yeux. « Et toi mon amie, est-ce que tu l’as fait ? »

Dar n’hésita même pas. « Kerry a tous mes logins et j’ai les siens », répondit-elle franchement. « Calme-toi, Louis. Attends d’avoir parlé à ces types et fais confiance à tes tripes. »

« Merci Dr Ruth. » Duks lui lança un drôle de regard. « Ça me rend juste furieux. »

Oui, elle comprenait en silence. « Au moins on a stoppé tout ça. » Elle se rabattit sur la conclusion de Kerry. « Je ne suis pas vraim… » Elle s’interrompit tandis qu’un cri lointain passait les murs du bureau. « Merde. » Dar bondit de son siège et se dirigea vers la porte à toutes jambes, sans aucune trace de claudication.

Choqué pendant un bref moment, Duks ferma la mâchoire sur une exclamation et se leva pour la suivre en courant.

********************************

Dar fonça dans les couloirs vides, contournant le bloc d’ascenseurs central du treizième étage. Elle entendit un bruit de pas feutrés devant elle et elle accéléra, se précipitant sur le dernier tournant qui menait au couloir de son bureau.

Devant elle, dans la semi pénombre, elle vit deux silhouettes qui luttaient dont seule une lui était familière. « Kerry ! » Cria-t-elle.

 

Elle atteignit lieu de la lutte et ne ralentit pas. Elle plongea directement sur les deux silhouettes qui se battaient, repoussant doucement Kerry du chemin vers un mur tandis qu’elle poussait la personne avec laquelle celle-ci luttait contre l’autre mur.

« Lâchez-moi ! » Cria l’étrangère. « Hé ! »

« Au diable », dit Dar. « Vous avez de la chance que je n’ouvre pas la fenêtre pour virer votre cul. »

« Ah oui, j’ai peur. »

Toutes les deux faisaient à peu près la même taille mais Dar utilisait la sienne à son avantage pour clouer l’adversaire de Kerry contre le panneau, résistant au désir de secouer la femme comme un rat de terrier. « Restez tranquille ou je vous casse votre foutu bras », grogna-t-elle. « Ker, ça va ? »

« Oui. » Kerry se rapprocha d’elle et mit une main sur le dos de Dar. « J’ai trouvé cette petite fureteuse dans ton bureau. »

« Mon bureau ? » Dar poussa plus fort. « Allume les lumières. »

« Dar, elles sont contrôlées par ordinateur », lui rappela Kerry.

« Tu es une pro de l’informatique », dit Dar les dents serrées. « Alors va les hacker. »

« Ouuui. D’accord. » Kerry fonça dans le bureau de Dar, disparaissant de leur vue.

Sa captive commença à lutter, essayant de repousser Dar. « Lâchez-moi ou vous allez le regretter ! »

Dar n’était pas sûre de savoir ce qui faisait le plus mal, le cliché ou la douleur dans son pied. La femme libéra un bras et essaya de la frapper. Dar bloqua le coup avec son avant-bras puis elle saisit la chemise de la femme et la fit tourner, l’envoyant contre l’autre mur.

« Sale garce. Tu vas le regretter ! » Grogna la femme en attrapant Dar pour essayer de lui donner un coup de pied.

« Pas autant que vous ou je vais me faire plaisir. » Dar tourna son bras libre et fit un pas en arrière, se positionnant avant de donner un coup croisé. Qui atteignit la mâchoire de la femme, lui faisant rebondir la tête contre le mur avant de l’assommer.

Dar se contenta de la relâcher et de la laisser glisser le long du mur jusqu’au sol. Elle secoua sa main et plia les doigts, le silence tombant à nouveau sur le couloir sombre. « Ker ? » Cria-t-elle, souhaitant vivement que les lumières s’allument pour qu’elle puisse voir si elle connaissait la femme.

« Tiens bon. » La voix de Kerry lui parvint depuis son bureau. « J’ai hacké la mauvaise sous routine. Donne-moi une minute. »

« Hm. » Dar regarda alentours. « Tu as touché quoi, le système musical ? »

« La plomberie. »

Dar tressaillit. « Oh bon sang. » Elle s’appuya contre le mur opposé tandis que Duks apparaissait hors de la pénombre pour venir se mettre près d’elle. « La nuit va être longue. »

*****************************************

« Ah. » Kerry tapa sur plusieurs touches et fut récompensée par un flot de lumière qui la fit tressaillir. Elle se redressa du bureau de Maria et le contourna, se dirigeant vers la porte du couloir. Elle se dépêcha de rejoindre Dar et elles se tinrent là à regarder l’intruse.

C’était une femme légèrement plus grande que Kerry, avec une corpulence élancée et des cheveux noirs coupés très court ; elle portait une chemise Dickies sans intérêt, un pantalon et des chaussures bien usées.

« Tu la connais ? » Demanda Dar.

« Heu… non », répondit la jeune femme blonde. « Ce n’est pas le genre de femme de ménage habituel à cet étage. »

« Si l’on considère que la femme de ménage est un homme de ménage », approuva Dar. « Je ne la reconnais pas non plus. »

« Hm. » Kerry se massa la mâchoire. « C’est un uniforme de l’équipe de nettoyage. »

« Oui oui », acquiesça Dar. « S’il te plait, ne me dis pas qu’elle faisait le ménage dans mon bureau. »

Kerry ricana. « Peut-être bien, elle nettoyait les tiroirs de ton bureau de l’intérieur avec une lampe de poche. » Elle regarda autour d’elle. « Où est passé Duks ? »

« Il appelle le superviseur de l’équipe de nettoyage », dit Dar. « Ils faudra qu’ils nous donnent des explications. »

Assurément. Kerry croisa les bras sur sa poitrine. « Qu’est-ce qu’on fait d’elle ? Elle peut se réveiller dans un instant. »

« On appelle la sécurité, je pense », répondit sa compagne. « Je ne veux pas l’attacher… mais on ne sait pas ce qu’elle va faire quand elle va se réveiller non plus. » Elle s’appuya d’une main contre le mur, passant en revue ses options.

« Plus ou moins », murmura Kerry. « Tu veux lui mettre du scotch ? »

Dar grimaça. « Je suis bien placée pour déjà avoir une plainte pour avoir assommé cette petite conne. Pas la peine que je rajoute une punition cruelle. »

« Hein ? »

« Tu as déjà eu à retirer du scotch quelque part sur ton corps ? »

« Non. » Kerry secoua la tête puis fit une pause. « Et toi ? »

« Oui. »

« Hmm. Et si on l’enfermait dans la réserve du nettoyage ? » Suggéra Kerry. « Ça me semble approprié et c’est tout près. » Elle montra une porte au milieu de ses semblables. « Je ne veux pas vraiment me battre à nouveau ce soir. Je pense que je me suis froissé quelque chose dans le dos. »

« Ah. » Dar essaya d’ouvrir et la porte n’était pas verrouillée. Elle alluma la lumière et ne vit rien de plus exotique qu’un seau et un balai et une pile de chiffons. Il y avait de la place pour un chariot de nettoyage mais pas de chariot, probablement ailleurs dans le bâtiment en train de servir sa fonction. « Bonne idée, aide-moi. »

Elles trainèrent le corps évanoui de la femme dans le local et l’allongèrent sur le carrelage avant de ressortir et de fermer la porte derrière elles. Dar fouilla dans sa poche et sortit son porte-clés ; elle essaya la clé principale sur la serrure et grogna quand elle tourna pour verrouiller avec un cliquetis satisfaisant. « Et voilà. »

« Ouille. » Kerry s’appuya contre la paroi, tressaillant tandis qu’elle étirait les muscles du bas de son dos.

« Est-ce que c’est la partie émergée de l’iceberg ? » Dar boitilla jusqu’à elle. « Tu m’as fichu une peur bleue. »

Kerry bougea et s’appuya contre Dar. « Mon chevalier en armure scintillante », dit-elle. « Bon sang, que j’étais contente de t’entendre m’appeler. Je l’ai attrapée et elle s’est éloignée de moi. »

« Ah. »

« J’ai couru après elle et j’ai attrapé l’arrière de sa chemise dans le couloir et l’instant d’après, j’ai eu l’impression d’être dans un match de lutte. »

Duks émergea d’un couloir adjacent et vint vers elles. « Ah. » Il regarda autour de lui. « Notre petite copine s’est enfuie ? »

« On l’a mise dans le local de nettoyage », montra Kerry. « Est-ce que le superviseur arrive ? »

« Oui en effet », dit Duks. « Surtout depuis qu’il m’a informé qu’il ne devrait y avoir personne à cette heure-ci à cet étage. On m’a dit qu’ils commençaient à nettoyer cet étage puis descendaient. »

Dar hocha la tête. « Ça se tient, vu que je les vois généralement avant de partir. »

« Oui », acquiesça Kerry.

On entendit soudain un martèlement derrière la porte du local qui les surprit. « Sortez-moi de là ! » Cria une voix outrée. « Espèce de salauds! Vous ne pouvez pas me faire ça ! »

« La ferme », cria Duks à son tour. « Ou on vous laisse pour aller boire une bière. »

« J’en suis », ajouta Kerry. « J’étais dans la salle des copieurs quand j’ai entendu du bruit en provenance de ton bureau. Je suis entrée et elle était là, à farfouiller dans tout. C’est qui bon sang, Dar ? »

Dar échangea un regard avec Duks. « On doit appeler les flics ? »

Le vice-président des finances réfléchit. « On attend de voir ce que le superviseur a à nous dire. Il a dit qu’il… ah. » Duks hocha la tête et regarda au-delà d’elles. « Le voilà. »

Elles se retournèrent tandis qu’un homme mince aux cheveux poivre et sel les rejoignait. « Mesdames, monsieur », dit le nouveau-venu. « Je ne comprends pas ce qui se passe ici. J’ai clos les travaux à cet étage il y a deux heures.”

Le martèlement reprit contre la porte. « Salauds ! »

Le superviseur sursauta et s’éloigna de la porte. « C’est quoi ça dans mon local ? »

« Quelqu’un qui porte un de vos uniformes », l’informa Dar. « Une femme. »

« Je n’ai pas de femme dans l’équipe ce soir », protesta le superviseur. « Et je ne les garde pas aussi tard. Ce n’est pas sûr. Je prends soin de mes filles. Elles ne rentrent pas chez elles après vingt heures. » Il montra le couloir où un chariot s’approchait, poussé par un homme âgé. « Vous voyez ? C’est Carlos. C’est mon homme ici ce soir.”

Carlos les repéra devant le local et s’arrêta, l’air intrigué. « Señor ? » Demanda-t-il avec hésitation. « Hay un problemo ? »

Duks mit les mains dans ses poches et balança d’avant en arrière sur la pulpe des pieds. « Je pense que nous devrions peut-être appeler la police alors », admit-il. « Si cette personne ne fait pas partie de votre personnel, alors c’est une intruse et les autorités doivent en être informées. »

« Ne faites pas ça ! » La voix de la femme dans le local était étouffée. « Je vous préviens ! »

Kerry mit une main sur le bras de Dar. « Peut-être qu’on devrait lui parler », suggéra-t-elle. « Sa façon d’agir est très étrange, Dar. Je m’attendrais à quelqu’un soit avec une frousse bleue, soit qui demande un avocat. »

Dar y réfléchit et elle dut concéder à sa compagne qu’elle marquait un point. Les actions de la femme avaient été étranges et peut-être qu’on pouvait apprendre quelque chose d’elle. « D’accord. » Elle s’adressa au superviseur. « Je vais présumer que cette personne a volé un de vos uniformes et le badge de quelqu’un d’autre. Je vais enquêter et je vous tiens au courant. »

L’homme hocha la tête. « C’est bien. » Il fit signe à Carlos d’emmener le chariot dans l’autre direction. « Vamanos. »

« Señor ? » Le vieil homme était à l’ouest. « Como ? »

Le superviseur le prit par le bras et l’emmena, laissant Duks, Dar et Kerry dans le couloir face au local. « Et bien ? » Dar leva sa clé. « On y va ? »

Duks haussa ses larges épaules.

« Ker ? »

Kerry haussa également les épaules, levant légèrement les mains.

« Hé, vous là-dedans. » Dar cogna sur la porte. « Si j’ouvre pour qu’on se parle, vous vous calmez ou vous allez mordre la poussière à nouveau, compris ? »

« Ah. » Duks soupira doucement. « Ça c’est la Dar que je connais. »

« Vous feriez mieux d’ouvrir cette porte ! » Répliqua la femme à travers la porte. « Ne vous en faites pas, je vais parler. Je ne suis pas pour l’abus physique comme vous. »

Dar secoua la tête et mit la clé dans la serrure, la tourna et poussa la porte pour l’ouvrir. Elle étendit les bras et plia légèrement les genoux, se demanda si son ex-captive allait sortir en force.

Et elle ne le fit pas. La femme sortit avec précautions, lançant un regard sévère et soupçonneux à Dar. « J’espère que vous avez un bon avocat. »

« Vous aussi », l’avertit Kerry. « Vu que vous m’avez attaquée alors que vous étiez entrée illégalement. »

« Je ne vous ai pas attaquée », répliqua la femme.

« Si », répondit Kerry d’un ton neutre. « Après que je vous ai surprise en train de fureter dans le bureau de Dar. Alors si j’étais vous, à moins que vous ne vouliez avoir cette discussion devant un officier de police, je commencerais à coopérer. »

La femme l’étudia puis elle passa les autres en revue. « Ce n’est pas ce que vous pensez », dit-elle, en mettant la main dans sa poche arrière, s’arrêtant quand Dar réagit. « Tout doux. » Elle prit son portefeuille avec précautions et l’ouvrit. « Tenez. Vous voyez ? »

Elle tendit une carte.

Dar la prit et y jeta un œil. « Intelligence militaire », répéta-t-elle lentement. « Intéressant. »

« Mon père disait toujours que c’était un oxymore », murmura Kerry.

Ce n’était pas la réaction que la femme avait attendue visiblement. « Je pense que vous ne comprenez pas ce qui se passe ici », dit-elle. « Vous êtes sujet à une enquête. »

« Allons à l’intérieur. » Dar montra la porte externe de son bureau. « Louis, peut-être qu’on a une réponse à ton affaire aussi. »

« Peut-être », acquiesça Duks. « Peut-être. »

La femme les regarda tour à tour. « Vous comprenez que la situation est sérieuse ? »

« Vous comprenez qu’on a probablement envoyé votre paye en ce vendredi tardif ? » Rétorqua Duks. « Ne nous menacez pas avec le gouvernement. Maintenant entrez là ou bien comme dit Dar, nous allons appeler la police. »

« Oui », approuva Dar. « Attendez, je dois vous poser une question. » Elle s’adressait à la femme. « Faites-vous partie de l’armée ? »

La femme eut l’air inquiète. « Oui. »

Dar plissa les yeux et ricana doucement tandis qu’elle refermait la porte derrière eux.

************************************

A suivre partie 23

 

Publicité
Publicité
Commentaires
B
Merci beaucoup d'avoir continué la traduction 👍👍👍
Répondre
S
Super, merci pour cette traduction dans les règles de l'art ! Merci de me permettre de continuer à lire les aventures de Dar et Kerry ^^
Répondre
I
Merci Fryda pour tout ce nouveau chapitre avec nos héroïnes préférées!<br /> <br /> <br /> <br /> Isis.
Répondre
C
Merci pour la suite ! C'est toujours un plaisir de lire la suite de Cible mouvante 😊
Répondre
H
Merci pour cette nouvelle traduction et d'être toujours là pour nous inculte en anglais 😁.
Répondre
Publicité