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19 mars 2021

Cible mouvante, chapitre 23-A

Cible Mouvante (Moving Target)

Chapitre 23-A

Ecrit par : Missy Good (2013)

Traduction : Fryda (2020)

*************************************

Dar s’assit derrière son bureau et Kerry se posa sur le bord. Duks était assis dans un des fauteuils de visiteur et leur invitée indésirable choisit de rester debout.

« Bien », dit Dar. « Expliquez-moi pourquoi un membre de l’intelligence militaire s’est introduit dans mon bureau par effraction. »

La femme eut un sourire narquois. « C’est très simple », dit-elle. « Mon chef m’a assigné de m’introduire ici et de faire exploser votre réputation en matière de sécurité. » Elle étendit les bras et se retourna. « Et je l’ai fait. »

« Pourquoi ? » Demanda Kerry.

« Quoi ? »

« Pourquoi votre chef vous a demandé de faire ça ? »

« Hé, je ne mets pas mes ordres en question. » La femme leva une main. « Je fais juste ce qu’on me demande. Maintenant si vous voulez bien m’excuser, je dois produire un rapport et croyez-moi, je vais m’en réjouir. » Elle regarda Dar. « Vous avez tellement de contrats, madame, et vous faites plein de trucs pour le gouvernement américain. Ça me fout vraiment en rogne de voir que vous êtes pleine de merde. »

« Attendez une minute… » Kerry commença à se lever.

« Oh, vous embêtez pas. » La femme lui fit un geste de la main. « S’il vous plait, n’entrez pas dans cette petite perversion de conflit d’intérêt que vous avez toutes les deux ici. »

Dar plissa légèrement les yeux. « Je ferais attention si j’étais vous. »

La femme ricana. « Si vous coopérez, et vous avez de la chance que mon chef examine la possibilité de dénoncer tranquillement tous les contrats avec le gouvernement sans l’exposer dans la presse. » Elle regarda Dar. « *Moi* je ne le ferais pas parce que je pense que vous puez. Mais lui oui, parce qu’il pense que vous pourriez nous être utile. »

« Ah oui ? » Dit Kerry. Elle se tourna vers sa compagne. « Dar… » Sa voix traîna quand les yeux bleus croisèrent les siens et elle lut l’expression de Dar. Elle se retourna de nouveau et croisa les bras, regardant l’intruse en silence.

« Je pense qu’il est cinglé », déclara la femme sans détour. « Mais c’est lui le chef. » Elle leva un téléphone. « Et là je peux l’appeler et lui dire ce que j’ai trouvé. » Elle commença à composer, le sourire narquois semblant être collé en permanence sur ses lèvres. « Et croyez-moi, vous allez le payer de m’avoir frappée. »

Dar avait ses doigts collés aux extrémités et elle regarda la femme avec une expression bizarrement anodine. « Kerry ? »

« Hm ? » Kerry la regarda.

« Appelle la police », dit Dar. « Dis-leur qu’on a attrapé quelqu’un qui entrait dans le bureau par effraction. Dis à la sécurité ce qui se passe et demande-leur d’envoyer des agents ici. »

La femme arrêta de composer et fixa Dar. « Quoi ? »

Kerry prit le téléphone et composa.

« Vous n’avez pas saisi ce que j’ai dit, pas vrai ? » Demanda la femme à Dar. « Mon chef veut que ça reste discret. »

« Moi non », répliqua Dar. « Si vous avez craqué légitimement notre sécurité alors je veux que ce soit public. »

Duks la fixa, les sourcils haussés. « Ah Dar… »

« Nous sommes une compagnie publique, Duks. »

« Bien sûr, je le sais bien », dit le vice-président des finances.

« Elle est ici. Elle avait un mot de passe pour entrer dans le système ou bien quelqu’un a laissé la machine accessible. C’est légitime. Je ne le cache pas », déclara platement Dar.

Duks se calma avec un air pensif.

« Merci. » Kerry finit de parler dans le téléphone. Elle appuya sur la base puis composa à nouveau. « John ? Kerry Stuart. J’ai besoin que des gars de chez vous montent au bureau de Dar tout de suite, s’il vous plait.”

« En fait… » Continua Dar. « Quand tu en auras terminé, Ker, appelle le service de com. On va avoir besoin d’un communiqué de presse. »

L’intruse laissa lentement sa main retomber avec le téléphone. « Vous n’êtes pas sérieuse. »

« Bien sûr. » Dar haussa à demi les épaules. « Ne vous inquiétez pas. Je suis sûre que votre chef sera content d’expliquer à la presse pourquoi vous êtes ici et nous serons contents d’expliquer comment nous vous avons trouvée et comment on vous a empêchée de voler de la technologie propriétaire qui n’avait rien à voir avec la sécurité de n’importe quel gouvernement. »

L’expression de la femme devint circonspecte. « Je ne vois pas de quoi vous parlez. »

« Ah non ? » Demanda Dar. « Et bien, alors vous n’aurez aucun problème quand la police prendra vos empreintes pour les comparer à ce qui est sur le clavier de la machine de notre salle de photocopieurs que j’ai confisquée. » Elle se leva et contourna son bureau, avançant vers la femme. « Vous voulez jouer en première ligue ? Bien. Dites à votre chef qu’il peut aller à la prison de Dade County pour payer votre caution. »

Un coup léger fut frappé à la porte. Kerry alla l’ouvrir et se mit de côté pour laisser passer deux de leurs gardiens de nuit. Contrairement à leurs collègues de jour, les hommes de la nuit tendaient à être un peu plus sérieux et ces deux-là, elle le savait, étaient des agents de police en congés. « Messieurs, j’ai trouvé cette personne dans ce bureau. Le superviseur du ménage confirme qu’elle ne travaille pas pour eux. Nous avons appelé le commissariat de Dade County. »

« Très bien, madame. » Les gardiens se mirent de chaque côté de l’intruse.

« Vous feriez mieux d’appeler votre chef maintenant », lui conseilla Dar. « Je ne suis pas sûre de savoir ce que vous pourrez faire une fois que la police sera là. »

« Comment connaissez-vous son nom ? » Demanda la femme. « Je ne vous l’ai pas donné. »

Kerry s’était posée la même question.

Dar se contenta de sourire. « Je présume que nous avons tous nos petits secrets, pas vrai, Lieutenant ? » Dit-elle. « Ça va être intéressant de le regarder… et vous… expliquer pourquoi vous enquêtiez sur des comptes sécurisés du gouvernement dans un immeuble qui n’en contient pas, bien entendu. »

La femme fit le tour de la pièce du regard. « C’est… »

« Les systèmes du gouvernement sont gérés par notre antenne de Houston », lui dit tranquillement Kerry. « Les opérations de Miami gèrent des comptes commerciaux. Mais vous le saviez, pas vrai ? »

Dar croisa les bras et regarda leur intruse. La femme se tourna à demi et composa un numéro, gardant un visage alerte et couvrant le micro de son téléphone d’une main. Elle savait que la situation était toujours mauvaise. Il y avait eu une brèche et il n’y avait pas de bonne façon pour elle de nettoyer ça, à part quelques détails qu’elle avait déjà mis en avant.

Bon, ça et le fait que la femme n’avait pas eu de succès pour obtenir quelque chose alors qu’elle, Dar, avait observé. Sans dire depuis combien de temps elle y était et depuis combien de temps elle avait marné quand Dar ne regardait pas, parce qu’elle n’était pas apte à passer ses soirées à passer le réseau en revue.

Kerry se glissa de son côté du bureau et la regarda, le dos tourné vers la pièce et son expression ouverte et très émotive.

Dar plissa le visage en un demi sourire ironique en réponse et elle haussa légèrement les épaules.

« Nous sommes foutues », articula Kerry silencieusement.

Dar hocha la tête en gardant la même expression.

De manière inattendue, Kerry haussa les épaules à son tour. « Oh bon », mima-t-elle.

De manière tout aussi inattendue, Dar comprit son sentiment et acquiesça. Au coin de son esprit, un tout petit bout de son ego était apaisé à l’idée que la brèche, quand elle était survenue, n’avait pas touché son réseau. Elle était survenue, comme souvent les failles de sécurité, du côté humain de l’équation.

« Vérifie les entrées », dit-elle doucement. « Trouve qui s’est connecté sur cette station de travail aujourd’hui. »

Kerry hocha la tête et descendit du bureau pour s’accroupir derrière et elle prit le clavier de Dar vers elle. Après un moment, elle préféra s’agenouiller et pianota, se concentrant sur l’écran au lieu du reste de la pièce.

La femme se retourna et s’approcha de Dar, s’arrêtant quand les gardes de sécurité l’interceptèrent avec une intention calme mais visible. Elle tendit le téléphone. « Mon chef veut vous parler. »

Dar la laissa attendre pendant qu’elle réfléchissait à la demande. Puis elle se leva et contourna le bureau pour prendre le téléphone et se percher sur le coin de la surface en bois. « Oui capitaine ? »

Kerry leva les yeux de l’écran. « Dar ? » Elle l’interrompit doucement. « L’administration du marketing, seize heures, déconnexion à vingt-et-une heures. »

Dar écarta les narines.

« C’est un endroit bizarre pour cette ressource », commenta Duks. « Peut-être que je devrais appeler Eléanor. »

Dar s’isola un moment pour écouter la voix dans le téléphone. « C’était quoi ça ? »

« J’ai dit, Ms Roberts, que mon intention n’était pas de vous faire exploser », déclara le capitaine Mousser.

« Ce n’est pas ce que votre protégée a dit », répliqua Dar. « Accordez vos violons. »

L’homme soupira fort dans le téléphone. « C’est juste une gamine et elle ne comprend pas la complexité de la politique. C’était plus facile de lui dire ça. Bref, écoutez… »

« Je ne vais pas écouter, Capitaine », dit Dar d’un ton agacé. « Vous avez décidé d’envoyer une gamine à peine formée ici pour faire Dieu seul sait quoi et elle a été surprise. Au temps pour moi pour ne pas avoir ma propre équipe de services. Au temps pour vous pour ne pas faire vos devoirs à la maison. Alors maintenant, on va juste laisser la presse décider lequel de nous deux est le plus gros connard. »

« Roberts, vous voulez bien vous calmer ? » Siffla le capitaine. « Vous en faites tout un plat et ça n’en a pas besoin ! »

« Vous ne pensez pas que voler un code propriétaire c’est du plat ? Moi si ! » Lâcha Dar. « Je me fous complètement de quelle était votre intention, Capitaine ! A vous de trouver comment vous allez défendre ça ! »

Il y eut un moment de silence. « Hé, c’était juste une opportunité », finit par dire le capitaine. « Elle a eu une chance de la saisir… alors vous ne pouvez pas me blâmer, moi ! On a essayé de trouver une porte d’entrée pour cet endroit pendant une semaine, et… »

« Monsieur, vous êtes fichu. » Dar était sans pitié, bien qu’intérieurement soulagée d’avoir résolu au moins un mystère. « J’amènerais mes fesses à la prison du Comté si j’étais vous, et apportez du cash. Ils ne prennent pas la carte de crédit ou les notes de frais du gouvernement. » Elle se leva et passa derrière le bureau en boitant, s’arrêtant pour regarder par la fenêtre la mer éclairée par la lune. »

Elle mit une main sur le verre et souhaita soudainement être ailleurs plus que tout. Un soupir embua la vitre et elle leva les yeux pour voir le reflet des yeux vert océan de Kerry qui fixaient l’extérieur aussi. Leurs regards se croisèrent et restèrent ainsi.

« Roberts ! Roberts ! Seigneur ! Vous voulez vraiment que ça fasse la Une ? ? Vraiment ? ? » Le capitaine haussa la voix. « Allons ! Redescendez sur Terre ! »

Dar se retourna et s’assit. « Je préfèrerais ça à vous qui me mettiez un truc nase sur la tête. Sortez de votre trou et on gèrera. » Son esprit était déjà occupé à imaginer comment expliquer tout ce foutu truc.

A la presse. A Alastair. Seigneur. Au conseil d’administration.

Quel bazar. Elle ferma les yeux et savoura le contact de la main de Kerry sur son épaule. La jeune femme blonde ne prononça aucune parole mais le soutien silencieux était évident. « Alors si vous avez fini de me gâcher mon temps, je dois m’occuper d’un communiqué de presse. » Elle parla au téléphone.

« Roberts. » Mousser soupira. « Ecoutez, vous avez quelque chose à offrir. Vous avez des compétences que je veux absolument ajouter à l’équipe que j’ai réunie pour soutenir le pays. Vous vous fichez de votre pays ? Vous ne voulez pas l’aider ? »

« J’apporte ma part en créant des emplois civils, merci », dit Dar. « On a fini ? »

« Allons, Roberts… vous n’êtes pas communiste », dit le capitaine pour la convaincre. « L’armée de l’Oncle Sam a besoin de vous. »

« Je suis gay. » Dar dit ce qui était évident.

« On peut arranger ça. »

Les yeux de Kerry lui sortirent presque de la tête en entendant ces mots.

Dar lança un regard noir au téléphone. « Je suis une gamine de la Navy », ajouta-t-elle. « Et mon père est un Commando à la retraite. »

Un silence. « D’accord, ça c’est un problème », admit le capitaine. “Mais écoutez, on peut mettre ça sur le compte du patriotisme ? Laissez partir la fille et on garde ça entre nous. »

Le téléphone de Dar sonna. Kerry répondit. « D’accord, merci. » Elle regarda Dar. « La police est en bas. »

Dar hésita en soupesant ses options. Duks choisit ce moment pour contourner le bureau et se pencher près d’elle. Il mit la main sur le téléphone et chercha son regard.

« Ce n’est pas l’explication pour nos autres problèmes, ma grande. Si on peut éviter la publicité, fais comme ça », murmura-t-il entre ses dents. « Nous avons des affaires bien plus grandes dont il faut s’occuper maintenant. »

Dar détestait avoir à ravaler sa fierté mais elle détestait encore plus faire des erreurs stupides. Elle fit un bref signe de tête à Duks puis releva le téléphone. « Très bien », grogna-t-elle. « Mais vous allez devoir trouver de sacrées bonnes assurances que votre ampoule ici présente ne va pas ouvrir sa bouche pour prévenir la moitié de la Terre, vu qu’elle est tellement fière de ce qu’elle a fait. »

Le capitaine gloussa. « Laissez-moi m’en occuper. » Il semblait plus sûr de lui maintenant. « Bon… est-ce qu’on peut parler de votre petit programme ? »

Dar regarda le plafond. « Non », dit-elle. « Là maintenant, je dois faire sortir les flics de mon lobby. »

« Alors rendez son téléphone à mon soldat. Je vous contacte demain », répondit le capitaine d’un ton narquois. « Ne vous inquiétez pas, Roberts. Ça va finir par être bon pour nous deux. »

Dar secoua la tête et lança le téléphone à sa propriétaire. Maintenant elle devait s’occuper de la police. Qu’est-ce qu’elle allait bien pouvoir leur dire, bon sang ? »

« Laisse-moi descendre. » Kerry lui tapota le dos. « Je m’occupe des flics, Dar. Ne t’inquiète pas pour ça. » Elle contourna le bureau et se dirigea vers la porte avant que Dar ne puisse l’arrêter, pas que celle-ci ait eu la moindre intention de tenter.

« D’accord. » Dar se tourna vers les deux gardes de sécurité. « Escortez cette personne hors du bâtiment. Prenez une photo avant ça et je veux savoir comment et où elle s’est procuré le badge d’identification du département du nettoyage. »

« Madame. » Le garde le plus proche prit le bras de l’intruse. « Est-ce qu’on doit faire un rapport interne sur tout ça ? »

« Et comment, bon sang », répliqua Dar immédiatement. « Sortez la d’ici. »

Le sourire narquois du lieutenant était revenu mais il n’était pas aussi flamboyant qu’au début. Elle avait refermé son téléphone et l’avait rangé et elle ne résistait pas à la prise du garde. Elle lança un regard pas vraiment masqué de triomphe tandis qu’on l’emmenait, mais elle garda le silence.

Ceci laissa Duks et Dar seuls dans le bureau. Dar posa son menton sur son poing et regarda son ami, qui la fixa à son tour avec une expression tout aussi sérieuse. « C’est la merde », dit Dar.

« Oui », acquiesça Duks. « Et le problème majeur c’est que si mes collaborateurs ont été compromis alors c’est une chose qui sera difficile à cacher. Si ça sort, alors ça aussi. »

« Je sais. » Dar se sentait très fatiguée. « Programmons une réunion de l’exécutif demain à la première heure. Il faut qu’on parle tous. »

« Oui, c’est vrai », approuva le grand VP. « C’est le moment de travailler en équipe. »

Les super individualistes laissèrent passer un long soupir excédé. « Il est temps de faire quelque chose », marmonna-t-elle. « Là maintenant, je pense à peut-être boire une bière. »

« Peut-être deux », acquiesça Duks solennellement. « Après vous, madame. »

Dar déconnecta Kerry de son PC et l’éteignit. Elle éteignit également les lampes en partant, secouant la tête jusqu’à l’ascenseur.

****************************

Il était plus de minuit quand elles montèrent péniblement les marches du condo. Dar s’appuya contre le mur tandis que Kerry insérait la clé et ouvrait la porte. Chino déboula pour les accueillir et Kerry distrait la chienne assez longtemps pour que Dar se glisse à l’intérieur et referme la porte derrière elle.

« Beuh. » Dar boita jusqu’au séjour et se dirigea vers la chambre, une botte dans une main. « Ker, tu peux vérifier la boîte pour voir s’ils ont livré ces médicaments ? »

« Bien sûr. » Kerry embrassa Chino sur la tête et ensuite elle ressortit pour voir s’il y avait un sac. Il pendait sagement sur le crochet sous leur boite aux lettres alors elle le prit et rentra rapidement. « Il est arrivé, chérie. »

« Youpi. » La voix de Dar flotta depuis la chambre. « T’sais, j’avais pris l’habitude de repenser à ces longues nuits et aux délais stressants avec une sorte d’affection à moitié idiote. » Elle revint en boitant, portant maintenant un seul teeshirt et ses sous-vêtements. « C’est quoi le médoc ? »

Kerry lui tendit le sac. « Pourquoi tu ne t’assiérais pas pendant que je nous prépare du chocolat chaud après m’être changée », suggéra-t-elle. « Je dois décompresser un moment. J’ai la tête qui tourne. »

« Va te changer. » Dar la poussa vers la chambre. « Je vais préparer les boissons. » Elle continua à parler depuis la cuisine et elle posa le sac sur le comptoir, le laissant là tandis qu’elle retirait un verre du placard et se servait du lait.

Son pied la tuait. La longue soirée coincée dans sa botte avait irrité la plaie et sa chaussette était imbibée de sang quand elle avait retiré la chaussure. Elle se mit sur un tabouret et ajouta une poignée d’Advil aux antibiotiques, avalant le tout avec l’aide d’une gorgée de son lait.

Chino vint en trottinant et renifla son pied, avant de le lécher avec sympathie. Dar regarda la chienne avec un sourire ironique puis elle se leva et attrapa le pichet adapté au micro-ondes qu’elles utilisaient pour leurs friandises de fin de soirée.

Elle le remplit de lait et ajouta les cuillerées de sirop de chocolat appropriées, faisant tourner le liquide une fois ou deux avant de rabattre le couvercle et de secouer vigoureusement. Elle ouvrit le couvercle et regarda le contenu, et, satisfaite de la consistance, elle le mit dans le micro-ondes qu’elle démarra.

Elle s’assit sur le tabouret et balança ses jambes d’avant en arrière plusieurs fois, traçant une longue et fine cicatrice blanche sur son genou droit. Libérée de sa chaussure, son pied blessé commençait à cesser de battre et elle remua les orteils pour tester.

Beuh. Ils avaient l’air gonflés. Elle posa le pied sur son genou et l’examina, fronçant les sourcils à la vue de la peau rouge et boursouflée et la partie sensible qui couvrait le dessus de son pied et une partie de son talon. Ça faisait mal. Elle avait mal à la tête. Elle avait mal aux épaules à la suite de la tension de la nuit et elle souhaita…

Qu’est-ce qu’elle souhaitait ?

Dar se trouva trop fatiguée pour se concentrer sur ça et elle se résolut à un objectif de court terme plutôt. Elle souhaita être au lit avec Kerry, une tasse de chocolat chaud et de l’aspirine qui aurait fait son boulot. Voilà, c’était faisable, non ?

Kerry entra dans la cuisine, portant une chemise longue jusqu’aux genoux. « Pour une journée qui a commencé plutôt bien, elle s’est finie de manière dégoûtante, pas vrai ? »

« Oui oui », approuva Dar lugubrement. « Je veux revenir à hier. »

Kerry s’approcha et s’appuya contre elle, lui massant le dos avec le bout de ses doigts. « Tu as pris tes médicaments ? »

« Oui oui. »

« Fatiguée ? »

« Ouille.” Dar ferma les yeux et posa sa tête contre celle de Kerry. « Je vois juste que se réveiller demain va être pénible. »

« Oui oui. » Kerry regarda le micro-ondes qui bipait. « Je sens le chocolat chaud. » Elle passa près de Dar et retira deux mugs du placard, les posa sur le comptoir et se pencha pour prendre le pichet. « On s’inquiètera de demain, demain. »

Ooh, synergie mentale. Dar passa un bras autour de Kerry et la tint affectueusement, le nez dans son bras tandis qu’elle tentait de verser le chocolat chaud. « Merci de t’être occupée de la police, au fait. »

« Pas de souci. » Kerry réussit à mettre le breuvage dans les mugs malgré la distraction. « Ils ont été très compréhensifs, une fois que je leur ai expliqué combien la compagnie était grande et combien de nouveaux nous embauchions, et comme il était naturel que quelqu’un se perde au mauvais étage et entre dans le mauvais bureau avant d’être accidentellement découvert par moi. »

Dar sirota son chocolat. « Tu blagues, non ? »

« Non. » Kerry lui prit le coude. « Allez on va se blottir sur le canapé. J’ai eu tout le temps, disons les trente secondes que prend l’ascenseur pour aller du treizième au rez-de-chaussée pour fabriquer cette histoire. Je pense que je m’en suis bien sortie. »

« Bien plus que ce que j’ai fait », approuva Dar, se laissant volontiers trainer jusqu’au canapé. Elle s’installa près de Kerry sur le cuir souple et elle posa son pied sur la table.

Kerry utilisa la télécommande pour démarrer un CD tranquille et elle mit un paysage marin sur la télévision. Les lumières étaient basses dans la pièce et elle soupira en laissant la paix du moment descendre sur elle. Le chocolat avait bon goût sur sa langue et elle pouvait sentir sa chaleur voyager dans son estomac, calmant l’inconfort d’une douzaine d’ailes de poulet pimentées peu avisée partagées avec Dar.

« Ker ? »

« Mm ? »

« Je t’aime. »

Les pensées d’ailes de poulet s’enfuirent par la fenêtre. « Je ne me lasse jamais de l’entendre », admit Kerry. « Je t’aime aussi. »

Dar entoura les épaules de Kerry de son bras. « Tu sais quoi ? »

« Nan. » Kerry s’adossa et posa ses pieds près de ceux de Dar. « Mon cerveau est comme une passoire bon marché en plastique pour le moment. »

« Ah. » Dar tourna la tête et mordilla le lobe d’oreille de Kerry. « Je savais que ce truc jaune me rappelait quelque chose. » Elle souffla rapidement sur les cheveux de Kerry.

« Des spaghettis ? » Suggéra Kerry.

« Des soies de maïs. »

« Hm. Je n’aime pas les soies de maïs. »

Dar s’écarta un peu. « Tu n’aimes pas ça ? »

Kerry secoua la tête. « Non. Ça me démange », expliqua-t-elle. « A chaque fois que j’utilise du maïs frais, je dois demander en boutique qu’on l’enlève pour moi. Autrement je finis par me gratter au sang après avoir fini de sortir les drageons de ces poubelles en bois. »

« Hm. » Dar prit une gorgée de son chocolat. « J’en apprends de nouvelles chaque jour. »

« Dommage, aussi, parce que j’aime le maïs et j’adore l’odeur quand il est frais », continua Kerry, un peu nostalgique. « Surtout le maïs blanc. »

Dar réfléchit. « Tu pourrais porter des gants. »

« Oh, Dar. Tu m’imagines en train de faire des courses au supermarché avec des gants blancs jusqu’aux aisselles ? »

« J’ai vu quelqu’un faire ses courses l’an dernier en portant un vison. »

« Vrai ? »

« Mort », ajouta Dar, puis elle s’interrompit. « Oh je vois ce que tu veux dire… oui, je pense que c’était du vrai. »

« Ouille. C’est tellement pas politiquement correct. » Kerry secoua la tête. Elle réfléchit encore un peu. « On babille comme des idiotes, pas vrai ? »

« Pas vraiment. » Dar soupira, les yeux à demi-fermés. « Tout ce que tu as dit jusqu’à maintenant est sensé. » Elle posa sa tasse et mit son bras autour de Kerry. « Et tu avais raison. Cette histoire que tu as racontée aux flics était bien. »

« Mm. » Kerry se débarrassa de sa tasse et se tourna à demi, se blottissant dans l’étreinte de Dar. « Au diable les flics. Raconte-moi une histoire. »

Dar haussa ses deux sourcils et ses yeux bleus s’agrandirent. « Quoi ? »

« Raconte-moi une histoire », répéta Kerry. « Allez, je sais que tu en connais. »

Dar chercha dans sa mémoire, espérant que sa compagne n’attendait pas un conte du genre il était une fois, vus qu’elle lisait autre chose que des comptines depuis qu’elle était entrée à la petite école, et Andrew ne l’avait jamais abonnée à Ma Mère l’Oye.

Est-ce qu’elle connaissait des histoires convenables pour les adorables oreilles de Kerry ? « Tu en veux une sur mon dixième anniversaire ? »

« Bien sûr. » Kerry pressa son oreille contre la poitrine de Dar et écouta son battement de cœur. Il était bizarre avec cet écho, à cause de l’anomalie dans sa poitrine, un rythme que Kerry avait appris à apprécier.

« D’accord », dit Dar. « Quand j’avais dix ans, on est partis de la Floride pour la Virginie parce que c’est là que mon père a été stationné un moment. »

« Mm. Je ne peux pas t’imaginer en Virginie. »

« Ni moi », acquiesça Dar. « Mes amis de la base me manquaient horriblement et je détestais ma nouvelle école. Ils nous faisaient porter des uniformes. »

Kerry haussa un sourcil.

« Oui je sais. Fille de militaire, n’aime pas l’uniforme », reconnut Dar. « C’était une jupe, Ker. Qu’est-ce que tu veux ?”

Kerry retroussa le nez. « Plissée ? »

« Oui. »

« Beuuh. »

« Bref, vu que je n’y connaissais rien en jupe, j’ai mis ce foutu truc à l’envers », dit Dar. « Et je l’ai portée jusqu’à l’école comme ça. » Un léger sourire de dérision apparait. « Personne ne l’a remarqué avant le déjeuner, mais des pisseuses rupines m’on coincée dans la cafeteria et ont commencé à me titiller. »

« Les enfants sont cruels parfois », acquiesça doucement Kerry. « La plupart d’entre eux se tenaient à l’écart mais ça parlait toujours et ils faisaient toujours bien attention de faire en sorte que je les entende. »

« Mm… et bien, elles étaient plus âgées pour la plupart et je présume qu’elles pensaient que c’était sûr de se moquer de moi. » Dar eut un air songeur. « J’avais promis à mon père de ne pas faire de problème à l’école, que je laisserais un peu de temps pour m’y habituer. »

« Ah. »

« C’était la première fois que je manquais à une promesse envers lui. »

« Mm. » Kerry hocha doucement la tête contre Dar.

« J’ai attrapé la plus grande… »

« Plus grande que toi ? » L’interrompit Kerry.

« Ouais », acquiesça Dar. « Je n’ai pas commencé ma croissance avant l’âge de… je pense douze ou treize ans. Bref, j’ai attrapé la plus grande et je l’ai jetée au sol avant de lui arracher sa jupe. »

« Oh mon Dieu. » Kerry se couvrit les yeux.

« Ensuite je lui ai demandé laquelle de nous deux avait l’air le plus ridicule. » Dar sourit à demi au souvenir. « Elle pleurait, les autres gamines riaient… ensuite le principal s’est pointé. » Elle rit. « Il m’a dit que j’allais avoir une fessée. Je lui ai dit… »

Kerry gloussa.

« Que mon père allait lui botter le cul », finit Dar. « Alors on a tous fini dans le bureau du principal et il a appelé les parents de la fille et mes parents, et c’était plutôt le cirque là-dedans vu que la mère de la fille s’est trouvée être une vieille connaissance de ma mère, mais pas une dont elle se souvenait avec affection. »

« Oh mon Dieu. Tu as fini en prison ? »

« Non. » Dar secoua la tête. « On a fini dans un coffee shop », dit-elle. « On a été suspendues pour deux jours et j’étais tellement furieuse. Je leur ai dit que je préférais aller dans un centre de redressement plutôt que de rester avec ces espèces de … »

« Tu l’aurais vraiment fait ? » Demanda Kerry. « Aller dans un centre de redressement ? Dar, tu n’es pas une criminelle. »

« Je m’y serais bien mieux adaptée », répondit Dar honnêtement. « Et mon père a demandé un peu de temps pour réparer tout ça et qu’on rentre à la maison. »

« Il a fait ça ? »

Da hocha la tête. « J’ai appris plus tard qu’il avait laissé tomber une grosse promotion et un job qu’il voulait vraiment », dit-elle. « Mais quand je lui en ai parlé, il a juste dit que rendre sa famille heureuse était plus important pour lui que ce qu’il avait fait. »

Kerry réfléchit un moment. “Il y a une morale dans cette histoire, pas vrai ?”

Dar l’étreignit. « Peut-être. » Elle soupira. « Ou peut-être que je suis juste nostalgique. Cette abrutie qui s’est introduite au bureau ce soir m’a fait penser à cette fille. »

Kerry bougea et leva la tête pour embrasser sa compagne sur les lèvres. « Ton père est malin. » Elle frotta son nez contre celui de Dar. « Et j’aime bien les histoires avec une morale. » Elle étreignit Dar en retour, enfouissant son visage sur le côté du cou de sa compagne et elle la mordilla doucement.

« Ooh. »

« Mm. »

« C’était quoi cette histoire de morale ? »

Kerry se contenta de rire.

***********************************

Dar passa un bon moment à son réveil avant l’aube à simplement se détendre dans l’obscurité, les yeux presque fermés tandis qu’elle écoutait le doux bruit de la climatisation. La chambre à coucher était confortable, la climatisation apportant suffisamment de fraîcheur pour faire ressortir la chaleur du lit à vagues sous elle, et il y avait un sentiment de paix dans la maison très attrayant.

C’était attrayant pour Dar en tous cas, qui était parfaitement satisfaite d’elle allongée et de le savourer tandis qu’elle réfléchissait à la journée à venir.

« Boulettes de viande », marmonna Kerry entre ses dents. « Compote de banane. »

Dar haussa les sourcils et tourna la tête légèrement pour avoir une meilleure vue de sa compagne toujours endormie et étonnamment bavarde. « Ker ? » Murmura-t-elle.

« Les crayons ne font pas ça », insista Kerry.

Instantanément, l’esprit de Dar s’anima avec des possibilités et elle essaya de deviner ce que Kerry rêvait. Des crayons ? Des boulettes de viande ? C’était quoi d’ailleurs la compote de banane ? « Keeeeerrry… » Murmura-t-elle doucement. « Je t’aiiiiime. »

Très lentement, un œil vert apparut, se concentrant sur elle et visible dans la basse lumière du réveil. « Il me semble entendre un spermophile. »

« Bonjour. »

Kerry roula sur son côté gauche et se blottit à nouveau contre sa compagne. « Chérie, tu peux me réveiller en me disant que tu m’aimes chaque jour de la semaine », marmonna-t-elle. « Mais est-ce que tu dois le faire avant le lever du soleil ? »

« De quoi tu rêvais ? »

« Je ne rêvais pas. » Kerry secoua la tête puis fit une pause. « Pourquoi ? Je délirais encore ? »

Dar rit.

« Tu sais, Dar… je n’avais pas l’habitude de parler pendant mon sommeil jusqu’à ce que je te rencontre », se plaignit Kerry. « Je suis sûre que mon frère et ma sœur l’auraient dit. »

« Et comment tu le sais ? » Demanda Dar d’un ton raisonnable. « Vous ne dormiez pas dans le même lit, non ? »

Kerry plissa son visage. « Beuuuh… Dar ! Non !” Elle tapa sa compagne dans les côtes. « Mais Angie et moi nous sommes allées dans un camp », expliqua-t-elle. « Je ne m’en serais jamais sortie si j’avais parlé dans mon sommeil. Qu’est-ce que je disais ? »

« Le discours de Gettysburg. »

Kerry se mâchouilla la lèvre. « Je ne peux pas croire que je me souvienne encore de ça. Ça doit être subliminal. » Elle secoua la tête et ferma les yeux.

Dar mit son bras autour d’elle et soupira. « En fait, tu parlais de boulettes de viande et de banane. »

Kerry rouvrit un œil. « En même temps ? » Demanda-t-elle, un peu hésitante. « Hmm. Peut-être que je rêvais que j’étais enceinte. »

Dar réfléchit à ces mots. « C’est quelque chose à quoi tu aspires ? » Demanda-t-elle avec précautions, son esprit la ramenant à un certain rêve qu’elle avait fait au tout début de leur relation.

« Pas vraiment sauf si tu es volontaire pour me mettre enceinte. »

Dar écarquilla légèrement les yeux. « Je pense qu’il faut qu’on se rendorme. »

« Bonne idée. » Kerry lui tapota le ventre.

Dar tira sur les couvertures et les mit autour des épaules de Kerry. Elles avaient au moins une heure avant l’heure de se lever et elle avait bien l’intention d’utiliser chaque minute de ce temps de manière productive. La paix s’établit à nouveau sur la pièce après un moment.

Qui ne dura pas longtemps. « Ker ? »

« Mm ? »

« Tu sais que je ne peux pas vraiment te mettre enceinte, pas vrai ? »

« Bien sûr que tu pourrais. » Kerry lui donna une autre tape réconfortante. « Tu peux tout faire si tu y mets ton cœur. J’ai une totale confiance en toi. »

Le silence retomba pour un autre bref moment. Puis Dar s’éclaircit la gorge doucement. « Ton ancienne école chrétienne était légère sur la science, hein ? »

Kerry eut un rire de gorge, ses épaules secouées. « Tu sais quoi, je me souviens de ce à quoi je rêvais », admit-elle. « J’organisais un pot pour notre bureau. »

« Ah. Voilà d’où viennent les crayons », songea Dar.

« Personne ne savait quoi apporter. Personne n’avait l’idée de ce qui se passait… c’était comme une journée d’enseignant à Idiotville », se plaignit la jeune femme. « Je suis contente que tu m’ais réveillées. J’arrivais au point où j’allais commencer à… »

« Lancer de la nourriture ? » Suggéra sa compagne. « Ça semble être une pratique courante dans notre cercle. »

« Ahem. »

Elles se mirent à rire. Puis Kerry soupira. « Bon, je suis réveillée maintenant », se lamenta-t-elle. « Et toi ? »

« Oui. »

« Et si on mangeait un gâteau sur le porche en regardant le soleil se lever, après on irait à la gym ? » Dit Kerry. « J’ai acheté une nouvelle saveur de café au marché l’autre jour et je pensais l’essayer. »

Ça semblait très appétissant pour Dar qui abandonna ses plans de traîner au lit avec un léger regret seulement. Elle tendit la main et alluma la lampe de chevet qui produisit une légère lueur calculée pour ne pas choquer les yeux. Kerry avait choisi l’objet, remplaçant une lampe un peu plus brillante qui était un héritage de la période de Tante May. « Allez allez allez. »

Kerry attendit que Dar roule hors du lit à vagues avant de la suivre, se frottant ses bras nus tandis que l’air frais les touchait. Elle attrapa la chemise que Dar lui lançait et elle l’enfila, ensuite elle souhaita brièvement avoir une paire de chaussons tandis qu’elle suivait Dar hors de la pièce.

Chino attendait déjà à la porte de derrière, la queue battant doucement tandis qu’elles entraient sans la cuisine. Dar fit un détour pour laisser sortir le Labrador et elle fit une pause sur les marches pour regarder les étoiles de l’avant-aube scintiller dans le ciel qui allait bientôt s’éclairer.

L’air était chaud et plein d’humidité et l’odeur de l’eau salée et de l’herbe était épaisse. Dar prit une longue inspiration, presque capable de savourer la richesse sur sa langue tandis qu’une brise la frôlait. Elle se rappelait d’un air pareil comme faisant partie de son monde à l’époque où elle était assez âgée pour tout reconnaître et elle passa un bref moment de nostalgie pour une époque où tout ce que ça aurait signifié c’était une autre journée d’été paresseuse pleine d’orages et de poussière et peut-être de quelques noix de coco à ouvrir.

Avec un léger soupir, elle se retourna et s’appuya contre l’encadrement de la porte, regardant Kerry prendre du café d’un boite en fer pour le déposer dans leur cafetière. Malgré la chemise passée et les cheveux ébouriffés par le sommeil, ou peut-être à cause de ça, elle se surprit à sourire à la vue.

« Alors. » Kerry s’appuya contre le comptoir et regarda l’eau commencer à passer. « Nous avons une réunion du comité exécutif à neuf heures. C’est quoi ton angle d’attaque, Dar ? »

« Chut. » Dar la contourna et l’embrassa sur la nuque. « Je ne veux pas parler d’angles avant que nous soyons dans la voiture. »

Kerry tourna la tête et regarda sa compagne. « Je voulais juste me préparer mentalement », protesta-t-elle doucement. « Ça va être open bar, tu sais. »

« Je sais. » Dar posa son menton sur l’épaule de Kerry. « Ne t’inquiète pas pour ça. On va juste faire au fur et à mesure. Bon… » Elle la poussa doucement. « C’était quoi cette histoire de soleil levant et d’un biscuit ? »

« Un gâteau. » Kerry la poussa à son tour avec un sourire tolérant. « Je pense que j’ai quelques crackers complets qu’on pourrait essayer. »

Dar ricana.

« Ouais, d’accord. Prend les gâteaux à la banane et noisette dans le frigo et je m’occupe du café », concéda Kerry. « Et je vais penser à quelque chose de sans danger pour parler avec toi. »

Dar s’arrêta alors qu’elle prenait un paquet de muffins et la regarda. « Ce n’est pas ce que je… »

Kerry haussa les sourcils.

« Ker, il va y avoir une journée entière de cette merde. Est-ce qu’il est nécessaire de commencer maintenant ? » Demanda Dar d’un ton plaintif.

« Oui. » Kerry la regarda sérieusement. Je veux être prête pour ça et je veux un niveau de confort sur comment tu te sens sur tout ce truc avant qu’on y aille. Ça me ferait me sentir bien mieux. »

Dar cligna des yeux. « Oh. »

« Tu as demandé. » La jeune femme blonde haussa légèrement les épaules, un léger tiraillement débutant au coin de ses lèvres. « Mais j’aime bien pouvoir te répondre honnêtement et pas que l’une ou l’autre on pète un plomb, tu le sais ça ? »

Au bord de légèrement péter un câble, Dar se détendit plutôt. « Oui, » acquiesça-t-elle. « Désolée, je n’ai pas réfléchi. » Elle posa le muffin et prit un sachet de fromage à la crème fouettée et le posa également. « C’est l’histoire de ma vie ces derniers temps. »

« C’est la seconde fois que tu dis ça récemment. » Kerry versa le café maintenant écoulé dans une carafe et attrapa deux tasses. « Allons. » Elle se dirigea vers les portes vitrées coulissantes de leur porche et s’arrêta, tandis que Dar la dépassait pour les déverrouiller et les ouvrir.

Elles sortirent et s’installèrent à la table, le son de la marée maintenant plus audible tandis qu’une brise plutôt forte collait leurs chemises contre leur corps. « Oh. » Kerry posa sa charge et alla sur le balcon, savourant l’air frais.

Dar s’assit et versa deux tasses de café, posant celle de Kerry près de l’autre chaise. Elle sortit un muffin de la boite et le coupa en deux, couvrant studieusement les deux morceaux de la surface plate de fromage à la crème.

Kerry s’approcha et s’assit à son tour, prit sa tasse et sirota le café. « Merci. »

Les yeux bleus cillèrent et la regardèrent. « A ton service. » Elle tendit un demi muffin à Kerry et pris l’autre moitié. « Tu sais quoi ? »

Kerry mordilla le muffin. « Tu n’as aucune idée de ce que tu vas faire dans cette réunion », déclara-t-elle, les yeux brillant légèrement. « J’ai compris ça pendant qu’on sortait… parce que si tu savais ce que tu allais faire, tu l’aurais déjà dit au lieu de me repousser depuis hier. »

Dar mordit son muffin, plus qu’un peu déconcertée. « Hum… »

« J’ai tort ? Ce n’est rien si c’est le cas. Je… » Kerry haussa à demi les épaules. « Tu sais quoi. » Elle glissa un pied sous la table et frotta celui de Dar. « Je ne veux pas te brusquer, chérie. Je me sens brusquée moi-même et je déteste ça. »

Bien entendu Dar le détestait aussi. Elle ne se sentais pas plus brusquée qu’elle ne ressentait un manque de contrôle sur ce qui se passait, ce qu’elle détestait encore plus. Des choses se produisaient et cela la surprenait et la déséquilibrait, et il lui était difficile de continuer à ajuster ses plans de manière bizarre.

Déséquilibrée. Ça éveillait quelque chose chez elle et soudain, Dar se souvint exactement de pourquoi elle détestait ce sentiment et exactement quand elle avait été hantée par sa réaction. « Oui. »

« Dar ? »

Tout conspirait contre elle ces derniers temps… mais est-ce que c’était juste des divagations du destin ou bien avait-elle détecté une main subtile aux ongles vernis derrière tout ça ?

« Hello Dar ? ? » Kerry tendit la main et enroula ses doigts autour du poignet de Dar. « La Terre à Dar ? »

Dar pencha la tête d’un côté. « Je me souvenais juste de quelque chose », murmura-t-elle. « Bref, oui, je pense que tu as raison, Ker. Je veux dire que… je sais basiquement ce que nous allons faire. » Elle posa ses coudes sur la table et mordilla le bord de son muffin. « On va annuler cette réunion. »

« Hein ? » Kerry fut surprise au milieu d’une gorgée. « Quoi ? »

« Toi et moi on va juste se concentrer sur le navire », dit Dar fermement. « On a un projet à terminer et le reste peut attendre. Duks peut gérer sa faille de sécurité et notre département de la sécurité peut gérer le personnel de nettoyage. »

Kerry posa son menton sur son poing. « Hum… d’accord. »

« C’est une distraction. » Dar la regarda dans les yeux. « Quelqu’un essaie vraiment de te garder, et moi, déstabilisées, et pas concentrées sur ce projet. » Elle mordit son muffin en deux et regarda les miettes tomber sur la table. « Nous n’allons plus les laisser faire. »

Un coup de fouet mental n’était pas plus sympa qu’un coup de fouet physique, découvrit Kerry. Elle étudia sa compagne un moment puis elle se contenta de secouer la tête. « Quoi que tu dises, cheffe », répondit-elle. « Alors tu veux que j’envoie une note à… »

« La brigade des burritos, oui. » Dar semblait plus décisionnaire maintenant. « Dis-leur que nous serons au navire toute la journée, et il faudra au moins un ouragan pour nous déloger. » Elle coupa l’autre muffin en deux et le décora, puis elle poussa la main de Kerry. « Allons… on a des crunches à faire, des tapis de courses à dévaler… commence à mâcher. »

Obéissante, Kerry le fit, contente au moins qu’une direction semblait revenir dans l’attitude de sa compagne. Que cette direction les emmène droit dans l’eau, elle ne le savait pas mais au diable.

La vie était courte. Savoure le fromage à la crème tant que tu peux.

******************************

A suivre chapitre 23-B

 

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Commentaires
F
Et merci à vous aussi pour ces petits mots. F
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A
Merci pour ce chapitre.
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H
Merci fryda, pour ce nouveau chapitre.
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I
Merci Fryda ! Bon retour sur ce blog pour un nouveau chapitre d' une histoire de Missy Good décidément bien tortueuse!<br /> <br /> <br /> <br /> Isis
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