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Guerrière et Amazone
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Guerrière et Amazone
  • Vous trouverez ici des Fans Fictions francophones et des traductions tournant autour de la série Xena la Guerrière. Consultez la rubrique "Marche à suivre" sur la gauche pour mieux utiliser le site :O) Bonne lecture !!
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Guerrière et Amazone
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6 novembre 2022

La noirceur du matin chapitre 9

La noirceur du matin – Tome 13 – Melissa Good

 

Xena et Gabrielle se sont installées à Amphipolis et profitent de leur nouvelle fille, Doriana.

Mais est-ce bien le cas ? La vie est, comme Gabrielle le sait bien, une série de compromis. Pour obtenir une chose, il faut souvent renoncer à une autre.

 

Chapitre 9

Le crépuscule approchait, la brume rougeâtre soulignant la forme de deux chevaux se tenant patiemment à un carrefour tandis que leurs cavalières s’étaient arrêtées près du ruisseau voisin.  La plus grande des deux cavalières se tenait debout, regardant au loin tandis que sa compagne se lavait le visage.

Elles s'étaient arrêtées pour faire une pause, juste avant d'entrer sur le territoire Amazone, pour permettre à Gabrielle de passer ses vêtements de voyage aux cuirs martiaux et aux ornements de son rang d'Amazone.

Xena souffla en ajustant l’étui de son épée avant de redresser l'armure qui couvrait son corps du cou jusqu'à la moitié de ses cuisses. Il s'agissait d'un nouvel ensemble, d'un noir d'encre profond assorti à ses cheveux, qui contrastait fortement avec les pièces métalliques en laiton fixées sur ses épaules. Elle aimait la coupe, mais elle était encore en train de s'habituer aux différences de son nouvel ensemble, principalement le renforcement des protections sur la partie supérieure de ses jambes et  ses épaules. "Tu es prête ?" demanda-t-elle à sa compagne qui se déplaça pour la rejoindre tout en passant des doigts humides dans ses cheveux clairs.

"Ouais... tu peux m'aider avec ces brassards s’il te plait ? Je n'arrive pas à les attacher." Gabrielle resta immobile, tandis que sa compagne fermait soigneusement les brassards en cuir autour de ses biceps, complétant ainsi l'habit d'Amazone qu'elle portait sous une épaisse cape en cuir cuivrée doublée de fourrure. "Est-ce que j'ai l'air bien ?"

Xena se recula et la regarda, une lueur d'appréciation apparaissant dans ses yeux bleus. "Oh... tu es très bien."  Elle épousseta quelques poussières du corsage en cuir souple qui épousait parfaitement la poitrine de son âme sœur, puis elle tira sur la ceinture de cuir ornée qui enserrait sa taille fine.  Des plumes soigneusement tressées dans ses cheveux aux solides bottes de cuir, Gabrielle était en effet une vision très agréable à regarder. "Je crois que je t'aime bien en cuir."

Cela faisait presque trois semaines qu'elles avaient commencé leur campagne et deux jours qu'elles avaient quitté Amphipolis. Toris était revenu plusieurs jours auparavant, confirmant avoir trouvé un bon site dans la vallée et rapportant aussi que la cache de Xena avait survécu, relativement intacte à part quelques chapardages par de petits rongeurs. Maintenant qu'elle savait qu'elle avait un endroit où se rassembler, Xena avait programmé le voyage pour rendre visite aux Amazones, où, avec un peu de chance, Ephiny avait obtenu que certaines des tribus environnantes se joignent à elles.

"Tu es sûre ?" Gabrielle tira avec irritation sur un brassard. "Ce n'est pas... hum... "

Xena fronça les sourcils, alors qu'elle essayait de comprendre ce qui dérangeait la barde. "Bien sûr que je suis sûre... stop, arrête de t'amuser avec ça." Elle retourna la boucle. "Voilà..." Elle déplaça légèrement le brassard en arrière et hocha la tête. "Tout va bien ?"

La barde semblait toujours incertaine et elle gesticula un peu, réajustant le cuir en fronçant un peu les sourcils. Elle s’arrêta pour se regarder puis souffla.

Xena l’étudia, perplexe. "Gabrielle ?"

Un soupir. "Oui ?" La barde leva les yeux, redressant ses épaules inconsciemment.

La guerrière leva les deux mains et lui attrapa le visage, la faisant taire. "Quel est le problème ?"

 Gabrielle la regarda, avec un regard à mi-chemin entre la gêne et l'inquiétude. "Rien... je... hum... je veux juste faire bonne impression, c'est tout." Elle se racla brièvement la gorge et ajusta son brassard.

Xena dressa ses deux sourcils sombres, presque jusqu’à à la naissance de ses cheveux avant de les redescendre. Puis elle releva l'un d'eux, communiquant efficacement ses émotions sans qu'un seul mot ne soit prononcé.

Gabrielle comprit le message et soupira. " Ok... je n'ai pas porté quelque chose comme ça depuis la naissance de Dori et je... " Elle laissa sa pensée s'échapper. "C'est pas grave... Je me sens juste..."

"Oh." Un sourire traversa furtivement le visage de Xena. "Ok... J'ai compris."  Elle fit un pas en arrière et se redressa de toute sa hauteur, examinant sa compagne avec un œil de soldat, réprimant un petit sourire devant l'expression d'appréhension nerveuse sur le visage expressif de la barde. Son regard balaya tranquillement le corps de son âme sœur, admirant le changement subtil des muscles sous la peau, rendus plus évidents par leurs semaines d'entraînement intensif qui venaient de se terminer. "Mmm."

Les narines de Gabrielle se dilatèrent. "Qu'est-ce que ça veut dire ?" murmura-t-elle.

La guerrière laissa un sourire appréciateur se dessiner sur ses lèvres. "Cela signifie que tu as l'air bien, Gabrielle... détends-toi." Elle tapota la joue de son âme sœur. "Tu rends justice à la tenue." Plus que ça, se dit-elle intérieurement, puisque la maturité supplémentaire sur le visage de sa compagne semblait renforcer l’idée que les habits de la Reine lui aillent comme une seconde peau.

Gabrielle se détendit, faisant confiance à l'opinion de sa compagne sans se poser davantage de questions. "Merci."  Elle tendit la main et redressa la cape sombre de Xena, doublée d'une fourrure encore plus sombre. "Je ne sais pas pourquoi je m'inquiète... elles vont toutes te regarder de toute façon."  Elle leva les yeux au moment où Ares revenait en bondissant dans l'herbe, sa fourrure mouillée par le ruisseau. "Hé, Ares..."

"Roo !" Le loup se secoua, ravi d'être dehors avec sa famille.

"Beurk." Gabrielle leva une main pour se protéger de l'eau. "Merci." Elle prit une inspiration plus confiante, puis elle regarda Xena. "Allons-y... il va bientôt faire nuit."

"Mmm." Approuva la guerrière en soulevant le sac, qu'elle avait descendu de la selle, pour le porter sur une épaule. "Avec un peu de chance, nous allons manquer le dîner."

"Xena." La barde lui donna une tape sur les fesses. "Arrête ça... Ce n'est pas si mauvais."

Elles se dirigèrent vers les chevaux et montèrent, après que Xena ait refermé la sacoche, puis elles dirigèrent leurs pas vers la montée, traversant le carrefour pour entrer en territoire amazone.

"Je pense que Dori était vraiment en colère contre nous cette fois." Commenta Gabrielle alors qu'elles commençaient la longue ascension vers les montagnes. "Elle avait compris que nous allions repartir."

"Ouais." Xena se détendit dans l’allure confortable de Iolaus, se rappelant l'intense mécontentement de leur fille lorsqu'elles l'avaient laissée avec Cyrène. "J'espère qu'elle nous pardonnera... au moins ce ne sera pas si long cette fois."

"C’est vrai." Confirma Gabrielle. "Trois jours pour arriver jusqu’ici, quelques jours au Village avec un peu de chance et trois jours pour rentrer à la maison... ce n'est pas trop mal." Leurs pas passèrent de la terre tassée au chemin jonché de feuilles et elle jeta un coup d'œil autour d'elle, reconnaissant des repères familiers. "Je me demande combien de temps il leur faudra pour nous repérer ?"

Xena sourit discrètement. "Déjà fait."  Elle joua avec un peu de la crinière de sa monture. "Deux Amazones, à droite, premier arbre, derrière le grand ensemble de branches."

La barde jeta un regard furtif dans cette direction, incapable de voir autre chose que des feuilles. "Oooh... tu es douée." Murmura-t-elle en se redressant sur la selle, levant la tête et regardant fixement l'endroit. Après quelques instants, les feuilles bruissèrent et deux corps minces et armés tombèrent de l'arbre, atterrissant sur le chemin avec une grâce féline.

Elles restèrent immobiles un instant, attendant que leurs visiteuses se rapprochent, puis elles s’avancèrent et plièrent le genou devant elle en signe de respect lorsque Gabrielle arrêta Hercule.

"Ma Reine." dit la première, une grande et robuste Amazone nommée Eleena, qui baissa ensuite respectueusement la tête en direction de Xena. "Bienvenue chez vous."

Humm. Les sourcils de Gabrielle se levèrent un peu. C'est nouveau. "Merci." Elle sourit à la femme et à son binôme. "Je pense que nous sommes attendues."

La femme sourit en retour. "Oui, Majesté, tu l’es en effet." Répondit-elle, avec une courtoisie amicale. "Permettez-moi de vous escorter... Pernepas montera la garde ici."

Xena se pencha en arrière sur sa selle, satisfaite de laisser Gabrielle prendre les commandes, ce qui la laissa libre d’observer et évaluer la situation alors qu'elles approchaient du village, récupérant deux autres escortes en chemin. L'endroit était beaucoup plus actif que d'habitude, réalisa-t-elle et il y avait de nouveaux camps installés à la périphérie du village, des tentes de peau temporaires mises en place et un grand nombre d'Amazones en tenues dépareillées qui se promenaient.

Alors qu'elles passaient dans les rangs, elle prit conscience de la multitude d'yeux posés sur elle et leur rendit leur regard, y reconnaissant de la curiosité, de l'intérêt, de l'excitation et une évaluation méfiante. Bien. Elles attendent Xena, le Seigneur de Guerre, non ?  Xena sentit ses yeux se voiler et elle fit appel à son côté le plus sombre, laissant l'énergie remonter à la surface. Je peux le faire.

Devant elle, elle aperçut Ephiny sortant de ses quartiers, deux Amazones inconnues avec elle, et Eponine marchant à leur côté. Elle soupçonnait qu'il s'agissait des deux autres Reines Amazones dont la Régente avait parlé et elle nota leurs expressions sceptiques et méfiantes alors qu’elles regardaient les deux nouvelles arrivantes. La Régente leva une main pour les saluer et leur faire signe d’approcher.

Xena lâcha ses rênes après avoir arrêté son cheval, puis s’élança littéralement hors de sa selle, dans un mouvement puissant et rapide, atterrissant proprement à côté de l'épaule d'Hercule, ignorant allègrement les sursauts de surprise des étranges Amazones.

Elle se dirigea vers la barde et prit les rênes de Gabrielle, calmant l'animal alors que la barde descendait de son dos avant de replacer sa cape et de traverser la terre battue pour aller à la rencontre d'Ephiny et de ses invitées. Après avoir chuchoté de façon calme aux oreilles des deux chevaux, Xena la suivit, marchant à pas feutrés derrière la forme redressée de sa compagne.

Gabrielle leva le menton et redressa ses épaules à mesure qu'elle se rapprochait, projetant une attitude confiante et calme, renforcée par la présence tangible de la grande ombre, sombre et dangereuse, sur ses talons. Elle rencontra les yeux d'Ephiny et lui rendit son sourire, observant les orbes noisette s'élargir un peu alors qu'elle passait dans le cercle de lumière des torches qui entouraient le village.

L'attente était presque palpable. Ephiny s'agenouilla et leva une main sur sa poitrine. "Bienvenue, ma Reine." Elle se releva et se retourna à moitié, pour désigner leurs invitées. "Puis-je  te présenter Aslanta et Gillen, Reines de la Rivière et des Terres Lointaines de la Nation Amazone."

Gabrielle étudia les visages réservés, puis elle leur tendit la main. "Merci d'être venues."  Elles lui serrèrent la main en retour après un moment d'hésitation. La barde tourna la tête vers sa droite. "Voici ma Consort et Championne, Xena d'Amphipolis."

Tous les regards se tournèrent vers elle et Xena leur rendit la pareille impassiblement, utilisant sa taille pour dominer tout le monde et présenter une image d'intimidation sombre et menaçante.

Ephiny laissa échapper un soupir presque imperceptible avant de croiser les bras. "Les territoires d'Aslanta et de Gillen ont été attaqués par les forces d'Andreas... un certain nombre de leurs sœurs ont été enlevées pour être vendues." Leur expliqua-t-elle. "Elles sont intéressées par tout plan qui s'opposerait à lui."

Gabrielle acquiesça. "Eh bien, nous avons un plan." Elle parla d’une voix calme mais intense, utilisant sa voix de barde pour porter sur la foule. "Laissez-nous nous installer et nous en discuterons."

"Très bien." Répondit Ephiny, faisant signe à deux Amazones qui attendaient. "Occupez-vous de leurs chevaux. Je vais les escorter jusqu'aux quartiers de la Reine."  Elle regarda Gabrielle. "On se retrouve dans la salle du conseil dans une bougie ?"

"C'est une bonne idée." Dit Gabrielle en hochant la tête. "Allons-y."

La foule se sépara pour les laisser passer dans un silence pensif, alors qu'elles croisaient des visages familiers et non familiers sur le chemin vers la petite hutte centrale, des lignes de torches ouvrant la voie. Elles laissèrent les deux Reines Amazones derrière elles en quittant la place et suivirent Ephiny à l’intérieur de la hutte, Xena refermant la porte derrière elles.

Pendant un moment, elles se regardèrent simplement, puis Ephiny se détendit, leva les mains et se frotta les tempes. "Oh... par la fesse droite d'Artémis... je suis vraiment contente de vous voir toutes les deux."

Gabrielle sourit et se dirigea vers elle, la serrant contre elle dans un gros câlin. "Hé Eph... nous sommes heureuses de te voir aussi." Elle frotta le dos de l'Amazone, sentant la tension qui s'y trouvait. "Ces deux-là ont vraiment l’air étouffantes."

"Urrgh." Gémit Ephiny en relâchant la barde et en se perchant sur un coin de la table. "Tu n'as pas idée."

Xena renifla doucement. "Amazones."

"Hé." Gabrielle la pointa du doigt. "Tu es mariée à l'une d'entre elles." Ses yeux verts pétillaient doucement vers son âme sœur. "Alors fais attention."

"Non... non... cette fois, je suis d’accord avec elle." objecta Ephiny avec un soupir. "J'espère que tu as bien préparé ton coup Gabrielle... parce qu'elles ne me croient pas." Elle grimaça, en faisant craquer sa nuque. "Elles veulent partir pour se venger d'Andreas, par les Dieux... Elles sont plus virulentes que jamais... mais... " Ses yeux se tournèrent vers Xena. "Tu as fait impression juste en te montrant et en étant toi."  Elle étudia la guerrière. "Belle armure."

La guerrière gloussa. "Merci."

Ephiny tourna son regard vers son amie. "Toi aussi." Elle siffla doucement. "Tu aurais dû voir ces deux-là aspirer leurs tripes quand elles t'ont aperçue Gabrielle... et où as-tu trouvé cette cape ? C'est magnifique."

La barde, comme prévu, rougit. "Merci..." Elle toucha la cape et jeta un coup d'œil à sa compagne. "C'est un cadeau."

Elles levèrent la tête quand quelqu’un frappa. "Entre Pony." Lança Xena en souriant quand la porte s'ouvrit et que l'Amazone aux cheveux noirs entra, portant un plateau et une cruche.

"J'ai pensé que vous pourriez avoir besoin d'une collation." dit Pony en posant le plateau et en tendant la cruche à Ephiny. "Et j'ai pensé que tu pourrais avoir besoin d'un remontant." Elle renifla. "Avec cette paire de têtes de plume coincées." Elle jeta un coup d'œil à Xena. "Whoaa... nouveau cuir ? Joli..." Elle fit un signe de tête approbateur. "Je ne l'avais pas vu dans la lumière là-bas."

Gabrielle s'approcha du plateau et l'examina. "Eh bien..." Elle grignota un morceau de racine, le croquant entre ses dents. " Les choses vont bien chez nous... on a préparé la vallée donc nous sommes prêts à commencer à envoyer des gens là-bas... est-ce qu’elles sont prêtes pour ça ? ".

Ephiny haussa les épaules. "Je crois... en fait tu sais ce que je pense ? Je pense qu'elles veulent être convaincues, mais pas par moi." Dit la Régente, avec un sens pratique émoussé. "Elles recherchent un leader derrière lequel elles peuvent jeter leurs forces et ne pas se sentir mal à l'idée de s'en remettre à son autorité."

"Hum." Gabrielle grignota une carotte, puis jeta un coup d'œil à Xena. "Je pense que j'ai une candidate pour ça."

"Ouais... et ben, j'espère que tu as aiguisé ton épée." marmonna Eponine. "Parce qu'il y a écrit 'montre-moi' sur tous leurs culs."

"Aucun problème." Répliqua Gabrielle en souriant, se remémorant les heures passées à regarder son âme sœur s'entraîner pour être en parfaite condition, alors qu'elle utilisait la milice d'Amphipolis pour affiner ses compétences, envoyant des escouades d'entre eux contre elle-même en même temps, les repoussant avec une férocité qu'elle n'avait pas vue chez sa grande compagne depuis longtemps. "C'est le dernier de mes soucis."

Xena accepta le compliment d'un hochement de tête gracieux. "Combien de combattantes avons-nous alors?"

Ephiny réfléchit. "Entre les trois Nations ? Environ deux cents... " Elle sourit devant leurs regards surpris. " Ouais... plus que je ne le pensais aussi... c'était paisible ces derniers temps. " Elle jeta un coup d'œil à Xena. "Et Tyldus a dit de venir le chercher quand tu serais là... J'ai envoyé une messagère quand la nouvelle est tombée que tu te dirigeais vers nous."

Gabrielle tendit à sa compagne un morceau de pain avec un paleron de viande et une feuille de laitue conciliante enveloppée dedans. "Mmm... c'est super si on peut les faire adhérer au plan... mais éviter d’avoir des problèmes avec deux cents Amazones … ça va être compliqué"

Xena, Ephiny et Eponine la regardèrent fixement. "Je n'ai jamais été capable d'en garder une en dehors des problèmes". Marmonna la grande guerrière avant de prendre une bouchée de son rouleau de viande alors que les deux autres femmes étouffaient des rires.

Gabrielle mit ses mains sur ses hanches et leur jeta un regard.  "Arrêtez avec ça, « l'effet Gabrielle » n'existe pas."

"Bien sûr que si." Objecta Eponine en fléchissant son bras. "Et c'est héréditaire... la chose la plus horrible que j'ai jamais vue."

La barde lui lança un regard noir.

"Sans blague... à chaque fois que je me retournais, cette gamine faisait quelque chose... ouvrir le poulailler, sortir les chèvres, monter sur ce pauvre loup.... et tout ce à quoi je pouvais penser était à toutes les choses qui se passent quand tu es là, Gabrielle."

Xena s'arrêta au milieu de sa mastication, voyant les étincelles commencer à apparaître dans les yeux verts pâles en face d'elle. "Pony." Dit-elle en interrompant l'Amazone. "Si tu demandes à ma mère, elle te dira que ça ne vient pas de Gabrielle."

L'Amazone aux cheveux noirs s'arrêta et cligna des yeux vers elle. "Non ?"

"Non." La guerrière finit sa collation. "Il y a des doubles serrures sur ce poulailler pour une bonne raison."

"Oh." Eponine réfléchit à ça. "Désolée Gabrielle."

"Pas de problème." La barde envoya à son âme sœur un regard calme et ironique. "Eh bien, nous allons nous reposer ici pendant un petit moment... j’ai besoin de retirer toute la poussière de la route."

Ephiny prit l'allusion avec élégance. "Viens, Pony... allons-nous assurer que la salle du conseil est prête... on y fera servir un dîner tardif." Elle jeta un coup d'œil à la barde. "Nous leur avons demandé de ne pas servir tout de suite quand nous avons appris votre arrivée."

Xena se mordit la lèvre pour s'empêcher de sourire et se retourna pour soulever les sacoches sur le grand lit confortable tandis que les deux Amazones prenaient congés. Elle sortit sa trousse et celle de la barde et les posa sur la surface en lin, puis elle se retourna lorsqu'une main glissa dans son dos et que la présence chaleureuse de Gabrielle l'entoura. "Alors."

"Alors." Répéta Gabrielle d'un ton songeur. "Est-ce qu’on est prêtes pour ça ?"

La guerrière lui tendit un peu de savon. "Va te laver." Elle se dirigea jusqu'au miroir et regarda son reflet, avant de passer une main dans ses cheveux noirs pour les ramener à un semblant d'ordre. "Nous sommes prêtes... tu pourras leur expliquer le plan de base, puis je remplirai les détails si elles le veulent."

"Je pense qu'elles les voudront." La barde regarda le dos puissant de Xena pendant un moment, puis se lava le visage et le sécha avec un linge. Les deux autres Reines Amazones étaient toutes deux bien plus âgées qu'elle, réalisa-t-elle, celle aux cheveux roux et argent, était probablement bien plus âgée que Xena, en fait. Elles étaient expérimentées, sceptiques et il leur faudrait beaucoup de temps pour les convaincre, elle le soupçonnait, avant qu'elles acceptent de confier leurs précieuses guerrières et sœurs.

Mais au final, elle savait que ce serait à Xena qu'elles obéiraient, en dépit de toute son autorité en tant que Reine des Amazones et malgré le fait que sa propre soumission à l'ancienne Seigneur de Guerre, grande et charismatique, serait considérée comme une conséquence naturelle de leur relation, plutôt qu'une décision réfléchie de sa part.

Gabrielle se retourna et s'appuya contre le meuble, considérant sérieusement la question. Choisirait-elle, si elle le devait, de lancer ses Amazones dans la bataille sous la bannière de Xena ? Si elle ne pouvait pas décider de cela, comment pouvait-elle espérer persuader les Reines en visite ?

La barde se dirigea vers le siège bas sous la fenêtre et s'y assit, se penchant en arrière et étendant ses pieds bottés sur le sol, avant d’observer Xena qui tripotait une de ses sangles d'armure. Une grande partie du plan dépendait d'elle, réalisa-t-elle. Les capacités de commandement de Xena, son charisme considérable et ses compétences inégalées en matière de combat constituaient la pierre angulaire de leur tentative. Mais l'un des principaux points critiques serait la conception de Xena sur leur façon d'attaquer et de défendre, en utilisant ce qui serait un nombre bien plus réduit de combattants contre les trois mille d'Andreas.

Son âme sœur pourrait-elle le faire ? Gabrielle souffla. Elle avait déjà vu Xena en situation de combat. Ses compétences de guerrière étaient indiscutables. Mais en tant que tacticienne ? Elle savait que Xena l'avait déjà fait, mais c'était il y a des années et contre un ennemi différent. Andreas était lui-même un brillant général, avec une armée disciplinée et bien entraînée et un avantage tactique sur eux dans presque tous les domaines.

Xena pouvait-elle personnellement vaincre Andreas ? Il n'y avait aucun doute que la réponse était oui. Mais ce ne serait pas un combat à un contre un, réalisa Gabrielle, et la vie de chacun reposerait sur l'intelligence de son âme sœur et sur sa capacité à penser plus vite que l'ennemi.

Sur ce cerveau, derrière ces magnifiques yeux bleus, que tant de gens oubliaient de prendre en considération, et qu'elle avait appris à apprécier de plus en plus au fil des années de leur relation. La barde sourit alors que sa compagne se retournait et levait un sourcil vers elle. Elle connaissait la réponse à sa question. Elle tendit la main et regarda Xena s'approcher, la prendre et se laisser tirer vers le bas sur le banc.

Elles se regardèrent et Gabrielle leva une main, effleurant les pommettes douces et bronzées. "Je me souviens du matin après la fête... lorsque tu es venue ici..."

"Mmm..." Xena sourit doucement. "C'était un moment effrayant pour moi." Elle réfléchit. "Tant de choses se passaient... et je ne pouvais rien contrôler."

"Tu savais qu'on allait s'embrasser, quand tout ça est arrivé ?" demanda la barde curieusement. "Je veux dire... tu avais pensé à ce que tu allais faire quand nous nous reverrions ?"

Xena se pencha en arrière et étendit un bras sur le dossier du banc, invitant sa compagne à se blottir contre elle. "Est-ce que j’y avais pensé ? "Elle réfléchit à la question. " Je me souviens, quand j'ai reçu ton mot, avoir pensé que... même si je ne pensais pas le mériter, j'allais aller de l'avant et laisser ce qui devait arriver, arriver. " Elle fit une pause. "Mais est-ce que j’ai pensé, alors que je courais vers la colline, que j'allais t'attraper et t'embrasser ? Non."

"Oh. Eh bien, moi je l'ai fait." Lui dit Gabrielle avec un sourire malicieux.

"Tu l'as fait ?"

"Oh oui... Tu m'avais tellement manqué... J'avais décidé que lorsque je te verrais la fois suivante, j'allais t'attraper, t'embrasser et voir ce qui se passerait."

Xena la regarda, se souvenant intensément du moment où elles s’étaient retrouvées sous une pluie battante, leurs corps se réchauffant l'un contre l'autre dans une étreinte féroce. Elle se souvint qu'elles s'étaient séparées et qu'elles s'étaient regardées et elle put presque sentir les bras de la barde autour de son cou, la tirant vers l'avant avec une intention précise.

Tout comme elle le faisait maintenant. Elle s'abandonna à la tentation et se pencha vers la barde, passant quelques instants tranquilles à renouveler ses souvenirs. Puis elle posa sa tête contre celle de sa compagne et la regarda dans les yeux. "Tu es d'accord avec tout ça ?"

Les cils clairs battirent en signe de confusion. "Tout ça ? C'est un peu tard pour demander maintenant, chérie." Gloussa la barde doucement. "Tu ne crois pas ?"

"Tch... Je veux dire impliquer les Amazones." répondit Xena.

"Ah..." Gabrielle fixa le point de pulsation de sa compagne pendant un long moment. "C'est... c'est vraiment étrange, Xena... Je sais que cela doit être fait, je sais que nous sommes les bonnes personnes pour le faire... et en fait, Ephiny a pris la décision. Mais je sens... ça me dérange de savoir que j'engage des gens que je connais... des gens que j'aime, dans quelque chose qui pourrait les blesser." Elle se tût pendant un instant. "Ou... que les Dieux l’empêchent, qu'ils soient tués."

La guerrière absorba cela. "Je ne peux pas promettre que personne ne mourra, Gabrielle."

Un léger hochement de tête lui répondit. "Je comprends cela."

"Mais je peux te promettre que personne ne mourra parce que j'ai été négligente ou parce qu'ils ont été mis en danger pour une mauvaise raison."

"Je sais." Gabrielle souffla. "Je te fais confiance, Xena." C'était une déclaration si simple, vraiment, qui exposait pourtant un concept d'une complexité illimitée. "Viens... allons-y et commençons."

Elles se levèrent et Xena arrangea soigneusement la cape de sa compagne, puis ébouriffa sa frange. "Après toi, ma Reine." Elle fit un geste vers la porte, dans un simulacre de révérence, puis elle suivit Gabrielle qui s'avançait vers la lumière vacillante des torches.

***************************************************

Ephiny parcourut la salle du conseil des yeux pour la dixième fois pour s'assurer que tout était à sa place. "Bon." Elle se tourna vers Eponine qui jouait avec les plumes d'un masque Amazone accroché à proximité. "Qu'est-ce que tu en penses ?"

"De quoi ?" Eponine tourna la tête vers elle. "Je pense que ce masque a des puces."

La Régente Amazone se précipita et regarda anxieusement la surface du masque. "Quoi ?" Elle gratta les plumes, tendit le bras et attrapa une torche pour l'approcher et l'éclairer. "Bon sang, je pensais avoir dit à ces têtes de plumes de faire la poussière ici... "

Eponine gloussa.

" C'est tout ce dont j'ai besoin, que quelqu'un mette ça et... " Ephiny s'arrêta en plein mouvement et jeta un regard de travers à son amante. "Tu n'as pas intérêt à te moquer de moi."

Eponine lui répondit par un clin d'œil.

"Pony." Ephiny soupira et baissa la torche. "Ne me rends pas folle, d'accord ?"

"Allez... tu avais besoin de rire." Objecta la maîtresse d'armes. "Ces deux-là t'ont rendue dingue... ça me rendait malade rien que de te regarder." Elle frotta maladroitement le dos d'Ephiny.

La femme blonde remit sa torche dans son support et se dirigea vers la table principale, s'asseyant dessus avant de balancer ses pieds. "Tu sais, je me disais... tu te souviens de la dernière fois que Gabrielle et Xena étaient ici ?"

Eponine lleva les yeux au ciel. "Qui ne s'en souvient pas ?" gémit-elle en rejoignant son amante. "Et alors ?"

Ephiny se gratta l'oreille. " Gabrielle m'a dit que Xena avait toujours l'impression d'être examinée ici... comme si tout le monde l'observait constamment... la jugeait... ".

Eponine ne répondit pas, mais son regard se baissa sur le sol de terre battue.

"Je sais exactement ce qu'elle voulait dire, maintenant." Murmura la Régente. "Je suis heureuse qu'elles soient là." Elle se leva lorsqu'elles entendirent des pas s'approcher et se déplaça autour de la table. "Eh bien, nous y voilà... J'espère que ça va marcher."

Eponine contourna la table pour la rejoindre alors que les Amazones, à la fois étrangères et de leur tribu, commencèrent à entrer et à prendre place dans la grande salle. Celles de leur tribu s’assirent d'un même côté, observant Ephiny et Eponine avec intérêt tout en regardant les autres Amazones avec méfiance.

Celles des deux Nations en visite choisirent des sections adjacentes dans la pièce ronde pour s'asseoir, murmurant entre elles, avant de se taire lorsque leurs dirigeantes respectives entrèrent. Elles se levèrent lorsque les deux Reines traversèrent la pièce, montrant ainsi clairement où allaient leurs loyautés, puis elles s’assirent après que les deux Reines se furent installées dans des sièges confortables à l’opposé d’Ephiny et Eponine.

Les esprits étaient agités, Ephiny le sentait. La présence constante de tant de guerrières différentes dans le village rendait les siennes nerveuses, surtout après avoir entendu certaines déclarations masquées, mais désobligeantes, sur diverses choses concernant l'endroit.

Un mouvement à la porte attira l'attention d'Ephiny et elle tourna la tête pour rencontrer le regard fixe de Gabrielle qui l’observait. La barde s'arrêta sur le seuil, retirant sa cape de ses épaules, puis entra, Xena la suivant silencieusement.

Ephiny retint un sourire lorsque sa tribu se leva, adoptant des postures droites, fières et respectueuses tandis que les deux femmes passaient les rangs et les rejoignaient à la grande table ronde. Xena tira la chaise de sa compagne et attendit qu'elle s'asseye, puis elle prit la chaise à côté d'elle et s'y installa, ses yeux bleus pâles scrutant la foule avec une intensité tranquille.

Gabrielle croisa les mains sur la table et prit une inspiration, la lumière de la torche se reflétant sur sa peau bronzée. "Merci d'être venues ici." Commença-t-elle en maintenant le contact visuel avec les deux Reines en visite. "Je sais que c'est un peu atypique, mais je pense que le défi auquel nous sommes confrontées nous impose des solutions uniques, et cela signifie faire des choses que nous ne faisons pas habituellement."

La barde se leva, toujours plus à l'aise dans cette position lorsqu'elle parlait. "Comme vous le savez peut-être, ou peut-être pas, nous sommes récemment rentrées d'un voyage dans le Nord, où nous avons enquêté sur les rumeurs de cette armée qui se rassemblait. "

Gillen se pencha en avant. " Vous êtes allées dans sa ville... c'est vrai ? " lui demanda l'Amazone plus âgée, aux cheveux argentés et au visage intelligent, en la fixant.

" Oui, c'est vrai. " reconnu Gabrielle sans hésiter. Ses yeux se tournèrent brièvement vers son âme sœur. "Xena et moi avons voyagé là-bas et nous sommes entrées dans la garnison de son armée."  Elle commença à marcher dans la pièce. "Ce n'était pas un voyage agréable... nous avons trouvé beaucoup de gens blessés en chemin."

Aslanta leva une main. "Comment êtes-vous entrées dans sa forteresse ?" Sa voix était dure, nette et son corps très musclé se déplaçait à la lumière de la torche alors qu'elle regardait Gabrielle. Elle était très grande et avait un air autoritaire, accentué par ses cheveux blonds clairs tirés en arrière de son visage dans une coupe sévère.

"Eh bien...  Je me suis portée volontaire comme cuisinière et Xena a été engagée comme entraîneur de chevaux." L’informa la barde calmement.

Un murmure courut dans la pièce et Gabrielle put voir un mélange de consternation et de dégoût sur les visages des Amazones.

"Vous avez proposé de les aider ?" demanda Gillen, incrédule.

"Nous avons pensé que nous aurions plus de chances d'en sortir vivantes si nous ne nous annoncions pas comme une Reine Amazone et la Destructrice des Nations." La barde lui adressa un léger sourire. "Et comme le but de notre visite était d'obtenir des informations, pas de nous faire écarteler, nous avons pensé que ce serait mieux ainsi."

"Bon point." Déclara Ephiny en se frottant le menton pour cacher le sourire sur son visage.

"Vous ne devez pas avoir découvert grand-chose, alors." déclara Gillen sans ambages. "Pas dans les bas fond de son armée."

Gabrielle se retourna à moitié, pencha la tête et Xena se leva. "Faux." La guerrière commença à marcher dans la pièce tandis que sa compagne reprenait son siège, puis elle posa ses mains sur le dossier de la chaise de Gabrielle. "Nous avons découvert la force de ses troupes, la composition de son bataillon, sa stratégie générale, et où il compte se diriger ensuite." La voix de la guerrière était basse, mais elle voyagea dans la pièce désormais silencieuse. "Gabrielle a également trouvé qu'il donnait à ses troupes une sorte de drogue et elle a pu faire évader certains de ses prisonniers alors que nous nous échappions."

"Et, bien sûr, Xena a réussi à retirer cinq cents chevaux de son armée". Ajouta Gabrielle. "Donc en fait, on ne s'est pas trop mal débrouillées." Elle croisa de nouveau ses mains. "La chose importante que nous avons découverte, c'est qu'il a l'intention de conquérir tout ce qui se trouve sur son chemin et qu'il se moque de savoir combien de personnes mourront en le faisant."

Elle attendit un commentaire de l'une ou l'autre des femmes, mais elle n'en obtint aucun. "Je pense que c'est une personne maléfique. Il brise l'esprit des gens... et il ne se contente pas de conquérir les choses. Il veut les posséder, corps et âme." Elle fit une pause. "Il doit être arrêté."

"Ne serait-il pas plus simple de s’écarter de son chemin ?" Gillen leva une main. "Artemis le sait, j'adorerais lui planter mon couteau, mais je ne suis pas prête à sacrifier toutes les guerrières que j'ai pour ça."

"Ce serait plus simple, oui." Répondit Gabrielle calmement, alors que Xena reprenait son siège. "C'est toujours plus facile de s'enfuir." Elle observa le tressaillement à ces mots. "Mais j'ai appris qu’au bout du compte, il arrive un moment où tu n’as plus d’endroit où te cacher... et alors quoi ?" Ses yeux rencontrèrent ceux de l'autre Amazone. "Ce n'est pas comme s'il allait conquérir et partir... il a l'intention de prendre le pays entier."

Gillen et Aslanta échangèrent un regard. "Tu en es sûre ?" demanda l'Amazone blonde.

"Oui." Répondit Xena brièvement en leur adressant un sourire glacial alors qu'elles la regardaient. "Il me l'a dit."

"Tu as parlé avec lui ?" demanda Gillen lentement.

Les yeux de Xena brillaient à la lumière de la torche. "Je voulais qu'il sache à qui il avait affaire."

Ephiny déglutit, incapable de détacher son regard de la guerrière. Une énergie sombre se dégageait de Xena, plus évidente qu'Ephiny ne l'avait jamais vue.

Il y eut un long silence, puis Aslanta se racla la gorge. "Alors... quel est ton plan ?"

Et voilà. Gabrielle souffla doucement puis elle se redressa. "Nous savons qu'il a environ trois mille soldats."

Un fort murmure de consternation dériva dans la pièce.

"Nous savons que si nous voulons réussir, nous avons besoin de plus que les Amazones pour nous aider." Gabrielle leva une main, puis elle se leva. "Mais nous devons commencer quelque part et j'ai choisi de commencer avec les meilleures guerrières que je connaisse".

Toutes les têtes étaient tournées vers elle, attentives.

"Nous avons déjà envoyé des messages... et nous espérons que ces messages finiront par ramener suffisamment de troupes pour que nous puissions former une force assez importante pour défier directement Andreas. En attendant, Xena a l'intention d'utiliser de petits groupes pour le perturber et le harceler sur le terrain."  Gabrielle s'arrêta en posant une main sur l'épaule de sa compagne.

"A quoi cela servira-il ?" demanda Aslanta d’une voix incertaine.

"Il n'a pas de système de soutien." répondit Xena calmement. "Ses raids réduisent les villages en cendres... Il n'a aucun moyen de soutenir une armée permanente sur le terrain. " Elle croisa ses mains sur la table et regarda ses doigts entrelacés. "Si nous brisons ses raids, alors il devra déplacer ses forces pour s'occuper de nous."

"Combien de troupes espérez-vous rassembler ?" demanda Gillen. "Que se passera-t-il quand il s'en prendra à nous et que nous ne serons que quelques centaines à essayer de tenir tête à trois mille hommes ? Alors quoi ?"

"Alors nous le conduirons là où nous voudrons." répondit Xena calmement. "Et nous réduirons ses forces par les côtés et par l'arrière... jusqu'à ce que ses pertes soient suffisantes pour que nous puissions attaquer de front."

L'Amazone la plus âgée croisa son regard sans broncher. "Avec toi à notre tête."

La guerrière hocha la tête.

La femme tourna la tête et regarda Gabrielle. "Les Reines Amazones mènent les leurs au combat." Son ton était légèrement accusateur.

Gabrielle lui retourna son regard avec calme. "Les Reines Amazones intelligentes savent quand déléguer leurs responsabilités... et quand vous avez quelqu'un comme Xena pour diriger vos guerrières, vous êtes bien inspirées de la laisser faire."

Oh… Ephiny se mordit l'intérieur de la lèvre, résistant à l'envie de lever un pouce vers la barde. Bien joué.

" Par ailleurs, je serai là." Continua la barde, surprenant tout le monde sauf son âme sœur. "La guerre n'est pas nouvelle pour moi."

Gillen la regarda un moment, puis elle se leva et posa ses poings sur ses hanches. "Tu as la langue bien pendue."

Gabrielle leva les yeux vers elle et sourit. "Merci."

"Ce n'était pas un compliment." Répondit l'Amazone de manière provocante.

"Alors tu ne me connais pas très bien." Renchérit la barde. "Je ne dirige pas avec mes poings."

Il était évident, réalisa Ephiny, que les deux Reines Amazones n'avaient aucune idée de comment traiter avec Gabrielle. La barde était en dehors de leur expérience et elle les avait toutes les deux perturbées. La Régente s'amusa beaucoup de cette expérience, après quatre jours de sarcasmes voilés à ses dépens.

Gabrielle se leva et fit le tour de la table, se retrouvant face à face avec Gillen, qui la dépassait de plusieurs centimètres. "Ecoute." Dit-elle calmement. "Ce n'est pas une compétition. Ce type tue des gens sans raison. Ses pillards brûlent les maisons des gens sans rien laisser." Elle se rapprocha, les muscles de sa mâchoire se contractant un peu. "L'endroit où je suis née n'existe plus... et j'ai perdu mon père à cause d'eux. Donc si vous voulez vous joindre à nous, c'est une très bonne nouvelle. Si vous ne voulez pas, sortez d'ici et laissez-nous faire ce que nous avons à faire."

La mâchoire d'Ephiny se décrocha. Elle jeta un coup d'œil à Xena, qui était assise, le menton appuyé sur ses poings, mais la guerrière ne l'interrompit pas.

L'Amazone fit un pas en arrière et cligna des yeux, ne s'attendant pas à la férocité de l'échange.

"Faites votre choix." Continua Gabrielle implacablement.

Il y eut un silence dans la pièce, même les respirations semblèrent s'arrêter. Finalement, les épaules de Gillen se détendirent et elle laissa échapper un souffle avant de faire un petit signe de tête à la barde. "Très bien." Parla la femme âgée calmement. "Mais je veux avoir mon mot à dire sur ce que feront mes guerrières."

Le regard vert rencontra le bleu pâle et s'arrêta un moment, puis elle retourna son regard vers les Amazones. "Je pense que nous pouvons arranger cela."  Elle tourna son regard vers Aslanta. "Et toi ?"

La grande Amazone se tenait debout, dominant Gabrielle, qui ne semblait pas du tout intimidée par cela. "Je te le ferai savoir dans la matinée. " Elle fit un signe à son peuple et sortit, les autres la suivant en silence.

La barde les regarda partir, puis elle tourna son regard vers Ephiny. "Tu veux bien qu'on finisse la soirée en plus petit comité ?"

"Hum... bien sûr." Ephiny se leva. "Eponine, peux-tu leur demander d'apporter le dîner dans mes quartiers... ils sont assez grands pour que nous nous y retrouvions tous..."

"Bien." La maîtresse d'armes se dirigea vers la porte, prenant note d'ajouter quelques cruches au plateau.

"Très bien... allons-y." déclara Ephiny à ses Amazones. "Nous devons être prêtes à partir de..." Elle regarda Gabrielle en question.

"Après-demain." Répondit la barde. "Nous voulons avoir une chance de parler avec Tyldus, et Xena a besoin de récolter quelques herbes par ici."

Les Amazones se retirèrent et Xena se leva, entourant son âme sœur en posant ses deux mains sur ses épaules. Ses yeux rencontrèrent ceux de Gillen et elle leva un sourcil en signe d'interrogation.

"J'aimerais en savoir plus sur son armée." déclara l'Amazone la plus âgée.

Xena la regarda en silence pendant un moment, puis elle fit un geste vers la porte. "Allons-y... nous aurons tout le temps de rentrer dans les détails."

Elles sortirent toutes dans la nuit noire et froide.

******************************************************

Elles étaient assises en demi-cercle autour d'un feu crépitant. Ephiny avait distribué des chopes et versé l'hydromel qu’Eponine avait ramené et elles grignotaient doucement tout en poursuivant leur discussion.

"D'un point de vue réaliste, combien de personnes pensez-vous pouvoir réunir ?" demanda Gillen en s'appuyant sur la chaise en bois tressé. Elle dirigea sa question vers Gabrielle, qui était assise sur le siège en face d'elle.

"Ça dépend." Répondit la barde en sirotant son hydromel. " De beaucoup de choses... du degré d'avancement d'Andreas, de la décision des personnes que nous sollicitons... il y a beaucoup de variables. Nous ne saurons pas vraiment avant un mois ou deux."

"Mmph." L'Amazone croqua une carotte.

"Je pense que nous nous retrouverons avec un tiers de ce qu'il a." commenta Xena depuis sa place près du feu. Elle s’était calée confortablement dans son siège, ses longues jambes étendues devant elle et croisées aux chevilles.

Elles regardèrent toutes la guerrière. "A quoi bon, alors ? On ne peut pas le battre avec ça." Répondit Gillen ironiquement.

"Bien sûr qu'on peut." Rétorqua Xena. "On doit juste lui faire croire qu'on ne peut pas."  Elle croisa les bras. "Qu’il reste confiant jusqu’à l’amener à une position où il devra prendre des décisions rapides."

Gabrielle jeta un regard à sa compagne, puis elle se pencha vers elle et lui donna un morceau de pain plat enroulé autour de quelques légumes grillés, en lui jetant un regard jusqu'à ce qu'elle le prenne et commence à grignoter. "Xena pense que nous pouvons utiliser ses tactiques contre lui... en amenant les gens qu'il a malmenés à coopérer avec nous."

"Ça pourrait être dangereux." répondit Ephiny, calmement. "Ils pourraient jouer sur les deux tableaux." Elle remua sur son siège. "Et finir par nous vendre directement entre ses mains."

Tout le monde semblait incertain. "Certains le feront." Déclara Xena sans ambages. "Il y aura des moments où nous serons trahis... mais je pense que le jeu en vaut la chandelle."  Elle prit une bouchée de son repas, peu convaincue, et la mâcha, l'avalant précipitamment avec une gorgée d'hydromel. "Je pense qu'Andreas prévoit d’envahir les campagnes... puis, lorsqu'il se sentira suffisamment prêt, il créera une route de ravitaillement et utilisera sa base pour maintenir les avancées en nourriture et en matériel." Elle grignota une autre bouchée de son pain. "Il ont un énorme stock là-bas."

"En parlant de stocks..." Ephiny se pencha en avant, posant ses coudes sur ses genoux. "Nous pouvons garder une cache ici... non pas que nous soyons une forteresse, mais cette hauteur dans les montagnes est difficile à prendre pour une armée." Elle jeta un coup d'œil à Gillen. "Ton peuple est le bienvenu pour s'abriter ici."

La Reine Amazone réfléchit. "Nous ne nous mélangeons pas très bien, mais je vais y réfléchir." Elle tourna son regard vers Xena. "Aslanta... elle est sceptique."

La guerrière leva un sourcil avec ironie.

"Elle a obtenu sa position en se battant pour l’avoir... elle ne suit pas facilement." Expliqua Gillen. "Pas sans avoir de preuves."

Gabrielle soupira et roula des yeux, regardant le sourire espiègle se dessiner sur le visage de sa compagne. "Je peux demander quelque chose ?" Elle se lança. "Nous sommes toutes des femmes adultes et intelligentes, non ?"

Tout le monde la regarda, puis la Reine Amazone plus âgée étouffa un sourire. "Certaines d'entre nous plus que d'autres." Fit-elle remarquer, en regardant la jeune femme de l'autre côté du tapis.

"Ce n'est pas ma faute si j'ai appris plus vite." Répliqua Gabrielle. "Mais ce que j'allais dire, c'est... pourquoi des femmes matures, intelligentes et rationnelles doivent-elles se battre entre elles pour arriver à quelque chose ?". Elle agita les bras. "Je ne comprends pas... on ne peut pas simplement parler des choses, au lieu de sortir et de se taper dessus avec un bâton ?".

Les autres femmes se regardèrent après cet éclat.

"Quelqu'un, s'il vous plaît... dites-moi pourquoi il faut toujours que ce soit la plus forte qui gagne ?" termina Gabrielle tranquillement.

Eponine s'éclaircit la gorge. "Euh... parce que c'est plus amusant ?"  Répondit-elle avec sérieux.

La barde soupira et ferma les yeux, retenant un rire.

Les autres ne le firent pas et un gloussement se répandit dans la pièce. "C'est une chose naturelle" dit finalement Xena dans son coin d'ombre. "C'est la nature, Gabrielle... tu le sais. Tu l'as vu toi-même. Tu te rappelles lorsque tu regardais les poules l'autre jour avec Dori ? Elles respectent un ordre établi avant de commencer à manger."

"Nous... ne sommes... pas... des poules." Déclara son âme sœur, en pointant un doigt sur elle.

"Eh bien, comment as-tu hérité de ton titre, alors ?" demanda Gillen. "Moi, comme Aslanta, j'ai dû me battre pour le mien."

"Longue histoire." Marmonnèrent simultanément Ephiny, Eponine, Xena et Gabrielle avant de se regarder.

"Ça n'a pas d'importance de toute façon." poursuivit Gabrielle. "J'étais sérieuse... nous devons toutes travailler ensemble. A quoi ça sert de savoir si quelqu'un peut battre une autre personne ? Ce n'est pas ça qui va nous faire gagner."  Elle les regarda, un sillon apparaissant sur son front. " Disons que demain... Aslanta décide qu'elle ne se joindra pas à nous tant que chacune de ses guerrières n'aura pas eu l'occasion de se battre avec... "Elle fit une pause. "Eh bien, disons Xena ici présente. Qu'est-ce que ça va prouver ?"

Il y eut un petit silence. "Qu'elle peut leur botter les fesses ?" s'aventura Eponine, hésitante.

Un profond soupir se fit entendre. "A part ça." Gémit Gabrielle. "Vous ne comprenez pas... pourquoi quelqu'un devrait-il être battu avant de suivre un autre d'entre nous ?". Elle se leva et commença à faire les cent pas sur le tapis. "Nous ne sommes pas des animaux... nous sommes des personnes intelligentes... pourquoi ne pouvons-nous pas simplement décider que nous allons le faire, parce que c'est la bonne chose à faire et laisser toute la merde de centaure et notre égo en dehors de ça ?". Sa voix résonna clairement dans le silence de la pièce. "Nous devrions garder nos forces pour nous battre contre Andreas. Nous allons avoir besoin de toute notre énergie pour cela... On n’a pas le temps de l’utiliser les unes contre les autres."

Xena se leva et se dirigea vers la cheminée, avant de s'y appuyer en regardant les flammes. "Gabrielle..." Elle souffla puis s'arrêta un moment. "Ce que tu dis est vrai... nous le savons toutes." Elle se retourna et regarda son âme sœur calmement. "Mais cela ignore un fait fondamental de la nature humaine...  le fait est qu’au bout du compte, au fond, nous sommes des animaux."

"Je ne crois pas à ça." Rétorqua la barde vivement.

"Je sais." Répondit Xena avec une touche de tristesse. "Mais quiconque a été élevé dans une société de guerriers... comme le sont les Amazones, prend l'habitude de défier quiconque veut l'autorité, parce que seules les personnes qui la méritent, qui la gagnent... ont ce qu’il faut pour mener d'autres personnes dans un bain de sang."

Gabrielle fit un pas en avant et croisa férocement son regard. "Alors... ça veut dire que tu ne me fais pas confiance pour diriger ?" Elle mit ses mains sur ses hanches. "Parce que je n'ai jamais fait face à ce genre de défi."

"Si, tu l'as fait." Objecta Xena.

"Non... tu l'as fait... en mon nom." Corrigea son âme sœur doucement. "Et tu sais très bien que je ne pourrai jamais te battre dans un combat, Xena... Alors cela est-ce-que ça veut dire que tu ne me suivrais pas au combat ?"

Ephiny regardait, fascinée, cette danse entre deux personnes, deux volontés si puissantes qu'elles ne pouvaient trouver du réconfort que dans l'autre. Un regard en coin lui apprit que Gillen était tout aussi attentive aux deux femmes, ses mains enroulées autour des bras de la chaise, la tirant un peu vers l’avant.

"Est-ce le cas ?" Gabrielle répéta la question, sa voix baissant un peu.

Le visage de Xena était à moitié dans l'ombre, à moitié dans la lumière du feu, à l'exception du scintillement capturé par ses yeux bleu clair. Après un long moment, ses narines bien dessinées s’ouvrirent. "Il y a différentes sortes de force, Gabrielle... toutes ne sont pas physiques." répondit Xena. "Je te suivrais jusqu'à chez Hadès et j'en reviendrais, tu le sais... mais c'est parce que je te connais... et que je connais ton cœur."  Elle fit un pas en avant et posa une main sur l'épaule de sa compagne. "Avec du temps, tout le monde penserait comme moi... et tu pourrais les guider sur cette voie. "

Gabrielle lui lança un regard têtu et releva sa mâchoire en la serrant fermement. " Eh bien, alors il va falloir qu'elles apprennent vite, parce que je ne vais pas rester assise ici et supporter ces balivernes du genre "je suis plus forte que toi et je vais te le prouver". "

Xena soupira.

"Tu sais que j'ai raison." Insista son âme sœur. "Nous devons apprendre à travailler ensemble, Xena... Si nous ne pouvons même pas travailler ensemble, quelle chance aurons-nous quand nous aurons non seulement des Amazones, mais aussi des Centaures et les Dieux savent quoi d'autre à gérer ?"

Avait-elle raison ? Xena cligna des yeux, perplexe. Gabrielle avait raison... la question était de savoir si on lui laisserait le temps de le prouver ? La guerrière plongea son regard dans les yeux verts têtus qui lui faisaient face et lui serra légèrement l'épaule. "Nous allons essayer à ta façon."

Gabrielle releva légèrement les sourcils en réponse, ne s'attendant pas à un accord aussi rapide. "Ok." Elle laissa échapper un souffle retenu, puis elle hocha la tête et se retourna pour revenir à sa chaise. "Maintenant... où en étions-nous ?"

Gillen se recula dans sa chaise, manifestement très intriguée. "Tu sembles très confiante en tes capacités". Commenta-t-elle en jetant un regard curieux à Xena.

La guerrière reprit son siège et attrapa sa tasse, buvant une gorgée avant de tourner son regard vers la Reine Amazone. "Je le suis." Répondit-elle simplement, se délectant en privé de la vérité rétablie de cette déclaration.

"Mmm." Les yeux intelligents et songeurs la regardaient. "C'est ce qu'il semble."

Que voulait-elle dire exactement, se demanda Gabrielle en observant la femme avec méfiance ?

*********************************************

Elles traversèrent la cour maintenant relativement calme, ne distinguant que quelques formes sombres alors qu’elles se rapprochaient des quartiers de la Reine.  Gabrielle glissa sa main autour du bras de sa compagne et étouffa un bâillement. "C'était bizarre."

"Mmm?" Xena lui jeta un coup d'œil, plongée dans ses propres pensées. "Qu'est-ce qui était bizarre ?"

"Cette attitude... Je ne suis pas sûre de pouvoir lire en elle." Admit la barde doucement. "Mais ça me donnait la chair de poule. Pas toi ?"

"Moi ?" répondit Xena. "Je l’ai trouvée bien... un peu distante."

"Elle n'a pas fait claquer ton filet à poux ?" demanda la barde.

La guerrière s'arrêta net. "Mon quoi ?"

"Ton filet à poux... tu sais, le sentiment que tu as quand les choses deviennent effrayantes ?" la taquina Gabrielle. "Tu ne l'appelais pas comme ça quand tu étais petite ?"

Xena la regarda fixement.

"Mmm... une autre décennie, je suppose." La barde lui donna une tape dans le dos et continua vers ses quartiers, Ares trottant joyeusement sur ses talons.

"Filet à poux ?" Xena se gratta l'oreille, puis elle secoua la tête et suivit la petite femme. Elles s'arrêtèrent devant la porte et virent deux Amazones stationnées à l'extérieur se mettre au garde-à-vous. Elle leur jeta un regard, reconnaissant deux des combattantes les plus expérimentées du Village et se demanda de quoi il s'agissait. "Bonsoir."

"Bonsoir les filles." Gabrielle fit une pause, alors qu'elle atteignait la porte. "Vous avez besoin de quelque chose ?"

La plus âgée des deux baissa la tête respectueusement. "Ephiny nous a posté ici... pour ta protection, Majesté."

La barde releva un sourcil. "Hum..." Gabrielle tourna faiblement la tête vers Xena. "Je pense que je vais bien... vous pouvez aller vous coucher."

"Hum..." Elles se regardèrent l'une l'autre. "Mais elle a dit...."

Arès s'assit et enroula sa queue autour de ses pieds, se léchant les babines. "Roo ?" Il leva les yeux vers Xena avec espoir et la guerrière sortit un biscuit de sa poche et le lui donna.

"Ecoutez." Gabrielle les prit par le coude et les écarta. "Xena a... le sommeil très léger... et elle réagit parfois aux choses avant d'être vraiment réveillée... donc s'il y a du bruit... ou des discussions... ou des mouvements par ici, vous pourriez avoir des problèmes, vous comprenez ?".

"Ah." Dit la plus jeune.

"Alors... allez-y et dites à Ephiny que je la remercie, mais que je suis parfaitement en sécurité." La barde leur donna une petite tape. "Vraiment."  Elle les regarda, vit leurs visages découragés et soupira. "Hum...ok, attendez." Elle retourna vers l'endroit où Xena attendait, un regard amusé sur le visage. "Ça te dérange si elles restent dans le coin ?"

Les yeux bleus scintillaient dans la faible lumière. "Ça t'ennuie si elles entendent tes supplications si je m’occupe de toi plus tard ?"  Même dans la pénombre, elle pouvait voir Gabrielle rougir et elle gloussa un peu. "Ou ces petits bruits mignons que tu fais quand je mmfph." Xena se retrouva avec une main couvrant sa bouche et elle en mordilla la paume de manière séductrice.

"Je vois ce que tu veux dire." Murmura la barde. "Mais elles m’ont fait ces visages d'Amazones déçues, Xena... tu sais que je ne peux pas le supporter." Elle fit une pause. "Oh..."

Xena laissa de côté son exploration intéressée de la peau de sa compagne. "Ok... ok... qu'elles se tiennent près des torches... ça nous donnera un peu d'espace et les rendra heureuses."

Gabrielle mesura la distance avec ses yeux, puis elle tapa sur l'armure de sa compagne, amusée. "Merci." Elle retourna auprès des deux Amazones et Xena poussa la porte, suivant Ares à l'intérieur.

La pièce était telle qu'elles l'avaient laissée, mais Xena se raidit, ses instincts réagissant en sentant quelque chose qui n'était pas à sa place. Elle se retourna lentement, incitant ses sens à écouter et à sentir, ses yeux cherchant à travers la faible lumière ce qui avait déclenché ses signaux d'alarme.

Gabrielle entra et se figea en voyant la main soudainement levée, repoussant rapidement son corps contre le mur où elle resta silencieusement. Ses yeux étudièrent sa compagne qui se tenait au centre de la hutte, immobile, à l’exception des mouvements vacillants de ses yeux.

Est-ce que c'était un son ?" Xena se concentra, passant au crible le doux mouvement du vent contre le toit de chaume et le craquement rythmique du bois qui constituait le bâtiment. Non. Une odeur ? Elle inspira à pleins poumons, éliminant le parfum poussiéreux des feuilles séchées, la terre tassée du sol et l'odeur du lin et de la cire.

Ah. "Quelqu'un est venu ici." Murmura-t-elle doucement, identifiant l'odeur fugace, presque désagréable, de transpiration musquée que qui que ce soit avait laissée.

"Une Amazone ?" demanda Gabrielle sérieusement.

Xena ramassa la torche sur son support central et s'accroupit, déplaçant sa main en cercle et étudia le sol avec attention. La terre était très dure et la plupart du temps couverte de tapis tissés, mais... un long doigt s'étira et toucha une légère dépression. "Ce n'était pas un centaure." Ses yeux allèrent vers la barde. "Vérifie tes affaires... sois prudente. Regarde juste, ne touche à rien."

Gabrielle se dirigea rapidement vers sa sacoche et l'ouvrit, scrutant son contenu d'un œil averti. "On dirait qu'il ne manque rien... et toi ?"

Xena s'était arrêtée près de sa propre sacoche et l'avait regardée, puis elle l'avait ouverte pour en étudier le contenu un moment, avant de l'attraper délicatement par le bord extérieur et de la faire basculer, répandant son contenu sur le lit. Son visage resta impassible alors que, parmi les divers objets, elle put voir quelque chose bouger.

"Qu'est-ce que c'est ?" souffla Gabrielle attrapant son bras en se penchant plus près.

"Un scorpion." Répondit la guerrière calmement.

"Wow." Souffla la barde. "Il est dangereux ? Je sais que certains le sont... on nous mettait toujours en garde contre eux à Potadaia... ils sortaient des champs près de la rivière au printemps."

"Oui, il l’est." Répondit Xena. "Il est très venimeux... deux, trois piqûres... m'auraient probablement achevée."

Son âme sœur la fixa. "Tu veux dire que tu aurais perdu connaissance ?"

Les yeux bleus se tournèrent vers elle. " Ça m’aurait tuée." Lui répondit la guerrière d'un ton égal, avant de dégainer sa dague et de faire un mouvement rapide vers le bas, empalant la créature sur la pointe de son couteau avant de la soulever.

"Par les Dieux." Gabrielle semblait ébranlée. "Xena... est-ce que tu réalises... Je veux dire... est-ce qu’il pourrait être arrivé là par accident ? Juste une coïncidence ou autre ?"

La guerrière examina le scorpion, qui tressaillait faiblement en mourant, sa queue incurvée et mortelle s'arquant en spasmes sur son corps. "Tout est possible, Gabrielle... mais arriver à ramper jusqu'ici, grimper sur le lit et défaire ma sacoche pour entrer à l'intérieur est un peu au-delà de ses capacités, je pense."

"Oh." La barde se mordit la lèvre. "Qu'est-ce qu'on va faire ? Je dois aller chercher Ephiny ?"

"Non." Répondit son âme sœur. "Je vais m'en occuper."  Elle se dirigea vers la porte et sortit, surprenant les deux gardes Amazones qui se retournèrent et la regardèrent alors qu'elle traversait la place vide, éclairée par la lune, en direction d'un arbre noueux près du centre.

Elle le contourna en s'approchant et choisit un espace lisse et ouvert sur le tronc, étira son bras et puis déplaça le poids de son corps et frappa en avant, enfonçant sa dague avec son captif dans  l'arbre. Elle s'arrêta pour regarder le scorpion cloué jusqu’à la garde, profondément enfoncée dans l'écorce par sa seule force. Puis elle sourit, s'épousseta les mains et retourna vers la hutte avant de s'arrêter devant les deux gardes bouche bée. "Quelqu'un s'est approché d'ici cette nuit ?"

La plus âgée la regarda bizarrement. "Bien sûr que non."

La guerrière hocha lentement la tête. "Vous avez entendu des animaux faire du bruit... disons, vers là-bas ?" Elle désigna une épaisse parcelle de sous-bois à environ six ou huit longueurs de corps.

La femme réfléchit. "Non... enfin, si, il y avait un hibou là-bas et nous sommes allées le voir. On n'en voit pas souvent par ici." Elle déplaça son regard vers le visage de Xena. "Pourquoi ?"

La guerrière fit un signe de tête vers l'arbre. "De vilaines punaises de lit. "Elle adressa à la femme un sourire sinistre et retourna à la hutte, poussant la porte avant d’entrer à l'intérieur pour voir sa compagne sonder soigneusement toutes leurs affaires avec son bâton. "Bonne idée."

"Mmm." Répondit Gabrielle sinistrement. "Quand je découvrirai qui a fait ça, je les ferai plaquer au sol dans une fourmilière couvertes de miel."

Xena s'arrêta et la regarda.

"C'est toi qui étais visée." Continua sèchement la barde, avec colère.

"Et toi Indirectement." Fit remarquer la guerrière sur ton calme, imperturbable. "Avec moi hors du chemin, peut-être qu'elles te considéraient comme une proie facile."

Gabrielle s'arrêta et lui fit face, s'appuyant sur son bâton. "Comment peux-tu être si calme, Xena ? Tu réalises ce que cela signifie ? Quelqu'un ici, une Amazone, a fait ça !"

Xena s'approcha et posa ses deux mains sur les épaules de sa compagne en colère. "Je sais... et c'est de deux choses l'une. Soit quelqu'un est à la solde d'Andreas, soit c'est un test."

"Un test." Gabrielle cracha le mot, son humeur montant encore plus. "Je les découvrirai et entends-moi bien, Xena... entends-moi, je... je..." Elle ramassa son bâton et la regarda. "Je vais fracasser ça sur la tête de quelqu'un..."

"Chut." Xena la prit dans ses bras et lui frotta le dos. "Détends-toi... doucement. Je vais bien, tu vas bien... allongeons-nous et détendons-nous, d’accord." Elle fût touchée par l'indignation de son âme sœur à son égard et elle plaça la tête de la barde contre son épaule, l'embrassant dans un signe de profonde affection. "Nous ne dirons rien et peut-être qu'elles essaieront à nouveau."

"Mais..." objecta Gabrielle.

"Et alors nous les attraperons." Murmura la guerrière à son oreille, chatouillant la surface avec son souffle. "Et nous saurons."

La barde souffla en signe d’assentiment. "Très bien." Capitula-t-elle à contrecœur. "Mais je peux te dire dès maintenant que je ne fermerai pas l'œil de la nuit."

Xena lui frotta le dos, sentant la tension se relâcher sous son contact. "Ok... tu peux me raconter des histoires, alors ?" Elle embrassa à nouveau la tête de Gabrielle. "Déshabille-toi." Elle relâcha la barde, incapable d'empêcher sa propre et sombre anticipation de déclencher un frisson dans son dos alors qu'elle envisageait la possibilité que leur harceleuse essaie à nouveau.

Xena sourit en montrant ses dents blanches et tendit ses mains pour relever le défi. Tu veux me tester, mm ? Elle gloussa doucement en enlevant et en rangeant soigneusement son armure, puis elle se débarrassa de ses cuirs et de ses bottes et enfila une chemise de nuit douce et confortable.

Gabrielle avait fait de même, et avait ramassé son journal, le portant jusqu'au lit avant de s'installer dessus, incurvant son corps en un demi-cercle tandis qu'elle sortait ses plumes et se préparait à commencer à écrire.

Pendant un moment, Xena la regarda simplement alors que la lumière du feu glissait sur la forme compacte et dorait la peau de ses épaules nues. Les cheveux blonds de Gabrielle étaient ébouriffés, et elle repoussa une mèche derrière son oreille pendant qu'elle étudiait ses mots, ce qui fit naître un léger sourire sur le visage de la femme qui la regardait.

Puis elle rangea soigneusement son épée sur le poteau près de l'avant du lit et elle s'allongea, étendant ses jambes et repliant ses mains sur son ventre, tandis que Gabrielle se déplaçait un peu et passait un mollet musclé sur celui de la guerrière dans une caresse absente.

Qui était-ce ? Xena regarda la lumière des bougies, réfléchissant à la question. L'une des Amazones en visite ? Une de celles qui appartenait à la Nation de Gabrielle ? Elle détestait penser ça, mais elle n'était pas assez stupide pour croire qu'il n'y avait pas de rancune là-bas.

Est-ce qu'elles essaieraient encore ce soir, se demanda-t-elle, en levant une main et en emmêlant ses doigts dans les cheveux doux et clairs qui dépassaient du bras qu'elle avait enroulé autour du corps de Gabrielle, tout en jetant un coup d'œil vers le bas, vers l'endroit où Ares était enroulé au pied du lit. Seraient-elles aussi stupides ?

Elle s'installa plus confortablement et remua ses orteils, en espérant qu'elles le soient.

****************************************

La lune s'était couchée, laissant la hutte dans l'obscurité la plus totale, à l'exception d'une faible lueur d'étoiles qui entrait par la grande fenêtre. Xena était couchée sur le côté, un bras sous sa tête et l'autre sur Gabrielle. La barde avait tenu parole en racontant l'une des histoires préférées de Xena, puis la guerrière l'avait persuadée de fermer les yeux, estimant qu'il était inutile qu'elles souffrent toutes les deux de cette nuit blanche.

La femme aux cheveux clairs était donc blottie contre son corps, sa main reposant légèrement sur la taille de Xena et son souffle réchauffait le cou de la guerrière, tandis que cette dernière observait patiemment la nuit, les yeux mi-clos et les sens en éveil.

Elle réalisa que cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas eu à faire ça... et elle admit intérieurement qu'elle s'était un peu trop habituée à pouvoir dormir paisiblement toute la nuit quand elle le voulait. La présence chaleureuse de Gabrielle n'aidait pas non plus, puisque son corps voulait se blottir plus étroitement autour de celui de sa compagne et se joindre aux rêves de la barde, et elle avait dû se forcer à se réveiller plus souvent qu'elle ne voulait vraiment s'en souvenir.

Elle soupira et se déplaça un peu, jouant avec une mèche de cheveux de la barde dans ses doigts, tandis qu'elle scrutait l'intérieur de la pièce pour la centième fois. Peut-être qu'elles ne se montreraient pas... peut-être que tout cela était un test, juste pour voir quelle serait sa réaction.

Et peut-être que les cochons volaient et dansaient avec les poulets dans la cour. Xena laissa ses lèvres se crisper en un bref sourire, puis se détendre.

C’est à ce moment que son corps se tendit soudainement, ses oreilles captant un son qui n'était pas vraiment étrange, mais qui ne cadrait pas avec le monde naturel qui les entourait. Elle concentra son attention sur la fenêtre, observant les ombres presque invisibles des feuilles contre le cadre, se déplaçant avec le mouvement du vent.

Un scintillement dans l’obscurité, en décalage avec la brise. Xena sentit ses narines s'agiter et elle s'éloigna lentement de son âme sœur, repliant l'épais édredon autour de son corps en le gonflant un peu. Puis elle posa ses mains sur la tête de lit et se souleva sans bruit, ses pieds nus heurtant le tapis lorsqu'elle se laissa tomber, glissant sur le côté avant de rester immobile, une main reposant à peine sur la poignée de son épée.

Pendant un moment, le silence fut total, puis, alors que la brise repoussait les feuilles, une série d'ombres ne bougea pas. Elles grandirent, glissèrent et devinrent une paire de mains sombres, qui se fixèrent sur le rebord de la fenêtre et s'arrêtèrent un long moment.

Puis elles bougèrent et une silhouette grande et légère se glissa par la fenêtre, se redressa et resta immobile. Seuls les longs doigts frémissaient doucement dans la lumière des étoiles.

C'était une Amazone. Xena pouvait sentir les cuirs et un soupçon de fumée sur la peau de la grande femme dont le profil ne lui était pas familier.

L'intruse fixa le lit pendant un instant, puis s'avança en glissant, se déplaçant dans un silence parfait tandis qu'elle posait soigneusement ses bottes souples sur le tapis.

Xena relâcha le museau d'Arès, puis toucha son flan dans un signal inaudible avant de se déplacer derrière la femme, ses muscles se contractant à mesure que l'étrangère se rapprochait de sa compagne endormie. Elle fit un pas en avant, observant le moindre mouvement de l'intruse, voulant voir quels étaient ses plans, sans pour autant risquer un seul cheveu clair sur la tête de la barde dans cet effort.

La femme s'arrêta et regarda le paquet de couvertures, puis elle se détourna du lit pour fouiller une table proche. Xena se détendit un peu, puis elle se contenta de rester debout et de regarder, seuls ses yeux bleus bougeaient. L'intruse referma ses mains sur la dague de Xena, qui était posée sur la surface du bureau et la souleva.

Xena sentit son rythme cardiaque s'accélérer en regardant l'Amazone soulever la lame dans la lumière tamisée, puis se tourner vers le lit. Contrôlant sa respiration, elle se déplaça, se glissant derrière la femme alors qu'elle s'approchait.

L'Amazone dût l'avoir sentie ou avoir senti la chaleur soudaine de son corps, parce qu'elle se retourna en brandissant le couteau, mais son poignet fût rapidement saisi et son corps tordu dans un silence étrange. Elles luttèrent ensemble, l'intruse utilisant sa taille et sa force à son avantage, jusqu'à ce qu'elle se heurte à une poigne de fer et à des doigts puissants qui s'enfoncèrent dans son poignet et rendirent sa main inutilisable.

Le couteau tomba pour s'écraser sur le sol et Xena la poussa sur le côté, l'éloignant du lit tandis qu'elle reprenait le contrôle, sentant le corps puissant se tordre sous sa prise. Elles se heurtèrent au poteau central et Xena resserra sa prise, rassemblant ses forces pour soulever l'intruse et la retenir.

Il y eut un silence, à l'exception d'une respiration difficile, jusqu'à ce qu'un doux râle se fasse entendre et qu'une lumière jaillisse, créant une lueur dorée, qui souligna les traits tendus de Gabrielle et se refléta dans des yeux verts étincelants de colère. "Xena."

"Humm ?" La guerrière déplaça sa prise sur la femme haletante. "Regarde ce que j'ai trouvé."

La barde se rapprocha et leva sa bougie pour étudier le visage de la femme. "Qui es-tu ?"

La femme lui cracha dessus et Xena lui donna un coup de pied derrière les jambes, la faisant tomber "Sois gentille". La prévint la guerrière. "Ou tu auras besoin qu’on te porte quand on te sortira d’ici." Elle enfonça ses doigts plus profondément et l'Amazone grimaça. "Tu m'as compris ?"

"Embrasse mon cul d'Amazone." Lui grogna dessus férocement la femme.

Un sourcil sombre se leva et Xena la relâcha, faisant tourner son corps pour faire face à la guerrière, puis avant qu'elle ne puisse bouger, elle tendit une main vers son visage et frappa le point de pression au niveau de sa gorge.

La femme s'effondra sur le sol, la poitrine en feu, les yeux écarquillés alors qu'elle essayait de respirer et se retrouvait paralysée.

Xena s'agenouilla et s'appuya sur son genou. "Je viens de couper le flux de sang vers ton cerveau". Expliqua-t-elle avec désinvolture. "Alors tu peux soit commencer à parler, soit mourir dans soixante secondes."

La barde s'accroupit à côté d'elle. "Elle le pense. Quel est ton nom ?"

Seul le silence lui répondit.

Elles attendirent, Gabrielle comptant silencieusement dans son souffle.

"Bedda." La femme finit par lâcher prise, essayant vainement de bouger ses bras. "Vous ne vous en sortirez pas... avec ça."

"Bien sûr que si." la contredit Xena. "Tu as été surprise en train d'essayer de tuer la Reine Amazone de cette tribu... si tu meurs, ce sera justifié."

"Tuer..." La femme regarda le visage de la barde. "Non... juste..." Son visage devenait pâle et couvert de sueur. "Non..."

Gabrielle se détourna de l’Amazone et regarda Xena. "Relâche-la."

La guerrière hésita, puis elle secoua la tête et relâcha la pression, laissant la femme se détendre sur le sol, soulagée. "Si tu tentes quoi que ce soit, je te casse en deux". la prévint-elle.

Gabrielle regarda leur captive avec sérieux. "Pourquoi étais-tu ici, alors ?"

L'Amazone reprit son souffle, puis marqua une pause, fixant Gabrielle un instant avant de tourner son regard vers Xena qui l'observait avec malveillance. "Pour prouver que tu n'es pas si douée."

La barde et la guerrière se regardèrent d'un air ironique.

"Pourquoi ?" demanda Gabrielle.

La femme se tût, prenant un air renfrogné.

"Eh bien, Xena..." souffla la barde. "Je pense que tu devrais juste la redresser, la mettre sur ton épaule... et la ramener à son camp."

L'Amazone grimaça avant de la dévisager.

Les yeux bleus scintillèrent doucement. "C'est un ordre, ma Reine ?" questionna Xena.

"Non, attendez... " La femme commença à se lever, mais elle rencontra une grande et puissante main sur sa poitrine, qui la repoussa sur le sol. "Urrgh... ok... ok..." Elle se débattit contre le bras de Xena sans succès. "Très bien... J'ai été défiée, d’accord ? On a fait un gros pari et j'ai perdu à la courte paille." Elle tira désespérément sur la main de la guerrière. "Tout ce que j'étais censée faire, c'était me faufiler ici et prendre quelque chose."

Ce qui signifie que ce n'est pas elle qui avait mis le scorpion, décida Xena en la relâchant. Si elle disait la vérité et la guerrière pensait que c'était probablement le cas. Elle était trop jeune pour tenter autre chose, maintenant qu'elle pouvait voir la femme à la lumière de la bougie.

A peine plus qu'une enfant, en fait... plus jeune que Gabrielle, malgré sa taille, et en excellente condition. Elle avait un visage mignon, un nez retroussé, des cheveux un peu plus foncés que ceux de la barde et des yeux d'une couleur sombre, difficile à distinguer dans l'obscurité.

Et ce n'était pas une mauvaise combattante, admit Xena en se souvenant de la difficulté qu'elle avait eu à la maîtriser. Peut-être même qu'elle me donnera du fil à retordre dans quelques années. "Tu as pris une dague." Déclara-t-elle.

"Ouais... c'était proche... et je savais ce que c'était." Marmonna la femme en la regardant. "Je ne savais pas que tu te rapprochais furtivement de moi."

Gabrielle s'approcha et attrapa son menton, tournant son visage vers elle. "Ecoute." lui dit-elle doucement. "Tu as vraiment de la chance que Xena soit aussi douée, parce que presque n'importe qui d'autre t'aurait simplement tuée."

L'Amazone déglutit, puis elle regarda par-dessus son épaule la guerrière qui l'observait. "Oui, je m'en suis rendu compte quand tu m'as soulevée comme une gamine." Elle baissa les yeux, puis les releva. "Désolée."

Comme une gamine ? Xena soupira et secoua la tête. "Amazones." Elle jeta un regard à sa compagne puis elle se leva, s'époussetant d'un geste vif.

Soudain le temps sembla se ralentir alors que ses sens détectaient un danger. Elle tournoya, projetant instinctivement son corps sur le côté et par-dessus l'Amazone couchée, pour s'écraser contre son âme sœur et les amener toutes les deux au sol alors qu'une fléchette fine passait au-dessus de sa tête, effleurant de peu son oreille.

"Fils de BACCHUS !" hurla Xena, culbutant sur le sol avec Gabrielle dans ses bras pour pousser la barde derrière le lit, hors de danger. Elle se dirigea ensuite vers la fenêtre, agrippa le rebord de la fenêtre de ses deux mains pour regarder à l'extérieur, ses instincts s'agitant violemment à la recherche de leur agresseur.

Des pas de course brisèrent le silence et elle se concentra, apercevant finalement une forme fantomatique voletant à travers les arbres, disparaissant dans le feuillage brumeux. Elle leva les yeux vers Ephiny qui entrait dans la hutte et lui fit un signe de tête. "Veille sur elle." Elle pointa Gabrielle du doigt, puis elle plongea par la fenêtre, se précipitant vers l'endroit qu’elle avait vu bouger dans la forêt.

***********************************

Ephiny se déplaça par instinct, traversant rapidement la pièce pour intercepter la barde qui s’était relevée et avait attrapé son bâton. "Whoa...doucement."

"Ephiny, laisse-moi partir." La barde se dégagea et essaya d'esquiver la Régente. "Elle n'a même pas de chaussures."

"Toi non plus." Ephiny captura son bras. "Gabrielle, détends-toi, d'accord ? Elle va revenir tout de suite... tu ne peux pas sortir comme ça dans cette tenue. "

Gabrielle souffla puis revient sur ces pas, attrapa sa sacoche et l'ouvrit d'un coup sec. "Bien." Elle en sortit une tunique et enleva sa tenue de nuit pour la remplacer par celle-ci d'un geste rapide et agacé. "Bravo pour la sécurité, Ephiny."

La Régente eut l'air surprise puis elle réalisa qu'il y avait une Amazone étendue sur le sol. "Qu’est-ce ..."

Gabrielle s'assit sur le lit et enfila ses bottes. "C'est juste une gamine." Elle lança un regard à l'intrus, tout en se redressant lentement. "Elles l'ont mise au défi de sortir quelque chose d'ici... mais l'autre par contre... Xena a trouvé un scorpion dans son sac tout à l'heure."

"Quoi ?"

" Je ne suis pas une gamine. " protesta Bedda avec indignation.

"Si, tu l'es." lui dit Gabrielle, d'un ton direct. "Et tu as eu beaucoup de chance, en plus." Elle leva les yeux vers Ephiny. "Par Hadès, qu'est-ce qui se passe ici, Eph ?"

"Ça suffit maintenant." Bedda se leva et posa ses mains sur ses hanches. "Je me fiche que tu sois une Reine Amazone, j'ai 23 ans et je ne vais pas rester là et …Wow. "

Gabrielle balaya les jambes de la jeune fille avec son bâton en un arc de cercle serré, la jetant à nouveau sur le tapis sans ménagement. "Tais-toi." Elle lui lança un regard noir. "Ou tu n'aimeras pas avoir 24 ans."

L'Amazone se frotta les fesses. "Wow. Tu as un sacré coup de bâton."

"Gabrielle..." Ephiny faisait les cent pas devant le feu. "Je vais m'occuper de cette gamine... mais tu as parlé d’un scorpion ? Il n'y en a pas dans cette région."

"Je ne suis PAS une gamine." Grogna Bedda.

"TAIS-TOI." Aboyèrent Ephiny et Gabrielle en même temps, faisant sursauter Arès, qui se cacha sous le lit. La barde finit de lacer ses bottes et se leva, se dirigeant vers la porte avec son bâton sous le bras. "Nous en parlerons plus tard." Dit-elle par-dessus son épaule, en ouvrant le panneau de bois pour le traverser.

Elle se heurta à un corps grand et chaud qui toussa de surprise, mais qui l'attrapa et l'empêcha de tomber en arrière. "Oh."

Xena entra et ferma la porte. "J'ai sauté dans la rivière." Expliqua-t-elle laconiquement, son corps était à moitié trempé et portait des traces de boue sombre, ainsi que des rayures vertes provenant des feuilles qu'elle avait traversées. "Tu allais où ?" demanda-t-elle à Gabrielle, qui venait de reprendre son souffle.

"Te chercher." Répondit la barde simplement. "Tu as vu qui c'était ?"

"Attends." Ephiny s'approcha de Bedda. "Lève-toi... Je veux que tu sortes d'ici et crois-moi gamine... Je vais rendre visite à ton camp juste après avoir terminé ici." Elle poussa la fille en avant. "Pony !"

Eponine arriva en courant, dégageant les cheveux de son front. " Je viens de vérifier le périmètre... il n'y a rien. Eph... est-ce que... "

" Ouais. " répondit la Régente sinistrement. " Prends cette tête de courge sans plumes et ramène-la au campement d'Aslanta. Dis-lui que je veux lui parler juste après le petit-déjeuner."

"Hé !" objecta Bedda. "Je ne suis pas sans plumes !"

"Bouge-toi." Grogna Ephiny.

"D'accord... d'accord... "La fille lui lança un regard noir. "Ne laisse pas tes cuirs rétrécir sous la pluie."

La Régente la poussa dehors, puis elle claqua la porte et se tourna vers Xena et Gabrielle, passant ses doigts dans ses cheveux clairs et bouclés. "Ok."

Xena se dirigea vers le côté de la hutte et s'agenouilla, examinant la fine fléchette qu'elle avait évitée de justesse. Délicatement, elle renifla l'extrémité avant de grimacer. "Mauvais."  Elle se leva et traversa la pièce, se laissant tomber dans l'une des chaises et passa une longue jambe musclée par-dessus l'un des bras. "Je n'ai pas reconnu qui c'était".

Gabrielle se percha sur l’autre bras de la chaise et examina la fléchette. "Wow."  Elle la prit avec précaution et la passa à Ephiny qui les avait rejointes près du feu. " C’est juste quelqu'un de jaloux, ou..."

Ephiny examina la fléchette. "Pas avec ça." Elle échangea un regard avec Xena. "Ce truc paralyse tout ce qu'il touche... nous l'utilisons pour abattre le gros gibier, comme les grands mâles, ou parfois les sangliers." Elle la fit tourner entre ses doigts. "Ça arrête leur respiration."

La barde se pencha et regarda attentivement l'oreille de son âme sœur. "Xena... tu as failli être touchée." Elle tendit le bras et frotta la minuscule tache sombre à la surface de la peau de sa compagne.

"Mmm... ouais." Xena tapota doucement sa jambe. "Mais ce n’est pas arrivé... et à toi non plus." Elle retourna son regard vers Ephiny. "Tu veux me dire ce qui se passe ?"

La Régente s'assit et écarta les mains, en signe d’ignorance. "J'aimerais savoir... Je vous jure que tout a été calme ici ... juste les habituelles querelles entre les tribus... mais rien de tel... une de ces personnes est un assassin ? ".

Xena soupira. "Je ne sais pas." Elle tendit sa main et reprit la fléchette, l'examinant. "Difficile à dire, mais je ne pense pas que ce soit une dose létale". Elle réfléchit. "Pour moi, en tout cas." Elle regarda son âme sœur. "Je suis contente de t'avoir fait sortir du chemin."

Ephiny soupira et se frotta le visage. "Les gardes m'ont dit que tu les avais renvoyées." Elle regarda ses amies. "Je ne doute pas que tu puisses faire face à tout ce qui t'arrive, Xena... mais..." Elle observa à travers la faible lumière la guerrière échevelée, qui frottait distraitement une tache de boue sur sa joue. "Tu vas bien ?"

La guerrière lui retourna son regard. "Oui." répondit calmement Xena. "Je réfléchissais." Elle revit la poursuite dans son esprit, à travers la partie la plus épaisse de la forêt, sa proie fuyant devant elle et se déplaçant à une vitesse presque éthérée.

Elle l'avait presque rattrapée, pourtant. Seule la rivière au débit rapide l'avait sauvée, car la fuyarde avait plongé sans crainte, brisant l'eau dans un arc de cercle propre et athlétique qui l'avait ensuite emportée rapidement en aval.

Laissant derrière elle un rire moqueur, ainsi qu'un léger sentiment de familiarité.

"C'était une Amazone, Xena ?" demanda Ephiny, en se penchant en avant.

La guerrière se concentra sur elle, tandis qu'elle se penchait en arrière et sentait le bras de Gabrielle glisser sur ses épaules. "Je ne sais pas... peut-être." Elle haussa les épaules. "C'était une femme, ça j'en suis sûre, et elle portait des cuirs... taille moyenne, cheveux clairs... très mince."

"Mmm… ta description correspond au moins à une centaine de femmes autour de nous." Soupira Ephiny.

Xena étendit ses jambes et les étira, puis elle retira oisivement une limace de l’un de ses genoux. Elle la regarda et grimaça. "Rien de tel qu'une belle course dans la forêt à moitié nue pour te réveiller".

"Urgh." Gabrielle fit une grimace. "Je déteste ça... tu as vu Dori avec un de ces trucs la semaine dernière ?"

"Ouais." Gloussa Xena. "Je l’ai regardé faire… elle est allée la chercher sous le porche." La guerrière sourit au souvenir, puis elle envoya la limace par la fenêtre d'un geste rapide.

"Yow !" La tête d’Eponine apparut devant la fenêtre et elle retira la limace de son visage. "Pourquoi t'as fait ça ?"

"Désolée." Gabrielle s'excusa pour son âme sœur. "Qu'est-ce que tu fais dehors ?"

"Je monte la garde." La maîtresse d'armes s'appuya sur le rebord de la fenêtre. "J'ai quelques..." Elle se baissa pour regarder au loin. "'Excusez-moi."  Des voix s'approchaient, l'une d'elles argumentait.

Xena pencha la tête. "On dirait Cait." Un sourire apparu sur ses lèvres. "Je me demandais où elle était."

Ephiny soupira. "Tu sais, Xena... Je t'aime vraiment, vraiment beaucoup... mais un jour, un jour, ma chère amie, je te ferai payer de me l’avoir envoyée."

La guerrière la regarda avec une certaine surprise et un voile de douleur au fond des yeux. "Je croyais que c'était une bonne Amazone ?"

"Je n'irai pas me coucher." La voix de Cait était tranchante et énergique. "Pas après ce que je viens d'entendre sur les gens qui courent partout, je ne le ferai pas."

"Ça ressemble à une parfaite Amazone pour moi." Continua la guerrière dans un souffle, ce qui lui valut un coup de coude de son âme sœur. "Quoi ?"

Ephiny soupira et se leva d'un bond, allant jusqu'à la porte et la tira. "Par la ceinture d'Artémis, que se passe-t-il ici ?"  Elle s'appuya sur le cadre. "Cait... Je pensais que tu étais partie à l'ouest de notre territoire."

"Heureusement que je suis revenue." Déclara la jeune fille en jetant un coup d'œil derrière elle. "Salut." Elle envoya un sourire charmant à ses idoles. "C'est génial de vous voir."

La guerrière et la barde échangèrent un regard. "Entre Cait." Lui dit Xena, heureuse de voir leur jeune amie.

Cait se glissa entre les mains d'Ephiny et trotta jusqu'à elles en leur adressant un sourire, alors que Gabrielle se levait et la prenait dans ses bras. Xena se contenta de tendre la main et de donner une tape affectueuse sur la jambe de la jeune Amazone, tout en se penchant en arrière pour l'étudier.

Depuis un an qu'elles étaient rentrées chez elles, la jeune fille avait grandi, ajoutant des centimètres à sa taille fine et une couche de muscles bien affûtés à son corps. Elle portait ses cheveux clairs, presque blancs, dans une tresse Amazone typique, avec une boucle d'oreille unique qui pendait. Ses cuirs étaient usés, mais bien entretenus et elle ne portait pas la dague habituelle, mais au moins trois que Xena pouvait voir, deux à sa taille et une dans sa botte. "Bonjour Cait."

"Bonjour." La jeune fille lui sourit timidement. "Tu les as attrapés ?"

"Non." Xena secoua la tête.

"Dommage." Soupira Cait. "Eh bien, je pense que ça n'arrivera plus." Elle lança à Ephiny un regard plein d'espoir.

Ephiny mit ses mains sur ses hanches et étouffa un grognement exaspéré. "Si je te dis de faire autre chose, tu reviendras de toute façon, n'est-ce pas ?"

"Tout à fait." répondit agréablement Cait. "Je veux dire, je me suis occupée de ce truc de piégeage que tu as demandé, après tout." Elle hésita. "Je voudrais m'assurer que mes... amies... soient en sécurité."

Gabrielle mit un bras autour de ses épaules. "Je pense que c'est une excellente idée." Elle ignora le regard d'Ephiny. "Si tu es dehors, je pourrai convaincre Xena ici de faire une petite sieste."

Tout le monde regarda la guerrière, qui leva les deux sourcils vers son âme sœur en signe d'indignation.

Gabrielle lui adressa un doux sourire, puis elle jeta un coup d'œil à Ephiny. "Je crois que l'excitation est terminée pour ce soir".

Ephiny secoua la tête et leva les deux mains. "D'accord... d'accord... j'abandonne... Je vous verrai au petit déjeuner." Elle sortit, refermant la porte derrière elle et les laissa dans une semi obscurité paisible.

"Une sieste ?" grogna Xena.

"Excellente idée." Commenta Cait. "Je les aime bien moi aussi... surtout l'après-midi". Elle redressa un peu ses cuirs. "Je vais m’installer dehors... Pally est partie chercher des petites choses à grignoter avant de me rejoindre... Vous en voulez ?"

"Non... ça va." Gabrielle lui tapota l'épaule. "Vas-y... on se voit demain matin."

"Bien." La jeune fille leur fit un signe de tête rapide, puis elle se dirigea vers la porte, se glissant de l’autre côté sans bruit avant de la refermer derrière elle.

"Quelle nuit." Soupira Xena en croisant les bras. "J'aurais aimé attraper celle qui a fait ça."

"Mmm." La barde s'installa sur le bras de la chaise." Elle avait une bonne longueur d'avance." Lui rappela Gabrielle en voyant le début d'une moue grincheuse. "Et des bottes."

"Hmph." Les sourcils de Xena se froncèrent. "Je n'aime pas trop qu'on se moque de moi." Murmura-t-elle.

"Chérie... Je ne me moquais pas de toi." Répondit Gabrielle, d'une voix vaguement effrayée.

Les yeux bleus se levèrent vers son visage. "Non... pas toi... notre amie là-bas." Répondit la guerrière. "Elle savait qui la poursuivait... et elle a ri quand la rivière l'a emportée hors de ma portée."

"Oh." Oups. Un coup direct à cette bonne vieille fierté, hein. "Eh bien... elle n'aurait pas ri si la rivière n'avait pas été là." Dit-elle fermement. "Je peux le garantir." Elle caressa les cheveux de Xena en arrière, y détachant une feuille.

Les narines de Xena se contractèrent. "A quoi elle joue, je me le demande ?" Elle examina la fléchette, toujours légèrement serrée dans ses doigts. "Ça ne m'aurait pas tuée."

"Non... mais ça t'aurait assommée pour un moment, non ?" demanda Gabrielle.

La guerrière hocha la tête de manière sinistre. "Ouais... cinq, peut-être six jours... qui sait ? Ça varie d'une personne à l'autre."

La barde réfléchit à cela. "Peut-être que tu n'étais pas la cible... peut-être que c'était moi."

Surprise, Xena la regarda. "Quoi ?"

"Peut-être que quelqu'un voulait te mettre dans une position où tu ne pourrais pas m'aider." Répondit Gabrielle sérieusement. "Sans toi, je pourrais être la cible de beaucoup de choses... y compris d’un défi."

"Mmm."

"Sans compter que la coalition ici ne fonctionnera pas sans toi... nous le savons toutes les deux. Je peux les rassembler, mais c'est toi qu'elles regardent toutes." Continua la barde. "Et nous n'avons pas beaucoup de temps."

"Une personne d'Andreas ? Ici ? Une Amazone ?" Xena réfléchit. "Peut-être…mais tu sais quoi" Elle se tourna vers la barde. "Elle était habillée comme une Amazone, mais je ne pense pas qu'elle en était une."

"Non ?"

La tête sombre se secoua d'avant en arrière. "Non... Les Amazones ne sont pas des cavalières. Elle courait comme une personne qui a l’habitude de monter à cheval." Xena regarda ses propres jambes. "Leurs muscles se développent différemment... beaucoup plus ici." Elle frotta l'intérieur de sa cuisse. "Par rapport aux autres, tu marches et tu cours un peu bizarrement."

"Oh.... " Gabrielle ferma les yeux, imaginant son âme sœur en train de courir. Puis elle balança sa main d'avant en arrière. "Un peu comme un truc rebondissant."

"Mmhmm." Xena réfléchissait.

"Bizarre." Dit Gabrielle.

"Ouais." Approuva son âme sœur.

Il y eu un moment de silence, puis Gabrielle rit doucement, en se tournant et en offrant à son âme sœur une main tendue. "Allez... on a encore quelques bougies avant l'aube."

Eh bien, c'était vrai. Xena se leva et la suivit, se laissant tomber dans le lit confortable en permettant à la barde d'emmêler ses bras et ses jambes autour d’elle, l'entraînant doucement dans une paix somnolente. Attendez une minute... "Bondissante ?"

Gabrielle étouffa un rire et se blottit contre elle.

Le matin, avec toutes ses complications, viendrait bien assez tôt.

***********************************************************

A suivre dans la partie 10

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Commentaires
I
Merci pour ce chapitre.<br /> <br /> Au fil des chapitres,de la noirceur et de la violence qui montent en puissance.<br /> <br /> <br /> <br /> Isis.
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