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Guerrière et Amazone
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  • Vous trouverez ici des Fans Fictions francophones et des traductions tournant autour de la série Xena la Guerrière. Consultez la rubrique "Marche à suivre" sur la gauche pour mieux utiliser le site :O) Bonne lecture !!
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24 février 2023

La noirceur du matin chapitre 13

La noirceur du matin – Tome 14 – Melissa Good

 

Xena et Gabrielle se sont installées à Amphipolis et profitent de leur nouvelle fille, Doriana.

Mais est-ce bien le cas ? La vie est, comme Gabrielle le sait bien, une série de compromis. Pour obtenir une chose, il faut souvent renoncer à une autre.

 

Chapitre 13

Granella rentra dans l'hôpital de fortune en portant une pile de linges secs. Elle se déplaça rapidement parmi les hommes et les femmes agglutinés autour des paillasses. Xena était leur guérisseuse en chef, c'était vrai, mais plusieurs habitants du village avaient également été formés à cet art, une précaution prudente lorsque votre principal soigneur était également votre chef de guerre.

Elle avait été choquée, sans surprise, lorsque le chariot était arrivé et qu'ils avaient commencé à déplacer avec précaution les jeunes dans la pièce éclairée par des torches. En tant qu'Amazone et guerrière de longue date, elle avait déjà vu des blessures et du sang en grande quantité, mais la cruauté délibérée et désinvolte affichée ne faisait pas partie de son expérience.

Avec un soupir, elle secoua la tête et s'agenouilla aux côtés de Xena, tendant à la guerrière un morceau de linge propre. "Par les Dieux."

"Comme tu dis." Grogna Xena, ses mains couvertes de sang alors qu'elle recousait soigneusement le moignon du bras du jeune garçon.

Granella resta silencieuse, observant les mouvements réguliers de l'ex-Seigneur de guerre, et le regard calme, presque désintéressé, sur son visage. Elle s'était déjà occupée de deux des autres enfants, les plus gravement blessés, les autres avaient été pris en charge par deux villageois et Gabrielle. "Comment ont-ils pu faire ça à des enfants ?"

Xena termina sa tâche, recouvrant la peau à vif d'une pommade avant de poser un bandage par-dessus. Puis elle relâcha le point de pression qu'elle avait mis sur le garçon et soupira quand il gémit de douleur. "Doucement." Elle fit signe à un grand villageois d'avancer. "Mets-lui un peu de ça... pas beaucoup."

"Xena !" l’appela Toris de l'autre côté de la pièce où il était agenouillé à côté de Gabrielle. "Peux-tu venir voir ?"

Hochant la tête, la guerrière se leva et s'essuya les mains. "Garde un œil sur celui-là, Gran." Elle contourna le couchage sommaire et traversa la pièce, s'arrêtant lorsque le conducteur du chariot se mit sur son chemin.

"Est-ce que c’est vrai .... tu es vraiment Xena ?" L'homme avait un bras fracturé et le tenait maladroitement dans une écharpe de fortune qu'ils lui avaient mise. Sa voix était fatiguée, mais contenait une pointe d'émerveillement.

La guerrière le regarda. "Oui." Lui confirma-t-elle brièvement. "Excuse-moi." Elle le frôla et se rendit aux côtés de Toris, posant une main sur le dos de Gabrielle alors qu’elle s'installait à côté d'eux. "Qu’ils soient damnés."

C'était le plus petit des enfants, celui qui avait des bandages sur les yeux. Gabrielle les avait enlevés, et les serrait dans un poing en regardant avec horreur le visage du garçon. "Xena..."

Xena inspira lourdement. Les yeux de l'enfant avaient apparemment été arrachés, laissant une trace sanglante et sa bouche était ouverte, alors qu’il émettait de petits cris en respirant. "Hé." Elle posa une main douce sur son bras et il sursauta en réaction, sa respiration s'accélérant sous l'effet de la peur. "C'est bon... Je ne vais pas te faire de mal."

"M...m.. maman ?" chuchota l'enfant avec espoir. "Ma..maman ça fait mal."

Toris serra les poings de rage et baissa la tête. Gabrielle baissa les yeux alors que des larmes silencieuses coulaient sur sa tunique beige.

Xena se pencha plus près et posa soigneusement son autre main sur la tête du garçon, brossant en arrière les cheveux brun clair. "Calme-toi... ta maman n'est pas là, mais on va bien s'occuper de toi, d'accord ?" Elle regarda autour d’elle et attrapa une bougie à proximité pour étudier plus attentivement le visage du garçon. Elle inspira brusquement lorsque la lumière révéla les blessures du garçon.

Pas crevées, non... mais ses paupières avaient été coupées net, créant un amas de sang et de croûtes qui lui cachaient les yeux. Xena laissa échapper un souffle retenu. Il aurait probablement fini aveugle de toute façon, conclut-elle avec lassitude. "Ok, écoute-moi." Elle baissa la voix et l’enfant bougea légèrement. "On va te faire boire quelque chose et tu vas t'endormir, d'accord ?"

Il se tordit et cria, hoquetant de panique.

"Whoa..." Xena le retint avec précaution, avant de jeter un coup d'œil au chauffeur, qui le regardait avec anxiété. "Que lui est-il arrivé ?"

L'homme se lécha les lèvres nerveusement. "Ils l'ont surpris en train de dormir dans le champ pendant le travail... le pauvre... après la deuxième fois, ils... je suppose qu'ils se sont dit que ça l'empêcherait d'y penser."

La guerrière toucha doucement un point de pression et le garçon se détendit, s'affaissant sur le couchage. "Quand je trouverai la personne qui a fait ça..." déclara-t-elle calmement, en prenant la bassine d'eau chaude à proximité et un morceau de tissu pour nettoyer les yeux du garçon. "Je vais l'écorcher vif." Elle lava soigneusement les horribles plaies, nettoyant les croûtes avec des doigts doux.

Gabrielle lui tendit silencieusement un bandage frais quand elle en eut besoin et elle le mit en place, puis elle relâcha le point de pression et maintint le garçon au sol lorsque celui-ci se tordit dans tous les sens en hurlant de douleur. Cela prit plusieurs minutes, mais il finit par se calmer, ses cris se réduisant doucement à un hoquet fatigué. Xena relâcha ses épaules et s'assit, regardant la barde silencieuse à ses côtés.

Gabrielle remonta la couverture propre sur l'enfant et lui lissa les cheveux en arrière. "Je sais que ça fait mal... mais ça va s'arranger, je te le promets." lui dit-elle doucement. "D’accord ?"

Il se recroquevilla et mit son bras sur sa tête pour se protéger. Xena soupira et se leva, grimaçant en se redressant puis elle secoua doucement la tête en inspectant l'hôpital. Ce n'est pas la façon dont elle s'était imaginée passer la nuit. "Très bien... J'ai besoin de deux personnes pour surveiller ces enfants cette nuit... Les autres, allez dormir." Elle s'écarta un peu pour permettre à Gabrielle de se relever, puis elle reporta toute son attention sur la barde lorsqu'elle entendit une forte inspiration. "Hé."

Gabrielle se mordit la lèvre et se redressa lentement, en essayant de ne pas mettre plus de pression sur sa jambe. "Ow..." Elle inspira brusquement alors qu'une main se refermait fermement sur son bras. "J'ai dû me tordre quelque chose..." Des élancements brulant de douleur la poignardaient vers le haut, atteignant son aine alors qu'elle redressait sa jambe. Elle l'avait oublié dans sa hâte de s'occuper des enfants, mais sa position agenouillée avait permis à la blessure de se raidir.

"Tu ne m'as pas dit que tu étais blessée." Lui lança durement Xena. "Bon sang, Gabrielle."

"Ce n'était pas si grave..." protesta la barde. Elle essaya de faire un pas et laissa échapper un glapissement. "Ah... Xena... tu pourrais me crier dessus plus tard ? C'est un peu..."

La guerrière se rapprocha et passa un bras sous ses genoux, soulevant sa compagne pour la porter contre elle. "Ce n'était pas si grave, hein ?" Elle lança un regard noir à Gabrielle en s'éloignant des couchages et se dirigea vers l’entrée de la caverne. "Je devrais te laisser ici."

La barde resta prudemment silencieuse, glissant ses bras vers le haut pour entourer le cou de son âme sœur puis elle posa sa tête sur l'épaule de Xena tandis que la guerrière sortait de l’infirmerie et se dirigeait vers leur chambre. Elle leva les yeux vers le profil acéré de la guerrière et tenta un petit sourire lorsque Xena baissa les yeux et que leurs regards se croisèrent, le bleu orageux s'adoucissant alors perceptiblement.

"Qu'est-ce que je vais faire de toi ?" soupira Xena finalement, alors qu'elle entrait dans leur caverne.

La barde la regarda amoureusement. "Tout ce que tu veux." Murmura doucement Gabrielle, avec un petit sourire timide qui toucha son âme sœur et brisa sa réserve glaciale en l'espace d'un souffle. Elle la posa sur le lit et la barde relâcha son emprise sur le cou de sa compagne, s'allongeant doucement en continuant d’observer le visage de la guerrière marqué par l’inquiétude. " Ce n'était pas si grave, Xena... ça a dû se raidir pendant que je m’occupais des enfants." Elle posa une main sur son genou et grimaça en sentant le gonflement. "Je me suis un peu tordu le genou en courant."

"Oui oui." La guerrière la repoussa et détacha sa ceinture, poussant sa tunique vers le haut pour atteindre les lacets qui retenaient ses jambières. "Il me semblait bien que tu avais l'air un peu déséquilibrée."

"Mmm." Gabrielle s'était allongée et étudiait le plafond, retenant une petite grimace alors que son corps gérait les sensations contradictoires de la douleur de sa jambe et l'excitation chaude qui résultait du contact de sa compagne alors que Xena délaçait ses jambières et les faisait descendre. "Urf."

La guerrière s'arrêta alors qu'elle faisait glisser le tissu sur le membre blessé et s'appuya sur le lit, regardant le visage de sa compagne. "Qu'est-ce que c'était ?"

"Rien." Gabrielle mit ses mains derrière sa tête et remua le pied de sa jambe non blessée. "C'est horrible ce qu'ils ont fait à ces enfants, Xena."

"Je sais." La guerrière retourna à sa tâche, retirant doucement les bottes de la barde puis étudia son genou L'ecchymose s'étendait à travers l'articulation et remontait partiellement sur la cuisse de son âme sœur. Elle traça la ligne avec un doigt. "Je vais faire de ce village ma priorité quand les Amazones seront là."

"Tu penses que la mère de ce petit garçon est toujours là-bas ?" demanda la barde avec espoir. "C'est tellement affreux."

"Oui... pauvre gamin." La guerrière poussa un lourd soupir, alors qu'elle sondait la peau gonflée. Elle entendit son âme sœur prendre une légère inspiration lorsqu'elle appuya un peu trop fort. "Désolée... tu as vraiment un talent pour ça, Gabrielle." Elle caressa la peau douce à l'intérieur de la jambe de la barde de manière réconfortante.

"Ungh." Gabrielle mit un bras sur ses yeux. "Parfait." Sa jambe la faisait souffrir, mais elle sentait un contact doux et chaud et elle baissa les yeux pour voir la joue de Xena appuyée contre sa jambe, alors que la guerrière lui envoyait un regard plein de sympathie. "Aïe."

"Ouais." Xena redressa la jambe avec des mains prudentes, fléchissant un peu l'articulation. Elle s'arrêta quand elle entendit le sifflement douloureux et vit les doigts de la barde se crisper sur les couvertures. "C’est très gonflé à l'intérieur."

La barde souffla de frustration. "Tu peux faire quelque chose ?"

Xena se mordilla la lèvre, pensive. " L'envelopper... mettre de l'eau froide dessus... et du repos. " Répondit-elle en levant trois doigts l’un après l’autre à mesure qu’elle dictait ses conseils. "Si tu essaies de remarcher en t’appuyant sur ta jambe, ça va gonfler encore plus."

Gabrielle se frotta le visage d'une main. "Bon sang, Xena... Je ne peux pas rester allongée ici." Protesta-t-elle. "Je pourrais utiliser mon bâton comme une béquille, non ?"

"Nous verrons bien." Déclara sa compagne sombrement. "Peut-être que ça te permettra de rester tranquille pendant un jour ou deux."

La barde tendit une main et serra les doigts de son âme sœur. "Tu es toujours en colère contre moi ?" demanda-t-elle doucement, en sentant les sombres vibrations émaner de la guerrière et souhaitant soudainement que cela se termine rapidement. "S'il te plaît, ne le sois pas."

Xena souffla, envoyant un picotement chaud sur la jambe de la barde. "Tu m'as fait peur là-bas."

Gabrielle fit une grimace. "Je savais que tu allais arriver... Il fallait juste les retenir... Et j'ai fait une erreur, Xena... Je n'aurais pas dû essayer de faire descendre ce type de son cheval... c'était vraiment stupide." Elle se sentait un peu dégoûtée d'elle-même. "On aurait pu penser que j'aurais un meilleur jugement après tout ce temps."

La guerrière la regarda avec douceur et mélancolie. "Gabrielle... tu as tenu tête à une douzaine d'hommes armés à cheval avec un bâton." Elle posa une main sur le genou blessé. "Ne t'excuse pas... tu es l'une des meilleures combattantes que j'ai jamais côtoyées."

La barde resta sans voix.

"Ecoute... Je vais te porter jusqu'au bassin... et mettre ton genou dans l'eau pour réduire l'enflure." Continua la guerrière tranquillement. "Et après j’irai chercher Dori... et quelques rouleaux de viande ou autre chose au passage." Elle se redressa et passa à nouveau un bras sous les genoux de sa compagne. "Mets tes bras autour de mon cou."

Gabrielle obéit avec empressement, avant de resserrer son emprise et d’attirer la tête de son âme sœur vers le bas, l'embrassant avec une sincérité passionnée. Quand elles se séparèrent, elle regarda les yeux sombres avec intensité. "Je suis désolée."

Xena posa son front contre celui de la barde. "Nous aurons beaucoup plus de chances de nous en sortir... si tu es prête à faire face à tout ce qui t'arrivera". Murmura-t-elle. "Je l’ai réalisé aujourd'hui, Gabrielle... J'ai failli ne pas arriver à temps."

Oh. La barde laissa lentement échapper un souffle. "Je ne le savais pas."

Xena baissa les yeux. " Et Toris m'a fait remarquer quelque chose qui aurait dû être évident pour moi... que je t'ai désavantagée pendant tout ce temps en ne te montrant pas comment utiliser une lame de manière défensive. " Sa voix se fit plus basse. "C’est juste que..." Elle hésita maladroitement. " C’est juste que ça m’a fait penser à la fois où tu me l’avais demandé... Perdicus."

" Oui... j'y ai pensé après te l’avoir demandé. " admit Gabrielle. "Mais je ne suis pas la même personne que j'étais alors."

"Je sais." La guerrière garda la tête basse.

"Et tu n'es pas la même personne non plus."

"Je sais." La réponse fût beaucoup plus douce. "Mais il y a une partie de moi qui veut tellement... te protéger de ça, Gabrielle... même après tout ce qui s'est passé." Xena leva les yeux au ciel. "S'il te plaît, ne m'en veux pas."

"Je ne t'en veux pas." Répondit-elle. "Et une partie de moi a envie de céder à ça... juste pour me blottir contre toi et te laisser me protéger." La barde emmêla ses doigts dans les cheveux noirs. "Mais ma conscience m'en empêche."

Xena soupira.

Gabrielle embrassa sa tête doucement. "Et de toute façon... on ne pourra rien faire jusqu'à ce que je puisse marcher à nouveau." lui rappela-t-elle avec ironie. "N'est-ce pas ?"

Xena acquiesça après avoir finalement relevé la tête. "Je peux t'apprendre quelques tours en étant assise si tu veux." répondit-elle après un moment. "J'ai dû en apprendre quelques-uns moi-même, il y a longtemps."

La barde lui sourit, soulagée en sentant la tension qui pulsait en elle depuis qu’elle avait posé cette fameuse question, se relâcher doucement. Elle passa un moment à se délecter de leur proximité, avant de se redresser et de laisser échapper un petit juron. "Bon sang".

Xena cligna des yeux. "C'était pour quoi ?" Elle baissa les yeux. "Ton genou te fait si mal ? Laisse-moi aller chercher quelque chose pour calmer la douleur."

" Non... " Gabrielle soupira. "J'ai laissé mon journal à l'avant-poste." Elle regarda sa compagne. "Et je préférerais vraiment que personne ne le lise."

Xena lui ébouriffa les cheveux avec une profonde affection. "Je vais aller te le chercher." Elle se retourna quand Ares entra en trottinant, plongeant rapidement sous le lit avec un gémissement. "Ares... qu’est-ce qu’il t’arrive, bonhomme ?"

Toris apparut dans l'entrée, berçant Dori dans ses bras et se racla un peu la gorge en les voyant si proches l’une de l’autre. "Désolé... hum... elle rendait folle la nounou à crier pour vous appeler."

"Maman !" Le bébé, très malheureux, se tortillait dans ses bras.

Xena relâcha sa compagne et se leva, passant une main dans ses cheveux en traversant la pièce. "Viens là, ma chérie." Elle prit sa fille des bras de Toris. "Alors comme ça tu cries, hein ?"

"Boooooo....apa." Dori tira sur son col avec colère, une mine renfrognée sur le visage. "Pas partir !"

La guerrière cligna des yeux. "Tu me cries dessus ?" grogna-t-elle doucement au bébé, qui lui donna une claque sur le nez. "Hé !"

"Bon sang, elle a du caractère." Toris secoua sa tête. "Tu vas bien, Gabrielle ?"

La barde reposa son poids sur ses coudes. "Je me suis tordu le genou... mais oui... amène-la par ici, Xena... elle a peut-être faim."

"Peut-être." Murmura la guerrière en apportant le bébé en colère à sa mère. "Tiens. Je reviens tout de suite... vois si tu peux la calmer." Elle relâcha le bébé et repartit rejoindre son frère à l'entrée.

"Boo !" cria Dori d'indignation en la pointant du doigt.

"Chut... chérie... doucement." Gabrielle tentait de bercer sa fille dans ses bras en la câlinant. "Boo va revenir tout de suite... elle va nous chercher à manger."

Dori grogna tout de même de mécontentement puis commença à mâchouiller un des lacets de Gabrielle. "Non."

La barde lui caressa doucement les cheveux et embrassa sa tête. "Non... c'est bon, chérie... elle va revenir, d'accord ?" Elle leva les yeux vers le visage inquiet de sa compagne. "Ne tarde pas trop, je pense."

Avec un regard perplexe, Xena disparut, suivie par un Toris tout aussi déconcerté. Gabrielle frotta doucement le bras de Dori. "Qu'est-ce qui se passe, Dori ?"

Les yeux du bébé étaient fixés sur l'entrée. Elle eut un hoquet, puis se mit à pleurer de façon intermittente, malgré les efforts de la barde pour la calmer. Elle continua, inquiétant sa mère, jusqu'à ce que Xena soit de retour, très peu de temps après être partie, inquiète du comportement de sa fille.

"Elle a été comme ça tout le long ?" La guerrière s’approcha rapidement et déposa ce qu’elle avait apporté à côté de la barde. "Elle est peut-être malade."

Dori releva la tête au son de la voix de Xena et arrêta de pleurer, suçant un doigt à la place et hoqueta. "Booo."

" Je suis là... je suis là... " La guerrière se pelotonna à côté de Gabrielle et caressa le visage du bébé. "Qu'est-ce qu'il y a, hein ? Tu ne te sens pas bien ? " Elle tendit un doigt et le bébé s'y accrocha, saisissant sa main et la tirant plus près. Xena s’installa plus confortablement, enroulant son autre main autour de la clavicule de la barde et posa sa tête sur l'épaule de Gabrielle.

La guerrière et la barde échangèrent des regards déconcertés. "Je ne comprends pas." S’exprima Gabrielle en fronçant les sourcils.

"Moi non plus." Avoua Xena, honnêtement. Elle se déplaça un peu et tira le plateau en bois qu'elle avait apporté pour le rapprocher, puis elle se baissa pour délacer ses bottes. Dori leva la tête pour la regarder, puis la reposa quand il lui parut évident que la guerrière n'allait nulle part. "Tu penses que c’est tous ces changements qui la contrarient ?"

Gabrielle caressa doucement les cheveux de sa fille. "Je ne sais pas... " Le bébé était content de rester dans ses bras et ne se battait pas pour aller vers Xena, elle semblait juste vouloir que la guerrière soit à proximité.

Bien. La barde sourit un peu. C'est ma fille, non ? Peut-être que c'est aussi héréditaire. "Je crois qu'elle n'aime pas qu'on soit tout le temps loin d'elle". Elle se pencha plus près du bébé. "C'est ça, chérie ? On te manque ?"

"Bck." Dori suça son doigt d'un air satisfait.

"Hum." Xena regarda sa fille. "Ça pourrait être un problème." Déclara-t-elle, en se hissant hors du lit pour attraper un morceau de linge plié, avant de se diriger vers la source d’eau et de le tremper dedans. "Il va y avoir beaucoup d'agitation ici très bientôt." Elle se releva et revint vers elles, puis s'agenouilla et enveloppa le genou de la barde avec le tissu.

"Yeow !" glapit Gabrielle. "C'est froid !"

"Maman." Protesta Dori en tournant la tête pour regarder Xena. "Boo."

"Je sais que c'est froid... c'est le but." La guerrière lui lança un regard. "Comment tu te sens maintenant ?"

"Frigorifiée." Répondit la barde promptement, recevant un autre regard en retour. "Oh... attends... oui." Elle sentait que la tension palpitante et douloureuse commençait à s'atténuer. "Ouais... c'est un peu mieux." Elle soupira de soulagement. "Mon Dieu, je me sens si stupide d'avoir fait ça."

Xena s'installa à côté d'elle et accepta un rouleau de viande que la barde lui présentait. "Pourquoi ? Ça arrive, Gabrielle." Elle mâcha la viande couverte de pâte pensivement. "Il faisait sombre... tu t'es tordu la jambe... Hadès sait que ça m’est arrivé une paire de fois."

"Ouais...bien…" La barde lui jeta un regard penaud. "Ce n'est pas... hum... en fait, j'ai sauté par-dessus le mur de l'avant-poste et j'ai oublié que la pente était là."

Xena couvrit ses yeux d'une main. "Gabrielle." Elle jeta un coup d'œil à sa compagne, ne pouvant retenir un sourire devant l'expression chagrinée de son visage. "Tu as de la chance de ne pas t'être cassé quelque chose."

Gabrielle soupira. "C'est ce que je récolte à force de te côtoyer tout le temps... Je commence à penser que des trucs comme ça, c'est quelque chose que tout le monde peut faire." Elle laissa Dori enrouler sa main autour d'un de ses doigts. "Même moi." Ajouta-t-elle doucement.

Xena l'entoura de ses deux bras et la serra contre elle. "Tu l'as fait, ma barde... tu n'as pas entendu ce type qui parlait à la garde ? Tu as sauvé ces gens." Dit-elle à sa compagne avec douceur. "Si tu n'avais pas envoyé l'alarme et retenu ces hommes, ils seraient morts... tous."

"Maman." Dori gazouilla d'un air endormi, bailla et serra les poings. "Boo."

Oh. Gabrielle ferma les yeux, se délectant de la sensation d'être entourée d'amour. Je suppose que j'ai fait ça...

"Et bien que tu m'aies fait une peur bleue, je suis très fière de toi." Continua Xena, avec un sourire.

Gabrielle tourna la tête et lui lança un regard d'adoration qui fit remonter brusquement à l'esprit de la guerrière, le souvenir de la jeune gamine de Potadeia. "Merci." Répondit la barde, ayant dépassé le besoin de cette approbation, mais jamais l'envie de la recevoir.

Elles partagèrent leur dîner dans un silence paisible tandis que Dori dormait paisiblement. Xena se leva à plusieurs reprises pour remplacer la compresse froide sur le genou de Gabrielle. "Hé, Xena ?" demanda la barde, quand elles eurent fini et qu'elle fut blottie dans l'étreinte de la guerrière.

"Hum ?"

"Tu vas vraiment dépecer ce type ?"

Un soupir. "Non."

"Oh."

"Honnêtement, Gabrielle... Je suis... et je l'ai toujours été, une personne qui prend plaisir lorsque les choses sont faites rapidement." Admit la guerrière. "Je n'ai jamais eu la patience de torturer."

Duh. Je le savais. "Ah." La barde la regarda de travers. "Sauf pour les tortures de chatouilles. Tu sembles avoir une patience illimitée pour ça."

Le visage de Xena se détendit dans un sourire malicieux. "Tu as toujours été l'exception à la règle, Gabrielle."

Mmm. Gabrielle repoussa cette pensée en s'appuyant sur le corps chaud de son âme sœur, laissant les anxiétés et les tensions de la journée s'éloigner d'elle, tandis que ses yeux clignaient et devenaient lourds.

La guerrière écouta la respiration de sa compagne qui s'enfonçait dans le sommeil, bien calée dans ses bras, avec Dori lovée contre son cœur. Pendant un moment, Xena laissa son regard reposer sur elles tranquillement, avant de dériver vers les étoiles dans une contemplation paisible.

*******************************************

La pluie la réveilla. Dori était couchée tranquillement dans son berceau, le balançant doucement, tout en regardant l'eau arriver et tomber dans la piscine à proximité. "Bck." Elle la pointa du doigt, puis s'en désintéressa et reporta son attention dans l'autre direction, vers le grand lit, faiblement visible dans la pénombre.

"Maman." Chuchota-t-elle, en voyant les cheveux clairs les plus proches d'elle. Il n'y eu pas de réponse, alors elle essaya à nouveau. "Maman !"

Elle eut une réponse, mais pas celle qu'elle attendait. Une paire d'yeux bleus apparut et un sourire la fit sourire en retour. "Boo !"

La voix basse et rauque qu'elle aimait entendre lui répondit. "Hé gamine... tu es déjà réveillée ?"

"Bck." Dori décida qu'elle voulait être plus proche d’elles, alors elle se tortilla et enleva ses couvertures, puis elle descendit de son berceau et atterrit sur le sol dans un bruit sourd. "Goo."

"Hé... attention."

La roche était dure. Elle décida qu'elle n'aimait pas ça. Elle se leva et trottina jusqu'au lit, puis s'accrocha au bord avec ses deux mains et regarda vers le haut. "Maman."

"Chut." Lui souffla Boo. "Maman dort... ne la réveille pas."

Maman dormait, elle pouvait le voir. Maman tenait Boo, ce qui était bien, et Dori savait qu'elle aimait faire ça aussi. Boo était agréable et chaude et cela faisait du bien de la tenir dans ses bras. Elle décida de se rapprocher d’elle et fit le tour du lit jusqu'à l'autre côté. "Boo !" Elle leva ses mains impérieusement. "Porte."

Dori aimait quand Boo la prenait dans ses bras. C'était comme voler, beaucoup plus vite que lorsque maman le faisait ou les autres personnes. Elle gloussa et attrapa sa Boo, appréciant la bonne odeur qui l'entourait. Puis elle vit l'oreille de maman à proximité et la tira.

"Hé." Maman ouvrit grand les yeux. Dori gloussa. Elle avait l'air si drôle quand elle faisait ça.

"Oups. Désolée pour ça." La voix de Boo la distraya et elle leva les yeux, mais Boo regardait Maman, qui se frottait les yeux. "Dori, ce n'était pas gentil."

Uh oh. Dori fit la moue. Boo était en colère. Elle n’aimait pas ça. Boo lui tira doucement l’oreille à son tour et elle tapa sur la main de Boo en retour. "Mauvais !"

Boo et Maman rirent. Dori n'aimait pas ça, alors elle fit une grimace. Puis Maman mit ses bras autour de Boo et la prit dans ses bras. Le visage de Maman avait toujours l'air si captivant quand elle faisait ça, tout beau et heureux. Cela donna envie à Dori de sourire, alors elle le fit.

Elle avait faim. Boo avait généralement une friandise quelque part, alors elle rampa et tira sur les cordes autour du cou de Boo. "Umm..." Cela lui donna une baie, qu'elle fourra dans sa bouche et mâcha. "Mmm."

"Tu aimes ça, hein ?" lui demanda Boo, mais elle donna une autre baie à Maman au lieu d'elle. Elle n'aima pas ça, alors elle tapa Boo pour attirer son attention. "Boo !"

"Hé... fais attention." La voix de Boo était devenue toute dure et basse, ce qu'elle aimait, alors elle rit avec plaisir.

"Oh... tu es si intimidante." Maman rit et elle toucha Boo, ce qui fit sursauter Boo et rire Dori.

C'était amusant. Elle aimait être avec Maman et Boo et elle décida qu'elle n'allait plus les laisser partir. Un bruit attira son attention et elle vit des oreilles pointues et duveteuses dépasser du lit. "Guff !" Elle attrapa les oreilles, faillit tomber de Boo, mais elle réussit à s'y accrocher.

La bête poilue fit un bruit et elle tira plus fort, jusqu'à ce que Boo détache ses mains de l’animal. Il s'enfuit et se cacha sous le lit et elle fronça les sourcils quand elle ne le vit pas revenir. "Bck !"

"Hé... arrête ça." Boo était encore en colère. "Sois gentille, Dori."

Boo disait toujours ça. Dori n'avait aucune idée de ce qu'elle voulait dire, par contre. Elle s'amusait juste. Elle tira sur les ficelles de Boo à nouveau et gloussa, rebondissant sur elle, ce qui la fit sourire. Peut-être qu'elles pourraient aller voler aujourd'hui. Ça manquait à Dori.

Elle se coucha sur Boo et décida de faire une sieste, en attendant.

"C'est un sacré personnage". Soupira Xena, en posant une main protectrice sur le corps de Dori, maintenant étalé sur sa poitrine dans un abandon paisible.

"Mm." Gabrielle se blottit contre elle et bailla. "Pauvre Ares... il va finir sans oreilles à ce rythme."

La guerrière renifla doucement. "Comment va ton genou ?" Elle baissa une main sous les couvertures et toucha l'articulation. "Toujours gonflé."

"Ungh." Gabrielle grimaça en fléchissant un peu sa jambe. "Ow." Elle avait mal et quand elle essaya de la plier, la douleur remonta de sa jambe jusqu'à son estomac. En étouffant un gémissement, elle étira le membre droit et souffla. "Bon sang."

"Hm." Xena lui frotta la nuque de façon réconfortante. "Tu restes au lit aujourd'hui, ma barde. C'est un ordre."

"Xena... sérieusement... il y a beaucoup trop de choses à faire." Protesta son âme sœur. "Je ne peux pas rester allongée ici toute la journée... Je vais devenir folle !" Elle fronça les sourcils. "Hé... Je peux aller dans la grotte principale... éplucher des légumes ou autre chose."

Le bruit des bottes sur la roche les alerta et Xena jeta un coup d'œil vers l'ouverture lorsque son frère passa la tête, ses cheveux noirs très ébouriffés et ses yeux mi-clos. Il les regarda en clignant des yeux. "Tu ne dors jamais ?"

Xena ignora la question. "Qu'est-ce qu'il y a ?"

Toris étouffa un bâillement. "Je viens d'avoir des nouvelles de l’avant-poste... on dirait qu'on va avoir de la compagnie…. Une éclaireuse est arrivée pour nous prévenir que les Amazones seront là pour l'heure du déjeuner."

"Youpiii." gémit Gabrielle en enfouissant son visage dans la chemise de Xena. "Je n'ai pas fini leur grotte, Xena."

"Eh bien." La guerrière se mordilla un peu la lèvre. "Ce n’est pas fini... mais c'est praticable." Commenta-t-elle. "On devrait pouvoir te trouver quatre Amazones... et elles pourront te porter sur leurs épaules."

Gabrielle releva la tête et rampa le long du corps de Xena pour la regarder droit dans les yeux. "Ne plaisante pas avec ça."

La guerrière sourit. "Je ne plaisantais pas." Elle tourna la tête. "Qu'est-ce que t'en penses, Toris... quatre d'entre elles feront l’affaire, non ?"

Toris s'était appuyé contre le mur, les jambes croisées au niveau des chevilles. "Oh... ouais, ça suffira... J'ai des tapis, elles pourront aussi l'éventer pendant qu'elles marchent". Approuva-t-il aimablement. "Tout le monde parle d'elle de toute façon".

Gabrielle sentait qu'elle rougissait. "Vous allez me le payer, je vous préviens." Les menaça-t-elle férocement. "Arrêtez ça."

"Mais Gabrielle... tu voulais sortir du lit, non..." protesta Xena, puis elle s'interrompit en voyant la fureur tournoyer dans les beaux yeux verts si proche des siens. Elle se redressa et tapota la joue de la barde à la place. "Ok... pas de porteuses Amazones."

"Mmph." Gabrielle laissa son menton retomber sur l'épaule de sa compagne.

"Merci, Toris... J'allais me lever de toute façon." Xena soupira. "Avec ce temps, ça va être le bordel ici lorsqu’elles arriveront."

"Ungh." Toris bailla et lui fit signe de la main. "Je retourne au lit. Amuse-toi bien dans la boue, sœurette." Il repartit d'un pas lourd.

La guerrière et la barde se regardèrent dans la lumière tamisée. Xena pinça doucement le nez de sa compagne, qui tressaillit en réaction. "Tu vas être occupée à partir de maintenant."

Gabrielle hocha la tête en silence. "Oui..." Elle se tourna sur le côté et posa une main sur le ventre de Xena, frottant distraitement la peau avec son pouce. "Tu n'étais pas sérieuse à propos des Amazones, n'est-ce pas ?"

Xena gloussa doucement. "Je pense que tu le mérites... Je pense que tu serais sacrément mignonne si elles le faisaient... mais non". Elle repoussa paresseusement les cheveux du front de Gabrielle. "On n'en entendrait jamais la fin."

"Mmm." Les doigts de Gabrielle trouvèrent leur chemin sous le tissu doux de sa chemise et touchèrent la peau chaude. "Hé, Xena ?"

"Ouuuiii ?" répondit la guerrière sur un ton bas et sexy.

"Est-ce que tu... hum... dois... te lever maintenant ?" demanda Gabrielle, innocemment.

Sans un mot, Xena se leva et déposa Dori dans son berceau, puis elle retourna au lit et resta debout un moment, éclairée par la lumière grise et les éclairs bizarres. "Tu avais quelque chose d'autre en tête ?" dit-elle d’une voix trainante.

Gabrielle se retourna sur le dos et laissa ses lèvres se transformer en un sourire. Puis elle se redressa et saisit le bord de la chemise de Xena pour tirer dessus. "Oui, c’est possible." Répondit-elle dans un murmure.

Xena s'abaissa lentement, plaçant un bras de chaque côté de son âme sœur et se suspendit au-dessus d'elle, rencontrant ses yeux, et observa le regard de son âme sœur s’ombrager alors qu’elle la regardait avec un désir non dissimulé.

La guerrière prit une inspiration face à la décharge de plaisir qui la frappait, renforcée par les mains qui se glissaient sous sa chemise et caressaient sa peau. Elle plia les bras et rencontra les lèvres qui l'attendaient, puis après un moment elle baissa la tête et enleva d'un geste taquin avec ses dents un lacet sur le devant de la chemise de la barde, la libérant et écarta le tissu pour la mordiller légèrement.

"Quelque chose de ce genre ?" murmura-t-elle, en travaillant sur l’ouverture, léchant doucement la peau qui apparaissait à mesure qu’elle écartait la chemise.

Gabrielle mit un moment avant de pouvoir respirer suffisamment bien pour répondre. "Tu lis dans mes pensées." Elle fit glisser la chemise de sa compagne vers le haut et se rapprocha, goûtant la peau chaude et musquée avec un sentiment de plaisir décadent.

"Oh…. Vraiment ? " Le faible grondement de Xena résonna presque dans son oreille, alors que les dents de la guerrière se frayaient un chemin autour du bord de celle-ci, mordant doucement le lobe alors qu'un doux son lui échappait. "Désolée... je n'ai pas compris, qu’est-ce-que tu disais ?"

Gabrielle perdit la trace de la réponse alors qu'elle sentait l'air frais de la pièce dériver sur sa peau, immédiatement remplacé par un picotement de chaleur puissant lorsque le corps de Xena se frotta légèrement sur le sien. Le bruit de la pluie qui tombait prit un rythme et elle s'y laissa prendre, s'abandonnant au moment présent et à la passion de leurs âmes.

*******************************

Xena se promenait dans la zone qu'ils avaient réservée à la cuisine, avec Dori dans le creux d'un de ses bras. Elle salua aimablement les villageois présents et se dirigea vers la marmite de céréales chaudes qu'ils avaient laissée sur le feu. "Qu'en penses-tu, Dori... des flocons d'avoine ?"

Le visage du bébé se plissa. "Bck."

Xena rit. "Comme ta maman." Elle récupéra un bol pour elle et des biscuits et des fruits pour Dori, puis elle s'assit à l'une des tables tout juste fabriquées où quelques miliciens prenaient leur petit déjeuner.

"Bonjour Xena." Jeris lui lança un regard timide en tendant un pichet. "Est-ce que tu veux du cidre ?"

La guerrière poussa sa tasse. "Bien sûr." Elle avala une bouchée de céréales et tendit un morceau de biscuit à Dori, puis elle écrasa un peu de pomme pour elle.

"Hum... comment va Gabrielle ?" demanda l'homme à côté d'elle. "Sa jambe va mieux ?"

"Pas vraiment. " répondit Xena, avant de prendre une gorgée du cidre. "J'essaie de la faire rester au lit aujourd'hui." Elle prit une autre bouchée de céréales et la mâcha. "Quelqu'un est déjà allé vérifier ces enfants ce matin ?"

"Je l'ai fait." Répondit calmement la jeune femme en face d'elle. Elena était l'une de leurs assistantes guérisseuses, une femme petite et musclée aux mains douces et qui aimait prendre les choses en charge. "Ils vont bien... ils ont juste besoin de temps et de gentillesse." Elle soupira, retournant une pomme entre ses doigts. "Xena, quel genre de personnes fait des choses pareilles ?"

La guerrière secoua la tête. "Des gens qui ont perdu tout respect pour eux-mêmes ou pour les autres." Elle écrasa un peu de poire et regarda sa fille l'enfoncer dans sa bouche à deux mains. "Dori... vas-y doucement... ça ne va nulle part."

Le bébé la regarda en clignant des yeux puis Dori lui tendit un poing couvert de poire. "Urg ?"

"Non merci." Xena offrit sa cuillère au bébé. "Tu veux un peu de ça ?"

Dori tira la langue.

"Comme tu veux." La guerrière avala un peu de cidre. "Très bien... nous avons environ trois cents personnes qui arrivent aujourd'hui, si tout va bien."

"C'est à peu près ça... " dit Jeris. "C'est ce que l'éclaireuse a dit... les Amazones, plus les anciens et les enfants d'Amphipolis."

Xena suça sa cuillère et hocha la tête. "Il leur faudra un peu de temps pour s'installer... Je leur parlerai quand elles seront là... pour m'assurer qu'elles connaissent les règles de base."

Des sourires rapidement cachés firent le tour de la caverne. "Nous allons faire en sorte qu’elles s’intègrent rapidement, Xena." La rassura Elena. "Nous savons comment tu aimes les choses." Un gloussement répondit à cela et des hochements de tête suivirent.

Involontairement, la guerrière frissonna. "Eh bien, vous connaissez les Amazones... elles ont leurs propres traditions." déclara-t-elle doucement, curieuse de savoir ce qu'ils allaient dire.

"Nous avons dû nous adapter... elles doivent le faire aussi." Déclara Elena calmement, mais fermement. "Sans vouloir offenser Gabrielle, nous avons appris à les connaître au cours de l'année dernière... et nous n'allons pas les laisser venir ici et commencer à chambouler la façon dont tu as géré les choses."

Les regards étaient tournés vers elle, Xena pouvait les sentir, bien qu'elle ait conservé son regard sur son bol. Sa façon, avait dit Jocelyn. Elle avait oublié ce que ça faisait exactement.

"Boo !" Dori se renfrogna et frappa son bras avec un poing de bébé, avant de lui montrer des poires.

Xena sourit pour elle-même, puis elle leva les yeux. " Ce sera une discipline différente, c'est sûr... vous avez raison de vous inquiéter. " Elle écrasa un peu plus de fruits pour sa fille exigeante. "Nous allons devoir travailler tous ensemble, mais Gabrielle s'assurera qu'elles savent ce qu'elles peuvent changer et ce qu'elles ne peuvent pas."

"Bien." Approuva Elena. "Alors... Gabrielle sera en charge d’elles, c'est ça ?"

La guerrière hocha la tête. "Oui." Elle se leva, ramassa son bol et son gobelet et les apporta jusqu'à la bassine de lavage. "Elle a élaboré le traité qui est à l’origine de leur participation et de leur venue ici... et elle les a convaincues de se joindre à nous."

"Wow." Jeris sourit. "On entend toujours parler des vraies Amazones, qui vivent en tribu et ne se mélangent pas et tout ça... ça a dû les secouer pour qu'elles se réunissent toutes ensemble."

Intérieurement, Xena trouva tout cela délicieusement ironique, mais elle se contenta de hocher la tête. "Il ne s'agit pas de ça. Nous sommes tous ici car nous avons un objectif commun... Souvenons-nous-en, d'accord ?"

Tout le monde acquiesça sérieusement, tandis qu'elle prenait Dori et la plaçait dans le creux de son bras. "Elles vont apporter beaucoup de matériel... Assurez-vous que les cavernes soient dégagées... Je ne veux pas qu'elles trébuchent sur des trucs en essayant de décharger ces wagons." Un coup de tonnerre résonna au-dessus de leurs têtes. "Surtout avec ce temps."

Un murmure d'approbation accueillit ses paroles et elle sortit, s'arrêtant un moment à l'entrée pour regarder la pluie tomber. La vallée, déjà verdoyante, ployait sous sa force, et elle pouvait sentir l'odeur épaisse de la végétation meurtrie, tout comme le vent humide qui soufflait sur son visage.

"Bck." Dori tira ses cheveux en signe d'agacement, s'essuyant le visage avec son autre main alors que la brume la recouvrait.

"Oups... désolée." Xena utilisa sa manche pour sécher le visage de sa fille, puis elle retourna à l'intérieur et se faufila dans la caverne de stockage principale, inspectant les boîtes, tout en faisant une liste mentale des fournitures qu'ils devraient obtenir pour créer une force aussi importante que celle qu'elle espérait avoir ici.

C'était calme, car la plupart des miliciens étaient en train d'installer des couchages dans d'autres cavernes. Elle s'arrêta soudain pour écouter, lorsqu’elle pensa avoir entendu un bruit, faible et lointain.

Dori s'agita et elle posa une main apaisante sur la tête du bébé pour la calmer, puis elle se raidit lorsque ses sens l’alertèrent qu'une présence, qu’elle n’avait pas sentie depuis longtemps, se fit ressentir à nouveau, heurtant ses nerfs avec une force écœurante.

"Je ne t'ai pas sentie depuis un moment." Xena sentit sa voix se transformer en grognement. "Alors montre-toi, ou va-t'en."

Il y eu un moment de silence, puis un bruit sourd se fit entendre et l'odeur de l'air froid et sec traversa la caverne alors qu’une fine brume entourait l'endroit où une grande silhouette aux cheveux noirs en sortit et la regarda intensément, les yeux brillants et attentifs. "Incroyable la façon dont tu fais ça à chaque fois."

Xena le fixa, une expression glaciale sur le visage. "Qu'est-ce que tu veux ?"

"Ah... allez, Xena..." Ares fit un pas mais s'arrêta lorsque le corps puissant qui lui faisait face se raidit de façon menaçante. "Tu as toujours cette rancune qui tourne dans ta belle tête, hein ?"

"Tu te souviens de la conclusion à laquelle tu étais arrivé, Ares ?" répondit Xena avec amertume. "A propos de ce que je ressentirais si jamais... si jamais... tu touchais Gabrielle ?" Elle lui sourit, sans aucune trace d’humour. "Tu avais raison."

Il leva les mains. "Ah ah ah... Je ne l'ai pas touchée... pas un seul doigt, Xena... Je ne l'ai pas jetée dans ce puits... elle a sauté, tu te souviens ?"

La guerrière sentit la colère froide qu'elle avait retenue, éclater. "Tu n'avais pas besoin de la toucher... ta petite discussion a suffi ! Quoi, tu ne pensais pas qu'elle me le dirait ?"

Ares se gratta la barbe puis leva la main. "Honnêtement, Xena... Je ne pensais pas qu'elle serait autre chose qu'une gêne pour toi." Il replongea son regard dans la rage à peine contenue. "Mais si tu penses que je vais m'excuser de t'avoir gardée en vie... ah... désolé." Il lui sourit. "Je ne le ferai pas, ma belle."

Xena le regarda fixement, souhaitant le détester autant qu'elle le voulait vraiment. "Qu'est-ce que tu veux ?" demanda-t-elle à la place.

Il tenta sa chance et se rapprocha un peu plus. "Ecoute, beauté... Je sais que je ne suis pas ta personne préférée... et c’est bien dommage, mais... tu sais comment ça fonctionne, Xena... tu dois faire ce que tu dois faire... et porter un toast à tes funérailles n'était pas dans mon intérêt."

 Xena se contenta de le regarder froidement.

"Pas même un merci ?" reprit Ares. "Allez, Xena... tout s'est bien fini, n'est-ce pas ?"

"Pas grâce à toi." La guerrière serra les dents. "Et non, non merci, Ares... toi et moi savons que rester en vie n'était pas quelque chose que je voulais ce jour-là." Xena repoussa brutalement un bref souvenir du moment terrifiant où elle avait été arrêtée en plein élan alors qu’elle essayait de rattraper le corps de son âme sœur.

"Mais tout s'est bien fini..." lui rappela Ares. "Réfléchis, Xena... si je ne t'avais pas arrêtée... " en se rapprochant encore davantage. "Ça aurait été un choc brutal, hein ?"

"Quoi ?" Xena bougea légèrement Dori dans ses bras, qui restait heureusement silencieuse. "Peu importe… je me fiche de ce que tu veux." Elle le regarda fixement. "Je n'ai pas besoin d'un serviteur de Dahak par ici."

Le visage d'Arès se crispa. "Ce n’est pas gentil ça, Xena."

"La vérité blesse ?" Le provoqua la guerrière, en écarquillant les yeux exagérément pour simuler l’inquiétude. "Comment était le goût de ses bottes, hum ? Tu as aimé être sa petite pute ?"

"Fais attention, Xena." La prévint le Dieu doucement.

"Tu as vendu ta propre espèce et tu viens ici me menacer ?" lui cracha Xena. "Dégage d'ici, Ares... Retourne dans le petit coin reculé de l’Olympe où tu te caches."

Ares l'étudia froidement. "Alors ce n'est pas juste de la rancune, hein ?"

"Non."

Le Dieu soupira et se dirigea vers une caisse pour se percher dessus et posa ses grandes mains sur sa cuisse recouverte de cuir. "Très bien."

"Bck." Dori cligna des yeux vers lui, puis regarda Xena d'un air interrogateur.

La guerrière observait son invité indésirable avec méfiance. Ares voulait quelque chose, c'était clair comme de l'eau de roche, et il était hors de question qu'elle coopère avec lui de quelque manière que ce soit, pas après l'avoir vu se vendre comme ça.

Le visage du Dieu se détourna d’elle et ses yeux bleus étudièrent Dori de manière spéculative. "Mignonne."

Xena le fixa froidement.

"Tu penses que tout est de ma faute, n'est-ce pas ?" demanda Ares doucement.

"Non." Répondit Xena avec la même tranquillité. "Non... non, tu as essayé de me prévenir Ares... et je ne t'ai pas écouté. Je dois vivre avec ça."

Il fit une grimace. "Je ne pensais pas que tu l'admettrais... Tu sais, Xena... tu es presque la seule personne que je connaisse qui soit encore capable de me surprendre."

Xena renifla de dégoût. "C'est pour ça que ton argument a fonctionné." Elle traversa la caverne, réalisant qu'il ne partirait pas avant d'avoir dit ce qu’il avait à dire, et s'installa sur une boîte en face de lui. "Je sais exactement de qui c'était la faute, Ares."

La guerrière baissa les yeux au sol et elle manqua le regard surpris qu'Ares lui lança, avant qu'il ne se lève et fasse les cent pas dans l’espace. "Ouais, eh bien... Je sais que tu es vraiment douée dans tout ce trip de culpabilité, Xena... et loin de moi l'idée d'en interrompre un bon, mais tu oublies un élément important là."

Xena laissa Dori jouer avec un de ses doigts. "Un élément ? Oh... tu veux dire que tu es ici pour une raison autre que celle de m'énerver ?" Elle rit sans humour. "Laisse-moi deviner... tu es ici pour me dire qu'Andreas est sous l'influence de Dahak ?"

"J'ai toujours dit que tu étais brillante." Ares s'approcha et prit place sur la boîte à côté de la sienne. "Il est trop bien organisé et ses troupes sont trop nombreuses, Xena... tu n'as aucune chance."

Le regard froid de la guerrière croisa le sien. "Que vas-tu obtenir en échange, Ares ? Dahak va te jeter un os ? Ou tu vas avoir l’honneur de cirer les bottes d'Andreas ?"

"Bck !" ajouta Dori en le pointant du doigt avec un mécontentement enfantin.

Le visage d'Arès s'assombrit de colère. "Ne me pousse pas trop loin, Xena."

La guerrière leva les yeux au ciel. "Laisse-moi tranquille." Elle se leva en berçant le bébé. "Va-t’en, Ares... Je n'ai pas besoin que tu me dises ce que je ne peux pas faire."

"Xena..."

"Ne commence pas." Elle se retourna avec colère. "Retourne auprès de ton maître, Ares... et transmets-lui mes salutations."

Un éclair de lumière passa près de sa tête, s'écrasant sur la roche et la saupoudra de particules.

Xena ne broncha même pas. "Tu as de la chance que pas une miette ne l'ait touchée... sinon je t'aurais ramassé et jeté moi-même hors d'ici." lui grogna-t-elle dessus. "Dégage !"

Dori se mordit les doigts, s'énervant visiblement devant la contrariété de Xena. "Boo !"

"Chut." Xena posa une main protectrice sur elle. "Il ne peut pas te faire de mal, Dori... ne t'inquiète pas." Elle regarda durement le Dieu en colère. "Quel est ton pourcentage dans tout ça, Ares ? Qu'est-ce que tu gagnes cette fois... une autre... compagne ?" Les mots avaient un mauvais goût dans sa bouche. "Andreas ne croit pas aux Dieux. C'est ta dernière vengeance contre ton espèce ? Le laisser prendre le contrôle de tout, pour qu’ensuite tous les Dieux disparaissent ?"

Le Dieu la regarda. "J'ai fait ce que je devais faire, Xena." Déclara Ares calmement. "Pour survivre... et tu sais mieux que quiconque ce que cela veut dire." Il s'avança, toute moquerie ayant disparu de son attitude. "Je ne vois pas l'intérêt de perdre ton temps à te battre contre lui... tu ne peux pas gagner."

Xena garda les yeux sur Dori. "C'est le combat qui compte, Ares... Tu ne l'as pas encore appris ?" Elle releva la tête, se surprenant soudain à avoir de la peine pour lui. "Je dois le combattre, parce que c'est ce que je fais."

"Et mourir sans raison ?" renâcla Ares. "Tu as perdu la tête, Xena !"

La guerrière le regarda calmement. "Peut-être qu'Andreas a raison." Lui répondit-elle après un moment. "Peut-être que tu ne vaux pas la peine qu'on croie en toi."

Le silence s'installa, alors qu'ils s'étudiaient l'un l'autre. L'attitude d'Arès changea subtilement et il se rapprocha. "Comment peux-tu ne pas croire en moi, Xena ?" Il leva une main et passa ses doigts sur sa joue. "Il faudrait que tu ne croies pas en toi alors.... pour beaucoup de choses."

Xena le fixa, leurs yeux étaient au même niveau, ses doigts touchaient son visage. "Pourquoi ça t'intéresse que je vive ou que je meure ?" demanda-t-elle finalement dans un murmure. "Je ne reviendrai jamais vers toi... Nous le savons tous les deux, Ares."

Il faillit lui répondre. Elle vit ses lèvres se tendre, s’ouvrir, puis se resserrer alors qu'Ares laissait tomber sa main. "Je déteste voir autant de talent de destruction gâché, c'est tout." Répondit-il avec une gaieté forcée. "Mais, comme d'habitude, tu sembles avoir pris ta décision."

Lentement, la guerrière hocha la tête. "Et toi ?"

Il s'était déjà détourné d’elle mais il s’arrêta lorsqu’elle lui répondit et il se retourna vers elle à sa question. "Moi quoi ?"

"Tu t'es décidé ?" demanda Xena calmement, laissant un peu de sa réserve glaciale s'estomper. On peut être deux à jouer à ce jeu, n'est-ce pas ?

Ares se retourna et la regarda sérieusement. "Malgré ce que tu penses, Xena... je ne suis pas dans son camp." Il leva une main vers elle. "J'essayais juste de te donner un avertissement amical."

La guerrière se redressa et le regarda avec une intention tranquille. "Ares, tu ne m’as rien dit que je ne sache déjà." Répondit-elle. "Mais quel autre choix ai-je ?"

Il tendit ses doigts de manière invitante, en levant un sourcil. "Je peux t'aider à le battre... mais à mes conditions, Xena." Répondit-il doucement. "Tu reviens vers moi... et tous ceux que tu aimes pourront vivre... en liberté."

Xena expulsa le souffle qu'elle avait retenu. "Alors voilà." Répondit-elle en secouant la tête de dépit. "Voilà que... la victoire m'est offerte sur un plateau... et tout ce que j'ai à faire, c'est de donner le morceau d’âme en lambeaux qu’il me reste, c'est ça, Ares ?"

"Allez, Xena... combien de mortels refuseraient cette offre ?" rit doucement le Dieu de la Guerre. "Tu es tellement pressée de te sacrifier... comment refuser ? Et l'état de ton âme ne m'a jamais beaucoup dérangé."

Xena regarda sa fille et ses lèvres se crispèrent en un sourire triste, puis elle leva les yeux vers Ares. "C'est sans importance, Ares. En lambeaux ou pas, ce n'est pas à moi de le donner."

"Gaboo." Dori tira sur un lacet, puis le mit dans sa bouche et le mâcha avec application. Elle pointa Ares du doigt. "Go !"

Le visage du Dieu s'assombrit sous l'effet de la colère et il se rapprocha pour fixer d'un air menaçant le bébé, qui lui rendit son regard sans crainte. "Dis au revoir à ton amie ici, gamine. Elle ne sera bientôt plus qu’un tas d'os." Il se pencha davantage pour regarder Dori.

L'enfant se renfrogna, puis leva le bras et attrapa sa barbe pour la tirer fortement. "Mauvais !"

Il se dégagea rapidement de son emprise et leva une main. "Petite..."

"N’y pense même pas." La voix de Xena était très douce, mais plus froide que la glace. "Touche-la et je te briserai."

Leurs regards se rencontrèrent durement. "Tu deviens audacieuse avec l'âge, on dirait ?" répliqua Ares en se forçant à sourire. "Je ne sais pas pourquoi je m'embête avec toi Xena... tu n'es plus dans la fleur de l'âge et tu as une attitude déplorable." Il fit un pas en arrière et claqua des doigts, disparaissant dans un tourbillon de lumière.

La guerrière s'assit lentement, soulageant ses jambes tremblantes qui menaçaient de s'effondrer sous elle. "Bon sang."

"Boo ?" Dori leva un regard anxieux vers elle et tapota sa mâchoire d'une main minuscule. "Maman..."

"Ouais... laisse-moi te ramener à ta maman." Souffla Xena avant de réaliser que le bébé regardait par-dessus son épaule. Elle se retourna et croisa le regard vert de son âme sœur qui la regardait avec inquiétude.

Gabrielle entra lentement en boitant, utilisant son bâton pour la soutenir jusqu'à ce qu'elle atteigne la caisse et son âme sœur. Elle posa une main sur l'épaule de Xena. "Hé."

La guerrière inspira. "Qu'est-ce que tu as entendu ?"

"Presque tout... Je suppose." Répondit la barde, en serrant l'épaule sous ses doigts. "Suffisamment pour être incroyablement fière de toi." Elle inclina la tête et sourit à sa fille, qui lui fit une grimace en retour. "Et de toi, ma chérie." Elle donna gentiment un coup de hanche à Xena. "Tu ne mâches vraiment pas tes mots."

Cela provoqua un petit rire de la guerrière qui dégrisa ensuite rapidement. "Il est venu me prévenir." Déclara Xena, simplement.

"Xena... tu le connais suffisamment bien pour savoir qu'il aime jouer." Argumenta Gabrielle. "Il a ses propres motivations." La barde s'assit à côté d’elle et souffla. "Il ne ment peut-être pas ouvertement, Xena... mais il te dit sa propre vérité."

La guerrière ne répondit pas pendant un moment, alors qu'elle laissait Dori jouer avec l'une de ses mains beaucoup plus grande. Puis elle prit une respiration prudente. "Depuis qu'elle est née.... j'ai l'impression de vivre en sursis, Gabrielle." Répondit-elle finalement. "A attendre que quelque chose d’horrible arrive." Elle leva les yeux et regarda dans ceux de son âme sœur. "On y est, je crois."

"Non." La réponse de Gabrielle fût aussi naturelle que de respirer. "Je n'y crois pas, Xena... il essaie de te faire peur." Elle fixa les yeux bleus sérieusement, voulant qu'elles le croient toutes les deux. "Ne le laisse pas te manipuler comme ça." Comme il l'a fait avec moi, la dernière fois. Ajouta-t-elle en silence. Plus jamais.

Est-ce que c’est ce qu’il est en train de faire ? Xena regarda pensivement la paroi rocheuse. Peut-être, peut-être pas, mais dans tous les cas, cela ne changerait pas ce qu'elle avait l'intention de faire, et aller plus loin dans ses pensées ne ferait que contrarier Gabrielle sans raison réelle. "Ouais." Soupira-t-elle. "Il n'abandonne jamais, hein ?"

Gabrielle ferma les yeux dans un profond soulagement. "Je m'inquiéterais s'il le faisait." Elle s'appuya contre sa compagne avec un soupir qui se joignit à celui de Xena, alors que leurs têtes se touchaient.

"Que fais-tu hors du lit ?" demanda la guerrière.

"Je suis venue voir pourquoi j'avais mal au ventre." répondit son âme sœur.

"Ah."

"Maintenant qu'une raison est passée... je vais aller prendre un petit déjeuner." Gabrielle se leva avec un gémissement, en s'appuyant sur son bâton. "Bon sang, Xena... Comment se fait-il que je n'avais pas aussi mal hier ?"

La guerrière passa un bras autour d'elle en guise de soutien, alors qu'elles se dirigeaient vers le coin cuisine, son regard distant absorbé par de sombres pensées.

**************************************************

C'était le chaos. Gabrielle était appuyée contre le mur, son bâton remplacé par une béquille que Xena avait fabriquée avec du bois qu'elle avait trouvé au fond d'une des cavernes. Plus de deux cents Amazones faisaient plus de bruit, décida-t-elle, qu'un troupeau entier d'oies que l'on plumait plume par plume vivantes. "Hé !" appela-t-elle Eponine qui passait par là. "Pony !"

L'Amazone s'arrêta et jeta un regard perplexe autour d'elle, jusqu'à ce qu'elle repère la barde. Elle fit alors demi-tour et s'approcha. "Hé... tu ne devrais pas t'asseoir ?"

Gabrielle souffla. "C'est plus facile de crier debout." Marmonna-t-elle. "C'est quoi tout ce bazar là-bas ?" dit-elle en pointant un tas du doigt.

Eponine regarda le coin qu’elle indiquait, puis croisa les bras et fronça les sourcils. "Hum...." Elle plissa les yeux. "Des masques de rechange." Son nez se plissa. "Ils ont été stockés il y a un moment."

"Eurk." Gabrielle grimaça, alors qu'une bouffée d'odeur musquée, de cuir et de vieilles plumes lui parvenait. "On peut les stocker dehors ?"

Eponine lui jeta un regard. "Il pleut." Objecta-t-elle

"Ils seront propres." Répondit la barde instantanément.

"Ils vont tomber en morceaux."  Riposta l'Amazone.

"Et ça fera vraiment une différence ?"

Eponine se gratta la tête et fit un sourire penaud. "D’accord... Je vais voir ce que je peux faire d’eux." Elle se dirigea vers le tas, attrapant deux autres Amazones au passage.

Gabrielle soupira, puis chercha un autre problème à résoudre qui ne nécessiterait pas qu'elle bouge. Elle avait passé tellement de temps à protester qu'elle allait bien ce matin, après que son âme sœur lui ait soigneusement bandé la jambe, qu'elle savait qu'elle aurait des problèmes si elle se plaignait maintenant, même si la douleur avait fait son chemin du genou à la hanche, et que son corps entier protestait contre la torsion qu’elle s’était faite.

Cait entra, ses cheveux blonds trempés collés sur sa tête et chaque centimètre de son corps couvert de boue, de pluie ou de cuir mouillé. "Bonjour." Salua-t-elle Gabrielle. "Les Centaures sont bien installés... ils sont très heureux de l'endroit que Xena leur a trouvé."

"Tant mieux." La barde laissa échapper un souffle de soulagement. "Au moins certains le sont." Elle entendit un cri étouffé et jeta un coup d'œil vers l'endroit où deux Amazones essayaient de faire passer une énorme boîte par une petite ouverture. "Bon sang... on dirait qu'on leur a demandé d'installer leur camp au fond de la rivière Styx."

Le sol ne semblait pas en être loin, en fait. Il était couvert de boue et d'empreintes de pas boueuses. Le grand groupe s'était frayé un chemin à l'intérieur, apportant avec lui les intempéries. La caverne puait le cuir mouillé, le tissu mouillé, les tempéraments mouillés, et Gabrielle en avait mal à la tête. Le bruit d'autant de personnes qui se déplaçaient et criaient n’arrangeant rien.

Elles avaient détesté la zone de couchage, comme elle s'y attendait. Elles avaient détesté l'aspect caserne des dortoirs et les Reines avaient fait une crise collective de la taille de la mer Égée de devoir partager une chambre plus petite et plus sombre à l'arrière.

Gabrielle ne pouvait pas vraiment les blâmer, ni même dire grand-chose, car après tout, elle ne partageait pas cette chambre avec elles, n'est-ce pas ? Alors elle les avait calmées et leur avait proposé de découvrir le complexe et de choisir leurs propres chambres si elles le souhaitaient. Jusqu'à présent, elles ne l'avaient pas prise au mot, trop occupées à essayer d'installer leurs Amazones dans la caverne prévue à cet effet, ainsi que dans une seconde, plus grande, que Toris avait découverte derrière un petit éboulement.

Celle-là, au moins, leur plaisait un peu plus, et avec un groupe divisé en deux, il y avait de la place pour bouger un peu. Cela n'arrangeait pas le bruit en revanche, qui se répercutait sur les murs et les plafonds de roche et martelait les oreilles sensibles de Gabrielle. Elle constata que Xena avait à nouveau disparu et soupçonna sa compagne d'avoir trouvé un endroit tranquille où se cacher.

"Eh bien... c'est vraiment très différent de ce dont nous avons l'habitude." répondit Cait avec diplomatie.

Gabrielle s'approcha et enleva une motte de boue des cils de la jeune fille. "Je sais... il va falloir quelques jours pour que tout le monde s'installe... nous nous en sommes rendu compte." Elle déplaça un peu son poids lorsque que sa jambe valide fût prise de crampes. "Je sais que Xena voulait... hum." La barde regarda autour d'elle. "Je me demande où elle est..."

"Oh... près de la porte." Répondit Cait rapidement. "C'est toujours aussi boueux là-haut... elle creuse une tranchée, ou quelque chose comme ça. Je l'aidais."

De la boue. Gabrielle soupira. Pourquoi ça ne m’étonne pas. "Ah... Je vois."

"Oui... c'était une très bonne idée. Pally est toujours là-haut en train de creuser... mais elle m'a demandé de voir si je pouvais lui trouver des sandwichs ou autre chose."

"Ouais... elle a manqué le déjeuner." Réalisa Gabrielle. "Je crois qu'on a des rouleaux de poisson... Viens." Elle la conduisit lentement hors de la caverne des Amazones vers celle qui leur servait de cuisine, et où il y avait presque autant de monde, mais heureusement l’endroit était beaucoup plus calme et bien mieux organisé.

La présence de Cyrene, elle le soupçonnait, avait beaucoup à voir avec cela. "Salut Maman". Elle sourit à l'aubergiste qui supervisait le déchargement de ses précieuses herbes.

"Bonjour ma mignonne." La salua Cyrène en lui jetant un coup d'œil. "Par les Dieux, Gabrielle... Pourrais-tu t’asseoir ? Tu me fais mal rien qu'en te regardant."

"Il vaut mieux pas." Reconnut la barde avec ironie. "Si je le fais, je pourrais ne pas me relever et nous avons encore beaucoup de choses à faire." Elle s'appuya sur une boîte. "Est-ce qu’on a quelque chose à grignoter que l’on pourrait apporter à l’entrée principale ? Ils sont en train de creuser des fossés là-haut."

Cyrène hocha la tête. "Bien sûr..." Elle fit signe à l'une des femmes qui l'aidait. "Donne-moi quelques-uns de ces petits roulés que nous avons fait pour le déjeuner... voilà." Elle les glissa dans un petit panier. "Tiens... et du pain."

Gabrielle jeta un coup d'œil autour d'elle, puis se redressa et boita jusqu'à une table, attrapa deux gros morceaux de gâteau et les ajouta dans le panier. Elle se lécha les doigts et ignora le gloussement de sa belle-mère. "Voilà."

"Tu ne m'as pas dit que c'était pour Xena." rétorqua Cyrène en secouant la tête. "Qu'est-ce qu'elle fait à creuser dans la boue, de toutes façons ? Elle ne peut pas trouver quelqu'un d'autre pour le faire ?"

La barde soupira. "Je pense qu'elle aime ça." l'admit-elle avec regret.

"Oh... ça c’est sûr." Confirma Cait. "Elle est couverte de boue... et elle s'amuse beaucoup." Elle prit le panier de Cyrene. "Merci." Elle leur fit un sourire à toutes les deux puis se glissa hors de la cuisine, pour retourner dehors.

Cyrene et Gabrielle échangèrent un regard, puis rirent toutes les deux. "Certaines choses ne changent jamais". L'aubergiste secoua la tête.

Une agitation attira leur attention et elles levèrent les yeux vers la porte intérieure. Des pas s'approchaient rapidement, suivis par un minuscule bruit distinct. "Oh oh." Murmura Gabrielle. "Je pense que je reconnais ce son."

Sans surprise, Dori déboula dans la cuisine et s'arrêta, tangua un peu avant de tomber sur son derrière dans un bruit sourd. "Mamie !" couina l'enfant avant de se remettre sur ses pieds et de s'avancer en trottinant, jusqu’à buter contre les jambes de sa grand-mère et de s'accrocher.

"Aww." Gabrielle fronça le nez en souriant largement. "C'est trop mignon."

"Hé mon cœur..." rit Cyrène avant de se baisser et de soulever sa petite-fille. "Par les Dieux, qu’est-ce que tu grandis vite !" Elle serra l'enfant contre elle, faisant grogner Dori de surprise. "Tu m'as manqué !"

La nounou arriva peu de temps après et s’arrêta à l’entrée, la main sur le cœur, tentant de reprendre son souffle. "Par les Dieux.... Dori... tu es une très vilaine petite fille."

"Bck." Dori jeta ses bras autour du cou de Cyrene et lui donna un baiser. Elle regarda ensuite par-dessus l'épaule de l'aubergiste et aperçut Gabrielle. "Maman !" Elle tendit une main impérieuse. "Viens !"

"Ooh..." rit Gabrielle, malgré elle. "Écoute-toi !" Elle prit sa béquille sous le bras et s'approcha en boitant, pour attraper les doigts de Dori dans sa main. "Tu es une petite chose très exigeante, dis-donc !"

Le bébé sourit, montrant ses fossettes, et battit ses longs cils sombres vers sa mère, gloussant doucement.

Cyrene lui tapota le dos et gloussa. "Je vais te dire, ma puce... nous avons presque fini ici, que dirais-tu si toi, moi et ta maman, nous allions manger un bon ragoût chaud, hum ?". Elle poussa Gabrielle dans la direction de deux chaises improvisées dans le coin.

"Non... J'ai..." Gabrielle jeta un coup d'œil derrière elle. "Je dois régler tout ça avant, Maman... et je voulais rendre visite à ma mère et Lila, juste pour m'assurer qu'elles vont bien." Elle se déplaça un peu et grimaça.

"Gabrielle." Cyrène la regarda sérieusement. "Ce n'est pas parce que tu es mariée à ma fille que tu dois prendre ses pires habitudes, d'accord ? Viens par ici et assieds-toi ou sinon par Hadès, je te promets que je te donnerai une fessée moi-même."

"Mais…"

"Tout de suite." L'aubergiste la regarda sévèrement, en levant un sourcil vers elle. "Tu ne veux pas me mettre en colère, n'est-ce pas ?"

Gabrielle ouvrit la bouche pour répondre, mais se retourna ensuite rapidement à l'approche de bruits de pas. Oh, parfait. Elle soupira mentalement. Elle va se concentrer sur quelqu’un d’autre. "Hé."

Xena était couverte de la tête aux pieds d'une épaisse couche de boue brune, seul le blanc de ses yeux laissait deviner ses traits. Tout son corps était enduit de cette substance, qui sentait la terre et le bois, et dont de minuscules morceaux tombaient de ses vêtements lorsqu'elle respirait. "Salut."

Gabrielle essaya de trouver quelque chose de gentil à dire, sans succès. "Tu es dans un sale état." Dit-elle finalement, en se demandant quelles parties de la boue brune étaient de la peau et lesquelles étaient ses cuirs.

"Ouais, je sais." La guerrière serra discrètement un de ses bras. "Je hum..."

La barde réalisa que la substance sombre qui dégoulinait sur le sol n'était pas que de l'eau. "Bon sang, Xena... qu'est-ce que tu as fait ?"

"Juste une petite coupure." Lui répondit Xena. "Juste un ou deux points...il faisait tellement mauvais dehors que nous avons dû nous arrêter."

"Oui... ou on risquait de se noyer." Confirma une voix lugubre, alors que Paladia arrivait à son tour, encore plus couverte de boue, suivie par une Cait trempée "J'ai de la boue à des endroits que je préfère ne pas mentionner."

"Très bonne idée. S'il te plaît, ne le fais pas." Cait tira ses cheveux blonds mouillés en arrière et essuya les gouttelettes qui tombaient sur son visage.

"Tu aurais pu aider."  Grogna la grande Amazone en retirant un morceau de bois pourri de derrière son oreille. "Au lieu de rester là à regarder."

"Je montais la garde." Répondit Cait, imperturbable. "De plus, tu es toujours plus douée pour la boue."

"Hum." Paladia leva les yeux au ciel.

"Il y a de l'eau à l'arrière des nouveaux quartiers". Lui dit Gabrielle, gentiment. "Elle est un peu froide."

"Je m’en doute." Paladia s'en alla en perdant des morceaux de crasse au passage.

Cait se mordilla les lèvres, puis souffla. "Je ferais mieux de venir avec toi... tu n'arriveras jamais à enlever toute cette boue sinon." Elle suivit la grande femme dehors, qui ne daigna pas répondre, mais dont les pas ralentirent jusqu'à ce que la jeune Amazone la rattrape.

Xena renifla, puis gratta une oreille couverte de boue, en échangeant un regard amusé avec son âme sœur. " Je pense que je vais... hum... " Elle désigna la sortie et le chemin vers leur chambre.

"Bonne idée." Gabrielle grimaça. "Je ne te dirai pas ce que tu sens."

La guerrière plissa le nez. "Comme si je ne pouvais pas le sentir !"

Dori cligna des yeux, puis se renfrogna en jetant un coup d'œil à Xena. "Boo ?"

Xena était occupée à étudier son âme sœur. "Comment va ta jambe ?"

"Bien." Répondit Gabrielle d'un ton vif.

Un sourcil éloquent se leva en retour.

"Vraiment... Je n’ai pratiquement rien fait." Insista la barde. "Tu ne devais pas aller te laver ?"

"Si." Xena la regarda d'un air renfrogné, puis se dirigea vers la porte.

"Tu veux de l'aide ?" lui demanda Gabrielle doucement, retenant un sourire lorsque la guerrière se retourna et que les yeux bleus rencontrèrent les siens, puis se fermèrent dans un clin d'œil amusé.

"Xena..." retentit une voix à la porte. La guerrière se retourna et trouva son frère dans l'entrée de la caverne. "Tu dois venir voir ça."

"Qu'est-ce qu’il se passe ?"

"Des chevaux... des centaines." Répondit Toris. "Et une femme qui dit te connaître."

Xena soupira et attrapa un chiffon, essuyant le plus gros de la boue sur son visage. "Maintenant… vraiment ?" Mais elle se tendit lorsqu’elle entendit le bruit des chevaux qui arrivaient.

Elle n'avait pas envisagé d'avoir une cavalerie, principalement parce que l'acquisition des chevaux aurait été coûteuse, et difficile, et que les prendre sauvages lui aurait pris trop de temps pour qu'elle puisse les dresser.

Elle suivit Toris à l'extérieur de la caverne et courut vers la porte, la pluie battante enlevant la plupart de la boue de son corps, la rendant relativement propre lorsqu'elle arriva à la fortification et sauta par-dessus la porte de garde.

L'odeur d'animaux mouillés l'accueillit lorsqu'elle regarda autour d'elle, observant une mer de bêtes aux yeux sauvages, aux corps trempés et fumants, conduites par six personnes vêtues de manteaux noircis par l'eau. Le chef de file s'avança à travers les chevaux, jeta sa capuche trempée en arrière et rencontra le regard de Xena.

Bon sang. La guerrière fut surprise lorsqu’elle reconnut la personne devant elle.

"Je crois que tu as perdu ça, Tigresse..." déclara la femme en affichant un sourire malicieux. "Tu veux les récupérer ?"

La milice la regarda d'un air effaré, puis guetta la réaction de Xena.

La grande guerrière aux cheveux noirs se tenait droite, laissant le vent et l'eau frapper son corps, et elle éclata de rire. "Ouvrez les portes !"

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Il faisait presque nuit dehors lorsque Gabrielle se dirigea lentement vers leur chambre. Elle s'arrêta à l'entrée et s'appuya contre le mur. Maintenant seule, elle laissa tomber sa façade enjouée et déterminée et ferma les yeux, laissant un petit gémissement s'échapper alors qu'elle essayait de trouver une position qui ne lui faisait pas mal.

"Wow." Elle se reposa un moment, puis jeta un coup d'œil autour d'elle, clignant un peu des yeux lorsqu’elle remarqua les nouveaux objets qui se trouvaient dans la pièce. "Oh...." Une chaise avait été ajoutée, avec des coussins faits de sacs de jute remplis de quelque chose de doux, et il y avait un feu qui brûlait dans un cercle de pierre soigneusement fait. Avec précaution, elle boitilla jusqu'à la chaise et s'y installa, relâchant lentement sa béquille qui tomba sur le sol. "Urgh."

Elle laissa sa tête retomber sur le coussin et étendit ses jambes avec précaution, heureuse de pouvoir s'asseoir en toute tranquillité. Les Amazones étaient installées. Les Centaures étaient installés. Les gens d’Amphipolis étaient installés. Sa famille était installée.

Quatre cents chevaux et six déserteurs d'Andreas étaient installés, en quelque sorte.

Xena était revenue vers la caverne, presque triomphante, entourée de guerriers et de chevaux, et sa course sous la pluie avait même enlevé une bonne partie de la boue. C'étaient les chevaux qu'elle avait libérés de la ville, et bien qu'elle ne l'ait pas réalisé sur le moment, trois des palefreniers, Dani et deux de ses amis les avaient suivis, poursuivant les animaux dans la vallée de la rivière jusqu'à ce qu'ils se soient suffisamment éloignés de la ville avant de les attraper.

Donc maintenant ils avaient des chevaux. Bien sûr, ils étaient agités par leur voyage, et la plupart d'entre eux n'étaient pas ou peu débourrés, et les Amazones ne savaient pas se battre à cheval, mais... comme Xena l'avait dit, elles apprendraient.

Gabrielle soupira, heureuse de la chaleur du feu contre son corps, qui lui faisait mal de la tête aux pieds à cause du combat de la veille et de la lutte qu'elle avait menée toute la journée avec une jambe en moins. Elle avait faim, mais pas assez pour avoir envie de bouger, et elle décida de fermer les yeux pendant quelques minutes, puis d'aller chercher Dori.

Le fauteuil se balança de façon apaisante sous son poids, puis s'immobilisa lentement.

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Xena se pencha sur sa table de travail, étudiant les listes éparpillées sur celle-ci, ainsi que la carte récemment modifiée qui recouvrait la majeure partie de la surface. Une plume d'oie à la main, elle étudiait attentivement un parchemin, parcourant le texte à la recherche d'erreurs.

Ah. Elle griffonna une note dans un coin, puis se redressa, soulageant une crampe dans son dos avec un soupir de satisfaction. Elle leva les yeux et regarda la grande ouverture qui lui donnait une vue de la vallée crépusculaire, encore embrumée par la pluie, mais qui contenait maintenant un grand troupeau en mouvement vers l’une de ses extrémités, regroupé autour du petit lac.

Des chevaux. Xena sourit intérieurement en croisant ses bras sur sa poitrine. Cela changeait tout. Sa stratégie jusqu’alors était basée sur des tactiques de frappe rapide et de fuite dans l'ombre, mais avec le potentiel d’une cavalerie. Quatre cents chevaux... pas encore débourrés, certes, mais si elle parvenait à leur faire suivre un entraînement de guerre, même rudimentaire...

Cela lui donnerait un avantage certain, et le fait qu'Andreas ait été privé d'eux était encore plus important. Elle leva une main et se frotta la nuque, hochant doucement la tête en passant en revue ses plans pour les prochains jours.

Si le temps s'éclaircissait, bien sûr. Elle demanderait aux Amazones de l'aider à dresser les chevaux... et en même temps, elle les entraînerait à devenir de meilleures cavalières. Elles étaient des guerrières nées, et ça, au moins, elle n'avait pas à le leur apprendre. Mais si elle pouvait apprendre l'art de se battre à cheval à un nombre décent d'entre elles, elle pourrait ajouter cela aux autres troupes qu'elle recruterait….

Ouais. Xena contemplait la pluie, regardant la forme sombre de son ami, l'étalon noir, galoper dans l'herbe, secouant la tête pour débarrasser sa crinière de l'excès d'eau. Cela avait certainement été une surprise... tout comme le fait de revoir son amie Dani.

Et en parlant de ça... Des bottes frottèrent le sol à l'extérieur et l'ancienne aubergiste se réfugia à l'intérieur de la caverne. Ses vêtements étaient trempés et des gouttelettes d'eau parsemaient ses cheveux châtain clair. Elle croisa le regard de Xena et un sourire en coin couvrit le visage de la grande combattante. "C'est un groupe intéressant que tu as là, Tigresse."

Xena leva un sourcil et se redressa. "Ça va devenir beaucoup plus intéressant pour toi si tu continues à m'appeler comme ça." lança-t-elle en avertissement.

La femme gloussa puis se secoua, répandant de l'eau partout. "Ta petite copine le fait bien."

"Gabrielle..." Xena prolongea le nom de la barde, le faisant rouler lentement sur sa langue pour l'accentuer. "A gagné le privilège de m'appeler comme elle veut." La guerrière enroula ses documents et les entoura d’un morceau de cuir. "Mais c'est un arrangement exclusif."

La grande femme la regarda un moment puis se contenta de hausser les épaules. "Si tu le dis." Elle croisa les bras. "Les chevaux sont tous installés... Je pense que Blackie se plaît ici." Elle arqua son dos. "Ce n'est pas un mauvais endroit... Mais c'est un endroit difficile à trouver... J'ai eu de la chance de tomber sur cette bande de pillards qui se sont fait fouetter les fesses par ici la nuit dernière."

Xena hocha la tête. "Oui... ils poursuivaient des gens qui s'étaient échappés d'un village qu'ils tenaient pas très loin d’ici." Elle tapota le bord du parchemin contre son menton et réfléchit à cette situation. Il faudrait qu’elle envoie un petit groupe... pour vérifier l’endroit…ou bien peut-être qu'elle irait elle-même.

Mmm. Ouais. "Quoi qu'il en soit... est-ce qu’on vous a trouvé un endroit où dormir ?"

La femme hocha la tête. "Ouais... moi et les garçons... à côté des gens de ton village, je suppose." Elle s'éclaircit la gorge. "C'est quoi tous ces oiseaux ? Ce sont vraiment des Amazones ?"

"Oh oui." Xena se gratta l'oreille. "C'est bien des Amazones…. Je peux te les présenter si ça t'intéresse." Elle jeta un regard spéculatif à l'aubergiste. "Tu es exactement leur type."

"Hé... qu'est-ce que tu veux dire par là ?" grogna la femme en lui lançant un regard noir. "Non merci... elles sont bizarres." Elle secoua la tête et souffla. "Je vais aller me sécher... j'ai entendu dire qu'il y avait de la bonne bière dans le coin".

Xena glissa son parchemin sous son bras. Une chope de bière fraîche semblait être une bonne idée. "Dans la grande grotte." Elle se dirigea vers l'entrée, après avoir soufflé la bougie sur sa table de travail. "On se voit là-bas plus tard." Elle s'esquiva par la fissure dans la roche et traversa l'étroit couloir entre les cavernes, inconsciente des regards intéressés et spéculatifs qui la suivaient dans la semi-obscurité.

"Ouais... d'accord." Murmura Dani. "Un arrangement exclusif, hein ? Mmm." Elle suivit Xena des yeux, observant la foulée puissante et rythmée de la guerrière sur le sol rocheux. "On verra bien."

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La cuisine était chaude et animée lorsque Xena la traversa, l'odeur de la viande rôtie et le doux bourdonnement des voix l'envahissant dans une vague bienvenue. Elle était à mi-chemin quand une forme familière l'intercepta et elle s'arrêta net, lançant à sa mère un regard satisfait. "C'est beaucoup mieux ici." Admit-elle, avec un léger sourire.

"Je pense que oui." Cyrène renifla doucement. "Je vois que tu as réussi à retirer une bonne partie de la boue."

"La pluie m'a fait une faveur." Répondit Xena en hochant la tête. "Ça a pris du temps pour que les choses se mettent en place... mais ça va être un énorme avantage pour nous... et une grosse claque pour Andreas." Elle lança un regard satisfait à sa mère.

"Heureuse de l'entendre, chérie." Cyrene lui donna une tape sur le bras. "Tu vas quelque part en particulier ?"

"Ouais... Je vais aller vérifier certaines fournitures... Je dois voir si nous avons..." Elle fit une pause, en voyant la main de sa mère se lever. "Quoi ?"

"Où est Gabrielle ?"

La guerrière parcourut la caverne avec confusion, puis reposa son regard sur sa mère. "Gabrielle ? Je ne sais pas... par ici, quelque part... Je l'ai vue il y a un moment avant d'aller dans la salle des cartes …pourquoi ?"

"Je pense que tu devrais aller la chercher." Suggéra sa mère gentiment. "Je ne pense pas qu'elle se sente très bien, chérie."

Quoi ? Xena ressentit une vague de culpabilité l’envahir en réalisant que l'aubergiste avait raison. "Ouais... elle a été un peu secouée la nuit dernière... Je... hum..." Elle hésita. "Tu as raison."

Cyrène lui donna une tape sur le ventre, mais garda le silence.

Xena passa devant sa mère et entra dans le passage sinueux qui menait à leur caverne isolée. Elle s'arrêta dans l'entrée, repérant la forme immobile recroquevillée dans le fauteuil et s'injuria intérieurement.

Le feu éclairait la caverne d'une lumière dorée. Elle posa ses parchemins avant de traverser le sol rocheux et de s'agenouiller aux côtés de la barde, hésitant avant de lever une main et de caresser doucement sa joue. "Hé..."

La respiration de la barde s'arrêta, puis elle ouvrit doucement les yeux et fixa la guerrière pendant un moment avant de comprendre la situation. "Oh... bon sang." Elle lutta pour se redresser, se cogna le genou et laissa échapper un petit glapissement. "Ah..."

"Hé... hé... calme-toi..." lui dit Xena dans un souffle. "Vas-y doucement...." Elle soutint sa compagne avec précaution, glissant un bras autour de ses épaules. "Bon sang, Gabrielle... pourquoi ne m'as-tu pas dit que c'était si grave ?" Elle sentit la prise tendue de la barde sur l’accoudoir se détendre un peu.

"Ce n'était pas... " protesta faiblement Gabrielle. "J'étais juste un peu fatiguée... alors je suis venue ici... et je me suis assise..." Elle bailla, grimaçant un peu lorsque sa mâchoire craqua. "…dans ce joli fauteuil... c’est toi qui l’a fait ?" Elle tapota l'accoudoir, lissant ses doigts sur l'artisanat soigné. "Je parie que oui... ça ressemble à ton travail."

"Ouais." marmonna Xena, toujours en colère contre elle-même pour avoir ignoré sa compagne. "Laisse-moi y jeter un coup d'œil." Elle redressa la jambe blessée de la barde et commença à défaire le bandage.

Gabrielle étouffa un autre bâillement, puis se détendit un peu, passant ses doigts dans les cheveux noirs de sa compagne. Sa sieste l'avait fait se sentir un peu mieux et elle regarda plus attentivement la guerrière. "Tu as encore de la boue ici, tu sais."

"Ah oui ?" murmura Xena distraitement, tout en déroulant son bandage et en faisant une grimace à la vue de l'articulation gonflée et meurtrie qu’elle découvrait en dessous. "Hmph... pas étonnant que tu aies mal." Elle déplaça la jambe avec précaution et sentit les doigts de Gabrielle se resserrer sur son bras, bien que la barde restât silencieuse. "Désolée."

Gabrielle regarda sa jambe d’un air dépité. "C'est pire aujourd'hui, n'est-ce pas ?"

La guerrière releva la tête vers elle, une légère accusation planant silencieusement au fond de ses yeux bleus.

"Je sais... Je sais… c'est ma faute." La barde soupira et laissa retomber sa tête. "Si j'étais restée au lit, ça aurait été mieux, non ?" Elle tourna la tête vers son âme sœur. "Je ne pensais pas avoir fait beaucoup de choses aujourd'hui, pourtant."

Xena croisa son regard puis la souleva et parcourut la distance jusqu’à leur lit où elle la déposa avec précaution. "Quand bien même.... Mais ça va te coûter cher demain, Gabrielle... parce que je te le jure, tu vas rester ici !"

La barde croisa ses mains sur son ventre et regarda sa compagne. "D’accord." Accepta-t-elle simplement.

Xena la regarda suspicieusement. "D'accord, mais quoi ?"

La barde la regarda en retour, un air innocent sur le visage. "Mais rien." Répondit Gabrielle. "Tu as raison... j’ai eu mal toute la journée et je me serais sentie bien mieux en restant ici, allongée." Elle sourit presque devant le regard suspicieux de son âme sœur.

"Trrrrrrès biiiiien." Répliqua Xena en traînant la voix délibérément. "Alors... je n’aurai pas à me disputer avec toi demain matin à ce sujet ?"

"Nan." Confirma Gabrielle en hochant la tête. "Promis... d'ailleurs, tu sais à quel point avoir mal me met de mauvaise humeur ?" Elle soupira. "J'ai failli gifler plusieurs personnes aujourd'hui... et ce n'est pas bon, Xena." C'était un aveu difficile à faire, surtout que certaines de ces personnes étaient des amies à elle. "Je pensais avoir une meilleure maîtrise de moi-même que ça."

Xena s'assit sur le sol rocheux et entoura ses genoux de ses deux bras. "Gabrielle, pour être tout à fait honnête... je réagis comme ça même quand je me sens bien". Répondit-elle à sa compagne avec un sourire en coin. "Je n'ai pas beaucoup de patience." Elle soupira. "J’aurai dû vérifier que tu allais bien aujourd'hui… Je suis désolée."

La barde haussa les épaules. "Pourquoi ? Xena... Je suis une grande fille... si je suis assez bête pour sautiller toute la journée et refuser de m'allonger, ce n'est pas ta faute." La barde se tendit et captura une main, la rapprochant de son corps et elle caressa doucement la peau. "Hé... je me sens beaucoup mieux... pourquoi n'irais-tu pas chercher Dori et après on ira manger ?"

"Et si j'allais chercher Dori, et le dîner, et qu'on se détendait ici ?" répliqua la guerrière. "J'ai une surprise pour toi."

"Nous allons nous faire taquiner partout si nous.... " Gabrielle s'arrêta alors qu’elle réalisait soudain ce que sa compagne venait de dire. "Une surprise ?"

Xena hocha la tête, une petite étincelle évidente dans les yeux. "Ouaip."

" Hmm... quel genre de surprise ? " demanda la barde. "Une bonne ?" Elle était tout à fait prête à être convaincue, à ce stade.

"Oh oui... tu vas aimer ça." Lui assura la guerrière. "Je te le promets."

"Humm. D’accord." Gabrielle laissa son corps se détendre et remua un peu ses orteils. "Un lit, une surprise, et toi... je ne peux pas demander mieux".

Xena sourit doucement, puis regarda le sol pendant un moment, plongée dans ses pensées. "Je reviens tout de suite." Elle se glissa par l'ouverture et laissa la barde à sa réflexion.

Peu de temps après, Gabrielle se baissa et ramassa son journal, le posa sur ses genoux et fit tourner sa plume entre ses doigts. Une boîte à côté du lit lui fournissait un support pour son encre, et elle déboucha le pot, y plongeant la pointe de la plume avant de fixer sa page blanche un moment.

Eh bien, les Amazones sont là. En fait, ça s'est mieux passé que je ne le pensais, avec ces grottes et tout le reste, mais je pense que le fait qu’elles ont marché sous la pluie pendant la majeure partie de la journée a grandement aidé à apprécier n’importe quel endroit sec.

Les Reines étaient très énervées, mais j'ai réussi à les calmer... elles sont, pour la plupart, dans des chambres séparées maintenant, mais Eph a décidé de rester avec les nôtres, et elle et Pony se sont installées dans le grand dortoir, ce qui a un peu calmé les esprits.

Tout le monde n'arrête pas de me demander ce qui est arrivé à ma jambe. Je n'avais pas vraiment envie d'en parler... Je leur ai dit que j'avais juste trébuché et que j'étais tombée, mais Eph m'a regardée bizarrement quand j'ai dit ça, alors je ne suis pas sûre que je pourrai rester vague longtemps à ce sujet. Je suppose que je vais devoir leur dire la vérité... peut-être demain.

Gabrielle leva les yeux en entendant des claquements d'ongles sur le sol, puis elle sourit quand Ares entra au trot et sauta directement sur le lit, avant de se mettre en boule et de poser son museau sur sa cheville valide. "Hé bonhomme... tu étais où ? Tu te cachais de Dori, hein ?"

Les oreilles d’Arès s’affaissèrent et il lui lança un regard pathétique.

"Je sais... Je sais... c'est une terreur." La barde rit doucement, en secouant la tête, avant de se pencher à nouveau sur son parchemin.

En parlant d'Ares, il est venu aujourd'hui. C'est la première fois que nous le voyons depuis...

Elle s'arrêta d'écrire alors que sa mémoire l’assaillait de souvenirs difficiles. Elle prit une grande respiration puis se força à reprendre son récit.

Depuis la fosse de Dahak. Je ne peux pas dire qu'il m'ait manqué, et il fait toujours ses trucs habituels, mais Xena l'a vraiment confronté aujourd'hui... J'avais presque peur pour elle. Il s'est mis en colère et a commencé à lancer des éclairs dans sa direction, mais elle n'a même pas bougé. Et ensuite, quand il a semblé vouloir attaquer Dori, elle lui a dit... par les Dieux, elle lui a dit qu'elle le briserait s'il le faisait.

Je ne comprends pas ce qui se passe entre eux parfois. Je sais que Xena ne l'aime pas, mais parfois... c'est presque comme s'ils se comprenaient, comme elle et moi nous nous comprenons, sans avoir à parler. Elle n'a pas peur de lui, et parfois je me demande si elle pourrait le briser, vraiment. Ils se sont déjà battus avant mais sans vraiment aller jusqu’au bout... alors je me demande.

Je parie qu'il se le demande aussi. Je parie qu'il ne la pousse qu'un peu, parce qu'il sait que s'il va trop loin, tout peut arriver.

Et c'est un Dieu.

C'est trop bizarre.

Ou peut-être que ça ne l'est pas, si on y réfléchit bien.

Il l'a prévenue qu'elle pourrait avoir de gros problèmes si elle continuait à se dresser contre Andreas.

Regardez-moi. Je ne peux même pas écrire la vérité… je tourne en rond avec ça, parce que ce qu'il a vraiment dit me fait tellement mal que je suis presque incapable d’y penser. Ce qu'il a dit, c'est qu'elle allait mourir si elle continuait.

Et je pense qu'elle le croit. Je sais qu'elle le croit... il y a un endroit en elle, très profond, si profond que je n'arrive pas à le toucher, qui est à l’agonie. Peu importe l’amour que je lui porte, peu importe l’amour qu’elle ressent pour moi, elle porte toujours cette horrible... douleur... au fond d’elle et le pire dans tout ça c'est... que j’en suis responsable.

Moi. Le problème est que plus elle m'aime, plus elle se souvient de tout ce qui s'est passé, et de tout ce qu'on s'est fait l'une à l'autre, et savoir tout ça la tue un peu plus chaque jour. C'est comme si... pour chaque bonne chose qui arrive, elle attendait le mauvais côté... comme un châtiment prêt à la frapper parce qu'elle ne peut pas croire qu'elle mérite le bonheur.

J’ai envie de la prendre dans mes bras parfois... juste la tenir et lui dire que tout va bien... lui dire de profiter de sa vie, et d'être aussi heureuse que possible, parce que c'est le mieux qu'on puisse faire.

Et elle le fait, beaucoup, je le sais. Nous profitons de la vie... plus que la plupart des gens, je pense... et elle est heureuse de passer du temps avec Dori, et tous les amis que nous avons ici, même les Amazones. Je suppose que je devrais suivre mon propre conseil, et vraiment penser à ces moments, et ne pas penser aux quelques points sombres que nous traversons.

Je pense qu'Ares lui a menti. Bien sûr qu'il y a un risque que quelque chose de mal arrive, mais c'est une guerre, tu sais ? Il y a toujours ce risque... pour nous tous. Les gens meurent pendant les guerres. Parfois, ils ne sont même pas ceux qui combattent, comme mon père. Et ce pauvre Alain.

Mais tu peux parier que je vais rester à ses côtés pendant tout ça, quoi qu'il arrive. Si quelqu'un voudra l'atteindre, il devra d'abord passer par moi.

Par les Dieux. Ecoutez-moi. On pourrait croire que je suis Hercule, à la façon dont je parle.

Gabrielle soupira et mâchonna le bout de sa plume, puis ferma son journal et le mit de côté lorsqu'elle entendit des bruits de pas familiers, combinés à des gazouillis enfantins. Elle laissa un sourire s'emparer de son visage lorsque Xena entra, Dori dans un bras et un pot de quelque chose dans l'autre. "Regardez qui arrive..."

Dori se tortilla dans tous les sens, en constatant que sa mère ne se levait pas pour venir la voir. "Maman !" Elle s'élança hors des bras de Xena, essayant d'atteindre sa mère, ce qui fit pousser un cri de panique à la guerrière.

"Hé ! Dori... arrête ça... tu ne sais pas voler." La stoppa Xena en grondant le bébé, tout en se rapprochant de la barde pour permettre à Gabrielle de récupérer le petit corps déchainé.

"Pas encore, en tout cas." Répliqua Gabrielle en câlinant sa fille, avant de la chatouiller doucement, ce qui fit glousser la petite. "Ne t'inquiète pas, ma chérie... Boo t'apprendra ça bientôt".

"Très drôle." Xena avait retiré ses bottes et avait enfilé une chemise propre, puis elle avait récupéré deux bols en bois dans leur équipement et les avait remplis à partir de la marmite. "J'avais oublié quelque chose à propos des grottes." Elle leva la tête et grimaça lorsqu'un son discordant résonna dans les rochers. "Par les Dieux."

"Qu'est-ce que c'est ? Gabrielle leva les yeux et regarda autour d’elle, puis elle fronça les sourcils, alors que le bruit étrange devenait plus fort. "Mais qu'est-ce que c'est ?"

"Des chants." Xena était revenue vers le lit et elle tendit à sa compagne un bol et une cuillère. "Des Amazones qui chantent... maman a ouvert un tonneau." Elle se pelotonna à côté de la barde sur le côté et prit une bouchée du ragoût, le mâchant lentement avant de l’avaler. "J'ai été arrêtée."

"Ah bon ? ?" La barde croqua dans une carotte. "Elle voulaient que tu te joignes à elles ?"

"Non." Xena garda les yeux sur le bol, déplaçant les morceaux de viande. "Elles voulaient savoir ce qui t'était arrivé."

"Par les Dieux." Gabrielle poussa un soupir de mécontentement. "Et tu leur as dit, hein ? Avec les embellissements appropriés, n’est-ce pas ?"

Xena tourna la tête vers elle, une lueur diabolique au fond des yeux. "Ouaip."

"Tu vas me le payer." Jura son âme sœur. "Xena... Qu'est-ce que tu leur as dit ?"

La guerrière lui envoya un regard innocent. "La vérité." La guerrière offrit un morceau de carotte à son âme sœur, mais un bébé affamé lui arracha des mains avant qu’elle puisse lui donner. "Hé... tu as déjà mangé."

"Mm." Dori rampa et commença à examiner le bol de sa camarade de jeu préférée. "Nmm..." Un morceau de venaison trouva le chemin de sa bouche et elle le suça avec intérêt. "Encore."

"Oh." Gabrielle grimaça de plaisir. "Un nouveau mot."

Dori se retourna et attrapa le nez de sa mère, lui étalant du ragoût sur le visage. "Maman... bon."

Xena récupéra son ragoût et parvint à en avaler plusieurs bouchées à la suite, observant sa compagne alors qu'elle tentait d'enlever la sauce étalée sur son visage. "Joli..." Elle se pencha, dépassant le corps de Dori et retira délicatement la sauce avec ses lèvres et sa langue.

Gabrielle resta bien immobile jusqu'à ce qu'elle ait fini, puis elle relâcha lentement sa respiration, laissant les picotements parcourir toute sa colonne vertébrale. "Ohhh.... Merci Dori." Elle adressa un sourire à sa fille, qui la regardait d'un air perplexe. "Tu peux m'enduire de trucs quand tu veux, d'accord ?"

"Maman ?" gloussa le bébé. "Encore." Elle tripota le plat de la barde, récupérant un morceau de viande tendre et le fourrant dans sa bouche. "Mmm."

"Allez, Dori... J'ai vu que grand-mère t'a donné deux gâteaux ce soir... Ne me dis pas que tu as encore faim." La gronda gentiment Xena. "Je pense que c'est de là que vient ce 'encore'... ma mère." Elle réussit à mettre une autre cuillerée dans sa bouche avant que la petite voleuse ne vienne lui rendre visite, lui prenant une carotte. "Hm... c'est bon. Tu peux prendre ça."

"Xena." Gabrielle lui lança un regard exaspéré. "Tu sais qu'elle te copie... si tu ne manges pas tes légumes, elle ne le fera pas non plus."

"Et qui l'a dissuadée d'aimer les céréales ?" répliqua la guerrière en levant un sourcil. "Madame 'donnez-moi des fruits et des noix ou sinon rien' Gabrielle ?"

La barde lui tira la langue, avant qu’elles ne rigolent toutes les deux. "Ah..." Gabrielle se glissa un peu vers elle, jusqu'à ce que leurs épaules se touchent. "Je ne sais pas pour toi, Xena... mais je pense que j'aime vraiment être mère."

La tête sombre se blottit contre la sienne. "Moi aussi." Répondit Xena calmement. "Ça a été la deuxième meilleure chose de ma vie". Elle croisa le regard de Gabrielle qui leva les yeux vers elle, et elles échangèrent un sourire ému, rempli de compréhension et d’une émotion si forte qu’elle semblait impossible à imaginer.

Gabrielle captura une carotte et la lui tendit, souriant lorsque des dents blanches se refermèrent doucement sur ses doigts, retirant le morceau avant que des lèvres ne sucent sa peau. "La mienne aussi." Elle se pencha et embrassa son âme sœur, goûtant les épices sur ses lèvres avant qu'elles ne se séparent. "Mais j'espère que tu continueras à dire ça quand elle commencera à flirter." La barde lança un regard ironique à sa compagne.

Xena resta silencieuse un moment et regarda pensivement Dori qui explorait activement autour d’elle. "Je pense qu'elle sera capable de prendre soin d'elle." Déclara-t-elle doucement, laissant les mots tomber dans un silence chargé. "Elle a ton instinct."

"Pas question." La voix de Gabrielle prit un ton plus profond. "Elle va avoir besoin de sa Boo... pour un long moment encore." Elle prit une inspiration. "Tout comme moi." Termina la barde sur un ton beaucoup plus doux.

La guerrière pouvait sentir et voir la tension sur le corps de sa compagne alors que Gabrielle luttait pour rester calme et détendue. Elle regarda dans les yeux verts intenses pendant plusieurs battements de cœur, son instinct se battant furieusement contre son cœur pour éviter de blesser Gabrielle avec de vagues prémonitions.

Étrangement, son cœur gagna et après tout, maintenant elle avait une cavalerie, non ? Peut-être que cela ferait la différence... ou peut-être que Gabrielle avait raison et qu'Ares essayait juste de lui faire peur. Elle donna un petit coup de coude à la barde. "Ah... à ce moment-là, je serai tellement vieille que je devrai me contenter de leur jeter des pommes pourries depuis le porche." Xena laissa un sourire détendu traverser son visage. "Et laisser ma réputation parler pour moi."

Gabrielle laissa sa tête reposer contre l'épaule musclée à côté d'elle et se sentit presque étourdie de soulagement. "Je ne sais pas pourquoi, mais j'en doute." Répondit-elle sur un ton enjoué. "Je pense qu'elle va avoir du pain sur la planche pour arriver à se faufiler sans que tu la voies." Elle soupira. "Les Dieux savent que j’essaie toujours."

Dori en profita pour prendre la cuillère de Xena et en sucer le bout, puis plongea à la recherche de plus de butin. "Mmm."

Xena leva un sourcil sardonique. "Oh ouais... Je peux voir ça maintenant." Elle récupéra sa cuillère. "Donne-moi ça."

La petite se renfrogna, un regard familier et attachant sur un visage qui ne s'y prêtait pas vraiment. "C'est à moi." Elle tenta d’attraper la cuillère, que Xena tenait hors de sa portée. "Bouh !" Le bébé grimpa le long du corps de sa camarade de jeu et gratta le visage de la guerrière avec ses mains. "A moi !"

Gabrielle captura les poings du bébé et les maintint, puis pointa Xena du doigt. "Non, non." Elle agita son doigt vers sa fille. "C’est à moi."

Dori s'assit, perplexe, regardant d'abord sa mère, puis Xena.

"C'est bon, Dori." La guerrière captura un petit pied et le serra. "Tu es à nous."

La petite la regarda en retour d’un air presque solennel.

Xena étouffa un bâillement, puis jeta un coup d'œil par-dessus l'épaule de sa compagne vers l'entrée. "Ta sœur arrive."

Gabrielle ne bougea pas d'un poil, se contentant de laisser sa tête posée sur l'épaule de son âme sœur. "Chouette…" murmura-t-elle avant de se déplacer et de regarder Xena. "Tu n'avais pas parlé d'une surprise ?"

Un sourire lent, presque sexy, se dessina sur le visage de Xena. "Oooohhhh oui......" Elle leva le bras et remit Gabrielle sur ses oreillers, alors que la porte s'assombrissait de la présence de Lila. "Je reviens tout de suite."

La barde se laissa aller à un bâillement, en tournant la tête. "Hé, sœurette."

Lila entra, tirant un joli châle bleu autour de ses épaules. " Hé... je suis venue voir comment tu te sentais... " La petite sœur de Gabrielle traversa la pièce jusqu'au lit et s'assit sur le bord de la chaise. "Hé là, Dori... c'est l'heure d'aller au lit, hein ?" Elle jeta un coup d'œil vers l'eau. "Salut, Xena."

"Bck." Le bébé jouait tranquillement sur les couvertures, ayant découvert une des plumes de Gabrielle. Elle déchirait les plumes, en jetant des morceaux sur sa mère.

"Salut." Répondit la guerrière distraitement, de là où elle était agenouillée.

Gabrielle s’étira, soulageant les douleurs alors qu'elle s'installait plus confortablement sur le matelas rembourré. "Je vais bien." Elle posa ses mains derrière sa tête. "Vous êtes bien installés ? Je voulais aller te voir, mais je n’ai pas vu le temps passer."

"Pas de problème... on est très bien." Expliqua Lila tranquillement. "Maman est occupée avec Cyrène, et j'ai couru après Gabriel toute la soirée. Il croit que ce nouvel endroit est un immense terrain de jeux, je pense." Elle étudia sa grande sœur. "Tu es sûre que tu vas bien ? Tu avais l'air tellement mal aujourd'hui... Je me suis inquiétée." Lila se pencha en avant. "C'est vrai que tu as repoussé cinquante soldats ? J'ai entendu ça ce soir."

Gabrielle se hissa sur ses coudes et jeta un regard en direction de son âme sœur. "Xena."

Des yeux bleus d'une innocence dévastatrice croisèrent son regard. "Ouiiiii ?"

"50 ?"

"Je suis sûre d'avoir dit quinze." Répondit la guerrière raisonnablement en continuant à remplir trois bols à partir de la marmite qu’elle avait ramenée. "Ils ont dû mal entendre."

"Oh... et les chevaux en fuite, alors... et les cent lances ?" demanda Lila avec intérêt.

"Xeeennaaa..." grogna la barde.

Xena se leva et s'approcha, en tendant un bol à chaque femme, puis elle s'assit sur le bord du lit. "Um.... "Elle plongea une cuillère dans son plat et goûta. "Vous devriez essayer ça... c'est génial."

"Hah." Gabrielle lança à son âme sœur un regard très agacé. " Tu penses vraiment que tu peux me faire oublier que tu as raconté une histoire délirante sur moi juste en..... " Une pause. "Mmmm.... Qu'est-ce que c'est ? " La barde fit rouler la substance froide et sucrée sur sa langue, décelant surtout le miel et les fruits.

"Wow." Lila avait déjà pris plusieurs cuillères de la friandise. "Xena... c'est incroyable... "

Xena s'allongea sur le côté, croisant ses jambes nues au niveau des chevilles, et prit un air suffisant. Immédiatement, Dori rampa vers elle et mit sa main dans le bol de la guerrière, avant de fourrer ses doigts dans sa bouche et de les sucer. "Hé.... c’est à moi."

"Elle va en redemander." Déclara Gabrielle, absorbée par sa friandise. "Par les Dieux, Xena... c'est fantastique."

"Mmm." Dori se leva et se tint debout près de Xena, s'accrochant à sa chemise et essayant d'atteindre le bol, que la guerrière tenait hors de portée. "Boo !"

Lila rit en voyant Xena rouler sur le dos et le bébé accroché à elle, assis sur sa poitrine avec un air blessé. "Elle est trop mignonne." Dit-elle à sa sœur. "Oh regarde... quand elle fait cette tête, elle me rappelle toi quand nous étions petites, et que maman ne voulait pas te donner ces petites friandises aux noix que tu adorais."

"Merci, Lila." Murmura la barde en apercevant l'air machiavélique sur le visage de sa compagne. "N’y pense même pas, Boo." Dit-elle en pointant du doigt la guerrière en guise d'avertissement.

Lila se contenta de sourire et de finir son dessert, tout en observant du coin de l'œil sa sœur. Xena partageait avec indulgence son bol avec Dori, qui était assise sur la guerrière et Lila s'accorda un moment pour réfléchir à la façon dont la scène lui aurait semblé improbable il n'y a pas si longtemps.

Mais elle connaissait Xena maintenant. La grande combattante, imposante, parfois impatiente, avait cet autre côté qui ressortait de temps en temps, beaucoup plus que lors de sa première rencontre avec Xena, ce jour-là, près de la rivière.

Elle avait craint pour la vie de sa sœur pendant ces longues années d'éloignement et d'errance nomade, à juste titre, après avoir entendu certaines des histoires de ce qu'elles avaient fait. Mais à chaque fois qu'elle voyait Gabrielle, les changements de sa sœur lui faisaient comprendre que ces histoires avaient fait d'elle une personne puissante, dynamique et sans peur.

Et étrangement, une partenaire idéale pour la femme austère, parfois violente et secrète avec laquelle elle avait choisi de faire sa vie. Elles étaient, même dans leurs différences, bien assorties l'une à l'autre, et Lila avait été amusée de voir avec quelle habileté sa sœur faisait ressortir le côté plus gentil et plus doux de son intimidante compagne, tout comme les capacités féroces de Xena faisaient ressortir l'agressivité fougueuse qui avait toujours été une partie discrète de la personnalité de Gabrielle.

Même après tout ce qu’elles avaient vécu, elles avaient réussi à s'accrocher l'une à l'autre, ce que Lila gardait dans un coin de sa tête, pour le rappeler aux gens lorsqu'ils se plaignaient des petites choses qui les agaçaient chez leur partenaire.

"Voilà... c'est tout ce qu'il reste." Xena donna la dernière cuillerée à Dori, qui la savoura goulument. "Allez viens... il va falloir nettoyer tout ça maintenant." Elle se redressa, puis se leva d'un seul mouvement, prit le bébé dans ses bras et l'emmena vers une petite bassine d’eau prévue à cet effet, près du feu.

Lila rit doucement, puis porta son attention sur la jambe blessée de sa sœur, surélevée par un petit tas de couverture. "Wow... je parie que ça fait très mal."

"Ouais." La barde posa son bol et regarda son genou d'un air renfrogné. "On dirait que je suis coincée ici demain... tu as des trucs à me donner que je pourrais faire en restant allongée ?" Elle leva les yeux au ricanement narquois venant de son âme sœur. "Hé... pas de commentaires là-bas !"

Lila suça sa cuillère et réfléchit. "Bien sûr... nous avons tout un panier d'herbes qui ont été mélangées et qu’il faudrait trier... Je pourrais l'apporter et nous pourrions le faire... ça serait bien, je pourrais passer un petit moment tranquille avec toi."

Gabrielle hocha la tête. "Bonne idée... J'aimerais bien aussi... même si je ne suis pas sûre que ce soit très calme avec la tornade miniature qui sera avec nous."

"Hé." Xena s’était retournée pour la fusiller du regard.

"Je voulais dire Dori." Expliqua la barde.

"Oh." La guerrière afficha un sourire. "Je pourrais l'emmener avec moi."

"Dans la boue, pour jouer avec les Amazones et les chevaux ? Je ne pense pas, Xena... Il m'a fallu toute une marque de bougie pour la débarrasser de toute cette boue la dernière fois." Elle regarda sa compagne mettre le bébé dans son berceau. "Tant que tu bloques l'entrée avant de partir avec cette boîte, ça devrait aller."

Lila se leva et s'étira. "C'est d'accord alors... je prends le panier et je viens ici après le petit déjeuner... à plus tard, sœurette." Elle jeta un coup d'œil à la guerrière. "Bonne nuit, Xena."

"Bonne nuit." La guerrière reprit sa place sur le lit tandis que la jeune femme brune quittait la chambre.

Gabrielle se tortilla. "Alors." Elle traça un peu la clavicule de Xena. "Qu’est-ce qu’il y avait vraiment dans ce dessert ?"

La guerrière plongea son regard dans le sien. "Pourquoi ?"

"Parce que j'ai vraiment aimé ça." La barde posa son menton sur l'épaule de Xena et souffla dans son oreille, provoquant un frisson le long du corps de la guerrière. "Et j'en veux plus."

"Oh vraiment ?" répondit Xena doucement, un sourire malicieux se dessinant sur ses lèvres. "Et jusqu’à quel point tu en reveux ?"

"La vraie question est..." répondit Gabrielle en commençant à mordre gentiment l'oreille sensible de sa compagne avant de la lécher. "… qu’est-ce que tu y gagnes ?"

Xena se retrouva, de manière inhabituelle, sans voix, stupéfaite par la réaction de son corps à ce doux contact. Non pas qu'elle n'ait pas toujours été réceptive à la barde, mais... "Ares". Réussit-elle à dire. "Porte."

Un grincement de griffes lui confirma que le loup se déplaçait pour surveiller l’entrée de la caverne alors qu'elle fermait les yeux et écoutait le rire bas résonner dans son oreille. Elle laissa les frissons la parcourir, avant de tourner paresseusement la tête et de trouver des lèvres au parfum de miel qui l'attendaient. "Toi." Elle explora leur douceur avec un sentiment de décadence absolue. "Tu vaux tout pour moi."

"Mmm." Gabrielle se rapprocha, passant le léger contact du coton doux, avant de glisser sa main en dessous pour atteindre la peau chaude. Elle caressa le ventre de la guerrière, sentant les muscles se tendre sous ses doigts et les côtes se dilater alors que la respiration de Xena s'intensifiait.

C'était une sensation de puissance très intéressante. La barde déplaça lentement ses attentions vers le bas, sentant le corps fort sous elle se tendre tandis qu'elle suivait une ligne familière le long du ventre de la guerrière, s'arrêtant un moment pour chatouiller son nombril, surprenant un doux rire de sa part, qui s'échappa de leurs lèvres jointes.

Gabrielle rouvrit doucement les yeux et observa des yeux bleu foncé, presque violets, qui la regardaient à demi fermés, animés d'un désir sensuel qui lui envoya une secousse directement dans l'aine. Elle se pencha en avant, laissant son corps frôler celui de la guerrière et sentit une main se poser sur sa hanche. "A moi." Déclara-t-elle avant d’attraper la lèvre de Xena entre ses dents dans un jeu de séduction, sentant le corps de Xena bouger à nouveau lorsque ses doigts glissèrent lentement sur les muscles soudainement tendus de l'intérieur de la cuisse.

"Oui." Xena sentit un sourire un peu étourdi se dessiner sur ses lèvres devant l'adorable possessivité de son âme sœur. "Toute à toi." Ronronna-t-elle, en s'abandonnant de plein gré.

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A suivre chapitre 14

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Commentaires
E
Avec plaisir Isis :)! La suite arrive bientôt!
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I
2 traductions ce mois-ci !<br /> <br /> Merci Emma :-)<br /> <br /> <br /> <br /> Isis
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