Possibilités infinies, chapitre 6B
2ème partie
« Borg un jour,
Borg toujours » (Borg to be Wild)
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« Bon, si je comprends bien, vous êtes
en train de me dire que pendant la semaine écoulée, alors que Seven et moi nous
paressions dans un holodeck, absolument rien ne s’est produit. Tous les
services fonctionnent avec une efficacité totale et tout a été véritablement
paisible ? » Demanda le Capitaine Janeway, l’incrédulité apparente
sur son visage tandis qu’elle écoutait le dernier des rapports de service. Ses
officiers supérieurs se regardèrent les uns les autres et commencèrent à hocher
la tête et à sourire.
« C’est un résumé plutôt fidèle de la
semaine, Capitaine, oui », dit Chakotay depuis sa place au bout de la
table de réunion. « Nous avons décidé que c’est Seven et vous qui attiriez
les ennuis à bord. Nous envisageons sérieusement de mettre nos rations de
holodeck en commun pour le reste du voyage de retour, pour pouvoir vous
enfermer toutes les deux. » Un large sourire plissa le tatouage bleu qui
barrait l’œil gauche de l’homme corpulent.
« Vraiment ? » Dit Janeway
d’un ton traînant et sardonique, tout en lançant un regard à son épouse qui
était calmement assise à la gauche de Chakotay, un soupçon de sourire au coin
des lèvres.
« Je crois que c’est une hypothèse que
vous devriez encourager tout le reste de l’équipage à mettre en œuvre,
Capitaine », dit Seven of Nine, impassible, tout en haussant un sourcil de
manière élégante tandis que tout le monde autour se mettait à rire. L’ex-Borg
soutint le regard gris de sa compagne, notant un rougissement naissant sur les
joues de Kathryn. Elle est en train de
penser à me faire l’amour, pensa l’ex-drone d’un air supérieur.
« Peut-être qu’une semaine par mois ces prochains mois serait suffisant
pour permettre d’émettre une conclusion scientifique valide. »
Janeway se râcla la gorge tandis que d’autres
rires s’élevaient autour de la table. Elle détourna son regard des yeux bleu
glacier de sa compagne et embrassa les regards connaisseurs et indulgents qui
passaient entre les autres officiers. Il
est temps d’avancer dans cette réunion, décida-t-elle avec un sourire
embarrassé.
« Et bien, je soupçonne cependant que
notre chance est destinée à tourner bientôt », dit-elle en replaçant son
masque de commandement. « Chakotay, Cass, nous nous verrons plus tard pour
organiser des entraînements pour l’équipage de passerelle et les pilotes de
navette. » Elle attendit que ses deux officiers acquiescent de la tête.
« Enfin », dit Cass avec un sourire
joyeux. « On s’est ennuyés comme des rats morts ces derniers temps. »
« Ne tentez pas le destin, Lt »,
l’avisa Janeway, en souriant à une des expressions familières uniques de
l’officier australien. « Docteur, je sais que Tom a fait quelques
rotations pour vous assister, mais je veux au moins deux officiers de plus,
entraînés pour couvrir les deux autres rotations aussi si nécessaire. »
« D’accord, capitaine », répondit
le HMU. « Peut-être que je peux trouver des assistants avec une
personnalité plus… engageante cette fois », dit-il pince-sans-rire en
envoyant une pique à sa cible favorite.
« Baaah, allez Doc. Vous savez bien que
vous ne supportez pas que je sois loin de vous », répliqua Tom d’un ton
aimable, absolument pas atteint par le dédain apparent de l’officier médical en
chef à son égard.
« Aussi indispensable que soient vos
services, Tom, je pense que c’est trop vous demander que d’être le seul autre
habitant de l’infirmerie. Veillez à ça, Docteur », ordonna Janeway.
« Avec joie, Capitaine. »
« Bien, ce sera tout pour le moment. »
Renvoyés, les officiers se levèrent et
commencèrent à discuter entre eux tout en sortant l’un après l’autre de la
salle de réunion.
Lis s’approcha de Janeway qui restait assise
tandis que les autres se dispersaient.
« Capitaine, pourriez-vous m’accorder un
instant pour vous parler en privé », demanda-t-elle.
« Bien sûr, Conseillère. » Elle
montra le siège en face d’elle. « Que puis-je pour vous ? »
Lis regarda autour d’elle et nota que
B’elanna et Cass étaient restées dans la pièce, absorbées dans leur conversation.
« En fait, c’est personnel », dit
la jeune femme en regardant le capitaine dans les yeux.
« Très bien », répondit Janeway en
se levant. Elle sourit à la psychologue. « Venez dans mon bureau. Je meurs
d’envie d’un café. »
« Merci, Capitaine », dit Lis en la
suivant hors de la salle de réunion.
« Tu as une minute, Cass ? »
Dit B’elanna alors que le reste des officiers quittait la pièce.
« Bien sûr. Qu’y a-t-il ? »
Cass s’appuya contre le dessus de la table, étira ses longues jambes et croisa
les bras sur sa poitrine tandis que l’ingénieur en chef la rejoignait.
« Je voudrais que tu m’aides au sujet
d’une situation personnelle. » Cass haussa un sourcil. Il était de
notoriété publique que l’ingénierie était une boutique plutôt fermée, une unité
hermétique qui perdait rarement son personnel dans des transferts
interservices.
« D’accord », répondit-elle en
attendant que B’elanna en arrive au cœur du problème. Elle trouvait que son
amie avait l’air plutôt mal à l’aise.
« La rumeur court que tu pourrais avoir
une ouverture en sécurité », dit la demi-Klingonne.
Cass hocha la tête. « C’est
exact », répondit-elle. « Un de mes enseignes a décidé qu’il serait
mieux en astrométrique et Lis et moi sommes pas mal d’accord avec lui. Alors,
l’équipe Beta a une vacance d’emploi. » B’elanna passait d'un pied à
l'autre sans croiser le regard de Cass. « Qu’est-ce qu’il y a,
B ? » Finit par demander le chef de la sécurité. « Quelqu’un
chez toi veut partir ? »
« Et bien, oui et non », dit
Torres. Elle prit une inspiration profonde. « Okay, écoute. Tina et moi on
se voit un peu ces temps-ci. »
Aaah, pensa Cass en résistant à
l’envie de sourire comme une idiote. « Oui, on vous a vu danser au
mariage », dit-elle en gardant la voix basse.
« Oui, bon », confirma B’elanna, en
rougissant un peu. « On s’est vues quasiment chaque soir cette semaine.
Et, bon, on pense toutes les deux que ça vaut peut-être la peine de
continuer. » Elle s’éclaircit la gorge, embarrassée.
Cass donna un coup de poing dans l’épaule de
son amie avec ravissement. « C’est merveilleux, B »,
s’exclama-t-elle. « Vraiment, je suis contente pour toi. »
« Merci », dit B’elanna en
s’autorisant un petit sourire. « Le problème c’est que… »
« … tu es l’ingénieur en chef et qu’elle
est un officier subalterne dans ton service », finit Cass.
« Tu as tout compris. »
« Et bien, je ne suis pas sûre qu’on
n’ait pas un peu relâché les règles dans ce domaine ces temps-ci », dit le
chef de la sécurité en pointant de la tête dans la direction du capitaine qui
sortait.
B’elanna secoua la tête. « Je sais, mais
bon il faut quand même voir les choses en face, Seven est un individu plutôt
unique et elle est à la tête de son propre service. Je veux dire que, oui, elle
répond au capitaine, bien sûr, mais pas sur une base de travail permanente. »
« Mmmmmm », songea Cass. « Et
tu t’inquiètes de ne pas être objective envers Tina ? »
« En fait, non », répondit B’elanna
avec un air confiant. « Et Tina non plus. C’est ce qui nous fait penser
qu’on pourrait aller plus loin. Mais il y a déjà eu quelques commentaires de la
part des autres collaborateurs dans le service. »
« Ça râle », murmura Cass.
« Exactement. »
« Et qu’en pense Tina ? Elle veut
devenir officier de sécurité ? »
« Elle pense que c’est un défi qu’elle
pourrait relever », dit B’elanna. « Et elle te connaît, elle sait
comment tu opères. » Elles se regardèrent et se mirent à sourire.
« En plus, elle a été diplômée aussi en tactique à l’Académie, alors elle
se fait assez confiance pour s’adapter. »
Cass hocha la tête. « D’accord, en théorie,
je suis à l’aise avec ça, B. Mais tu connais la procédure. Il faut qu’on passe
par Lis et Chakotay avant de rendre ça officiel. »
B’elanna regarda sa grande amie de côté.
« En parlant de passer par Lis, comment ça se passe sur ce front-là ?
Vous dansiez joue contre joue au mariage aussi, tu sais. »
« B’elanna », grogna Cass en signe
d’avertissement.
« Quoooooi ? » Dit l’ingénieur
en chef, Les yeux agrandis d’innocence.
« C’est à elle de jouer la partie,
B », dit Cass. « Je ne vais pas la pousser. »
B’elanna fronça les sourcils. « Il y a
six mois, au moment de l’accident, c’était une bonne stratégie, Cass.
Maintenant je ne suis pas sûre que tu appuies sur les bons boutons. »
Cass la regarda avec un faux-air
d’incrédulité. « Appuyer sur les bons boutons ? »
S’exclama-t-elle. « Ce n’est pas un foutu moteur à distorsion, Lt. »
« Vu la chaleur que vous dégagiez la
semaine dernière, on aurait bien pu y croire, Lt », rétorqua B’elanna en
donnant à son tour un coup de poing à la grande femme.
« Oh, feeeerme-la. »
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« Que vous arrive-t-il,
Lis ? » Demanda Janeway en tendant une tasse de café fort et fumant à
la conseillère.
Lis huma l’arôme délicieux et remua lentement
la boisson tout en s’asseyant sur le canapé dans le bureau du capitaine.
« Cass », dit-elle brutalement, et
elle sourit en voyant Janeway manquer de s’étouffer avec une gorgée de
café ;
« Et bien », dit le capitaine en
toussant. « J’admire quand un officier sait aller vite au but, Lis, mais,
la prochaine fois, laissez-moi avaler d’abord. »
La jeune femme blonde se mit à rire, elle se
sentait assez à l’aise en présence de son commandant, après cinq ans passés
presque dans l’espace ensemble, pour savoir quand celle-ci blaguait.
« Désolée », murmura-t-elle, en
souriant.
« Bon. Vous avez dit que c’était
personnel, alors je peux aisément présumer que vous n’êtes pas inquiète au
sujet des performances du Lt Lansdown en tant que chef de la sécurité »,
dit Janeway en notant l’attitude posée et l’expression calme et presque paisible
de sa conseillère. Elle a l’air d’aller
bien mieux que je ne l’ai vue depuis des mois, songea le capitaine avec
satisfaction.
« Pas le moins du monde »,
acquiesça Lis. « En fait, c’est de loin le meilleur officier que vous
ayez. »
Janeway hocha la tête. « Je ne fais
habituellement pas ce genre de jugement, mais je ne discuterai pas vraiment
cette opinion. » Elle sourit et s’adossa dans le canapé avant de reprendre
une gorgée de café. Je vais laisser
courir cette conversation, pensa-t-elle.
Voyons de quel côté le vent souffle.
Lis s’éclaircit tranquillement la voix.
« Je sais que vous êtes au courant du passé que je partage avec
Cass », dit-elle avec prudence. Janeway hocha la tête. « Cass est
probablement la seule raison pour laquelle je suis assise ici avec toute ma
tête », continua-t-elle. « Elle a passé les six derniers mois à être
la meilleure amie que je pouvais jamais espérer. Elle aurait pu en tirer profit
mais elle ne l’a pas fait. Pas du tout. Pas une seule fois. Même pas un petit
peu. »
Janeway sourit intérieurement, se demandant
si la petite femme blonde avait conscience qu’elle semblait vaguement ennuyée
par ce point.
« Le fait est, Capitaine… que je,
heu… »
« Ne commencez pas à tourner autour du
pot maintenant, Lis », blagua Janeway en posant sa tasse sur la table.
« Je sais, désolée. » Pour la
première fois, la conseillère avait l’air un peu nerveux. « Cass m’a
attendue horriblement longtemps, Kathryn », dit-elle calmement,
inconsciente d’être passée dans le mode plus informel qu’elles utilisaient
quand elles n’étaient pas en service. « Mais là elle a pris tellement de
distance que j’ai peur d’avoir raté ma chance avec elle. » Elle leva les
yeux vers le regard gris de Janeway, plein de sympathie et de réconfort.
« J’en doute sérieusement », dit le
capitaine. « J’ai vu comment elle vous regarde quand elle pense que vous
ne la voyez pas. J’ai entendu comme elle parle de vous. Et je l’ai vu prendre
soin de vous et vous défendre. Et encore mieux, je vous ai observées en train
de danser toutes les deux à mon mariage. » Elle sourit.
Lis rougit. « C’était plutôt
agréable », admit-elle.
« Alors
qu’attendez-vous ? C’est à cause de Nick ? » Demanda
doucement Janeway.
La jeune femme secoua lentement la tête.
« Non, je ne pense pas », murmura-t-elle. « Je suis en paix avec
lui et notre vie passée. »
Janeway décida de saisir l’opportunité de
donner son avis.
« Je ne veux pas manquer de respect à
Nick », commença-t-elle. « Mais je ne pense pas avoir vu deux
personnes plus destinées l’une à l’autre que Cass et vous. » Elle
réfléchit à ce qu’elle venait de dire. « Avec la possible exception de
Seven et moi », ajouta-t-elle en souriant, ce que lui rendit la jeune
femme. « Sérieusement, Lis. Ça irradie de vous deux chaque fois que vous
êtes dans la même pièce. Je ne pense pas que vous devriez avoir le moindre
doute sur la réponse de Cass. »
Lis posa sa tasse de café près de celle du
capitaine.
« A ce point je ne suis même plus sûre
de savoir quelle question poser », dit-elle.
« Et si vous lui demandiez juste de
dîner avec vous », suggéra Janeway en souriant.
Lis prit une profonde inspiration et
contempla cette idée. Mais oui, c’est une
idée merveilleuse, songea-t-elle, nous
avons eu un tas de dîners ensemble ces six derniers mois, mais celui-ci
pourrait être vraiment spécial. Elle regarda à nouveau Janeway et sourit.
« Je peux faire ça », acquiesça-t-elle.
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Quelque chose de chaud et humide chatouillait
les paupières closes de Cass alors qu’elle sortait lentement d’un sommeil
profond. Ce n’était cependant pas suffisant pour lui faire ouvrir les yeux.
Ignorant cette sensation, elle se laissa flotter dans des limbes de songerie.
C’était plutôt agréable, songeait-elle. La sensation revint et elle fronça les
sourcils. Bien sûr, ce serait encore plus
agréable si ce n’était pas si râpeux, se dit-elle encore ensommeillée.
L’impression continuait, l’attirant vers la conscience quand la curiosité prit
le dessus et qu’elle cligna des yeux.
« Baaaaghiiiiie », grogna-t-elle,
les yeux en face des yeux dorés de son grand chat noir, blotti sur l’oreiller
en face d’elle. Il lécha le bout de son nez pour la saluer et elle gloussa.
« Salut mon pote », murmura-t-elle. Elle se rapprocha et enfouit son
visage dans son pelage soyeux, sentant les douces vibrations de son
ronronnement satisfait.
C’était son premier jour de congé depuis une
semaine. Cass laissa passer quelques minutes avant de rouvrir les yeux. Elle
remua légèrement et le matou saisit l’opportunité pour bouger, rouler sur le
dos et s’étaler en étoile, une patte dans chaque direction. Cass repéra quelque
chose qui pendait de son collier.
« Qu’est-ce que… » Murmura-t-elle
en tendant la main vers le petit rouleau de papier attaché au ruban de cuir.
« D’où est-ce que ça vient ça, mon gars ? » Peu de gens avaient
accès aux quartiers de Cass : Lis et B’elanna… et Janeway et Chakotay bien
entendu. Je pense qu’on peut éliminer ces
deux-là, pensa-t-elle en souriant. Elle tira sur le ruban et déroula le
morceau de parchemin, s’interrogeant à la vue de la note manuscrite à
l’écriture élégante.
« Un petit déjeuner annonce une bonne
journée,
Suis ton odorat où il voudra t’emmener. »
Et bien, ça n’est certainement pas dans le
style de B’elanna, pensa-t-elle en souriant. Ce
qui nous laisse… Un chatouillis d’anticipation démarra au fond de son
ventre. Elisabeth.
« Mmmmmmmm », murmura-t-elle en
rejetant les draps avant de se diriger vers la salle de bains. A peine quelques
minutes plus tard elle était fraîchement douchée et portait des vêtements
civils. Elle versa quelques croquettes dans le bol de Bagheera, remit de l’eau
fraîche et gratta le grand félin sous le menton. « Merci, mon petit
messager », dit-elle en le tapotant une dernière fois.
Cass sortit de chez elle et repéra
immédiatement une rose rouge posée sur le sol. Elle la prit en riant et la
sentit, s’absorbant dans son odeur. Mmmmm,
fraîchement sortie de l’hydroponique. Elle regarda à gauche et à droite et
repéra une autre fleur un peu plus haut dans le couloir. Quoi que tu aies en tête, Lissy, ma journée commence déjà bien,
pensa-t-elle tout en trottinant jusqu’à la rose, avant de voir la suivante sur
le sol du turbolift au bout du couloir. Autour de sa tige, il y avait une
étiquette avec ‘Pont Six’ écrit dessus. Quelques minutes plus tard, Cass se
tenait devant les portes de l’Holodeck Un.
Celles-ci s’ouvrirent en glissant et elle
s’avança, le souffle coupé quand elle reconnut immédiatement l’endroit.
« Fisherman’s Wharf », murmura-t-elle en marchant lentement sur le
ponton de San Francisco. (NdlT :
Fisherman’s Wharf : le Quai des Pêcheurs, est un endroit branché de SF qui
longe la plage.) Alors que le soleil brillait en plein et que les vues et
les sons du quai lui parvenaient portés par la légère brise d’été, un flot de
souvenirs lui revint. C’est là que nous
avons passé notre première journée ensemble. Elle s’arrêta brusquement,
calculant rapidement les dates stellaires et les convertissant dans le
calendrier conventionnel. Nom d'un chien
! Ça fait sept ans jour pour jour aujourd’hui.
Des larmes jaillirent dans ses yeux. Elle se
rendit compte qu’elle n’avait pas vraiment pensé que Lis se rappellerait cet
anniversaire. Cass avait cessé de le commémorer plusieurs années auparavant,
quand c’était devenu trop douloureux d’y penser. Wow, songea-t-elle à nouveau, en reprenant sa balade le long du
bord de mer.
Elle arriva près du Castagnola, l’un des plus
vieux restaurants du Quai et un de ses repaires favoris. Juste à ce moment, un
serveur sortit et l’accueillit avec un sourire et un geste de la main.
« Lt », dit-il en la saluant. Il
tira une chaise de dessous une table de terrasse et lui fit signe de s’asseoir.
« Bonjour. C’est agréable de vous revoir », dit-il. « Le Dr
Dayton a laissé des instructions précises pour votre petit déjeuner, alors si
vous voulez apprécier la vue, je vous apporte ça tout de suite. »
« Hum, merci », répondit Cass en
s’asseyant. « Quand le Dr Dayton va-t-elle me rejoindre ? »
« Malheureusement, elle a d’autres
obligations ce matin, madame, mais elle m’a demandé de vous donner ceci. »
Il tendit un petit objet blanc et sphérique au chef de la sécurité.
« Une balle de golf ? »
« Oui, Lt », confirma-t-il.
« Je crois que vous trouverez un message dessus. » Sur ces mots, il
tourna les talons, laissant Cass apprécier la vue.
Elle fit tourner la balle de golf entre ses
doigts, en souriant parce que Lis s’était souvenue de son intérêt pour ce jeu
ancien. Sur un côté de la balle était inscrit un message en lettres dorées.
« Savoure ton déjeuner, prends des
forces.
Parce que c’est au Holodeck Deux que tout s’amorce. »
Cass se mit à rire et jeta la balle en l’air,
la rattrapant avec un grand geste. Quelques instants plus tard, le serveur
revint les bras chargés de toutes sortes de bonnes choses qu’il commença à
poser autour de l’assiette de Cass : des fruits, des muffins, du bacon,
des saucisses et des œufs sur le plat. Elle sourit. Tu as toujours su comment me nourrir, Lis, songea-t-elle. Elle
reposa la balle de golf et mit les cinq roses qu’elle avait ramassées dans le
vase en cristal au milieu de la table.
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« Merci, Doc » ; dit le jeune
enseigne.
« A votre service, Francis », dit
Lis en le conduisant à la porte de son bureau. « Essayez ces techniques de
méditation dont nous avons parlé et ensuite venez me dire comment ça va »,
dit-elle en souriant.
« Je le ferai », répondit-il en
sortant dans le flux des passants du couloir.
La porte se referma derrière lui et Lis
retourna à son bureau, et écrivit rapidement quelques notes dans le dossier du
jeune homme. Petites attaques d’anxiété, cycles
de sommeil perturbés, affect réprimé, nota-t-elle. Rêves dirigés et techniques de méditation. Pronostic, bon.
Satisfaite, elle repoussa le terminal.
« Ordinateur. Où est le Lt Lansdown ? »
« Le Lt Lansdown est au Holodeck
Deux », répondit l’ordinateur de bord.
Lis sourit. Jusqu’ici tout va bien. Elle est arrivée à la deuxième partie de mon
plan diabolique. Elle rit doucement pour elle-même. Encore trois rendez-vous et je devrais avoir le temps de passer dans
les quartiers de Cass. J’espère qu’elle apprécie son jour de congé.
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Cass l’appréciait assurément. Elle se tenait
au milieu du fairway appuyée sur le long manche de son club. A environ dix
mètres sur sa gauche se trouvait un des grands du golf, Ben Hogan, qui
effleurait la balle pour son second tir vers le green devant. Sur sa droite, se
tenait Shinzu Tomai, une légende du vingt-deuxième siècle, qui avait déjà tiré.
Et près d’elle, il y avait Karrie Webb, la plus grande golfeuse de tous les
temps.
Cass était au paradis. Non seulement elle
jouait contre des légendes de ce sport, mais ils se déplaçaient sur les
meilleurs terrains de golf de toute la Fédération. Et la Terre. Ils
« Allez-y », dit Webb avec un
accent australien trainant distinctif. Cass sourit et hocha la tête, puis elle
s’avança vers la balle. Bon sang, Lis, tu
as bien appris tes leçons. Elle frappa la balle avec grâce et fut
récompensée de voir le petit projectile blanc foncer vers sa cible. « Très
beau coup », dit sa partenaire tandis qu’elles avançaient sur le fairway.
« Merci », dit Cass en souriant. Quelle fabuleuse façon de passer la journée.
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Lis était un peu nerveuse en commençant à
préparer la dernière partie de sa surprise. Elle avait suivi les progrès de
Cass tout au long de la journée et elle savait que son amie appréciait
actuellement un massage et un programme facial que Lis avait prévu pour elle.
Cela lui avait laissé tout le temps nécessaire pour terminer ses rendez-vous et
se diriger vers les quartiers du chef de la sécurité.
Bagheera l’avait saluée comme à son habitude,
sautant sur son épaule avant de se draper avec élégance autour de sa nuque, en
ronronnant comme un malade.
« Salut, beau gosse »,
murmura-t-elle en tendant la main pour lui gratter la tête, ce qui lui valut
une truffe humide sur son oreille gauche. Elle rit et déposa le félin doucement
sur le sol, où il commença à passer entre ses jambes tandis qu’elle allait vers
la partie de la pièce dédiée à la préparation des repas.
« D’accord », murmura-t-elle pour
elle-même. « Que la fête commence. » Elle se tourna vers le
synthétiseur, entra son code pour accéder aux rations qu’elle avait
spécialement gardées pour cette soirée. Assez
pour des chandelles, du champagne et trois plats, pensa-t-elle joyeusement.
Je veux que ce soit incroyablement
spécial.
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Cass était totalement détendue. Après une
douche, des vêtements frais et un massage qui avait failli la faire trépasser
de bonheur, le grand chef de la sécurité était ramolli au-delà de toute
possibilité lorsqu’elle sortit du holodeck. Il n’y avait pas eu de nouveau
message pour elle, aussi ne savait-elle pas exactement à quoi s’attendre
lorsque les portes s’ouvrirent. La dernière personne qu’elle s’attendait à voir
c’était bien B’elanna Torres.
« Bonjour Cass », dit l’ingénieure
en chef joyeusement, les mains dans le dos.
« B’elanna », la salua Cass en
regardant derrière elle le long du couloir.
« Quelque chose ne va pas ? »
Demanda la demi-Klingonne avec un air effronté, un large sourire sur les
lèvres.
« Nan », répondit Cass en regardant
son amie avec méfiance. « Je ne m’attendais juste pas à te voir. »
« Aaah », dit B’elanna. « Et
bien, en fait, j’ai été recrutée. »
« Recrutée ? »
« Mhmmmmm. Mon job c’est de t’emmener
d’ici à ta destination finale », dit-elle avec un air mystérieux, en
faisant un clin d’œil à Cass.
Celle-ci se mit à rire et croisa les bras.
« Ce vaisseau n’est pas si grand, B. Je pense pouvoir me débrouiller toute
seule. »
« Ah, mais tu vois, ça va être beaucoup
plus difficile avec un bandeau sur les yeux. » B’elanna sortit l’écharpe
en soie de derrière son dos et la leva pour la balancer devant le visage de
Cass.
« Oh non », dit Celle-ci en se
reculant. « Tu ne vas pas me trainer sur tout le vaisseau et me faire
passer pour une totale idiote. »
« Cass », la supplia B’elanna d’un
ton moqueur. « Tu viens juste de dire que le vaisseau n’était pas si
grand. La torture sera brève et elle en vaudra la peine. » Elle fit de
nouveau un clin d’œil. « Après tout, tu n’as pas passé une bonne journée
jusqu’ici ? »
Cass y réfléchit.
« Oui », finit-elle par acquiescer.
« En fait, j’ai eu une journée fantastique. » Elle sourit à son amie.
« Je ne m’attendais juste pas à te voir, toi, à la fin. »
« Alors, pourquoi ne pas avoir confiance
et te dire que ce sera encore mieux après et que tu ne vas avoir à me supporter
que quelques minutes encore ? » Dit B’elanna pour la raisonner.
« D’accord », dit Cass prudemment
tandis que l’ingénieur s’approchait.
« Bon, penche-toi un peu, femme. On
n’est pas tous aussi déformé, tu sais. »
Cass grogna mais obéit, et elle essaya
d’oublier l’inconfort qu’elle ressentit quand B’elanna lui couvrit les yeux
avec le matériau soyeux.
« Doucement, Lt », murmura
l’ingénieur, sachant combien son amie détestait ne pas avoir le contrôle.
« C’est bon. Allez. » Elle prit la main du grand chef de la sécurité
et commença à la mener le long du couloir.
Cassie décida d’écarter son anxiété. Elle
commençait à envisager l’endroit où B’elanna pourrait bien l’emmener. Elle
pouvait entendre la
Klingonne
« Bougez-vous, bougez-vous »,
criait B’elanna.
L’ingénieur finit par s’arrêter dans un
couloir tranquille.
« On est arrivées, Lt », dit la Klingonne
Cass sentit B'Elanna s'éloigner, et le
silence du couloir vide, alors que la porte du turbolift se fermait derrière
l’ingénieur. Elle prit une profonde inspiration, consciente que l’excitation du
moment à venir lui donnait la chair de poule.
C’est maintenant ou jamais, Cassandra,
pensa-t-elle en avançant. Elle sentit et entendit une porte s’ouvrir au moment
où elle passait, puis siffler en se refermant derrière elle. Il régnait un
silence inquiétant de l’autre côté et Cass leva la tête légèrement, en essayant
d’utiliser au mieux ses sens de l’ouïe et de l’odorat. Mais ce fut son sens du
toucher qui lui donna un indice. Une fourrure soyeuse et chaude se cognait
contre ses mollets.
« Bagheera ? »
« Miiiiiiiiaaaaaoooouuuuu »,
répondit le félin.
« Tss, c’est vraiment dur de créer une
atmosphère de mystère et de surprise avec ce chat dans les environs »,
énonça une voix familière et très bienvenue, avec un sourire évident dans le
ton.
Cass se mit à rire en sentant un autre corps
chaud et plus grand se mettre près d’elle et des mains venir derrière sa tête
pour détacher le nœud du bandeau. Le matériau soyeux tomba et elle tourna la
tête vers les gentils yeux verts.
« C’est mon chat de garde », dit le
chef de la sécurité simplement en souriant à la jeune femme blonde.
« Mmmmmm, peut-être bien, mais il a
complètement gâché mes plans pour ton entrée », dit Lis joyeusement en
souriant à son tour.
« Et bien », dit Cass en
réfléchissant. « Je pourrais toujours fermer les yeux et faire comme si je
ne savais pas où je suis. »
Lis fit semblant d’y réfléchir. « Ça
pourrait marcher », dit-elle.
Cass ferma immédiatement les yeux et essaya
d’avoir l’air intrigué, ce qui provoqua un rire de la part de Lis. « Je me
demande bien où je suis ? » dit-elle d’un ton de comédie, tout en
remuant les bras autour d’elle comme si elle cherchait quelque chose.
Lis évita ses mains puis attendit le bon
moment, et elle s’avança jusqu’à être contre elle. Elle se redressa sur la
pointe des pieds et effleura légèrement les lèvres de Cass.
Qui ouvrit ses yeux bleus de surprise, mais
elle avait attendu trop longtemps pour gâcher une opportunité comme celle-là.
Elle prit rapidement la jeune femme blonde dans ses bras et la serra, leurs
visages à quelques millimètres l’un de l’autre.
« Lissy », dit-elle dans un
souffle. Elle s’entendait à peine dans le bruit du battement de son cœur. Elle
pouvait sentir le souffle chaud de la jeune femme sur ses lèvres. « Merci
pour cette merveilleuse journée », murmura-t-elle.
Lis déglutit. Ses lèvres vibraient du contact
bref avec celles de Cass et elle savait qu’elle en voulait plus. « D-de
rien », murmura-t-elle à son tour.
« J’aurais juste souhaité que tu soies
avec moi », répondit Cass en souriant légèrement, brûlante du désir
d’embrasser à nouveau la jeune femme.
« Mmmmmm, je sais. Mais je suis là
maintenant », dit Lis dans un souffle.
« Oui, c’est vrai », murmura Cass.
Elle resserra l’espace infime entre elles,
sentant son sang chanter tandis que leurs lèvres reprenaient leur contact. Lis
haleta contre sa bouche et elles hésitèrent un infime instant, retenues par la
douleur de l'anticipation. Puis, aucune ne put attendre plus longtemps et elles
commencèrent à s’explorer doucement mais avec urgence, leurs lèvres et leurs
langues se touchant et se goûtant.
Six années et demie d’attente se dévoilèrent
dans ce premier baiser. Les mains de Lis remontèrent pour prendre le visage de
Cass, les doigts caressèrent les joues et les tempes. Cass resserra les bras
autour de la jeune femme blonde, et laissa ses mains voyager, saisir, caresser
le corps qu’elle avait désiré depuis plus longtemps qu’elle ne pouvait s’en
souvenir. Les deux femmes roucoulaient et gémissaient aux mouvements de leur
langue, tandis que l'urgence de leur désir augmentait entre elles. Cass ne
voulait pas arrêter, avec un sentiment si intense qu’elle pensait qu’elle
allait s’embraser.
Lis se fondait contre la grande femme.
Embrasser Cass apportait un sentiment merveilleux de redécouverte, familier et
pourtant méchamment excitant. Elle grogna quand Cass accentua le contact,
provoquant un tiraillement douloureux dans les tripes de la jeune femme qui la
surprit par son intensité. Ça fait si
longtemps que je n’ai pas ressenti ça¸ lui murmura son esprit tandis que son
corps répondait. On devrait ralentir,
mais je ne peux pas me rassasier d’elle.
Elles se séparèrent, essoufflées. Leurs
regards se cherchèrent, alors que leurs mains continuaient leur exploration
hésitante.
« Wow », murmura Cass en penchant
la tête pour déposer une série de petits baisers sur le cou de Lis.
La jeune femme grogna à nouveau, entoura le
cou de Cass de ses bras et s’arqua contre elle tandis que la bouche de la jeune
femme brune faisait des tendres miracles sur sa peau.
« Oooooh, Cassie », murmura-t-elle,
sentant le corps puissant du chef de la sécurité se presser contre elle, la
soulevant presque du sol. « Bon sang, je ne m’attendais pas à… »
« …te sentir aussi bien ? »
Murmura Cass dans son oreille. Elle sentit Lis sourire.
« Pas aussi vite, non », répondit
la jeune femme. « Je pensais qu’il nous faudrait un peu de temps pour…
nous réhabituer. » Elle rit, se rendant compte de combien cela avait l’air
absurde.
Cass sourit encore plus en continuant à
tracer la mâchoire de Lis de baisers vers sa bouche. « Mon ange, j'ai été
à un poil de t'embrasser pendant si longtemps que j'en ai perdu la notion du
temps », murmura-t-elle. « Tu veux qu’on ralentisse ? »
Demanda-t-elle alors même qu’elle ne pouvait résister au désir d’effleurer de
son nez le menton de la jeune femme.
Lis avait des frissons de la tête aux pieds,
tant qu’elle pouvait à peine se concentrer sur la question.
« Mmmm, mon esprit me dit que nous
devrions probablement », murmura-t-elle. « Mais mon corps, mon
âme… »
Leurs bouches se touchèrent à nouveau en
petites explosions de passion qui les laissa encore une fois sans souffle. Lis
s’écarta et remonta une mèche rebelle sur le front de Cass. Elle leva les yeux
vers un regard bleu assombri de désir qui ne cachait rien.
« Je suis tellement désolée, mon
amour », murmura-t-elle. « Pour tout ce que je… »
Des doigts longs et affectueux se posèrent
sur ses lèvres pour la faire taire. « Plus d’excuses », répondit
Cass. « C’est… le passé.Tu penses que ceci… » Elle embrassa
tendrement le coin de la bouche de Lis, « … serait aussi bon si nous
n’avions pas dû attendre ? »
La jeune femme blonde sourit franchement et
laissa la joie d’être touchée la submerger.
« Oui », dit-elle honnêtement en
riant. « Tu as toujours embrassé merveilleusement bien. »
Cass se recula et la regarda, et elle
effleura doucement les lèvres de la jeune femme. « Tu me pardonneras si je
te dis que j’avais oublié comme tu avais bon goût ? » Demanda-t-elle.
« Mhmmmmm », répondit Lis
doucement, s’émerveillant des frémissements de désir que les mots et les
caresses de Cass produisaient en elle. Elle glissa sa main sur la nuque de la
jeune femme puis remonta dans les cheveux soyeux et elle attira sa tête sombre
dans un autre baiser sensuel prolongé. Elles furent interrompues par le grondement
sourd de l’estomac de Cass, qui les fit plonger dans une crise de rires.
« Te moque pas », dit Cass en riant
à la vue de l’air faussement outragé de la conseillère. « Je viens de
jouer dix-huit trous de golf. »
« Et tu as gagné ? » Demanda
Lis en prenant la main du chef de la sécurité pour l’emmener vers la table du
dîner.
Cass ricana. « Bien sûr », se
vanta-t-elle. « Pour une raison inexplicable, la plus grande golfeuse de la Fédération
Lis sourit d’un air énigmatique en se
penchant pour l’embrasser avec douceur. Puis elle se dirigea vers la zone de
préparation où les plats chauds attendaient. « En fait, non »,
admit-elle. « C’est un des programmes de Tom. Je l’ai juste emprûnté parce
que je savais que tu t’amuserais bien avec. »
Cass se remit à rire. « Et bien, ça
explique pas mal de choses », dit-elle. « Connaissant l’ego démesuré
de Tom et son penchant pour la compétition, je peux imaginer qu’il a programmé
ce petit défaut. » Lis lui lança un regard par-dessus son épaule.
« Ok, ok, je l’aurais probablement programmé comme ça aussi », dit le
chef de la sécurité en souriant.
« Mhmmmm », acquiesça Lis en
apportant un plateau fumant de crustacés pour le placer avec soin au milieu de
la table avant de s’assoir près de Cass. Son ex-amante – qui allait bientôt devenir son ex-ex-amante, songea-t-elle avec
espoir, tendit la main et prit la sienne en examinant la nourriture.
« Wow », murmura Cass. Ça a été une journée pleine de ‘wow’,
songea-t-elle. Il y avait des demi-homards, des pinces de crabes, des
crevettes, des huîtres, des moules et des coquilles Saint-Jacques, couverts
d’un beurre d’ail aromatique qui fit à nouveau gronder son estomac. « Ça a
l’air délicieux, ma chérie. » Elle se tourna vers la jeune femme et
l’embrassa tendrement. « Presque aussi délicieux que toi »,
murmura-t-elle sur les lèvres de Lis lorsqu’elles se séparèrent.
« Mmmmm, belle parleuse », répliqua
Lis. Elle prit un morceau de crabe, s’assura qu’il dégoulinait de sauce, et le
plaça avec douceur sur la lèvre inférieure de Cass. Fascinée par la vue de la
bouche de la jeune femme brune, elle regarda, comme hypnotisée, Cass engouffrer
le morceau et ses doigts. Oooohhh,
son corps répondit à sa place.
Cass lécha légèrement la sauce sur le bout
des doigts de Lis et sourit en voyant l’expression de ravissement sur son
visage. Dont les doigts trainèrent sur ses lèvres tandis qu’elle mâchait
lentement la chair de crabe.
« C’est fichtrement bon »,
murmura-t-elle. Elle tendit la main et choisit une crevette, enroulée, rose et
juteuse. Elle allait la porter à la bouche de Lis mais changea d’avis
lorsqu’une alternative lui traversa l’esprit. Elle amena la crevette à sa
propre bouche et la prit entre ses dents, puis elle haussa un sourcil
interrogateur en direction de son amie.
Lis grogna de manière audible, comprenant
immédiatement ce que Cass suggérait. Elle se pencha en avant et mordit
doucement la crevette, effleurant les lèvres de sa compagne des siennes. Elles
mâchèrent et avalèrent en silence, leur regard toujours cloué l’un à l’autre.
Puis elles revinrent pour un autre baiser, mordillant et léchant la sauce au
beurre sur leurs lèvres et leur langue.
« On pourrait bien en être encore à
manger demain matin, si on continue comme ça », murmura Cass contre la
bouche de Lis.
« Ça me va », répondit celle-ci en
glissant les bras autour de la nuque de Cass. Mais cette fois, c’est son
estomac qui gronda de protestation et elles tombèrent dans les bras l’une de
l’autre en riant. « Je me rends », dit-elle en riant. « On
mange. »
Cass sourit et hocha la tête.
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Dans l’espace, au devant du Voyager, mais se
rapprochant de plus en plus, une sphère grise sinistre arrivait à toute allure.
Ses huit occupants ne parlaient pas, mais ils n’en avaient pas besoin, leurs
esprits parfaitement à l’unisson communiquant comme s’ils ne faisaient qu’Un.
Les scanners de la sphère sondaient et exploraient, balayant l’espace devant
eux pour un signe de vie – n’importe laquelle qui vaudrait d’être assimilée –
même s’ils avaient une cible spécifique et favorite à l’Esprit. L’atmosphère
teintée de vert de la sphère bourdonnait et bruissait, la saveur piquante des
ions métalliques chargeait l’air et les Borgs bougeaient silencieusement d’un
poste de travail à l’autre, contrôlant les systèmes.
C’était le vaisseau éclaireur d’un cube Borg
massif, à plusieurs années-lumière derrière eux, mais ils auraient aussi bien
pu être à l’intérieur du vaisseau-mère, tant leur connexion avec leurs frères
et sœurs était forte.
Une alarme résonna et les huit drones surent
immédiatement qu’ils avaient trouvé ce qu’ils cherchaient. A l’unisson, ils
changèrent de direction, ajustèrent leur stratégie, planifièrent leurs
mouvements, dans une pensée commune instantanée.
Aucun bruit, aucune question, aucune
discussion. Aucun doute.
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Suite – Chapitre 7, 1ère partie