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4 janvier 2010

Cible mouvante, partie 7, chapitre 14

MOVING TARGET par Melissa Good
CIBLE MOUVANTE
Partie 7
Traductrice: Gaby

Chapitre 14
Kerry étudia sa pâte à biscuit d'un air sérieux. « Qu'est-ce que tu en penses, Chino ? » Demanda-t-elle en posant ses deux mains sur le comptoir de marbre. « Est-ce que tu penses que ta maman se contentera de biscuits ordinaires ? »
« Wouff. »
« Mmh... non, je ne pense pas non plus. » Kerry se tourna et se dirigea vers un tiroir, l'ouvrit, et fouilla à l'intérieur. « Tu sais, je n'aurais jamais pensé que j'utiliserais un jour ce vieux cadeau de Noël de ma tante Eenie, Chino, je t'assure. Je ne me suis jamais imaginée avec un tablier à préparer des cookies pour les gosses. »
« Wouf. »
Kerry trouva ce qu'elle cherchait et posa le tout sur le comptoir. Elle ouvrit la poche plastique et en sortit un assortiment d'emporte-pièces en aluminium. « Hmm. » D'un geste elle en poussa plusieurs. « Un arbre de Noël, non... une citrouille, non... un trèfle à quatre feuilles, non plus... ah. » Elle en attrapa un et le leva. « Nous y voilà. »
Elle revint vers le plan de travail, positionna l'instrument sur la pâte et appuya. « Et donc Chino, je disais... me voilà avec un tablier dans la cuisine, à préparer des biscuits en forme de cœur. » Elle examina son travail, attrapa le cœur découpé et le déposa sur la plaque du four déjà beurrée. « Et j'en apprécie chaque minute. Qu'est-ce que tu penses de ça ? »
« Wouff. »
« Qu'est-ce que tu en penses ? » Répéta Kerry, d'un ton plus doux. « Je ne crois pas que ce soit mon horloge biologique qui me titille, hein Chino ? »
Chino couina et se coucha, la tête sur le pied de Kerry.
« Non, moi non plus. » Kerry secoua la tête en riant. « Tu sais ce que je crois ? Je crois que j'ai juste tellement d'amour en moi pour ta maman qui cherche toujours à s'exprimer, et je pense que c'est simplement un autre moyen de le lui montrer. » Elle finit d'arranger les cookies et vérifia la température du four avant d'ouvrir la porte et de glisser la plaque à l'intérieur. « Tu crois que ta maman le sait ? »
Quelque chose dans le regard de Dar ce matin quand elles s'étaient réveillées l'avait tracassée. Elle pensait qu'elle l'avait probablement imaginé – mais plus elle y pensait, plus elle se disait que ce n'était pas son imagination, et ce sentiment lui rappelait les premiers temps de leur relation, quand elle voyait parfois des ombres de peur menaçante dans ces yeux bleu pâle.
Et elle savait d'où ça venait. Kerry grimaça un peu tandis qu'elle roulait un bout de pâte à cookie entre ses doigts. Ça venait de cette garce de Shari, que Kerry aurait vraiment aimé cogner d'un bon direct dans le nez.
« Oh ouais. » Elle laissa échapper un petit rire. « Ça aurait bien donné sur Tech TV, Ker.  Tu aurais mis au sol une rivale dans un combat de chats de gouttière au beau milieu de la convention. » Kerry jeta une boule de pâte à biscuit vers le museau de Chino. Le Labrador l'attrapa à mi-chemin, l'avala rapidement et leva les yeux pour en avoir un peu plus. « Hé. Ça aurait probablement été l'une de leurs meilleures prises de l'année.  Tu n'en auras pas plus, petit chien goulu. »
La chienne soupira et se colla à la jambe de Kerry. Avec un sourire Kerry s'assit sur le sol près d'elle et caressa sa fourrure douce. Elle se laissa aller contre le comptoir et savoura le moment de satisfaction tranquille, heureuse que ses crampes d'estomac soient finalement parties.
C'était en partie grâce à la nouvelle découverte de Dar. Kerry posa une main sur son ventre, et elle sentit la chaleur résiduelle de la petite poche calée sous ses vêtements. C'était comme un chauffage portable, d'environ dix centimètres sur cinq, qui chauffait directement là où ça faisait le plus de bien.
C'était juste parfait. Kerry était émerveillée. Et ça durait plus de douze heures. « La technologie est une chose incroyable, Chi. Tu entends tous ces gens dire qu'ils regrettent le bon vieux temps ? Pas moi. Je préfère être à la pointe de la technologie à tout moment. » Elle réfréna un bâillement avant de se lever, et elle traversa le salon, puis s'approcha des portes coulissantes qui montraient la mer éclairée par la lumière de la lune.
Tout irait bien pour Dar. Kerry s'appuya contre le verre, et observa son souffle faire de la buée. Elle avait juste besoin de quelques petits rappels sur l'importance de leur relation pour elles deux, et surtout de voir à quel point Shari avait eu tort toutes ces années sur tout ce qu'elle avait raconté à Dar.
Garce. Kerry sentit ses poings se serrer. « Mon Dieu, je la déteste. » Chuchota-t-elle en sentant la colère dans ces mots. « Elle ferait mieux de rester chez elle cette fois, Chino. Elle ferait fichûment mieux de rester dans son comté d'Orange et surtout de rester loin de Miami si elle sait ce qui est bon pour elle. »
« Grr. » Chino repéra quelque chose dehors et laissa échapper un grognement bas.
« Qu'est-ce que c'est, Chi ? » Kerry plissa les yeux et regarda à l'extérieur, mais tout ce qu'elle pouvait voir, c'était les reflets de la lune sur la mer, et quelques palmiers qui se balançaient. « Ou c'est juste que tu es d'accord avec moi ? » Elle tourna la tête quand la délicate odeur des cookies en train de cuire lui parvint depuis la cuisine. « Ooh... tu sens ça, ma fille ? Allons voir où ça en est. »
Chino la suivit dans la cuisine, mais à peine deux pas plus tard la chienne fit demi-tour et retourna gaiement dans le salon.
Kerry sourit, se pencha vers le four, et vérifia à l'intérieur tout en gardant une oreille vers les bruits provenant de l'autre pièce. Elle entendit les couinements de contentement de Chino et elle se retint de faire pareil. Oh et puis zut, se dit-elle, et elle leva la voix dans une réponse bizarre aux couinements de Chino. « AwwwrrroooOOh !!! »
« Qu'est-ce que c'est que ça ? » Demanda Dar en entrant dans la cuisine avec le Labrador blond collé à son genou. « Tu égorges un canard ? » Elle enleva sa veste et sortit sa chemise en soie de sa jupe pour être plus à l'aise, puis elle s'avança derrière Kerry et posa son menton sur son épaule en observant l'intérieur de la vitre tintée du four.
« Coin coin. » Kerry finit de vérifier la cuisson des cookies. Puis elle se tourna et fit face à Dar. Avant que sa compagne puisse reculer, elle leva les mains et entoura son visage, l'attirant à elle pour un long baiser doux. « Mais je parie que les canards ne font pas ça. »
« Pas aussi bien que toi. » Dar s'avança et entoura Kerry de ses bras. « Salut. »
Kerry l'étreignit. « Hé chérie. Je suis contente que tu sois là. » Elle sentit la poitrine de Dar bouger quand elle prit un inspiration, et elle resserra instinctivement son étreinte. « Mmmh. Chino et moi étions justement en train de parler de toi. »
Dar sursauta encore, mais cette fois c'était pour un rire qui s'éleva dans l'air. « Ah ouais ? Qu'est-ce qu'elle raconte sur moi ? » Elle posa ses avant-bras sur les épaules de Kerry quand elles s'écartèrent pour se regarder dans les yeux. « Elle se plaignait encore de mes CDs ? »
« Elle râlait parce que tu étais en retard, et qu'elle devait attendre pour avoir des cookies. » Kerry laissa ses mains retomber sur les hanches de Dar. « Ça ne t'a pas pris longtemps. »
« J'avais dit une demi-heure. » Dar jeta un coup d'œil à l'horloge de la cuisine. « Alors, qu'est-ce que vous avez fait toutes les deux, à part les cookies ? » D'un geste de la main elle hérissa les cheveux de Kerry. « J'aime cette coupe. » Dit-elle d'une voix douce. « C'est vraiment mignon sur toi. »
« J'ai récupéré ma voiture, je suis allée me faire couper les cheveux, je me suis occupée du linge, j'ai réglé les factures... » Kerry pointa chacune de ses tâches accomplies. « Je t'ai écrit un poème. » Finit-elle avec un ton un peu timide, pas encore très sûre de ses talents dans ce domaine particulier. « C'était une bonne journée. »
Un poème ? Dar sentit une pointe de plaisir étonné. Bien sûr Kerry en avait déjà écrit plusieurs qu'elle lui avait montrés – il y en avait même un sur elle. « Quel genre de poème ? » Elle ne se souvenait pas qu'il y en ait jamais eu un écrit pour elle cependant, et cette pensée l'intrigua.
Elle en oublia même les révélations inquiétantes qu'elle avait apprises dans le bar.
Kerry lui sourit. « Et bien, laisse-moi sortir les cookies du four, et attraper un peu de lait et tu pourras le lire. Tu décideras toi-même quel genre de poème c'est. » Elle ouvrit a porte du four et enfila une manique avant de sortir la plaque du four et de la poser sur le dessous de plat en bois qu'elle avait sorti un peu plus tôt. « Mmh. » 
Dar observa la manœuvre par-dessus son épaule avec intérêt. « Mmh, ça sent bon. » Elle renifla doucement. « C'est des cœurs ? »
Kerry acquiesça, et les détacha facilement du papier sulfurisé avec une spatule plate avant de les déposer sur une grille pour les laisser refroidir. « Oui. » Elle sentit le souffle chaud de Dar près de son oreille et elle se tourna à moitié, pressant sa joue contre celle de sa compagne. « Je voulais juste que tu saches d'où venaient ces petits morceaux de chocolat. »
« Kerry ? »
« Mmh ? »
« Il fait trop chaud pour que ce soit mon anniversaire. » Dar glissa ses bras autour de Kerry et l'étreignit doucement en regardant les biscuits refroidir lentement. « Alors pourquoi on dirait que ça l'est ? »
Kerry attrapa précautionneusement un des plus petits spécimens, le cassa en deux, et en tendit une moitié recouverte de chocolat au-dessus de son épaule. « Sans raison. » Elle prit une bouchée avant de lâcher un grognement d'approbation. « On devrait les laisser refroidir. »
« Où est le fun dans tout ça ? » Dar respira la bouche ouverte pour se refroidir la langue. « Tu apportes la grille, j'apporte la bouteille de lait. Je te retrouve sur le canapé. »
Kerry était plus qu'heureuse d'obéir. Elle suivit Dar dans le salon, en évitant une Chino excitée qui remuait de la queue avec enthousiasme, et elle se laissa tomber dans le canapé en cuir.
Dar posa le lait sur la table basse, mais elle continua jusqu'à la chambre en déboutonnant sa chemise tandis qu'elle passait la tête par la porte. « Avant il faut que j'enlève ce satané costume et que j'enfile quelque chose de plus confortable. »
« Nue c'est bien aussi. » Commenta Kerry, et elle sourit quand elle entendit le ricanement dans l'autre pièce. « J'aime bien ce tailleur sur toi d'ailleurs. Je trouve qu'il te va vraiment bien. » Elle choisit une chaîne et baissa le son tandis que Dar revenait, vêtue d'une paire de shorts en coton et d'un débardeur. « Rectification, je préfère ça. »
Dar se laissa tomber dans le divan à ses côtés et elle étendit ses longues jambes sur la surface en cuir. « Je suis contente que tu aies passé une meilleure journée que moi. » Dit-elle. « Je vais devoir aller à New York demain soir. Ce foutu projet est en train de poser bien plus de problèmes que ce qu'ils nous en ont dit au début. »
« Ouh ouh. » Kerry tapota sa cuisse et sourit quand Dar rampa jusqu'à pouvoir poser sa tête à l'endroit indiqué. « C'est juste pour une nuit ? » Elle glissa ses doigts dans la douce chevelure noire qui s'étalait maintenant sur ses jambes nues.
« Ouais, je serais de retour mercredi, probablement assez tard. »
Kerry attrapa un cookie et le sépara en deux. « Okay, vu que je dois être en ville pour cette réunion, pourquoi est-ce que je ne te récupèrerais pas à l'aéroport ? On pourra aller dîner au Dolphin. »
« Hmm. » Dar acquiesça, accepta sa moitié de cookie et en prit une bouchée. « Écoute, Stacy et Rhonda m'ont dit qu'elles avaient vu nos deux amies se crêper le chignon dans un bar après la convention. »
« Elles ont pris des photos ? »
« Non. » Dar roula sur le côté et leva les yeux vers Kerry, observant le subtil changement sur son visage. « Ker, ce n'est pas une blague. »
« Je m'en fiche. » Dit Kerry. « Tu sais ce que j'ai décidé ce soir ? J'ai décidé qu'elles, et plus spécialement cette salope de Shari, feraient bien de rester loin de mon chemin pendant cette offre. »
Dar cligna des yeux.
« Je suis sérieuse. J'en ai assez d'elles. Si elles me cherchent à ce meeting mercredi, tu seras obligée de venir payer ma caution ensuite. Je te le jure, Dar. Je ne vais pas les laisser continuer à me bouffer la vie. »
Dar lui envoya un regard franc. « Shari pense qu'elle a quelque chose sur toi qui va te faire céder devant elles. »
Kerry haussa les sourcils tellement fort qu'ils auraient presque pu rebondir contre le plafond. « Sur moi ? »
« Ouais. »
« Moi ? » La jeune femme pointa son pouce vers sa poitrine. « Qu'est-ce qu'elles peuvent bien avoir sur moi que la moitié du monde anglophone n'ai pas vu à la télévision ou lu dans le Washington Post ? Que je suis gay ? Que je suis Républicaine ? Que je suis une hédoniste convaincue ? Quoi ? »
Dar haussa les épaules. « Je n'en sais rien mon cœur. Ça n'avait pas plus de sens pour moi quand j'ai entendu ça. Je pense que c'est juste du vent. »
« Je vais leur en faire du vent moi en leur volant dans les plumes... » Kerry soupira. « Ooh... Dar, m'envoyer à ce meeting n'est peut-être pas une bonne idée. » Dit-elle. « Je pourrais nous faire perdre l'appel d'offre si elles me cherchent. »
« Tant pis. » Répondit Dar. « Ne t'en fais pas pour ça, Ker. Tu y vas, tu écoutes, et tu les envoies balader si elles s'approchent de toi. » Elle attrapa un autre cookie sur la grille, le cassa en deux et tendit sa part à Kerry.
Kerry grignota son cookie doucement. « Tu est en train de me dire de les ignorer ? De les laisser tranquilles ? »
Dar hocha la tête. « Ne les laisse pas t'avoir. »
Kerry fronça les sourcils. « Paladar, tu ne trouves pas un peu ironique le fait que ce soit toi qui me dises ça ? Après tout ce qu'elles nous ont fait ? Est-ce que tu vas appliquer ton conseil à toi aussi ? »
Un haussement d'épaules lui répondit.
« Je vais te dire – je les enverrai balader si tu le fais. Tu arrêtes de laisser  toutes ces conneries que cette salope t'a racontées te ronger et je les traiterai comme de vieilles connaissances. Okay ? » Kerry pouvait entendre que son ton était plus rude que prévu, et elle vit Dar cligner des yeux juste avant que sa compagne détourne le regard. « Parce que je la hais tellement pour ce qu'elle t'a fait que c'est la seule manière pour moi de la traiter, Dar. » Ajouta-t-elle d'une vois plus douce.
Dar leva les yeux vers elle. « Je ne veux pas que tu haïsses les gens pour ce qu'ils m'ont fait. »
« Pas facile. »
Un soupir. « Tu veux du lait ? »
Kerry se pencha et lui donna un baiser au goût de chocolat. « Tu veux entendre mon poème ? » Chuchota-t-elle. « Pour le reste, ce qui doit arriver arrivera. »
Dar mit facilement de côté ses craintes dans un coin de son esprit. Dans un sens, Kerry avait raison. Quoi qu'il doive se produire, ça se produirait. Elles devraient simplement s'en arranger au fur et à mesure que les choses arriveraient. « Récite ton poème et passe-moi le lait. Tu as raison. On les oublie. »
Kerry laissa un sourire heureux naître sur son visage, alors qu'elle attrapait son carnet. « Tout à fait ma chère, tout à fait. » Elle se pencha vers l'oreille toute proche de Dar. « Tu sais ce qu'elle a sûrement découvert à mon sujet ? »
« Quoi ? »
Kerry lui murmura quelque chose et elle faillit finir recouverte de cookies quand Dar explosa de rire, et elle rit diaboliquement avec elle.
* * * * *
Kerry enroula sa serviette mouillée de sueur autour de son cou et commença à défaire les fins gants de boxe qui protégeaient ses mains.  Elle était encore un peu essoufflée depuis la fin de son entraînement, et elle secoua la tête pour évacuer quelques gouttes de transpiration de ses yeux.
« Jolies combinaisons, Ker. » Rod, son partenaire d'entraînement lui poussa légèrement l'épaule en passant. « Content que tu sois de retour. »
« Merci. » Kerry lui sourit. « C'était sympa. »
« Hé. » La femme qui avait son casier à côté du sien lui lança un regard ironique, en examinant un large hématome sur le dos de sa main. « Presque sympa. Comment tu vas, Kerry ? On s'est ennuyé de toi et du Taz la semaine dernière. »
Le Taz. Kerry plissa le nez au surnom que ses camarades de kickboxing avait donné à sa compagne. « On était occupé à Orlando. » Expliqua-t-elle. « Et là Dar est partie à New York pour quelques jours. Elle était désolée de rater ce soir aussi. Elle aime venir ici. »
« Et bien, nous aussi on aime ça quand tu es là pour l'occuper. » La femme sourit à Kerry. « Vous étiez en vacances ? »
« Nan. A une convention. » Kerry enleva son autre gant et le jeta dans son casier. Son protège-tête suivit, ainsi que la ceinture en cuir qui protégeait sa poitrine. « Pffiou... il fait chaud ici aujourd'hui. » Elle essuya son visage avec le coin de sa serviette et attrapa son sac de vêtements. « Je vais me doucher. Je me sens plus sale qu'une serpillière. »
« Hé. » Rod passa sa tête derrière la porte de son casier. « On va aller prendre une bière dans le coin. Tu veux venir avec nous ? »
Kerry hésita à peine avant de répondre. « Sûr. Une bière fraîche me semble une bonne idée là tout de suite. » Acquiesça-t-elle. « On se voit à la sortie ? Toi aussi, Sal ? »
« J'en suis. » Répondit volontiers la femme. « Tom a sa nouvelle moto, et il meurt d'envie d'aller la montrer. Mais je suis comme Kerry – d'abord la douche. »
« Comme ça vous allez pouvoir aller dans un bar et transpirer ? » Se moqua Rod. « Vous les filles vous êtes tellement... tellement... »
« Féminines ? » Proposa Kerry avec un sourire. « Si ça veut dire qu'on se sent bien et qu'on ne pue pas la transpiration alors merci ! » Elle le frappa gentiment avec sa serviette et se dirigea vers les douches avec Sally dans son sillage. Le cours était plein de nouvelles personnes, et elle et Dar étaient devenues amies avec un certain nombre d'entre elles.
Kerry les aimait bien. C'était un groupe hétérogène d'employés de bureau et d'ouvriers, la plupart d'entre eux décontractés, avec des centres d'intérêts différents comprenant la plongée et la moto, deux choses qu'elle pratiquait. Les femmes faisaient du fitness, mais pas d'aérobic, et les hommes étaient plus branchés détente que les amateurs d'arts martiaux qui peuplaient les classes plus traditionnelles.
C'était un groupe sympa. Ils les avaient acceptées elle et Dar avec amabilité et gentillesse, même après que leur relation fut devenue évidente, et la plupart d'entre eux avait beaucoup de respect pour les talents de combat de Dar. « Beuh. » Kerry se débarrassa de son pantalon et de son tee-shirt, puis elle s'avança sous la douche avec un sentiment de soulagement.
L'eau était délicieusement tiède, et elle se détendit pendant un minute sous le jet avant de prendre une poignée de savon au distributeur accroché au mur et de se frotter avec. « Alors, qu'est ce qu'on a raté la semaine dernière ? » Demanda-t-elle à Sally qui l'avait rejointe dans le box à côté du sien. Les espaces étaient séparés par des demi-cloisons, pour leur donner un minimum d'intimité.
« John nous a encore fait travailler les coups de pied hauts. » Répondit Sally. « Il était de mauvaise humeur. Je pense qu'il a perdu dans ce tournoi auquel il a participé le week-end dernier. Tu sais comment il est. »
« Ah. » Kerry shampouina rapidement ses cheveux avant de les rincer, elle se sentait cent fois mieux maintenant. Ses muscles étaient un peu endoloris, et elle était un peu fatiguée de leur entraînement, mais elle avait passé les rounds sans prendre aucun coup dur et elle était assez satisfaite d'elle-même au final. « Ouais, il est un peu susceptible avec ça, je sais. Surtout quand ses copains se pointent pour venir voir son cours. »
« Hmm hmm. » Dit Sally. « Rob pense qu'il prend toujours le plus mauvais élève pour faire ses démonstrations quand ils sont là... tu remarqueras qu'il n'a jamais pris Taz. »
Kerry se mit à rire. « Et bien, Dar n'est pas vraiment une novice, et il le sait. » Expliqua-t-elle, en se rinçant avant d'attraper sa serviette. « Elle donne des cours dans une autre salle de gym près de l'endroit où nous travaillons. On fait une pause en ce moment, et elle voulait vraiment apprendre quelque chose de nouveau. »
« Ouais, moi aussi. » Admit Sally franchement, alors qu'elle rejoignait Kerry qui s'habillait. « J'en avais vraiment marre des tapis de course. Vous n'avez jamais essayé ? »
« Non non. » Kerry enfila ses shorts et les boutonna, puis elle sortit un tee-shirt propre de son sac. « L'idée de courir et courir et courir et au final de n'aller nulle part ce n'est pas mon truc. » Elle passa sa broche dans ses cheveux et arrangea ses mèches maintenant courtes. « Je veux dire... on court chaque matin. On pourrait avoir un tapis roulant et faire ça dans la maison, avec l'air conditionné, mais non. »
Sally la suivit dans le vestiaire et à travers la petite entrée du club de boxe. « Je vois ce que tu veux dire... mais parfois il est moins dangereux de courir chez soi sur un tapis roulant que d'aller dans la rue, tu sais. »
« Oui, c'était tout à fait vrai, « admit Kerry. Elles quittèrent le club, traversèrent la rue et se dirigèrent vers le petit bar où l'air humide était chargé d'une faible musique. Ce n'est pas quelque chose dont elle et Dar s'inquiétaient, et parfois elle avait tendance à oublier que tout le monde ne vivait pas sur une île privée où ce genre de crime n'existait tout simplement pas.
Rod et trois autres personnes de leur cours les rejoignirent quand elles s'approchèrent, et ils avaient apparemment  déjà réservé une table à l'extérieur, sous un ficus. Les portes du pub étaient grandes ouvertes, tout comme les baies vitrées,  vu que l'endroit n'avait jamais eu de climatisation, en tout cas depuis que Kerry le fréquentait.
Il faisait plus frais à l'extérieur, même au cœur de l'été. Elle s'assit sur un des vieux fauteuils usés en bois et s'installa pendant que le groupe faisait de même sous les guirlandes de globes lumineux qui pendaient de l'arbre. L'endroit sentait bon la végétation, et il flottait dans l'air une agréable odeur de plats frits et d'épices, et Kerry songea que c'était l'ambiance la plus sympa qu'elle ait jamais eu l'occasion de voir. Il y avait même un panneau très usé cloué au ficus, et pour trois dollars vous pouviez lancer trois fléchettes fissurées sur la cible.
« Hé, ma belle ! » Leur serveuse habituelle fonça vers leur table quand elle les repéra, et  elle s'arrêta juste devant Kerry. « Comme d'habitude ? »
Kerry hocha la tête et étendit ses jambes pendant que le reste du groupe passait commande. Il faisait sombre, et il y avait juste assez de brise pour qu'ils ne se sentent pas étouffés. La serveuse venait de les quitter quand le grondement d'un moteur de moto brisa le calme de la nuit et le bruit se rapprocha. « Ah... je pense que Tom arrive. »
« Tu l'as dit. » Acquiesça Rod, en jetant une jambe par-dessus un accoudoir. Il était grand et élancé, avec des cheveux bruns et dire qu'il avait une allure agréable était un euphémisme. « Ça c'est de la Harley, et il veut être sûr que tout le monde soit au courant. » 
Kerry ricana et secoua la tête.
Le motard et sa moto apparurent, le bruit couvrant toute conversation jusqu'à ce que Tom arrête le moteur et se gare en recevant diverses paroles d'approbation. « Jolie, hein ? »
« Plus jolie que toi. » Cria Rod par dessus la foule. « Tu es sûr que tu peux manœuvrer quelque chose d'aussi joli ? »
« Va te faire voir, tête d'andouille. » Répondit Tom avec un sourire. « Si tu es gentil, je te laisserai la toucher. » Il se tourna à moitié et lança un regard à Kerry. « Qu'esse t'en pense ? Jolie hein ? » Il indiqua la moto, un monstre noir et chromé avec un réservoir à essence décoré de manière incongrue avec des poissons tropicaux.
« Très. » Acquiesça Kerry. « J'aime bien la  suspension sans pivot. Tu n'as pas voulu prendre une VRSC ? (NdlT: 'V-Txin Racing Custom', un autre modèle de moto). »
Tom avança et s'assit juste à côté d'elle en serrant les mains. « Oh... je crois que je suis amoureux de toi. Une fille qui parle mon langage. » Il lui sourit. « Tu en as une ? »
« Pas encore. » Kerry accepta le verre de bière ambrée fraîche et en prit une gorgée. « On en cherche une. On est allé voir à une exposition, et le gars a dit à Dar qu'elle devrait acheter ce que lui était disposé à lui vendre. » Elle se lécha les lèvres et soupira. « Un 'va te faire voir' plus tard, on était devant le stand de Honda et voilà. Et puis j'aime bien ma Shadow, elle est sympa. »
Le groupe rit. Tom grogna et se tapa le front. « Kerry... Kerry... Kerry... qu'est-ce qu'on va faire de toi ? » Gémit-il. « Pourquoi est-ce que vous n'avez pas essayé dans un endroit différent ? J'ai acheté la mienne à Daytona pendant la semaine de moto... c'était presque une expérience religieuse. »
Kerry prit paresseusement une gorgée de sa bière ambrée et haussa une épaule. « On l'utilise au chalet. Si on laissait une Harley dans le coin on passerait la moitié du temps à remplir des rapports de police pour vol. Alors ça nous convient à toutes les deux. Peut être que la prochaine sera une Harley. »
Tom haussa les sourcils d'un air suggestif vers elle. « Tu voudras aller faire un tour après manger ? »
« Bien sûr. » Acquiesça Kerry. « Tant que tu ne reprends pas du chili. »
Le groupe rit encore, et Rod jeta une chips au maïs à son ami. « Elle t'a eu. »
« Merde, j'adore le chili ! » Pleurnicha Tom. « Okay, alors je veux au moins une photo de moi avec une jolie fille sur ma moto. Il faut que j'ai quelque chose à montrer aux autres. « Il jeta à Kerry un regard plein d'espoir. « Tu veux bien ? »
Avec un petit rire, Kerry reposa sa bière, et suivit Tom jusqu'à son engin, admirant ses courbes avant de monter dessus et de s'installer sur le siège passager. « Hmm. »
Tom monta devant elle et prit une pose de macho musclé, pliant ses biceps pour que Kerry les admire. Obligeamment elle se pencha vers lui et montra le muscle en question, en haussant les sourcils pour l'appareil photo. « Psst. » Chuchota-t-elle. « Je pense que ceux de Dar sont plus sexy. »
Tom lui lança un regard par dessus son épaule. C'était un homme blond, avec un style de joueur de football, et une coupe militaire qui devait être à la mode dans les années 50. « Eeeh, merci Ker. » Murmura-t-il. « Tu sais vraiment comment mettre un type à l'aise. »
Kerry se mit à rire et glissa du siège quand les flashs cessèrent. Elle revint vers la table en évitant les jambes étendues des autres clients et elle se réinstalla dans sa chaise avec un soupir.
« Okay, okay. » Tom les rejoignit finalement, après avoir vérifié méticuleusement que sa moto ne risquait pas de tomber sur le trottoir. « Je fais gaffe, vu que je ne commence à payer cette chose que dans trois mois. »
Des sifflements accueillirent sa déclaration.
Kerry se détendit, et observa les alentours en attendant son cheeseburger avec un plaisir un peu coupable. Elle se sentait mal pour Dar coincée dans sa chambre d'hôtel à New York, mais elle était heureuse d'avoir une chance de décompresser avant sa réunion avec Quest le lendemain.
Elle laissa son regard errer pendant que les autres discutaient de la nouvelle moto de Tom, et elle fixa soudain son attention quand elle reconnut un visage importun dans la foule. A la cabine téléphonique juste devant le bar, Shari était apparemment en train de téléphoner. « Oh... quelles sont les chances pour que ce soit une coïncidence ? » Se dit-elle en se raidissant, attendant la confrontation qu'elle sentait arriver, mais Shari finit son appel, se tourna et disparut sans un regard en arrière.
« Euh. » Kerry respira. « Hmm, peut-être que c'en était une de coïncidence finalement. »
« A ma moto ! » Dit Tom, en levant son verre. « Et à une bande de bons potes ! » Il fit tinter son verre contre le leur. « C'est dommage que le Taz ne soit pas là pour voir ça. »
Kerry inclina sa bière vers lui. « Je bois à ça, moi aussi. »
Moi aussi, répéta-t-elle silencieusement, observant le trottoir maintenant désert d'un air pensif.
* * * * *
Dar entra d'un air las dans sa chambre d'hôtel, jeta sa veste sur une chaise proche et d'un coup de pied envoya valser ses chaussures à talons avant même d'avoir complètement fermé la porte d'entrée. « Tu sais quoi ? » Elle s'adressa à la chambre vide. « Je pense que je vais trouver un endroit où je pourrais bosser en jeans tous les jours. »
Elle était fatiguée, et agacée, et il était presque minuit d'une longue et stressante journée. « Quelle bande d'idiots. » Dit-elle en jetant un regard à la pièce. « Je me tape tout le chemin jusqu'ici et ces pauvres imbéciles n'avaient même pas la moindre idée de ce qu'ils voulaient faire. Ils m'emmerdent et en plus ils me font perdre mon temps. »
L'équipe commerciale s'était tout simplement effondrée en essayant de répondre à ses questions. Chacune d'elle était renvoyée vers leur directeur des Opérations absent de la ville  ou alors elle recevait des regards perdus pour toute réponse.
Leur DSI avait été mortifié, et il avait offert à Dar de l'emmener dîner, histoire de pallier au désastre. Il s'était avéré être végétarien.
Dar l'avait forcé à aller dans un restaurant de viande rouge, s'excusant mentalement auprès de sa mère quand elle commanda un steak saignant, et ils passèrent les deux heures suivantes à discuter poliment de tout et de rien tandis que son mal de tête se développait lentement vers ce qu'elle suspectait être une migraine.
Agacée n'était pas vraiment le mot pour la décrire. Elle était écœurée, souffrante, elle avait mal à l'estomac et mal à la tête, et même le mot exaspérée ne s'approchait pas de son état actuel.
Avec un soupir elle déboutonna les manches de sa chemise, ralentissant le mouvement quand elle s'approcha de la petit table du salon et qu'elle repéra le panier posé dessus. Elle ne se souvenait pas qu'il ait été là plus tôt quand elle avait jeté sa valise juste avant la rencontre avec son client, mais la bouteille de champagne qui reposait dans son seau à glace très chic n'était pas là non plus tout à l'heure. « Hmm. Qu'est-ce que nous avons là ? »
Elle jeta un coup d'œil sur l'étiquette de la bouteille. « Oublie ça, Stewie. Tu auras de la chance si je laisse quelques canettes en partant demain. » Elle sourit légèrement quand elle repéra le nom de son compagnon de dîner de ce soir. « Tu peux garder ton fichu mousseux français. »
Elle jeta la carte sur la table et l'observa glisser sur la surface polie et tomber sur la moquette d'un regard totalement désintéressé.
Maintenant le panier. Un cadeau de l'hôtel ? Dar fit le tour de la table et étudia attentivement le cadeau inattendu. Le panier était joli, en osier, avec un couvercle. Elle ouvrit le couvercle, jeta un coup d'œil à l'intérieur et un sourire apparut sur son visage quand la première chose qu'elle vit fut un sachet de bon chocolat chaud. « Voyons voir. » Elle s'assit et retourna le panier, renversant son contenu.
Des brownies. Des cookies. Du chocolat chaud. Des truffes. Dar les éparpilla du doigt et s'arrêta sur le dernier article – un petit sac de gaze rempli de baisers de Hershey. Elle l'attrapa, le mit au creux de sa main et regarda fixement le papier argenté qui enveloppait les gourmandises avec des yeux qui se mirent soudainement à piquer.
Il y avait une carte attachée au panier d'osier. Dar l'ouvrit, sachant déjà ce qu'elle trouverait à l'intérieur. J'espère que tu as trouvé ça en rentrant tôt de ta réunion et que tu regardes le soleil se coucher sur Manhattan. Mais je parie que non. Je t'aime, Kerry.
« Je parie que tu as raison. » Répondit Dar d'une voix enjouée. « J'aurais adoré que tu soies dans ce panier. »
Le calme de la pièce l'entoura tandis qu'elle était assise là, la tête posée sur une main et le petit sac de 'baisers' dans l'autre. Finalement elle soupira et se redressa tout en ouvrant le sachet pour attraper un chocolat. « Allez Dar. Bouge-toi. Elle a droit de prendre des vacances sans toi vu la merde sur ton insécurité que tu lui as servie la semaine dernière. » Avec un regard sombre elle mit un 'baiser' dans sa bouche et le mâcha.
Ici, toute seule dans sa chambre d'hôtel, elle pouvait être aussi dépressive qu'elle le voulait.
Son regard se détourna. Mais c'était dur de faire ça, sachant qu'elle était plongée quasiment jusqu'au cou dans les gentilles attentions de son adorable compagne dont le sourire aimant semblait se refléter dans chaque article du panier qui couvrait la table devant elle.
Même s'il était déjà plus de minuit, et qu'elle avait la migraine. Dar tira l'autre chaise plus près, posa ses pieds dessus, et s'installa tout en continuant de manger un peu plus de 'baisers'. Comme elle n'avait pas de lait, elle tendit le bras, attrapa la bouteille de champagne, défit le papier et fit sauter le bouchon de liège d'un geste sûr. Elle se servit un verre et en prit une gorgée, la tête contre le dossier de la chaise en pensant à Kerry.
Lentement elle sentit la tension s'échapper de ses épaules. Kerry essayait de son mieux de la soutenir, il lui suffisait de sortir le bout de papier qui était dans son portefeuille et de relire le poème de la veille pour s'en rendre compte. Des cookies aux pépites de chocolat, toutes ses affaires mises en ordre... ceci... Dar soupira, reconnaissant le sentiment profond que cette pensée provoquait dans ses entrailles.
Kerry était tellement attentionnée avec elle. C'est comme si elle pouvait sentir la présence de sa compagne, et si elle fermait les yeux, elle pourrait presque sentir des mains fantomatiques sur ses épaules et la légère pression des lèvres de Kerry sur le haut de sa tête.
Les larmes vinrent de nouveau, et Dar posa la tête sur sa main, laissant ses doigts couvrir ses yeux. « Bon Dieu. » Elle se maudit elle-même à voix basse. « Tu ne voudrais pas arrêter avec cette merde ? »
Tout ça était ridicule. Et frustrant. Dar voulait presque se gifler pour ce qu'elle ressentait, parce que c'était vraiment pour une raison stupide.
Il n'y avait aucune raison en fait. Alors pourquoi elle s'était embrouillée avec Shari ? Elle avait obtenu exactement ce qu'elle voulait de l'exposition, et elles avaient gagné, nom d'un chien ! Alors qu'est-ce qui n'allait pas avec elle ? »
Il va falloir que je me botte les fesses.
Écœurée, elle se mit debout, s'approcha de la fenêtre et écarta les rideaux pour s'appuyer contre la vitre et fixer la ville. Derrière le verre épais, les sons étaient étouffés, et les lumières crues et les silhouettes de grands buildings lui semblaient étrangement inconnus.
Elle n'avait jamais aimé New York. La ville lui avait toujours parue immense, impersonnelle, dure et sale, sans tout cette énergie excitante et passionnante dont se vantaient ses habitants. Les rues étaient étroites, les bâtiments oppressants et parfois sales, et au cœur de l'été, certains endroits puaient de manière inimaginable.
Excitante ? Dar avait traversé le quartier financier un peu plus tôt dans la journée, alors que le chauffeur de taxi lui avait fièrement montré Wall Street. Elle avait scruté les rangées d'immeubles, et le quartier ne lui avait semblé être qu'un énorme couloir impersonnel aussi pittoresque qu'une collection de boîtes de chaussures.
Le changement de sujet lui fit du bien. Dar prit plusieurs grandes inspirations, rassurée que ses pensées semblent se remettre dans l'ordre.
Elle repéra un homme qui promenait son chien dans la rue, et se concentra sur lui. C'était un clochard réalisa-t-elle, avec ses vêtements en haillons et toutes ses possessions probablement dans son sac à dos. A côté de lui son chien, un chien de berger coupé d'une autre race, trottait en remuant fièrement la queue. Il portait un foulard autour du cou qui devait coûter aussi cher que la chemise de son propriétaire, et tandis qu'ils s'éloignaient, Dar observa la démarche désinvolte de l'homme, et elle décida qu'elle méritait plus une leçon de morale et un coup de pieds aux fesses qu'un panier rempli de chocolats et de jolis poèmes.
« Okay, Paladar. » Se dit-elle en s'éloignant de la fenêtre avant de commencer à défaire les boutons de sa chemise. « Ça suffit, il faut que tu dépasses tout ça. Sinon... »
Elle enleva sa chemise, la jeta sur la chaise avec sa veste, et fit glisser sa jupe en avançant jusqu'à sa valise ouverte. Elle attrapa une paire de short et un tee-shirt pour les enfiler et elle respira le doux parfum de la maison quand elle arrangea le tissu sur elle.
« C'est mieux. » Elle sortit sa trousse de toilettes de son sac et se dirigea vers la salle de bain, posa la trousse sur le lavabo et attrapa sa brosse à dents et son dentifrice. Elle jeta un coup d'œil au tube et étouffa un rire en reconnaissant le parfum. « Au raisin. » Elle leva le dentifrice. « Merci, Ker. »
Son mal de tête avait diminué, et pour accélérer sa disparition elle avala quelques comprimés d'Advil après s'être brossé les dents.
Elle revint vers la pièce principale, s'assit sur le lit, et alluma la télévision, plus pour avoir un bruit de fond qu'autre chose. Elle trouva CNN et posa la télécommande, puis elle s'étira et s'allongea à plat sur le dos en regardant l'écran de côté.
Elle avait découvert que la plupart des présentateurs de CNN avaient meilleur allure vus comme ça, et en plus elle n'était pas tentée de lire les bandes défilantes au bas de l'écran. Les nouvelles, de toute façon, étaient toujours pareilles. Des problèmes au Moyen-Orient, des typhons à Tokyo, des conflits politiques aux US. Ça ne changeait jamais.
Dar vérifia sa montre d'un air hésitant en se demandant s'il était trop tard pour appeler à la maison. L'idée venait à peine de traverser son esprit que son téléphone posé sur la table de nuit se mit à vibrer.
Elle roula plusieurs fois sur elle même pour arriver jusqu'à la tête de lit, attrapa le portable et jeta un coup d'œil à l'identité de l'appelant en l'ouvrant. « Salut. »
« Hé, chérie. »
Dar réalisa qu'il y avait quelque chose dans la voix de Kerry qui lui faisait du bien. C'était une réaction viscérale – elle sentit son corps se détendre sur le lit, et la tension dans ses épaules disparut comme par magie. « Ahhh... Kerrison. Quel agréable son pour des oreilles fatiguées. »
Kerry rit. « Est-ce que je te réveille ? » Dit-elle. « Je suis désolée... je viens juste de rentrer à la maison et je voulais être sûre que tu étais bien arrivée et que tout allait bien. »
Dar fronça les sourcils. « Tu viens juste de rentrer ? » Lui demanda-t-elle.
« Ouais. » Kerry paraissait un peu embarrassée. « On a été au pub après le cours, et on a discuté de trucs et d'autres pendant quelques heures. Tom a une nouvelle moto. » Elle s'éclaircit la voix. « Et ... j'ai... hmm... fait quelque chose et je pense que tu vas me tuer pour ça. »
Dar cligna des yeux alors que son regard suivait une ligne au plafond. « Ah bon ? »
« Ouaiiis... mais je préfèrerais t'en parler en face. »
« Ah oui ? »
« Oui. »
Dar plissa le front. Kerry ne semblait pas vraiment inquiète, mais... « Tu sais que je déteste les surprises. »
Un petit rire. « Chérie, je le sais. Mais fais-moi plaisir. S'il te plaît ? »
Le ton la rassura. « Okay. » Dar soupira. « C'était une journée de merde. Je suis crevée. » Se plaignit-elle. « Je déteste New York. »
« J'aimerais être là. » Admit Kerry. « Plutôt que de devoir aller à cette stupide réunion demain. Au moins je sais que je vais venir te chercher après ça. »
Ça la fit sourire, pour un bon nombre de raisons. « Hé, merci pour le panier. » Dit-elle. « C'était bien après cette soirée pourrie. »
« Aww. » Dit Kerry doucement. « Contente de l'entendre. Comment va l'évaluation ? Est ce que tu as fait le bilan de leurs besoins ? »
Dar soupira. « Non. Ils ne s'étaient pas préparés pour notre rencontre d'aujourd'hui. Je vais devoir les pousser demain pour pouvoir finir dans les temps. Peut-être que je pourrais simplement prendre un vol demain matin et oublier tout ça. »
« Dar. »
« Ouais, je sais. »
« Écoute, fais juste ce que tu peux, et prends l'avion. Tout s'arrangera. » Dit Kerry. « Au moins ils t'ont installée dans une belle chambre. »
Dar jeta un regard autour d'elle. « Ouais. » Elle haussa les épaules. « C'est bien, mais il manque quelque chose. »
« A bon ? Qu'est-ce que c'est ? »
« Toi. »
Un léger rire s'échappa du téléphone. « On se voit demain soir, mon cœur. Essaye de rester calme, okay ? »
« Toi aussi. » Dar sourit. « Bonne nuit. Je t'aime. »
« Je t'aime aussi. Bonne nuit. »
Dar referma son téléphone et le posa sur sa poitrine. Elle se demandait ce que Kerry avait bien pu faire.
Pourquoi voudrait-elle la tuer ?
Dar soupira.
Les prochaines vingt-quatre heures allaient être très longues.
* * * * *



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Commentaires
K
merci! merci! et encore merci à toi Gaby pour ces 2 chapitres tant attendus!! <br /> Et une très bonne année à toi ainsi qu'à tous
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S
Merci à kaktus pour le site et aux traducteurs qui font un super boulot surtout pour les allergiques comme moi à l'anglais ( c pas faute d'avoir essayé lol) mais c t plus frustrant qu'autre chose de ne piger que la moitié de l'histoire . <br /> <br /> Encore merci et hate de lire la suite <br /> <br /> Bonne année à tout le monde et que vos projets se réalisent !
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