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Guerrière et Amazone
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Guerrière et Amazone
  • Vous trouverez ici des Fans Fictions francophones et des traductions tournant autour de la série Xena la Guerrière. Consultez la rubrique "Marche à suivre" sur la gauche pour mieux utiliser le site :O) Bonne lecture !!
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Guerrière et Amazone
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14 février 2010

Le village des fous, Gaxé

 

 

 

Xéna, Gabrielle et Argo appartiennent à MCA et Renaissance Picture. Astérix, Obélix et les autres, aux éditions Albert René.

 

Merci à Prudence pour le temps qu’elle consacre à me lire et me corriger.

 

Pour Nancy

 

 

  LE VILLAGE DES FOUS

 

 

Première partie :

 

 

Les deux femmes avançaient le long d’un sentier qui serpentait entre des arbres centenaires. La blonde, plutôt petite, parlait avec animation en faisant de grands gestes pour souligner chacune de ses paroles, pendant que sa compagne, une guerrière brune et bien plus grande, l’écoutait avec un sourire amusé. A leurs côtés, une jument à la jolie robe dorée, marchait d’un pas nonchalant en suivant la plus grande des deux femmes qui la tenait par la bride.

Le soleil n’était levé que depuis un peu plus d’une heure et, malgré la brise fraîche venant de la mer en apportant des senteurs salées, la journée promettait d’être très chaude. C’est au moment où les deux femmes échangeaient un regard et un sourire complices, que le soldat romain tomba au pied de l’arbre, ébranlant le tronc pendant de longues secondes.

La femme blonde sursauta et se tourna avec vivacité en direction du légionnaire affalé au pied du grand chêne, tandis que sa compagne dégainait rapidement son épée et se précipitait devant l’homme toujours effondré sur le sol.

La guerrière commença par observer soigneusement les branches du chêne et des arbres alentours, à la recherche d’autres soldats. N’en voyant aucun, elle reporta son attention sur le corps à ses pieds.

C’était un soldat romain à l’allure tout à fait ordinaire, brun et de taille moyenne, il était assommé et ne faisait pas un mouvement. La guerrière brune attendit un moment encore, rengaina son arme dans le fourreau qui se trouvait dans son dos, puis, poussant un soupir d’impatience, elle donna un petit coup de pied dans les côtes de l’homme dans l’espoir de le faire revenir à lui. Ne constatant aucune différence dans l’état du soldat, la femme se baissa et le regarda de plus près avant de se retourner vers son amie.

-« Gabrielle, peux-tu m’amener un peu d’eau ? »

La jeune femme blonde acquiesça d’un mouvement du menton et se tourna vers la jument pour fouiller dans les sacoches accrochées au flanc de celle-ci, souriant lorsqu’elle en extirpa une gourde qu’elle s’empressa d’apporter à sa compagne. La guerrière la remercia d’un sourire et vida le récipient sur la tête du romain à terre. Il fallut plusieurs secondes avant qu’il ne revienne à lui, son corps agité de légers soubresauts alors que ses paupières s’ouvraient avec difficulté. Il prit sa tête entre ses mains en poussant un petit gémissement et leva ensuite les yeux, souriant à la vue de la guerrière et de son amie.

L’homme tenta de se mettre debout, mais la poigne ferme de Xéna l’en empêcha. Il n’insista pas et s’assit au pied de l’arbre contre lequel il était tombé et, souriant toujours, salua les deux femmes avec affabilité. Cette amabilité, qui ne paraissait pas feinte, intrigua la grande brune qui se pencha vers le soldat, les sourcils froncés et l’expression très peu aimable.

-« Je peux savoir ce qui te rend si souriant ? »

Le soldat cligna des yeux et son sourire s’élargit.

-« Je suis juste ravi de voir deux femmes charmantes devant moi, plutôt que les fous. »

La guerrière lança un bref regard à son amie avant de questionner de nouveau l’homme devant elle.

-« D’où viens-tu ? Et de quels fous parles-tu ? »

Le romain se redressa légèrement, appuyant son dos plus confortablement contre le tronc du chêne, ne semblant pas du tout impressionné par la froideur de la femme qui l’interrogeait.

-« Je m’appelle Sacapus et je viens de l’un des quatre camps qui se trouvent non loin d’ici, autour du village des fous. »

A ces mots, la jeune blonde eut un petit sursaut et attira son amie à l’écart, s’éloignant de l’homme de quelques pas pour murmurer.

-« Quatre camps ! Ca fait beaucoup de légionnaires. Nous ferions mieux de quitter la région le plus rapidement possible. »

La guerrière inclina la tête en tapotant son index sur ses lèvres, paraissant réfléchir, avant de se détendre et de jeter un coup d’œil vers le soldat romain toujours sagement assis au pied de l’arbre.

-« Tu as raison, quatre camps, ça fait beaucoup. Mais nous ne pouvons pas détaler comme des lapins apeurés. Je vais retourner poser quelques questions à notre ami là-bas, puis nous aviserons. »

Sans plus attendre, la guerrière retourna auprès du légionnaire, attrapant une corde au passage dans les sacoches d’Argo, tandis que sa compagne, visiblement mécontente, lui emboîtait le pas en marmonnant.

L’homme leva la tête, le même sourire aimable aux lèvres, et obéit docilement lorsque Xéna le mit debout et lui ligota les poignets dans le dos. Elle s’assura que les liens étaient bien serrés, puis vint se placer face à son prisonnier.

-« J’ai quelques petites questions pour toi. D’abord, César est-il dans la région ? »

Le soldat romain secoua négativement la tête.

-« Non. Il vient rarement par ici de toutes façons. Il déteste ce village et les fous qui l’habitent. »

La guerrière eut un petit sourire.

-« Il les déteste ? Et pourquoi ça ? »

Le légionnaire haussa les épaules.

-« Parce qu’ils lui résistent, encore et toujours. Toute la Gaule est soumise à César, sauf ce village, et il ne le supporte pas. »

La guerrière, toujours le même petit sourire aux lèvres, recula de quelques pas, laissant son prisonnier contre le chêne. La jeune blonde fronça les sourcils, se dirigea vers son amie et l’interpella, agitant un index menaçant dans sa direction.

-« Non, Xéna ! Ne me dis pas que tu penses à rejoindre ce village seulement parce qu’il résiste à César ! »

A ces mots, la guerrière ouvrit de grands yeux innocents, et passa un bras sur les épaules de sa compagne.

-« Allons, Gabrielle, que veux-tu que nous fassions de ce romain ? »

Elle entraîna immédiatement sa compagne vers le soldat, la serrant contre elle en pressant le pas pour l’empêcher de répondre.

 

L’homme répondit volontiers aux questions de la grande guerrière brune, lui indiquant avec force détails la direction à suivre pour trouver le « village des fous » sans difficulté. Pourtant, quand Xéna attrapa son bras pour le forcer à les accompagner, il protesta avec véhémence, se débattant du mieux qu’il le pouvait malgré ses mains liées, hurlant qu’il voulait bien faire tout ce qu’on lui demandait sauf aller chez les fous. Lorsque la guerrière en eut assez de l’entendre, elle l’assomma d’un direct au menton et le traîna jusqu’à Argo sur laquelle elle le hissa.

 

 

Les indications de l’homme, claires et précises, les avaient emmenées tout près de la mer. Elles aperçurent les palissades de bois qui entouraient le village dès leur sortie de la forêt, remarquant aussi deux hommes, accompagnés d’un tout petit chien blanc, qui débouchaient du couvert des arbres face à elles et qui avançaient dans leur direction. A leur vue, les deux amies cessèrent un instant de marcher, observant sans discrétion les deux personnages. L’un, petit et blond, avançait en portant sans aucune difficulté apparente un sanglier sur ses épaules, tandis que son compagnon, bien plus grand et gros et arborant de longues tresses rousses, marchait avec un énorme rocher dans son dos qu’il soutenait de ses deux mains réunies, détail qui retint l’attention des deux femmes.

-« Un menhir, et un gros ! » souffla Xéna à sa compagne. Elles reprirent lentement leur marche, la guerrière gardant les yeux fixés sur les deux hommes qui interrompirent eux aussi leur discussion en se rendant compte de leur présence. Le petit blond se tourna vers son ami en désignant les deux femmes du menton.

-« Regarde Obélix, on a de la visite. »

Le grand rouquin opina du chef, inclina la tête pour mieux observer les deux femmes, puis, inconsciemment, accéléra son allure afin de les rejoindre plus vite.

 

Ils se rencontrèrent à quelques mètres de l’entrée du village, chacun s’arrêtant de marcher pour observer ceux qui se trouvaient en face de lui. Le petit blond se décida le premier, avançant d’un pas en tendant son avant bras en direction de la guerrière.

-« Bonjour. Je m’appelle Astérix et voici Obélix. » Il fit un geste vers le petit chien qui reniflait les bottes de Gabrielle.

-« Et voici Idéfix. Qu’est-ce qui vous amène à notre modeste village ? »

La grande brune saisit le bras de l’homme blond qui venait parler et le serra fermement avant de se retourner vers sa jument en désignant du pouce le soldat jeté en travers de la selle.

-« Le romain qui est là nous a parlé de vous, et j’avais envie de voir ceux qui résistent si obstinément à César. »

A ces mots, le blondinet hocha la tête en souriant à demi, tandis que le grand rouquin sursautait, semblant sortir d’un rêve, détournant enfin ses yeux du visage de Gabrielle qu’ils n’avaient pas quitté jusque là.

-« Un romain ? Où ça ? »

Il aperçut l’homme sur la jument et prit son élan pour se précipiter vers lui, mais son ami posa une main ferme sur son bras.

-« Allons, Obélix ! Ce n’est pas notre prisonnier, mais celui de nos visiteuses. Si tu veux jouer avec lui, tu dois demander la permission d’abord. »

Le grand et gros homme stoppa son mouvement et se tourna vers les deux femmes, les yeux si plein d’espoir que ça le rendait presque émouvant. Il joignit les mains dans un geste de supplique involontaire et demanda d’une voix de petit garçon enthousiaste

-« Je peux jouer avec lui ? S’il vous plaît ! »

Les deux amies échangèrent un regard surpris, puis le sourcil de Xéna se leva de manière interrogatrice, ce qui amena le petit blond à expliquer d’un ton enjoué.

-« Ce n’est rien, il veut juste lui donner quelques baffes. »

Cette précision fit réagir Obélix.

-« Oui, juste quelques baffes !! »

La guerrière eut un demi-sourire devant le comportement un peu puéril du grand rouquin, mais sa compagne blonde, elle, eut un sursaut d’indignation et jeta un coup d’œil indigné à l’homme toujours encombré de son menhir.

-« Comment ça, des baffes ? Auriez-vous l’intention de frapper un homme qui ne peut pas se défendre ? »

Immédiatement, Obélix se recroquevilla sous le regard sévère de Gabrielle et baissa la tête en se tortillant les doigts, bafouillant quelques mots inintelligibles tout en observant l’amazone par en dessous. Cela fit rire son compagnon qui lui donna une petite tape amicale sur l’épaule. Les lèvres du grand rouquin se tordirent dans une moue boudeuse et il soupira bruyamment en jetant un tel regard de convoitise gourmande vers le romain que la guerrière brune fit un mouvement du menton pour donner son approbation. La main de Gabrielle se posa sur l’avant bras d’Obélix juste au moment où il prenait son élan, stoppant net son avancée et faisant naître sur ses joues une surprenante couleur rouge. Il baissa le regard, attrapant le bout de l’une de ses tresses rousses pour la tortiller machinalement entre ses doigts, paraissant si troublé qu’il n’écouta pas un seul mot de ce que lui disait l’amazone.

-« Non ! Il n’est pas question que je laisse qui que ce soit frapper un homme dans l’incapacité de se défendre, ce serait indigne ! »

Elle fixa le grand rouquin et son ton devint encore plus cassant.

-« Comment peux-tu appeler ça un jeu ? »

Obélix, toujours aussi rouge, cessa de bouger, lâcha sa tresse et sa main gauche rejoignit la droite dans son dos pour soutenir le menhir. Le petit blond ricana, visiblement amusé par l’embarras de son ami et se tourna vers la guerrière, l’interrogeant sur la présence du légionnaire. Celle-ci haussa négligemment les épaules, expliquant leur découverte du soldat en quelques mots qui firent sourire Astérix, puis se dirigea lentement vers Argo, immédiatement suivie par les trois autres.

Alors qu’elle attrapait le légionnaire pour le faire descendre de la jument, un char tiré par un cheval haletant passa brusquement tout près d’eux, faisant sursauter Gabrielle qui fusilla du regard le conducteur hurlant avec enthousiasme, tandis que les roues soulevaient un nuage de poussière. En quelques secondes, le char s’éloigna en direction de la mer et l’amazone questionna le petit blond

-« Pourquoi ce garçon va-t-il si vite ? Y aurait-il un danger quelconque qu’il s’empresse de fuir ainsi ? »

Astérix secoua négativement la tête

-« Non, il s’agit seulement de Conduitarix, un garçon du village. Avec son cheval Ferrarix, il s’entraîne pour devenir coureur hippomobile. »

Faisant un vague geste du bras pour indiquer que tout ça n’avait guère d’importance, le petit blond se dirigea vers le village, entraînant Obélix, le petit chien blanc, les deux femmes et leur prisonnier à sa suite.

 

 

Deuxième partie :

 

A peine la porte du village franchie, les deux amies eurent un nouvelle surprise qui leur fit stopper leur marche un instant. Xéna tendit la main et saisit le pommeau de son épée, se rapprochant instinctivement de Gabrielle, en observant avec une certaine stupéfaction la scène qui se déroulait sur la place.

La bagarre était générale, et semblait violente, les invectives fusaient. Sous les yeux écarquillés des deux amies, un vieillard, courbé et s’appuyant sur sa canne pour avancer péniblement, se déhanchait pour rejoindre le groupe de combattants pendant que, derrière lui, une grande femme, mince et blonde, le poursuivait en l’appelant d’une voix au ton suave.

-« Agecanonichou ! Reviens, tu vas te faire mal ! »

Absorbées par cette scène surprenante, les deux femmes ne durent qu’aux excellents réflexes de Xéna de ne pas être heurtées par un poisson qui jaillit brusquement de la mêlée et gicla dans leur direction si vite qu’elles ne purent identifier de quelle espèce il était. Les deux gaulois à leurs côtés ricanèrent et le grand rouquin serait certainement aller rejoindre le groupe qui se battait si son compagnon ne l’avait pas retenu. Au lieu de cela, les quatre nouveaux arrivants se dirigèrent d’un pas lent en direction de la cabane du chef du village, traînant toujours le légionnaire avec eux.

Sur le seuil de la hutte, ils trouvèrent une femme entre deux âges qui surveillait la bagarre de loin, l’air contrarié et les lèvres pincées, et qui ne se dérida pas en voyant arriver les deux gaulois accompagnés des deux femmes, ne montrant aucune surprise à la vue du romain.

Elle s’assit sur l’un des bancs de part et d’autre de la porte et désigna l’autre siège à ses visiteurs avant d’interroger Astérix du regard, celui-ci se contentant de répéter ce que Xéna lui avait raconté précédemment. La femme se tourna vers les deux amies sans un sourire.

-« Je m’appelle Bonnemine, et je suis la femme du chef, celui qui se bat tout en restant sur son bouclier, là bas. »

Elle désigna son mari de son index tendu, puis jeta un regard dédaigneux au légionnaire qui, visiblement très mal à l’aise, attendait de savoir ce qui allait lui arriver. C’est d’un même mouvement que Xéna et Astérix se tournèrent vers lui, tandis que Gabrielle se contentait de rester un pas en arrière, si attentive à ce qui allait être dit qu’elle ne remarqua pas le regard énamouré que lui lançait Obélix.

La guerrière attrapa le romain par l’épaule le souleva de quelques centimètres au-dessus du sol et le secoua, relativement doucement, pendant que le petit gaulois blond l’interrogeait d’un ton tout à fait aimable.

-« Alors romain, que faisais-tu dans les arbres ? »

L’homme prit un air dégagé pour répondre.

« Je… J’admirais le paysage. On voit beaucoup mieux quand on est en hauteur, vous savez, et votre pays est si beau, les paysages sont enchanteurs…. »

La guerrière brune l’interrompit en le secouant bien plus rudement, levant un sourcil en entendant le grommellement d’Obélix.

-« Et dire que je ne peux même pas lui donner quelques baffes, pfff… »

La force de Xéna sembla impressionner le romain tout autant que la réflexion du grand rouquin vers qui il jeta un coup d’œil inquiet. Mais ce qui le décida vraiment fut le geste d’Astérix qui posa, l’air innocent, une main sur la gourde qu’il portait à sa ceinture tout en remuant ses sourcils d’une manière tout à fait suggestive. En voyant cela, le légionnaire donna l’impression de céder à la panique et commença à bafouiller précipitamment.

-« Non, pas la potion ! Ce n’est pas nécessaire, je vais tout vous dire… »

C’est avec un sourire suave que le petit blond l’encouragea à parler, alors que les deux femmes échangeaient un regard intrigué

-« C’est à cause de Bouledegom, le nouveau centurion. Il veut absolument avoir de l’avancement, alors il s’est dit que s’il parvenait à soumettre votre village, César saurait le remercier. »

L’homme s’interrompit un instant, avala sa salive avec difficulté, puis reprit, essayant d’avoir l’air le plus convaincant possible.

-« Je devais vous espionner, surveiller les allées et venues, vérifier s’il y avait des moments, dans la journée, où vous étiez plus vulnérables… »

Xéna donna une nouvelle secousse au corps du soldat romain, le faisant vibrer pendant de longues secondes et provoquant un nouveau soupir d’Obélix.

-« Et tu es le seul espion ? »

Le légionnaire secoua négativement la tête, agitant vainement les pieds dans l’espoir de sentir la terre sous ses sandales, avant de balbutier d’une voix qui avait de plus en plus de mal à rester ferme.

-« Non, nous sommes plusieurs, disséminés dans la forêt. Et la nuit, d’autres espions s’approchent le plus près possible du village. »

Bonnemine émit un petit reniflement dédaigneux avant de sourire largement à l’arrivée d’un vieil homme portant une barbe aussi longue et blanche que l’étaient ses cheveux. Elle se leva et s’avança vers le vieillard.

-« Tu as entendu, Panoramix ? Crois-tu que nous ayons quelque chose à craindre de ce Bouledegom ? »

L’homme répondit d’un signe négatif de la tête et tourna son regard vers les deux femmes qui l’observaient, curieuses.

-« Je suis le druide de ce village, et vous êtes deux grecques, n’est-ce pas ? »

 Il fit un pas dans leur direction, souriant d’un air détendu tandis qu’il leur tendait son avant bras tout en poursuivant

-« Xéna et Gabrielle, c’est bien ça ? »

Les deux amies échangèrent un regard intrigué, fronçant toutes les deux les sourcils avant de questionner le druide avec un bel ensemble.

-« Comment nous connais-tu ? »

Le vieillard caressa sa barbe d’un mouvement lent et répétitif, et haussa les épaules.

-« Je suis allé à une convention de druides il y a peu. L’un de mes amis, Poèmhépix, en a profité pour nous informer de toutes les nouvelles du monde, récentes ou plus anciennes…. Il se trouve que l’un de ses amis se nomme Vercinix…. Ca vous dit quelque chose, peut-être ? »

Les deux femmes sourirent, Gabrielle restant un instant un peu songeuse en se remémorant cette aventure où, pour la première fois, elle avait décidé du sort d’un homme… Sa compagne, elle, remarqua plutôt l’expression d’Obélix lorsqu’il interrogea : « C’est qui Vercinix ? », mais s’abstint de tout commentaire.

Après avoir salué courtoisement les deux visiteuses, et fait un signe d’amitié aux deux hommes, le druide se dirigea vers la place du village, non sans avoir expliqué auparavant que la rigolade avait assez duré.

 

Quelques instant plus tard, la bagarre sur la place était terminée et le vieillard revenait accompagné de deux hommes qui portaient sur leurs épaules un bouclier, bouclier sur lequel se tenait un troisième gaulois qui arborait les mêmes tresses que celles d’Obélix, mais d’un roux flamboyant. Sa moustache épaisse ne dissimulait pas les traces de coups sur l’une de ses pommettes, ni sa lèvre coupée. Il jeta un coup d’œil penaud en direction de son épouse qui le fixait sévèrement, puis se redressa et lança d’une voix dans laquelle perçait de la fierté.

-« Je suis Abraracoursix, le chef de ce village, et j’ai abandonné mes occupations les plus importantes pour venir vous saluer et connaître les raisons de votre visite. »

Cela fit sourire Gabrielle alors que sa compagne restait stoïque, ne montrant rien de son amusement devant ce que le chef appelait des « occupations importantes. »

Une fois de plus, Astérix fit les présentations et Xéna expliqua ce qui les avait amenées à venir voir de plus près quel village était capable de résister à César.

Abraracourcix eut un sourire quelque peu vaniteux et invita tout le monde à pénétrer dans sa hutte, oubliant, dans sa volonté de paraître royal, qu’il lui fallait descendre de son bouclier pour passer la porte. Il chuta lourdement, son casque roula sur le sol, ses deux porteurs retinrent péniblement leurs éclats de rire, Gabrielle gloussa, Xéna ricana, Astérix se précipita pour l’aider à se relever et Obélix se tapa sur les cuisses en riant bruyamment. Le chef se releva, négligeant la main tendue du petit blond, baissa la tête devant le regard courroucé de son épouse, et pénétra rapidement dans sa hutte, retrouvant sa dignité en s’installant au bout de la table qui meublait la salle commune.

Pendant que le grand et gros rouquin déposait délicatement son menhir sur le seuil et que son ami, confiait son sanglier à une jeune femme, prenant ensuite le petit chien blanc dans ses bras, Bonnemine amena un pichet de cervoise, la servant dans de petits gobelets d’étain, tandis que Panoramix se tournait vers les deux femmes, caressant doucement sa longue barbe blanche.

-« Vous êtes bien loin de la Grèce, vous comptez vous installer par ici ? »

Ce fut Gabrielle qui répondit.

-« Non, nous sommes seulement de passage. »

La guerrière vida son gobelet d’étain d’un trait puis se leva lentement.

-« Nous n’allons pas abuser de votre hospitalité plus longtemps. Si vous avez tous suffisamment de force pour porter constamment un menhir, je crois que je devine comment vous faites pour tenir tête à César. »

Les Gaulois sourirent et Astérix se leva lui aussi.

-« Non ! Il n’y a qu’Obélix qui est capable de ça tout le temps, parce qu’il est tombé dans la marmite du druide quand il était petit. Nous, nous devons boire de la potion si nous voulons avoir autant de force que lui. »

La remarque intrigua les deux amies qui échangèrent un regard, puis la curiosité de Gabrielle prit le dessus et elle ne put s’empêcher d’interroger le petit gaulois, fronçant les sourcils dans une expression de concentration intense. Astérix jeta un bref coup d’œil à Panoramix qui hocha discrètement la tête avant de se racler la gorge.

-« Et bien, notre druide, ici présent, possède la recette d’une potion qui nous permet, pendant quelques heures, d’avoir une force considérable. »

L’amazone blonde ouvrit de grands yeux et se pencha en avant, encourageant le petit gaulois à poursuivre d’une voix curieuse.

-« Une potion magique, vraiment ? J’aimerais beaucoup en savoir plus, si ça ne vous ennuie pas. Vous comprenez, je suis barde, et…. »

Gabrielle n’eut pas le temps de finir sa phrase que tous les gaulois s’étaient levés et la regardaient avec de la méfiance mêlée à de la crainte. Il y eut un instant de silence, jusqu’à ce que le chef demande d’un ton prudent :

-« Tu es une barde ? »

La femme blonde acquiesça du menton, tout en jetant un regard nerveux à son amie. Celle-ci leva un sourcil interrogateur en direction du groupe, attendant manifestement une explication à leur étrange comportement. Abraracourcix avala sa salive et interrogea une nouvelle fois l’amazone.

-« Tu n’es pas venue ici pour chanter, n’est-ce pas ? »

Gabrielle sourit innocemment et balaya l’air devant elle d’un geste de la main.

-«Non. Je suis plutôt poète et écrivain. »

 Elle fit une petite pause et reprit d’un air un peu contrit.

-« Je ne chante pratiquement jamais, je crois que je ne suis pas très douée pour ça. »

Tous les gaulois poussèrent un soupir de soulagement, puis le chef fit un signe au petit blond qui se réinstalla sur le banc avec un sourire et prit une inspiration pendant que Xéna soupirait, se rasseyant elle aussi en marmonnant un « ça va encore durer des heures ! », tout en jetant un regard contrarié à Obélix en remarquant qu’il ne lâchait pas Gabrielle des yeux. Pendant que Bonnemine servait encore un peu de cervoise, Abraracourcix se dirigea vers le romain, assis sur le sol et oublié de tout le monde, l’attrapa sans douceur pour le faire lever et l’emmena jusqu’au seuil de la hutte où il héla un villageois.

-« Alliomarix ! Occupe-toi de lui pour le moment ! » L’homme acquiesça et le chef retourna à l’intérieur juste pour le début du récit d’Astérix.

-« Depuis toujours, en tous cas depuis ma naissance, notre druide ici présent a toujours connu de nombreuses recettes de potion. Toutes ont un pouvoir, certaines permettent à nos anciens de garder de la vigueur, ce qui plaît beaucoup à leurs épouses… D’autres donnent à ces mêmes épouses, une peau douce et de beaux cheveux, d’autres encore nous évitent d’être piqués par les moustiques… »

Les deux amies étaient impressionnées par ce que racontait le petit blond, mais si la grande guerrière brune le cachait parfaitement, sa compagne, elle, ouvrait de grands yeux.

-« Mais la plus grande réussite de Panoramix est sa potion magique. »

L ‘amazone blonde ne put tenir sa langue et interrompit le gaulois.

-« D’après ce que tu dis, toutes ces potions sont plus ou moins magiques, n’est-ce pas ? »

Astérix sourit et poursuivit son récit

-« Oui, mais celle-ci est particulière. Nous lui devons notre indépendance vis à vis des romains notamment, mais aussi vis à vis de quiconque s’aviserait de nous chercher querelle. »

Gabrielle hocha la tête en souriant, apparemment fascinée, demandant encore quelques précisions.

-« Et cela vous donne vraiment autant de force qu’à lui ? »

Elle tendit un bras en direction d’Obélix, lequel baissa la tête, à la fois flatté et surpris que l’amazone prête attention à lui, rougissant tant que le druide dû cacher son sourire derrière sa main tandis que Bonnemine éclatait de rire. Astérix, lui aussi remarqua la réaction de son ami, mais ne fit pas de commentaire, répondant à son interlocutrice comme si de rien n’était.

-« Oui. La potion nous donne à tous la même force. La seule différence, c’est que pour nous, les effets s’estompent au bout de deux ou trois heures, alors qu’ils sont permanents chez Obélix. »

La barde hocha la tête, observant le grand rouquin qui, embarrassé, se mit à glousser bêtement, ce qui fit froncer les sourcils de la guerrière.

Il y eut un petit instant de silence pendant lequel chacun termina sa cervoise, puis le chef se tourna vers Xéna, un sourire supérieur sur le visage.

-« Vous devriez nous voir combattre, ça vous impressionnerait sûrement ! »

La guerrière leva un sourcil mais n’eut pas le temps de prononcer une parole, Gabrielle la devançant avec vivacité

-« Il n’y a pas grand chose qui peut impressionner Xéna. »

Tous les gaulois prirent une expression un peu vexée, avant qu’Assurancetourix ne déclare d’un ton péremptoire et d’une voix si forte qu’elle fit sursauter le petit chien assoupi contre la poitrine d’Obélix.

« Parce qu’elle ne nous a jamais vu nous battre ! C’est un spectacle que vous n’oublierez jamais, même si vous deviez vivre cent ans. »

La guerrière émit un ricanement incrédule qui n’échappa à personne. En l’entendant, le druide tourna brusquement la tête et se leva aussi vite qu’il le pouvait, annonçant, les lèvres pincées et la mine revêche qu’il allait de ce pas préparer une marmite de potion. Le chef et les deux amis, eux, sourirent avec condescendance, avant d’inviter les deux femmes à les accompagner afin de visiter le village.

Le petit chien blanc fut le premier à sortir, aboyant joyeusement en bondissant sur l’herbe qui parsemait les abords de chaque habitation, suivi immédiatement par le rouquin qui courut presque aussi vivement, poursuivi par son ami blond. Derrière eux, les deux amies et le chef marchèrent d’un pas beaucoup plus tranquille, se dirigeant vers les palissades de bois tout en conversant ; la grande guerrière brune questionnant Abraracourcix sur le sort réservé au légionnaire romain. Le chef pinça sa moustache entre ses doigts et haussa une épaule d’un air dégagé.

-« Il est sous la surveillance d’Alliomarix, celui qui, parmi nous, se charge des prisonniers lorsque nous en faisons. Ce qui est assez rare d’ailleurs. »

Gabrielle fixa le chef avec un peu d’étonnement.

-« Un seul garde ? Vous ne craignez donc pas les tentatives d’évasion ? »

Abraracourcix eut un geste de dénégation.

-« Non ! Les romains ne s’échappent pas. Ils ne sont pas très malins, vous savez. En quelque sorte, Alliomarix est notre garde des sots. »

Les deux femmes ne répondirent pas et se tournèrent vers la mer que l’on apercevait par delà la barrière de bois, inhalant doucement la senteur salée qui parvenait jusqu’à elles. Le chef ouvrit la bouche pour reprendre la parole lorsqu’un cri effroyable se fit entendre, faisant réagir Xéna. En une fraction de seconde, son épée à la main, elle bondissait auprès de Gabrielle, les yeux fouillant les alentours à la recherche de l’origine de ce hurlement abominable qui lui déchirait les tympans, tandis qu’à ses côtés, l’amazone blonde, les deux mains sur les oreilles, grimaçait de douleur. Seul le chef restait calme, même si, lui aussi, semblait souffrir d’entendre cet épouvantable mugissement. Il leva les deux mains dans un geste d’apaisement en direction des deux femmes, puis leur expliqua à l’aide de quelques signes de mains, qu’il leur donnerait une explication dès que ce bruit insupportable cesserait.

Cela ne tarda guère, et après encore quelques secondes de torture auditive, le monstrueux glapissement stoppa net. On entendit brièvement un « Aïe ! » sonore, suivi du son reconnaissable de quelques claques appliquées sans doute fortement et de quelques jurons bien sentis. Le calme revint rapidement, et lorsque le seul bruit fut de nouveau celui de la houle et des vagues qui se brisaient sur la plage, Abraracourcix, avec un sourire d’excuse, entreprit de donner une explication aux deux amies qui se remettaient péniblement de cette violente agression sonore.

-« Ce n’est rien, il ne faut pas vous inquiéter de ce que vous venez d’entendre, ça ne se renouvellera pas de sitôt. »

Xéna s’assura que sa compagne ne souffrait d’aucune séquelle, lui caressant doucement la joue une fois rassurée, puis, elle se tourna vers l’homme roux, passant une main dans ses cheveux pour dégager son visage des mèches que le vent faisait voler devant ses yeux.

-« Qu’est-ce que c’était que ça ? Je n’ai jamais rien entendu de pareil, de toute mon existence. »

Le chef eut une moue un peu embarrassée et haussa une épaule dans un geste désinvolte.

-« Ce n’est rien. Juste notre barde qui chantait.

-« Votre barde ??? »

Les yeux bleus s’emplirent d’une lueur dangereuse alors qu’elle s’approchait de l’homme et l’attrapait sans douceur par le col de sa tunique.

-« Tu plaisantes, j’imagine ? Aucun être humain ne peut produire un vacarme pareil, à moins d’avoir les cordes vocales d’un cachalot en train de muer mélangées à celles d’une hyène enrhumée ! »

La menace dans le ton comme dans l’attitude la guerrière était si évidente que le chef sentit quelques gouttes de sueur perler à son front, il pâlit et son souffle se raccourcit mais il tenta de garder une voix ferme

-« Ce n’est pas une plaisanterie, hélas. Assurancetourix, notre barde chante de cette manière, et, plus étrange et terrible encore, il a récemment trouvé des apprentis qui semblent être pire que lui. »

Gabrielle et Xéna échangèrent un regard perplexe, pas sûres, ni l’une ni l’autre, de pouvoir croire ce que leur interlocuteur venait de leur dire, se tournant ensuite vers lui avec dans les yeux une lueur suffisamment menaçante pour le faire reculer.

-« Je vous assure que c’est la vérité ! Nous sommes tous atterrés par la voix de notre barde, et peut-être plus encore par celles de Staracadémix et Carlabrunix, ses élèves. Mais nous ne pouvons pas les bâillonner constamment. »

La grande guerrière hésita, mais sembla le croire, finalement. Elle se détendit et passa son bras sur les épaules de sa compagne avant de reprendre la promenade.

 

 

Troisième Partie :

 

 Fascinée, Gabrielle observait avec attention chaque gaulois qui faisait la queue, attendant que le druide leur glisse une louche de potion dans la bouche. Leur attitude patiente contrastait étonnamment avec l’indiscipline et la rudesse dont ils avaient fait preuve jusqu’à maintenant. Elle remarqua un forgeron, un tablier noir ceint autour de la taille et sa masse sur l’épaule, qui se disputait avec un homme qui tenait un poisson de belle taille à la main, deux jeunes gens d’à peine vingt ans qui fanfaronnaient, le chef monté sur son bouclier, et écarquilla les yeux en reconnaissant le vieillard qu’elles avaient aperçu alors qu’il se dépêchait pour rejoindre la bagarre, appuyé sur sa canne avec toujours la même jeune femme blonde derrière lui. Tendant l’oreille au milieu du brouhaha des conversations, elle distingua les paroles de la femme

-« N’y va pas, Agecanonichou. Ce n’est plus de ton âge. »

Le vieillard la fusilla du regard et détourna le menton d’un geste sec et hautain.

-« Tu parles comme si j’étais un vieil homme ! »

Gabrielle, absorbée par ce qu’elle regardait, n’entendit pas arriver sa compagne, accompagnée d’Obélix, et sursauta lorsque celle-ci lui demanda d’un ton taquin.

-« Tu voudrais peut-être goûter leur fameuse potion, toi aussi ? »

La jeune blonde s’appuya contre elle et leva la tête en souriant.

-« Mmmh… Non. C’est vrai que je me demande ce que ça peut faire de posséder une telle force, même si ce n’est que pour quelques heures, mais je n’ai pas l’intention de me battre, pas si je peux l’éviter. »

Les doigts de Xéna se posèrent sur la joue de sa compagne, l’effleurant doucement.

-« Et si, pour une raison ou pour une autre, tu te trouvais dans l’obligation de participer au combat ? »

L’amazone haussa les épaules et rapprocha son visage de celui de la guerrière alors que sa voix devenait plus basse.

-« Alors, je ferai comme d’habitude… Et je compterai sur toi pour protéger mes arrières.

Xéna ne répondit que par un sourire un peu ironique avant que ses lèvres ne franchissent les quelques centimètres qui les séparaient de celles de sa compagne qui l’enlaça, la serrant plus fort alors que le baiser s’intensifiait. C’est en entendant un hoquet de surprise, immédiatement suivi d’un petit gémissement qui semblait plein de déception, qu’elles se séparèrent brusquement, la guerrière jetant un coup d’œil furibond à celui qui les avait interrompues.

Très embarrassé, plus rouge qu’une pivoine, essayant vainement de dissimuler dans son dos un petit bouquet de pâquerettes, regardant partout autour de lui excepté en direction des deux femmes, Obélix se tortillait, cherchant désespérément quelque chose à dire et ne trouvant manifestement rien. Xéna le fixa un instant, partagée entre l’irritation et l’amusement, jusqu’à ce que Gabrielle pose doucement une main sur son avant bras en murmurant « Laisse-le ». La guerrière hésita puis haussa les épaules, suivant son amie qui se dirigeait vers le groupe de gaulois enfin prêts à partir, non sans tendre un index menaçant vers le rouquin.

Le chef du village, sur son bouclier, prit la tête de la petite troupe, suivi d’Alliomarix et de son prisonnier. Ensuite, marchait Astérix bientôt rejoint par les deux femmes accompagnées d’Argo que la grande guerrière n’avait pas voulu laisser au village. Le reste des hommes suivait en ordre dispersé. Sur le côté, les mains dans les poches et la mine maussade, Obélix avançait, donnant de grands coups de pied dans chaque caillou qu’il apercevait, tout en mordillant sa moustache et en marmonnant quelques confidences à l’intention de son chien.

Il leur fallut un peu plus d’une demi-marque de chandelle pour arriver tout près d’un camp romain comme les deux amies en avaient déjà vu à maintes reprises. Sur un geste de la main d’Abraracourcix, la petite troupe s’arrêta et se regroupa, attendant qu’il donne le signal de l’attaque. Mais au lieu de cela, le chef se tourna vers les deux grecques, se penchant vers elles pour annoncer :

-« Maintenant Mesdames, préparez-vous à assister à un spectacle que nous sommes les seuls à produire ! »

Gabrielle jeta un regard au pauvre prisonnier romain qui tremblait de tous ses membres, alors que sa compagne levait un sourcil en s’approchant de l’homme perché sur son bouclier.

-« Cesse de te vanter, et faites donc vos preuves ! »

Le chef se redressa, l’air vexé, et regarda brièvement ses troupes avant de lancer un « En avant ! » sonore. Il n’en fallut pas davantage pour que tout le groupe s’élance, dans le plus grand désordre et en poussant un cri sauvage.

Gabrielle resta un instant à observer sa compagne, un peu étonnée de ne pas la voir se joindre aux assaillants. Puis elle posa les yeux sur le camp romain et ne put s’empêcher de commenter ce qu’elle voyait.

-« Abraracourcix avait raison, c’est spectaculaire, et stupéfiant. »

Son amie hocha la tête, ne pouvant retenir une petite moue admirative. En quelques minutes, le camp était déjà aussi dévasté que si un ouragan s’était abattu brutalement sur lui. Les palissades étaient toutes détruites, les tentes arrachées du sol et les corps des légionnaires jonchaient le sol. Les gaulois s’amusaient visiblement beaucoup, pourchassant les derniers romains qui tentaient de leur résister pour leur « donner quelques baffes », selon l’expression d’Obélix.

La guerrière observa la scène encore un petit moment puis saisit la main de Gabrielle, surprise, et l’entraîna vers la forêt, tenant la longe d’Argo de l’autre main. L’amazone blonde la suivit tout en l’interrogeant sur ce départ qu’elle trouvait un peu précipité, passant un bras autour de sa taille tout en marchant. Xéna rendit l’étreinte en prenant sa compagne par les épaules, et tourna son visage vers elle, un demi-sourire étirant ses lèvres.

-« Sacapus, le romain, avait raison. Ce sont des fous. »

Elle secoua un peu la tête avant de reprendre.

-« Une bagarre entre eux pour le simple plaisir de se distraire, un jeune qui conduit son char comme s’il voulait absolument tuer quelqu’un, un barde et ses élèves qui poussent des mugissements dignes d’une baleine qui souffre d’un chagrin d’amour…. »

Gabrielle gloussa, s’appuyant un peu plus contre l’épaule de la guerrière, avant de questionner, l’air innocent.

-« Bien sûr, je suppose que l’attitude d’Obélix n’est pour rien dans ton agacement ? »

Un sourcil se leva sur le front de la grande guerrière brune, ses yeux brillant d’une lueur tout aussi ingénue.

-« Absolument pas. Ce garçon n’est qu’un benêt, il m’exaspérait, mais pas plus que les autres, il n’y a pas de raison. »

L’amazone blonde cessa de marcher et lâcha sa compagne avant de ricaner.

-« Ah oui ? Bon, je suppose que je peux aller le rejoindre alors… »

Elle commença à rebrousser chemin tandis que, derrière elle, Xéna soupirait d’agacement avant de se lancer à sa poursuite.

-« Non Gabrielle, reste ici ! D’accord, je ne supportais pas de le voir te tourner autour et te regarder avec des yeux de merlans frits. Je le reconnais, tu es contente ? »

Gabrielle stoppa son avancée, se tourna vers sa compagne et courut dans ses bras en riant.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Commentaires
T
Alors là chapeau !!!! Le mélange de 2 mondes (comme le sont Astérix et Xena) pour en faire ce chef-d'oeuvre, là je dis chapeau et bien joué. Merci Gaxé
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K
Ben, il lui a pas offert un menhir ? C'est vrai qu'au fil du temps, Asterix a dû lui donner quelques conseils.
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X
Merci,merci ...... <br /> Je n'aurais jamais imaginer pouvoir lire une histoire mêlant ma série et ma BD préférée.<br /> Quelle imagination et quel talent,<br /> Tu me surprend à chaque fois.<br /> Bravo et encore merci. A la prochaine !!!!!
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I
Je pense que "l'imagination fertile"(grave et-ou humoristique à des époques et des lieux diversifiés)de Gaxé n'a pas finie de nous surprendre délicieusement.<br /> <br /> Merci Gaxé.Continue!<br /> <br /> Isis.
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A
Très belle petite ff :-)<br /> C'est mignon... et c'est aussi incroyable d'avoir réussi à concilier les différents degrés de sérieux des deux mondes. Après tout, pour une Xena dont la violence et la force ne font aucun doute... nos petits résistants doivent être de vrais monstruosité de barbares.<br /> Et bien non... pas tant que ça non plus. Juste... fous :-D<br /> Très réussi, Gaxé.
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