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  • Vous trouverez ici des Fans Fictions francophones et des traductions tournant autour de la série Xena la Guerrière. Consultez la rubrique "Marche à suivre" sur la gauche pour mieux utiliser le site :O) Bonne lecture !!
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9 septembre 2012

Quand tombent les ténèbres, 6-3 (fin)

 

Quand Tombent les Ténèbres

Par Melissa Good

Traduction : Fryda

Chapitre 6-3 (Fin)

****************************

« Alors. » Johan avança derrière elle et posa son menton sur son épaule. « Elles vont rester, tu crois ? »

Cyrène continua à compter en triant les haricots sur trois piles. « Je ne sais pas », répondit-elle d’un air absent, puis elle s’arrêta et jongla avec une poignée de haricots en le regardant. « Peut-être. » Elle soupira. » Les dieux seuls savent qu’elles ont désespérément besoin de temps pour se remettre. » Elle bougea silencieusement la tête d’un côté et de l’autre. « Xena a dit… l’autre matin… que ses priorités dans la vie avaient changé… on n’a jamais eu l’occasion d’en parler. J’espère que ça veut dire qu’elle reste. »

Johan lui donna un petit coup sur l’épaule et montra l’extérieur ; ils observèrent, difficilement dans le crépuscule bleuté, deux silhouettes sortant des herbes hautes dans la lueur agitée des torches de l’auberge.

La haute stature inratable du corps élancé de sa fille, un bras autour d’une Gabrielle plus petite, elles marchaient toutes deux sans se presser vers leur cabane. Tandis qu’ils les observaient, la barde leva les yeux vers sa compagne et lui sourit, puis elle posa la tête sur l’épaule proche et entoura la taille de la guerrière de son bras. Cyrène secoua la tête puis plissa les yeux. « Reste ici. » Elle sortit précipitamment par la porte arrière de l’auberge et intercepta les deux silhouettes qui déambulaient.

« Salut. » Gabrielle la salua tandis qu’elles ralentissaient. « Désolée… ça a été un peu plus long que je ne le pensais et… »

Cyrène vint à leur hauteur et attrapa la manche de Xena. « Tu es mouillée », dit-elle d’un ton accusateur.

S’ensuivit un rapide échange de regard. « Heu… et bien, oui », répondit la barde avec précautions. « C’était… euh… »

L’aubergiste leva la main. « A quoi pensez-vous donc, toutes les deux ? Xena, tu viens de passer des jours au lit avec la fièvre et tu te balades dégoulinante comme ça ? » Sa voix était remplie de colère. « Qu’est-ce que tu essaies de faire ? »

Xena reçut soudain la visite de souvenirs rudes de son enfance, quand elle était prise à faire des choses qu’elle n’était pas sensée faire. « Maman, c’était un accident… et on revenait directement… »

La voix de sa mère couvrit la sienne. « Pas avec moi, Xena… quand est-ce que tu vas apprendre à prendre soin de toi ? Tu penses toujours que personne ne s’inquiète de… » Elle s’interrompit, un regard vert intense lui faisant face, très concentré.

« Ça suffit. » Gabrielle avait bougé et s’était placée entre sa compagne et l’aubergiste en colère. « C’était de ma faute. » Elle se tourna et posa les mains sur l’estomac de Xena. « Va te changer. »

« Mais… » Protesta la guerrière.

« S’il te plait ? » Ajouta Gabrielle à voix basse.

Xena relâcha un souffle court et impatient mais hocha la tête et recula, puis elle se tourna et partit sans un mot de plus. Gabrielle attendit un long moment avant de se retourner brusquement et de faire face à Cyrène qui se tenait tranquille, l’observant avec une expression indéchiffrable. « C’était de ma faute », répéta la barde. « Je l’ai poussée dans une mare de boue et on a dû se nettoyer. »

Cyrène la regarda pensivement. « Une mare de boue ? » Elle hésita. « Vous vous battiez ? » Demanda-t-elle avec prudence, se souvenant avec angoisse des histoires d’Ephiny, de l’attitude brutale de Xena à l’égard de la jeune barde. « Gabrielle… » Elle s’avança d’un pas, inquiète.

Celle-ci secoua légèrement la tête. « Non. » Elle relâcha un rire léger. « On jouait. » Elle tira sur ses propres vêtements. « Ça… ça fait un moment qu’on n’a plus fait ça… je pense que j’ai été un peu trop enthousiaste… on a fini dans une mare de boue noire vraiment dégoûtante près de la source et on a dû plonger dans l’eau pour l’enlever. » Elle leva les yeux d’un air penaud. « Alors… ne lui crie pas dessus, d’accord ? »

Cyrène mit les mains sur ses hanches et eut un regarda attentionné vers la barde. « Tu as toujours été sa championne, pas vrai ? » Elle soupira puis mit la main sur l’épaule mouillée de Gabrielle. « J’aurais aimé avoir une amie comme toi quand j’étais jeune, Gabrielle. » Un sourire nostalgique. « Allez… je te ramène à la maison. Il faut que tu te changes aussi. »

Elles marchèrent en silence sur quelques pas. « J’aurais aussi aimé en avoir une », dit Gabrielle d’un ton sobre et songeur. « Je me souviens… d’une fois où j’avais… oh, neuf ou dix ans, je pense… la journée… n’avait pas été très belle… et j’étais cachée dans le haut de l’écurie à regarder les enfants qui jouaient dans la cour. » Elle s’interrompit un instant et réfléchit. « Je pensais… que tous ces enfants… et même ma sœur, personne ne me… comprenait vraiment… n’écoutait mes rêves… ou même s’inquiétait de savoir qui j’étais vraiment. » Leurs pas craquaient légèrement sur le chemin de gravier tandis que les premiers hululements des hiboux résonnaient. « Je n’ai jamais pensé que quelqu’un pourrait le faire. » Elle secoua la tête. « Mais Xena l’a fait… elle… m’a comprise… d’une façon ou d’une autre… et elle ne s’est pas contentée d’écouter mes rêves, elle les a rendu réels. » Elle cloua Cyrène du regard. « Alors bien sûr que je la défends. »

Elles regardèrent en même temps la porte qui s’ouvrait et Xena qui sortait à pas lents, vêtue d’une robe très soyeuse, suivie d’un Arès sautillant. Elle s’arrêta en haut des marches et mit les mains sur ses hanches. « Bon, maman. Gabrielle prend facilement froid… j’apprécie moyennement que tu la gardes là-dehors dans cette brise. »

La mâchoire de Cyrène en tombât et elle fixa sa fille qui descendait les marches à grands pas pour prendre le coude de la barde et l’escorter en haut de l’escalier. Elle finit par fermer la bouche en secouant la tête. « Des femmes de votre âge qui jouent dans les mares de boue… vous devriez avoir honte toutes les deux. » Elle tourna les talons et partit en maugréant.

Gabrielle attendit que la porte se referme derrière elle avant de lâcher un petit rire puis elle se retourna alors que Xena lui retirait le vêtement trempé de son corps pour l’entourer d’un autre sec et propre. « Mmm. » Elle passa les doigts sur le tissu léger admirant sa couleur verte riche. « J’ai toujours aimé celle-ci. » Elle attacha les lacets sur le col bas qui montrait pas mal ses épaules et elle sourit un peu, tandis que la lumière de la cabane se réfléchissait sur le collier en cristal autour de son cou.

« Moi aussi », acquiesça Xena en venant derrière elle pour passer une brosse dans ses cheveux clairs, qui étaient pas mal en train de sécher. « Tu es vraiment jolie là-dedans. »

Gabrielle relâcha un léger soupir et reçut joyeusement le compliment. « Merci. » Elle s’envoya un regard embarrassé dans le miroir, qui capturait leurs deux reflets dans la lumière de la chandelle. Elle haussa légèrement un sourcil en voyant le tissu léger qui entourait son corps, et elle bougea doucement en respirant. Je me reconnais à peine, songea-t-elle. Le visage qui lui faisait solennellement face semblait bien plus âgé que ce dont elle se souvenait ; et depuis quand son regard avait-il pris cette expression intense ? « Je ne ressemble pas trop à ma mère ou à Lila, non ? » Dit-elle d’un ton légèrement songeur.

« Non. » La voix de Xena ronronna par-dessus son épaule. « Pas vraiment. » Elle ébouriffa les cheveux de Gabrielle et joua avec les mèches, les séparant de façon différentes jusqu’à ce que la barde la regarde. « Je présume que tu dois avoir un gène qui a sauté une génération ou un truc comme ça… si on cherche assez loin dans ta famille, on trouvera un ancêtre aux cheveux clairs et aux yeux verts. »

« Hm » Gabrielle y réfléchit. « Peut-être. » Elle se retourna, se débarrassant de son reflet et elle serra le col dentelle sur la robe de soie bordeaux de sa compagne. « Mm... J’ai toujours aimé celle-ci aussi… mais sur toi seulement. » Elle passa le doigt sur un côté de Xena. « C’est pour quelle occasion ? »

Xena ne répondit pas tout de suite. Puis elle leva la main et brossa le pollen qui restait sur les sourcils blonds de sa compagne. « Tu sais ce que nous faisions il y a un an de ça ? »

Gabrielle la fixa, surprise. « Pas comme ça, non… mais toi si, pas vrai ? »

La guerrière hocha une fois la tête. « On était au château d’Hectator et on se préparait pour une fête. » La nuit où elle avait volontairement et de son plein gré, libéré les cordages qui retenaient son cœur et l’avait donné à la barde, prenant une décision qu’il lui semblait avoir mis une éternité à prendre, de crainte qu’avancer changerait une amitié dont elle avait désespérément besoin, ou pire… y mettrait fin.

La barde lui caressa doucement le bras. « J’ai de très beaux souvenirs de cette nuit-là. » Elle s’interrompit et rougit. « Maintenant, en tous cas », ajouta-t-elle dans un murmure puis elle leva les yeux en souriant. « Alors…on fête ça ? »

Xena lui rendit son sourire. « Oui, je pense que oui. » Elle donna un petit coup aux mèches de la barde. « Je pense qu’on a droit à une petite fête… non ? »

Le sourire de Gabrielle s’élargit. « Oh oui. » Elle tendit la main. « Allez… je ne raconterai aucune histoire embarrassante ce soir… promis. »

******************************

L’auberge était presque pleine lorsqu’elles arrivèrent et Xena tint la porte pour que sa compagne entre. Elle la suivit, baissant la tête pour passer bien que l’encadrement fut assez haut pour sa haute taille. L’habitude… songea-t-elle, en se redressant avant de jeter un coup d’œil à la pièce.

Le grondement des conversations s’était tempéré alors que les regards se tournaient vers elles et s’y arrêtaient, et elle entendit le léger sifflement d’admiration qui devait venir de Toris, installé à leur table sur sa droite. Elle lança un regard sardonique à son frère tout en commençant à tirer sa chaise, puis elle s’arrêta et en tira une pour Gabrielle à la place, qui ouvrit de grands yeux vers elle avant de s’asseoir avec un rire étouffé.

Elle sentit une légère rougeur tandis qu’elle s’asseyait près d’elle et elle fut contente de la relative pénombre de l’auberge. « Salut. » Elle donna un coup dans les côtes de son frère.

Toris fit semblant de tousser. « Ouille. » Il regarda Arès qui se blottissait aux pieds de Xena. « Que les dieux soient remerciés de ton retour, sœurette… ce loup ne faisait rien que hurler… et couiner… et hurler… chaque instant où tu as été partie... on aurait dit qu’on avait installé une chaise sur sa queue. »

Xena baissa les yeux. « Tu as fait ça ? »

« Roo ? » Arès sortit son museau et lui lécha la jambe. « Arrgrrrooooo… » Il posa la tête sur sa botte et soupira.

La guerrière sourit et baissa la main pour lui gratter les oreilles. « Tu m’as manqué aussi », murmura-t-elle subrepticement.

« Hein, c’était quoi ça ? » Toris mit la main autour de son oreille pour la taquiner. « Je n’ai pas bien compris. »

Sa sœur lui lança un regard diabolique et ignora la question, puis prit un morceau de pain du plateau sur la table avant de mordre dedans. Gabrielle était penchée et parlait à voix basse à Granella, vêtue d’une tunique d’une couleur rouille plutôt jolie, serrée à la taille et à l’air confortable, qui faisait ressortir les reflets chauds chatains de ses cheveux au soleil. Le visage de l’Amazone était plus animé que Xena s’en souvenait et elle ne put s’empêcher de remarquer que Granella adressait des regards et des sourires fréquents à son frère. Je présume que c’est ce que fait l’amour, songea-t-elle ironiquement. Ils ont l’air tous les deux heureux… et je suis contente.

Toris toucha son poignet du doigt et elle se tourna vers lui.

Il sourit. « Un dinar pour tes pensées. » Il regarda la serveuse poser un énorme plateau avec plusieurs plats de viande et des légumes. « Oups… quel morceau. » Il se leva virilement et sortit sa dague commençant à s’occuper du rôti.

Xena le regarda quelques instants puis secoua la tête. « Toris, assieds-toi. » Elle lui attrapa le poignet et serra, rattrapant la dague lorsqu’elle tomba de ses doigts soudain engourdis et elle la mit de côté avant de sortir la sienne, une lame bien plus longue avec laquelle elle coupa la viande avec expertise à grands coups assurés et puissants.

« Ah ben, bien sûr », dit-il en prenant la mouche. « Ton couteau est plus long. »

Xena haussa un sourcil presque jusque dans sa frange. « Ce n’est pas une question de longueur, Toris… c’est l’expertise qui va avec », ronronna-t-elle en retenant un rire lorsqu’elle entendit Gabrielle qui réfrénait un ricanement. « Pas vrai, Gabrielle ? »

La barde se mordait la lèvre. « Oh… oui. » Elle hocha vigoureusement la tête. « C’est ce que je dis toujours. »

« Vraiment ? Et pourquoi ? » Granella se joignit à la taquinerie, les yeux brillants. « Et c’est quoi cette histoire sur le combat dans la boue ? »

Gabrielle fit appel à tout son entrainement bardique et à ses talents pour garder un visage neutre. « Et bien… Xena s’assure que j’ai de l’entrainement dans toutes les formes de combat à mains nues », expliqua-t-elle sérieusement. « Il faut être préparé pour toutes les conditions possibles… la boue… la neige… la pluie. » Elle s’interrompit. « L’obscurité… le verglas… j’ai déjà dit la pluie ? »

La bière de Granella faillit lui sortir par les narines. « Être préparée hein ? »

La barde hocha la tête solennellement. « Oh oui… nous nous entrainons beaucoup. Xena veut s’assurer que je suis en sécurité… La sécurité est très importante, tu ne le penses pas ? »

Il fallut à Xena tout son considérable contrôle pour s’empêcher de hululer, tandis qu’elle finissait de couper délicatement le rôti pour en poser sur chacune des assiettes. « Oh oui… pour ça je suis calée en sécurité », commenta pince-sans-rires la guerrière en posant un beau morceau de viande fumante de son couteau devant sa compagne, puis elle leva les yeux pour voir Cyrène et Johan qui les rejoignaient. « Bonsoir maman. » Elle souleva son couteau. « Ça te dit un morceau de viande ? »

Granella et Gabrielle trouvèrent ça amusant et éclatèrent de rire.

 Xena garda une expression neutre sur le visage.

« Qu’est-ce qu’il y a de si drôle ? » Demanda l’aubergiste en s’asseyant près de Granella tout en leur lançant un regard. « Toris, pourquoi tu laisses ta sœur faire tout le travail ? Elle a été malade », réprimanda-t-elle son fils. « Espèce de paresseux. »

La mâchoire de celui-ci s’affaissa. « Maman ! Mais… elle… »

Xena retourna la dague et la planta dans la table, puis elle s’assit et prit une bouchée. « C’est bon… ça ne me dérange pas. » Elle regarda son frère d’un ton doucereux. « En plus, j’ai une dague plus longue et plus acérée. »

Granella éclaboussa la table de bière tandis que Gabrielle rougissait. « Xena », marmonna la barde en tirant sur la robe en soie. « Sois gentille. »

La guerrière écarquilla des yeux bleus innocents vers elle. « Je suis gentille… j’ai servi tout le monde, non ? » Elle cligna des yeux. « Ce n’est pas de ma faute si Toris a un couteau émoussé. »

L’Amazone mince éclata de rire, incapable de se retenir plus longtemps.

« Très drôle », grogna Toris en lançant un pois vers sa sœur, qu’elle attrapa avec soin dans sa bouche avant de l’avaler.

Cyrène soupira et prit une gorgée de bière. « On pourrait penser qu’on aurait des conversations normales autour de cette table », maugréa-t-elle. « Comme parler de sexe ou quoi. »

« Maman ! » Couina Toris d’un ton horrifié.

« De quoi ? » Commenta Xena à mi-chemin d’une bouchée de bœuf. « Hé… allez hein… on essaie de manger nous. »

Gabrielle fixa son assiette et ne relâcha pas la poigne féroce qu’elle avait sur la cuisse de Xena, son corps secoué des efforts pour ne pas rire.

L’aubergiste soupira. « Des vrais gosses. » Elle roula les yeux.

******************************

L’auberge bondée lâcha une bordée de rires qui rebondirent contre les cloisons et le sol boisés, et Gabrielle sourit en réponse, avant de laisser le bruit s’amenuiser et de reprendre son histoire. Ça faisait un moment qu’elle racontait, d’abord trois histoires puis presque la fin de la quatrième. C’était… génial, admit-elle pour elle-même. La foule appréciait… elle-même appréciait… elle se sentait relâchée et détendue… et elle envoyait régulièrement des regards vers l’endroit où se trouvait sa compagne, qui la regardait avec un sourire chaleureux sur les lèvres.

Oui. Son regard scruta l’endroit familier. C’est la maison. Elle regarda Josclyn qui se frayait un chemin dans la foule pour venir s’asseoir près de Xena, puis lui parler à voix basse et la guerrière inclina la tête dans cette direction.

Ça ne prit pas longtemps et il partit ; elle observa l’expression pensive sur le visage de sa compagne avec intérêt. Xena étudia la table puis prit une profonde inspiration et regarda droit vers elle. Leurs regards se croisèrent et restèrent ainsi et elle faillit perdre le fil de son histoire en voyant l’intensité du regard de Xena. Mais elle réussit à garder sa concentration et finit son histoire avec des applaudissements effrénés qui lui réchauffèrent le cœur.

Elle se fraya un chemin dans la foule, s’arrêtant de temps en temps pour serrer des mains impatientes ou pour écouter des voix amicales qui la questionnaient.

« Gabrielle ! » Une voix de femme attira son attention et elle se tourna dans sa direction pour voir la femme du tisserand qui l’appelait. « S’il te plait… je peux avoir un instant ? »

Elle alla jusqu’à la table de la femme qui se trouvait avec son mari trapu, savourant des gâteaux et du vin. « Bonjour, Hystera. » Elle s’accroupit et posa les coudes sur la table. « Qu’est-ce qui se passe ? »

« C’est pour les cours … » Dit la femme d’un ton chantonnant. « Maintenant que tu es de retour, on peut les reprendre, pas vrai ? » Elle se pencha en avant, son ample poitrine s’étalant sur la table. « Ça manque aussi tellement au petit Lenos… il travaille son alphabet depuis la fin de l’hiver. »

Gabrielle garda le silence un instant, puis elle leva les yeux. « Oui… je pense qu’on peut », répondit-elle avec sincérité. « Mais… pour l’instant… nous n’avons pas décidé de ce que nous allions faire. »

La femme lui tapota le bras et gloussa. « Ma puce… vous devriez rester ici… qu’est-ce que vous allez faire dans la nature ? » Elle se pencha un peu plus. « On a besoin de vous deux ici. » Son regard bougea. « Des choses horribles… des brigands… je me sens tellement plus en sécurité avec Xena dans les parages… et regarde ce qu’elle a fait pour Hanna ? »

La barde sourit un peu. « Je sais… on aime bien être ici. Mais la plupart du temps, ce n’est pas pour nous que nous voyageons, c’est pour d’autres gens qui ont aussi besoin de notre aide. »

« Parfois, il faut savoir s’occuper de soi-même et laisser le monde gérer ses propres problèmes pendant un moment, madame », dit le tisserand doucement ; ses cheveux poivre et sel raides lui tombant dans les yeux. Il les repoussa avec impatience. « Ils viendront bien assez tôt frapper à votre porte sans que vous ayez à les chercher. »

Gabrielle y réfléchit et finit par rire doucement. « Vous avez raison tous les deux. » Elle se leva et leur fit un signe de la tête. « Merci. » Une détermination se durcit dans son esprit et elle prit une inspiration profonde avant de se retourner et de se diriger vers sa famille.

*********************************

Les étoiles étaient brillantes au-dessus d’elles lorsqu’elles quittèrent enfin l’auberge. Gabrielle relâcha un soupir tandis qu’elles traversaient la place et elle mit la tête en arrière, secouant ses cheveux mouillés sur sa nuque. « Par les dieux… qu’est-ce qu’il faisait chaud là-dedans. » Elle prit une inspiration profonde de la brise légèrement odorante. « Tu t’es bien amusée ? »

« Oui », répondit Xena en regardant d’un air pensif le sol éclairé par la lune. « Je me suis amusée. » Elle jeta un coup d’oeil à son âme-sœur. « Tu as été vraiment populaire… je pensais voir certaines personnes se couper en deux à force de rire sur cette dernière histoire. » Elle hésita un peu. « Tu te sentais bien, pas vrai ? »

« Hmmmmmm… oui. » Gabrielle souriait joyeusement. « C’était vraiment… je ne me rendais pas compte de combien ça me manquait jusqu’à ce soir. »

Elles marchèrent un moment tranquillement jusqu’à ce qu’elles atteignent le chalet, puis Xena l’emmena jusqu’au fauteuil du porche et elle s’assit, tapotant le banc près d’elle. « Tu veux bien qu’on reste là-dehors un petit moment ? Il fait doux. »

Gabrielle s’installa volontiers près d’elle et se carra au fond, une botte posée contre la rambarde du porche, ses mains enserrant son genou. Elle tourna légèrement la tête pour regarder sa compagne qui fixait au loin vers le paysage argenté tout en mâchouillant un peu sa lèvre. La barde sentit qu’un sourire doux et affectueux lui tirait les lèvres. « Qu’est-ce qui se passe ? »

Les yeux bleus, devenus presque gris dans la lueur de la lune, la fixèrent. « Qu’est-ce qui te fait penser qu’il y a quelque chose ? » Demanda-t-elle doucement.

Gabrielle sourit un peu. « Parce que je te connais », répondit-elle d’un ton neutre. « Et si je commençais, d’accord ? » elle s’éclaircit la voix. « La moitié des gens de la ville essaient de m’impliquer dans des projets bien en cours… j’ai eu des questions sur les cours… des traités à venir, des arrangements commerciaux, des entrainements et une offre d’emploi permanent comme enseignante par Josclyn. »

Xena masqua un sourire. « Et bien… justement… en y repensant… » Elle relâcha un soupir. « Moi aussi… incluant une offre très lucrative de notre ami le maire pour mettre en place un programme d’élevage de chevaux, et… et une requête pour remplacer Renas… qui doit partir s’occuper de sa mère malade. »

Elles se regardèrent. « Maman s’est bien activée, hein ? » Fit remarquer la barde.

« Mm », acquiesça Xena puis elle regarda ses mains. « C’est un sentiment… étrange. »

Gabrielle ricana. « Quoi… que les gens pensent que tu es utile ? » Elle haussa les sourcils. « C’est pas possible, Xena… tu te moques de moi, pas vrai ? »

La guerrière leva les yeux. « Non, qu’ils veuillent que je reste. » Elle se pencha en avant et posa les coudes sur ses genoux, les mains légèrement serrées entre ces derniers. « Et… que je le veuille aussi », finit-elle doucement en laissant la vérité s’écouler de ses lèvres.

La barde posa la tête sur l’épaule de sa compagne. « Oh bien. » Elle se souleva légèrement et déposa un baiser sur la peau à l’odeur légèrement épicée sous sa joue. « Ça me permettra de parler plus facilement. » Elle jeta un coup d’œil et capta l’expression timide de Xena. « Ce que je voulais te dire… c’est que… je… je ne sais pas ce qui va se passer… Xena… je… sais qu’on ne peut pas se cacher du reste du monde. » Elle s’interrompit et réfléchit aux paroles qu’elle allait prononcer. « Et je sais aussi que les ennuis finiront toujours par nous trouver. »

« Ah oui ? » Répondit Xena d’un ton calme.

Gabrielle lui jeta un regard. « Ils le font toujours », répondit-elle. « Mais j’aimerais avoir une chance de construire une vie ici avec toi… je ne veux pas perdre cette occasion. »

La guerrière se leva et alla jusqu’à la rambarde, agrippa le bois et s’y appuya. « J’y ai réfléchi », finit-elle par dire en se retournant pour faire face à Gabrielle tout en croisant les bras sur sa poitrine. « A accepter l’offre de Josclyn… les deux en fait, vraiment. » Elle prit une inspiration. « Je… Gabrielle… je pense que… » C’était plus difficile qu’elle ne l’avait imaginé. « Je pense qu’il est temps que je pose mon épée. »

La barde resta là, assise, stupéfaite un long moment, puis elle prit une profonde inspiration. « Ouaouh. » Elle se leva et alla vers sa compagne, l’observant. « Et tu le penses vraiment, pas vrai ? »

Un léger hochement de tête. « Oui. » Xena prononça le mot avec soin. « Les ennuis me tombent dessus… beaucoup… parce je suis les ennuis, Gabrielle. Tout le monde le sait… Dahak le savait… Arès le sait… la tentation… de ce que je suis est tout simplement trop puissante. » Elle étudia le support en bois du porche et y passa le doigt. « Alors… il faut que j’arrête de l’être… si je veux avoir… la paix. » Son regard croisa celui de la barde. « Et surtout si tu fais partie de ma vie. »

La barde se tourna et posa les mains sur la rambarde, regardant au loin un long moment avant de fixer à nouveau la guerrière. « Xena… je pense qu’il y aura toujours du danger là-dehors, et des gens qui… »

« Oh… et bien… » La grande femme haussa légèrement les épaules. « Oui… ce n’est pas comme si j’allais oublier comment combattre rapidement… je vais garder le niveau quoi qu’il en soit. » Elle pinça les lèvres dans un sourire ironique et elle tapota son estomac avec un air désabusé. « Je perdrais le contrôle autrement. » Elle carra les épaules. « Mais je n’ai pas besoin d’en faire la publicité… ou de chercher les ennuis moi-même … d’être une cible en permanence. » Elle relâcha une inspiration. « J’ai vraiment réfléchi à tout ça, Gabrielle… je sais que ça semble un peu fou, mais… »

La barde mit la main sur sa bouche. « Chh. »

Xena cligna des yeux. « Qufffoi ? » Marmonna-t-elle puis elle garda le silence.

Gabrielle attendit un instant puis retira sa main et entoura la nuque de la guerrière de ses bras, lui baissa la tête et l’embrassa profondément.

Celle-ci finit par redresser la tête et se lécha les lèvres, goûtant les dernières nuances du cidre doux que Gabrielle avait bu. « Alors je présume que tu vois ça comme une bonne idée, hein ? » Il y avait un espoir silencieux dans son regard.

La barde l’observa sérieusement. « Oui. » Elle hésita puis continua. « Mais je vais être honnête avec toi… Xena… je ne pense pas que tout ça soit terminé… et… je pense que toi… tu es la clé pour le finir. »

« Moi ? » Demanda doucement Xena. « Pourquoi ? »

Mais Gabrielle secoua la tête. « Je ne sais pas… c’est juste ce que je pense. » Elle se rapprocha et posa une main apaisante sur le bras de la guerrière. « Et je pense aussi que s’installer est une très bonne idée… pour nous deux. » Elle s’interrompit. « C’est ce que je veux vraiment… mais je pense que tu le sais déjà. »

Xena lui sourit affectueusement. « Je l’avais plus ou moins deviné, oui. » Elle relâcha un soupir. « En plus… tu… euh… » Elle prit la tête de la barde entre ses mains. » Il te faut un endroit agréable et stable pour élever des enfants, non ? »

Oui. Gabrielle devint songeuse en se laissant aller dans une étreinte longue et sincère. Ce serait différent… un peu effrayant… parce qu’elle savait, mieux que n’importe qui, combien sa compagne compliquée était enrobée dans la violence qui avait dirigé sa vie si longtemps. Elle n’était même pas sûre que ce soit possible… mais si Xena voulait essayer… hé… qui était-elle pour en discuter ? Ça voulait dire un changement permanent dans leurs vies… mais un changement, songea-t-elle… qu’elle les pensait largement prêtes à assumer.  « Je pense que je vais vraiment apprécier ça. » Elle leva les yeux vers Xena qui lui sourit. « En plus… Granella me suppliait de trainer par ici… elle n’a personne avec qui s’entraîner autrement… elle dit que ton frère est sans espoir. »

La guerrière se mit à rire. « Et bien… c’est plutôt vrai. » Elle mit le bras autour des épaules de son âme-sœur et l’emmena vers le chalet. « Mais tu es meilleure qu’elle. »

Gabrielle se mâchouilla la lèvre en débattant avec elle-même. « Eeehh… je ne sais pas si c’est toujours vrai », répondit-elle tranquillement. « Ma compagne d’entrainement préférée m’a beaucoup manqué. » Elle retint son souffle en sentant les muscles qui se tendaient dans le corps pressé contre elle. Elle leva les yeux vers le visage figé et sérieux et soupira. « Mais… je présume que je peux… travailler avec Gran… je… »

« Va chercher ton bâton », dit Xena, très calmement, à la fin d’un très long souffle.

*************************

C’était une vision éthérée. Le petit espace devant leur chalet était baigné de lumière argentée et d’ombres noires alors que la nuit balayait toute couleur des environs. Gabrielle attrapa son bâton familier, ses doigts s’enroulant et se déroulant autour de sa surface sculptée. Xena était allée chercher son propre bâton dans l’écurie, enfoui profondément sous qui sait combien de couches de foin et de terre, et elle se trouvait maintenant devant elle, inspirant par à-coups rapides et nerveux.

On doit être folles, se dit Gabrielle en essayant de s’installer. Allez Gabrielle… ce n’est que Xena pour l’amour des dieux… tu as fait ça pendant des années. « Ok… » Elle s’avança et leva son bâton puis elle prit une autre inspiration en se rendant compte que ce n’était pas Xena qui allait prendre l’initiative de l’attaque dans ce match. Il est tard… elle est probablement fatiguée, qu’est-ce qu’on fait là-dehors par Hadès ?

Mais l’occasion… Grimaçante, elle fit un mouvement et sentit le petit choc du contact quand son bâton toucha et fut repoussé. Une autre attaque et une autre parade identique, le bruit solide du bois contre le bois. Les ombres bougeaient entre elles, commençant à se refléter dans les cheveux noirs de Xena tandis que la guerrière glissait vers l’avant et contrait son attaque, mais si doucement qu’elle le ressentait à peine.

Il y a tant de choses dans ses yeux… Gabrielle ressentit une angoisse tranquille. Elle faisait ça parce que la barde le voulait, mais son cœur n’y était pas… elle semblait presque effrayée d’utiliser de la force dans ses coups. La barde réfléchit puis carra les épaules et tournoya plus fort, sentant le pincement solide tandis que son bâton cognait celui de sa partenaire et elle s’avança, repoussant la guerrière. « Allez, Xena », dit-elle doucement. « Soit tu le fais, soit tu ne le fais pas. »

Elle sentit la piqûre de l’attaque suivante la faire trembler dans les bras et un petit frisson lui parcourut l’échine lorsque son corps se souvint de la force qu’il y avait dans ces mains qui tenait le bâton avec un peu plus d’intensité maintenant. « C’est mieux. » Elle cogna à nouveau son bâton contre celui de Xena, essayant de la repousser et elle sentit que son élan était sur le point de réussir avant de s’affronter à une force tendue qui la maintint immobile, puis la repoussa doucement. « C’était un peu plus familier. » Elle sourit à la vue du regard froid et fermé de Xena. « Allez… » Elle envoya son bâton à pleine force cette fois et le craquement sourd qui s’ensuivit au contact de celui de Xena, monta dans ses bras et ses épaules.

Je ne peux pas faire ça. Xena sentit son cœur commencer à battre fort tandis que l’exercice familier apportait avec lui des souvenirs vivaces de colère, de rage et de douleur. Elle vit Gabrielle s’avancer et la lumière argentée de la lune brouilla le bâton de la barde tandis qu’elle envoyait un coup puissant vers la guerrière.

Et pour la première fois de sa vie d’adulte, elle se figea, incapable de bouger, incapable de se défendre. Un craquement sourd de bois contre os et chair s’ensuivit tandis qu’une violente douleur explosait dans son cerveau et elle tomba à genoux, entendant le léger bruit du bâton qu’elle tenait et qui tombait au sol.

Elle cligna des yeux de confusion et lutta pour s’éclaircir la vision, brouillée par des étincelles dansantes et elle tendit la main vers le haut, entendant à peine le léger hoquet de Gabrielle, qui lâcha son propre bâton pour l’attraper. Qu’est-ce qui s’était passé ? Son esprit essayait de s’y retrouver. Son instinct lui avait totalement fait défaut… et elle sentit un vent de panique s’élever.

« Xena… Xena… » La voix horrifiée de la barde était à peine au-dessus du murmure. « Oh par les dieux… par les dieux… est-ce que tu… » Ses mains tremblaient lorsqu’elle repoussa doucement, très doucement, les mains de la guerrière de sa tête et vérifia l’endroit du choc, sentant la chaleur sous le bleu qui gonflait. « Oh par les dieux… non… non… »

« Ça … » Xena lutta pour reprendre le contrôle sur elle-même. « C’est bon… je ne sais pas ce qui… je vais bien… » Lentement la douleur diminuait et elle se frotta un peu les yeux. « Désolée… je… » Sa vision se brouilla et elle ferma les yeux, attendant un long moment avant de les rouvrir. Cette fois la barde apparut dans son champ de vision et elle relâcha un soupir de soulagement. « Je… ne pense pas que j’étais prête pour ça », dit-elle à la barde calmement.

Gabrielle relâcha un souffle épuisé. « Je n’aurais pas dû te pousser », admit-elle d’un ton malheureux. « Je ne voulais pas te faire de mal, Xena », ajouta-t-elle doucement. « J’essayais seulement de… oh bon sang. »

La guerrière étudia la tête penchée au-dessus d’elle, tendit la main d’un air hésitant pour toucher les cheveux blonds et elle sentit leur texture soyeuse sous ses doigts.  « Bien sûr que non », ronronna-t-elle d’une voix basse. Mais Gabrielle gardait la tête baissée et elle pouvait ressentir l’angoisse passer par leur connexion. « Gabrielle… ça va. »

« Non ça ne va pas », répliqua la barde d’une voix fatiguée. « Un de ces jours j’arrêterai de me raconter des histoires qu’un jour ça finira par aller… » Elle s’assit lourdement sur le sol. « Je continue à faire comme si… et comme si… pensant que si je le souhaite assez fort, tout va… redevenir comme avant. » Elle leva les yeux tristement. « Je suis désolée. »

Xena la fixa pendant ce qui lui sembla être une éternité, puis un petit sourire grimaçant lui étira les lèvres. « Allez. » La guerrière se leva, ignorant la douleur dans sa tête et prit son bâton. « On essaie encore une fois. » Il faut que je dépasse tout ça. Elle n’a pas besoin de porter ça en plus du reste, bon sang. « Gabrielle ? »

Gabrielle secoua la tête. « Non… Xena… s’il te plait. Je suis fatiguée. »

Un haussement de sourcil déterminé. « S’il te plait ? »

« Xena. » La barde soupira. « Je sais ce que tu essaies de faire… mais… oublions ça, d’accord ? » Un silence. « Xena ? » Encore le silence. Elle leva les yeux pour voir sa compagne qui attendait patiemment les mains autour de son bâton, appuyé sur celui-ci. « Pets de Centaure », jura doucement Gabrielle et elle se mit debout tout en soulevant son bâton.

Qui lui fut enlevé des mains par un mouvement si rapide qu’elle ne le vit même pas. La piqûre lui attisa les nerfs et elle cria de surprise. « Hé ! » Elle attrapa le bâton au sol et carra les épaules, puis elle tenta un balayage vers la guerrière silencieuse, qui para proprement et envoya à nouveau son bâton dans les airs.

Gabrielle soupira mais en eut le cœur allégé. « Très bien… j’ai compris l’idée. » Elle reprit son bâton et cette fois mit toute sa force dans l’attaque, sentant enfin la familiarité soudaine dans ses os lorsque les coups se confrontèrent à la puissance qu’elle connaissait et elles s’installèrent dans un rythme confortable.

Attaque et contre-attaque, botte et parade, la barde sentit sa respiration se saccader et elle continua avec détermination, tandis que leur rythme s’accélérait, et elles firent une longue série de mouvements qui se termina avec elles deux appuyées l’une contre l’autre, les bâtons trainant au sol.

Leurs regards se croisèrent, leur poitrine soulevée par l’effort. « Gabrielle… » Lui dit Xena calmement. « Continue à avoir des rêves et je ferai de mon mieux pour qu’ils deviennent réalité. » Elle hésita et fit un sourire minuscule et nostalgique pour la barde. « D’accord ? »

Gabrielle sentit les larmes lui piquer les yeux et elle se pencha en avant pour embrasser doucement la guerrière. « Comment pourrais-je refuser une telle offre ? » Elle laissa son bâton tomber à terre et se rapprocha de Xena pour l’étreindre. « Mon héroïne. »

Elles restèrent ainsi dans les ombres argentées, à écouter les doux hululements des chouettes curieuses pendant un long moment, puis Gabrielle renifla un peu et relâcha sa compagne. « Allez… on va te mettre un peu d’eau froide sur la tête. » Elle mit la main autour du coude de la guerrière et se dirigea vers le chalet.

******************************

« Bon sang », jura Cyrène en faisant le tour de la cuisine. « Mais où est-donc la canelle ? » Le problème quand on partageait une cuisine, songea-t-elle, c’est que les choses ne restaient pas en place. Elle détestait ça. Mais Eustase en valait la peine… cette femme était indéniablement une bonne cuisinière… c’est juste qu’elle avait tendance à… ah. Cyrène s’arrêta les mains sur les hanches, les yeux fixés sur un point bien au-dessus de sa tête. « Par les couilles bleues de Bacchus… qu’est-ce que ça fait là-haut par Hadès ? »

Elle secoua la tête et chercha autour d’elle quelque chose sur quoi monter, se retournant quand elle entendit la porte s’ouvrir. « Ah… parfait. »

Xena haussa les sourcils. « A peine », marmonna-t-elle en avançant dans la pièce pour laisser la porte battante se refermer derrière elle. « Bonjour. »

L’aubergiste s’avança et lui prit le bras. « Parfait pour ce dont j’ai besoin à l’instant… viens par ici… » Elle tira la guerrière et lui montra. « Tu peux attraper ça, s’il te plait ? »

Sa fille laissa un sourire se former sur ses lèvres et tendit la main pour attraper le pot demandé et le descendre de l’étagère près du foyer. « Tiens. » Elle commença à le tendre à Cyrène qui repoussa son bras pour se rapprocher et lever la main vers la tempe de la guerrière. Elle soupira intérieurement lorsqu’elle entendit l’inspiration de sa mère.

« Xena, qu’est-ce qui s’est passé ? » Demanda Cyrène, en touchant très doucement le bleu. « Tu n’avais pas ça hier soir. »

La vérité ? « Je suis tombée », risqua la guerrière. « Ce n’est pas grand-chose. »

Sa mère l’amena vers l’atelier de travail et la poussa pour l’asseoir sur le banc avec une inquiétude très visible sur le visage. « Tu es tombée ? Xena… ça ne te ressemble pas. » Elle tâta la blessure. « Je pense qu’il faut qu’on remonte la rivière pour trouver un bon guérisseur pour regarder tout ça… après cette fièvre et tu as été tellement fatiguée… je suis vraiment très inquiète… je vais demander à Johan d’y aller après le petit déjeuner. »

Xena pinça les lèvres. « C’est bon… c’est bon… je ne suis pas tombée. » Elle relâcha un soupir. « Gabrielle et moi on s’entrainait et j’ai oublié de me baisser. »

Un silence. « Pourquoi tu ne l’as pas dit tout de suite ? » Cyrène l’observait avec curiosité.

Xena haussa un sourcil. « ‘Je suis tombée…’ ça sonnait mieux que ‘Gabrielle m’a frappée avec un gros bâton’ ? » Répondit-elle d’un ton désabusé. « Enfin… ça m’a fait entrer des choses dans la tête, alors… » Et ça l’avait fait, elle s’en rendait compte… ça et le besoin désespéré de Gabrielle de revenir à une certaine normalité à laquelle elle s’était simplement forcée de répondre. Le coup l’avait choquée car il lui montrait le besoin de se reprendre et de prendre en charge sa conscience blessée, se rendant compte que sa crainte de blesser sa compagne, la blessait elle de toutes les façons.

Après ça, l’entrainement s’était… bien passé, et elle avait même gravé une minuscule encoche dans le bâton de la barde après qu’elles se furent changées et qu’elles se détendaient, pour marquer l’occasion. Ce qui avait fini par apporter un sourire sur les lèvres de sa compagne. Elle tendit le bocal d’épices à sa mère. « Tiens. »

« Merci. » L’aubergiste prit le bocal et jongla un peu avec puis le posa près du feu et revint à la table, pour se glisser sur une chaise et étudier sa fille d’un air sombre. A part le coup, elle semblait aller mieux que trois jours auparavant, et il y avait une acuité normale dans ses yeux et ses mouvements qui rassura l’aubergiste. « Pourquoi est-ce que vous vous entrainiez au milieu de la nuit ? » Elle prit un panier de petits pains couverts de miel fraichement cuits et elle en tendit un à la guerrière.

Xena prit une bouchée et la mâcha, l’avalant pensivement avant de répondre. « Ça… » Elle étudia le pain et mordilla une noix sur le dessus. « Il fallait qu’on règle plein de choses…certaines ont pris plus de temps que d’autres », expliqua-t-elle lentement. « C’est un peu compliqué. »

Quel euphémisme. Cyrène soupira. « Je sais ma chérie… je sais… vous avez été méchamment blessées toutes les deux. » Elle fit un sourire encourageant à sa fille. « Mais je suis contente que tout trouve une solution. » Elle s’interrompit. « C’est le cas, pas vrai ? »

La guerrière sourit et mit le reste du gâteau dans sa bouche. « Mmhmm. » Elle hocha la tête, laissant un peu de son soulagement apparaître. « La route a été longue… mais on peut dire... » Elle relâcha une longue inspiration. « On peut dire que oui. »

Cyrène lui tapota la main. « Alors… » Elle pinça les lèvres. « Quels sont vos plans maintenant ? » Elle mit prudemment une tonalité innocente dans la question.

Xena lui lança un regard affectueux. « C’est drôle que tu poses cette question. » Elle prit un autre pain. « C’est étonnant cette multitude d’offres qu’on a reçues ces derniers temps. »

Cyrène prit une inspiration déterminée. « Et bien, elles sont légitimes, Xena… et tu sais bien que vous pourriez appréciez un peu de stabilité, toutes les deux. En plus, moi aussi… j’ai commencé à penser à passer cet endroit à quelqu’un d’autre et tous les trois vous êtes mes seuls enfants et tu sais que… »

« On reste », déclara Xena calmement.

« Xena, vous devez vraiment commencer à penser à vous installer… tous ces voyages… je sais que vous essayez d’aider les gens, mais… » Une longue pause. « Quoi ? »

Le regard bleu se posa sur la table puis revint croiser le sien. « On reste… ici. »

Cyrène laissa sa main tomber sur la table et lâcha un rire surpris et un peu désabusé. « Bon sang, Xena… ça fait trois jours que je m’entraine avec ce discours. » Elle secoua la tête et absorba la nouvelle. « Alors bien sûr tu ne me laisses pas l’utiliser. » Elle s’interrompit pour observer le visage figé. « Tu as dit que tes priorités avaient changé. »

Xena mordilla son gâteau. « Elles ont changé », répondit-elle tranquillement. « Je me suis rendu compte que chaque fois que je ne voulais pas faire quelque chose parce que quelque chose allait se produire… et bien… ça se produit de toutes les façons. » Elle avala. « Rester hors de la vie de Solan… garder Gabrielle à distance… rester loin d’ici… » Son regard devint distant. « Je pourrais aussi bien tenter d’être heureuse et traiter les problèmes quand ils arrivent. »

L’aubergiste relâcha un léger soupir et se leva pour faire le tour vers sa fille et elle lui mit les mains sur les épaules. « Oh ma chérie. » Elle sentit Xena s’abandonner tandis qu’elle tirait sa tête contre sa poitrine et lui caressait doucement les cheveux. Depuis combien de temps n’avait-elle pas pu le faire ? Depuis quand Xena avait-elle abaissé ses défenses aussi loin… par les dieux… depuis quinze ans au moins ? Cyrène pouvait à peine le croire. « C’est une dure leçon. »

Xena se redressa et lui fit un sourire tranquillement résigné. « Oui… je sais… » Elle relâcha un long souffle. « On ne sait pas comment ça va se passer… ou… mais on va essayer. »

Elle avait eu beaucoup de temps pour y penser entre hier soir et ce matin… allongée tranquillement dans le noir avec la légère respiration de Gabrielle pour lui réchauffer la peau, baignant dans la merveilleuse proximité et sentant que cela soignait les endroits encore douloureux en elle. Elle avait fini par s’endormir un peu avant l’aube, se réveillant avec la sensation fantastique du chatouillis provoqué par le nez de sa compagne sur sa peau nue ; et lorsqu’elle l’avait regardée comme si elle était outrée et que les yeux verts avaient lui vers elle, elles avaient toutes deux réalisé en même temps que les choses…

… s’étaient apaisées sans qu’elles ne s’en rendent compte dans une routine plus familière qui, bien qu’elle n’écartait pas les horreurs qu’elles avaient traversées, ne laissait pas leur existence s’installer entre elles. C’était merveilleux et elle avait laissé la barde mettre à jour son journal avec la promesse de revenir avec le petit déjeuner pour elles deux.

« Et bien si quelqu’un peut le faire, c’est bien vous deux. » Cyrène lui ébouriffa les cheveux. « En parlant de ça, où est Gabrielle ce matin ? »

Xena s’enfonça dans sa chaise et soupira d’aise. « Elle fait ses trucs de barde. » Elle lança un regard à sa mère. « En fait, je euh… » Elle tendit la main et attrapa le panier de petits pains en clignant des yeux. « Ça, c’est parfait. »

Sa mère secoua la tête. « Oh non… » Elle reprit le panier. « Vous allez être malades si vous les mangez tous, et je te connais… c’est exactement ce que tu vas faire. » Elle alla jusqu’aux étagères à provisions et commença à préparer un assortiment. « Petite idiote. »

Xena resta patiemment assise, ses doigts jouant paresseusement avec la bouteille de cannelle tandis qu’elle attendait, et elle sentit un poids ôté de ses épaules qui l’étourdit presque. Petite idiote… elle m’appelait comme ça à l’époque où je cassais le bras des autres, songea-t-elle avec un sourire intérieur. « Gabrielle aime vraiment bien être ici. »

Cyrène regarda par-dessus son épaule. « Oui… je sais… et tout le monde l’aime bien. » Elle mit un carré de linge autour du contenu du panier et l’apporta avec elle puis le posa devant Xena. « Elle ne pense pas à… » Puis elle s’interrompit, réfléchissant à combien cette question pourrait faire du mal. « Euh… alors, quels sont vos plans pour aujourdh’ui ? Je sais que les gamins ont hâte d’une leçon de bâton cet après-midi. »

La guerrière se leva et mit l’anse du panier sur son poignet. « On verra au fur et à mesure aujourd’hui. » Elle souleva le panier et alla vers la porte puis elle s’arrêta, une main sur la poignée. « Et maman ? »

Cyrène leva les yeux. « Hmm ? »

Elle reçut un sourire en réponse. « Oui, elle y pense. »

********************************

« Arès, bouge ta queue. » Gabrielle donna un petit coup au loup en s’asseyant sur le porche tout en inspirant profondément l’air chaud matinal. « Mmm… » Elle ferma les yeux et laissa un sentiment de paix la traverser tandis qu’elle ramenait ses jambes sous elle sur le siège capitonné et posait son journal sur ses cuisses. « Tu penses que maman va rapporter quelque chose de sympa ? »

« Roo. » Arès sauta sur le banc, près d’elle et se blottit, la queue et les pattes dépassant et le museau posé sur sa cuisse. « Grrrr… »

« Oui. » La barde lui gratta la tête du bout des doigts puis ouvrit son journal et mâchouilla sa plume.

On a quasiment fait un tour complet, je pense… on est à la maison et on dirait bien qu’on va y rester. La soirée a été vraiment, vraiment longue… Je ne peux pas croire qu’il s’est passé si peu de temps depuis que je me trouvais près d’un feu de camp avec une telle douleur que j’avais l’impression que mes tripes m’étaient arrachées.

Est-ce que tout est pareil ? Non. Est-ce que ce le sera jamais ? Probablement pas. Mais nous sommes arrivées à un point où il faut que nous recommencions à aller de l’avant et ne pas nous inquiéter perpétuellement du passé. Vous savez, je me suis réveillée ce matin et j’ai commencé simplement à jouer avec elle et je ne me suis pas souvenue, pendant quelques instants, pourquoi ça devrait être étrange.

C’était génial. J’ai le sentiment que quelques mois de ce régime vont faire des miracles.

Nous avons encore pas mal de choses à régler… ce qui s’est passé hier soir me fait vraiment peur. Je l’ai frappée… qu’est-ce que j’aurais fait si je l’avais gravement blessée ? Je sais que c’est pire que ce qu’elle en dit, bien que comme d’habitude elle ait tenté de me faire me sentir mieux en blaguant sur le sujet et en faisant une entaille dans mon bâton. Ça c’est ma Xena.

Oui. J’ai un sentiment différent à son égard maintenant, je m’en suis rendu compte. Je suis moins éblouie… je n’attends pas qu’elle me trouve mes réponses… et je ne vais plus jamais la suivre aveuglément. D’un autre côté, j’ai une plus profonde compréhension d’elle… je ne vais plus tout accepter sur elle et de beaucoup de façons, ce que je ressens pour elle s’est approfondi à un nouveau niveau, basé sur le respect et la compréhension, et pas juste cette dévotion étourdie.

Ok… il reste encore un peu de ça. Il y a toujours cette grande partie de moi qui veut juste croire en elle et pas… euh… être tempérée par toute forme de logique. Ça me rend un peu triste de ne pas pouvoir me laisser aller à ça maintenant, à devoir être adulte et prendre mes propres décisions, sans dépendre d’elle pour ça. Je ne suis plus une gamine et bien que je sache que ça fait partie du fait de grandir, et que de nombreuses façons je l’apprécie, il y a toujours cette part de moi qui aimait bien savoir qu’elle pouvait dépendre d’elle pour tout.

Je ne le peux plus. Elle a des défauts et des points faibles, tout comme moi, et parfois je me rends compte que c’est moi qui la protège et qu’elle dépend de moi, parce que je suis la seule qu’elle laisse être aussi proche. C’est effrayant mais je pense que sur le long terme, ça va aller. Bien que parfois, je la vois qui me regarde, avec ce regard vraiment triste, un peu perdu… et je sais qu’elle a mal.

Des bruits de pas attirèrent son attention et elle vit Granella qui grimpait le chemin en courant. L’Amazone s’arrêta en la voyant et changea de direction pour venir sur le porche en bois, où elle se laissa tomber au sol dans un abandon total.

« Salut », dit Gabrielle en mâchouillant sa plume d’un air laborieux. « D’où est-ce que tu viens ? »

« Un petit tour pour me dérouiller. » Granella soupira, se pencha en arrière et entoura ses genoux de ses bras. « Il faut que je coure avant le lever du soleil à cette période de l’année ou bien il fait bien trop chaud. » Elle étudia la silhouette décontractée de la barde. « Comment ça va ? »

Gabrielle ressentit un peu d’irritation passagère à cette question mais elle soupira et mit un sourire sur ses lèvres. « Génial », rassura-t-elle l’Amazone d’un ton calme. « Et toi ? » Elle regarda la femme mince aux cheveux noirs. « C’est différent de ce que tu connaissais, hein ? »

Granella remua la main. « Oh oui. » Elle secoua la tête. « Jamais je n’aurais pensé… finir… » Son regard fit le tour de la cour inondée de soleil. « Je suis née au village Amazone, Gabrielle. » Elle soupira. « C’est différent… mais j’aime bien. »

La barde sourit. « Moi aussi. » Elle mâchouilla sa plume. « Ça va être agréable de s’installer ici. »

L’Amazone brune leva la tête et la regarda avec attention. « Ah oui ? »

Gabrielle hocha la tête sobrement. « Ouais. » Elle ferma son journal et s’étira. « On s’installe. »

Granella sourit. « C’est la meilleure nouvelle que j’ai entendue de la semaine… c’est génial, Gabrielle. » Puis elle se calma et regarda autour d’elle. « Heu… ça me rappelle que… je… Toris m’a parlé d’une conversation que vous aviez eue lui et toi avant que vous ne partiez. »

La barde l’observa avec soin. « Ah. » Des complications… je n’avais pas pensé à… beuh.  « Je…euh… » Elle se sentit rougir.

L’Amazone se pencha en avant et lui mit la main sur le genou. « Détends-toi… je suis cool avec ça. » Elle réfréna un sourire. « C’est… unique… il faut que je te l’accorde, Gabrielle… mais je comprends… heu… je… et ben, je comprends, c’est tout. » Elle s’interrompit. « Il est cool aussi et tout mignon avec ça… il prend cette obligation très, très au sérieux. »

Gabrielle sourit. « Hum… bien… c’est bien. Parce que… j’y ai beaucoup pensé ces temps-ci. »

L’Amazone se tordit les doigts. « Oui… moi aussi. » Elle leva les yeux vers Gabrielle avec honnêteté. « Je ne sais juste pas si je serais une bonne mère… je n’ai connu que les batailles, rien d’autre. » Elle soupira. « Penser à tout ça… ça me fait peur. »

La barde lui ébouriffa doucement les cheveux. « Tu seras parfaite », la rassura-t-elle. « Qui sait… peut-être qu’on vivra ça ensemble. » Ce serait pas mal… elle s’offrit le luxe de l’imaginer et d’avoir la liberté de le faire. « On pourrait s’entraider. »

Granella lui fit un sourire timide. « D’accord. » elle sourit à la vue de l’étincelle brillante dans le regard de la barde, puis elle pencha la tête tandis que Gabrielle se redressait légèrement et qu’un sourire se posait sur ses lèvres, bien avant qu’Arès ne lève la tête en battant vigoureusement de la queue.

« Roo ! » Il se tortilla pour descendre du banc et se précipita en bas de l’escalier, traversant la cour en vitesse vers une grande silhouette qui arrivait vers eux à grands pas dans le soleil. Alors qu’elles l’observaient, Xena s’arrêta lorsqu’un villageois de passage la salua et qu’elle attendit que l’homme la rattrape. Il tendit un paquet à la guerrière puis repartit avec un geste de la main.

La guerrière continua vers elles et monta l’escalier avec Arès sur les talons. « Bonjour. » Elle fit un geste amical de la tête à Granella tout en tendant le panier qu’elle portait à sa compagne et elle se laissa tomber dans la chaise toute proche. « Le marchand vient de rentrer… il avait des messages pour nous. » Elle tendit le paquet puis le posa contre sa jambe tandis qu’elle dénouait la corde qui l’entourait.

« Mm. » Gabrielle jeta un coup d’œil, affairée à manger. « Tiens. » Elle tendit un gâteau à Granella et en prit un autre, le coupa en deux pour en mettre un morceau entre ses dents et tendit l’autre moitié à Xena. « Ouvre. »

La guerrière ouvrit la bouche d’un air absent et accepta le gâteau puis elle mâcha en lisant. « Mpff. » Elle avala rapidement. « Par les dieux… on est tantes encore une fois. » Puis elle s’arrêta de mâcher et cligna des yeux. « Des triplés ? »

Gabrielle se rapprocha et s’appuya sur son épaule, lisant avec agitation. « DES TRIPLES ? » Sa voix se brisa. « Ouaouh… » Elle regarda une Granella intéressée. « Tu te souviens de notre ami Jessan ? »

L’Amazone écarquilla les yeux. « C’est LUI qui a eu des triplés ? ? ? Ouaouh… »

Xena la tapa doucement avec sa botte. « Son âme-sœur… Elaini » Elle continua à lire. « Bon sang… je parie que ce sont des bébés tout mignons. »

« Oooohhhh » Gazouilla Gabrielle. « Tout ébouriffés et minuscules… Xena, je veux les voir. » Elle tira sur la chemise de son âme-sœur. « On peut ? » Elle lut rapidement la lettre. « Oh… Xena… ils ont donné nos noms à deux d’entre eux. »

« Mmhmm », acquiesça la guerrière. « Alors je présume qu’il faut qu’on aille les voir, hein ? » Elle glissa le bras autour de sa compagne. « Tu voulais aussi voir Lila et sa progéniture… on pourrait tout faire en un seul voyage. »

« Oui. » Gabrielle s’installa contre elle et sortit du pain farci du panier avant de le mâchouiller. « Ça me va. » Elle s’interrompit. « Mais… des triplés… » Elle échangea un regard avec Xena et Granella. « Ouille. »

« Oui… ouille c’est le bon mot. » Granella bâilla puis se leva. « Bon, faut que j’aille tirer ton frère hors du lit… c’est bien la seule habitude que vous ne partagez pas. » Elle leur fit un signe de la main et se dirigea vers la cour en sifflotant.

Gabrielle se mit à rire et s’appuya contre  sa compagne, absorbant la chaleur riche et la promesse du temps qu’elle allait pouvoir passer avec la grande femme brune assise près d’elle. « Tu as dit à maman qu’on restait ? » Elle regarda le profil de Xena.

La guerrière hocha la tête et la posa contre celle de la barde. « Ouais. »

« Xena ? » Gabrielle regarda vers la cour qui commençait à se remplir avec la journée qui avançait.

« Hmm ? » Répondit sa compagne, en étirant les jambes pour les croiser aux chevilles.

« Nous sommes rentrées », dit-elle d’un ton calme et satisfait.

Xena mit les deux bras autour de sa compagne et relâcha un soupir de soulagement. « Enfin. »

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FIN

(fini de traduire en août 2012, Fryda)

 

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Commentaires
M
J'avais lu toute les autres histoires, mais je n'avais pas vu qu'il y en avait une sur ce site. Encore Merci Fryda de nous faire partager ses merveilleuse histoires.
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E
De rien, pas de problèmes s'il en faut encore je continuerai :-)
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F
Merci pour ce retour, c est ça le combustible qui me fait continuer :-)
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E
Fabuleux travail et surtout fabuleuse fic tout comme ses sœurs sur l'ancien site. J'espère vraiment qu'il y aura d'autres traductions.<br /> <br /> Merci Fryda.
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F
Service !
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