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2 mars 2014

Indiscrétions, épisode 10

INDISCRETIONS

La Troisième Saison

Créée, produite, réalisée et écrite par 

Fanatic et TNovan

Traduction : Fryda (2014)

 

Episode 10 : Paisible et Tranquille

Harper, qu’elle en soit louée, fait tout ce qu’elle peut pour m’occuper et être heureuse malgré mon assignation à domicile. Elle essaie de me garder en contact et ancrée avec l’émission bien je ne sois pas autorisée à m’approcher du studio.

Aujourd’hui, c’est « Le Manuel du Savoir Être à l’Antenne ».

Je regarde vers Frankie qui est studieusement assis à notre table à manger, le stylo levé au-dessus de son carnet.

Je souris et je pose un verre de jus devant lui. « Tout d’abord, détends-toi. »

« Hein ? » Il me lance un regard anxieux.

« Frank, pourquoi est-ce que je te rends si nerveux ? »

Il hausse les épaules. Il est mignon.

« D’accord. » Je m’assieds à la table avec lui. « Tu connais assurément Harper et moi depuis assez longtemps pour voir que nous sommes des humains comme les autres. » Je fais une pause. « Et bien, parfois, je me pose la question pour Harper. »

Il rit et semble se calmer un peu. « Elle peut être très rigoureuse. »

« Harper est une femme très passionnée. Elle croit que si un job vaut la peine d’être fait, il doit être bien fait. » Je me retiens de lui dire que pour moi ça vaut dans tous les aspects de notre vie. Il en mourrait d’avoir toute cette information. « Et si tu lui donnes la moitié d’une chance, elle fera de toi le meilleur mais tu dois lui faire confiance. » Alors que les mots s’échappent de mes lèvres, je ne peux pas m’empêcher de sourire. Elle a fait de même pour moi.

« Comment elle sait que je peux le faire ? » Il tapote son stylo sur son calepin, tout comme Harper.

« Parce qu’elle est réalisatrice, Frank. C’est ce qu’elle fait. Elle prend les talents et les embellit. Souviens-toi de ça, ça te servira bien dans les années à venir. Si tu réussis dans la vie, tu réussis grâce aux gens qui ont fait le dur boulot. Et tu peux tirer à vue et la jouer politique avec tes collègues et dans certains cas, ce sera le seul moyen de garder ton job, mais tu dois être au mieux avec ton réalisateur. Il te rendra la vie bien plus facile. »

« Tante Kendra a dit que quand vous êtes venue, vous avez amené Harper. Il me semble à moi que c’est vous qui avez le pouvoir. »

Je hoche la tête. « A l’époque oui. J’avais déjà une carrière bien établie avec des récompenses dans mon cv. J’avais le pouvoir d’amener Harper. Mais c’est son boulot qui nous a fait rester ici et l’a établie comme une étoile montante dans le champ de la réalisation. C’est un actif de valeur. Tu as de la chance de travailler avec elle. Ne fiche pas tout en l’air. »

« Oh, je ne le ferai pas. Elle m’a menacé de me jeter du toit de l’immeuble si je la mets en mauvaise situation. »

Je ris et je me mets debout pour aller vers mon fauteuil relaxant.  « Allez, Frank, je suis une femme enceinte avec un mal au dos. Allons dans le séjour pour que je puisse me mettre à l’aise. »

Il me suit et nous nous installlons. « Alors raconte-moi toute l’histoire », lui dis-je tout en tirant notre couverture de mariage sur mes cuisses et en m’installant dans le fauteuil.

 

* * *

 

Ça devrait être intéressant.

Nous venons juste d’installer le plateau pour jouer au Monopoly. J’ai pris la voiture de course, bien sûr. Kels s’est battue pour l’avoir mais j’ai gagné. Elle a pris le cheval. Brian a pris le dé à coudre et Doug a choisi le chapeau haut de forme. Comme c’est stéréotypé. Pour les deux.

Kels distribue le reste de l’argent et ajuste sa petite visière verte qu’elle a tenu à porter en tant que banquière. Je ne savais pas que les vraies gens en portaient. Mais ça aide pour l’ambiance, je suppose.

Brian lance les dés et fait joyeusement sauter son jeton sur le plateau de jeu.

La nuit va être longue. Ce que je ne ferais pas pour que ma femme soit heureuse.

 

* * *

 

J’atterris sur Ventnor Avenue et je lance un sourire narquois à mon épouse. Elle a Atlantic Avenue et Marvin Gardens. Je viens juste de l’empêcher de faire monopoly. Ha, ha, ha ! Prends ça, mon cœur. Je lui tends l’argent pour ma propriété et je souris.

Kels marmonne quelque chose que je devrais trouver pour elle mais elle me donne mon gain.

« Je donnerai ton nom à l’hôtel », je promets.

« Il faudra d’abord qu’il soit construit, Tabloïde. »

Oooh, quelqu’un n’est pas content. Je souris d’un air narquois et je lui embrasse le nez.

Doug rit et lance les dés. Il atterrit sur Pennsylvania Railroad. Il tape dans ses mains d’un air excité. Ce foutu chanceux a B&O et The Short Line. « J'achète. »

« J’aimerais qu’on puisse construire sur les chemins de fer », râle Brian. « Je veux dire que la gare de Penn est tellement affreuse. Beurk. Le choix des couleurs. Et il fait si sombre là-dedans. Je ne veux pas y aller. Je refuse. »

« Ils vont la mettre à la place du bureau de poste », le rassure Doug.

« Génial. Ensuite ils vont mettre les agents de la Poste à un endroit qui va vraiment les fâcher et ils vont recommencer à faire grève.  Est-ce que New York ne peut pas faire les choses correctement ? »

Kels tend son gain à Doug à contrecoeur.

Brian lance les dés. Les impôts. C’est la quatrième fois qu’il atterrit dessus ce soir. Parfois le service des impôts se manifeste juste pour vous avoir.

Ma chère épouse prend les dés, souffle dessus et les lance.

Je tombe de ma chaise en riant.

Kels va en prison.

Elle prend une très profonde inspiration pour se calmer. Je reconnais des cours de Lamaze. « Ris encore, l’Etalon. J’ai acheté des draps à la bonne taille pour le canapé aujourd’hui. »

Brian se met à rire et fait claquer trois fois ses doigts. « Oh, l’Etalon, je pense que tu as des ennuis. » Je lui lance un regard d’avertissement. « Je comprends ta position, Kels », continue Brian.

« Tu es déjà allé en prison ? » Le taquine Doug.

Notre nounou tape joyeusement son petit ami. « Du calme ! Elles ne le savent pas ! »

Je savais bien que j’aurais dû faire une recherche sur lui. Kels ne m’aurait pas laissé faire. « Bébé », dis-je à ma compagne, « je te manquerais trop si tu me virais du lit. »

Et voilà le grand soupir dramatique. J’adore ma compagne. Elle est si drôle. « Je vais changer ton nom de l’Etalon à l’Ego. » Les garçons hurlent. « Et, tu as raison, tu me manquerais sûrement. Je me demande ce que je ferais si je ne devais pas lutter chaque nuit pour les couvertures. »

« Oh mais tu te défends bien, chér. » Je lui adresse mon meilleur sourire lubrique. Et quand elle me le retourne, je manque fondre sur ma chaise. Est-ce qu’on peut arrêter ce jeu tout de suite ? »

« Allez continue, Tabloïde », me réprimande Kels en tapotant le plateau de son ongle. Seigneur, j’adore cet ongle. « Je dois me faire de l’argent. »

Je lance les dés. Sept ! Oui ! Je fais des bruits de moteur et je conduis ma voiture sur Pennsylvannia Avenue. Une autre propriété que Kels lorgnait. « Oh, je suis tellement désolée, chér. Mais, je vais te dire une chose, je t’échange Pennsylvania contre Illinois Avenue. »

« Les gars, je pense vraiment qu’elle triche. Il est temps de sortir les gros calibres. » Heureusement elle rit alors je sais que l’accusation n’est pas réelle. Elle me tend Pennsylvania Avenue et mon argent. Je présume que ma proposition d’échanger n’est pas acceptée. « Je vais vous donner à chacun mille dollars pour former un partenariat avec moi. »

« Hé ! C’est pas du jeu ! »

« Si », contre Brian. Il tend la main vers Kels. « En billets de cent, s’il te plait. »

« Non, c’est pas du jeu », je répète.

« Je joue aussi. » Doug accepte son pot-de-vin pareil.

Traîtres.

« Bien », dis-je, « je vais tous vous battre. »

Kels remue le doigt vers moi. « Tu n’as pas une seule chance, Tabloïde. Un as avec une paire de reines gagne la plupart du temps. »

Le téléphone sonne, me sauvant de leurs rires. « Je prends », dis-je inutilement. Aucun d’eux n’est en condition de prendre le téléphone. Je me repousse de la table et je vais vers le comptoir. « Allô. »

« Hé, mon bébé de soeurette. »

« Plus jeune », je réplique automatiquement. « Comment ça va, Robie ? »

« Je suis lessivé. Ren m’a fait bosser comme un bossu toute la journée. »

« Bien. Je ne devrais pas être le seul époux qui travaille trop dans la famille. » Kels m’entend et secoue la tête. « Mais notre nurserie est prête. Comment ça va pour vous ? »

« Presque fini. J’ai espéré qu’on puisse utiliser le berceau de Clark mais Renée me dit qu’il n’est pas encore prêt pour un lit de grand garçon. »

« Il a à peine plus d’un an ! Mon Dieu, Robie, même moi je le sais. Pourquoi tu es aussi radin ? Tu fais bien assez de fric dans ta firme d’avocats marrants. »

« Est-ce que Renée a appelé avant moi ? » Il blague. « Attends une seconde. » Je l’entends mettre la main sur le combiné et j’écoute le silence étouffé. « Harper ? »

« Je suis là. »

« Christian demande s’il peut parler à sa tante préférée. »

« Bien sûr, passe-le-moi. » Puis je réfléchis. « Il parle de Kels, non ? »

Robie se met à rire. « J’en ai bien peur. »

« Bon, au moins il a bon goût. Attends. » Je retourne à la table et je tends le téléphone à Kels. « C’est pour toi. »

« Et bien, allô, Christian. Comment va mon Kingsley préféré ? » Kels me tire la langue. Si les garçons n’étaient pas là, je ferais quelque chose de cette langue. Pendant qu’elle discute avec mon petit neveu, je remarque que ma pile d’argent semble plus petite elle aussi.

Hmm.

« Je te passe ta tante Harper », Kels me tend le téléphone.

« Salut, Christian. »

« Je suis vraiment le préféré de tante Kels ? »

C’est la première question qu’il me pose. Christian va être gay. Je peux le ressentir. « Mais oui, chér. Elle parle de toi tout le temps. »

« C’est vrai ? »

« Est-ce que je te raconterais des histoires ? »

« Merci ! » Il lâche le téléphone. Je ne lui suis plus utile.

« Désolé, Harper », dit Robie en reprenant le combiné au sol. « Si ça peut te réconforter, Clark prend toujours le téléphone quand il entend qu’on parle de toi. »

« Au moins quelqu’un qui m’aime. A propos, Robie, savais-tu que ta belle-sœur triche au Monopoly ? »

« Je ne triche pas ! » Kels a un air complètement indigné sur son visage d’ange. « C’est de la finance créative. »

Oh, je connais des choses avec lesquelles il faudra être créative plus tard, chérie. « Oui, oui, je vais quand même gagner. »

 

* * *

 

« Brian, viens ici. »

Mon assistant dévoué me rejoint dans la salle à manger. Je lui fais signe de venir vers le divan où j’étais allongée à lire un livre. Il se laisse tomber sur le sol près de moi et sourit. « Oui ? »

« Je veux essayer quelque chose. »

« Eh bé, Ms Kingsley, je ne suis pas ce genre de fille et vous non plus. » Il me tape joyeusement le poignet.

« Très drôle. » J’attrape sa main et je la pose sur mon ventre. « Dis son nom. »

Il me lance un regard intrigué.

« Tu sais… son nom. »

« Oh, tu veux dire Harper ? » Il regarde mon ventre et puis moi avec des yeux écarquillés. « Dis-moi que ça ne vient pas d’arriver. »

« Oui, je pense que si. Dis-le encore. »

« Harper. »

Et aussitôt, je sens un coup de pied vigoureux de Brennan. Elle connait le nom de sa Mama. Si ce n’est pas mignon ?

« Je ne le crois pas. » Brian sourit. « C’est vraiment cool. Harper, » je reçois un coup de pied, « doit être super excitée. »

« Elle ne le sait pas et tu ne lui dis pas. Un, son ego est bien assez gros et deux, je n’ai pas fini de l’entendre. »

Brian me lance un regard appuyé. « Tu as encore eu des insomnies la nuit dernière, pas vrai ? »

« Hmm. » Je hoche la tête, le corps entier fatigué du manque de sommeil.

Il pose sa main sur mon front. « Tu as de la fièvre. »

« Juste un peu. »

« D’accord, on a une heure avant de manger. Tu fais une sieste. Je te réveille quand le déjeuner est prêt. » Il se lève et commence à me prendre mon livre avant de me tendre un autre oreiller. « Et ne pense même pas à discuter, ou le premier coup de fil que je vais passer, c’est au Dr McGuire au sujet de la fièvre, et le second à l’Etalon pour lui raconter. »

« Bon sang, tu sais comment blesser une fille. » Je me blottis dans le canapé et la couverture, plus que prête à faire une sieste. Je suis très fatiguée. Mais il faut que je râle. C’est une question de principe.

« Nan, je sais juste où sont tes points faibles. »

 

* * *

 

Je rentre tard. La journée a été infernale au boulot. C’était la Loi de Murphy et le Principe de Peter tout ensemble. J’ai tellement hâte d’une soirée sympa et calme à la maison.

« En haut d’une montagne était un gardien de chèvres solitaire… »

Eh bon sang, c’est quoi ça ?

Je laisse tomber ma mallette à la porte, j’accroche ma veste et je vais tranquillement dans le séjour. Le son de la télévision stéréo est à fond et je suis sûre que nos voisins nous adorent en ce moment.

Ce qui est encore plus déroutant, c’est ce qui se passe devant la télé. Kels et Brian sont en train de jouer une scène de ‘La Mélodie du Bonheur’ et, que Dieu me vienne en aide, la chanson n’est pas ma préférée. Lay ee odl laye e odl lay hee hoo, évidemment !

Tandis que je suis là à secouer la tête d’étonnement, Kels s’approche de moi en chantant fort. « Une petite fille portant un manteau rose entendit- »  Elle regarde Brian.

« Lay ee odl lay ee odl lay hoo hoo. » On dirait une chèvre qui a atrocement mal.

« Elle yodela en retour au gardien de chèvres solitaire : lay ee odl lay ee odl oo. »

« Bientôt sa maman, le regard brillant, entendit », Brian chante et me tend un micro imaginaire.

Ah, mais bon sang. « Lay ee odl lay ee odl lay hmm hmm. » Je gronde les deux derniers mots, ce qui fait rougir Kels.

« Quel duo pour une petite fille et un gardien de chèvres, lay ee odl lay ee odl oo, » Brian chante à sa place.

« Heureux ils furent, lay dee olay dee lee o, » et Kels finit avec un yodel qui me hantera jusqu’à la fin de mes jours.

Je me force à ne pas rire en me souvenant des paroles qui suivent. « Bientôt le duo deviendra un trio… plus un ! »

« Lay ee odl lay ee odl oo. »

Heureusement Kels cherche la télécommande et arrête le film. « Salut toi, gardienne de chèvres », murmure-t-elle et elle m’embrasse.

Je suppose que j’ai entendu pire dans ma vie. Je lui rends son baiser et je m’agenouille pour parler à mes enfants. « Salut vous les champions. C’est Mama. Vous avez été gentils avec Maman aujourd’hui ? »

Kels glousse et met la main sur le haut de son ventre. Un des gamins joue du tambour là-dedans. « Quelqu’un est content que tu sois rentrée. »

Je gratte la surface en question. « Vous m’avez manqué tous les trois. Je déteste ne pas vous avoir tout près toute la journée. »

« Et bien, la journée a été excitante, Tabloïde. Brian et moi avons décidé de faire un karaoké avec la Mélodie du Bonheur puisque je suis totalement enfermée. »

« Oui, et je suis sûre que tout le voisinage a apprécié tout autant. »

« De l’amusement gratuit, ce n’est pas si mauvais. »

« Parfois », je souris d’un air narquois, « gratuit est tout simplement bon marché. »

Je reçois une tape pour mon insolence. C’est bon d’être à la maison.

 

* * *

 

La journée a été longue. Si longue.

Et que ma compagne me manque tellement que je pourrais en mourir, n’arrange pas les choses. Le fait qu’elle soit à la maison et moi coincée ici, ça craint un max.

Surtout quand tout le monde semble atteint de stupidité crasse. Ça fait le tour du bureau plus vite que la grippe. Je ne peux même pas compter le nombre de crises que j’ai désamorcées cette semaine. Même Langston a senti le besoin de mentionner la mort cérébrale à notre réunion de production. Un regard vers Jac à la table a suffi pour savoir qu’elle plongeait encore plus que certaines fois.

Merde, si je baisais Bruce, je ferais la même chose. Mais je ne le baise pas.

J’ai gagné, j’ai gagné, j’ai gagné.

Alors je travaille tard pour essayer de sauver un sujet qui prend l’eau à cause de Bruce. Comment il a réussi à survivre ici aussi longtemps me dépasse. Ce travail est tellement partial que je peux à peine y croire. Nous ne faisons pas de la publication ici. J’essaie de le parcourir pour voir ce qui peut être sauvé. Je vais demander à Bruce de se remettre au boulot jusqu’à ce qu’on ait quelque chose d’utile.

Je soupire. Presque huit heures. Je devrais être à la maison.

On frappe un coup à ma porte et je suis excitée un instant jusqu’à ce que je me rende compte que ça ne peut pas être Kels qui est à la maison, et d’abord elle ne frappe pas. Je me demande qui est encore ici. « Entrez. »

L’autre blonde de l’émission passe la tête dans mon bureau. Brenda m’envoie un sourire vainqueur. « Tu es aussi là tard. » Elle se passe la main dans les cheveux, réarrangeant une coiffure déjà parfaite. « Tu as quelques minutes pour moi ? »

Non, tout ce que je veux c’est rentrer. Mais ce n’est pas la bonne réponse, surtout que je réalise son premier reportage. Je lui montre le fauteuil de l’autre côté de mon bureau. « Bien sûr. Que se passe-t-il ? »

Brenda suit mon geste et s’assied dans le fauteuil en cuir avec grâce. Elle porte un jean et un tee-shirt avec un col en V. Tous les deux sont trop petits d’une taille. Elle se penche en avant, les coudes sur les genoux, et elle sourit. « Que penses-tu de mon premier travail ? »

Ouais, elle a des gros seins. « Jusqu’ici, c’est pas mal. Je pense que tu dois développer un peu plus la narration. »

Elle ronronne. « Hmm et en tant que ma réalisatrice, tu veux bien m’aider à la trouver, pas vrai ? » Elle sourit et je ne sais pas s’il faut que je me signe ou pas.

D’accord, Harper, tu as déjà été dans ce genre de situation. Détends-toi. C’est bon. « En tant que ta réalisatrice », j’appuie sur ces mots, « je le ferai. Pourquoi est-ce qu’on ne programme pas du temps demain pour pouvoir regarder ce travail ? »

« Ou bien », contre-t-elle, en bougeant pour s’asseoir au bord de mon bureau, « on pourrait en discuter maintenant. Ma carrière est importante pour moi. Je ferais n’importe quoi pour la booster. »

Je sens une goutte de sueur descendre le long de mon échine. Je sens son parfum de là où je suis assise et je secoue la tête pour me débarrasser de l’odeur. « Il est tard. Je ne peux rien faire ce soir pour aider ta carrière. »

« Moi je ne dirais pas ça. On est deux personnes très créatives. Je parie qu’il y a plein de trucs qu’on pourrait trouver. »

Je repousse mon fauteuil et je me mets derrière. Je sens le besoin d’un autre meuble entre nous. « Brenda, il faut qu’on soit bien claires. Je suis mariée et je ne baise pas ailleurs. Alors si ton offre subtile est de ce genre-là, je vais devoir passer. Si tu veux parler travail, je suis très heureuse de le faire. Mais demain. Il est tard. »

Elle rit de moi. « Ooh, allez Harper. Tu es ici tard. Je suis ici tard. Ta femme est à la maison. Ce qu’elle ne sait pas ne lui fera pas de mal. » Elle hausse les épaules. « Je connais ta réputation dans le milieu. Ne sois pas si timide. En plus, il est à peine plus de huit heures. Tu pourras être à la maison près de ta petite femme vers neuf heures trente ou dix heures. »

« Ça n’a pas d’importance que Kels sache ou pas, Brenda. Moi je le saurai. Et c’est plus qu’assez. »

« Est-ce que tu es en train de dire que je ne suis pas attirante ? » Elle glisse du bureau et se rapproche de moi. Je tourne pour que le fauteuil soit entre nous.

Je roule les yeux. « Brenda, tu sais que tu es attirante. Tu ne serais pas à la télévision autrement. Mais je te répète que je ne baise pas ailleurs. Considère-toi comme renvoyée. »

« Harper ! » Elle semble exaspérée par moi. « Je te promets une balade qui te laissera sans souffle et avec plus d’envie. » Elle essaie à nouveau d’avancer en attrapant le fauteuil pour que je ne puisse pas le bouger. « Tes lèvres disent non mais tes yeux disent une toute autre chose. Et ce petit filet de sueur qui coule sur le côté de ton visage parle pour lui-même. »

Il fait chaud ici. C’est ça que ça dit. Ça dit aussi toujours ‘fiche le camp de mon bureau’. Je marche d’un pas brusque vers ma porte et je l’ouvre en grand. « Il est temps de partir, Brenda. »

Je suis contente de mon échappée avec l’espace de deux mètres entre nous deux, et tout irait bien… sauf que mon téléphone sonne. Je suis prête à ne pas y répondre quand Brenda se propose de répondre à ma place. Merde, non ! Je fonce vers mon bureau et je décroche. « Kingsley. »

« Salut la magnifique. Ta fille vient juste de me donner un coup au côté parce que tu n’es pas encore rentrée. Je me suis dit que j’allais t’appeler pour savoir quand tu penses arriver. »

Bien sûr c’est mon épouse. A n’importe quel moment de ma vie, je serais excitée à l’idée de parler à Kels. Pas maintenant. Pas avec Brenda qui me lance un regard qui dit qu’elle veut foutre en l’air mon foyer heureux. « Salut, chér, je range mes affaires tout en te parlant. Je serai à la maison dans moins d’une demi-heure. Il faut que je prenne quelque chose en route ? »

« Non, amène juste ta merveilleuse personne. Notre oreiller nous manque. »

Brenda met son doigts dans sa bouche et fait semblant de s’étouffer. Bien sûr elle fait ça assez fort pour que les gens à trois blocs de là puissent l’entendre.

Merde, bon sang. « Vous me manquez aussi tous les trois. » D’accord, la meilleure défense c’est une attaque puissante. « Brenda vient juste de passer dans mon bureau avec quelques questions mais on a fini. »

« Ah, Mademoiselle Lawson, oui… » Oh, ma femme est furieuse. « Harper, mets-moi sur haut-parleur. » J’obéis. Je pense que c’est mieux. « Brenda ? »

« Oui, Kelsey ? » Brenda est en train de me déshabiller du regard. Je peux presque sentir ressentir l’image de moi sans vêtement dans son esprit.

« J’espère qu’Harper t’a donné tout ce dont tu avais besoin ce soir. »

« Et bien… »

« Parce que si ce n’est pas le cas, je serai ravie de venir t’aider. »

Ça, ça vaudrait le coup d’œil. Mais je préfèrerais ne pas avoir à payer une caution pour sortir ma femme de prison une fois encore. « Pas besoin, ma chérie, je rentre à la maison. Maintenant. »

« Tu fais comme ça, Tabloïde. On se voit dans peu de temps. » Clic.

Autant pour un retour joyeux à la maison comme je l’avais espéré. Merci, Brenda. Je lance un regard noir à ma jeune journaliste. « Tu as réussi ce que tu étais venue faire ici. Maintenant casse-toi. »

Elle se gratte le coin de la bouche. « Non », elle soupire. « Si j’avais réussi ce pour quoi je suis venue, tu n’aurais pas d’ennuis à la maison. » Elle ajuste mon col, un geste bien trop intime pour mon goût.

Je prends mon Palm Vx, mon mobile et ma mallette. Si elle ne part pas, moi si. « Il est temps de s’en aller », je répète en tenant la porte ouverte. Je partirais bien mais je ne veux pas la laisser seule dans mon bureau. Dieu seul sait ce qu’elle pourrait faire.

Elle part à contrecoeur.

Et moi je rentre à la maison pour affronter une femme enceinte sous hormones.

 

* * *

 

Je me tiens dans le couloir avec un tee-shirt posé sur mes bras croisés. Je regarde la porte qu’on déverouille lentement, très lentement. Voilà une femme qui essaie d’entrer sans bruit. Trop drôle. Elle recule pratiquement dans l’entrée et referme la porte très silencieusement.

« Salut, l’Etalon. »

Elle sursaute brutalement. « Ne me fais pas ça. Tu veux que j’aie un arrêt cardiaque ? »

Je ne peux m’empêcher de rire en m’avançant pour commencer à déboutonner sa chemise. « C’est toi qui entrait en douce. Tu as une raison particulière ? »

Elle glisse les  bras autour de moi. « Les prisonniers ne courent en général pas vers le peloton d’exécution, ma chère. J’ai des ennuis jusqu’où ? »

Je finis de déboutonner sa chemise et je la fais glisser de ses épaules nonchalamment. Je dépose un baiser sur sa clavicule et quelques mordillements rapides un peu plus bas avant de me désengager, de lui tendre le tee-shirt et de me diriger vers la cuisine. « Pourquoi tu aurais des ennuis ? »

Elle me suit et enfile le tee-shirt. « Parce que je rentre tard à la maison. »

« Si tu devais avoir des ennuis à chaque fois que tu rentres tard, ce mariage ne se serait jamais fait. Tu n’as pas d’ennuis, Tabloïde. » Je prends du nettoyant et une petite brosse et je nettoie le rouge à lèvres. « Amateur », je gromelle à une tentative très futile de faire des ennuis à Harper.

« Quelle garce ! » Harper doit remarquer ce que je nettoie. « Je vais foutrement la tuer demain ! Kels… chérie… » Oooh je pense que ma chère épouse vient de voir ce qui ne va pas. 

« Harper, viens ici et dis bonne nuit à tes enfants pour qu’ils s’installent pour dormir, ensuite on en parlera. Est-ce qu’elle se gratte la lèvre avec son ongle ou bien elle la frotte de son doigt ? »

Elle réfléchit un instant. « Elle la gratte. Je n’ai pas pensé à ça à ce moment-là. Merde ! » Elle met quelques dollars dans le bocal et me fait un charmant sourire. « Tu penses que Brennan et Collin vont encore me parler ? »

« Je ne vois pas pourquoi ils ne le feraient pas. Je ne leur ai pas parlé de cette misérable tentative de cette garce de te piéger. Seigneur, on voit qu’elle n’est pas dans le milieu depuis longtemps. » Je finis de nettoyer la chemise. « Et bien, ça ira jusqu’à ce qu’on la porte au pressing. » Je pose la chemise et je me tourne vers elle pour lui faire face. « Allez, dis bonne nuit. Je suis fatiguée et je veux m’asseoir. »

« Pourquoi on n’irait pas sur le canapé et je leur parlerai là-bas ? » Suggère Harper.

« Ah, voilà une femme qui a un bon plan précis. » Je lui prends la main et nous nous dirigeons vers le séjour.

 

* * *

 

Je suis très contente qu’on ait confiné Kels à résidence. Je vois qu’elle est fatiguée et que ses chevilles sont légèrement gonflées. Je vais avoir une petite discussion avec Brian ce soir. M’assurer qu’on est d’accord sur ce que Kels ne doit pas faire.

Je me penche et je mets le nez sur le ventre de Kels. « Bonjour, mes doux petits. Il est temps de dormir et de laisser votre maman se reposer. Est-ce que vous pouvez faire ça pour moi ? » Je prends un coup de pied dans le nez en réponse, mais Kels l’adoucit en me grattant le crâne. Si j’étais un chat, je ronronnerais. « Je vous aime tellement vous deux. Nous avons hâte de vous voir bientôt. »

Kels soupire. « Amen. »

Je rampe sur elle et m’allonge à côté d’elle sur le canapé. « Tu me manques au travail, tu sais. » Je trace sa mâchoire de mes doigts, notant comme sa peau est douce. J’embrasse le coin de sa bouche juste parce qu’elle est là. « Comment tu savais qu’il fallait me donner un tee-shirt à la porte ? » Ce qu’a fait Kels me frappe soudain.

« Parce qu’il était évident que tu avais été piégée. Je n’étais pas sûre de si ce serait du rouge à lèvres ou du parfum, mais je savais que ce serait l’un des deux. »

« Merci, ma douce. » Je l’embrasse sous la mâchoire. « Comment je dois la gérer ? Je voulais cogner son maigre petit cul mais il faut que j’aie une bonne relation de travail avec elle. Des suggestions ? »

« Ignore-la. Quand elle se rendra compte qu’elle ne peut pas se mettre entre nous, elle perdra tout intérêt pour toi. »

Je me repousse et je lui adresse une expression faussement outragée. « Perdre son intérêt pour moi ? Comme si c’était possible ! »

Kels se met à rire et me pousse les épaules. « Tu devrais espérer qu’elle le fasse, pour l’amour de ta femme, de tes enfants et de ton mariage. Autrement, j’irai droit en prison après que les bébés seront nés parce que je vais aller tuer cette gueuse. Avec un sursis pour bonne conduite, je pourrais être sortie pour le cinquième anniversaire des jumeaux. »

Je me joins à ses rires. « Toi sortir pour bonne conduite. Tu en as une autre comme ça ? »

« D’accord. Et celle où la femme enceinte envoie son épouse qui souffre depuis longtemps, chercher de la crème glacée à trois heures du matin ? J’aime vraiment bien celle-la. »

« Oui, ça je le sais. Je pense acheter un petit congélateur et en stocker. Mais Kam adore vraiment les balades nocturnes. Je détesterais l’en priver. » Je lui embrasse le nez et le menton. « Tu veux qu’on sorte ? »

« Est-ce que je le veux ? Oui. Est-ce que j’ai l’énergie ? Non. Désolée Tabloïde, tu es coincée ici blottie avec moi. »

« Coincée ? Mais non. Tu es la personne avec laquelle je me blottis le plus volontiers. » Je me rattrape. « Tu es, bien sûr, la seule personne avec laquelle je me blottis. » Je descends du canapé et je lui tends la main. « Viens donc te coucher. J’arrive dans une minute. »

« Qu’est-ce que tu vas faire ? »

« Vérifier le stock de crème glacée. »

 

* * *

 

Je monte rapidement et je me sens attirée par la nurserie. Elle est si parfaite, si prête à accueillir nos enfants. Je ne sais pas comment je vais supporter qu’ils soient ici et moi si loin d’eux. Ça a été assez dur d’en être séparée par une épaisseur de peau.

Comment est-ce que je peux aimer tellement deux petites personnes que je n’ai jamais vues ?

« Vous avez fait du bon boulot avec cette pièce toutes les deux », dit Brian derrière moi.

« J’ai tellement hâte qu’ils soient ici. »

« Oui, moi aussi j’ai hâte. » Il croise les bras sur sa poitrine et s’appuie contre le chambranle de la porte. « Etre avec toi et Kels, c’est un peu comme d’être avec ma famille. Je suis excité. » Il se penche vers moi. « En plus, ça fait deux petites personnes à qui on peut apprendre à faire du shopping. »

Je grogne. Nos pauvres cartes de crédit. « Tu es… » Il faut que je me force à utiliser la bonne désignation, « leur oncle Brian. Il faudra leur enseigner. Surtout que je pense qu’on ne vend plus de Garanimals. » (NdlT : marque de vêtements pour enfants)

Brian se met à rire. « Oui. Vu que Kels a du mal à te faire coordonner tes vêtements, je présume que je vais devoir les entrainer tôt. »

Je fronce les sourcils, essayant de l’intimider un peu. « Je coordonne. Le noir va avec le noir. »

Il tire sur mon tee-shirt noir. « Tu es tellement inconsciente de toutes les nuances de noir, pas vrai ? Tu devrais être un mec hétéro ; tu es tellement triste certains jours, l’Etalon. »

« Je suis peut-être triste mais j’ai attrapé la meilleure fille des environs. » Essaie de battre ça, mon gars.

« Sûr que tu l’as fait. Si elle était hétéro, je devrais repenser sérieusement à changer d’équipe. »

Ma nana inspire des actions mitigées. « Pourquoi était-elle aussi fatiguée aujourd’hui, Brian ? Quelque chose s’est passé dont tu veux me parler ? »

« Non. Elle semble juste être plus facilement fatiguée ces jours-ci. Elle ne dort pas bien la nuit. Elle a de nouveau eu des insomnies. Je pense que c’est bien qu’elle reste à la maison. »

« Oui, moi aussi. Fais-moi savoir si quelque chose se produit, Brian. Je te fais entièrement confiance, tu le sais ? »

« Je le sais. J’ai promis de prendre soin d’eux. Je l’ai même fait s’allonger et avoir une petite sieste aujourd’hui. » Il met amicalement la main sur mon épaule. « Ne t’inquiète pas. Je vais m’assurer que tout va bien jusqu’à ce que vous alliez à la Nouvelle Orléans. »

« Oh, tu viens avec nous, Brian. Mama t’a spécifiquement invité. »

« Oooh, j’adore ta Mama. Comment se fait-il que tu n’aies pas hérité de son bon goût en matière de mode ? Elle est divine ! Si Kels et toi me voulez là-bas, j’y serai. Mais quand les bébés arrivent, c’est le moment pour la famille. Alors je peux trainer par ici… m’amuser follement ici ou là. »

Je sais qu’il blague mais ma tension monte. « Ecoute, Brian, je sais que je te taquine un peu. » Il me lance un regard. « D’accord, beaucoup. Mais le truc c’est que Kels et moi, on te considère comme de la famille. On te veut avec nous. Kels serait très déçue si tu ne venais pas à la Nouvelle Orléans. En plus, que Dieu me pardonne, j’emmène les enfants à la maison dans des vêtements pas coordonnés. »

« On ne peut pas accepter ça, pas vrai ? » Il prend un ton plus sérieux. « Merci, Harper. Ça signifie beaucoup pour moi. Je vous aime tous. En plus, Mama a dit quelque chose au sujet d’une Conspiration que je meurs d’envie de vérifier. C’est quoi, à propos ? »

« Une chose à laquelle je n’ai pas droit. Bon, ma copine m’attend. On se voit demain. Fais de beaux rêves. » Je recommence à monter.

Je ne peux pas croire que Mama lui a parlé de la Conspiration de la Cuisine.

 

* * *

 

Je me réveille au milieu de la nuit, j’ai froid. Je tends le bras pour sentir ma bouillotte et je ne trouve que le vide où elle devrait se trouver. Mon cœur fait un double bond tandis que je chasse de ma mémoire le souvenir de mon cauchemar de la veille. La porte du salon est légèrement ouverte et je vois de la lumière qui en sort. Elle ne doit pas pouvoir dormir à nouveau. Je roule hors du lit, j’attrape un oreiller et j’avance à pas lourds.

Kels lève les yeux de son livre. « Qu’est-ce que tu fais debout, l’Etalon ? »

Je garde les yeux légèrement fermés pour ne pas être aveuglée. « Je pensais t’avoir dit de lire dans le lit maintenant. »

« Chérie », elle tend la main vers moi, « je ne veux pas t’ennuyer. Tu travailles assez durement comme ça. »

« Si je ne peux pas être avec toi la journée, je te veux toute la nuit. Je me fiche que tu allumes, que tu joues de la musique disco ou que tu manges des biscuits au lit. Je te veux avec moi. » Je m’avance vers le canapé et je lui fais signe de me faire de la place. Elle s’exécute et je me glisse derrière elle, la tirant ainsi que notre couverture de mariage autour d’elle.

Maintenant je peux dormir.

 

* * *

 

Voyons voir si je peux faire ça sans la réveiller. Elle est si mignonne. Elle fait la moue dans son sommeil, sa lèvre inférieure sort un peu. Elle ressemble à Christian. Je me demande si l’un de nos bébés va hériter de ça.

Je sors le stéthoscope de la boite et je le teste sur moi d’abord, écoutant pour être sûre de savoir où le placer. Bon, j’ai trouvé. Maintenant voyons voir. Je prends les écouteurs et je les glisse sur ses oreilles avant de placer le disque sur mon ventre.

Elle secoue la tête pour essayer de se débarrasser du désagrément, mais pas assez pour que ça marche. Allez, tabloïde, tu connais ce bruit.

Oui, c’est ça, réveille-toi et écoute-les. Je souris en voyant ses paupières battre et elle sursaute un peu jusqu’à ce que la reconnaissaissance de ce qu’elle entend fasse son chemin. Ensuite, elle se contente de sourire.

J’adore ce sourire.

Elle est allongée là avec les yeux fermés et elle continue à écouter. C’est une expression de pure paix. Voilà une femme très, très heureuse.

Ce n’est pas la femme qui, il y a à peine plus d’un an, faisait pratiquement l’amour dans la rue avec une presque étrangère juste en face de son boulot.

Non, c’est une femme qui apprécie de rentrer le soir, d’allumer un feu dans l’âtre et de se blottir avec moi tout en jouant avec nos bébés.

C’est une femme qui aime tellement ces bébés qu’elle murmure leurs noms dans son sommeil plus souvent qu’elle ne murmure le mien.

Ce n’est pas la femme qui pense que pour être sexy, il faut être une goujate totale avec une attitude de mangeuses de femmes.

Cette femme fait de l’arythmie cardiaque chaque fois que j’éternue. Elle a peur qu’ils n’arrivent plus tôt que nous le pensons.

C’est une femme qui a demandé à son frère de lui faxer un plan de notre maison à la Nouvelle Orléans jusqu’à l’hôpital où je vais accoucher ces bébés pour qu’elle puisse le mémoriser. Elle connait chaque chemin sur la planète pour m’amener à l’hôpital quand je serai en travail. Je pense que quelques trajets ne respectent pas la plupart des lois réglementant la circulation à la Nouvelle Orleans, mais je serai là-bas à temps.

Ça doit être le plus gros et le plus idiot sourire que j’ai jamais vu chez une personne.

« Tu t’amuses, Tabloïde ? » Je murmure. Elle hoche la tête sans ouvrir les yeux.

D’accord, ça c’était grossier. Je prends le disque et je lui mets un bon coup d’ongle. Le bruit dans ses oreilles éveille son attention.

« Hé ! » Elle retire les oreillettes et me lance un regard courroucé.

« Oh mais bon sang, Tabloïde. Tu te souviens encore de moi ? Ou bien je ne suis qu’une coquille pour tes nouvelles personnes préférées ? »

« Ma chérie, je ne pourrai jamais t’oublier. Il se trouve que c’est toi qui les portes en ce moment. »

« Bonne réponse. » Je lui remets les oreillettes et je replace le disque sur mon estomac.

Quel joli sourire.

 

* * *

 

On est samedi et nous prenons le petit déjeuner tous les cinq. Ma petite sœur nage dans le bazar, couverte de ce qu’elle devrait être en train de manger. Mais elle a l’air remarquablement heureuse et Amanda n’a pas l’air embarrassée. Mon père, de son côté, semble tout de même un peu déconcerté par le bazar qu’implique les enfants. Claire tend la main vers son polo bien repassé.

Il rit et lui attrape la main dans une serviette. « Ah, ah, ah… je t’ai vue, jeune dame. »

« Les enfants », dit Harper avec un sourire narquois. Elle masse mon ventre. Elle a trop hâte de mettre la main sur les nôtres.

« J’y repense, Harper », dit mon père d’un ton bien trop amical pour son bien. « J’ai préparé quelques photos dont je me dis que tu pourrais les ajouter dans l’album des jumeaux. »

« Papa », l’avertis-je.

Amanda secoue la tête. « On ne peut pas l’arrêter, Kels. Il était dans son bureau hier à essayer de trouver ces photos. »

Mon père va vers le comptoir et prend une enveloppe qu’il tend à mon épouse. Elle évite ma tentative plutôt faiblarde de l’attraper. Dans l’enveloppe, il y a ce que je crains le plus : des photos de moi nue sur une peau d’ours.

Je ne ferai pas ça à Brennan et Collin.

Harper rit tellement que son visage vire au rouge. Je lui mets un coup de pied sous la table. Ça lui apprendra.

Elle retourne la photo et pointe mes fesses. « Plus les choses changent, plus elles restent les mêmes. »

Je lui lance un regard. « Tu ne pourras jamais plus comparer. »

« Oh, ma chérie, pas la peine de faire ça. »

« Faire quoi ? » Répliqué-je.

Elle est sur le point de répondre et se ravise. « Tu sais que je t’aime. »

« Ça ne va pas t’aider cette fois, Tabloïde. »

Papa remplit sa tasse et vient à la table. Traître. Il va falloir que je m’occupe de lui plus tard. « Et bien, puisque tu dors déjà dans la chambre des invités », dit-il pour taquiner Harper, « j’ai une histoire pour toi. »

Oh Seigneur, pas une histoire. « Papa. »

Il me fait un clin d’œil. « Kelsey a toujours été un peu précoce. »

Harper rit et prend ma main entre les siennes. « Ne m’en parlez pas. »

« Ceci s’est produit quand elle avait cinq ans et qu’elle allait à ‘La Petite Ecole Rouge’, une école privée de Manhattan. Ils avaient un programme où les jeunes de la seconde année du primaire venaient à la crèche une fois par semaine pour faire une tâche ensemble. Les plus jeunes faisaient un dessin et le décrivaient aux plus âgés. Les grands de primaire écrivaient l’histoire qui se référait à l’image. »

« Papa », je tente à nouveau de l’arrêter.

« Tais-toi », répond-il. « Alors Kels a dessiné une sacrée image. »

Harper embrasse le dos de ma main. « Je m’en doute. »

« Ce dessin me montrait en train de frapper sa mère avec un balai, avec une Kels apeurée accrochée à ses jambes et notre cuisinier et notre nounou qui se cachaient derrière une porte pour regarder. »

Amanda me regarde, choquée, puis son époux. « Qu’est-ce que c’est que ce truc ? »

« Je raconte l’histoire », répond-il. « Alors, naturellement, quand l’instit regarde l’image et lit l’histoire qui l’accompagne et qui raconte des choses sur moi qui rentre en colère à la maison et qui frappe tout le monde, elle emporte l’image chez le principal. Je reçois un coup de fil au travail qui me dit de venir immédiatement à l’école. »

« Tu parles », acquiesce Harper, qui adore chaque moment de cette histoire, je peux vous le dire.

« Nous sommes assis sur le canapé du principal à discuter brièvement, quand l’instit fait entrer Kels. Elle sourit et fonce sur nous, puis s’asseoit entre sa mère et moi, et elle pose la main sur mon genou. Le principal nous observe avec soin, essayant de comprendre si quelque chose se passe à la maison.

« Le principal pose plusieurs questions à Kels au sujet de l’école, pour qu’elle se détende et parle. Puis il lui demande pourquoi elle a dessiné cette image. »

« Ça a dû être sympa », marmonne Harper.

Papa me sourit affectueusement. « Kels pousse un soupir et hausse ses petites épaules. « Parce que », dit-elle, « j’en ai marre de dessiner des arcs-en-ciel. »

Je ferme les yeux et je tente d’ignorer l’éclat de rire d’Harper et Amanda. Mon aimée rit encore une fois tellement qu’elle en pleure abondamment.

Je regarde Claire qui nous fixe avec perplexité. « Un jour, ce sera toi, soeurette. »

 

* * *

 

Je me suis presque endormie sur le canapé. Presque. Entre le fait de pouvoir me détendre entièrement ici chez Papa, et le fait que je n’ai dormi que trois heures la nuit dernière, je suis en bonne voie de faire la sieste.

Mais ça recommence et je suis obligée de me mettre sur le côté pour pouvoir les regarder.

« Regarde-toi ! » Harper sourit à Claire depuis le sol où elle est allongée. Ma petite sœur est assise au milieu du tapis et joue avec son nouveau jouet : ma femme. Je pense qu’elles n’ont pas été séparées plus de cinq minutes depuis qu’on est arrivées.

La nounou de Claire n’est pas sûre de bien savoir quoi faire ce week-end et mon père est un peu fâché de ne pas avoir pu prendre sa fille depuis un moment. Amanda est plutôt amusée par la situation.

Je regarde Claire qui fait une de ces adorables risettes de bébé à Harper, en tapant dans ses mains et en essayant de l’attraper. Elle finit par partir en avant et elle se laisse tomber sur Harper en riant.

Mon épouse, bien sûr, est plus que contente de pouvoir s’étirer sur le sol pour permettre au bébé de ramper sur elle, ce qui pour Claire est tout simplement merveilleux. Elle peut toucher et mâchouiller son nouveau jouet.

Ouaip, nous les femmes Stanton, nous savons reconnaître ce qui est bon.

Harper est tout simplement aux anges. Elle a à nouveau battu mon père au golf ce matin et maintenant elle a Claire pour elle toute seule sur le sol.

Cette femme va être une maman fantastique.

Je sens Brennan et Collin bouger. Je sais déjà que ces bébés sont attachés à Harper, je me demande s’ils sont jaloux. Entre les rires et les couinements qui parviennent de l’autre côté de la table de salon, je pense qu’ils peuvent l’entendre et qu’ils sont envieux. Oooh, attention, Tabloïde, on dirait bien qu’ils ont hérité quelque chose de moi.

Brennan me donne un bon coup de pied plutôt rude et je grogne.

« Kels ? » Harper prend Claire dans ses bras et ils viennent vers le bord du canapé.

« Ta fille est jalouse », murmuré-je, en prenant la petite main de Claire pour y déposer un baiser.

Harper se penche et soulève mon corsage puis elle presse les lèvres sur mon ventre. « Je m’entraine, petite chose. Ta tante Claire m’aide seulement. »

Claire tend la main et Harper la pose sur mon estomac là où les bébés sont le plus actifs. Elle couine et plonge sa tête sur l’épaule d’Harper pour la mâchouiller.

Elle va être une mère géniale.

 

<Fondu au noir>

A suivre chapitre 11

 

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Commentaires
K
J'en redemande ;) Vivement la suite. Merci Fryda !
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M
Merci Fryda !!
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I
Tout est dit! Top!!!!!!<br /> <br /> <br /> <br /> Merci Fryda!!<br /> <br /> <br /> <br /> Isis.
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G
On ne se lasse pas de cette histoire. Chaque épisode est un régal. Merci Fryda.
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E
Oh que oui !!!Je le souhaite aussi shayane et idem j'aime beaucoup la série de Dar et Kerry, et pleins d'autres textes également. Mille fois merci à toute l'équipe et auteurs de guerrière et amazone.
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