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Guerrière et Amazone
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  • Vous trouverez ici des Fans Fictions francophones et des traductions tournant autour de la série Xena la Guerrière. Consultez la rubrique "Marche à suivre" sur la gauche pour mieux utiliser le site :O) Bonne lecture !!
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Guerrière et Amazone
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27 février 2022

La noirceur du matin - chapitre 1

 

LA NOIRCEUR DU MATIN

de Missy Good

traduction : xenane94@hotmail.com

 

Bonjour à tous,

Pour ceux qui lisent encore des fanfictions, voici une nouvelle traduction 😊 ! Il s’agit du tome 14 des « Aventures de Xena et Gabrielle » de la brillante Melissa Good.

Je pense que je n’ai pas besoin de présenter cette auteure…. Personnellement j’ai beaucoup aimé découvrir ces histoires (un grand merci à Fryda pour toutes ces magnifiques traductions) et du coup je me suis mise à traduire la suite avec l’accord de Missy Good et les superbes relectures de Fryda et LaVan. Merci beaucoup à vous deux 😊 !

Je vous conseille vivement de lire les premiers tomes sinon vous n’allez pas comprendre l’histoire...

Les 8 premiers tomes sont disponibles sous http://fanfictions.pbworks.com/w/page/9699978/Missy%20Good

Et les tomes 9 à 13 sur le blog de Kaktus http://guerriereamazone.canalblog.com/archives/2016/06/12/33954037.html

 

Avertissements standards (de l’auteure) – Ces personnages, la plupart, appartiennent à Universal et Renaissance Pictures, et à quiconque a un intérêt dans Xena : Princesse Guerrière. Ceci est écrit pour s’amuser et aucune règle de copyright n’a été enfreinte.

Certains des personnages sont de moi, et les idées de l'histoire... eh bien, qui sait d'où elles viennent ? Ce doit être un endroit bizarre, ça c'est sûr.

Violence - c'est une histoire de Xena La Princesse Guerrière. Ce n'est pas Teletubbies. Même s'il y a quelques rumeurs de similitudes. Certaines des violences sont graphiques, mais nous essayons de ne pas nous y attarder.

Sous-texte - Étant donné que la série télévisée vient de diffuser un épisode établissant que Xena et Gabrielle sont des âmes sœurs éternelles, tout déni de sous-texte de ma part est vraiment idiot à l'extrême. Les deux personnages sont amoureux l'un de l'autre, et ce depuis des années. Vous pouvez choisir de les voir comme de simples amies, mais dans ce cas, vous ne voudrez peut-être pas lire cette fanfic, au cas où elle vous ferait changer d'avis ou autre.

Contenu émotionnel - Ce n'est pas un de mes efforts les plus comiques. Il y a cependant des moments d’humour.

Tous les commentaires sont les bienvenus. Si vous voulez les envoyer directement à l’auteure, n’hésitez pas mailto:merwolf@bellsouth.net

J’espère que vous prendrez autant de plaisir à lire cette histoire que j’ai eu à la découvrir et à la traduire. Enjoy 😊 !

 

 

Xena et Gabrielle se sont installées à Amphipolis et profitent de leur nouvelle fille, Doriana.

Mais est-ce bien le cas ? La vie est, comme Gabrielle le sait bien, une série de compromis. Pour obtenir une chose, il faut souvent renoncer à une autre.

 

Chapitre 1

Il était encore tôt, juste avant l'aube, quand le monde était encore silencieux. En grande partie. Aucun oiseau ne chantait encore et le vent ne soufflait pas, laissant les arbres immobiles dans son sillage. Comme si tout retenait son souffle et attendait que le premier rayon de soleil colore le ciel de l'est. Il faisait chaud, ce matin d'automne, humide avec la promesse d'une pluie prochaine et l'air remuait lentement pour laisser passer un doux tambourinage rythmé.

Le bruit des bottes sur la terre molle, riche de rosée, qui vibrait doucement, et le frôlement silencieux des feuilles vertes contre le corps en mouvement qui se glissait entre elles, laissant à peine une trace sur le chemin, qui montait abruptement vers une haute crête surplombant une vallée fluviale fertile. Ils appartenaient à une grande femme aux cheveux noirs, vêtue d'une tunique sans manches de couleur fauve, qui courait à pas réguliers et déterminés, ses mouvements légers et particulièrement puissants parcourus d'une énergie à peine contenue qui piquait les sens.

Les pas changèrent légèrement de rythme, se dirigeant vers une montée encore plus raide, puis la respiration calme et régulière ralentit. "Qu'est-ce que tu en dis... tu veux faire la course avec le soleil ?" Xena tourna à moitié la tête, et haussa un sourcil en voyant le visage alerte et rond d'un petit bébé rangé dans le sac bien attaché sur son dos. "Hmm ?"

"Bck." Répondit Dori en tirant sur une mèche de ses cheveux et en faisant ressortir sa petite lèvre inférieure.

"Très bien... allons-y alors." acquiesça Xena solennellement, tournant la tête vers le chemin et avant de prendre de la vitesse, ses jambes pompant puissamment sur la pente raide et éparpillant des touffes humides de feuilles mortes dans son sillage. "On va y arriver, tu penses ?" la questionna-t-elle, en sentant la traction sur ses cheveux noirs et les bafouillages du bébé. "Je ne sais pas... Je pense que ton poney ralentit ici...

"Boo !!" gazouilla Dori.

"Je vais essayer... " promit Xena, courant le long de la crête, se penchant en avant et se dirigeant vers le sommet. Son corps répondit à l'effort en pompant le sang dans un battement puissant alors qu'elle sentait l'afflux d'énergie la balayer. "Tu es prête ? ?" l’avertit-elle, prenant de la vitesse sans effort malgré la pente raide.

"Boo !" Dori rebondit un peu dans son sac, en agitant une main.

"Ok... accroche-toi." Rit Xena tandis qu'elle parcourait la distance restante, ses longues foulées mangeant le chemin et créant une brise forte qui rejetait ses cheveux en arrière. Elle se dirigea vers le sommet et parcourut la dernière distance, voyant les nuages se dissiper et le ciel s'éclaircir alors qu'elle déboulait au-dessus de la crête, lançant son corps dans l'air du matin pour rencontrer les premiers rayons du soleil, qui baignaient sa forme élancée tandis que le vent de l'aube les fouettait.

 

Elles volèrent dans un silence glorieux pendant de longues secondes, traversant le vide qui séparait les deux crêtes, avant que Xena ne fasse un saut périlleux et n'atterrisse en courant, prenant l'impact sur ses genoux et rebondissant un peu avant de bondir sur le petit plateau d'herbes ondulantes qui se trouvaient juste en dessous du pic. "Comment c'était, hein ?" demanda Xena à sa fille, qui piaillait de plaisir. "Tu as aimé ça, n'est-ce pas ?"

Elle sentit une violente traction sur ses cheveux et sut ce que cela signifiait. "Oh, tu veux te retrouver la tête en bas, hein ?" Elle se lança dans un salto avant, provoquant un éclat de rire. "Encore ?" Elle fit un autre salto, puis se lança sur le côté, et sauta, les faisant tourbillonner toutes les deux en l'air, puis atterrir sur la terre douce.

Dori rit à nouveau et elle rit avec elle. "Ok... regardons les oiseaux arriver." Elle trotta jusqu'à son arbre favori et se laissa tomber sur le sol à côté de lui, décrochant le sac de son dos et le faisant pivoter pour qu'elle puisse voir sa fille. "Salut toi." Dit-elle en détachant le harnais qui la maintenait fermement en place pour la laisser bouger.

Le nez retroussé de Dori se plissa vers elle avec plaisir alors qu'elle s'échappait de son harnais et le soleil capta ses yeux pâles en détail alors qu'elle observait le visage de Xena avec une fascination totale. "Boo." Dit-elle en montrant la guerrière.

"C'est moi." Acquiesça Xena, s'allongeant sur le côté et soutenant sa tête d'une main, tendant un doigt pour que le bébé puisse l'attraper. "Ooo... tu deviens si forte." Dit-elle au bébé qui, à huit mois, avait déjà sa propre personnalité, y compris un côté têtu et volontaire que Xena était convaincue qu’elle avait hérité de Gabrielle, en plus des cheveux noirs et du teint doré qu'elle avait elle-même apportés.

Bien sûr, la barde insistait sur le fait que le côté têtu venait de sa partenaire et elle était soutenue par Cyrène, la mère de Xena, qui se plaisait à raconter les histoires de l'enfance de sa progéniture, et de répéter à quel point bébé Dori lui ressemblait à cet âge, malgré les protestations véhémentes de la grande guerrière.

Et malgré le sourire radieux de sa fille, qui provenait sans aucun doute de Gabrielle, et sa nature légèrement espiègle qui était aussi l'image de sa mère, Xena devait admettre que Dori partageait plus d'un de ses propres traits. Certains bons, comme sa fascination pour les chevaux et la coordination précoce de son petit corps, et d'autres moins merveilleux, comme sa réserve d'énergie absolument inépuisable et sa tendance à s'attirer sans effort plus d'ennuis qu'un bébé de huit mois ne devait en être capable.

Cela, pour le coup, Xena ne cessait de le répéter, n'était pas hérité d'elle, comme elle l'avait déclaré hier soir au dîner, et avait passé un quart de chandelle à énumérer les situations dans lesquelles la mère aux cheveux clairs de Dori les avait mises toutes les deux, avec la même aisance.

Elle regarda avec indulgence le bébé se lever avec précaution, se balançant de manière instable et titubant dans l'herbe. "Hey... tu restes près de moi d’accord ?" prévient-elle. "Ne m'oblige pas à te courir après."

Dori s'arrêta et regarda par-dessus son épaule, étudiant sérieusement sa grande gardienne. Puis son sourire malicieux prit le dessus et elle s'élança, titubant sur le sol avec sa nouvelle et très appréciée technique de marche.

Xena soupira en gloussant. "Ça c’est ma fille." Grimaça-t-elle en se reconnaissant à travers elle et elle se redressa, enroulant ses jambes sous elle et sauta par-dessus la tête du bébé, pour atterrir à quatre pattes devant elle. "Ah hah !"

Les yeux verts s’agrandirent. "Boo !" cria le bébé en s'arrêtant et en se penchant un peu en avant, tandis qu'elle la désignait d'un doigt accusateur. Puis elle se retourna et partit dans l'autre direction, se dirigeant vers un petit affleurement de rochers.

Xena bondit à nouveau, atterrissant devant les rochers et empêchant l'enfant de s'en approcher. "Oh non... pas ceux-là encore... tu t'es coincée le pied la dernière fois". Rappela-t-elle au bébé.

Dori s'arrêta à nouveau et se renfrogna, son petit front se plissant en un sévère mécontentement. "Bck." Sa petite langue sortit, rendant son expression si semblable à celle de Gabrielle que Xena se mit à rire malgré elle. Dori décida de jouer à autre chose à la place et se rua sur Xena, tendant ses mains avec des doigts serrés. "Goo !"

Xena sauta hors du chemin en souriant.

Dori s'arrêta, fit la moue, puis se dirigea dans la nouvelle direction, à la poursuite de son ami le lapin aux cheveux noirs.

La guerrière s'écarta à nouveau du chemin, ramenant lentement sa fille vers l'arbre. Après trois ou quatre sauts supplémentaires, Dori en eu assez. Elle s’arrêta et posa ses petites mains sur ses hanches. "BOO !!!!" hurla-t-elle de frustration.

Xena rit doucement et s'assit en tendant les bras. "Ok, petite chose... viens ici."

Le bébé la regarda d'un air méfiant, puis avança en trottinant, se heurtant au corps de Xena et lui tapant la poitrine des deux mains. "Bck." Elle gloussa, puis gazouilla lorsque des bras puissants se refermèrent sur elle et la soulevèrent, alors que Xena basculait sur le dos, posant le nourrisson sur son ventre et l'étreignant. "Hmm..." Dori gazouilla joyeusement, rendant l'étreinte autant que ses petits bras le pouvaient.

Xena se détendit et laissa la chaleur du soleil l'imprégner, appréciant la paix du petit matin tout en étudiant le petit poing enveloppé dans sa chemise. Dori avait de longs doigts, comme les siens, et des bras et des jambes tout aussi longs, même si c'était difficile à dire par rapport au corps potelé du bébé. "C'est bon ?" demanda-t-elle, alors que Dori mâchouillait un bouton, hoquetant un peu.

"Bck." Répondit sa fille, se tordant pour se mettre plus à l'aise et attraper le lacet qui maintenait la tunique de Xena fermée.

"Tu as regardé ta maman faire ?" demanda la guerrière, avec un léger gloussement, alors que Dori s'arrêtait et la regardait solennellement. "Elle fait ça, tu sais."  Les yeux du bébé, longtemps d'un bleu sombre, s'étaient récemment éclaircis en une pâle nuance de vert, pour le plus grand plaisir de Xena. A l’instant présent, ils lui firent des clins d'œil alors que le bébé clignait des yeux. "Tu vas être tellement belle." Murmura-t-elle, en chatouillant le nez retroussé.

Dori gloussa, son petit visage se plissant en un sourire familier, et se recoucha, reportant son attention sur le bouton avec une absorption enfantine. Xena croisa ses jambes au niveau des chevilles et profita paresseusement du soleil, après leur escapade matinale.

Dans leur chalet, son âme sœur était probablement en train de se réveiller, alors que la lumière du matin s'infiltrait dans leur maison et se répandait sur le grand lit qu'elles partageaient. Cela avait pris un certain temps, mais elles avaient mis au point une routine qui leur convenait à toutes les deux, et elle emmenait Dori pendant ses courses matinales depuis que le temps était devenu clément il y a quelques mois.

Maintenant que la récolte était là, et que le temps redevenait plus frais, elle devait trouver autre chose pour occuper le temps et l'énergie du bébé, mais elle était déterminée à le faire, car elle avait remarqué que les heures que cela donnait à Gabrielle pour poursuivre ses propres activités le matin rendaient la barde beaucoup plus heureuse.

Elles avaient développé un bon système, pensa-t-elle. Elle se levait tôt, tout comme Dori, et elle avait alors commencé à emmener l'enfant avec elle quand elle partait courir, ou pour « l’aider » à faire ses exercices à l'intérieur de la grange si le temps était mauvais. Cela les débarrassait, elle et l'enfant, de l'excès d'énergie agité auquel elles étaient toutes deux sujettes, et Xena s'était aperçue qu'elle appréciait beaucoup ce moment d'intimité avec sa fille. Après cela, Dori « l'aidait » à faire ses corvées en brossant avec elle les chevaux avec lesquels elle travaillait, puis vers l'heure du déjeuner, Gabrielle apparaissait, et réclamait la petite, pour lui donner un bain et s'assurer qu'elle mangeait. Après le déjeuner, Dori rejoignait les jumeaux et les triplés dans ce qu'elles appelaient le parc des Amazones, où elles la récupéraient après le dîner et pour aller la coucher.

En général. Parfois, le parc ne lui permettait pas de se dépenser suffisamment et Xena devait se lancer dans quelques parties de "attrape la guerrière", mais tout se passait généralement bien.

Ces huit mois avaient été merveilleux, parfois exaspérants, parfois frustrants, mais elle se retrouvait à la fin, survivante et heureuse, aimant sa nouvelle fille et profitant de l'approfondissement inattendu d'une relation déjà complexe avec son âme sœur. Elles se connaissaient depuis longtemps maintenant sur le plan émotionnel, et depuis un peu moins longtemps sur le plan physique, mais dernièrement, elles avaient exploré une nouvelle facette intellectuelle, alors que Gabrielle avait commencé à discuter avec elle, avec hésitation, de questions de philosophie et de science.

La nuit dernière, elles avaient parlé du soleil, en fait, et Xena avait trouvé de vieilles questions poussiéreuses, à moitié oubliées, qu'elle s'était posées quand elle était adolescente, remuée à nouveau par la curiosité persistante de son âme sœur. Peut-être, soupira-t-elle, que cela détournerait l'attention de l'agitation croissante qu'elle ressentait ces derniers temps, une agitation qu'elle avait masquée en se mettant à l'épreuve physiquement, en augmentant ses courses matinales et ses exercices de force et de souplesse qu'elle avait développés pour remplacer son travail à l'épée.

Celles-ci, au moins, avaient fait leur travail reconnut-elle, en jetant un coup d'œil oisif vers le bas et en observant un corps qui était en meilleure forme qu'il ne l'avait été depuis un certain temps. Le travail avec les chevaux et son entraînement avaient ajouté des muscles supplémentaires à sa longue morphologie et elle avait récemment laissé tomber la couche supplémentaire de douceur qu'elle avait acquise au cours de l'hiver dernier, lorsque l'inquiétude concernant les rhumes de bébé de Dori et la forte toux particulièrement effrayante de son âme sœur l'avaient gardée fermement ancrée à la maison, prenant soin de ce qui était vraiment important.

Elle se sentait vraiment bien... en bonne santé, relativement détendue, et dépourvue de ce poids douloureux qui lui retournait les tripes et la tourmentait depuis si longtemps, composé de culpabilité, d'inquiétude, de sombres souvenirs, et du besoin constant de nettoyer le sang sur ses mains. Un peu d'agitation semblait être un petit prix à payer pour cela... pour ce sentiment de paix tranquille qui lui permettait d'avoir un aperçu de ce qu'était une vie normale.

Elle s'était retrouvée à chérir ces moments, à absorber les choses les plus simples comme assister au festival des récoltes avec sa famille, qui avait lieu ce soir, ou fêter l'anniversaire de sa mère, ou apprendre à écraser correctement les aliments pour que Dori puisse les manger facilement.

S'émerveiller de voir le visage de Gabrielle s'illuminer lorsque le premier "mama" bégayé de Dori parvint à ses oreilles, et partager avec plaisir son rire pétillant lorsqu'elles réalisèrent toutes deux que le "boo" répété par le bébé signifiait, pour une raison ou une autre, Xena elle-même.

Boo. Comment cette enfant a-t-elle pu relier "boo" à Xena ? Aucun des noms qu'on lui donnait ne s'en approchait, pas même le plus farfelu des noms d'animaux que Gabrielle lui donnait. La guerrière soupira, espérant que son âme sœur bien-aimée ne prenne pas l'habitude de l'appeler ainsi en public et espérant également que Dori acquière un plus grand vocabulaire rapidement.

"Bck." Dori s’assit et rebondit sur elle, ce qui poussa la guerrière à lever un regard affectueux vers sa petite fille.

"Tu es prête à aller jouer avec les chevaux ?" demanda-t-elle, avec un sourire. Dori savait ce qu'étaient les chevaux.

"Boo !" Dori jeta ses mains en l'air et tomba de son perchoir, agitant ses bras et ses jambes en touchant l'herbe.

"Oh... tu veux voler un peu plus. "Xena se redressa et tira son sac, attrapant sa progéniture active et la remettant dans son harnais. "Ok... on peut faire ça. Allons-y." Elle prit son sac à dos et repartit le long de la crête.

***********************************************************************

Gabrielle laissa le soleil du matin couvrir entièrement son corps avant d'ouvrir un œil paresseux et de regarder la fenêtre avec un sentiment de bien-être. "Joli." Commenta-t-elle d'un air endormi en s'étirant, appréciant la sensation des draps propres et doux contre sa peau. Il n'y avait qu'un seul problème avec cette situation, et c'était l'espace vide à côté d'elle, mais la vie, elle l'avait découvert il y a longtemps, était une série de compromis.

Elle avait le droit de faire la grasse matinée, ce qui signifiait se réveiller sans la présence de son âme sœur, mais aussi sans la corvée matinale de changer les couches et de s'occuper de Dori qui était probablement à mi-chemin de la crête voisine, en train de faire la course aux écureuils ou autre.

Parfois, elle avait envie de se lever et de les rejoindre, mais elle savait que sa compagne chérissait le temps qu'elle passait avec leur fille, et elle était sensible au besoin non exprimé de la guerrière.

Elles adoraient toutes les deux leur fille, mais alors que Gabrielle s'adaptait aux changements dans sa vie avec une relative facilité, il y avait toujours une aura d'émerveillement autour de Xena lorsqu'elle tenait Dori dans ses bras, comme si c'était une sorte de miracle qui pouvait disparaître comme une bulle de savon au moment où la guerrière s'y attendait le moins.

Gabrielle sourit doucement. Elles étaient si mignonnes ensemble. Dori était hypnotisée par sa grande et calme âme sœur et la préférait de loin comme compagnon de jeu, ce qui agaçait parfois la barde. Mais elle avait fini par s'y résigner, puisque c'était un trait de caractère qu'elle partageait également. Comment pourrait-elle en vouloir à Dori pour cela ?

D'un air satisfait, elle se blottit sous les couvertures tandis qu'une brise fraîche soufflait, ébouriffant ses cheveux. Il était encore tôt, les rayons de soleil étaient encore bas alors qu’ils entraient par la fenêtre, filtrés par les arbres à l'extérieur, et elle ferma les yeux pour quelques minutes de réflexion tranquille.

Cela faisait-il déjà presque un an ? C'était difficile à croire... mais en fait, le Solstice d'hiver n'était que dans deux mois, et cela marquait une année pour elles à la maison.

Un an. Gabrielle regarda autour de la cabane familière, secouant sa tête pâle avec incrédulité. Une année d'épreuves, alors qu'elles s'adaptaient toutes les deux à leur rôle de parents, et de disputes, sur la meilleure façon de faire les choses pour Dori, et d'apprentissage à faire partie d'une communauté stable. Une année d'émerveillement, alors qu'elles regardaient leur fille grandir, et de paix, alors qu'elle voyait son âme sœur ressentir enfin un sentiment de vie familiale et d'appartenance qui lui avait été refusé pendant si longtemps.

Une année de guérison, pour toutes les deux, et pour elle, pour enfin comprendre tout ce qu'elle avait vécu pendant les trois années précédentes. Elle avait mûri elle le savait. Elle regardait la vie d'une manière différente maintenant, consciente des choix qu'elle avait faits, et de la direction qu'elle prenait. Il semblait étrange, cependant, qu'elle ait dû aller pratiquement au bout du monde et au-delà, juste pour finir dans un petit village, non loin de l'endroit où elle était née, vivant une vie tranquille et paisible. 

Gabrielle étouffa un bâillement et décida qu'il était temps de se lever. Elle sortit de sous les couvertures matelassées et se déplaça sur le plancher en bois, se dirigeant dans l'espace de bain confortable pour se laver rapidement avant de se glisser dans une chemise sans manches en lin blanc, qui se nouait sous sa cage thoracique, et une jupe colorée qui lui arrivait au-dessus des genoux. Elle posa ses bottes courtes sur le banc à proximité, avant de prendre un peigne et de le passer dans ses cheveux pâles, jetant un coup d'œil à son reflet dans le miroir.

Bien. Elle cligna des yeux face à son image. Un peu mou sur les côtés, mais pas mal, analysa-t-elle. Elle n'avait pas pris beaucoup de poids avec Dori, et ce qu'il en restait avait commencé à disparaitre, quand elle était tombée malade après cette longue pluie de printemps.

Elle n'avait pas mangé pendant deux semaines et s'était retrouvée avec la peau sur les os et aussi faible qu'un chaton. Le processus de reconstruction avait été lent, jusqu'à ce que Xena l'autorise à reprendre ses activités normales.

Le temps étant toujours aussi mauvais, Gabrielle avait réussi à convaincre son âme sœur de lui enseigner certaines des formes de concentration qu'elle utilisait dans ses propres entraînements, pour retrouver sa force et l'endurance qu'elle avait perdues à cause de sa maladie et de sa grossesse.

Gabrielle avait découvert qu'elle aimait vraiment ces exercices. En fait, elle s'était concentrée sur ces exercices et sur le travail de son corps plutôt que de retourner à son bâton et elle était satisfaite des résultats, les conservant même lorsqu'elle recommença à travailler avec son arme.

Et bien qu'elle participât toujours aux combats à mains nues des Amazones, elle réservait son travail avec le bâton à Xena, appréciant la précision scientifique de sa compagne de la maintenir en forme et préférant apprendre les subtilités de son arme avec elle plutôt qu'avec ses compagnes amazones. C'était devenu quelque chose de réconfortant et de très relaxant entre elles, une façon agréable pour elle de garder la forme sans la tension de la compétition qui était toujours présente avec les autres femmes.

D'une certaine manière, elle réalisa que cela semblait leur rappeler les longues journées qu'elles avaient passées seules sur la route, juste toutes les deux, se reposant l'une sur l'autre, et passant leurs jours et leurs nuits en interaction constante. Leurs vies ici étaient bien remplies, et elle aimait sa maison, et sa famille, mais il y avait ces moments...

Gabrielle soupira et grignota son peigne. Elle se demanda si Xena avait déjà ressenti cela... si elle avait déjà regardé les étoiles au-dessus de sa tête et s'était souvenue de ces longues nuits, alors que de douces voix chuchotaient dans l'obscurité éclairée par le feu, nommant les formes alors que les hiboux hululaient au-dessus de leurs têtes.

Elle se moqua d'elle-même. "Allez, Gabrielle... tu romances toujours cela... tu oublies d'ajouter le froid glacial, et la chaleur, et les cailloux sous leurs couchages, et les insectes." Elle sourit à son reflet, et ramena ses cheveux en arrière, les attachant avec une fine lanière de cuir pour les garder hors de son visage, puis elle enfila ses bottes courtes et se dirigea vers la porte, appelant Ares au passage. "Viens, Ares... allons prendre le petit déjeuner."

Le loup trotta à ses côtés, bien qu'il ait chassé plus tôt et qu'il soit toujours mécontent que Xena lui ait dit de rester avec elle ce matin-là. Ce n'était pas sa faute, Gabrielle se baissa pour lui gratter les oreilles. Dori adorait malmener le pauvre animal, et elle finissait généralement par se mettre à quatre pattes sur lui, mâchant diverses parties de son corps. La nuit dernière, c’étaient ses oreilles, qui avaient l'air un peu en lambeaux, et Xena voulait juste lui donner une pause, loin de leur fille turbulente.

Elle était à mi-chemin dans la cour lorsqu'elle entendit une voix familière l'appeler par son nom, et elle se retourna, jetant un coup d'œil sur la route menant au village. Deux silhouettes s'approchaient, avec les plumes et la démarche incomparables des Amazones. L'une avait des cheveux blonds bouclés et une carrure fine, l'autre des cheveux châtain foncé longs qui lui arrivaient aux épaules et un physique plus lourd et plus musclé. "Hey !" Elle fit demi-tour et se dirigea vers elles. Ephiny et Eponine lui rendirent son salut et sourirent, en se mettant à trottiner sur la dernière courte distance.

"Wow... je ne vous attendais pas avant cet après-midi... vous avez fait vite." Dit la barde en riant, en embrassant d'abord la régente, puis la maîtresse d'armes aux cheveux foncés.

"Oui, nous avons eu du beau temps." Approuva Ephiny joyeusement, la tenant à bout de bras. "Heureuse d'avoir eu l'excuse de venir ici... c'est génial de te voir." La régente Amazone était vêtue de son équipement de voyage, avec un épais sac couvert de fourrure hissé sur une épaule. Sa compagne portait un ensemble de cuirs plus sombres, et plus d'armes, mais avait également un sac à dos en bandoulière. "Tu sais que nous ne manquons jamais une fête, surtout pas celle autour de ton anniversaire."

Gabrielle leva les yeux au ciel. "Oh non. J'ai un accord avec Xena... Je ne suis pas surprise, elle n'est pas surprise." Elle glissa un bras autour de la taille de chacune de ses amies et les dirigea vers l'auberge. "Sinon, ça ne ferait qu'empirer jusqu'à devenir incontrôlable."

Ephiny rigola. "Et où est la grande, sombre et dangereuse, au fait ?"

"En train de courir avec Dori." répondit Gabrielle, avec un sourire. "Vous voulez un petit déjeuner ?"

Ephiny et Eponine échangèrent des regards prudents. "Wow... la dernière fois que nous étions ici, elle apprenait juste à marcher." Murmura Eponine, impressionnée.

Gabrielle la dévisagea un moment, puis éclata de rire. "Oh, voyons... vous pensiez qu'elle était... non... par les Dieux... Xena a un sac à dos dans lequel elle la porte." Elle les regarda d'un air narquois. "Bon sang, les filles... elle a huit mois."

"Eh bien... " gloussa Ephiny. "Vu qui sont ses parents, rien ne me surprendrait." Elle donna à Gabrielle une petite tape amicale. "Tu as l'air en forme... c'est bon de te voir si heureuse, mon amie." Elle fit une pause. "Comment va Gran ?"

La barde soupira. "Mieux... J'ai assigné une des plus jeunes Amazones pour l'aider... Toris est gentil, mais il est si ignorant... Parfois, je me demande vraiment si lui et Xena sont liés." Une présence chaleureuse envahit ses sens et elle s'arrêta, jetant un coup d'œil en arrière vers la pente de l'autre côté de leur chalet. "Ah... en parlant du loup..."

Ephiny se tourna et regarda là où ses yeux s’étaient dirigés, repérant un chemin bordé de feuilles, éclairé par la lumière du soleil. Alors qu'elle regardait, les feuilles se déplacèrent, signalant une grande forme en mouvement qui capta la lumière du soleil, révélant les traits distinctifs de Xena alors qu'elle franchissait la fin du chemin et entrait dans le village.

La régente étudia la guerrière qui courait, puis jeta un regard ironique à la barde. "Elle est superbe, Gabrielle." Commenta-t-elle tranquillement.

Les yeux verts étaient fixés sur la silhouette qui s'approchait et un sourire tendre traversa les lèvres de la barde. "Elle l'est, n'est-ce pas ?" répondit Gabrielle d'un air satisfait. "C'est si bon pour elle d'être à la maison... pour nous deux, vraiment." Elle leva pour la saluer. "Hey... regarde qui est arrivé ?"

Xena repassa au pas et marcha vers elles, sa tunique légère et humide de sueur collant à son corps et bougeant avec sa respiration régulière. "Eh bien, eh bien... vous êtes en avance."

"Mama !" Dori avait repéré sa cible et elles sourirent toutes, tandis que Xena retirait le harnais de son dos et desserrait les sangles, libérant le corps qui se tortillait.

"Tiens bon... tiens bon, petite grenouille d'arbre...". " rit la guerrière en extrayant un petit pied d'une sangle, puis le tendit à sa mère. "Voilà pour toi... "

"Mama, mama." Dori réussit à passer ses deux bras rapidement autour du cou de la barde, puis l'embrassa avec enthousiasme.

"Aww..." rit Ephiny. "C'est trop mignon."

"Tu sais... " réfléchit Eponine. "On dit que les enfants copient ce qu'ils voient."

Un silence se fit, alors qu'elles la regardèrent toutes. Puis Gabrielle rougit. "Oh mon dieu... Pony ! !" gloussa-t-elle.

"Quoi ?" Eponine avait l'air perplexe, tandis que Xena se couvrait les yeux et qu’Ephiny éclata simplement de rire. "Oh !" dit la maîtresse d'armes. " Ce n'est pas ce que... oh, par les bottes d'Artémis... " gémit-elle. " Je ne voulais pas le dire comme ça ! "

Dori se retourna dans les bras de sa mère et les regarda, mettant un doigt dans sa bouche, puis elle leur sourit timidement, levant les yeux à travers de longs cils sombres.

"Bon sang, Gabrielle... elle va être une briseuse de cœur, tu sais ça ?". Ephiny regarda l'enfant affectueusement. "Salut, ma mignonne." Elle rit doucement. "Elle te ressemble quand elle sourit, Gabrielle."

"Oui... c'est ce que j'ai entendu dire." Les yeux de la barde pétillaient. "Allez... allons à l'intérieur... je suis affamée."

"Certaines choses ne changent jamais. " remarqua ironiquement Xena, en levant un sourcil. "Je vais aller me laver... je vous rejoindrai." Elle se retourna et partit au trot vers leur cabine, sous le regard de deux paires d'yeux verts.

"Tiens... laisse-moi la tenir." Ephiny chatouilla un petit pied, qui s'écarta du chemin. Dori lui fit une grimace, mais n'objecta pas quand elle la souleva doucement des bras de Gabrielle. "Ooo... tu es si mignonne..."

Dori cligna des yeux, puis s'agrippa au collier en dents de sanglier que portait Ephiny, le soulevant et le mordillant.

"Hum..." Gabrielle tapota ses poches inexistantes. "Hum... peux-tu l'emmener à l'intérieur ? J'ai oublié un parchemin dont j'ai besoin pour ma réunion."

Ephiny lui jeta un regard, puis elle sourit et secoua la tête. "Bien sûr... vas-y... on te retrouve dans quelques minutes." Elle fit rebondir un peu Dori. "Allez, ma petite... allons chercher des œufs."

"Ggs." Dori suça la dent alors qu'elles se tournaient pour entrer dans l'auberge. À la porte, Ephiny s'arrêta et regarda Gabrielle se mettre à courir, rattrapant rapidement sa compagne plus grande et levant les yeux vers elle. " Certaines choses ne changent jamais. " fit-elle remarquer à Eponine, qui grogna et secoua la tête.

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Xena entendit les pas et elle ralentit, laissant Gabrielle la rattraper. "Je pensais que tu avais faim ?" commenta-t-elle, en levant un sourcil.

"Oh... oui, j'ai faim...". " répondit la barde. "J'ai juste oublié quelque chose... J'ai besoin d'un parchemin... "

"Oh." Xena marcha jusqu'aux marches du porche et les gravit puis tira la porte de leur maison et se décala pour la laisser passer. "Allez... Je ne veux pas te ralentir." Elle attendit que la barde et Arès entrent, puis elle les suivit et referma la porte. "C'est bon de voir Eph et Pony." Remarqua-t-elle, en posant son sac sur la table. "Je ne... oh... hey."

Elle se retrouva pressé contre la barde, chaude et réelle, qui s'enroulait autour d'elle avec un soupir de contentement. "Hey... allez... Je sens comme un cochon." Gloussa-t-elle ironiquement. "C'est pour quoi au juste ?"

"Depuis quand ai-je besoin d'une raison ?" marmonna la barde doucement. Elle respira l'odeur distinctive de sa compagne. "Et tu ne sens pas du tout le porc." Elle chatouilla le ventre de son âme sœur à travers le tissu, et sentit le doux gloussement en réponse. Puis elle soupira et relâcha la grande femme, se dirigea vers son bureau dans le coin et récupéra le parchemin qui listait leurs taxes marchandes. "Je dois le remplir aujourd'hui... Josc est malade."

Xena se retourna, sa tunique enlevée et drapée sur ses mains. "Encore ?" demanda-t-elle, inquiète. "C'est la deuxième fois cette lune."

"Mm." Répondit Gabrielle doucement, ses yeux errant vers le haut et s'attardant sur le corps bronzé qui bougeait devant elle. "Je sais... Je suis inquiète pour lui." Elle retourna le parchemin entre ses doigts, pensivement. "Est-ce que tu peux faire quelque chose ?"

Xena ne répondit pas pendant un moment, alors qu'elle passait un chiffon humide sur son corps pour enlever la sueur. "C'est difficile." Dit-elle finalement, en expirant. "Je pense que c'est son cœur... et il n'y a pas grand-chose que tu puisses faire pour ça, Gabrielle... vraiment, à part du repos et de prendre soin de soi." Elle posa le tissu et sortit une tenue propre, l'installant sur ses épaules avant d'enfiler son équipement de travail, avec ses sections rembourrées. "Les choses s'usent, après un certain temps." Ajouta-t-elle doucement. "Ça arrive à tout le monde."

Gabrielle s'approcha et tripota une boucle sur la tenue de son âme sœur. "On ne peut pas le dire en le regardant, pourtant."

"Non." répondit sa compagne en resserrant sa ceinture avec des mouvements vifs et efficaces. "C'est comme lorsque des insectes attaquent un arbre, je suppose... ça a l'air bien de l'extérieur, mais ensuite tu tires une branche et ça s'effrite."

"Ugh. C'est une pensée agréable." Grimaça la barde. "Merci, Xena."

La guerrière sourit un peu. "Désolée." S’excusa-t-elle. "Au moins Josc a eu le bon sens de te nommer sous-préfète... ça lui permet de faire une pause." Elle tapa dans le dos de la petite femme. "Tu fais du bon travail... et je pense que tu aimes ça."

"Mm." Murmura Gabrielle. "C'est vrai... ouais... et c'est bien, je veux dire, tu aimes ce que tu fais ici, non ?" Elle leva les yeux vers le visage anguleux.

"Ouais." répondit Xena, ajustant une dernière boucle et se tournant pour lui faire face. "J'aime ça." Elle pencha la tête sur le côté. "Pourquoi ?"

Gabrielle hésita, puis sourit. "Je demandais juste... c'est juste que c'est si différent pour nous ici... les jours passent si vite qu'on s'en rend à peine compte." Elle fit une pause. "Ça fera bientôt un an, n'est-ce pas ?"

Des yeux bleu pâle l'étudièrent. "Oui." Acquiesça Xena. "C'est difficile à croire." Elle y réfléchit, puis observa son âme sœur pensive. "Ça te manque d'être dehors." Il n'y avait aucune question dans son ton, juste une observation tranquille.

La barde en rit. "Allez, Xena... Qu'est-ce qui peut bien me manquer ? La pluie ? La neige ? Le sol dur ? Être attaquée tous les deux jours ?" Elle se moqua. "Je serais folle de regretter tout ça."

Une main solide et douce toucha sa joue. "Ça me manque aussi, parfois." Répondit la guerrière honnêtement. "Alors je suppose que je suis folle aussi."

La lumière du soleil filtrant à travers la fenêtre attrapait des étincelles dorées en saupoudrant les cils pâles de Gabrielle, qui clignaient alors qu'elle regardait Xena d'un air penaud. "Sais-tu ce qui me manque le plus ?"

Xena secoua la tête. "Non... quoi ?"

"C’est étrange, venant d'un moulin à paroles comme moi, mais le silence me manque." La barde fit une pause. "Nous avons été dans des endroits si calmes que je pouvais entendre mon âme respirer... où tout ce que j'avais à faire pour me concentrer sur quelque chose était de fermer les yeux." Elle soupira. "Je ne peux pas faire ça ici... c'est trop bruyant, il y a trop de gens... tellement de choses que je dois faire... même sans Dori."

"C'est vrai que c'est fou, parfois." confirmant Xena, en hésitant. "Mais au moins, ce n'est pas Athènes, ou une autre grosse ville."

"Non, je sais..." Gabrielle posa ses mains contre le ventre de Xena, savourant ce contact. "Mais parfois j'ai l'impression que... eh bien, que je perds le contact avec une partie de moi-même... comme si j'étais si occupée que j'oubliais des choses comme... " Elle laissa ses mots s'échapper, ne voulant pas dire ce qu'elle savait être la vérité. "Peut-être que ça fait partie du fait de grandir... on ne peut pas toujours regarder le monde avec les yeux d'un enfant." Ses épaules bougèrent, elle prit une inspiration, puis regarda les yeux inquiets de Xena. "Je crois que ce que je veux dire, c'est que je ne rêve plus." Elle fit une pause maladroite. "Comme avant."

Un léger tremblement parcourut le corps de la guerrière. "Qu'est-ce que tu veux dire ?"

Gabrielle baissa les yeux. "Je ne sais pas vraiment moi-même." Elle haussa un peu les épaules. "Je me souviens juste avoir été capable de regarder autour de moi, et d'avoir des idées et des pensées qui... bouillonnaient... je suppose... et maintenant, ça n'arrive plus." Elle arracha une lanière. C'est l'heure de vérité. "Je me suis assise hier et j'ai essayé de composer un poème, et je n'ai pas pu." Elle haussa encore les épaules. "Ce n'est pas que je doive avoir ça, Xena... J'aime vivre ici, j'aime Dori... les Dieux savent que je t'aime, et c'est suffisant pour n'importe quel être humain, n'est-ce pas ?"

"Non." Répondit Xena sérieusement. "Ça ne l’est pas."

C'était comme si les mots à eux seuls faisaient de la magie, comme si le simple fait que sa compagne reconnaisse que ce qu'elle ressentait était important lui faisait prendre du recul, et voir à quel point elle semblait idiote et égoïste. "Si, ça l'est." Elle fit un petit sourire à son âme sœur. "Je n'essayais probablement pas assez fort, ou j'étais distraite... ça m'arrive tout le temps." Elle rit un peu. "Je ne sais même pas pourquoi je l'ai mentionné... c'est un peu idiot."

Xena leva une main et joua avec une boucle de ses cheveux. "Parce que ça te dérange." Répondit-elle, la voix un peu rauque. "Et si quelque chose te dérange, je veux le savoir." Elle expira. "Peut-être que nous pouvons prendre un peu de temps pour nous... faire un voyage quelque part pendant quelques jours... Dori est assez grande pour rester avec grand-mère."

"Juste toi et moi, hein ?" Gabrielle sentit un sourire se dessiner, et elle le laissa faire.

"Juste toi et moi." Confirma son âme sœur.

La barde se pencha en avant et la serra dans ses bras, se délectant de la chaleur solide de leur connexion. "J'adorerais faire ça." C'était si bon de serrer Xena dans ses bras... Il n'y avait vraiment rien qu'elle puisse imaginer qui s'approche de la joie que lui procurait ce qu'elle ressentait en ce moment. Même tenir Dori, ce qu'elle adorait faire, n'était pas la même chose.

Sa vie était trop chargée. Elle devait se rappeler de prendre du temps pour les choses vraiment importantes, comme ça. "Mm." Elle ouvrit les yeux et laissa son regard dériver vers ceux de Xena et sentit sa respiration se bloquer. La guerrière avait elle aussi les yeux fermés et il y avait un regard de contentement total sur son visage, qui correspondait au battement lent et régulier de son cœur contre la joue de Gabrielle. Il fallut un moment avant que les cils sombres ne s'ouvrent, révélant des yeux bleus cristallins qui la regardaient avec étonnement.

"Hum... écoute, tu as des choses à faire, je..." Xena la relâcha et passa une main dans ses cheveux. "Je pense qu'on devrait y aller."

Un voyage rien que toutes les deux. Gabrielle lui donna une tape affectueuse. C'est une très, très bonne idée. .... Pour beaucoup de raisons. "Ok, ma tigresse... viens prendre le petit déjeuner avec moi."

"D’accord." Accepta la guerrière, poussant la porte et la maintenant ouverte. "Viens, Ares."

 

**************************************************************

La table était bruyante, avec toutes les Amazones, plus les six enfants que l'on se passait. Xena était dans son fauteuil préféré, adossée, un pied appuyé contre le tréteau de la table, observant avec amusement les triplés poilus qui tentaient de grimper sur ses jambes bottées. Dori était assise à côté de Gabrielle, regardant sa mère avec sérieux tandis qu'elle mangeait tout ce que Gabrielle lui offrait comme nourriture comestible.

"Hé chérie... doucement." réprimanda-t-elle le bébé. "Ça ne va pas disparaitre... doucement..." Elle essuya le visage du bébé et essaya de reprendre le morceau de carotte que Dori était en train de mâcher.

"Bck !" protesta Dori, lui arrachant la carotte de la main avant de la fourrer dans sa bouche.

Gabrielle soupira, puis jeta un regard en coin à son âme sœur. "Pas un mot." La prévint -elle, par habitude.

Les yeux de Xena pétillèrent et elle posa une main réconfortante sur le dos de la barde, le frottant doucement. « Promis » La petite Xena, que tout le monde appelait Butterbean (haricot-beurre) tira sur son ourlet. "Hé, petite."

"Prend", insista la petite.

Xena gloussa et la prit dans ses bras, l'asseyant sur ses genoux. "Alors... qu'est-ce que tu fais ?" demanda-t-elle au bébé. Le petit être de la forêt cligna ses yeux doux et dorés et plissa le nez. "Saute...baba yada."

"Vraiment ?" La femme aux cheveux noirs fit rebondir doucement la petite, ce qui déclencha un petit rire. Butterbean repéra alors Ares, qui se reposait sous la chaise de Gabrielle et elle se baissa, pour se diriger vers le loup avec une joie mal dissimulée. "Uh oh."

Les yeux d'Arès s’agrandirent et il se blottit derrière les jambes de la barde, en gémissant.

"Espèce de grosse poule mouillée... c'est juste un bébé." Gabrielle envoya au loup un regard exaspéré.

"Avec des crocs d'un demi-centimètre de long, ma barde." lui rappela Xena, avec un sourire en coin. "Aie pitié de ce pauvre animal."

"Butterbean... sois gentille. Bien." Gabrielle tapota la tête du loup.

Dori décida qu'on l'ignorait et elle regarda autour d'elle, repérant sa compagne de jeu préférée et gloussa. Elle se dégagea de l'emprise de Gabrielle, traversa la table en rampant et se jeta sans crainte dans les bras de Xena. La guerrière l'attrapa, puis vit le regard sans équivoque de son âme sœur. "Pas un mot". Grogna la guerrière.

Gabrielle sourit avec malice. "Promis."

"Boo." Dori s'installa sur les genoux de Xena avec satisfaction et joua avec les boucles de sa chemise, recevant un regard d'adoration affectueuse de la part de la barde.

"Elle va devenir une terreur." Observa Ephiny, les bras croisés sur sa poitrine et un sourire sur le visage. "Attends qu'elle soit plus grande... Elle va t'épuiser, Xena."

 

Un regard ironique traversa les yeux bleu pâle. "Oh... je n'en doute pas." Approuva Xena. "Elle me tire déjà les cheveux pour que j'aille plus vite quand on court le matin".

Elles rirent et la guerrière se détendit dans un sourire chaleureux alors que Dori se pelotonnait sur sa poitrine et commençait à mordiller un bouton, en clignant des yeux de façon endormie. "Mam" gazouilla-t-elle, en tendant impérieusement la main.

"Oh, l'une d'entre nous ne te suffit pas?" rit Gabrielle en grignotant un bout de son sandwich. "Dans une minute, chérie."

Xena hocha la tête avant de se redresser en entendant une alerte de la garde à l'extérieur. "Uh oh." Elle tendit Dori à Cyrene, qui était assise à côté d'elle et se leva pour écouter. "Il y a un chariot qui arrive... il y a un problème." Elle se dirigea vers la porte, faisant trois ou quatre pas vers elle avant que Gabrielle et les deux Amazones ne la rejoignent et elles se dirigèrent vers le grand porche ombragé.

"Qu’est-ce qu’il se passe ?" Jessan vint du coin de la rue, marchant vers elles alors que les planches grinçaient sous son poids. "Des problèmes ?"

"Je ne sais pas." Xena posa ses mains sur la balustrade du porche et attendit, concentrant son regard sur la longue route qui menait au village. Gabrielle se glissa à côté d'elle, croisant ses bras sur sa poitrine et s'appuyant sur l'épaule de sa compagne. La barde leva les yeux vers elle en signe d'interrogation. "Il y a eu beaucoup de réfugiés ces derniers temps".

Xena hocha la tête. "Je sais... les derniers... leur village entier avait été brûlé."

Des yeux vers pâle étudièrent son visage, sans être remarqués. "On dirait que les choses deviennent de plus en plus organisées, non ?"

"Difficile à dire." Murmura la grande femme. "Les raids sont dispersés... mais..." Elle se redressa un peu, en apercevant le chariot qui arrivait, tiré par deux canassons épuisés qui se traînaient d’un pas presque désespéré. "Bon sang."

"Wow." Gabrielle suivit son âme sœur et trotta dans les escaliers en direction du chariot, suivie du reste du groupe. Le conducteur du chariot était si fatigué qu'il ne réagit même pas au fait d'être accueillit par une barde, deux Amazones, une princesse guerrière et un être de la forêt.

Les chevaux non plus.

"Bienvenue." Les salua Gabrielle calmement, en remarquant les silhouettes recroquevillées à l'arrière de la charrette.  "Mon nom est Gabrielle."

L'homme la regarda fixement. "Melchek." Répondit-il doucement. "C'est ce qui reste de notre village." Souffla t-il. "C'est Amphipolis ?"

"C'est ça." Xena posa une main sur le dos de l'un des chevaux. "Vous venez de loin ?"

"Quatorze jours de voyage." Répondit Melchek en jetant un coup d'œil à Xena, puis à Gabrielle. "Nous avons entendu dire que cela pourrait être assez loin pour ne pas être sur le chemin des seigneurs de la guerre... est-ce vrai ?".

Gabrielle échangea un regard avec sa compagne. "Ils ne viennent généralement pas ici, non. Je suis la sous-préfète... Voulez-vous venir à l’intérieur et nous dire ce qui s'est passé ? ".  Elle remarqua qu'Ephiny et Eponine s'étaient déplacées vers l'arrière du chariot, et parlaient doucement aux habitants. "Nous avons de la soupe chaude... et nous pouvons nous occuper de vos chevaux."

 

"Ce serait une bénédiction des dieux." Melchek hocha la tête d'un air las. "Je déteste me jeter sur votre charité, mais nous n'avons pas vraiment le choix... Edgar là-bas a deux jambes cassées et sa femme est enceinte."

"Nous avons plusieurs guérisseurs." Lui dit Gabrielle, l’atteignant et attrapant son bras alors qu'il descendait. "Venez à l'intérieur... vous avez l'air épuisé."

"Aye." Il leva finalement les yeux et cligna des yeux, alors que Jessan le surplombait. "Par le Grand Ares !"

"Non non... la flatterie ne vous mènera nulle part." Répondit Jessan, avec un museau plissé. "Je vais prendre les chevaux." Il fit une pause, alors que l'homme hésitait. "A la grange... pas à la cuisine. Détendez-vous..." ajouta l'habitant de la forêt avec ironie. "Je suis de la maison." 

"C'est bon." Lui dit Gabrielle, agréablement. "Il vit ici." Elle guida l'homme vers l'auberge. "Xena va s'occuper de tes amis..."

"Xena ?" répéta l'homme, effaré, en regardant derrière lui. "La guerrière ?"

"Oui... la grande brune avec des yeux bleus à tomber par terre." Lui répondit Gabrielle avec un sourire. "Vas-y doucement." Elle mit un bras autour de ses épaules, alors qu'ils montaient les marches. "Elle va s'assurer qu'on s'occupe de tes amis."

Xena regarda sa compagne entraîner le conducteur, avant de rejoindre Eph et Pony à l'arrière du chariot, laissant Jessan détacher les chevaux. "Très bien, les amis... allez-y doucement." Elle compta en silence. L'homme et sa femme, quatre enfants, deux femmes plus âgées. "Il ne reste que vous ?"

L'homme fit une grimace. Ses deux jambes étaient fixées par des attelles de manière inexacte. "Ils ne nous ont même pas demandé d'échanger nos vies contre nos biens... ils ont juste débarqué et tout pris... en tuant à droite et à gauche." Il jeta un coup d'œil à Xena, ses yeux étaient remplis de douleur. "Je me suis retrouvé entre une lance et ma femme."

Les lèvres de Xena se serrèrent en signe de sympathie. Elle fit signe à quelques villageois, qui vinrent vers eux. "Très bien... Il doit aller chez le guérisseur... A combien en es-tu ?" demanda-t-elle à la femme.

"Six lunes." Chuchota la femme mince aux cheveux pâles, ses yeux glissant curieusement vers les deux Amazones. "Sommes-nous en sécurité ici ?"

Ephiny lui sourit. "Plus en sécurité ici que dans n'importe quel endroit qui n'est pas une ville fortifiée." Assura-t-elle à la femme, alors que trois ou quatre autres villageois arrivaient. "Allez... on va vous faire rentrer à l'intérieur avec le reste des villageois... il y fait plus chaud et vous pourrez vous reposer pendant que Gabrielle cherche où vous installer."  Elle échangea un regard sombre avec Xena, tandis qu'ils commençaient tous à sortir du chariot et à se diriger vers l'auberge.

*********************************************************

Gabrielle s'essuya les mains sur un morceau de lin, soupirant doucement en regardant le petit groupe s'installer dans la cabane rude, mais sèche, située à l'arrière d'Amphipolis. Les enfants avaient été envoyés dans différentes familles, mais les deux femmes âgées et le jeune homme et sa femme avaient choisi de rester ensemble.  Renas avait soigné les jambes de l'homme et il se reposait confortablement, sa douleur à moitié atténuée par une bonne dose d'herbes, et elle leur avait assuré qu'ils étaient les bienvenus, qu'Amphipolis leur demandait seulement d'être aussi productifs que leur nature le permettait.

Qu'ils le fassent ou non... La barde soupira en regardant les visages meurtris et sinistres, qui observaient avec méfiance les villageois essayant de les installer aussi confortablement que possible.

Xena entra, échangea un regard avec Renas, et se dirigea vers l'homme blessé, s'agenouillant à ses côtés.

La salle l'observait, avidement, ainsi que Gabrielle, voyant les regards emplis de crainte envers son âme sœur, dont les sons graves et puissants résonnaient légèrement dans la pièce. Même après un an de retraite, mon amour... tu es toujours la princesse guerrière pour eux. Elle réfléchit pensivement, les yeux fixés sur son âme sœur, qui se levait, passait ses mains sur ses cuisses, puis balayait la pièce d'un regard bleu pâle, pour les voir tous la regarder.

Xena baissa les yeux et elle courba légèrement les épaules, puis sortit, fermant la porte derrière elle, en jetant un lourd regard à Gabrielle avant de partir.

Une main sur le bras de Gabrielle la fit sursauter et elle jeta un coup d'œil à la femme plus âgée à qui elle avait donné à manger. "Vous allez bien ?"

"Oui..." Les yeux de la femme allèrent vers la porte. "C'était Xena, la Destructrice des Nations, n'est-ce pas ?"

Oh, quelle question compliquée. "Pas tout à fait." Lui répondit la barde. "Elle l'était... oui, mais elle a abandonné cela il y a des années, et maintenant elle vit ici, comme tout le monde."

"Mmph. Peut-être que c'est un endroit sûr alors. " dit la femme d'un ton bourru. "Avec des gens comme elle ici." 

Avec un soupir, Gabrielle lui donna une tape sur le bras, puis s'éclipsa par la porte pour trouver Xena debout près du puits à l'extérieur, un pied appuyé contre une souche tandis qu'elle regardait sérieusement les environs. Gabrielle la rejoignit. "Hey."

Xena cligna de ses yeux bleu pâle, puis les tourna vers elle. "Hey... ils sont tous installés ?"

"Ouais." Gabrielle s'appuya contre le puits à côté d'elle. " Ils ont eu des moments difficiles. "

La guerrière hocha la tête. "Je sais."  Les réfugiés avaient raconté une histoire horrible, qui avait rendu malades même les Amazones endurcies par le combat et Xena elle-même. « Ça fait douze villages dont on nous a parlé qui ont été détruits au cours des trois derniers mois." Elle secoua la tête. "Ça n'a pas de sens, Gabrielle... Des raids, oui, ça je comprends, mais une destruction à grande échelle ? Qu'est-ce que ça peut apporter ?"

"Eh bien." La petite femme croisa les bras. "Ça ne m’apporte rien du tout... mais si tu veux dire où ça mène un seigneur de guerre... Je ne sais pas... peut-être qu'il s'assure qu'il n'y a pas d'opposition ?"

Xena secoue la tête. "Non... les villageois ne représentent pas une opposition à moins que tu ne les rendes ainsi... tu coupes tes approvisionnements si tu leur rends la vie impossible."

Gabrielle expira doucement, se demandant si son âme sœur se rendait compte à quel point elle paraissait détachée quand elle parlait ainsi. "Je ne comprends pas alors... quel est l'intérêt ?"

La grande ex-cheffe de guerre contempla l'horizon. "A moins qu'ils ne préparent le terrain, pour ainsi dire."

Les yeux verts l'observaient, mal à l'aise. "Pour quoi ?"

"Pour quelque chose de bien pire que ce qu'ils sont." Répondit Xena calmement, puis elle secoua la tête. "Ou peut-être que ce ne sont que des salauds." Elle se déplaça et brossa sa chemise. "Je vais aller voir si ces chevaux sont bien installés." Elle commença à marcher vers la grange et Gabrielle se mit à marcher à ses côtés.

"Et s'ils ne le sont pas ?" demanda la barde.

"Qu'est-ce que tu veux dire ?" répondit son âme sœur.

"Et si ce n'étaient pas des bâtards... et si c’étaient vraiment des problèmes... s'ils commençaient quelque chose de vraiment mauvais ?"Insista Gabrielle. "Nous ne pouvons pas simplement ignorer l'avertissement."

La mâchoire de Xena se crispa. "Tu penses que je devrais faire quelque chose ?"

Le ton de sa voix sonna l'alarme dans la tête de Gabrielle, mais elle savait aussi qu'elle avait la permission d'aller là où personne d'autre n'allait avec sa compagne parfois susceptible et souvent tempétueuse. "Ce n'est pas ce que j'ai dit."

"Tous les autres le font." La guerrière mâcha ses mots. "Ils oublient commodément que je peux très bien les entendre de là où ils se trouvent." Les muscles de sa mâchoire se contractèrent.

"Xena." Gabrielle baissa consciemment le ton et tendit la main, touchant le bras de la grande femme de manière réconfortante.

"Je n'ai pas touché une arme depuis presque un an, Gabrielle... pensent-ils que je cherche juste une excuse ?". Xena s'arrêta et se retourna vers son âme sœur, sa respiration légèrement irrégulière. "C'est ce que tu penses ?"

"Whoa." Gabrielle leva une main. "Attends un peu, partenaire... Ce n'est pas ce qu'ils pensent et ce n'est pas ce que je pense, et tu le sais."

Des yeux bleus maussades et pleins de ressentiment la regardèrent.

"Ce que je pense, c'est ce que tout le monde sait... et que tu sais, Xena... tu es l'esprit militaire le plus expérimenté que nous ayons dans cet endroit, et ils, et moi, nous attendons de toi de bons conseils sur ce qu'il faut faire pour résoudre ce problème. Personne ne dit que tu dois foncer et commencer à te battre."  Elle se rapprocha, ignorant les signaux piquants presque explosifs de son âme sœur et pressa délibérément ses paumes contre la poitrine de Xena. "Je pense que celle qui attend cela de toi, c'est toi."

Xena s'arrêta de respirer un long moment, la regardant fixement, puis elle expulsa une longue inspiration et baissa les yeux. "C'est..." Elle sentit les doigts de Gabrielle se déplacer doucement contre son corps, un toucher qui lui était aussi familier que les battements de son propre cœur. L'a-t-elle fait ? La guerrière soupira et passa une main dans ses cheveux noirs. "Je n'ai aucune envie de recommencer à tuer."

"Je sais ça." Gabrielle lui donna une tape réconfortante. "Xena, tu crois que je ne sais pas à quel point tu as été heureuse durant cette année ? Tu ne crois pas que ça m'a rendue heureuse, moi aussi ?"  Elle étudia le visage troublé. "Mais nous savons toutes les deux qu'ignorer les problèmes ne les fait pas disparaître... et tu sais aussi que tu es la mieux placée pour évaluer à quel point la situation est réellement dangereuse... tout le monde fait implicitement confiance à ton jugement, chérie."

 

Elle a raison. Xena donna un coup de pied à une petite pierre dans un geste étrangement adolescent. "Oui, je sais." Admit-elle. "Peut-être que j'essayais juste de me convaincre que je ne suis plus capable de faire ça." Elle cligna des yeux en regardant Gabrielle. "Mais je sais que ce n'est pas vrai."

Gabrielle la serra contre elle.

"Je suppose que je pourrais faire un petit voyage de reconnaissance... pour voir de quoi il retourne." Soupira Xena puis elle se retrouva face à des yeux verts particulièrement expressifs. "Gabrielle..."

"Tu as dit qu'elle était assez âgée." Déclara la barde d'un ton égal.

Xena envisagea d'argumenter, puis réalisa que laisser son âme sœur derrière elle était la dernière chose qu'elle voulait faire. "C'est vrai." Confirma-t-elle. "Je suppose que notre petit voyage aura lieu plus tôt que prévu."  Elle leva lentement ses bras et les posa sur les épaules de Gabrielle, croisant légèrement ses doigts derrière la tête de son âme sœur. "A une condition."

Gabrielle la regarda avec méfiance. "Et c'est ??? "

"Nous devons toutes les deux monter à cheval." Xena se pencha en avant et posa son front sur celui de la barde. " Tu ne peux plus me raconter cette histoire de peur du vide. "

La barde se renfrogna. "Xena... eh bien, non... je n'ai pas le vertige, mais..."

" Allez, ma barde... nous sortirons plus vite d'un endroit si nécessaire. " lui dit Xena d'un ton sérieux.

Gabrielle lui envoya un regard grincheux attachant. "D'accord... mais tu dois me promettre que nous pourrons marcher à côté de temps en temps... mes genoux me font mal après un certain temps sinon."

Xena sourit. "C'est d'accord." Elle glissa son bras autour des épaules de Gabrielle et la dirigea vers l'auberge. "Allez... disons-le à tout le monde, et finissons-en avec les cris, les hurlements et les délires en tout genre."

Gabrielle sourit en signe d'accord et retourna la pression autour de la taille de sa compagne. De mauvaises nouvelles, réfléchit-elle avec satisfaction, n’étaient pas censées amener de bonnes choses avec elles, pourtant elle se considérait particulièrement chanceuse de repartir en voyage seule avec son âme sœur.

Elle essaya de ne pas se demander si Xena ressentait la même chose.

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Le feu de joie au centre de la place du marché rugissait, envoyant des gerbes d'étincelles vers les étoiles tandis que les bûches au milieu s'effondraient lentement. Un groupe jouait non loin de là, accompagné par les solides pas de danse, et l'odeur de viande grillée flottait doucement dans l'air automnal.

"Wow." Gabrielle enroula sa main autour du coude de sa compagne, alors qu'elles se promenaient. "Il y a beaucoup plus de gens ici que l'année dernière... Je suppose que c'est un vrai succès."

 

"Oh oui." Acquiesça Xena, alors qu'elle ralentissait à côté d'un marchand vendant du shiskebab d'agneau. "C'est vraiment un succès." Elle acheta deux grillades et en tendit une au barde. "Tiens..."

"Mm." Gabrielle accepta l'offre avec plaisir et grignota un morceau de poivre sur le dessus. "Je pense que tu aimes ces festivals juste pour toute la malbouffe bizarre qu'ils vendent toujours."

La guerrière y réfléchit. "Ehh... c'est une des raisons." Admit-elle franchement. "Et aussi parce que tu peux voir des choses que tu ne vois pas tous les jours... comme ça." Elle désigna le cracheur de feu. "Et tout le monde est généralement de bonne humeur."

Elles se dirigèrent vers la scène et regardèrent le cracheur de feu avaler une épaisse boulette de coton brûlant, en se tenant la bouche fermée, puis en rallumant la petite torche qu'il portait en soufflant.

"C'est incroyable." Murmura Gabrielle.

"Hum." Xena haussa les épaules. "Pas vraiment... je peux faire ça." Commenta-t-elle en grignotant son agneau. "Maintenant, s'il voulait vraiment être original, il allumerait cette torche par l'autre bout."

Les sourcils de Gabrielle se froncèrent. "L'autre bout ? Qu'est-ce que l'extrémité de ce bâton a à voir avec..." Elle réfléchit à l'idée. "Oh." Elle fit une grimace. "Tu veux dire son autre extrémité, n'est-ce pas ?"

Xena gloussa.

"Ne me dis pas que c'est l'un de tes nombreux talents." La barde lui jeta un regard ironique. "Xena, c'est dégoûtant."

La guerrière se mit à rire. "Eh bien, pour te dire la vérité, je n'ai jamais essayé... J'ai vu un gars le faire à Athènes une fois, cependant... c'était plutôt horrible."

Gabrielle était d'accord sur ce point. Les rires s'élevaient autour d'elles et les applaudissements rythmés provenant du carré de danse indiquaient que les villageois passaient un très bon moment. "Hé... allons là-bas."  Elle tira Xena doucement vers la musique.

"D'accord... mais ne m'en veux pas si on en vient à demander de raconter des histoires." lui rappela Xena, en la suivant. Gabrielle portait un nouveau chemisier couleur bleu canard et une paire de leggings bleu foncé, que la guerrière trouvait très mignons sur elle. Elle avait ses cheveux pâles tressés en arrière dans une grappe de nœuds à la base de son cou, ce qui amena Xena à tendre la main et à la chatouiller un peu.

"Ouais..." La barde fit un petit saut, puis se retourna. "Très drôle."

La guerrière en question sourit, un éclair de blanc illuminant l'obscurité éclairée par le feu. "Si je vois autant de peau, je me dois d’agir." Répliqua-t-elle alors qu'elles atteignaient la place de danse, qui était entourée de tables à tréteaux. Il y avait du monde et les serveurs se dépêchaient d'apporter de grandes chopes en bois de bière et de vin et des plateaux de nourriture simple.

Xena et Gabrielle trouvèrent un endroit près du bord de la place et s'installèrent sur deux sièges, alors que l'orchestre recommençait à jouer et que l'espace vide se remplissait rapidement de danseurs qui se déplaçaient selon des chorégraphies changeantes au rythme de la musique entraînante. Le pied de la barde commença à taper en rythme et elle jeta un regard en coin à sa compagne.

Xena se retourna après leur avoir commandé une chope de bière et vit ce regard. Elle leva un sourcil et un léger sourire insouciant traversa son visage. "Tu veux quelque chose, ma barde ?"

"Mmm.... Je pense que j'aimerais danser." Déclara Gabrielle d’une voix traînante. "Tu connais quelqu'un qui aimerait se joindre à moi ?"  Elle se leva de son siège et tendit une main en guise d’invitation, ses yeux se réchauffant d'admiration tandis qu'elle étudiait son âme sœur.

Xena se leva également et ajusta sa chemise dorée. Elle se drapait sur son corps et contrastait joliment avec les leggings tissés d'un noir profond qui soulignaient ses jambes puissantes. Elle avait les cheveux libres et ils ondulaient autour de son visage, illuminés par les reflets profonds des torches et flottant au gré de la brise. "Je pense que je pourrais connaître quelqu'un." Répliqua-t-elle dans un ronronnement bas.

Elles se dirigèrent vers l'espace ouvert et rejoignirent les danseurs, bougeant ensemble dans un rythme instinctif, qui rendait hommage à leurs années ensemble. Les danses étaient simples, mais énergiques, et Gabrielle se retrouva à apprécier énormément l'activité alors qu'elle esquivait et contournait la forme plus grande de son âme sœur.

Xena semblait deviner chacun de ses mouvements et s'y adaptait, l'attrapant par la taille et la faisant tournoyer, capturant la lumière du feu autour d'elle. "Whoa !" rit-elle en se remettant sur ses pieds.  Xena lui prit les mains, l'entraînant dans un contact étroit alors qu'elles rejoignaient les rangées de danseurs qui se promenaient sur la place.

La foule se mit à applaudir lorsqu'ils ralentirent et se séparèrent, la plupart des danseurs retournant à leurs sièges pour respirer un peu et boire une bière. Le groupe commença un air plus lent, cependant, et plusieurs couples restèrent, se rapprochant.

Gabrielle se retrouva les mains prises et elle se glissa volontairement dans les bras de Xena, ralentissant ses pas au rythme de la musique douce. Elle sentit le parfum de la guerrière et cela la fit sourire lorsqu'elle posa sa joue contre l'épaule de Xena.

Elles terminèrent leur danse lente, souriant aux paroles amicales des couples qui les entouraient et retournèrent à leur siège, où leurs mugs de bières fraiches les attendaient. Xena prit une longue gorgée du sien et attrapa un plateau de pain sucré et de beurre parfumé, qu'elle posa à côté de son âme sœur et proposa de partager.

"Question idiote". Gabrielle en coupa un morceau et y ajouta du beurre. "Où allons-nous ensuite ?" Elle jeta un coup d'œil à travers la zone. "Oh... ils ont de belles fourrures là-bas... et nous en avons besoin de nouvelles pour le voyage."

"Mmm... je vais te dire... tu vas t'amuser avec ces fourrures, je vais aller regarder de plus près la fosse de lutte." commenta la guerrière. "On se retrouve là-bas ?"

"Essaie de ne pas te couvrir complètement de boue, d'accord ? " Gabrielle lui donna une tape dans la cuisse. "Il faut qu'on parte tôt demain".

"Essaie de ne pas acheter tout ce qu'il y a sur le marché." Rétorqua Xena en lui rendant la tape. "Nous ne prenons que deux chevaux."  Elle rit lorsque la barde lui tira la langue en réponse, puis se pencha vers elle et l'embrassa, ignorant les regards des tables alentours.

"Nous allons scandaliser le village." Murmura Gabrielle, alors qu'elles se séparaient et se regardaient dans les yeux. "Les sous-préfets sont censés montrer le bon exemple".

Xena rit en retour. "C'est un bon exemple." Elle mordilla le nez de la barde. "Ce sera excellent pour la population."

****************************************************

Gabrielle étouffa un bâillement, alors qu'elle rangeait quelques derniers objets dans son sac de voyage, doux et usés mais très familiers à son toucher. Le festival s'était avéré être une réussite, se terminant avec elle errant vers une grande zone bondée, remplie d'hommes, de femmes et d'enfants hululant et criant.

Elle avait compris depuis longtemps que le fait d'être de petite taille pouvait être pénible et il lui avait fallu un certain temps pour se frayer un chemin jusqu'à ce qu'elle puisse voir ce qu'ils regardaient tous. C'est à ce moment-là qu'elle fût reconnue et transportée de force vers le devant de la scène, pour voir son âme sœur bien-aimée affronter ce qui ressemblait à une réincarnation de Goliath, avec tous ses cheveux.

"Qu'est-ce qu’il se passe ?" chuchota-t-elle à une voisine, alors que Xena esquivait proprement et se laissait tomber, en tournant et en emmêlant ses jambes avec celles du mastodonte, le faisant s'écraser sur la terre avec un grondement audible.

"Chut..."  Les yeux de la femme lui firent un clin d'œil. "Il a lancé un défi... Xena ne pouvait pas le refuser."

Bien sûr. Gabrielle se retourna pour voir la grande femme aux cheveux noirs se jeter avec joie sur son adversaire plus grand, le malmenant comme s'il était un sac de grain. Le grand homme était fort et déterminé, mais il était dépassé et le sourire de Xena le lui disait.

La guerrière finit par l'immobiliser dans une prise dont Ares lui-même n'aurait probablement pas pu se défaire et il frappa le sol en signe de défaite, jurant dans son souffle. Xena le relâcha et se leva, s'époussetant les mains.

Gabrielle se tourna alors vers la femme qui se tenait à côté d'elle. "Alors... quel était le but du défi ?"

La foule commença à rire. "Celui qui gagnerait, rentrerait chez lui ce soir avec la plus jolie femme du festival". Lui dit Josclyn avec une étincelle dans les yeux.

Gabrielle s'arrêta, réfléchit puis gémit. "Oh." Puis elle posa ses mains sur ses hanches et regarda son âme sœur, qui se rapprochait d'elle, couverte de boue et de saleté, les cheveux ébouriffés et les yeux bleus étincelant à la lumière des torches. "Eh bien, vous avez tous les deux perdu." Annonça-t-elle, surprenant tout le monde.

Elle prit le bras de Xena et leur tira la langue. "C’est moi qui ai gagné."

Elle rit doucement, un peu plus tard en y repensant, et secoua la tête, levant les yeux au moment où des pas familiers résonnèrent à l'extérieur. La porte s'ouvrit, laissant entrer sa compagne maintenant propre, portant leur fille, qui s'accrochait à la chemise de Xena. "Hey toi, petite fille endormie."

"Mama." Gloussa Dori doucement, en tendant la main vers elle.

"Heyy...." Gabrielle prit le bébé dans ses bras et la câlina. Elle sourit à Dori qui gloussait et lui tirait les cheveux. "Tu deviens si grande... je parie que tu seras deux fois plus grande quand nous reviendrons, hein ?".

"Avec la façon dont ma mère nourrit les gens ? Probablement." Rétorqua Xena ironiquement, tandis qu'elle se dirigeait vers la table basse près de la fenêtre et refermait son propre sac, hésitant un instant en regardant un coffre verrouillé poussé contre le mur du fond. Après un moment, elle laissa tomber son regard sur ses mains et soupira.

Gabrielle sentit le changement et se dirigea vers le berceau de Dori, y plaçant le bébé et remontant la petite couverture colorée, presque criarde, qui avait été un cadeau de Salmoneus. Puis elle se redressa et alla aux côtés de sa compagne, posant doucement une main sur son dos. "Hey."

Des yeux bleus troublés la regardèrent. "J'étais juste en train de penser à...." Xena hésita, puis haussa les épaules. " Ça ne sert à rien de prendre les armes... Je me couperais probablement le bras après tout ce temps. " Elle tenta un léger rire.

Oh. Sujet sensible.... Si j’approuve, elle va se sentir insultée, si je ne suis pas d'accord, elle va argumenter. Gabrielle réfléchit en silence. Finalement, elle relâcha son souffle. "Eh bien.... pour être honnête, Xena... Je pense que tu te sentirais mieux si tu les avais emballées, au moins." Dit-elle à son âme sœur troublée. "Au moins, je pourrais les utiliser pour écailler les poissons, non ?"

Cela provoqua un rire soudain et inattendu. "Ouais." Dit la guerrière doucement. "Tu as peut-être raison."  Elle essaya d'ignorer le léger picotement de sa peau à la pensée de la poignée familière et sculptée qui avait été faite sur mesure pour sa main ou la sensation nette et précise du chakram, son bord intérieur se nichant entre son pouce et sa paume. "Nous pourrions trouver des lapins vraiment coriaces là-bas, après tout."

Gabrielle sourit, puis se leva et défit le fermoir de son collier, faisant glisser une petite, mais solide clé en laiton hors de la chaîne et la tendit à sa compagne. "Tiens."

Xena prit lentement la clé, l'examina, puis referma ses doigts autour du métal et hocha la tête, les yeux pensifs. Elle se dirigea vers le coffre et s'agenouilla, hésitant avant d'insérer fermement la clé et de la tourner, entendant un léger clic lorsque la serrure se libéra. Elle souleva le couvercle et jeta un coup d'œil à l'intérieur, respirant la douce odeur de cuir et de métal qui montait à ses narines.

A l'intérieur, sur une paire de vieilles fourrures rapiécées reposaient deux armes. Une épée à poignée de laiton, au pommeau usé et rendu brillant par l'usage, et un chakram rond et étincelant. Même posées là, dans la faible lumière des bougies, elles lui parlaient, car c’était les outils qui avaient défini la personne qu'elle avait été.

Xena expira et laissa sa main descendre vers le fourreau de cuir, le soulevant et posant l'arme sur son genou, puis laissa ses doigts repartir et s'enrouler autour du chakram. Elle sentit son rythme cardiaque s'accélérer alors que son corps reconnaissait la sensation et elle se leva, l'épée sous son bras et referma le coffre.

Une partie d'elle n'aimait pas cette sensation. L'autre moitié, la partie sombre qui avait dormi si paisiblement tout ce temps, se réveilla et se lécha les lèvres, la poussant à replier sa main autour de la poignée de l'épée et à la dégainer, voulant sentir le poids familier et le tranchant vif du métal qui traverse l'air.

Et quoi, te couper ton foutu pied ? Tu ne pourrais probablement même pas la soulever. Elle se moqua d'elle-même, tandis qu'elle rangeait résolument l'épée dans son équipement, l'attachant fermement au dos de son sac. Le chakram, elle le glissa dans une poche avant, cachant le métal étincelant, avec ses pierres précieuses bleu cobalt. "Ok." Elle se retourna pour trouver Gabrielle assise sur le bord de leur lit, la regardant. "Tout est prêt ?"

La barde hocha la tête. "Tout est prêt..." Elle se leva et tendit à la guerrière un vêtement en tissu. "Tiens... Profitons d'une dernière nuit dans le confort, hum ?"

Xena sourit, se débarrassant doucement de l'étoffe et capturant son âme sœur à la place. "Je n'ai pas besoin d'une chemise de nuit pour ça." la taquina-t-elle, avant d’incliner sa tête et d’embrasser sa compagne. "Et toi non plus."

"Ah oui ?" La barde glissa des mains douces vers le haut de sa chemise et tira sur la ceinture pour la libérer.

"Oui." Xena repoussa ses mains puis entourant la taille de son âme sœur, la souleva et l'allongea sur le lit, au milieu d'un doux nuage de fleurs de la moisson, et de l'odeur des draps frais.

*****************************************************

C'est une aube froide, avec une brume humide qui s'élevait du sol, alors que Xena traversait la cour à grands pas, en direction de la cuisine pour prendre quelques provisions. Gabrielle était déjà là, en train de confier leur fille en colère, grincheuse d'avoir manqué sa course matinale et désorientée par l'activité et l'agitation qui régnaient autour de sa maison habituellement calme.

Xena étira ses mains et rapprocha un peu plus sa cape, se sentant un peu ambivalente à propos du voyage. Non pas qu'un changement ne soit pas agréable. Ça le serait. Ce n'est pas qu'elle n'appréciait pas l'opportunité de sortir et de passer du temps avec Gabrielle, elle le ferait. C'est juste que...

La guerrière soupira. Sa petite fille allait lui manquer.

La porte était ouverte quand elle arriva et elle se glissa à l'intérieur, jetant un coup d'œil à son frère. Toris bâillait et visiblement, il venait de se lever pour accompagner ses sœurs et aussi pour aller chercher les petits bols de céréales pour ses deux fils. "Bonjour."

"Bonjour." Répondit Xena en lui donnant une claque sur le côté. "Comment ça va ?"

"Occupé." Il lui rendit la pareille. "Combien de temps serez-vous parties ?"

Xena haussa les épaules. "Trois... peut-être quatre semaines." lui dit-elle. "Dix jours pour aller jusqu’aux villages où ils font des raids, quelques jours pour savoir si nous devons nous préparer pour eux, puis une dizaine de jours au retour."  Elle fit un signe de la main à sa mère, occupée près du plan de travail de la cuisine. Gabrielle se tenait à proximité, berçant Dori.  "Tout est prêt." Dit la guerrière à son âme sœur, qui lui rendit son sourire.

"Ok... maintenant, Dori... sois sage, d'accord ?" dit Gabrielle à sa fille sérieusement. Les yeux vert pâle la regardèrent innocemment. "Tu écoutes grand-mère."

"Grand-mère..." répéta Dori docilement, puis elle pointa du doigt. "Boo !"

Xena sourit et s'approcha, chatouillant un petit pied. "Hé, petite chose." Elle passa une main sur les épais cheveux noirs du bébé, qui avaient tendance à se hérisser par moments. "Sois gentille avec ta grand-mère... ou sinon..."

Gabrielle rit doucement. "J'ai hâte qu'elle soit assez grande pour te demander "sinon quoi ?"" Elle sourit à la guerrière. "Tiens... dis au revoir... Je dois aller chercher du parchemin." Elle remit Dori à son âme sœur et ramassa son sac, qu'elle porta en bandoulière. "Je reviens tout de suite."

Toris s'approcha. "Bonne chance, sœurette... vas-y doucement... ne prends pas de risques, ok ?"

Xena détacha ses cheveux noirs d'un petit poing curieux. "Je n'en ai pas l'intention." Elle fit un signe de tête à Toris. "Ne t'attire pas d'ennuis pendant mon absence, d'accord ?"

Son frère la serra brièvement dans ses bras. "On va essayer." Il récupéra les bols et s'éclipsa, laissant Xena et Cyrene seules.

La femme âgée s'appuya contre la table et regarda sa fille, qui chatouillait Dori et évitait les coups des mains désordonnées du bébé. "Tu es prête ?"

Xena leva les yeux. "Oui... j'ai juste besoin de quelques petites choses... " Elle s'interrompit, regardant sa mère. " Je suis surprise que tu n’aies pas essayé de me dissuader à ce sujet. "

Cyrène tendit un doigt pour que Dori le serre. " En fait. Je suis contente que vous vous éloigniez toutes les deux pour quelques jours. Je pense que Gabrielle en a besoin."

Xena la regarda avec une légère surprise. "De quoi tu parles... elle adore être ici. Tu le sais bien."

"Oh... c’est le cas... Je sais... " confirma sa mère. "Mais je pense qu'elle regrette aussi de ne pas passer plus de temps avec toi... Je veux dire, chérie... elle était habituée à avoir toute ton attention toute la journée, tous les jours, pendant deux ans... Je pense que ça lui manque."

Xena se sentit comme si elle avait été frappée par une charrette. "Mais..." Elle baissa les yeux vers Dori, qui la fixait avec intérêt. "Mais je..."

Cyrène posa une main sur son épaule. " Je ne te reproche pas de passer du temps avec Dori, chérie... toute nouvelle mère le ferait... et elle en a deux très dévouées. "

"Yaah." Acquiesça Dori, en mordillant la ficelle qui maintenait la cape de Xena fermée.

Xena regarda le bébé. "Je l'aime." Dit-elle doucement. "Je ne suis pas censée vouloir passer du temps avec elle ?" Il y avait une touche de perplexité plaintive dans la voix grave de la guerrière.

"Xena, bien sûr que tu l'es..." la rassura sa mère. "Je ne dis pas que tu fais quelque chose de mal... Ce n'est pas le cas... Je dis simplement que ce sera bon pour Gabrielle de t'avoir pour elle toute seule pendant quelques jours, c'est tout."

"Mm." Xena fit rebondir sa fille plusieurs fois, ce qui lui valut un petit rire. "Ouais... J'attendais ça aussi." Admit-elle avec un sourire en coin. "Ça fait un moment."

Cyrene sourit en retour et lui donna une tape. "Bonne fille."

Dori la pointa du doigt. "Boo !"

"Ouais... ouais... écoute, tu es sage, compris." Déclara Xena à sa progéniture. "Ou pas de cadeaux."

Dori la regarda d'un air renfrogné, puis jeta ses bras autour du cou de la guerrière et se pelotonna contre elle, laissant échapper un soupir de contentement si semblable à celui de sa mère que Xena et Cyrène en rirent. Xena serra le bébé dans ses bras et leva les yeux au retour de Gabrielle. "Ok... dis bye bye à ta maman... on doit partir d'ici."

La barde prit sa fille dans ses bras et la serra dans ses bras, retirant un petit poing qui s’était emmêlé dans ses cheveux pâles. "Hey... doucement..." Elle embrassa la main, puis lissa la frange sombre de Dori en arrière. "Sois sage." Chuchota-t-elle, regardant dans les yeux de la même couleur que les siens. "Ok ?"

"Opay." Murmura Dori en retour, appréciant le jeu et offrant à sa mère un doux sourire de bébé. "Mama."

"Je t'aime, Dori... tu le sais ?" dit la barde à sa fille.

"Uuuuui." Gloussa Dori en tirant les cheveux de Gabrielle. "Uuui mama."

Un grand sourire se dessina sur le visage de la femme aux cheveux clairs. "Oh... tu as entendu ça ? Quelle petite fille intelligente." Gabrielle lui fit un câlin, ravie. "Xena, tu as entendu ça ?"

La guerrière mit ses bras autour d'elle et regarda par-dessus son épaule. "Bien sûr que j'ai entendu. Bonne fille, Dori... Je te ramènerai quelque chose de bien juste pour ça."

"Boo." Gazouilla Dori, passant par-dessus le cou de sa mère pour s'accrocher à la chemise de Xena.

"Ouais, c'est ta Boo, hein." Gabrielle la serra une dernière fois dans ses bras avant de la confier à Cyrène qui l'attendait. "Merci de la garder. J'espère qu'elle ne sera pas trop difficile."

"Relaxe." Lui répondit Cyrene ironiquement, en jetant un regard à sa grande fille. "J'ai eu beaucoup d'entraînement." 

"Hé !" protesta Xena. "C'était il y a longtemps."

Cyrène et Gabrielle échangèrent des regards simulés de sympathie, ce qui provoqua le grognement de Xena.

"Je vais aller chercher les chevaux...". "Elle secoua la tête et s'en alla en marmonnant, laissant derrière elle le léger rire de sa compagne.

Dehors, elle était à mi-chemin de la cour quand Ephiny se précipita à côté d'elle, la demi-cape courte et bordée de fourrure de l'Amazone amenant un léger parfum d'herbes dans l'air. "Bonjour." la salua Xena. "Merci de rester pendant notre absence."

"Xena." Ephiny repoussa ses cheveux blonds de son front alors qu'elles atteignaient la grange et entraient à l'intérieur. "Il y a quelque chose dont je dois te parler." Sa voix était sérieuse.

La guerrière fut un peu surprise, mais s'arrêta et lui fit face. "Quoi ?"

Ephiny sortit un doigt puissant et poussa la grande femme dans la poitrine en parlant, forçant Xena à reculer. "Ecoute. Moi. Bien."

Xena cligna des yeux, vraiment surprise, et son dos heurta un poteau de soutien.

"Ta fille a ton énergie inépuisable et la capacité de Gabrielle à s'attirer des ennuis." Lui dit Ephiny, férocement. "Et... si tu fais quelque chose de stupide, et que je dois l'élever, je vais faire une pétition à Hadès, et je te retrouverai, Xena... Je te trouverai, et je te déchirerai membre par membre... tu me suis ?"

Oh. La guerrière referma sa main autour de celle d'Ephiny et la serra. "Nous ferons attention, Eph. Je te le promets." lui dit-elle solennellement. "Je ne ferais pas ça à Pony." Ses yeux pétillaient doucement. "Honnêtement."

Les yeux noisette la fixaient. "Tu promets."

"Je te le promets." Répéta Xena.

"Je te le rappellerai, Xena." prévint Ephiny sévèrement. "Je le pense vraiment."

Xena acquiesça. "Je sais... c'est juste un petit voyage de reconnaissance, Eph... c'est tout. On revient ici, et nous déciderons de ce que nous devons faire, le cas échéant."

Ephiny l'étudia, puis hocha la tête. "Ok." Elle expira, puis laissa ses mains tomber sur ses côtés. "Je pense toujours que nous devrions partir avec vous." Ajouta l'Amazone blonde, têtue. "Pony le pense aussi."

Bien sûr que Pony le pense. Xena s'appuya contre le poteau et réfléchit. "On va s'en sortir." Dit-elle finalement. "Je me sentirais mieux en vous sachant là, à garder un œil sur tout ça."

Ephiny se renfrogna. "Je ne me sentirai pas mieux pour autant." 

Maudite Amazone têtue. "Et... hum..." Xena joua sa carte maîtresse. "J'aimerais passer un peu de temps seule avec Gabrielle."

"Oh..." Le comportement d'Ephiny changea radicalement. "Et bien... Je... ouais, j'aurais dû... y penser... désolée." Elle lança un regard penaud à la guerrière. "Maintenant, ça a du sens." Admit-elle. "Pourquoi ne l'as-tu pas dit dès le départ ?"

Xena haussa les épaules. "Les pillards sont une raison suffisante... c'est juste un avantage supplémentaire." Elle s'éclaircit la gorge. "Maintenant, si tu as fini de me crier dessus, j'ai des chevaux à aller chercher." Elle contourna Ephiny et vérifia les brides d'Hercule et Iolaus, les deux jeunes chevaux nouvellement sellés et prêts à partir. "Venez, les garçons."

Ephiny ramassa le petit sac que Xena portait et marcha après elle, dans un silence pensif.

*******************************************************

Gabrielle sortit en entendant le bruit des sabots des chevaux, prit son sac et descendit les escaliers pour rejoindre Xena. "Bien... nous sommes prêtes." Elle fit un câlin à Ephiny. "Au revoir, Eph... on se revoit dans quelques semaines."

"Sois prudente... et garde un œil sur elle, d'accord ?" chuchota Ephiny.

"Je le ferai." Promit la barde. "J'espère que tout sera calme et tranquille pendant notre absence."

Ephiny lui donna une tape, puis la relâcha. "Eh bien, les tornades te suivent généralement, donc ça devrait être très paisible ici." Dit-elle à son amie, avec un sourire taquin. "Prends soin de toi."

Xena leva les yeux, pour voir Gabrielle faire ses derniers adieux à Ephiny et elle fit un signe de tête à Jessan. "On ne sera pas longues."

L'Etre de la forêt se balança sur ses talons. "Prends soin de toi, mon amie... nous allons garder les choses en sécurité ici." Il se pencha en avant. "Tu es sûr que tu ne veux pas de compagnie ?" ajouta-t-il dans un murmure.

Xena secoua la tête. " Oh non... la dernière fois que j'ai emmené une troupe d'assistants avec moi, j'ai fini par le regretter... sans vouloir te vexer. " Elle sauta sur la selle de Iolaus et apaisa l'étalon rétif, tenant la bride de son frère tandis que Gabrielle montait. "Tu es bien installée Gabrielle ?" 

"N'allons pas par là." La barde enroula fermement les rênes du cheval autour d'une main et plaça ses jambes correctement. "Tu n'aurais pas pu choisir une jolie jument, lente et grosse pour que je la monte, n'est-ce pas ?"

"Hey." Rigola Xena. "Allez... c'est une bonne occasion d'habituer ces gars à la piste... et ce sont des amours, tu le sais."

Hercule fit un écart, alors qu'Arès passait sous son ventre, et renâcla.

"Oh ouais." Gabrielle jeta à son âme sœur un regard noir. "Je me réserve le droit de finir à pied."  Elles firent un signe de la main à leurs amis avant de se mettre en route, les sabots des chevaux sonnant fort dans l'aube tranquille, alors que le village commençait à se réveiller autour d'elles.

Elles étaient toutes les deux silencieuses alors qu'elles avançaient sur la route, jusqu'à ce qu'elles atteignent le premier virage et s’arrêtent sans se concerter pour se retourner, regardant le village gris et brun enfoui dans le brouillard du matin. Gabrielle reposa ses coudes sur le pommeau de la selle et jeta un coup d'œil à sa compagne. "Eh bien, nous y voilà."  Un léger chatouillement d'excitation montait en elle, alors que les premiers rayons du soleil dépassaient l'horizon et réchauffaient son visage.

Xena fit un signe de tête au village, puis poussa Iolaus à avancer. "C'est parti."  Déclara-t-elle en envoyant un sourire à sa compagne. "Allons voir ce qu'il y a là-bas."

Elles reprirent leur route, alors que le soleil se levait sur la vallée de la rivière, et déposait des bandes d'or et de rose sur le paysage. Le brouillard s'écoulait à travers les pieds des chevaux, laissant place à la lumière et la brise fraîche apportait des notes de fumée de bois et de la rivière vers elles alors qu’elles avançaient.

"Belle matinée. " commenta Gabrielle, regardant autour d'elle avec appréciation. Puis elle jeta un coup d'œil à Xena. "Tu as pensé à éteindre le feu dans la cabane ?"

Les yeux bleus la regardèrent comme insultés. "C'est quoi cette question ? Bien sûr que j'y ai pensé." Les chevaux avancèrent de quelques pas. "Tu as pensé à donner à maman la couverture spéciale de Dori ?"

"Tu l'entendrais crier maintenant si je ne l'avais pas fait." Répondit Gabrielle d'un air suffisant. "Bien que je pense que son 'Boo' va lui manquer." Plaisanta-t-elle doucement avec son âme sœur. "Elle te préfère à cette couverture."

Xena tripota ses rênes et remit ses bottes dans les étriers. "Elle ira bien." Déclara-t-elle avec douceur.

Elles continuèrent à marcher, commençant à descendre la pente douce vers le pont, qui les emmènerait hors d'Amphipolis. "Elle va me manquer." Dit finalement Gabrielle. "Elle est devenue une partie de nous si importante."  Elle tendit la main derrière elle et sortit une pomme, la tournant plusieurs fois avant de choisir l'endroit parfait pour la croquer.

La guerrière réfléchit aux derniers mots de sa mère et à l'année écoulée. "C'est vrai... elle l’est... et elle va me manquer aussi." Répondit-elle en choisissant ses mots avec soin. "Mais il y a une partie de nous qui n'est que toi et moi... et je suis contente de pouvoir l’apprécier en ce moment."

Gabrielle s'arrêta au milieu de sa mastication, ses yeux vert pâle surpris et émus tournés vers elle. Elle déglutit précipitamment. "Vraiment ?" Elle donna un coup de genoux dans les côtes d'Hercule, pour se rapprocher de son âme sœur.

Xena se détendit sur sa selle et sourit, tendant la main pour tapoter le genou de la barde. "Ouaip... vraiment." Elle fut récompensée par un sourire presque timide qui illumina les yeux de Gabrielle et elle se réprimanda mentalement d'avoir été si peu observatrice.  Bien sûr qu'elles étaient occupées à Amphipolis. Bien sûr que Dori prenait beaucoup de temps... c'était un nouveau-né et c'était une évidence. Regarde ce que Toris et Granella vivent en ce moment, par exemple. Mais....

Mais, Xena, espèce d'idiote, maman a raison... elle a été trop silencieuse ces derniers temps. Elle avait cru rendre service à Gabrielle en disparaissant avec le bébé tous les matins…. Maintenant, elle se demandait si la barde ne regrettait pas de se réveiller à ses côtés, quand elles passaient quelques instants à se livrer à des discussions sans queue ni tête et à savourer une douce affection.

"Xena ?" La voix inquiète de Gabrielle la sortit de son autoflagellation.

"Uh ? Elle leva les yeux, lorsque la main de la barde toucha son poignet. "Oh... désolée... J'étais juste... "

"Tu te murmurais à toi-même en te reprochant quelque chose, chérie." Lui dit la barde. "Qu'est-ce qu'il y a ?" Elle offrit à Xena une bouchée de sa pomme. "Est-ce qu’on est déjà sur la mauvaise route? Je sais que nous n'avions que deux choix jusqu'à présent." Un soupçon de taquinerie ressortit dans sa voix.

"Ha ha. "Xena croqua un morceau de pomme et le mâcha. "Non... je passais juste mentalement en revue certaines options." Elle s'éclaircit la gorge. " On dirait que nous aurons du beau temps aujourd'hui... si nous continuons à avancer, cela nous amènera au grand carrefour à la tombée de la nuit... donc nous avons deux choix. "

"Ok." Gabrielle s'installa, rassurée par ce jeu ancien et familier. "Quels sont les choix ?

"On peut s'arrêter à Spiros... tu sais que l'auberge là-bas n'est pas mal, même si j'espère que la nourriture s'est améliorée, ou ils vont commencer à sérieusement perdre des voyageurs."

"Uck." Gabrielle tira la langue. "C'est l'endroit où il y a les chèvres, non ? Celui avec le petit magasin qui vend tout ce qui est à base de chèvre ? Lait de chèvre, fromage de chèvre, sabots de chèvre, manteaux de chèvre, chèvre..."

"Oui." L’interrompit Xena. "C'est l'endroit... où tu allais acheter cette corne de bélier la dernière fois."

"Et tu ne voulais pas me laisser faire... Je me souviens." Lui répondit la barde. "Ok... alors quel est mon second choix ?"

"Eh bien..." pensa Xena. "Juste au nord, il y a ce... petit endroit que je connais... ou du moins que je connaissais... il y avait de beaux arbres, de l'herbe douce, un lac alimenté par une source..." Elle regarda son âme sœur, qui avait commencé à sourire. "Pas de lits douillets, pas d'eau chaude... et je devrai attraper tout ce que nous mangerons."  la prévint-elle.

"Ça a l'air parfait." Lui répondit Gabrielle joyeusement. "Y aura-t-il des étoiles ?"

Xena pencha la tête en arrière et regarda le ciel sans nuages. "Oh oui."

"Les Spiros peuvent garder leurs chèvres." Rit la barde. "Allez... allons plus vite !" Elle mit Hercule au galop, surprenant Xena, qui éclata de rire et la rattrapa.  Le son joyeux les suivit alors qu'elles dévalaient la route et traversaient le pont, laissant la maison loin derrière elles.

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A Suivre Chapitre 2.


 

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Commentaires
E
Oooooh une traduction de la suite des aventures ! Je suis super contente ! Merci beaucoup pour tout ce travail !
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H
Merci pour cette traduction, une joie de se plonger dans la suite des aventures de Xena et Gabrielle.<br /> <br /> Merveilleux chapitre qui nous laisse sur notre faim et du coup donne envie de vite lire la suite.<br /> <br /> Encore merci a la traductrice.
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