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Guerrière et Amazone
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Guerrière et Amazone
  • Vous trouverez ici des Fans Fictions francophones et des traductions tournant autour de la série Xena la Guerrière. Consultez la rubrique "Marche à suivre" sur la gauche pour mieux utiliser le site :O) Bonne lecture !!
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Guerrière et Amazone
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31 décembre 2022

La noirceur du matin chapitre 11

La noirceur du matin – Tome 14 – Melissa Good

 

Xena et Gabrielle se sont installées à Amphipolis et profitent de leur nouvelle fille, Doriana.

Mais est-ce bien le cas ? La vie est, comme Gabrielle le sait bien, une série de compromis. Pour obtenir une chose, il faut souvent renoncer à une autre.

 

Chapitre 11

Elles avaient trouvé une grotte, suffisamment éloignée de la ville pour qu'elles puissent s'y arrêter en toute sécurité et suffisamment grande pour accueillir leur groupe, désormais trois fois plus nombreux qu’à l’aller. Xena se laissa tomber contre un rocher et enroula ses bras glacés autour de ses genoux, heureuse d'être à l'abri du vent froid qui frappait douloureusement son corps mouillé.

La pluie tombait dehors, s’abattant sur la roche avec une certaine violence et elle avait cru entendre de la grêle plus d'une fois. En face d'elle, un groupe était rassemblé autour du bois qu'elles avaient trouvé, et elle pouvait entendre les doux crépitements d'un feu naissant, apportant une chaleur bienvenue alors que le feu se développait dans le cercle qu'elles avaient construit.

Les Amazones secourues étaient en assez bonne forme... une fois la drogue dissipée, elles avaient été laissées presque seules, et à part quelques coupures et éraflures, et une main fracturée, elles s'en étaient sorties assez intactes. De même, les Amazones de Xena avaient réussi à éviter toute blessure majeure dans leur combat, à l'exception d'une bosse sur la tête de Solari et d'un bleu sur le bras que l'Amazone avait reçu d'un coup maladroit d'une autre Amazone.

En fait, se dit Xena avec ironie, c'était probablement elle qui était la plus amochée, ayant souffert d'un certain nombre d’impacts douloureux lors de son voyage dans l'eau, y compris un genou tordu qui lui faisait très mal dans le froid. Avec un soupir, elle posa son menton sur son bras et envisagea de se lever pour aller chercher quelques herbes dans son sac, ainsi qu'une chemise sèche à enfiler.

"Salut." La voix de Cait flotta près d'elle, alors que la jeune Amazone s'asseyait avec précaution aux pieds de Xena.

"Salut."  Répondit la guerrière doucement.

"Tu es terriblement mouillée."

Xena hocha la tête. "Uh huh."

"Tu ne voudrais pas porter quelque chose de sec ? Il fait un peu frais." demanda Cait. "Je peux t'apporter ton sac, si tu veux."

La guerrière y réfléchit, puis décida que se débarrasser de ses vêtements mouillés ne pouvait pas être considéré comme un signe de faiblesse décadent. "Bien sûr... si ça ne te dérange pas."

Cait se leva, récupéra son équipement et le déposa à ses pieds dans un bruit sourd. Elle se réinstalla et reposa ses coudes sur ses genoux, regardant Xena prendre une chemise épaisse et chaude dans le sac et commencer à défaire son armure. "Tu sais, puisque Gabrielle n'est pas là, quelqu'un d’autre doit s'assurer que tu ailles bien."

Les mains de Xena s’arrêtèrent et elle regarda la jeune Amazone fixement en levant son sourcil droit.

Cait lui rendit son regard, sans retenue, avec un sourire malicieux sur le visage.

"Gabrielle t'a dit de garder un œil sur moi ?" riposta la guerrière en enfilant sa nouvelle chemise.

"Certainement pas." La jeune fille secoua solennellement la tête. "Mais je sais qu'elle le ferait si elle était là."

L'étoffe chaude était merveilleuse contre sa peau glacée et Xena sentit son corps se détendre, tandis que ses frissons diminuaient. "Oui, c’est ce qu’elle ferait... Merci, Cait." dit-elle d’une voix basse.

"De rien" répondit la jeune fille promptement. "Hum... Xena ?"

"Mmm ?"  La guerrière leva les yeux.

"Tu as une vilaine coupure sur la tête... je peux m'en occuper pour toi ?" Cait rougit visiblement à cette question, le sang colorant vivement sa peau pâle.

Ah. C'est donc de là que venait le mal de tête. "Hum... bien sûr." Elle sortit le kit de guérison de son sac et l'ouvrit. "Est-ce que tu sais..."

"Suffisamment." Cait lui prit gentiment le kit et récupéra des serviettes propres ainsi que de quoi désinfecter la plaie. "Si tu veux bien te pencher en arrière pour que je puisse l'atteindre."

Xena s'exécuta, laissant sa tête reposer contre la roche et ferma les yeux lorsqu’elle sentit le contact hésitant de Cait sur le côté de son visage. Elle pouvait sentir l'odeur forte du nettoyant et le léger tremblement dans les doigts de la jeune fille alors qu'elle essuyait soigneusement la zone, laissant derrière elle une sensation de piqûre douloureuse. "Ça a dû se passer sous l'eau." Murmura-t-elle.

"En fait... une boîte t'a frappée juste avant que tu ne sombres sous l’eau." répondit doucement Cait. "Ça m’a rendue tellement nerveuse." Elle mit un peu de baume sur la coupure.

"Ah... oui." Xena hocha faiblement la tête. "C'est vrai... ça m'a rappelé de mauvais souvenirs."

Cait avait terminé, mais elle resta assise tranquillement aux côtés de Xena. "Vraiment ?"

La guerrière ouvrit les yeux et fixa pensivement le plafond rocheux. "Gabrielle et moi, nous nous dirigions vers Potadeia une fois... la rivière avait débordé et était sortie de son lit. Un ... chariot avait été emporté par le courant et nous avons aidé les gens à sortir avant qu’ils ne soient emportés."

"Humm."

"Nous avons été prises dans l'eau... nous sommes restées coincées sous un arbre tombé, alors que l'eau montait."

"Vraiment ? C'est horrible... comment vous vous en êtes sorties ?" demanda Cait curieusement.

Elle se l’était toujours demandé et maintenant, enfin, le souvenir de ces derniers moments d'angoisse sous l'arbre lui était revenu.

L'eau avait continué à monter, glaçant tout son corps. Gabrielle ne pouvait s’empêcher de claquer des dents tellement le froid l’avait envahie mais elle était restée accrochée à elle, refusant de bouger, refusant d'essayer de sortir par la petite ouverture au-dessus de leurs têtes.

Xena l'avait voulu, avait désespérément voulu qu'elle vive, elle était si jeune et il lui restait tant à faire... Le monde serait sûrement meilleur avec Gabrielle et elle partie...

Mais la barde avait tout simplement refusé de partir, jetant ses bras autour du cou de Xena pour marquer son choix. Aller où Xena allait, même si cela signifiait mourir à ses côtés. Mieux valait ça, lui avait murmuré Gabrielle, que de vivre sans elle.

Et elle était restée là, avec l'eau qui montait, presque jusqu'à la bouche de la barde et elle s’était rappelée ce moment où Gabrielle avait levé les yeux vers elle, déterminée à les garder fixés sur sa compagne aussi longtemps qu'elle le pourrait.

Il n’avait suffi qu’une légère pression et Xena avait senti le corps dans ses bras se relâcher, se retrouvant alors confrontée seule à leur mort imminente pour épargner à son âme sœur l'horreur qu'était la noyade.

"Je suis désolée." Avait-elle chuchoté, d’une voix brisée. Regrettant toutes les choses qu'elle avait faites... qu'elle avait dites et qui avaient blessé Gabrielle. Regrettant toutes les choses que Gabrielle ne pourrait plus jamais faire. Elle avait pu sentir les battements rapides du cœur de son âme sœur contre sa peau alors que l'eau montait et elle avait bercé la tête de la barde doucement contre sa poitrine, alors qu'elle pressait ses lèvres sur ses cheveux humides, le chagrin l’envahissant et lui arrachant des sanglots impuissants alors que les larmes roulaient pour rejoindre les eaux de la rivière en furie.

Aucun Dieu à prier qui l'écouterait. Aucun secours possible... personne ne saurait même qu'elles seraient mortes avant un très, très long moment... si jamais ils l’apprenaient un jour.

Et puis elle avait levé les yeux, vers cet arbre maudit et avait senti la colère remplacer le chagrin alors qu'elle fixait le bois immobile. Une colère qui avait grandi, encore et encore, jusqu'à ce qu'elle prenne le dessus sur sa raison et qu'elle libère le corps inconscient de Gabrielle, pour poser ses mains contre le bois et pousser de toutes ses forces dans une fureur irraisonnée.

Elle pouvait sentir les signaux d’alarme résonner en elle et elle avait su que, quoi qu'il arrive, elle ne survivrait jamais à cette épreuve.

Mais Gabrielle le pourrait et elle avait alors puisé dans tout ce qu'elle avait et tout ce qu'elle était, pour lancer son corps vers l'extérieur, vers le haut, défiant l'arbre de la repousser.

Elle avait goûté au sang dans sa bouche et l'avait senti couler sur son visage lorsque la surface immobile avait bougé et que l'eau avait rugi, leur offrant un nouvel exutoire.

Et puis il n'y avait eu que le silence et l'obscurité , alors que le monde s'effaçait, et elle n'avait même pas senti la rivière la prendre.

"Je l'ai fait." Murmura Xena en portant une main par réflexe à son oreille, là où le sang avait coulé. "J'ai... jeté l'arbre d'une manière ou d'une autre."

"Eh bien." Cait rit doucement. "Bien sûr que tu l'as fait... ça a dû être horrible, par contre."

Un bref souvenir d'un bord de mer et d'une porte entourée de lumière se rappela à elle. "Ouais... c'était... hum..." Elle fit une pause. Peut-être... peut-être que c'était... sa volonté... de tout sacrifier pour Gabrielle qui lui avait donné cet aperçu, finalement. "C'était horrible... mais ça a marché."  Xena souffla. "Merci, Cait." Elle lui donna une petite tape puis se redressa, observant la caverne tranquillement. "Nous allons attendre que la pluie s'arrête... puis nous bougerons."

"Bien." répondit Cait doucement, voyant la nouvelle lumière qui brillait dans ces yeux bleu clair qui l'intriguaient tant.

***************************************************

Les rayons dorés du coucher de soleil faisaient du bien, décida Gabrielle, alors qu'elle s'asseyait à son bureau et griffonnait dans son journal. La journée avait été sans histoire, la majeure partie de la matinée avait été occupée à se remettre de la fête de la veille et le reste de la journée avait été consacré à préparer les affaires pour le départ des guerrières.

Elle s'arrêta pour relire son introduction, puis leva les yeux au son des pas qui se rapprochaient. Des pas de course en fait et elle était déjà à moitié levée lorsqu’Ephiny entra dans sa hutte. "Hé !"

"Hé !" Sa régente sourit. "Devine qui est de retour ?"

Gabrielle sentit un sourire s'emparer de son visage, sans sa permission. "Vraiment ?"

"Vraiment." Ephiny hocha la tête. "Le premier poste de garde vient de relayer un message... on dirait que la mission a été un succès." Elle aimait voir les yeux de la barde s'illuminer comme ça, ça lui faisait perdre des années et lui rappelait le souvenir d'une gamine écervelée qui suivait un ancien seigneur de guerre grincheux. "J'ai demandé aux filles de libérer de l'espace... il va y avoir du monde ici pendant quelques jours."

Gabrielle ferma son journal et se leva, étirant son corps dans la lumière du soleil avec un sentiment d'attente agréable. "Combien de temps avant qu'elles n'arrivent ici ?" demanda-t-elle, faisant mine de s'inquiéter des préparatifs. "Avons-nous assez de provisions ?"

La régente gloussa. "Environ deux bougies... nous n'avons plus de sous-vêtements comestibles, mais Esta va en faire cuire d'autres."

"Oh... bien." Gabrielle hocha distraitement la tête. "Quelle heure est-il maintenant... " Elle jeta un coup d'œil par la fenêtre, puis sursauta et se retourna vers Ephiny. "On est à court de quoi ? ??" Elle posa les mains sur ses hanches. "Tu te moques de moi ?"

Ephiny posa une main sur son épaule. "Un peu." Elle offrit à la barde un sourire malicieux. "Certaines choses ne changent jamais avec toi, n'est-ce pas ?"

Gabrielle ouvrit la bouche pour protester, puis la referma et laissa son regard s’attarder sur le sol avant de le relever un instant plus tard. "Je suppose que non." Admit-elle doucement. "Mon cœur saute toujours un battement quand je la vois... et j'espère que cela ne changera jamais." Elle souffla et secoua la tête. "Bon sang... Je suis contente que ce soit fini... J'étais vraiment nerveuse à propos de cette expédition... on dirait que mon instinct était à côté de la plaque pour une fois."

"Mmm." Ephiny se mordit la lèvre. "Ecoute, je suis désolée pour la nuit dernière."

La barde pencha la tête. "Pour quoi ?"

"Gillen."

"Oh." Elle haussa les épaules. "C'est bon... ce n'était pas ta faute."

"Je savais que tu étais mal à l'aise... J'aurais dû dire quelque chose avant... C'est juste qu'on s'y habitue tellement... J'oublie parfois." Admit Ephiny. "Tu sais qu'on est comme ça... ça ne veut rien dire, Gab... c'est juste un peu d'amusement, de détente... ça ne dérange personne."

"Je sais." Le regard de la barde se fixa un moment sur elle. "Je ne sais même pas si Xena s'y opposerait... mais je ne me sentais pas bien à ce sujet." Elle fit une pause, réfléchissant. "C'est... ça a toujours été quelque chose de spécial pour moi... Je suppose que c'est parce que je n'ai pas... Je veux dire... " Elle fit une nouvelle pause. "Avec Xena, c'est... c'est plus qu'un simple acte."

Ephiny pencha la tête. "Je ne comprends pas."

Le visage de la barde se plissa alors qu’elle fronçait légèrement les sourcils. "Je ne sais pas si je comprends non plus... Je sais juste que ce n'était pas bien." Elle soupira. "Peut-être parce que je sais comment je me serais sentie si c'était Xena qui l'avait fait... même si je sais qu'elle a beaucoup plus... hum... d'expérience... depuis que nous sommes ensemble, c'est juste... enfin, tu vois ce que je veux dire."

"Oui oui." Ephiny hocha la tête.

"Je sais que si ça avait été elle, et qu'elle l'avait fait, j'aurais été vraiment blessée." Reconnut Gabrielle. "Même si dans mon esprit, je sais que ça ne veut rien dire." Elle haussa les épaules. "Alors... je ne sais pas si elle ressentirait la même chose, mais je n'ai pas envie de le découvrir un jour."

"Ah." La régente hocha la tête. "Ok, j'ai compris."

Gabrielle la regarda fixement. "Je ne suis pas logique, n'est-ce pas ?"

"Non... eh bien... Je veux dire, oui... Je veux dire... " Ephiny rit nerveusement. " C'est juste tellement plus complexe avec toi... mais je devrais être habituée à ça. "

La barde se rongea un ongle. "Tu dis que ça ne te dérangerait pas, si c'était Pony ?"

Ephiny haussa les épaules. "Bien sûr que non... c'est bien d'acquérir de l'expérience ailleurs parfois... ça permet de rester sur le coup." Elle hésita. "Pour que les choses ne deviennent pas ennuyeuses."  Elle regarda la confusion s'installer sur le visage de Gabrielle. "Laisse-moi deviner. Tu ne t'ennuies jamais."

"Euh." La barde écarquilla les yeux

Ephiny se frotta le côté de sa tête. "Par Artemis... comment suis-je arrivée dans cette conversation." Murmura-t-elle. "Ecoute... ne t'en fais pas... Je comprends, d’accord ? Je suis désolée qu'elle t'ait draguée... mais ta réponse va entrer dans l'histoire de la Nation."

"Oh." Gabrielle sourit. "Ecoute, je vais aller me promener... hum..."

"Laissez-moi deviner... vers la vallée." Répondit la régente d’un ton narquois. "Je viens avec toi."

Elles quittèrent les quartiers de la Reine et traversèrent le village animé, alors que la lumière teintée de rouge les éclairait depuis l'ouest.

"Hé, Eph ?"

"Mmm ?"

"C'est quoi des sous-vêtements comestibles ?"

La mâchoire d'Ephiny se décrocha pendant quelques secondes, puis elle se racla la gorge. "Je vais te dire... pourquoi tu ne demanderais pas à Xena de te l’expliquer ?"

"Mmm... tu crois qu'elle saura ?" demanda Gabrielle sérieusement.

"Euh... oui... je suis sûre qu'elle saura." Répondit la régente en hochant la tête.

"Ok." La barde approuva légèrement. "Tu les fais vraiment cuire ?"

Ephiny se frotta l'oreille et se mit à siffler.

*******************************************************

Elles avaient choisi de ne pas s'arrêter après leur pause déjeuner et alors que le soleil se couchait sur les arbres, elles avaient atteint le chemin qui montait vers le village Amazone. Xena était en tête, Cait à ses côtés et le reste de la troupe suivait derrière.

Quatre Amazones étaient également réparties de chaque côté pour s'assurer qu'il n'y ait pas de fouineurs dans les environs, bien que Xena soit certaine que ses sens l'auraient remarqué. Elles arriveraient bientôt au Village et la guerrière se contenta de maintenir un bon rythme, jetant un coup d'œil autour d'elle au bruissement des feuilles de la forêt. Un grondement sourd lui rappela que le déjeuner était déjà bien loin et elle passa la main dans son sac pour en sortir une barre de céréales.

Malgré la longue journée et leur départ matinal, elle se trouvait d'une humeur inhabituellement bonne et elle y réfléchit en mâchant sa collation. Peut-être était-ce dû au succès de la matinée... même si elle devait admettre que le plan avait fonctionné, pour une fois, sans problème, et étant donné que c'était une décision de dernière minute, et qu'elle n'avait presque mis personne au courant, elle avait de quoi être très fière d'elle.

Les Amazones étaient certainement impressionnées... elle avait entendu des bribes de conversation toute la journée, la plupart étaient flatteuses, d'autres carrément embarrassantes, et bien que son ego n'ait généralement pas besoin d'être caressé, elle n'était pas loin d'admettre que c'était agréable de les entendre de ce groupe particulier.

Elles s'en étaient sorties avec seulement quelques égratignures, avec toutes les Amazones captives intactes et avaient pratiquement ruiné un avant-poste important d'Andreas. Par les Dieux, Xena. Elle sourit à un oiseau bleu qui volait au-dessus de sa tête. Tu as peut-être encore ça en toi. La stratégie de guerre avait toujours développé son imagination et elle se réjouit de pouvoir secouer les toiles d'araignée dans sa tête et de faire travailler ses muscles mentaux, depuis longtemps endormis.

Ça faisait vraiment du bien.

Une demi-bougie et deux barres plus tard, Xena distingua la masse cachée du plus éloigné des avant-postes Amazones, et elle leva une main pour leur faire signe, souriant lorsque les feuilles s'écartèrent et qu'une tête aux cheveux bruns apparut, répondant à son signal. "Eh bien, elles savent que nous sommes ici." Commenta-t-elle à Eponine, qui s'était approchée d'elle.

"Hum." Confirma Eponine. "Tu crois qu'elles vont nous garder du dîner ?"

Xena ne savait pas si une réponse affirmative était une bonne ou une mauvaise chose, alors elle bougea la tête sans s'engager. "Ça dépend... si elles reçoivent le message assez tôt." Elle se surprit à se demander si le message pourrait également amener une Gabrielle curieuse le long de la piste et elle fit le pari avec elle-même que ce serait le cas.

Deux jours et elle se retrouvait à attendre avec impatience les retrouvailles avec sa compagne comme si elles avaient été séparées pendant un mois. Xena secoua la tête avec dépit. C'était pathétique, non ? Mais elle apportait de bonnes nouvelles, et de nouvelles alliées, et elle avait hâte de voir la tête de Gabrielle quand elle lui annoncerait.

Une joie de vivre la gagna et elle fit un saut périlleux, faisant sursauter Cait qui s'alarma à côté d'elle, provoquant plusieurs grognements derrière elles. "Désolée." s'excusa-t-elle auprès de la jeune Amazone.

"Par les Dieux... Je pensais que nous étions attaquées." Cait jeta un regard nerveux autour d'elle. "C'était plutôt soudain."

"Ouais... qu'est-ce qui t'a rendue si sautillante ?" demanda Eponine en lui jetant un regard étrange. "Il y avait quelque chose dans tes barres ?"

Le soleil était presque passé derrière les flancs de la montagne, répandant une chaude lumière rouge à travers les feuilles. Un silence fatigué était tombé sur les Amazones avant que Xena ne lève la tête et ne concentre son regard sur un petit chemin grossièrement taillé à travers le dernier pont entre elles et le territoire Amazone.

"Pourquoi cette fichue marche semble toujours plus longue de ce côté-là ?" grogna Solari. "Je suis sûre que ça ne nous a pris qu'une bougie à l'aller."

"Tais-toi." Grogna à son tour Eponine. "On passe le pont et peut-être que 'quelqu'un' pensera à nous laisser faire une pause."

Xena leva un sourcil vers elle. "Tch... tu deviens un peu paresseuse, dis-moi ?" dit-elle. "Ce n'est pas toi qui m'as raconté la dernière fois que tu avais marché pendant deux jours sans t'arrêter ?".

Eponine la fusilla du regard.

"Oui, c'était elle." Répondit Solari. "Et c'était trois jours... Je crois."

"Vous vous trouvez drôles toutes les deux ?" grogna Eponine alors que Cait étouffait un rire.

Xena gloussa. "Je vais te dire... une fois que nous aurons traversé le pont, je dirais qu'une pause s'impose."

"Non non..." Eponine leva une main. "Oublie que j'en ai parlé."  Elle marcha brusquement sur le pont, le faisant trembler.

"Hé... doucement... on a d'autres personnes à faire traverser." Lui rappela la guerrière alors qu'elle posait ses bottes sur la surface en bois, tirant sur les supports de la corde et rebondissant un peu pour le tester, ce qui envoya une vague sur le pont et faillit faire basculer Eponine.

"Yeow !" La maîtresse d'armes s'agrippa à la rambarde de corde, puis se retourna et lui jeta un regard noir.

Xena lui adressa un sourire charmant et lui fit un signe de la main, lui faisant signe d'avancer alors qu'elle montait elle-même sur le pont et s'approchait de l'autre femme, consciente que les autres Amazones la suivaient lentement à cause du poids qui se déplaçait sur le pont.

"Tu vas avoir des bleus, Championne." Renifla Eponine alors qu'elle s'approchait. "Gabrielle n'est pas là pour te protéger cette fois."  Elle se retourna et secoua la tête, continuant à traverser avant d’atteindre l’autre rive.

"Alors." Xena s'approcha, se sentant inhabituellement malicieuse. "Tu crois que Gabrielle me protège, hein ?"

Un grognement. "Tu sais qu'elle le fait... un mauvais regard et WHAP !" Pony fit semblant d'être frappée à la tête avec un bâton. "Tu penses que tu es dangereuse ? Par Hadès, Xena... tu ne peux même pas rivaliser."  Elle recula en faisant des gestes avec ses mains. "Je vais te dire, je ne m'approcherai jamais de ce bâton, pas question, pas question...uh uh... c'est une femme dangereuse que tu as là, laisse-moi te dire ....yeow !" Eponine glapit, se retrouvant soulevée du sol par des bras puissants enroulés autour de son ventre. "Hé !!!"

"Alors, je suis dangereuse, hein ?" chuchota une voix douce dans son oreille.

Eponine se figea et tourna son regard, pour voir des yeux vert brillant qui la regardaient de très près. "Oh." Elle gloussa faiblement. "Salut, Gabrielle."

La barde la relâcha et s'essuya les mains. "Salut." Son regard glissa sur l'Amazone agitée et tomba sur sa compagne qui lui fit un clin d'œil. Gabrielle fronça les sourcils en découvrant la coupure sur le visage de son âme sœur, mais elle garda le silence. Elle s'approcha d'elle pour lui donner une tape sur le ventre, puis elle passa à côté d’elle et tendit un bras à Jonae. "Bienvenue sur nos terres."

La Reine Amazone souffla d’épuisement et attrapa son bras. "C'est bon de te revoir Gabrielle... et merci d'avoir envoyé de l'aide."

"Pas de problème... "Gabrielle fit signe à Ephiny de s'avancer. "Voici ma Régente, Ephiny... Eph, voici Jonae, la Reine  Amazones des Montagnes."

"Nous nous sommes déjà rencontrées." Ephiny sourit et tendit la main. "Au marché de la vallée de la rivière, il y a deux saisons, je crois."

Le visage de Jonae s'éclaircit et elle hocha la tête. "Je me souviens... oui... tu as gagné la compétition de tir à l'arc et volé ce sac d'or juste sous le nez du favori du prince... bien joué !"

Ephiny inclina la tête, acceptant le compliment gracieusement. "C'est vrai... j'ai l'impression que c'était il y a si longtemps."

Gabrielle sourit doucement. "On dirait que tout le monde a besoin d'une pause. " Elle jeta un regard ironique à son âme sœur, puis lâcha un petit rire. "Jonae... pourquoi ne pas présenter Ephiny à ton peuple... il nous reste encore une bougie de marche pour arriver au village."

"Bonne idée." Souffla Jonae. "Ta Championne a imposé un sacré rythme... mes pieds me font souffrir." Un léger rire s'éleva et Jonae fit signe à Ephiny de la rejoindre, suivie par une Eponine curieuse.

Xena s’était assise sur un rocher et étirait ses jambes avant de lever la tête lorsque son âme sœur s'approcha et glissa ses deux bras autour de son cou dans une étreinte rapide. "Hé..." Elle entoura la taille de Gabrielle et lui rendit son étreinte, lui donnant un petit coup dans les côtes. Elle sentit son oreille être goûtée en retour et elles gloussèrent toutes les deux.

"Comment ça s'est passé ?" demanda la barde en passant ses doigts dans les cheveux noirs de Xena avec affection. "On dirait que tu as récupéré tout le monde... ça ne t'a pas pris longtemps."

"Ça s'est déroulé parfaitement."  Répondit la guerrière, avec un franc sourire. "On est entrées, on les a libérées et on est ressorties... en moins d'un quart de bougie... et on en a même profité pour neutraliser l'avant-poste d’Andreas." Elle regarda le visage de la barde, illuminé par le soleil couchant. "Aslanta est avec nous... et Jonae aussi."

Gabrielle lui sourit en retour. "Gillen et Tyldus aussi." Annonça-t-elle fièrement. "Et nous avons trouvé un moyen de renforcer les villages pour préserver les ressources et assurer la sécurité pendant l'absence des guerriers."

Le sourire de Xena s’accentua. "Bon travail, ma barde... même si je n'en avais aucun doute."

Les yeux de Gabrielle pétillèrent et elle fronça le nez dans un grand sourire. "Merci." Elles se regardèrent un moment, puis la barde toucha doucement la coupure sur le visage de son âme sœur. "Si tout s'est parfaitement déroulé, qu’est-ce que c’est que ça ? Vous vous êtes battues, toi et Pony ?"

"Ah." Xena souffla. "Une partie du plan nécessitait une inondation... et j'ai été un peu lente à m'écarter de son chemin... j'ai été frappée par quelques objets." Elle haussa les épaules. "C'est..."

"Rien... juste une égratignure." Gabrielle termina sa phrase sans effort. "J'ai déjà eu pire." Poursuivit-elle avec un sourire malicieux. "Est-ce que j'ai oublié quelque chose ?"

"Mmhmm... ne t'inquiète pas pour ça." Répondit Xena. "Cait a bien pris soin de moi." Un sourcil sombre se dessina. "Il semblerait qu’elle pensait que quelqu'un devait le faire puisque tu n'étais pas là."

"Ahhh... Je vois." La barde continua à passer ses mains dans les cheveux noirs, regardant les yeux de sa compagne se fermer avec satisfaction au toucher. "C'est tout ce que tu as ?" La surface sous le bout de ses doigts bougea dans un signe de tête. "Mmm....d'accord, c'est arrivé ce matin ?" Un autre hochement de tête. "Ah."

Xena rouvrit les yeux et la regarda attentivement. "Pourquoi ?"

Gabrielle souffla, puis leva les yeux lorsque des voix s’approchèrent. "Je te le dirai plus tard." Promit-elle, effleurant du bout des doigts les lèvres de la guerrière, avant de se les faire capturer puis relâcher, la morsure délicate des dents blanches laissant dans leur sillage de minuscules frissons qui glissèrent le long de son bras.

Ennuyeux ?  Gabrielle inspira et essaya de calmer son corps, alors que Jonae et Ephiny, rejoints par Aslanta et Eponine, se rapprochaient d'elles. "Eh bien... est-ce que tout le monde est prêt à repartir ?"

Ephiny sourit un peu, à la rougeur évidente sur le visage de son amie malgré le masque du coucher de soleil et elle croisa les bras, jetant un regard ironique à la guerrière qui attendait. Cette dernière lui lança un regard rempli d’innocence en retour.

Elle pouvait sentir la sexualité animale qui suintait de la femme assise, même de là où elle était et en y réfléchissant, elle concéda que Gabrielle avait probablement tout ce qu'elle pouvait vouloir ou avoir besoin à cet égard.

Mais, elle se demandait comment Xena se sentait à ce sujet ? La guerrière, plus expérimentée, était-elle également pleinement satisfaite de sa jeune compagne ?

Question intéressante. "Je pense que nous sommes prêtes.... Nous pourrons prendre un dîner léger à notre retour... et faire quelques plans pour demain." Ephiny inclina la tête. "Quand est-ce que vous avez l'intention de repartir toutes les deux ?"

Gabrielle considéra la question. "Nous allons rester un jour de plus... juste pour régler certaines choses, puis nous rentrerons." Elle jeta un coup d'œil à Xena qui hocha la tête. "Nous avons tellement de choses à faire à la maison... et je sais que vous en avez toutes ici, aussi."

"Parfait." Ephiny hocha la tête rapidement. "Cela me donne une autre nuit pour régler les choses."

"Pourquoi est-ce que soudain... "Xena releva la tête vers elle avec un sourire narquois. "… je sens venir une fête ?"

La Régente posa ses mains sur ses hanches, ignorant les Amazones agglutinées, dont la plupart souriaient. "Une fête ? Xena, pourquoi à chaque fois qu'on mentionne les mots groupe, Amazones et soirée, tu supposes que c'est une fête ?"

"Parce que c'est toujours le cas." Répondirent en même temps Xena et Gabrielle.

Ephiny les fusilla du regard, insultée, puis partit, Eponine à ses trousses. "Allez... on y va."

Elles laissèrent passer la plupart des Amazones devant elles avant que Xena ne se lève et qu'elles ne rejoignent le groupe, la guerrière passant un bras sur les épaules de sa compagne tandis que Gabrielle lui rendait la pareille en enserrant sa taille. "Alors, fête ou pas ?" chuchota la guerrière alors qu'elles marchaient.

"Tu plaisantes ? Elle ne parlait que de ça en venant ici." Répondit son âme sœur, la heurtant d'une hanche. "Mais je pense que c'est une bonne idée, Xena... de faire en sorte que toutes ces Amazones se mélangent un peu... de casser ce truc du nous et d’elles."

"Mmm." Accepta Xena distraitement. "Ouais... un peu de vin, un peu de danse... ça devrait marcher." Elle baissa les yeux devant l'absence de réponse et vit la ligne tendue de la mâchoire de Gabrielle dans la lumière déclinante. "Hé."

La barde tourna la tête et lui jeta un coup d'œil, une légère appréhension perceptible se reflétant dans les lignes de son corps. "Ouais ?"

"Qu'est-ce qui ne va pas ?"

Gabrielle prit une inspiration. "Qu'est-ce qui te fait croire qu'il y a quelque chose ?"

Xena la fixa dans un silence inquiet.

Un cri attira leur attention et elles levèrent les yeux pour voir Ephiny qui leur faisait signe. Gabrielle soupira. "Rentrons... puis nous parlerons, d'accord ?"

La bonne humeur de la guerrière disparut, remplacée par un rongement sourd au creux de son estomac qui menaçait d'expulser son contenu. "Ok." Répondit-elle doucement, alors qu'elles se frayaient un chemin à travers les Amazones pour rejoindre la Régente.

Son seul réconfort était la prise ferme de la main de la barde sur la sienne, qui semblait ne pas vouloir la lâcher.

************************************************

Il faisait nuit lorsque tout le monde fut enfin installé, les Amazones de Jonae avaient été dirigées dans le verger au loin dans des tentes préalablement montées, dans lesquelles elles s’étaient glissées avec reconnaissance. De grandes quantités de nourritures froides, de fruits et de pains ainsi que du fromage et de la viande séchée avaient été distribuées à celles qui avaient faim et Xena avait reçu une assiette directement des mains d'une Eponine à l'air pressé.

"Tiens... Je sais que Gab a généralement faim... Il faut que j'enlève ces cuirs, je crois que j'ai des fourmis dedans."

"Merci." Répondit Xena tranquillement, avant de prendre une profonde inspiration et de regarder autour d'elle, repérant Gabrielle qui s'esquivait d'un groupe d'Amazones et se dirigeait vers ses quartiers. "Je serai là-bas si tu as besoin de quelque chose."

"Bien sûr... bien sûr... " Eponine se gratta les cheveux. "Hé... pour ta gouverne, tu n'es pas tirée d'affaire pour aujourd'hui... Je te revaudrai ça."

"Ouais... ok." La guerrière s'éclipsa dans l'obscurité, en direction de sa compagne.

Eponine la suivit du regard, perplexe. "Qu'est-ce qui se passe avec elle ?" demanda-t-elle à Ephiny qui venait de la rejoindre. "Elle est plus silencieuse qu'une souris depuis notre retour... Tu lui as dit quelque chose ?"

La Régente fixa la grande silhouette. "Non... je l'ai questionnée plus tôt sur l'agencement de l'avant-poste... elle semblait bien... un peu avare sur les mots, mais on parle de Xena alors..."

Elles regardèrent toutes les deux la guerrière pénétrer dans les quartiers de la Reine, puis haussèrent les épaules et se dirigèrent vers le réfectoire.

Gabrielle était allongée sur le dos, profitant du silence lorsqu'elle entendit des pas s'approcher et tourna la tête pour voir des yeux bleus familiers qui la regardaient depuis l'entrée. "Hé... Dieu merci, c'est fini."

Xena entra et posa l'assiette sur le bureau de Gabrielle, avant de se diriger vers le banc et de s'asseoir. "Pony nous a donné ça."

La barde se redressa sur ses coudes et regarda l’assiette. "Bien... tu t’es déjà servie ?"

"Je n'avais pas faim."

Gabrielle étudia la posture calme de son amante, qui pour toute autre personne aurait semblé calme et insouciante.  A ses yeux, en revanche, la tension de Xena était douloureusement évidente. Elle soupira, roula hors du lit et se dirigea pieds nus vers l'endroit où la guerrière était assise, la poussant sur le banc pour avoir de la place avant de se laisser tomber à côté d'elle, laissant leurs cuisses et leurs épaules se frôler.  Elle sentit Xena s'appuyer un peu contre elle et elle leva les yeux, observant le visage de la guerrière. "C'était une journée bizarre."

"Mmm."

"Je me suis réveillée assez malade... J'ai trop bu hier soir, même si je pensais que trois tasses étaient plutôt sûres."

La guerrière leva un sourcil.

"Elles avaient organisé une de leur soirée dehors hier soir... il n'y a pas assez de place pour tout le monde dans le réfectoire."  Gabrielle prit une grande inspiration. "Xena... les Amazones ont ces traditions..."

Xena sentit un poids se resserrer autour de sa poitrine et elle déglutit prudemment. "Oui, elles en ont." Elle força sa voix à rester dans un registre normal.

"Qu’est-ce que tu en penses de ces traditions ?" demanda Gabrielle, doucement.

Xena resta sans voix, repoussant les vagues d'émotions qui menaçaient de la submerger avant qu'elle ne puisse y mettre un terme et répondre à la question. "Eh bien. "Sa voix semblait distante et elle fut surprise par son ton calme. "Je suppose que ça a son utilité."

Gabrielle posa une main sur son genou, sentant la tension vibrante juste sous la peau. "C'est ce qu'Ephiny a dit... qu'elles faisaient ça pour aider à soulager la tension... ou parce que ça participe à développer l’expérience."  Elle traça un motif prudent sur la peau douce. "Eph m'a appris cette danse hier soir." Les muscles restèrent immobiles. "Mais je n'ai pas pu." Elle leva finalement les yeux vers le visage de la guerrière, trouvant le regard de Xena sur elle. "Cela ne me semblait pas …bien."

Xena ferma les yeux et se lécha les lèvres plusieurs fois alors que les muscles de sa mâchoire se contractaient et bougeaient sous la peau. "Je suis heureuse que tu aies ressenti ça." Répondit-elle très doucement. "Mais tu es une femme adulte, Gabrielle et tu as le droit de choisir ce que tu veux faire de ton propre corps."

"Mmm." Approuva Gabrielle. "Comment te serais-tu sentie si je l'avais fait ?"

Xena se tut si longtemps que la barde en avait presque conclu qu'elle n'allait pas répondre et elle était sur le point de retirer sa question. Mais alors qu'elle ouvrait la bouche pour lui dire, Xena releva lentement la tête et la regarda ouvertement. "Cela m’aurait fait vraiment mal."  Admit-elle doucement.

La franchise de cette réponse lui mit les nerfs à vif et elle tendit la main vers Xena, pour capturer la sienne et la serra doucement en sentant le froid inhabituel de sa peau. Les doigts se resserrèrent autour des siens et elle vit la tension se relâcher dans les yeux de la guerrière. "Ephiny a essayé de me convaincre que cela n'avait pas d'importance... Je ne comprends pas, Xena... Comment cela pourrait-il ne pas avoir d'importance pour elles ?"

La guerrière secoua légèrement la tête. "Peut-être que pour elles ça n'en a pas." Elle parla très calmement. "Mais quand deux personnes ont traversé ce que toi et moi avons traversé... juste pour être ensemble... juste pour rester ensemble... les petites choses prennent une signification très profonde." Elle hésita. "Tout a de l'importance."

C'était vrai, d'une manière que son cœur comprenait, dépassant la simple logique. "Mmm... tu as raison." Accepta-t-elle doucement. "Nous n'avons jamais parlé de ça avant."

Xena souffla. "Non, nous n'en avons jamais parlé."

Gabrielle étudia son profil. "Je n'étais pas... sûre, je veux dire..." Elle chercha une façon d'expliquer. "Je suppose que j'aurais pu te demander... mais après toute cette histoire avec Toris... Je ne sais pas... tu semblais d'accord avec ça... Je n'étais pas vraiment sûre de ce que tu ressentais à propos de... ce genre de choses."

La guerrière resta silencieuse pendant quelques instants, puis elle releva la tête. "Je n'étais pas d'accord avec ça."

La barde cligna des yeux. "Quoi..."

"Ça me dérangeait beaucoup."  Admit Xena lentement. "Ça me dérange toujours."

Gabrielle la regarda fixement, choquée. "Par Hadès, pourquoi n'as-tu rien dit ?"

Xena poussa un long soupir. "Comment aurais-je pu ? Je savais à quel point tu voulais un enfant... et je savais que je ne pouvais pas te le donner."  Son regard se posa sur le sol. "J'étais coincée entre deux épées très tranchantes."

"Xena..." Gabrielle se sentit mal.

"Et... ça ne faisait pas si longtemps qu'on était à nouveau ensemble, je croyais..." La voix de la guerrière tremblait. "Et après tout ça... comment aurais-je pu te refuser ça ?"

"Par les Dieux." La barde appuya sa tête contre l'épaule de sa compagne.

Xena prit une respiration tremblante. "Alors... oui, ça aurait compté pour moi, Gabrielle." La barde releva la tête et se retrouva face à des yeux d'un bleu intense. "Tu es à moi et je ne veux te partager avec personne."

Elle n'avait jamais senti le lien entre elles aussi fort. C'était presque visible pour elle, alors qu'elle rencontrait ce regard féroce et elle lui renvoya son regard. "Je pense que tu sais que je ressens la même chose pour toi." Répondit Gabrielle. " Je suis désolée... Par les Dieux, je suis tellement désolée que tu aies ressenti ça pour Toris... J'aurais aimé que tu me le dises.... Xena, tu ne sais pas encore que tu es ce qu’il y a de plus importante dans ma vie ?"

Xena cligna des yeux. "Je suis désolée. Tu as raison. J'aurais dû le faire." Répondit-elle, calmement. "C'était très difficile pour moi de penser à ce moment-là."

Gabrielle soupira et baissa la tête. "C'était le cas pour moi aussi." Admit-elle. "Sinon, j'aurais pensé à m'assurer que tu allais bien. "Une hésitation. "Je pense que j'essayais tellement de te rendre... quelque chose que je t’avais pris..." Elle s'arrêta et leva les yeux, espérant une compréhension et en trouvant plus qu'elle n'aurait osé espérer. "Tu le savais."

Une main se leva et toucha sa joue. "Oui." Xena la regarda tristement. "Je voulais la même chose pour toi." Elle prit quelques respirations. "Quand j'ai vu cette tache de naissance... J'ai pensé que peut-être nos deux rêves étaient devenus réalité."

Le regard de la barde s’adoucit et elle absorba les mots, goûtant leur douceur dans un plaisir simple. Elle couvrit la main de Xena avec la sienne, puis elle tourna un peu la tête et embrassa légèrement la paume. "Ils l'ont fait."

Xena se rapprocha d'elle et attira la barde sur ses genoux alors que cette dernière enroulait ses bras autour du corps de sa compagne pour l'étreindre de toutes ses forces. Elle sentit Xena lui caresser les cheveux, comme elle le faisait toujours pour la réconforter et l'horrible tension qui s'était emparée de la guerrière se dissipa, alors qu’elle se mêlait à la sienne dans un enchevêtrement de chaleur et de soulagement.

Les ténèbres s'amoncelèrent autour d'elles alors que le crépuscule disparaissait, ne laissant que la lueur de leur bougie projeter une lumière dorée dans la pièce. Dehors, les bruits des guerrières en mouvement les entouraient, mais un silence confortable régnait à l'intérieur, alors que la brise douce et fraîche balayait les cheveux sombres et clairs, les emmêlant dans des rafales irrégulières...

"Tu vas bien ?" demanda finalement Gabrielle, dans un murmure.

"Oui." Répondit la guerrière. "Je suis contente que tu me l'aies dit."

Le battement de cœur sous son oreille était maintenant lent et régulier. "Je me suis souvenue de ce que tu avais dit à propos de vouloir savoir." Elle s'arrêta quelques instants, fermant les yeux.

"Je suis un peu surprise par Eph". Remarqua Xena avant de soupirer. "Je ne pensais pas qu'elle... enfin, bref."

Gabrielle fronça les sourcils. "Hum ?" Puis elle fit le rapprochement. "Oh... non... elle... Je veux dire, elle m'a montré la danse, parce que je le lui ai demandé, mais elle n'a jamais... hum... par les Dieux, Xena... elle est notre amie... non..."

"Je pensais..." Les yeux bleus captaient la lumière de la bougie, se reflétant dans la pénombre.

"Par les Dieux, non... c'était Gillen." La barde secoua la tête. "Je veux dire, tout le monde devenait un peu... audacieux...". " Elle jeta un coup d'œil à son âme sœur. "Alors elle a franchi la ligne... et je lui ai dit non merci."

"Ah." Xena se sentit mieux à ce sujet.

"Oui... elle m'a traitée de poule mouillée."

"Qu’elle aille se faire voir."

Gabrielle se racla un peu la gorge. "Eh bien, je lui ai dit que personne ne pouvait être à la hauteur de ce à quoi je suis habituée."

La guerrière ricana en retour. "Tu lui as dit ça ?"

"Euh, ouais.... A voix haute, en quelque sorte..."

"Ah..."

"Devant tout le monde."

Xena ne répondit pas.

Gabrielle sourit dans l'obscurité. "Tu rougis. Je peux le sentir."

On frappa doucement à la porte. "Ma Reine... les autres Reines et Ephiny demandent votre présence dans la salle du conseil."

Gabrielle soupira. "Elles ne peuvent pas me laisser tranquille au moins une fois." Murmura-t-elle avant de prendre une grande inspiration.

"La Reine est occupée." Répondit Xena pour elle, d'une voix basse et sans équivoque. "Et le sera toute la nuit."

Le silence se fit de l’autre côté de la porte. Gabrielle expulsa le souffle qu'elle avait pris et se repositionna dans son nid chaud avec un petit grognement satisfait.

"Mais..." revint la voix.

"Si quelqu'un a un problème avec ça... il n'a qu'à venir en discuter avec moi." Grogna Xena. "Personnellement."

Le silence se fit à nouveau. "Oui, m'dame." La voix se retira finalement, docilement.

Et la paix revint.

*********************************************************

Xena n'avait pas souvent vu le soleil se lever depuis le confort d'un lit. Mais cette fois, elle regarda placidement les barres d'or traverser le sol et peindre les couvertures, qui étaient soigneusement bordées autour d'elle et de la barde assoupie, enroulée dans ses bras.

Dehors, elle pouvait entendre les bruits d'un jour naissant, mais elle n'avait aucune intention de remuer jusqu'à ce que Gabrielle le fasse, qu’Hadès vienne saluer les Amazones ou quoi que ce soit d'autre.

Après leur conversation de la nuit dernière, elle avait été complètement épuisée et ce matin elle se sentait encore fatiguée, se contentant de laisser ses yeux à moitié fermés alors que le soleil brillait sur les cheveux clairs de la barde et donnait à sa peau une teinte dorée.

Pourtant, elle était heureuse que Gabrielle lui ait dit. Le fait que la barde ait senti qu'elle pouvait aborder le sujet, plus comme une question honnêtement curieuse que comme une trahison perçue, en disait long sur la stabilité de leur relation, étant donné qu'elles avaient toutes les deux pris beaucoup de coups dans ce domaine il n'y a pas si longtemps.

Et si elle s'arrêtait pour y penser, comment Gabrielle pouvait-elle savoir ce qu'elle ressentait vraiment à ce sujet, hein ? Ce n’est pas comme si elle l’avait déjà exprimé auparavant ? Le plus loin qu'elle ait été, c'est d'admettre un certain malaise lorsque Gabrielle lui avait demandé, le jour où elle et Toris....... Xena soupira intérieurement. Je suis toujours aussi nulle pour gérer mes propres sentiments... même après toutes ces années... par Hadès qu’est-ce que j’aurais fait si elle avait couché avec quelqu'un d'autre ?

Elle grimaça par pur réflexe. Par les Dieux, je suis contente qu'elle ne l'ait pas fait.

Le soleil s'éleva un peu plus, soulignant les sourcils sombres qui se contractèrent soudainement et se soulevèrent légèrement, alors que la guerrière se souvenait de ce que la barde avait dit à ses prétendantes, et un léger sourire, quelque peu embarrassé, se dessina sur le visage de Xena. Cela a dû faire mal... s'il y a une chose dont les Amazones étaient fières, en dehors du combat, c'était leur capacité à plaire et à donner du plaisir et Gabrielle avait carrément annoncé qu'aucune d'entre elles ne pourrait jamais se mesurer à sa Consort... choisie ostensiblement en dehors de la Nation.

Bon sang. La guerrière regarda sa compagne qui dormait d'un air satisfait, avec perplexité. Comme si tu savais ce qu'il en était, hein ?

Gabrielle se réveilla à moitié et se blottit davantage contre elle, produisant un faible marmonnement de plaisir alors que sa prise se resserrait et que leurs corps s'enroulaient l'un autour de l'autre. Xena ferma les yeux alors que l'afflux de sang en pure réaction lui envoya des picotements et elle laissa échapper un souffle, réalisant quelque chose de très important.

Cela n'avait rien à voir avec ses talents d'amante. C'était leur lien, la connexion entre elles et l'amitié profonde qui faisaient la différence entre Gabrielle et toute autre personne avec qui elle avait fait l'amour. Chaque contact, chaque caresse portait des couches de signification que le contact physique pur ne pourrait jamais reproduire.

Elle se sentait presque désolée pour les Amazones.

Elle ouvrit un œil paresseusement lorsqu’elle entendit des bruits de bottes approcher. Mais pas trop désolée. Elle détecta la voix d'Ephiny et reconnut le bruit des pas d'Eponine. Et si elles voulaient croire qu'elle était le cadeau d'Aphrodite à l'humanité... Un sourire malicieux se dessina dans la lumière du soleil. Qui était-elle pour s'y opposer ? Elles ne le sauraient jamais, ni dans un sens ni dans l'autre.

La tête bouclée d'Ephiny passa la porte et Xena s'étira luxurieusement, drapant un bras protecteur sur son amante. Elle releva un sourcil. "Ouiiii ?" dit-elle d’une voix trainante, appréciant le regard consterné de la Régente.

L'Amazone s'appuya sur le cadre de la porte et posa une main sur une hanche. "Vous allez rester au lit toute la journée ?"

"Ce n’est pas ce que tu voudrais ?" Vint la réponse endormie, alors que la barde ouvrait les yeux et regardait vers la porte. Gabrielle avait les mains pressées contre le ventre de sa compagne et elle sentit les vibrations lorsque Xena rit silencieusement.

Le corps nu qui l'enveloppait sentait bon et chaud et la tentation était grande de se laisser retomber dans la brume sensuelle de la nuit dernière, après qu'elles eurent passé des heures à se faire plaisir. Son corps se sentait très rassasié et elle n'avait aucune envie de bouger.

Cependant. Il y avait cette histoire de Reines Amazones à régler.

 A contrecœur, Gabrielle se retourna, se plaçant contre le corps de sa compagne et soutint sa tête d'une main. Un long bras glissa sur elle et l’entoura délicieusement. Elle leva les sourcils vers sa Régente. "Le traité est signé, nous n'allons nulle part avant la fin de la fête de ce soir, et... " Elle inclina la tête, entendant un grondement sourd. "Il va bientôt pleuvoir."

Ephiny soupira. "C'est vrai, c'est vrai, et c'est vrai... et oui, pour répondre à ta question, c’est ce que je ferais aussi." Répondit-elle en tirant la langue, complimentant indirectement la grande guerrière, qui inclina gracieusement la tête. "Mais je ne voulais pas que tu rates les jeux... J'aimerais que tu juges certains d'entre eux."

"Mmm."

"Si ça ne te dérange pas trop." ajouta Ephiny d'un ton ironique. 

Gabrielle reposa sa tête contre la clavicule de Xena, et sentit la douce pression exercée par la guerrière sur son ventre. Il lui fallut toute sa volonté pour ne pas fermer les yeux et céder aux désirs de son corps, et pendant un long moment, elle caressa l'idée de refuser.

Puis elle soupira. "D'accord... mais tu dois me laisser le temps d'aller chercher un petit pain ou autre chose... si je joue les juges le ventre vide, je finirai par disqualifier la moitié des gens qui y participent."

Ephiny secoua la tête en signe de désespoir, puis se retourna et sortit, s'arrêtant près de la porte pour leur lancer un dernier regard. "Je vais faire envoyer quelque chose." Elle poussa Eponine pour qu’elle l’accompagne et renifla en s'éloignant.

Gabrielle gloussa doucement. "Elle va nous tuer, n'est-ce pas ?"

"Mmm." Xena baissa la tête et mordilla la nuque de sa compagne, entendant la soudaine inspiration de celle-ci et elle sentit son corps réagir sous les doigts qui la caressaient en retour. "Peut-être."

La barde roula sur le dos et la regarda à travers des yeux à demi fermés. "Tu cherches à me donner une réputation, partenaire ?"

Xena répondit par un sourire sexy. "Je te renvoie juste l'ascenseur, ma Reine."

"Oooh..." Gabrielle retint un rire. "Je suis dans le pétrin."

La guerrière se pencha sur elle et lui mordilla le ventre et le nombril avec des touches douces et aguicheuses. "Oui, tu l'es." Elle souffla sur la peau douce, alors que les muscles sous elle se tendaient et que des doigts passaient légèrement dans ses cheveux. 

"Mmmm."  La barde poussa un doux gémissement alors que le feu entrait en éruption dans ses entrailles et se propageait, faisant réagir son corps et envoyant ses mains vers la chaleur solide qui la frôlait maintenant. "Xena, on ne peut pas..."

Le contact se fit plus léger, puis dansa le long de son ventre, et quand elle ouvrit les yeux, elle regarda droit dans ceux de Xena, qui s'étaient apaisés et la regardaient d'un air désolé.

"Désolée."  La guerrière baissa la tête et leurs lèvres se rencontrèrent, se goûtant mutuellement. Puis Xena posa son front sur celui de sa compagne et frotta son nez contre le sien. "Nous avons des choses à faire, je sais."

Gabrielle laissa échapper un long soupir nostalgique, levant une main pour caresser le visage de son âme sœur. "Sais-tu ce que je souhaite ?"

La bouche de Xena se transforma en un sourire. "Oui."

La barde sourit en retour et elles se regardèrent pendant un long moment de paix.

Puis Xena roula sur le dos et s'assit, passant de longs doigts dans ses cheveux ébouriffés avant de frotter son cou. "Je ferais mieux de m'habiller avant qu'elles n'envoient une de ces amazonettes ici et qu'on fasse parler de nous dans tout le village." Elle sortit du lit et lança à Gabrielle une chemise propre de leur sac, puis elle en prit une pour elle et la fit glisser sur sa tête.

"Ouais, ouais." Gabrielle fit de même, puis elle se leva et se dirigea en trottinant vers le bassin d'eau, enfonçant ses mains dedans et glapissant un peu, alors qu'elle s'aspergeait la tête d'eau froide. "Ow... c'est comme de la glace !"  Elle prit le morceau de lin que sa compagne lui tendait et se frotta le visage, le laissant rougir et picoter. "Ok. Je suis réveillée."

Xena rit puis se rendit à son tour vers la bassine d’eau. Quand elle eut fini sa toilette, elle se dirigea vers la fenêtre, s'appuyant sur le rebord pour regarder les préparatifs à l'extérieur.  Déjà, un groupe de guerrières s'entraînait, le son des épées se heurtant les unes aux autres se distinguant à travers le terrain.

Humm. Xena sentit le bout de ses doigts frémir d'impatience et elle laissa apparaître un sourire calculateur.

"Tu penses te joindre à elles cette fois-ci ?" La voix de Gabrielle contenait une touche de curiosité.

"Mmhm." La guerrière répondit sans hésiter. "Un peu d’exercice ne me ferait pas de mal." Elle serra ses mains. "J'ai encore beaucoup de travail à faire dans ce domaine."

Gabreille lui frotta doucement le dos. "Je pense que je vais passer mon tour cette fois." Elle attendit que son âme sœur se retourne, puis elle tira sur l'ourlet de sa chemise. "Veux-tu danser avec moi ce soir ?"

Le visage bronzé se fendit d’un franc sourire en réponse.

************************************************

"Très bien... nous sommes prêtes." Soupira Ephiny en croisant les bras. Elle vint se placer à côté de Gabrielle qui observait tranquillement. La place était remplie d'Amazones, les plus âgées habillées de leurs plus belles plumes et cuirs, se surpassant en perles et parures. Les jeunes se réunissant en petits groupes et discutant des compétitions de la journée, certaines arborant des coups et des bleus, d'autres drapées de rubans qui témoignaient de leurs prouesses sur le terrain.

Au centre, un feu était soigneusement entretenu et l'équipe de cuisinières, agenouillées à proximité, remplissait des plateaux en bois de viandes et de poissons rôtis, ainsi que d'une sélection de pains et de fruits. L'odeur était merveilleuse, un mélange de fumée de bois et de cuisson et les sons des rires résonnaient dans la foule, alors que les femmes commençaient à s'installer sur des plateformes en bois pour profiter de la nuit.

Un doux son de tambour commença, alors que les musiciennes s'échauffaient et une joueuse de cornemuse envoya quelques notes s'envoler vers le ciel. Ephiny se tourna pour observer le visage de son amie, tandis que la barde étudiait la foule. "Merci pour ton aide aujourd'hui... ces deux concours avaient vraiment besoin d'être départagés avec tact... tu es incroyable pour ça."

Gabrielle leva les yeux vers elle et lui sourit. "Merci... c'était assez difficile avec toutes ces combattantes... elles sont devenues très compétitives."

Ephiny hocha la tête. "Oui, c'est vrai... il y avait beaucoup de plumes qui volaient... et de rubans donnés..." Elle remarqua qu'Eponine approchait, habillée de son propre ensemble de trophées colorés, une boîte en bois dans ses mains. "Il n'en reste qu'un à donner."

Gabrielle tendit les mains et prit la boîte des mains de la maîtresse d'arme, l'ouvrant pour y trouver un jeton tressé d'un blanc pur. Un minuscule sourire dessina ses lèvres, puis elle referma la boîte en silence. "Très bien... allons-y."

Les Amazones rassemblées, des centaines d’entre-elles entassées dans un espace presque trop petit pour les contenir, se turent lorsque Gabrielle s'avança vers l'avant de sa plateforme, surélevée au-dessus de l'espace, avec Ephiny à ses côtés. Gillen, Aslanta et Jonae la rejoignirent, se rangeant autour d'elle en faisant des ajustements de dernière minute sur leurs cuirs surchargés d'ornements.

La barde s'éclaircit doucement la gorge et jeta un coup d'œil à ses propres cuirs neufs de couleur fauve, avec leur ceinture ouvragée et leurs bracelets assortis. "Est-ce que ce n’est pas un peu trop ?" Murmura-t-elle à Ephiny, à voix basse.

La Régente étouffa un gloussement et lui donna un coup de coude. "Allez... finis-en... qu'on puisse manger. Je suis affamée et si je n'enlève pas ces stupides brassards, ils vont me rendre folle. "

Gabrielle redressa un peu ses épaules, remettant sa cape en place et releva la tête. Elle prit une profonde inspiration et projeta sa voix à travers la foule avec une aisance exercée. "Bienvenue, Amazones."

Un faible murmure répondit.

"Nous accueillons encore une fois ici nos sœurs Amazones, qui ont décidé de se joindre à nous dans ce combat, pour rejoindre une force qui fera reculer un grand mal."

Un autre cri sourd fit écho dans la place.

"Aujourd'hui, les Amazones ont prouvé, dans tous les concours, qu’elles possédaient les compétences qui permettront d'y parvenir." Poursuivit Gabrielle. "Beaucoup d'entre vous portent les rubans de la réussite. Je vous en félicite."

Un cri plus fort retentit cette fois et des acclamations suivirent.

La barde prit une profonde inspiration et se redressa un peu plus, si c'était possible. Elle pouvait sentir les yeux des autres Reines sur elle et le soutien d'Ephiny à ses côtés. "Et comme chaque concours ne peut avoir qu'une seule gagnante, de même, il ne peut y en avoir qu'une seule d’entre-nous qui s'élève au-dessus de toutes les autres et revendique son rang sans contestation."

Un silence total tomba sur la place.

"Que la Grande Championne s'avance."

Le bruit des bottes sur la plate-forme en bois résonna, tandis que la grande forme apparaissait dans le cercle de lumière du feu, traversant une foule qui se séparait révérencieusement sur son passage, alors que la longue cape sombre qui drapait ses épaules se mouvait gracieusement à chacun de ses pas.

Leurs regards se croisèrent et ne se quittèrent plus, jusqu'à ce que la barde et la guerrière soient face à face et que Xena s'arrête, un sourire à peine perceptible sur le visage. Elle redressa les épaules et leva le menton tandis que Gabrielle sortait le ruban de sa boîte avant de remettre la boite à Eponine qui attendait.

Pendant un moment, Gabrielle se contenta d'étudier son âme sœur, debout, si fière et immobile, vêtue de son cuir noir et de son armure de cuivre, dépassant de tête et des épaules presque toutes les Amazones et qui semblait étonnamment encore plus grande avec sa cape soigneusement drapée et son armement complet.

Elle n'avait pas seulement gagné. La barde ne put retenir un sourire alors qu'elle s'avançait et passait le ruban autour du cou de sa compagne. Elle avait pris le terrain d'assaut, battant des championnes Amazones dans tous les domaines, du tir à l'arc à la boxe, pour finir par un combat à l'épée au coucher du soleil qui avait duré presque une bougie et s'était terminé lorsque Xena avait brisé l'épée de son adversaire en trois morceaux, alors que les derniers rayons de lumière illuminaient sa forme triomphante.

Elle avait ensuite levé son arme pour saluer sa Reine, qui se trouvait justement là, à la regarder.

Bien sûr.

Le protocole exigeait qu'elle donne au vainqueur une poignée de main. Au lieu de cela, la barde avait entouré le cou de Xena, lui avait fait baisser la tête et l'avait embrassée, avant de la relâcher sous les acclamations.

Un sourire de satisfaction traversa le visage de la guerrière, puis elle tendit la main et toucha l'une des plumes qui pendait de la tenue de Gabrielle. "Puis-je ?"

La barde regarda la plume puis la regarda avec perplexité. "Bien sûr." Elle la décrocha, puis hésita. "Est-ce que tu... hum..."

"Ouais." Les yeux bleus scintillèrent doucement.

Gabrielle attacha son ornement à la sangle de l'armure de Xena, où il se balança doucement dans la brise. "Voilà...beau travail, tigresse." Murmura-t-elle, adressant à la guerrière un sourire empli de fierté, puis elle lui tendit la main, que Xena prit et elle l'attira à ses côtés pour faire face à la foule. Leurs mains restèrent jointes alors que les Amazones l’honoraient avec des cris et des sifflements. La guerrière leva une main en signe de reconnaissance, puis elles reculèrent et s’assirent sur le rembourrage en cuir, tandis que la musique montait à nouveau en flèche et que les serveuses commençaient à se déplacer dans la foule.

Xena étendit ses jambes le long de la plate-forme et regarda sa poitrine, où le ruban se détachait nettement sur son cuir sombre.

Elle n'avait pas vraiment eu l'intention de faire ça.

Vraiment.

Elle avait commencé par faire un peu d’étirements, juste pour détendre ses muscles et s'entraîner un peu... puis Eponine était arrivée.

Et les dinars avaient commencé à passer.

Et puis c'est devenu une question de fierté, et les Dieux seuls le savent, elle en avait plus que sa part. Une fois qu'elle avait commencé, elle avait su qu'elle devait aller jusqu'au bout, alors... elle s'était résignée et l'avait fait, en mettant toute l'énergie qu'elle pouvait rassembler jusqu'à ce qu'elle regarde autour d'elle et réalise qu'elle avait gagné.

"Alors." Gabrielle venait de finir sa conversation avec Jonae et lui tapotait la jambe. "Ça fait quoi d'être la meilleure des têtes de plume ?"

Xena s'appuya sur ses mains et remua ses pieds bottés. "Je vais le regretter demain matin." la prévint-elle. "J'ai pris une raclée dans certaines de ces satanées épreuves".

"Oh... pauvre vieille chose." Gabrielle s'approcha et lui tapota la joue. "Je vais devoir te faire un massage plus tard." Elle leva les yeux au moment où une serveuse arrivait et accepta deux chopes. "Merci." Elle en tendit une à la guerrière. "Tiens... tu l'as mérité."

Xena se redressa et s'assit, jambes croisées, avant de prendre la chope et de l’entourer de ses deux mains tandis qu'elle reposait ses coudes sur ses genoux. Elle était consciente des regards posés sur elle et elle leva les yeux, observant la foule d'Amazones qui discutaient et attrapaient des plateaux, ne parvenant plus à savoir à quelle Nation elles appartenaient.

C'était une bonne chose. Elles seraient une force efficace, une fois qu'elle les aurait entraînées, et pour la première fois, elle commença à se sentir un peu mieux face à leurs chances. Si Gabrielle pouvait obtenir l'accord de quatre Nations Amazones et rajouter celui des Centaures...

Tout le reste devrait être un jeu d'enfant.

Les plateaux de nourriture commençaient à arriver et Xena se détendit, s'allongeant sur le côté et elle étendit ses longues jambes vers le bord de la plate-forme, s'appuyant sur un coude tout en tenant sa tasse de l'autre main.

Elle sentait les yeux sur elle et elle regarda nonchalamment autour d'elle, rencontrant le regard calculateur de Gillen pendant un long moment spéculatif.

Puis un coup de coude se fit sentir sur sa jambe et elle rompit le contact visuel, tournant à moitié la tête pour voir Gabrielle s'installer dans la courbe de son corps, portant un plateau de petites gourmandises, dont l'une lui fut promptement offerte.

Elle l'accepta avec un délicat claquement de dents blanches et sourit par réflexe à l'expression d'affection non dissimulée sur le visage de la barde. Xena jeta un coup d'œil nonchalant tout en mâchant le morceau et découvrit que Gillen la regardait à nouveau.

Un sourcil sombre se leva et un sourire féroce apparut.

Elle est à moi.

Elle adopta sa meilleure attitude de princesse guerrière et s'enroula autour de la femme qui s'appuyait contre elle, gonflant un peu sa cape et elle la replia autour des jambes de la barde, consciente de l'aspect primitif de cette attitude.

Gabrielle s'adossa davantage sur elle et la lumière du feu accrocha le tatouage sur son bras, renvoyant le regard du faucon aux yeux attentifs de son amante. Elle leva le bras et en traça le contour, regardant la chair de poule apparaître, suivant le tracé de son doigt.

Quand elle se retourna, les yeux de Gillen étaient fermement fixés sur autre chose.

"Pourquoi ce sourire en coin ?" demanda Gabrielle, en lui offrant un morceau de viande délicieusement épicée.

"J'ai souri, moi ?" Xena gloussa. " Tu as dû l’imaginer."

*****************************************

Le feu brûlait à feu doux depuis quelques temps lorsque les tambours changèrent de rythme, devenant des motifs insistants qui capturèrent les esprits. Sans qu'on les y incite, les corps commencèrent à se déplacer et se tourner autour et un chant grave s'éleva, rejoignant la musique de la cornemuse à mesure que le tempo augmentait.

Gabrielle se contenta de regarder jusqu'à ce qu'elles soient seules sur la plate-forme, les autres Reines étant descendues pour se joindre à la fête, leurs pas se balançant un peu sous l'influence du vin. Elle était adossée à sa compagne, qui avait le menton posé sur l'épaule de la barde, alors qu'elles contemplaient toutes les deux le feu, respirant doucement à l'unisson.

"Hé, Xena ?" Gabrielle était consciente d'un léger flou dans ses paroles, mais elle savait que sa compagne comblerait les lacunes.

"Mmm ?" Le ronronnement grave dans l'oreille de la barde la chatouilla presque.

"Eph m'a dit de te demander directement à propos de ça..."

"Mmm ?"

"A propos des .. sousvetmcostible..." Gabrielle s'arrêta et se racla la gorge. " A propos des sous-vêtements comestibles."

Les yeux bleus s’arrondirent et Xena la regarda fixement. "Excuse-moi ?" Le vin qu'elle avait bu avait certainement fait retomber la pression, mais elle n'était pas dans un état aussi flou que sa jeune compagne.

"Tu sais...des culottes que tu peux manger." La barde changea de tactique. "Qu'est-ce que ça veut dire ?" Elle tira sur les cuirs de la guerrière. "Tu en as ?"

"Hum." Xena s'éclaircit la gorge. "Non... enfin, pas pour le moment... hum... c'est une... sorte de... hum..."

La barde renversa sa tête en arrière et regarda la guerrière. "Tu bafouilles."                                 

"Oui, je sais... c'est... c'est quelque chose qui vient d'Extrême Orient, Gabrielle... en papier de riz. " réussit à expliquer Xena. "Tu... tu peux les porter, mais ils... se dissolvent dans l'eau."

"Oh."

"Ou d'autres fluides."

"Ah." Gabrielle y réfléchit un moment. "C'est plutôt stupide, Xena... comment... combien de temps peuvent-ils tenir ?"

Xena se déplaça et se pencha en arrière, entraînant sa compagne avec elle. "Ils... ne sont pas censés durer longtemps, chérie." Murmura-t-elle dans son oreille. "Ils ont des saveurs... tu les grignotes en quelque sorte."

Un silence de mort s’ensuivit alors que Gabrielle fronçait les sourcils, perplexe. Puis elle éclata de rire... "Tu plaisantes !"

Xena rit à son tour. "Nan pas du tout... il existe bien pire, crois-moi... je t'en apporterai si tu en veux vraiment."

"Non merci." Gloussa la barde. "Quel défi cela représenterait ? Te sortir de tes cuirs est bien plus amusant."

Xena la regarda une minute, puis se mit à glousser à son tour.

Elles regardèrent toutes les deux la danse pendant un moment, les cercles se cassant parfois alors que des couples s'éloignaient dans la nuit, leurs mains déjà occupées alors qu'elles se fondaient dans l'obscurité. Des rires parvinrent jusqu'à elles et elles pouvaient voir les têtes se tourner vers elles, les regardant avec amusement.

"Tu sais... elles pensent vraiment que je suis qu’une bouseuse." Soupira Gabrielle, posant sa tête sur la cuisse de son âme sœur. "Je peux le dire... même après tout ça." Elle leva les yeux vers la guerrière "Pourquoi ?" 

Xena pencha la tête alors qu’elle réfléchissait à sa réponse. " Eh bien... la plupart de ces femmes ont été élevées dans des villages Amazones... on leur apprend à penser à... eh bien, à ne pas trop penser aux gens qui sont nés... hum... dans des endroits comme nous. "

"Nous ?" La barde fit rouler le mot dans sa bouche, le goûtant.

"Mmm... » Xena mit un doigt sur son nez. "Ta famille était bergère... la mienne aubergiste... toi et moi ne venons pas de milieux très différents, Gabrielle." C'était une simple déclaration de fait. "Donc... si tu es une bouseuse, moi aussi."

Gabrielle cligna des yeux plusieurs fois de stupéfaction. "Wow." Elle leva les yeux vers la guerrière. "Je n'y avais jamais pensé de cette façon... Nous parlons toujours de nos différences... mais d'une certaine façon, nous ne le sommes pas tant que ça, n'est-ce pas ?"

"Non."

"Hmph... peut-être que c'est pour ça qu'on s'entend si bien."

"Peut-être."

Elles restèrent silencieuses pendant un moment, puis la barde s'assit lentement et souffla un peu en écoutant les tambours. Après une minute, elle tourna la tête. "Tu veux leur montrer comment les bouseuses dansent ?" 

Xena repoussa une mèche de cheveux clairs de ses yeux. "Avec plaisir." Elle se releva et tendit la main à sa compagne, puis la garda pendant qu'elles descendaient vers le feu.

Elles traversèrent la première couche de corps qui dansaient et trouvèrent un petit espace inoccupé. Ou peut-être que l'espace s'était dégagé tout seul, au fur et à mesure qu'elles étaient reconnues, Gabrielle n'était pas sûre. Elle commença à faire la chorégraphie et observa son âme sœur faire de même, connaissant manifestement la danse aussi bien que n'importe quelle Amazone.

Mais c'était tellement différent de la dernière fois.

Le rythme la saisit et elle s'avança en même temps que Xena, toutes les deux se déplaçant ensemble, leurs yeux se rencontrèrent et elles échangèrent un sourire. La guerrière la frôla et elle laissa ses doigts glisser le long de son bras, sentant le cuir des bracelets de Xena sous son contact.

Elles se tournèrent et s'avancèrent à nouveau et cette fois, se furent les doigts de Xena qui frôlèrent légèrement sa joue en passant, laissant un soupçon de sourire derrière elles. "Tu sais..." murmura-t-elle alors que la guerrière la contournait, dégageant ses cheveux au passage. "Ce n'est pas si mal."

"Non ?" Le murmure chatouilla son oreille maintenant accessible et elle sentit des dents en grignoter le bord.

"Nu uh." Gabrielle pouvait sentir les tambours en elle maintenant et son corps bougeait avec eux, accueillant le contact qui glissait autour de son cou et la rapprochait de son amante, alors que ses mains tombaient pour attraper la taille de Xena.

Les tambours semblaient s'estomper un peu, alors qu'elles se rapprochaient l'une de l'autre et elle commença à sentir la chaleur corporelle qui se dégageait entre elles. Un regard vers le haut lui montra le sourire de Xena et elle sut que le sien était identique alors qu'elle se laissait aller à l'attirance animale qu'elle sentait se développer entre elles.

Plus près.

Elle pouvait sentir le cuir et le laiton maintenant et le soupçon de musc épicé qui déclencha une réaction au plus profond de ses entrailles. Les mains de Xena descendirent lentement le long de ses épaules et un son doux lui échappa. "Je crois que je commence à comprendre."

"Sans aucun doute." Vint la réponse taquine, avant que la guerrière ne déguste une nouvelle fois ses oreilles sensibles, ce qui la mit dans une excellente position pour goûter le cou de Xena et trouver son point de pulsation, qui sauta sous ses lèvres, au même rythme que les tambours.

Leurs corps glissèrent l'un sur l'autre et elle s'en félicita, désirant le contact de la peau de son amante sur elle. Elles se déplaçaient en parfaite harmonie, suivant le rythme du tambour et plaçaient leurs pas avec une aisance qui rendait hommage à leur proximité et au lien qui les unissait.

Gabrielle glissa une main vers le bas et sentit la courbe puissante du muscle le long de la cuisse de Xena, puis la chaleur soudaine d'un bras glissant autour de son dos avant d’être tirée vers le haut. Elle laissa sa main là où elle était, mais passa l'autre autour du cou de la grande guerrière, alors que leurs lèvres se rencontraient et la barde perdit la notion de tout pour un petit moment.

"Xena ?" Elle respirait difficilement et elle pouvait sentir la sueur.

"Uh ?"

"On ferait mieux de sortir d'ici, ou tu vas perdre cette armure."

Xena cligna des yeux, puis jeta un rapide coup d'œil autour d'elle, voyant des yeux se détourner hâtivement partout où elle posait son regard. "Je pense que nous n'aurons plus ce problème de bouseuse". Murmura-t-elle, alors qu'elle prenait simplement Gabrielle dans ses bras et sentait la barde s'enrouler autour d’elle autant qu'elle le pouvait. "Noa... " Des dents lui mordillèrent l'oreille alors qu'elle passait devant des Amazones bouche bée, laissant les tambours, les cornemuses et les danseuses loin derrière.

****************************************************

Gabrielle s'appuya sur la balustrade du porche entourant la salle du conseil, appréciant la lumière du soleil qui se déversait sur son corps et le vent frais qui balayait ses cheveux clairs sur son front.

C'était très calme. Seul le bruit faible du bois qui craquait du reste du feu de joie se faisait entendre. L’activité matinale à laquelle elle était habituée dans le village Amazone était presque totalement absente.

Même la salle à manger était silencieuse et la barde se doutait que le camp allait grignoter des restes froids, ce qui lui convenait parfaitement. Xena avait déjà récupéré un petit déjeuner pour la route et devait sûrement être en train de l'emballer avec le reste de leurs affaires pour qu’elles soient prêtes à partir.

Une fine brume bleue flottait au-dessus du village, principalement des restes de fumée provenant du feu, mais aussi un peu de brouillard de la rivière, et elle inspira une grande bouffée d'air avec un sentiment de bien-être animal. Elle se mit à sautiller et sentit un sourire s'épanouir sur son visage alors qu'elle savourait la vague d'énergie qui la traversait. Elle fit un signe de la main en apercevant Ephiny qui traversait le terrain en marchant vers elle. "Bonjour !"

"Shhh !" La régente lui fit un faible signe de la main. "Tu veux bien te taire ?"

La barde lui adressa un regard curieux. "Je n'étais pas si bruyante, si ?" Elle regarda son amie. "N'est-ce pas une belle matinée ?"

Ephiny monta les marches et s'appuya sur la rambarde à côté d'elle, levant une main pour ombrager ses yeux injectés de sang tout en la regardant d'un air renfrogné. "Tu sais, si tu n'étais pas la Reine, je te botterais le cul."

Gabrielle lui adressa un sourire féroce et posa ses mains sur ses hanches. "Je ne porte pas le masque... tu veux essayer ?" Ses yeux pétillaient. "Je suis d'humeur à m'entraîner un peu ce matin."

La Régente lui lança un regard mauvais. "As-tu la moindre idée de ce que tu as commencé hier soir ?"

La barde pointa un pouce sur sa propre poitrine. "Moi ?" Ses sourcils se contractèrent. "Qu'est-ce que j'ai fait ? On a juste fait ce truc de danse comme tout le monde... et pas très longtemps, en plus."

"Uh huh." Ephiny se frotta la tête. "Ensuite, vous êtes parties."

"Euh... ouais." Gabrielle rougit puis sourit. "Ça devenait un peu...um... intense."

"Non, vraiment ?" La Régente leva ses deux sourcils vers elle.

"Mmm.." La barde se rapprocha et la scruta de plus près. "Eph... c'est une marque de morsure que tu as ?"

"Hum ? Oh, ça ?" Ephiny montra son bras. "Ce n'est rien. Tu devrais voir ce que mon...." Elle regarda le rouge commencer à remonter le long du cou de Gabrielle. "Ne t'avise pas de rougir, Gabrielle ! C'est entièrement ta faute !" Elle agita un bras. "Par la Grande Artémis, femme... tu as donné le coup d'envoi de la plus longue orgie de l'histoire de ce fichu village... as-tu la moindre idée du temps de sommeil que j'ai eu cette nuit ? Environ un quart de bougie !"

La barde la regarda, les yeux écarquillés. "J'ai fait ça ?" dit-elle d’une voix complètement étonnée. "Comment ?"

De légers bruits de pas attirèrent leur attention et elles se retournèrent pour voir Xena se diriger vers elles, tenant les rênes d'Hercule et de Iolaus, la lumière du soleil matinal illuminant les chevaux et la guerrière d'une riche chaleur et fournissant des ombres pour que Arès puisse s'y faufiler tranquillement.

Xena avait les cheveux tirés en arrière et n'avait pas encore mis son armure par-dessus ses cuirs. Elle était couverte de gouttelettes d'eau scintillantes qui brillaient sur elle et qui s'envolèrent dans les airs lorsqu'elle secoua vigoureusement la tête avant de lever les yeux vers elles, le bleu de son regard contrastant vivement avec sa peau bronzée.

"Bonjour." La guerrière salua Ephiny cordialement. "Tu es la seule à être debout ?"

Ephiny lui grogna dessus, recevant un grognement de surprise de la part du loup qui trottait à ses côtés.

"Apparemment... et il semblerait que cela soit entièrement notre faute." Dit Gabrielle à son âme sœur de manière plaintive.

Xena s'arrêta de marcher et posa ses mains sur ses hanches, levant un sourcil en signe d'interrogation. "Notre faute ?" Elle regarda Ephiny. "Jolie marque... Pony n'avait plus rien à manger ?"

Ephiny se contenta de grogner.

La guerrière gloussa. "Allez, Gabrielle... Partons d'ici avant que tout le monde se réveille."  Elle secoua la tête puis monta sur Iolaus avant de s’installer confortablement sur la selle. Elle passa ses doigts dans ses cheveux humides et les libéra de leur emprise, les laissant tomber sur ses épaules. "Superbe matinée."

Gabrielle s'approcha et donna une accolade à son amie. "Je ne sais pas trop ce qu'on a fait... mais je suis désolée... on se voit bientôt, d'accord ?".

Ephiny lui rendit son étreinte. "Oui... Je pense que nous serons sur la route dans une quinzaine de jours... " Elle jeta un coup d'œil à Xena. "Cela dépendra du temps qu'il faudra à tout le monde pour se remettre."

La barde renifla avant d’éclater de rire. "Allez, Eph..." Elle posa ses mains sur les épaules de la Régente. "Comment une nuit de... fête... peut-elle être si mauvaise ?"

Ephiny la regarda consternée. "Tu n'en as vraiment aucune idée, n'est-ce pas ?"

Hésitante, Gabrielle secoua la tête. "Je ne pense pas, non."

La Régente rit doucement. Eh bien dis-toi... qu’il y avait beaucoup de gens qui se demandaient si Xena allait faire preuve de prouesses dans cette discipline comme elle l’avait fait dans toutes les autres." Murmura -t-elle. "Beaucoup de gens voulaient être à ta place hier soir."

Gabrielle se gratta la mâchoire, ses yeux croisèrent ceux de sa compagne par-dessus l'épaule d'Ephiny. Elle jeta un coup d'œil à son amie avec un petit sourire malicieux. " Eh bien, tu peux dire à tout le monde que j'ai dit... hum... " La barde fit une pause, puis pointa un doigt vers le ventre de la régente. "Elle est à moi, et je... ne... partage pas." Elle se pencha en avant. "Est-ce que c’est clair ?"

Leurs yeux se rencontrèrent et se fixèrent pendant un moment, puis Ephiny éclata de rire et fit un simple signe de tête. "C’est très clair."  Elle regarda Gabrielle descendre les marches au trot et rejoindre son âme sœur, qui tint solidement les rênes d'Hercule alors que la barde montait avec compétence sur l’étalon, mais sans aucune grâce. "On se voit bientôt." Elle leva la main en signe d'au revoir.

Xena acquiesça et quitta le village, les sabots des chevaux sonnant fort dans le silence matinal. Elles franchirent les portes et s'engagèrent sur le long chemin couvert de feuilles qui menait au col dans les montagnes.

Gabrielle jeta un coup d'œil en arrière alors qu'elles passaient le premier virage, pour voir Ephiny toujours debout, appuyée sur la balustrade, les observant. Elle regarda son amie pendant un moment, puis se retourna vers sa compagne. "C'était bizarre."

"Humm ?" Xena lui lança un regard inquisiteur. "Qu'est-ce qui était bizarre ?" Elle s'étira sur sa selle, heureuse d'être sur le chemin du retour.

"Toute cette histoire." La barde se gratta l'oreille. "Xena, nous n'avons rien fait, n'est-ce pas ?"

La guerrière gloussa doucement. "Diriger, c'est aussi inspirer ses partisans, Gabrielle."

"Je ne pense pas qu'ils voulaient dire ÇA, Xena."

"Hummm.... "

"De plus, je ne suis certainement pas... hum... personnellement inspirante pour qui que ce soit."

"Si, tu l'es."

Le vent doux soufflait à travers les arbres, masquant les pas des chevaux pendant un long moment.

"Je le suis ?"

"Mmhm... oui, tu l'es." Xena la regarda avec un léger amusement. "A mes yeux sans aucun doute."

Gabrielle la regarda, puis elle poussa Hercule pour se rapprocher d’elle. "Vraiment ?"

"Oh oui."

"Hum."

**********************************************

Gabrielle traversa la place centrale d'Amphipolis, saluant d'un signe de tête les groupes d'hommes et de femmes qui s'y rassemblaient, certains emballant des chariots, d'autres attachant des fournitures sur le dos des chevaux.

Le vent qui soufflait sur la place était froid et humide et la barde était heureuse de sa cape chaude et des jambières que son âme sœur avait insisté qu'elle mette ce matin-là. Cela faisait sept jours qu'elles étaient rentrées chez elles et maintenant, le premier groupe de combattants et de personnes en soutien étaient sur le point de se rendre dans la vallée.

Cela incluait elle-même et sa compagne, ainsi que leur fille, Toris et sa famille, et les Amazones qui résidaient à Amphipolis.  Les jeunes enfants et les aînés du village viendraient ensuite, escortés par le plus grand groupe d'Amazones, qui devait arriver dans moins d'une semaine.

Trois autres villages voisins avaient été complètement détruits. Les réfugiés étaient arrivés un jour après qu'elles soient rentrées et Gabrielle avait vu la mâchoire de son âme sœur se serrer lorsque le plus jeune d'entre eux, un garçon pas plus âgé que Solan, avait raconté qu'il avait vu son père et sa mère être abattus sous ses yeux.

"Gabrielle."

La barde se retourna pour voir sa mère s'approcher. Elle revient sur ses pas pour la rejoindre plus rapidement. "Bonjour maman... tu t'es levée tôt."

Le visage d'Hecuba se crispa dans un sourire mélancolique. "Toi aussi... Je suis heureuse de voir que tu portes au moins quelque chose de raisonnable aujourd'hui." Elle redressa le col de la cape de la barde. "Tu as coupé tes cheveux, n'est-ce pas ?"

Sa fille passa une main dans ses cheveux clairs coupés un peu plus court que d'habitude. "Euh... Dori a mis la main dans le goudron qu'ils utilisent pour les sabots des chevaux hier et bref... Xena a dit que c'était plus facile de les couper que d'essayer de l'enlever." Elle fit une grimace. "C'était un peu moche à voir."

"Bonté divine... c’est une vraie terreur." Hecuba sourit. "Et toi qui était une enfant si calme."

"Mmm... c'est ce que j'ai entendu." Soupira Gabrielle. "Toi et Lila êtes prêtes à partir quand les Amazones arriveront ? Je me sentirais beaucoup mieux si tu étais en sécurité."

Sa mère hocha la tête. "Oui... nous n'avons pas grand-chose à emballer." Commenta-t-elle doucement. "J'ai aidé Cyrene à tout préparer - Gabrielle, c'est une femme si douce."

La barde n'était pas sûre qu'elle caractériserait sa belle-mère parfois impitoyable de cette façon, mais elle hocha la tête en signe d'accord. "Je l'ai toujours appréciée... même au tout début."

Hécuba l'étudia un moment. "Elle dit à peu près la même chose de toi." Elle secoua un peu la tête. "Quel étrange chemin tu as fait, Gabrielle." Un cri attira leur attention et Hécuba leva les yeux pour voir Lennat trotter vers elles.

"Bonjour sœurette." L'homme blond sourit à Gabrielle. "Maman, on a une sorte de problème bizarre avec Gabriel... tu peux venir voir s’il te plaît?"

"Bien sûr." Hécuba se racla la gorge, avec une pointe d'importance personnelle. "Excuse-moi, Gabrielle... Je sais que tu dois être occupée."

"A plus tard." La barde leur sourit, puis poursuivit son chemin, poussant la porte des écuries avant de jeter un coup d'œil autour d'elle, repérant son âme sœur près de sa table de travail, l'attention de la guerrière était focalisée sur une carte dépliée. "Salut."

Xena leva les yeux et lui fit un rapide sourire. "Hé... comment ça va ?" Elle prit un biscuit sur une assiette à proximité et avala un morceau.

Gabrielle se rapprocha de la table et glissa un bras autour de la guerrière. "Je pensais que tu venais de prendre ton petit déjeuner." la taquina-t-elle. "Et tu me donnes du fil à retordre".

La guerrière haussa les épaules. "C’est à cause de tous ces préparatifs." Elle mangea son biscuit d'un air satisfait. "Nous sommes tous prêts... Je pense que je vais porter Dori dans son sac à dos, ce sera plus facile."

"Pour tout le monde." Gloussa la barde. "J’espère que tu as retiré le goudron d’ici ? Je ne veux pas revivre ça, Xena... quelle pagaille."

Xena lui ébouriffa les cheveux affectueusement. "Ça aurait pu être pire... tu aurais pu te retrouver avec une coupe aussi petite que Toris" lui précisa son âme sœur. "J'ai dû le scalper... il a l'air ridicule."

"Mmm..." Gabrielle passa ses doigts dans les cheveux noirs. "Tu t'en es bien sortie." Lui répondit-elle avec une légère rancœur.

"Ah... J'ai été assez intelligente pour garder ma tête loin de ses mains." Renifla Xena. "Très bien... on partira d’ici environ une bougie... je dois juste mettre mon armure." Elle plia sa carte et la glissa dans une sacoche, puis elle attrapa le dernier biscuit et dirigea Gabrielle vers la porte. "Tiens." Elle coupa le biscuit en deux et offrit la seconde moitié à sa compagne.

"Merci." Gabrielle grignota le biscuit alors qu'elles marchaient vers leur chalet. "Hé... il y a du miel là-dedans."

Xena étudia très sérieusement les oiseaux au-dessus de sa tête.

"Tu es si mauvaise." déclara la barde avant de rire et de se cogner gentiment contre elle.

La guerrière gloussa, s'avançant pour ouvrir la porte et permettre à sa compagne d'entrer dans le chalet. "Hé, Ares."

Le loup était accroupi dans un coin, les oreilles baissées. En face de lui, Dori était assise, une des plumes de Gabrielle serrée dans un petit poing. Le bébé tourna la tête lorsqu’elles entrèrent.

"Maman !"

Gabrielle se dirigea vers elle et s'assit. "Hé, chérie... qu'est-ce que tu fais là ?"

Dori cligna des yeux, puis agita sa plume d'oie, tapant sur le nez du loup avec. "Doo !"

Arès gémit d’un air malheureux et se lécha le nez.

"Tch.. Dori, non... ce n'est pas gentil." Gabrielle tendit la main vers la plume, mais la petite refusa de lui donner. "Dori..."

La petite se mit prudemment sur ses pieds instables et regarda autour d’elle à la recherche d'une nouvelle victime. "Boo !" Elle repéra son jouet préféré et roucoula de plaisir.

"Oh oh... attention, chérie... elle se dirige vers tes genoux." Rit Gabrielle alors que le bébé trottinait vers elle, agitant la plume d'oie pour viser les jambes non protégées de la guerrière.

"Hé !" Xena sauta hors du chemin. "Dori, non."

"Boo !" L'enfant protesta en essayant de la suivre. "Boobooboo.."

"Dori..." La voix de Xena baissa d'une octave et elle roula le r du nom du bébé.

Dori s'arrêta, leva les yeux vers elle en signe d'interrogation, puis gloussa et leva les mains. "Hop !"

La guerrière se mit à genoux et entoura le petit corps de ses deux mains, puis le souleva et le cala sur sa hanche d’un seul bras. "Hé... où as-tu trouvé une des plumes de maman, hein ?" Xena retira l'objet du poing de sa progéniture et le souleva. "Um... celle-ci a de l'encre dessus."

Dori tenta de récupérer la plume, son visage se fronçant de déplaisir.

"Oh oh." La barde se leva et récupéra la plume, l'examinant. "Où est-ce que j'avais mis ça....hum.... je pensais avoir mis... oh, par le… mer..caca de centaure."  Gabrielle se dirigea vers une boîte renversée de l'autre côté du lit. "Comment diable a-t-elle eu ça ? Xena, c'était sur mon bureau !"

Xena jeta un coup d'œil à sa fille, qui suçait son pouce et regardait sa mère avec des yeux verts brillants et intéressés. "Comment es-tu montée là-haut, hum ?" Elle se dirigea vers le bureau de la barde et jeta un coup d'œil en haut. "Oh oh." Elle prit un morceau de parchemin et le montra à la barde. "Gabrielle ?"

La barde la regarda. "Qu'est-ce que..." Elle s'approcha et prit le parchemin. "C'est sa main ?"  Au centre de l'objet se trouvait l'empreinte parfaite et minuscule d'une paume et de cinq petits doigts.

Xena déroula le poing de sa fille et soupira. "Uh huh." Elle regarda autour d'elle. "Je me demande sur quoi d'autre elle a mis son empreinte ?"  La paume du bébé était d'un noir grisâtre. "Ares, viens ici."

Le loup s'approcha et s'accroupit à ses pieds, les oreilles tombantes. Gabrielle s'agenouilla et passa ses doigts sur sa fourrure, près de sa tête et de ses oreilles. "Est-ce que Dori a.... oh bon sang." Elle retira sa main, couverte d'encre.

La guerrière soupira et secoua la tête. "Dori, tu es vraiment quelque chose toi."

"Bck." Le bébé regardait la chemise de sa camarade de jeu et trouva une miette de biscuit qu'elle fourra immédiatement dans sa bouche. "Mmm."

"Hé... tu as pris ton petit déjeuner." La gronda gentiment Xena.

"Comme si ça t'avait arrêtée ?" Gabrielle leva les yeux au ciel après avoir essuyé leur animal infortuné. "Elle est tellement comme toi !"

Dori se blottit contre elle et leva les yeux vers elle en clignant de façon innocente. "Gav." Elle sourit ensuite à Xena en suçant son pouce d'un air satisfait. "Mmm."

Xena soupira. "Je vais lui nettoyer les mains... toutes ses affaires sont prêtes ?" Elle porta le bébé dans la salle de bains et l'assit sur la table, prenant un morceau de linge et du savon et elle commença à frotter l'encre du petit poing.

"Et qui va me nettoyer ?" Gabrielle apparut dans l'embrasure de la porte, avec une serviette couverte d'encre et des mains noircies. "Xena, Ares est couvert de ce truc."

"Mmph... "La guerrière était concentrée sur son nettoyage. "Il est noir, au moins."  Elle leva les yeux, puis se mit à glousser. "Tu étais obligée de te gratter le nez ?"

"Huh ?" Gabrielle cligna des yeux, puis se regarda dans le petit miroir. "Oh... bon sang." Elle soupira. "Des rayures."

"Viens ici." Xena tendit la main et la tira vers elle, puis elle frotta le visage de la barde avec du savon. "Voilà... plus de rayures."

"Maman !" gloussa Dori avant de ramper jusqu'à Gabrielle et de s'agripper à sa chemise.

"Mets tes mains ici." La guerrière s’occupa alors de ses mains couvertes d'encre, tandis que Dori se tenait debout et commençait à explorer le visage de Gabrielle. "Hé... ne tire pas le nez de maman, Dori."

Le bébé se renfrogna et s'attaqua aux lèvres de la barde à la place. Gabrielle la surprit en ouvrant la bouche et en capturant les petits doigts entre ses dents.

"Jet’aieu."

Dori essaya de se retirer, surprise de trouver sa main coincée. "Bck !"

Xena sécha les mains de sa compagne. "Voilà."

La barde relâcha la main de sa fille, puis la prit dans ses bras, en pointant le miroir. "Tu vois, Dori ? Tu es là."

La guerrière sourit à l'image, tandis que le bébé regardait son reflet, fascinée. Puis elle mit ses bras autour de la mère et de l'enfant et posa son menton sur l'épaule de Gabrielle.

"Wow." Gabrielle sourit par réflexe au miroir. "C'est une belle image."

Dori pointa du doigt la surface. "Boo !" Xena tira la langue et le bébé gloussa.

"Très bien... allez." La guerrière soupira. "On doit y aller...tu es prête à faire une promenade, Dori ?"

"Promade." Répéta l'enfant docilement. "Promade Promade..." Elle rebondit de haut en bas plusieurs fois.

Gabrielle rit doucement. "Je pense qu'elle est heureuse que nous soyons de retour." Elle embrassa la tête de Dori et lissa les épais cheveux noirs vers le bas. "Elle m'a manqué."

"Même avec de l'encre ?" Xena sourit. "Occupe-toi d’elle une minute, pendant que je mets mon armure et que je prends son sac de transport."

"Mmm." Gabrielle jouait avec Dori en écoutant son âme sœur échanger sa tunique en lin contre ses lourds cuirs. "Tu mets un pantalon aussi, d’accord ?" lui dit-elle. "Et tu ne vas pas porter ton épée sur ton dos, n'est-ce pas ?"

"Non." Répondit Xena. "J'ai trop peur que Dori ne se blesse avec ça".

"Humm." Gabrielle regarda sa progéniture. "Et moi j’ai peur qu'elle la récupère et coupe la queue de Iolaus..." Elle étouffa un rire. "Allez, pois chiche... allons terroriser Boo."

"Booooo." Gazouilla Dori joyeusement.

 

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A suivre dans le chapitre 12

 

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