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17 septembre 2023

Cible mouvante chapitre 30

Cible Mouvante

(Moving Target)

Missy Good (Traduction Fryda – 2023)

Chapitre 30

***************************************

« Alors. » Kerry regarda en coin sa compagne bien aimée bien que parfois obscure. « C’était une bonne idée, pas vrai ? »

Dar regarda dans le rétroviseur la voiture de Shari et Michelle garée juste derrière la sienne sur le ferry. « Je n’en ai aucune idée », admit-elle. « C’est juste que… Ker, si on doit vraiment faire ça, coopérer avec elles, je pense qu’il faut qu’on nettoie d’abord toute la merde entre nous. »

Kerry grogna. « Est-ce qu’on n’amasse pas la merde depuis Orlando ? »

Le ferry balança un peu sous elles tandis qu’il traversait Government Cut. Dar tapota de ses pouces sur le volant de la Lexus et regarda l’eau clapotant devant elles. « Ouais, je sais. » Elle soupira. « Mais écoute. »

« J’écoute. » Kerry mit ses jambes sous elle et s’appuya sur la console centrale, la tête posée sur l’épaule de Dar. Elle s’empêcha de justesse de regarder dans le rétroviseur car elle était sûre que sa position confortable n’échappait pas aux femmes derrière elles.

Dar mit le nez dans ses cheveux, mordillant quelques mèches et elle déposa un baiser sur le haut de sa tête.

Kerry attendit quelques secondes puis elle s’éclaircit la voix. « J’écoute », répéta-t-elle.

« Hein ? »

« Dar. »

« Oh. Oui. Désolée », dit Dar. « Je vois ça comme ça, la seule chance que nous avons de retourner ce truc c’est de se débarrasser de leur grand final. »

« Hein ? »

« Ils veulent ce grand final, pas vrai ? » Dar s’interrompit tandis qu’elle sentait la respiration de Kerry à son oreille. « Ker ? »

« Ouuui ? »

« Tu m’écoutes ? »

« Chaque mot, ma chérie », la rassura Kerry. « Ils veulent une fin grandiose. Tu as raison. Ils se disent qu’on va se bagarrer jusqu’à la toute fin, nous démener pour que tout soit fait. »

« C’est ça. »

« Alors on va… faire quoi ? » Demanda Kerry tandis que le ferry s’amarrait à son quai et que la rampe commençait à descendre. « Je veux dire, on a fini, pas vrai ? Alors est-ce qu’on gagne par défaut ? »

Dar posa sa tête contre celle de sa compagne. « Non, parce qu’on n’a rien montré à Quest. »

« Alors ? »

A contrecœur, Dar se redressa. « Il est temps de dérouler. » Elle enclencha la vitesse et conduisit la Lexus avec précautions sur la rampe et à travers le spray d’eau bienvenu qui ôtait le sel de l’avant du véhicule. « Allons voir comment ça va se passer avec elles », dit-elle. « J’ai une petite idée mais un peu crue pour le moment. »

« J’adore le cru. » Kerry resta dans sa position même quand la voiture démarra. « Dis-moi à quoi tu penses, Dar ? Je déteste devoir rester là à me demander ce qui se passe. »

Ainsi sollicitée, Dar s’éclaircit la voix. « Michelle m’a dit qu’elles ne savaient pas comment mettre leur satellite en fonction. Elle voulait me payer pour le faire. »

Kerry se mit à glousser.

« Oui, c’était plutôt drôle. » Dar rit avec elle. « Mais ça m’a donné une idée… et si on décidait de s’entraider tous ? »

« Hum. »

« On n’a pas de courant. Elle n’a pas de satellite. De ce que j’ai entendu, l’épine dorsale de réseau de Mike ne va pas démarrer. Au lieu de nous battre, et si on travaillait ensemble ? » Demanda Dar. Elle tourna dans le complexe qui abritait leur condo, baissa la vitre et montra une place visiteurs tandis qu’elle se dirigeait vers la sienne.

« Tu veux dire… faire des ex-æquo ? Kerry plissa le front. « Et comment ça va marcher, Dar ? Qui gagne ? »

« Personne. » Dar coupa le moteur. « Kerry, souviens-toi que tout ça est une mascarade. Ceux qui y perdent vraiment, ce sont les gens de télévision. C’est eux et eux seuls qui dirigent tout ça. »

« Hm. » Kerry ouvrit la portière côté passager et sauta pour sortir. « D’accord. Ouais, j’avais plus ça à l’esprit. Je suis toujours en mode ‘gagner l’appel d’offres’. » Elle attendit que Dar contourne la voiture et ensuite elles attendirent Shari et Michelle qui remontaient l’allée pour les rejoindre. « Vas-y », ajouta-t-elle doucement. « Je suis de ton côté. »

Dar mit la main sur le dos de Kerry, son pouce massant l’omoplate de la jeune femme blonde. « Je compte là-dessus. » Elle se redressa un peu tandis que leurs adversaires approchaient.

« Okay », dit Michelle brièvement. « Nous voilà. »

« Entrons. » Dar se retourna et se dirigea vers les marches. Kerry fit un pas en arrière et fit poliment signe à Michelle et Shari de s’avancer, les suivant tandis que toutes se retrouvaient à la porte.

Dar entra son code et ouvrit avant d’entrer, poussant la porte pour que les autres puissent entrer. « Attention au chien », avertit-elle tandis que Chino bondissait pour les accueillir.

« Beuh. » Shari recula précipitamment. « Je n’aime pas les chiens. »

Ah. Ce n’était pas très étonnant. Kerry continua dans le condo et s’assit sur la causeuse, laissant Chino se tortiller autour d’elle et la saluer. « Viens par ici Chinette… qui c’est ma préférée ? » Elle gratta les oreilles du Labrador.

Dar ferma la porte et se tint là un moment, essayant apparemment de décider quel talent ténu social elle allait essayer de mettre en avant. « Asseyez-vous. » Elle fit un compromis entre l’aspect pratique et une politesse bougonne. « Je vais faire du café. »

Michelle et Shari prirent un moment pour regarder autour d’elles avant de s’installer sur le canapé l’une à côté de l’autre.

Le moment n’était pas confortable. Kerry pouvait à peine se souvenir d’avoir été aussi mal à l’aise dans son propre séjour en fait. Elle s’assit au fond et regarda les deux femmes, les observant scruter l’espace avec une curiosité précautionneuse.

Elles avaient beaucoup travaillé pour que toute la situation soit hors de leur espace personnel et Kerry se rendit soudain compte qu’elle n’avait pas été préparée à ça. « Alors. »

« Alors. » Michelle sauta sur l’occasion de sociabilité. « Bel endroit. » Elle regarda les murs. « Quelqu’un prend des photos décentes. »

« Ce serait moi. » Kerry s’allongea un peu sur la causeuse. « Merci », répondit-elle gracieusement. « Mais je préfère notre chalet au sud. Moins de foule. » Elle sourit. « Mais la vue est jolie ici. »

Shari semblait avoir avalé un citron. Elle se mit en arrière quand Chino s’avança pour l’étudier, sursautant quand la chienne s’assit et aboya. « Qu’est-ce qu’il veut ? »

« Détends-toi », lui conseilla Michelle. « Je ne pense pas que cette race morde. »

« Tous les chiens mordent », la contredit joyeusement Kerry. « Mais Chino est plutôt paisible, sauf si on l’énerve. »

« Comme vous », demanda Michelle avec un sourire.

Kerry réfléchit. « Quelque chose comme ça », acquiesça-t-elle. « Oui. On peut toutes les deux être chiennes quand il le faut. »

Shari se leva et s’éloigna de Chino toujours assise. Elle fit le tour de la pièce, examinant les œuvres et les photos sur le centre de divertissement. « Je parie que la vieille Dar a de la chance que vous l’ayez hébergée », dit-elle en faisant un sourire sarcastique par-dessus son épaule. « C’est gentil de votre part. »

Curieusement, Kerry ne se sentit pas en colère. Elle leva la main et fit tourner son doigt. « C’est le contraire », contredit-elle. « C’est chez Dar ici. »

« Plus maintenant. » Dar sortit de la cuisine. « Tu en possèdes la moitié. » Elle lança à peine un regard à Shari tandis qu’elle se posait sur l’accoudoir de la causeuse. L’odeur du café passa dans le séjour, attestant que la cuisine était bien équipée. « Les chefs de l’information de compagnies multinationales ne vivent pas dans une location deux-pièces. »

Shari se tourna et la regarda. « Oh, vrai. J’ai oublié que tu n’es plus un déchet. »

Dar plissa les yeux. « Va au Diable ! »

Michelle soupira bruyamment. « Okay, je vais vous dire un truc. » Elle prit une voix proche de celle d’une hôtesse de jeu télévisé. » Dar, je suis sûre… en fait je parie sur le fait que vous avez des gants de boxe dans un placard quelque part ici. »

Dar plissa le front. « Et ? »

« Allez les chercher. » Michelle se leva. « Parce qu’il va falloir que vous les mettiez toutes les deux et laissiez cette affaire d’adolescente de putain de garce entre vous se terminer parce que J’EN AI ASSEZ ! » Elle cria ces derniers mots à plein volume. « PUTAIN, GRANDISSEZ MAINTENANT ! »

Le silence tomba quand elle en eut fini. Chino éternua et trottina pour se poser contre la jambe de Kerry.

Shari resta en place, fixant Michelle, choquée.

Kerry se tourna lentement et étudia Dar de la tête aux pieds. « Et bien. » Elle finit par briser le silence. « Je pense que Dar est aussi adulte qu’elle le sera jamais dans cette vie, alors je présume que je ferais bien d’aller chercher les gants. » Elle tapota le genou de sa compagne. « Ce ne sera pas long, chérie. » Son sourire espiègle retira toute piqûre de ses paroles. « Essaie de viser loin du grand écran, d’accord ? »

Dar bougea et s’assit dans le canapé près de Kerry. « Nan. » Elle étendit les jambes et les croisa aux chevilles. « Michelle a raison. Soyons adultes pour une fois. » Elle pencha la tête pour regarder Shari. « Alors assieds-toi et gardons les insultes pour plus tard. »

Kerry se leva. « Je vais chercher le café. » Elle disparut dans la cuisine.

Shari resta debout un moment par entêtement, examinant les photos sur les étagères. Puis elle retourna vers le long canapé et s’assit. « Très bien. » Elle ne regarda pas Michelle. « Qu’on en finisse. C’est quoi ta combine, Dar ? Accouche. »

« D’accord. » Dar étendit un long bras le long du dossier de la causeuse. « Voilà le marché. Aucun d’entre nous n’a fini avec cette foutue farce. »

« Ce n’est pas ce que j’ai entendu », l’interrompit Shari mais d’un ton modéré. « Michelle a dit que vous aviez fini. »

« C’est vrai », acquiesça Dar. « Mais on ne peut pas le démontrer parce qu’on n’a pas de courant. »

Shari hocha la tête. « Pas de chance. »

Dar haussa les épaules. « Pas de chance ? A ce point, sachant ce que je sais… je serais surprise que la chance ait quelque chose à voir là-dedans. Mon idée c’est que quelqu’un sur le navire a été bien payé pour mettre des bâtons dans les roues. »

Michelle se leva, avec une énergie agitée naissante. « Vous le pensez vraiment ? »

« Oui. » Dar caressa Chino. « Je pense que le but c’était de retenir tout le monde même à la toute fin, puis que ça devienne une course de chevaux pour finir. »

Michelle fit les cent pas, s’arrêtant au centre de divertissement pour regarder aussi les photos. « Quest. » Elle se retourna. « Il nous a explicitement dit de ne rien demander ni d’essayer de rester sur les navires quand ils sont partis. Est-ce qu’il vous a dit la même chose ? »

« Non. » Dar secoua la tête. « Il n’en a pas dit un mot. »

« Attendez. » Shari se pencha en avant. « Qu’est-ce que vous avez lâché pour rester sur le navire ? »

« Un dîner », répondit Dar.

« Quoi ? » Michelle se tourna et la fixa.

« Un dîner. » Kerry revint de la cuisine avec un plateau portant la cafetière, des tasses et une assiette de gâteaux secs. Elle posa le plateau sur la table et s’agenouilla, posant des tasses pour elle et Dar. « C’est tout ce qu’ils voulaient. Un bon plat et de l’alcool. »

Shari se rassit, ignorant le service du café. « Mike a dit qu’il aurait juré que quelqu’un avait coupé sa fibre », dit-elle.

« Et Albert a dit à un de mes gars qu’ils faisaient de vrais progrès jusqu’à ce que quelqu’un force un conteneur et vole des commutateurs », ajouta Michelle. « Purée de bonsoir. »

« Mm. » Kerry tendit sa tasse à Dar et s’assit près d’elle. « Ça a été comme ça. Un pas en avant, deux pas en arrière. »

« Et tout ça avec ces maudites caméras… » Ajouta Michelle. « Vous pourriez vraiment avoir mis le doigt sur quelque chose, Dar. »

« Eh bé, merci », répondit Dar. « Contente que ces quelques milliards de neurones pour lesquels ILS paye une fortune ont fini par avoir du bon après tout. »

Shari garda le silence. Elle se pencha et prit une tasse, gardant son attention sur le café tandis qu’elle s’en versait.

Michelle tapota ses pouces l’un contre l’autre pensivement. « D’accord », finit-elle par dire. « Mettons les cartes sur table. Je pensais que c’était un peu étrange que l’équipe de tournage s’accroche à nous, mais je n’allais pas écarter cette forme de publicité. Ils voulaient des angles, je leur en ai donné. Ils voulaient de la controverse, je leur en ai donné aussi. »

Shari ricana un peu.

« Alors maintenant on est prises. » Michelle se leva et alla vers Dar et Kerry. « Soit on vous déboulonne et on joue le jeu, et on a l’air d’idiotes quand ils révèleront tout, soit on coopère avec vous dans un plan inconnu de votre esprit qui pourrait, ou pas être à risque. »

« Pas seulement ça. » Dar sourit. « Vous allez nous aider à faire embarquer tous les autres avec nous. »

Michelle mit les mains sur ses hanches. « Peut-être que Kerry pourrait aller chercher ces gants », dit-elle. « J’ai une ceinture noire. »

« J’ai un fusil », répliqua Kerry. « Alors pourquoi on ne remet pas ça pour écouter ce que Dar a à l’esprit, parce que franchement, j’en ai jusqu’ici d’être manipulée. » Elle leva une main près de son front.

Shari ricana de nouveau et secoua la tête.

Michelle se tourna et choisit un sucre, le plaçant entre ses dents avant de le croquer. « Très bien, acquiesça-t-elle. « Ecoutons-la. »

Dar se pencha en avant et sourit. »

*********************************

« Tu es folle », dit Shari. « Je l’ai toujours su mais tu viens juste de le prouver. Et comment on est supposées faire ça, bordel ? »

Dar avait laissé le sanctuaire confortable de la causeuse et faisait les cent pas près des baies vitrées coulissantes. « L’équipe de tournage s’attend à une confrontation entre nous », répéta-t-elle pour la troisième fois. « C’est là-dessus qu’ils ont basé toute cette affaire. David et Goliath. Une bataille pour obtenir l’offre, avec Quest qui suspend soit des carottes soit des dagues au-dessus de nos têtes. »

« Ouais. Et alors ? »

« Alors, ce que nous voulons faire, c’est faire l’histoire inverse et ce que nous, nous voulons. Pas ce qu’ils veulent », dit Dar.

« Et c’est ça qu’on veut ? » Michelle mâchait des bretzels que Kerry avait apportés. « Ce ne serait pas plus simple de faire leur jeu ? Et si c’est fallacieux, qui s’en inquiète ? »

« Bien sûr. » Kerry avait repris place sur la causeuse et était allongée dessus, les pieds levés. « Ce serait fichument plus facile même si on quittait tous le quai et qu’on les laissait se balader à nous chercher et à se demander où nous étions tous partis. »

« Ben là, j’aime bien cette idée », dit Shari.

« En fait, moi aussi », acquiesça Michelle. « Je parie qu’ils nous cherchent en ce moment. Je me demande si quelqu’un nous a vu partir ensemble. »

Dar scruta le soleil de la fin d’après-midi qui dorait l’eau dehors. Est-ce que c’était une meilleure idée, comme le disait Kerry ? Je les ai sorties de cette situation et bon sang, elle n’a même pas besoin d’y retourner. L’idée de Quest et de l’équipe de télévision perplexes là-bas lui plaisait bien en fait.

Hm.

« Oui. » Dar s’appuya sur la vitre. « Mais ça ne nous apporte aucune satisfaction, pas vrai ? » Elle se retourna et leur fit face, ses mains derrière le dos. « Après ce que Quest a mis sur notre chemin, vous ne voulez pas le voir aussi en difficulté ? »

Michelle se pencha en arrière. « Vous voulez entendre la vérité absolue ? » Dit-elle. « Bien sûr. J’aimerais le voir jeté dans l’océan depuis ce quai et nous faire signe au revoir en flottant sur l’eau. »

Dar traversa la pièce et se mit sur l’accoudoir de la causeuse. « Alors voilà le plan, on met tout le monde ensemble. » Elle pointa un doigt. « On voit ce qui a besoin d’être fait et on le fait. » Elle pointa un deuxième doigt. « On se coordonne de façon à finir tous en même temps. »

« D’accord. » Shari croisa les bras. « Alors disons qu’on fait ça. On finit tous. Et ensuite ? Comment ça retombe sur Quest ? »

« Il escompte qu’il n’y ait qu’un seul gagnant et le reste perd. Si on gagne tous, il devra payer les quatre projets », dit Kerry calmement. « Et ça n’a rien à voir avec le tournage. C’est dans le contrat. »

Shari regarda Michelle. Michelle regarda Shari. Toutes les deux émirent des grognements pensifs identiques.

« Et, si on travaille tous ensemble, l’équipe de tournage n’aura pas son sujet. Cela veut dire que… » Kerry sourit. « Je parie que Quest n’aura pas la publicité sur laquelle il comptait. »

« Exactement. » Dar ébouriffa les cheveux de Kerry, intriguée que sa compagne ait deviné son plan sans même en connaitre les détails. Kerry la regarda, haussant légèrement les sourcils. Dar sourit et fit un clin d’œil. « Bien deviné. »

« Merci. » Les yeux de Kerry scintillèrent. « Est-ce que j’ai droit à un gâteau pour ça ? »

« Absolument. » Dar se leva et se dirigea vers la cuisine, contente d’être sortie de cet examen intense du moins pour un moment. Elle se dit qu’il faudrait un peu de temps à Michelle et Shari pour décider quoi faire, alors elle prit son temps pour farfouiller dans le placard pour trouver le gâteau parfait à apporter à Kerry.

Il y en avait beaucoup à choisir. Dar regarda la sélection d’Orange Milanos (NdlT : chocolat et orange) et de cookies traditionnels au chocolat. Et pourquoi pas des biscuits Graham au lait ?

« Chérie ? » Kerry apparut près d’elle et entoura sa taille de ses bras. « Qu’est-ce que tu fais ? »

« Je choisis des gâteaux pour toi », répondit Dar. « Tu as laissé un peu d’espace à nos invitées ? »

« Oui oui », dit Kerry. « Je les ai envoyées sur le porche. Tu penses qu’elles vont adhérer à ton plan ? » Elle frotta sa joue contre la clavicule de Dar et soupira, savourant le plaisir de la sensation du corps de Dar entre ses bras.

Dar sélectionna un sachet de citrons verts, de chocolat blanc et de biscuits aux noix de macadamia. Elle ferma le placard et se retourna entre les bras de Kerry, posant les siens sur les épaules de sa compagne. « Je ne sais pas », dit-elle. « Il y a toujours beaucoup d’amertume. »

« Mm. »

« J’étais tentée d’adhérer à ton idée. »

Kerry gloussa doucement. « Moi aussi, en même temps que je le disais. »

Dar lui fit une rapide étreinte puis recula. « Du lait », dit-elle. « Et si nous allions nous asseoir sur le canapé et faire un spectacle à leur intention quand elles reviendront. »

« Et si on cachait un biscuit pour chien à l’endroit où Shari était assise et qu’on s’amuse à la regarder quand elle reviendra ? »

« Tu peux être une sacrée canaille parfois, tu sais ça ? »

« Tu peux en être sûre. »

*******************************************

« C’est de la folie. » Shari secoua la tête.

« Je sais », acquiesça Michelle. Elle s’appuya sur la rambarde et regarda l’eau au loin. « Mais nous savions qu’il se passait quelque chose. Tu l’as dit toute la semaine. Mais c’était beaucoup trop exagéré. »

Shari hocha la tête. « Je pensais qu’elle en était à l’origine. Et je ne suis pas encore sûre du contraire… »

Michelle soupira et baissa la tête.

« Ecoute, je sais que tu penses que je ne suis pas objective quand il s’agit de Dar. Peut-être que c’est vrai. » Shari se tourna et la regarda. « Mais tu ne la connais pas comme moi et… »

« Arrête. » Michelle leva la main. « Shari, soyons honnêtes. Tu penses vraiment que la personne qui habite dans ce morceau de béton d’un million de dollar est la même personne que celle que tu connaissais au lycée ? »

Shari se tourna et regarda à nouveau au travers des baies vitrées. A l’intérieur, elle pouvait voir Dar qui rentrait de la cuisine avec Kerry à son côté, leurs bras posés l’une sur l’autre.

Elle essaya de se souvenir, vraiment, de ce que Dar était à l’époque. Maladroite et rugueuse aux angles, assurément. Presque antisociale et arrogante autant qu’on peut l’être. Sexy, d’une manière primale mais avec une complexité de caractère submergente dont elle ne savait pas quoi faire.

Certaines choses n’avaient pas changé. Dar avait toujours cette sensualité brute, mais la maladresse de la jeunesse avait été remplacée par une confiance en soi solide comme un roc et tandis qu’elle soupçonnait Dar de ne toujours pas être un parangon de sociabilité, elle se comportait d’une manière bien plus différente maintenant qu’elle ne l’avait fait à l’époque.

A cette époque, l’honnêteté grossière de Dar avait effrayé Shari. Elle avait été confrontée à l’approfondissement potentiel d’une relation dont elle ne savait pas vraiment si elle en voulait, et sa réaction avait été…

D’accord, elle savait qu’elle avait été rude. Ce à quoi elle ne s’était pas attendue, c’était à ça. La fin. Dar était partie et elle n’était jamais revenue. Shari avait tenté de l’appeler plusieurs fois mais n’avait jamais eu de réponse, et à la fin, elle avait trouvé quelqu’un d’autre et essayé d’oublier.

La fois où elles s’étaient rencontrées à nouveau, elle était renvoyée et elle avait emporté la connaissance qu’un revers irréfléchi de sa part était revenu lui mordre les fesses au moment où elle s’y attendait le moins. Elle avait été tellement sûre que Dar n’y reviendrait pas, n’est-ce pas ?

Et bien.

« Je pense qu’elle est la même personne, oui », finit par dire Shari. « Je n’ai juste pas idée de ce que cette personne était à l’époque. »

Michelle y réfléchit tandis qu’elle regardait par la vitre. Kerry était dans les bras de Dar sur le canapé et la nourrissait de biscuits et de lait avec complaisance. C’était maladivement précieux. C’était sentimental. C’était abominablement romantique.

Elle soupira. Bon sang, Kerry était chanceuse. « D’accord. Alors. Qu’est-ce qu’on va faire, bon sang ? »

« On les suit », dit Shari brusquement. « Parce qu’on n’a aucun fichu choix et tu le sais. Au moins, si on joue au plan de Dar, on montre qu’on a au moins six neurones à nous deux. »

« Vrai », acquiesça Michelle d’un ton désabusé. « Je déteste avoir l’air idiot. Et tu sais quoi ? Cette foutue Cruickshank nous a jouées comme une paire de première classe. Je pense qu’elle a vraiment le béguin pour elle. » Michelle pointa vers Dar.

Shari leva les yeux au ciel. « Comme tout le monde ? Bon Dieu, je suis tellement fatiguée d’entendre que chaque queue sur pattes dans ce foutu port parle d’elle. Tu penses qu’ils ont deviné qu’elle est gay et qu’ils ont laissé tomber ? »

« Mm. Et bien, allons-y et lançons le cirque. » Michelle clot la discussion. « Je pense qu’il faut qu’on ait une franche discussion avec nos nouveaux collègues et qu’on pose quelques vérités sur la table. Ça ne m’ennuie pas de jouer cette comédie avec elles mais je veux d’abord savoir dans quoi on s’engage. »

« Vrai », acquiesça Shari. « Allons éclaircir le paysage. »

Michelle s’arrêta au milieu d’un pas et se retourna. « Est-ce que ça veut dire que tu remballes le mode garce pour un moment ? Je pense que si tu le fais, elle le fera aussi. »

« Moi ? C’est toi qui a proposé de porter des gants de boxe », ricana Shari. « Et rends-toi service, ne remue pas ta ceinture de combat devant elle. Elle en a plusieurs et elle n’a pas appris à se battre à la gym. »

Michelle haussa les épaules. « Elle ne me fait pas peur. » Elle commença à faire coulisser la baie vitrée. « Bon… d’un autre coté Stuart, je ne lui tournerais pas le dos. » Elle s’arrêta sur ce mot tandis qu’elle pénétrait à l’intérieur et elle fit un bref sourire à Dar et Kerry. « Très bien. C’est ok pour nous. »

« Bien. » Dar lécha quelques miettes sur ses lèvres. « Alors retournons au quai. Nous n’avons pas beaucoup de temps. »

« Bien. » Michelle regarda Kerry. « Pourquoi vous ne viendriez pas avec moi et Shari peut accompagner Dar et, espérons-le, quand nous arriverons au quai, tout le monde sera vivant et capable de travailler ensemble. »

Kerry sentit tout le corps de Dar se tendre. Elle réfléchit à ses réponses possibles et polies, les mit de côté et partit sur les rudes.

Mais Dar la prit de court. « Très bien. » Elle tapota la cuisse de Kerry. « Allons-y. » Il n’y avait qu’une touche de résignation dans son ton. « Finissons-en. »

Kerry se leva à contrecœur, se demandant si elle pouvait trouver un moyen de faire entrer en douce Chino dans a voiture de Dar.

Juste au cas où.

***************************************

Si ça devait se produire, au moins ça se produirait sur son terrain. Dar ajusta ses lunettes de soleil sur son nez tandis qu’elle se dirigeait vers la voiture, regardant à contrecoeur Kerry entrer du côté passager de la voiture de location de Michelle.

Kerry n’aimait pas ça. Chaque partie de son corps lui disait de manière explicite combien elle n’aimait pas ça. Dar trouvait cela un peu drôle et plus que réconfortant de voir l’agitation de sa compagne visible à son égard et cela formait une sensation chaleureuse et amicale au fond de son estomac.

La portière côté passager de la Lexus s’ouvrit et Shari grimpa avec réticence, la refermant avec la même réticence que Kerry avait montrée il y a peu.

A ce moment, Dar réalisa une chose. Elle réalisa que Shari était plus intimidée de se trouver dans le même espace qu’elle, et une fois qu’elle l’eut réalisé, tout changea. Elle se détendit dans le cuir du siège conducteur et passa une vitesse, reculant avec précautions avant de tourner pour prendre la route vers le ferry. « Bon. »

Shari lui lança un regard puis regarda par la vitre. « Bon », répéta-t-elle. « On dirait bien que tu as ce que tu voulais. »

Dar tourna pour prendre le quai du ferry et se mit dans la queue pour attendre le prochain bateau. « C’était le but. » Elle appuya son genou contre la portière et posa son bras dessus.

Shari émit un petit bruit grossier. « Tu sais quoi, tu es vraiment une conne. »

Ah, au moins on arrêtait de tourner autour du pot maintenant. « Parfois », acquiesça Dar. « Quand j’en ai besoin. » Elle finit par se tourner et regarda Shari à travers ses lunettes noires. « Mais tu le savais ça. »

« Je le savais », confirma Shari. « Quand est-ce que tu as l’intention de mettre blondinette au courant de ton petit secret ? »

Dar gloussa. « Kerry a vu cet aspect de ma personnalité dès le premier abord », dit-elle. « Elle faisait partie de la consolidation que je menais.

« Je paris qu’elle a couché avec toi pour garder son job, hm ? Dommage que tu ne m’aies pas donné cette option », répliqua Shari d’un ton caustique. « Je t’aurais donné une occasion d’éviter d’avoir à donner mon cv. »

Dar observa une mouette qui tournoyait autour du kiosque de la sécurité, à la recherche de morceaux qui tombent. « Kerry valait la peine qu’on la garde », dit-elle finalement. « Toi pas. »

« J’t’emmerde aussi. »

Cela la fit seulement sourire. « Tu assumes que c’était personnel. En fait oui. » Dar lui fit face, baissant ses lunettes pour exposer ses yeux. « J’avais autant besoin d’artistes du marketing à la con que j’avais besoin d’un urticaire. »

Le ferry s’amarra et Dar passa une vitesse tandis que la rampe descendait.

« C’est un tas de conneries. Une décision professionnelle ? Lâche-moi, Dar », répliqua Shari vivement. « Tu as adoré chaque minute où tu m’as mise en boite. »

Dar avança la Lexus sur le ferry sur la dernière position du premier couloir. Elle mit le frein à main pour se donner un moment pour rassembler ses pensées. « Bien sûr que oui », répondit-elle. « Mais le fait est que ton poste était redondant. »

« Conneries. »

Dar haussa les épaules.

« Tu m’as juste renvoyée parce que j’ai mis au jour ta petite déclaration d’amour », dit Shari. « alors ne me vends pas cette merde, Dar. Tant mieux pour la petite Stuart si elle a été plus réceptive. »

Etrangement, ça ne la blessait plus. « Tu sais quel est ton problème, Shari ? » Dar regarda paresseusement le couloir suivant se remplir de voitures, son front plissé tandis que celle de Michelle se mettait à leur hauteur et se garait, malgré le fait qu’elles avaient été juste derrière Dar et qu’elles auraient dû être au début du couloir suivant.

Comment Kerry avait-elle réussi à faire ça ?

« Je suis sûre que tu vas me le dire », répondit Shari sarcastiquement.

« Tu es une plus grande conne que moi. » Dar leva une main et fit signe à Kerry, qui remua les doigts en retour, puis fit un signe OK tout en haussant les sourcils. Dar fit le même signe puis tourna légèrement la tête dans la direction de Shari et elle changea pour lever son majeur.

Kerry se mit à rire, inaudible derrière la vitre.

« Et bien, j’ai… » Commença Shari.

« Tu as essayé de me rendre la monnaie de ma pièce depuis. Abandonne », lui conseilla Dar. « Je m’en fous complètement. Tu ne peux rien me faire, incluant prendre le contrôle de ce foutu ILS pour lequel je ne donnerais pas deux cents. » Elle se tourna et lui fit face à nouveau. « Tu comprends ? »

Shari la fixa. « Non », dit-elle. « Je ne t’ai jamais comprise. Tu viens de cette foutue planète Mars. »

Dar ne put s’empêcher de produire un sourire mauvais. « Ce qui te fait venir d’Uranus », dit-elle d’une voix plaisant et trainante. « On en a fini maintenant ? »

Shari lui lança un regard noir en silence.

**************************************

« Alors. » Michelle renifla pensivement. « Malgré nos efforts pour nous entretuer, nous y voilà. »

« Nous y voilà », acquiesça Kerry. « Au milieu de la plus grosse masse de crottin que je pense avoir jamais vue de ma vie. »

Michelle digéra ces paroles. « Vous savez quoi ? C’est vrai », approuva-t-elle. « Je me suis retrouvée dans des marchés particulièrement tordus mais celui-là surclasse tous les autres. »

Et c’était assurément la vérité. Kerry ordonna ses pensées et essaya de ne pas trop se laisser aller au besoin d’ouvrir la portière et d’aller plutôt dans la Lexus de Dar. Elle pouvait voir les épaules de cette dernière depuis là où elle se trouvait et elles semblaient relativement détendues.

Elle espéra que tout allait bien. Il lui était difficile de juger de où l’esprit de Dar se trouvait là maintenant.

« Et, vos petits tours n’ont pas facilité les choses », ajouta Michelle.

« Mes tours ? » Kerry la regarda. « Je ne sais pas de quoi vous parlez… à moins que vous ne mentionniez Andy », dit-elle. « Et ce n’était pas un tour. C’était juste une assurance. »

Michelle rit. « D’accord. Alors… disons juste que d’avoir placé un pion dans l’équipe de chargement était… une assurance. »

« Il a fait du bon boulot, pas vrai ? » Contra Kerry.

« Ce n’est pas le sujet. » Michelle sembla un peu irritable à cet instant.

« C’est le sujet. Il a fait exactement ce pour quoi ils le payaient », dit Kerry. « Et pendant qu’il y était, il a découvert vos méchants tours à notre égard. »

« Mes méchants tours ? »

« Comment vous appelez introduire des ordres en doublon », demanda Kerry. « Et comment vous appelez le fait d’essayer d’empêcher des livraisons sur notre navire ? »

Michelle étudia les cargos qui passaient. « C’était de la stratégie. »

Kerry ricana. « Stratégie mon cul. »

« Assurance mon cul », contra Michelle. « On peut dire qu’on est à égalité ? »

Le devraient-elles ? Kerry admit que les deux tours se contredisaient l’un l’autre. « Très bien. D’accord », décida-t-elle. « Et pour toutes les rumeurs diffusées autour de notre bureau ? »

Michelle haussa les épaules. « Une idée de Shari. »

« Pourquoi ? »

« Elle se disait qu’elle pourrait déstabiliser Dar si elle semait le trouble entre vous deux. »

Kerry se sentit un peu étourdie de colère. Sa respiration augmenta et elle sentit ses mains se mettre à bouger, les doigts s’enroulant inconsciemment en poings tandis qu’ils se posaient sur son jean. « C’est quelque chose que je ne pourrai jamais laisser passer », déclara-t-elle tranquillement.

Michelle la regarda, un peu surprise. « Ce n’était que des mots. Vous devez l’admettre. »

Kerry prit une inspiration puis la relâcha. « Oh, on le fait », dit-elle. « Mais ce ne sont pas les mots. C’était l’intention. » Lentement elle se tourna et posa son coude sur la console entre les sièges, regardant Michelle droit dans les yeux. « Je me fous totalement de ces affaires. De cet appel d’ofrres ou de vous. »

Michelle cligna des yeux.

« Mais si vous, ou elle, refaites quoi que ce soit destiné à essayer de détruire notre relation, je viendrai vous chercher et il faudra qu’on m’arrête pour m’en empêcher. » La voix de Kerry était profondément sérieuse. « Est-ce que je me fais bien comprendre ? »

« Vous me menacez ? » Michelle semblait incrédule.

« Oui », répondit Kerry. « Et ce n’est pas du flan. »

« Vous vous rendez compte de comment ça sonne, hein ? »

Kerry hocha la tête. « Si vous pensez que je suis cinglée, vous avez raison. Je le suis », dit-elle. « Dar représente énormément pour moi. »

Michelle pencha la tête, ses yeux scrutant le visage de Kerry avec un intérêt renouvelé. « Vous savez quoi ? C’est la seule chose sur laquelle nous ne comptions pas », dit-elle. « Et j’aurais dû le faire. Tout le temps, je voulais croire que vous étiez tout comme nous. »

C’était le tour de Kerry d’être surprise.

« Deux gouines, avec une motivation commune pour les affaires », clarifia Michelle. « Qui aiment aussi le sexe torride », ajouta-t-elle. « Mais ce n’est pas du tout ce que vous êtes, vous deux. »

« Hum… en fait… » Kerry sentit qu’elle rougissait.

Michelle pinça les lèvres. « Je m’excuse pour les bruits de couloir. C’était moche. »

Du progrès, enfin. « Merci », dit Kerry.

Michelle garda le silence un instant. « Maintenant vous pouvez vous excuser pour avoir mis des micros dans nos bureaux. »

« Hein ? »

« ¨Pour nous avoir volé notre liste de clients ? »

Kerry pencha la tête, perplexe. « On ne l’a pas fait », balbutia-t-elle. « Je pensais que vous l’aviez fait pour nous ! »

Elles croisèrent les bras et se fixèrent dans les yeux. 

*****************************************

Apparemment elles étaient à court d’insultes et pendant quelques minutes, le trajet sur l’eau fut tranquille. Si elle regardait sur sa gauche, Dar pouvait voir les navires amarrés à leurs pontons et elle se demanda ce qu’elles allaient trouver en arrivant.

Le chaos ? Indubitablement. Son téléphone sonna et elle vérifia l’appelant avant de répondre. « Salut, papa. »

« S’lut, Dardar », répondit son père. « J’nous ai trouvé des bonnes nouvelles. »

« Ah oui ? »

« Le mec ici, il a remis le courant. »

Ah. Dar jeta un coup d’œil au quai du ferry qui arrivait. « Génial », dit-elle. « Je suis en route. »

« A plus. » Andrew raccrocha avec un léger écho de voix diminuant derrière lui.

Dar ferma le téléphone et le posa sur la console centrale. Elle appuya sur le bouton et ouvrit sa vitre, le coude posé sur le bord tandis que Kerry faisait de même. « Papa », dit-elle d’un ton bref. « Ils sont bons pour lancer. »

« Ah », dit Kerry. « Est-ce que ça change notre plan ? »

« Non. »

« D’accord. » Kerry remit la tête dans le véhicule. « A tout de suite. »

Dar ferma la vitre et se radossa au siège. Elle réfléchit un moment puis tourna la tête et regarda Shari. « On a du jus. »

Shari la regarda avec précautions. « Alors ça veut dire que le marché tombe ? Vous nous avez distraites assez longtemps pour avoir ce que vous vouliez, je présume ? »

« Non. » Dar secoua la tête. « Ça ne change rien. » Un léger sourire de guingois apparut. « Je voulais juste que tu saches que si je voulais vraiment arrêter tout ça maintenant… » Dar la regarda de ses yeux bleus par-dessus les lunettes de soleil. « Je pouvais. »

Shari croisa les bras sur sa poitrine. « Va te faire foutre. »

Le sourire de Dar s’agrandit dans une imitation du chat du Cheshire (NdlT : pour ceux et celles qui ne connaîtraient vraiment pas, c’est un personnage d’Alice au pays des merveilles J) « Tu as eu ta chance une fois. J’ai développé un meilleur goût depuis. »

Le visage de Shari se plissa.

« En tous cas », dit Dar radoucie, décidant que c’était le maximum d’amusement qu’elle supporterait à tout moment. « Voilà un bateau dont on n’a plus à se préoccuper. Nous pouvons nous concentrer sur les trois autres. » Elle regarda par la vitre tandis que le ferry accostait, contente de porter des lunettes de soleil lorsqu’il se tourna pour faire face à l’ouest.

Shari fixa le profil anguleux, perdue pour savoir comment contrer le mélange de ‘coolitude’ et de sarcasme que Dar y mettait. Qu’est-ce qu’elle pourrait bien ajouter ? Pendant un mois elle avait provoqué Dar, poussant et tirant et démolissant à chaque foisqu’elle pouvait.

Ça ne l’avait menée nulle part. Pendant tout le temps qu’elle avait passé avec les journalistes, salissant le personnage de Dar, sa réputation et tout ce à quoi elle pouvait penser, elle se retrouvait là au bout du projet et la garce avait encore réussi à se placer au sommet.

Putain ?

Putain de bordel ? Elle se rendit soudain compte que même si Dar perdait le contrat, perdait la publicité et perdait l’affaire, elle serait quand même au sommet parce que son foutu fils de pute de charisme ferait que tout le monde s’en foutrait.

Bon Dieu de merde.

Bon Dieu de MERDE.

Elle lança un regard noir à Dar, qui restait à l’abri de ses pensées acerbes, apparemment détendue et satisfaite avec quoi que ce soit elle avait en tête, pianotant légèrement sur le volant. Elle portait un anneau à un doigt et pour la première fois Shari le regarda, assez près pour voir les détails.

C’était un beau bijou qui hurlait son prix mais dans un genre épuré et sobre. Acheté, elle en était sûre, par la garce bien élevée du Midwest dans l’autre voiture qui était sûrement née avec plusieurs cuillères en argent dans le cul.

Elle avait vraiment essayé de vendre à Cruickshank l’idée que Kerry couchait avec Dar pour sa carrière. A la surface, ça avait du sens. Mais regarder la petite copine de coucherie de Dar travailler ces dernières semaines, avait obligé Shari à accepter à contrecœur que si elle voulait aller ailleurs, elle le pouvait.

Travailler n’importe où ailleurs. Vivre n’importe où ailleurs. Coucher avec n’importe qui d’autre.

Puis elle avait essayé de convaincre la journaliste que Dar était folle et qu’elle dominait possessivement la petite femme et l’abusait.

Pourquoi ? C’était ce qu’avait demandé Cruicshank.

Parce que Dar était folle. Shari en avait assez vu d’elle jeune pour le savoir. Elle avait un côté froid et vicieux en elle qui avait fichu la frousse à beaucoup de gens quand elles allaient ensemble à l’école. Elevée sur une base militaire, pauvre, antisociale…

Dar se mit à siffler doucement entre ses dents, un son doucement mélodique qui mit fin à la conversation mentale de Shari avec elle-même. Elle ne regardait pas Shari et dans le reflet de la vitre, son expression était visible alors qu’elle regardait l’autre voiture.

Quelque chose avait changé. Shari bougea et se retourna, regardant par sa propre vitre tandis que la rampe du ferry descendait. Ou peut-être que Dar avait juste grandi et était sortie de son passé.

Peut-être que la journaliste avait raison. Shari avait pensé qu’elle était juste stupide.

Maintenant elle était confrontée à la réalisation qu’elle n’avait aucune chance de battre Dar. Pas dans ce monde. Alors. Oublie. Il était temps de se sortir de cette situation de merde avec tout ce qu’elle pouvait. « Dar. »

« Oui ? » Dar tourna la tête, ses yeux clairs bien cachés derrière les lunettes.

« On fait une trêve. » Shari leva la main. « J’en ai marre. Si ça doit arriver, que ça arrive et qu’on en finisse. » Elle fit de son mieux pour ôter tout sarcasme de sa voix.

Dar démarra la Lexus, gardant le silence pendant le temps qu’il lui fallut pour enlever le frein et engager la voiture. L’offre d’une trêve ne la trompait pas, elle savait que tout ce que Shari voulait, c’était l’éviter jusqu’à ce qu’elle soit assez loin pour lui balancer une grenade.

Mais, Dar croyait dans le fait de prendre tout avantage qui lui était offert et avoir de la paix et de la tranquillité serait indubitablement un avantage. « Très bien », dit-elle. « On fait une trêve. »

Shari sembla un peu surprise mais elle haussa les épaules et se radossa tandis qu’elles descendaient du ferry.

Il restait à voir, bien entendu, combien de temps ça allait durer.

***************************************

« Alors c’était quoi tout ce truc ? » Demanda Michelle tandis que Kerry remontait la vitre. « Ou bien vous vous parlez en code régulièrement juste pour énerver les gens ? »

Kerry se renfonça dans le fauteuil, réfrénant un bâillement. « Oh bien sûr. Nous parlons en code. Parfois Dar allume un feu sur son bureau et m’envoie des signaux de fumée, quand elle s’ennuie vraiment. »

Michelle la regarda d’un air soupçonneux. Kerry avait étendu ses jambes et les avait croisées aux chevilles, et elle ne semblait pas vouloir en dire plus que ça. Les yeux de la jeune femme blonde étaient cachés par des lunettes de soleil argentées et il était difficile pour Michelle de dire exactement ce qu’elle tramait.

Peut-être que c’était mieux qu’elle ne le sache pas. Elle décida de revenir plutôt à la conversation précédente. « Alors. Vous n’avez introduit personne dans notre compagnie. C’est ce que vous disiez ? »

« Ce n’était pas nous », acquiesça Kerry. « Bon. Parlez-moi de tout ce que vous auriez pu laisser dans nos bureaux après cette réunion. »

Michelle démarra la voiture, le front plissé. « Pardon ? »

Donc. Dar avait-elle eu raison depuis le début ? « Nous avons découvert quelque chose d’inséré dans notre réseau après que vous êtes parties. De la technologie d’espionnage. »

« Vraiment ? » Michelle semblait fascinée. « Qu’est-ce que ça apporterait à… qui que ce soit ? »

Un sourire. « Rien. » Kerry se mit à rire. « Dar l’a trouvé. »

« Ce n’était pas nous. »

Kerry hocha la tête. « Dar ne le pensait pas… elle a dit que c’était trop sophistiqué. » Bam. « Mais avec tout ce qui se passait en même temps, il y avait de quoi réfléchir. »

Elles suivirent le Lexus de Dar hors du ferry et se mirent en route vers le quai. « Et bien, après que nous avons découvert votre petit truc avec le père de Dar, croyez-moi, beaucoup de choses m’ont incitée à venir vers vous », admit franchement Michelle.

« Comme de faire partir le superviseur de notre quai ? »

« Hein ? » Michelle la regarda brusquement. « J’ai dit incitée. Je n’ai pas dit que je l’ai fait. »

Est-ce que Michelle disait la vérité ? Kerry en avait le sentiment.

« Et après cette arnaque à la ligne téléphonique », ajouta soudain Michelle. « Sans mentionner ce subterfuge de diversion à ce que vous appelez sans rire un restaurant. »

Kerry soupira, leva une main et posa la tête dessus, son coude contre la vitre de la voiture. « Ça ne sert à rien que je m’embête à dire qu’aucun des deux n’était programmé, pas vrai ? »

Michelle ricana. « Vous ne vous attendez pas sérieusement à ce que je crois que vous n’avez pas voulu sciemment monter quatre lignes téléphoniques ? »

« Non, je l’ai fait », dit Kerry, sursautant un peu quand un taxi leur coupa la route. « Je ne savais cependant pas que c’était les dernières paires. Je les ai mises dans chaque terminal parce que ces salopards ne voulaient pas en assigner une à chaque navire spécifiquement. »

Michelle réfléchit quelques minutes. « Hmpf. »

« Désolée », dit Kerry. « Honnêtement, à ce point, si je l’avais fait pour vous nuire, je le dirais. A quoi ça rimerait autrement ? »

« Hmpf. » Michelle plissa le nez. « Alors vous me dites que vous et Barbe-Noire là-bas êtes totalement innocentes ? Allons. »

Kerry pinça les lèvres. « Non », admit-elle.

« Ah. »

« On vous a fichu une frousse bleue à toutes les deux au restaurant Living Seas. »

Michelle faillit arrêter la voiture. « Quoi ?? »

« Dar et moi on plongeait dans l’aquarium. »

Bienvenu, un feu passa au rouge. Michelle se tourna et la fixa. « Vous êtes sérieuse ? »

Kerry hocha la tête. « Oui », dit-elle. « Mais à part ça, honnêtement, Michelle, nous ne vous avons fichtrement rien fait. C’est ce qui m’énerve autant… parce que depuis qu’on s’est rencontrées à Orlando, tout ce que vous avez fait, c’est nous foncer dessus avec une hachette. »

Michelle sursauta quand une voiture derrière elles klaxonna d’impatience. Elle démarra, visiblement secouée. Elle garda le silence un moment, puis jura brusquement. « Vous n’avez aucune idée de ce que ça a causé. »

Kerry la regarda avec méfiance.

« Vous n’en avez foutument aucune idée. »

*************************************

Kerry trottina sur le tarmac pour rejoindre la voiture de Dar, s’arrêtant lorsque la portière du conducteur s’ouvrit et que sa compagne en émergea. « Salut. » Elle étudia le langage corporel de la grande femme avec une pointe d’anxiété mais se détendit quand il fut évident que Dar l’était aussi. 

« Salut. » Dar ferma la portière derrière elle. Shari avait déjà quitté la voiture et se dirigeait vers l’endroit où se tenait Michelle, qui attendait pour entrer dans le bâtiment administratif. « Comment ça s’est passé ? »

« Comment ça s’est passé ? » Demanda Kerry en même temps.

Dar réfréna un rire et se passa les doigts dans les cheveux. « Moi d’abord. Ça a craint. »

« Hm. »

« On s’est mises d’accord à mi-chemin pour une trêve à la fin mais je pense qu’elle voulait juste que je me taise », admit Dar. « Et toi ? »

« La fête des garces. » Kerry rejoignit Dar qui commençait à marcher vers le bâtiment. « Dur à deviner, vraiment. Je pense que tu avais raison cependant. »

Dar lui jeta un coup d’œil. « Ah oui ? »

« Oui. Tu as dit que tu ne pensais pas qu’elles étaient derrière une grande partie du truc au bureau et je pense que c’est vrai », admit Kerry.

« Elles étaient derrières les vacheries qu’on racontait. »

« Et bien, ça oui. » La jeune femme blonde plissa le nez. « Mais pas l’histoire du téléphone ou de la petite défection de Doug, apparemment. » Elle fit quelques pas, regardant ses sneakers d’un air neutre. « Qu’est-ce qu’elles espéraient avec les ragots en fait ? Je ne comprends pas trop ça. »

Bonne question. Dar se rapprocha tandis qu’elles marchaient. « Je, euh… » Ne savais pas ? Ce n’était pas vrai vu qu’elle savait très certainement. « Shari essayait de causer des ennuis entre toi et moi. »

Kerry eut un petit haussement d’épaules et un hochement de la tête. « Beuh », dit-elle. « Tu t’en doutais. »

« Elle se disait que si elle pouvait nous séparer, je serais assez distraite pour oublier le contrat », ajouta Dar.

« Elle est vraiment aussi stupide ? »

Dar ne put s’empêcher de sourire. « Oui », dit-elle.

« Je veux dire que j’ai toujours su qu’elle était idiote », ajouta Kerry. « Mais apparemment elle a encore perdu plus de neurones ces dernières années. »

Ce qui était, Dar s’en rendit compte, un compliment pas trop obscur. « Eeeeh bien… » Elle mit la main dans le dos de Kerry tandis qu’elles montaient les marches du bâtiment administratif. « Je ne peux pas dire que j’étais attractive à l’époque. »

« Un bullcaniche. »

Dar gloussa.

« Dar, j’ai vu des photos. Si je t’avais rencontrée au lycée, tu m’aurais épargné une semaine en enfer d’orientation de genre à South Beach, je te le dis. » Kerry s’interrompit devant la porte fermée.

« Merci, je pense », dit sa compagne. « Je présume que de son point de vue, il y avait une certaine logique à ça. » Elle soupira, fronçant un peu les sourcils.

« Tu veux dire si quelque chose avait causé un problème entre nous ? » Demanda Kerry doucement.

Dar hocha la tête.

Kerry cogna le béton avec le bout de sa sneaker puis leva les yeux. « Je ne peux pas parler pour toi, ma chérie, mais il faudrait fichtrement bien plus que des ragots pour moi », dit-elle. « Parce que la pensée même de ça me fait avoir envie de pleurer. »

Dar s’avança et mit les bras autour de Kerry, l’enlaçant. « Moi aussi », murmura-t-elle dans l’oreille de Kerry. « Je préfèrerais mourir que de te perdre. »

Kerry inspira doucement, renvoyant le monde qui les entourait tandis qu’elle enfouissait son visage dans la chemise de Dar. Après un moment, cependant, elle recula la tête et sourit. « On peut continuer cette conversation plus tard ? »

« Bien sûr. » Dar la relâcha et recula, regardant autour d’elle avec un air faussement embarrassé. « Je serais chanceuse qu’ils aient ça sur une caméra d’une manière ou d’une autre. »

Kerry se mit à rire, lui tapotant le côté. « Je l’espère aussi. »

Dar ouvrit gracieusement la porte et recula pour laisser Kerry entrer. Tandis qu’elle suivait sa compagne dans le lobby extérieur vers la pièce où Quest avait installé sa base opérationnelle, elle prit un moment pour réfléchir à ce qu’elle aurait pensé de Kerry si elles s’étaient rencontrées plus tôt.

Est-ce que Kerry aurait été son type ? Savait-elle-même quel était son type à l’époque ? Dar ne pensait pas en avoir un. Shari l’avait attirée plus à cause de sa personnalité dominante que son allure, et Kerry n’aurait pas eu cette attitude à l’époque.

Ni maintenant d’ailleurs. Kerry n’était pas timide mais elle avait un air de douce réserve en public qui faisait souvent penser aux gens qu’elle l’était jusqu’à ce qu’ils la connaissent vraiment.

Elle avait aussi un sens de l’humour incisif qui prenait encore Dar par surprise.

Elle se rendait compte que Kerry était complètement différente de quiconque avec qui elle était sortie, autant que d’être aussi différente de Dar elle-même.

Les contraires s’attirent peut-être ? Et puis qu’est-ce qu’elle avait fichu avec toutes ces autres de la haute de type A avec qui elle était sortie ? Perdre son temps à attendre la chance d’entrer dans ce petit bureau débraillé de chef de l’informatique, apparemment.

« Dar ? » Kerry se tenait près de la porte les mains sur les hanches à la regarder. « Hello… la Terre à Dar ? »

« Désolée. Je réfléchissais. » Dar attrapa la poignée. « Allons-y… Démarrons. » Elle était un peu surprise que Michelle et Shari ne les aient pas attendues, mais à y repenser…

Peut-être qu’elle ne l’était pas.

Elles entrèrent dans la pièce pour y trouver un désordre indescriptible. Pas qu’elles n’aient pas été familières avec le chaos autour de ce projet mais des groupes de personnes qui se tenaient aléatoirement en se hurlant dessus était nouveau même pour elles.

Quest était absent. Les managers des autres équipes de l’appel d’offres étaient présents, eux, et personne ne semblait heureux. Les deux autres équipes semblaient se crier dessus et Michelle et Shari essayaient de les arrêter. Dar observa les bras qui balançaient pendant un moment puis elle mit ses poumons puissants au travail. « STOP ! »

Mike se retourna et pointa vers elle. « Vous espèce de fils de garce ! » Cria-t-il à pleins poumons.

Tout le monde s’arrêta et se tut, tandis que les mots résonnaient un moment.

« Mauvais genre et si vous parlez de ma mère comme ça à nouveau, je vous arrache la queue », répliqua Dar d’un ton normal. « Si j’ai une chance de la trouver. »

« Vous nous avez baisés tous ! » Mike avait considérablement baissé de volume.

Kerry monta sur une des tables, les bras croisés sur sa poitrine. « Oh, ça devrait être amusant », dit-elle. « Je me demande ce que nous avons fait là. »

« D’accord, attendez. » Michelle s’interposa courageusement. « Tout le monde se calme. Il y a des trucs… »

« Fermez-là vous aussi ! » L’homme virevolta pour lui faire face. « Vous êtes aussi nuisible qu’elles ! »

« Hé ! » Shari fronça les sourcils. « Calmez-vous ! On ne vous a pas trompés. »

Kerry descendit de la table et marcha dans le bureau, repérant quelques diagrammes de navires sur le mur du fond et elle s’avança pour les étudier. Où était Quest, se demanda-t-elle ? Aussi près de la fin, elle s’attendait à le voir ramper sur eux, sans mentionner son équipe de tournage.

Alors, où était-il ?

« D’accord, si tout le monde a fini de brasser de l’air chaud, fermez-là et écoutez. » La voix de Dar passa au-dessus des marmonnements.

Ah. Rien de tel que la touche personnelle de diplomatie de sa compagne. Kerry ouvrit paresseusement le couvercle d’un bocal de biscuits posé sur le bureau et elle regarda à l’intérieur. Sans surprise, il était vide. « T’sais, il n’y a rien dans le monde d’aussi inutile qu’un bocal de biscuits vide et ça renvoie ce projet stupide à une très mauvaise note. »

« Vous avez dit quelque chose ? » Lui demanda Michelle en se tournant au son de sa voix.

« Moi ? Non. » Kerry réfréna un sourire. Elle referma le bocal.

« Je n’écoute plus de conneries venant de vous ! » Dit Mike. « Quest nous a dit ce que vous avez fait ! »

Kerry se tourna. « Ah oui ? » Demanda-t-elle.

« Oui. » L’homme se retourna et la regarda. « Il nous a raconté comment vous avez acheté les ouvriers et avez commis des sabotages. »

Oh Seigneur. Kerry fut sur le point de répondre quand elle sentit son téléphone vibrer. Elle le détacha de sa ceinture et jeta un coup d’œil, fronçant les sourcils quand apparurent quelques demi-numéros. Cela déclencha une demi-alarme en elle.

« Descendez sur Terre », répondit Dar pour elle. « Nous n’avons rien fait à personne. Laissez-moi vous informer sur ce qui se passe réellement ici. »

Le téléphone vibra à nouveau et Kerry le mit à son oreille, entendant une série de bruits secs. Elle les étudia d’un air perplexe, se grattant les méninges pour se souvenir de quand elle avait vu l’appareil se comporter de telle manière auparavant. Etait-ce au bureau ? Non… »

« Et on va vous croire ? » Répondit Mike d’un air sarcastique.

« Bon, attendez. » Shari jeta son soutif dans la bagarre. « Je me rends compte que ça risque d’être dur à avaler mais vous devriez vraiment écouter ce que Dar a à dire. »

« Quoi ?? » Les deux autres équipes se retournèrent pour faire face à Shari. « Vous avez perdu l’esprit ? Vous nous avez dit hier qu’elle n’était qu’une garce menteuse à deux faces ! » Balbutia Mike. « Maintenant vous êtes de son côté ? »

« Shari a raison. » Michelle mit les pieds dans le plat. « On a de nouvelles informations. Vous vous souvenez de ce mot ? C’est le truc qu’on utilise pour prendre des décisions ? »

« Sacrée merde », murmura Kerry. « Qu’est-ce que… » Elle se mit à regarder autour d’elle, scrutant avec curiosité les objets sur le bureau jusqu’à ce qu’elle se concentre à nouveau sur le bocal. Il était posé sur le dessus d’une bibliothèque, derrière la chaise de bureau, avec une ligne claire de vue sur toute la salle. « Heu. »

« Lâchez-moi les baskets ! Je ne suis pas intéressé par un paquet de conneries ! »

Elle plissa les yeux devant le bocal et se tourna. « Dar ? »

Dar regarda autour d’elle puis leva un sourcil vers elle.

Kerry s’éloigna du bocal, pointant son pouce vers elle puis elle leva sa main droite et fit un geste de claquement de fermeture avec son index et son pouce.

Dar écarquilla légèrement les yeux.

« Quoi ? » Michelle les regarda, allant de l’une à l’autre. « Ce n’est pas le moment des devinettes, les filles. »

« Et bien, vous savez, on ne peut pas faire plaisir à tout le monde, pas vrai !? » Kerry étendit brusquement ses bras, recula d’un pas ce faisant. Son coude cogna le bocal et l’envoya contre le mur, puis il rebondit et tomba de la bibliothèque, frappant le sol avant de se briser en plusieurs gros morceaux. « Oups. »

Michelle s’avança et regarda les débris. « Un éléphant dans un magasin de porcelaine ? » Suggéra-t-elle ironiquement, puis son regard se concentra sur quelque chose. « Oooh… attendez. C’est quoi, ça ? » Elle se pencha pour mieux voir les tessons de la poterie.

Kerry enroula son doigt à l’intention du reste de la pièce. Elle pointa les tessons puis elle mit son doigt sur ses lèvres. Dar la rejoignit immédiatement, bondissant presque dans la pièce tandis que les autres suivaient plus à contrecœur.

Enfouie dans les tessons, il y avait une webcam  avec de l’équipement prévu pour permettre son contrôle à distance. Le dessin orné à l’avant du bocal portait un petit trou à l’endroit où s’était trouvée la lentille.

Elle faisait face au sol maintenant et tandis qu’ils regardaient, les câbles bougèrent faiblement pour essayer de faire un focus. Le contrôle radio fit de nouveau bruiter le téléphone de Kerry et elle le leva. « Si c’est pas étrange. »

« Distance ? » Dit Michelle silencieusement, ses sourcils roux levés.

Kerry hocha la tête.

Mike s’agenouilla et prit un tesson, faisant tourner la caméra d’un doigt avec précaution. Shari se tint au-dessus, les bras croisés avec une expression pensive. Elle regarda la pièce avec plus de précautions, son regard fouillant les coins à la recherche de quelque chose.

« Alors, c’est quoi le marché ? » Mike regarda Dar. « Qu’est-ce qu’on rate ici ? »

L’attitude avait changé si vite que ça faillit donner le tournis à Dar. Etant donné ce que Kerry avait trouvé, elle n’avait aucun doute qu’il y avait des micros qui allaient avec ça. « Je vais vous dire », dit-elle. « Allons faire une balade dehors pour prendre l’air frais.

« Bonne idée », Shari acquiesça instantanément. « Ils commence à faire lourd ici. La clim est encore en panne probablement », ajouta-t-elle. « On peut prendre la brise près de l’eau. « Elle se dirigea vers la porte avec une expression volontaire. « Vous venez ? »

Ils sortirent tous derrière elle vers le lobby, qui était manifestement vide. Le bruit de la porte extérieure se refermant fit écho après leur départ, suivi par le silence pendant un bref moment.

Puis un bruit de pas apparut et plusieurs personnes foncèrent dans le lobby, entrant dans le bureau à pas rapides avec des jurons étouffés.

****************************************

Elles trouvèrent un coin où s’asseoir sur la jetée, qui surplombait le canal des cargos au bout du port. Il n’y avait rien à l’environ à part quelques mouettes attirées, qui s’éloignèrent en volant lorsqu’elles découvrirent qu’il n’y avait pas de miettes de sandwich à grignoter.

Le vent soufflait sur le quai avec une certaine force, vers le large emportant opportunément leurs mots par-dessus les eaux. « D’accord. » Dar posa les coudes sur ses genoux. « Accordez-moi la faveur de m’écouter jusqu’à ce que je m’arrête, ensuite vous pourrez me dire si je raconte des conneries. Marché conclu ? »

Mike grogna.

Dar leur exposa les faits en courtes phrases. Kerry se contentait de rester assise près d’elle, regardant les visages des deux hommes ainsi que Michelle et Shari tandis qu’ils écoutaient. Aucun ne voulait vraiment la croire, Kerry pouvait le dire. Après tout, se rendre compte qu’on s’était joué d’eux tous comme sur des banjos, n’était pas la chose la plus agréable, pas vrai ?

Dar finit son exposé. « Voilà c’est ce qu’on a. Les derniers morceaux vous les avez vus vous-même, avec cette foutue caméra. Je suis sûre qu’ils enregistraient aussi le son… on a eu une jolie scène. »

Mike fixa le lointain, puis il secoua la tête. « Et ben, merde alors », marmonna-t-il. « J’aimerais foutument pouvoir dire que vous racontez des conneries, Dar… mais pour être honnête, quelque chose ne s’additionnait pas. Graham et moi on en parlait hier. » Il montra le quatrième membre de l’appel d’offres qui jusque là, n’avait pas pipé mot.

Shari hocha la tête. « Nous l’avons remarqué aussi », admit-elle. « C’était bien trop plein de bizarreries. » Son regard alla vers le visage de Dar puis au loin. « Même en considérant tout. »

Mike leva la main. « Mais vous avez fait entrer cette équipe de tournage », objecta-t-il. « Alors c’est votre arnaque ? »

Question intéressante. Kerry s’appuya inconsciemment contre l’épaule de Dar tandis qu’elle attendait la réponse. Il y avait quelque chose d’étonnamment réconfortant dans la présence solide de sa compagne et elle s’empêcha à peine de poser sa tête sur cette même épaule, assises là.

Michelle prit la parole. « Les gens de la télévision m’ont contactée », dit-elle. « Ça semblait être une bonne idée à ce moment-là, alors j’ai dit d’accord. De la publicité gratuite ? Un passage télévision sans rien débourser ? Tout le monde aurait dit oui. » Elle les pointa tous. « Tous vous l’auriez fait. Même vous deux. »

« Probablement », acquiesça gracieusement Kerry.

« Mais vous avez mordu à l’hameçon », lui rappela Mike. « Ils se sont bien moqués de vous. »

Michelle haussa les épaules. « Tout autant que Quest s’est moqué de nous tous. »

« Excusez-moi. » Graham prit enfin la parole. « Et qu’est-ce qu’on a l’intention de faire pour ça ? » Demanda-t-il. « On est presque à la fin de la journée. Nous n’avons pas terminé ces projets et ça n’aura servi à rien apparemment.

Bon, le plus dur était là. Dar regarda Kerry et haussa légèrement les sourcils, l’invitation implicite dans le mouvement.

Bon ingé, mauvais ingé ? (NdlT : référence à Bon flic, mauvais flic, traduction hasardeuse de nerd J) « Et bien, nous avions une idée. » Kerry s’avança courageusement. « Nous pensions que… tout ce truc était apparemment destiné à filmer un combat à mort pour la fin, pas vrai ? »

« Ouais », acquiesça Shari. « De préférence avec les bonnes personnes qui gagnent. »

« Définissez les bonnes personnes », marmonna Mike.

« Bon, et si personne ne gagne ? » Demanda Kerry. « Et si on était à égalité ? Et si on s’y mettait tous ensemble et qu’on nivelle l’arène de jeux et qu’on s’assure juste que tout le monde finisse avec succès ? »

Un moment de silence. « Et ça ferait quoi, bordel ? » Demanda Mike.

« On les baise tous », dit Shari d’un ton brusque.

Graham se frotta le visage. « Vous êtes en train de me dire qu’on devrait s’aider les uns les autres ? Pourquoi on vous ferait confiance ? » Il montra les deux couples de femmes. « Pourquoi on ferait confiance à l’une ou l’autre de vous ? Vous vous écharpez depuis des semaines. Maintenant vous êtes là et vous voulez qu’on travaille ensemble ? C’est de la folie ! »

Kerry regarda au-delà d’eux, vers le bâtiment administratif. Elle repéra Cruickshank qui en sortait avec Quest, les deux regardant autour d’eux. « Oh oh. »

Dar se concentra sur ce qu’elle regardait. « On n’a plus de temps », dit-elle. « Ecoutez, je me fous totalement de si vous nous faites confiance ou pas. Le fait est que nous avons terminé. »

« Mais sans énergie », l’interrompit Michelle.

« Non. » Dar secoua la tête. « Nous avons de l’énergie. J’aurais juste pu attraper ces connards et en avoir fini avec ça si je le voulais. » Elle se leva tandis que Quest les découvrait. « Alors voilà le plan. Nous allons dans nos zones et quoiqu’il vous manque pour finir, appelez-moi. Si on a acheté vos équipes malgré vous, je vous enverrai des gens. Un problème technique, nous trouverons un moyen de le gérer. Nous avons deux heures. »

Ils n’avaient que quelques secondes pour se décider. Quest et Cruickshank venaient vers eux.

« Vous appeler. » La tête de Mike avait l’air sur le point d’exploser. « C’est dingue, Dar. »

« Perdez ou participez. Choisissez mais maintenant », dit Dar tandis qu’elle avait déjà commencé à s’éloigner du groupe.

« Nous en sommes », dit Michelle brusquement. « Attendez mon appel pour le satellite. »

« Très bien. » Mike fronça les sourcils. « J’ai besoin de techniciens. « Il recula et vérifia sa montre puis il se retourna et se dépêcha au petit trot vers le quai où se trouvait son navire.

Graham fourra ses mains dans ses poches. « Pas sûr que vous puissiez nous aider », dit-il d’un ton neutre. « Il nous manque du matériel… le fournisseur n’en a plus. »

Kerry s’éclaircit la gorge bruyamment. « Hé, Michelle ? »

Celle-ci se retourna à mi-chemin d’un semblant de retraite, et se mit face à lui. « Appelez-moi. » Elle leva une main puis se retourna à nouveau, dans la direction opposée.

Dar et Kerry restèrent seules pour faire face à l’adversité. Kerry soupçonna que ça allait être coton et elle décida que peut-être la retraite était une meilleure option. «Viens, Dar. On a du pain sur la planche. » Elle prit le bras de sa compagne et commença à tirer.

« Roberts ! » Hurla Quest.

« Ms Roberts. » Cruickshank bougea pour les intercepter. « Attendez… j’ai des questions à vous poser ! »

« Dar, on ferait mieux de sortir d’ici. Tout ce qu’on dira pourrait nous sauter à la figure », dit Kerry.

« Oui. » Dar leva la main. « Désolée… on a du travail. » Elle se retourna et poussa Kerry devant elle, en direction de la bande herbeuse qui bordait la digue.

« Stop ! Roberts ! Revenez ici ! » Cria Quest. « Stop ! »

« Contente que le vent soit aussi bruyant. » Kerry accéléra son pas jusqu’à une petite foulée. « Tu as entendu quelque chose ? »

« Non. » Dar se mit près d’elle. « Pas un foutu mot. »

« Moi non plus. » 

« Roberts ! Bon Dieu ! STOP ! »

On n’aime pas que quelqu’un d’autre prenne le dessus, hein ? Dar sourit méchamment en laissant l’écho diminuer derrière elle. Et bien, mon gars, faudra t’y habituer.

**************************************

Kerry se tenait sur la plateforme du milieu, silhouette centrale dans une mer de techniciens qui se regroupaient. Les portes principales vers le bâtiment du quai étaient verrouillées, bien qu’elle pensait avoir vu un des cameramen flâner à l’extérieur il y a peu. « D’accord, les gars… écoutez bien. »

Il y avait un air palpable d’anticipation dans la pièce. Mark était appuyé sur le comptoir derrière lequel elle se tenait, avec un air de triomphe presque narquois sur le visage. « Il aura fallu botter pas mal de culs mais bon sang, on y est arrivés, pas vrai cheffe ? »

Beurk. Kerry était maintenant face à un tout autre dilemme. Elles avaient poussé leurs équipes jusqu’à la limite et les gars et les filles ne les avaient pas déçues. Maintenant elle devait leur dire que basiquement, leurs efforts n’avaient quasiment servi à rien. « Les gars, j’ai quelque chose d’un peu difficile à expliquer. »

Son équipe s’installa et la regarda avec confiance. Kerry eut un instant de flashback, vers le jour où elle s’était trouvée devant une équipe très différente pour une raison très différente, avec quasiment les mêmes regards dirigés sur elle.

A l’époque, elle les avait sauvés du chômage et dans le même temps, s’était sauvée de devoir retourner vers une vie d’oppression à la maison. Cette fois-ci ? Et bien, cette fois, elle devait juste leur dire qu’elle les avait conduits sur un chemin légèrement tordu. Ce n’était pas aussi mauvais, pas vrai ?

« D’abord, je veux vous remercier pour l’énorme travail que vous avez fait cette dernière semaine », dit Kerry. « Je l’apprécie, Dar l’apprécie et pas le moindre, la compagnie l’apprécie. C’est vous qui avez rendu ça possible. »

Tout le monde sourit.

« Cependant. » Kerry s’appuya sur le comptoir, leur lançant à tous un regard désabusé. « Il se passait des choses ici dont nous n’avions pas la moindre idée. »

« Oh oh », dit Mark.

« Alors, à la fin, maintenant que nous avons terminé notre travail, nous devons aider tous les autres à finir aussi. »

Tout le monde la fixait, les mâchoires un peu affaissées. Cela aurait été comique si Kerry n’était pas aussi consciente des minutes qui passaient. « Les gars, s’il vous plait, faites-moi confiance pour ça. Je vous l’expliquerai plus tard mais nous manquons de temps. Je dois créer des équipes et vous envoyer tous sur les autres navires. »

Mark se couvrit les yeux de sa main. « Ohsacrébondieu. »

« Sacrée merde », bafouilla Carlos. « On va les aider maintenant ? »

« Oui. » Kerry bougea quelques feuilles de papier. « Une fois qu’on aura tous fini, je pourrai vous raconter le reste de l’histoire. Mais Dar voulait que je vous fasse savoir, malgré ce que nous avons à faire, que les seuls vrais gagnants dans tout ce fatras, se trouvent là maintenant dans cette pièce. »

Les techniciens gardèrent le silence, le bourdonnement dans la pièce mourant tandis qu’ils absorbaient le compliment.

« Nous sommes les meilleurs. Nous l’avons prouvé », continua Kerry. « Maintenant, nous devons avancer et amener ce projet à un autre niveau. Alors. » Elle soupira. « Allons-y. Attrapez votre équipement et je ferai l’appel dans une minute. »

Les techniciens bougèrent et se mirent à avancer. Mark attendit que l’espace s’éclaircisse puis il mit son menton sur son poing. « Heu… Kerry ? »

« Je sais. » Kerry leva la main. « Contente-toi de suivre, Mark. Tout ce truc est une comédie. »

« Hein ? »

« C’est faux. Une dissimulation. Ce n’est pas réel. Les navires ne vont naviguer nulle part… C’était juste un simulacre pour les caméras. »

« Sans blague ? »

« Madame ? »

Kerry se tourna et vit son garde de sécurité qui se tenait là. « Oui ? »

« Les gens là derrière les portes ne veulent rien entendre. » Le garde pointa. « Ils commencent à s’énerver vraiment. » Derrière lui, Kerry pouvait voir l’équipe de tournage, Cruickshank, Quest et d’autres aggultinés près de la porte, qui cognaient dessus. « Beurk. »

« Ouaouh. » Mark cligna des yeux.

« Prends cette liste et emmène ces gars au navire du plot 12. » Kerry tendit une feuille de papier à Mark. « Dépêche-toi et quoi qu’il arrive, dis à tout le monde de ne pas dire un mot à quiconque au sujet de ce que nous faisons. Gardez juste le silence. »

« Hein ? »

« Mark, on a été dans l’obscurité pendant des semaines. Maintenant c’est notre tour de nous jouer de ces gens-là », lui dit Kerry. « Compris ? »

Mark hésita puis sourit d’un air penaud. « J’ai pas idée, cheffe, mais si tu dis de la fermer, pas de problème. » Il prit le papier et le lut rapidement. « D’accord ! » Sa voix monta. « Quand je vous appelle, amenez vos fesses ici ! »

Bien. Kerry se passa la main dans les cheveux. « D’accord. » Elle fit face au garde. « Laissez-moi juste trouver de quoi boire et je m’occuperai de ces gens. Ils ont dit ce qu’ils voulaient ? »

« Ms Roberts », répondit promptement le garde.

« Et bien, voilà. Elle n’est pas là. »  Elle attrapa avec reconnaissance une bouteille de soda au raisin offerte par Carlos. « Merci. » Elle prit une gorgée du breuvage et réfléchit à ce qu’elle allait dire aux journalistes. Un sourire passa sur ses lèvres et elle rit un peu. « Vous voulez une histoire ? Très bien. Je vais vous en donner une. »

Elle descendit de la plateforme et se dirigea vers la porte. « Il est temps que VOUS tourniez en rond. »

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A suivre partie 31

 

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