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17 mai 2009

Cible mouvante, partie 5

MOVING TARGET par Melissa Good

CIBLE MOUVANTE
Partie 5
Traductrice: Gaby

Chapitre 11
C’était l’aube du jour suivant, alors qu’elles retournaient au travail, de retour à Miami.
Dar sifflotait doucement en s‘engageant sur la route. Le soleil de ce début de matinée inondait le véhicule malgré les vitres teintées, et elle était heureuse d’avoir déjà mis ses lunettes de soleil. « Comment va ton dos ? » Demanda-t-elle à sa compagne.
« Ouille. » Kerry ferma les yeux contre la lumière. « Je voudrais ne pas porter de vêtements. »
Sa partenaire émit un petit gloussement. « Et ça me plairait bien. » Dit-elle solennellement. « Je t’avais dit de ne pas t’endormir avant le dîner hier. »
« Ouais, ouais, ouais. » Kerry leva la main, grimaçant quand  le mouvement causa une douleur tiraillante sur ses épaules brûlées par le soleil. « Il était quatre heures de l’après-midi, Dar. Seigneur, le soleil aurait dû être couché à cette heure-là.. » Elle se tourna vers sa compagne. « Et toi tu aurais pu me réveiller, petit rat des plages. »
« Bein voyons. » Dar fit une grimace et montra ses dents blanches. « Je faisais des courses pour toi, tu te rappelles ? »
« Ermf. » Kerry reposa son menton sur son poing et observa les palmiers pendant que Dar naviguait habilement dans le trafic du matin. « Hé, je me suis quand même bien amusée. » Admit-elle.
« Moi aussi. » Dar fit légèrement tambouriner ses doigts sur le volant. « Mon Dieu, je suis fatiguée. » Admit-elle. « On s’est couché tard cette nuit. »
« Ou levé tôt ce matin. » Para Kerry. « Deux heures de sommeil, ce n’est pas vraiment assez pour commencer une nouvelle journée. » Elle poussa Dar dans les côtes. « On est devenu trop vieilles pour faire des nuits blanches ? »
Dar entra dans le parking du bureau, évitant un camion de livraison pour aller garer la Lexus près de l’entrée du bâtiment. « Ça dépend de ce que tu fais toute la nuit. » Elle lança un sourire coquin à Kerry. « Tu aurais pu dormir sur le chemin du retour. »
Kerry ouvrit la portière et se glissa dehors, enfila soigneusement sa veste avant d’attraper sa mallette par la poignée et de refermer la portière. Elle poussa ses lunettes de soleil plus haut sur son nez en faisant le tour de l’avant de la voiture et rejoignit Dar pour le court trajet jusqu’à l’entrée du bâtiment.
Ouais, elle aurait pu dormir. Elle en convint silencieusement, en marchant à côté de la grande femme. Mais ça avait été amusant de trouver des jeux pour les maintenir éveillées toutes les deux, pendant le long trajet de retour dans les petites heures obscures du matin.
Elle avaient décidé de partir après le dîner, mais l’attrait des parcs avait eu raison d’elles, et elles avaient fini par faire la fermeture avec un dernier arrêt pour trouver de la crème glacée. Elle étaient parties un peu après minuit, profitant de leur dernière nuit à Disney World au maximum, et avec l’idée d’aller travailler sans prendre vraiment de repos.
Mais ça valait le coup, décida Kerry. Elle aurait probablement besoin de six tasses de café cubain pour tenir jusqu’au déjeuner, mais elle avait passé des moments géniaux avec Dar, comme elle l’avait demandé, assez pour la faire tenir un peu jusqu’à la prochaine fois en tout cas. « Bonjour, John. » Elle salua le garde de sécurité à la porte.
« Bonjour mesdames. » Répondit le garde poliment. « Passez une bonne journée. »
« On fera de notre mieux. » Murmura Dar en enlevant ses lunettes de soleil.
L’air conditionné du bâtiment était bienvenu tandis qu’elles entraient et qu’elles se dirigeaient vers les ascenseurs. Il était tôt, et le hall était encore tranquille quand elles montèrent les étages jusqu’au quatorzième, seules dans la cabine. Kerry étouffa un bâillement alors que les portes s’ouvraient et elle laissa passer Dar en premier.
Elles traversèrent le couloir en silence, et Dar lui donna une petite tape sur le côté quand elles atteignirent le bureau de Kerry. « Reste tranquille aujourd’hui. » Lui dit sa compagne. « Si tu as envie de faire une sieste, tu fermes ta porte à clef et tu demandes à Mayté de transférer tes appels vers mon bureau. »
Kerry lança un regard affectueux à son patron. « Seulement si tu promets de faire la même chose. » Répondit-elle. « C’est toi qui a conduit toute la nuit. » Elle se glissa à l’intérieur de son bureau et fit un clin d’œil à Dar avant de disparaître.
« Mmph. » Dar considéra le bois verni avec un sourire perplexe, puis elle continua à descendre le vestibule jusqu’à son propre bureau. « Bonjour Maria. » Elle salua sa secrétaire, déjà au travail derrière son bureau.
Maria leva les yeux, surprise. « Buenas dias, Dar. » Répondit-elle. « Je ne m’attendais pas à vous voir aujourd’hui ! »
Dar marqua une pause en se dirigeant vers la porte de son propre bureau. « Vous ne m’attendiez pas ? » Elle fronça les sourcils. « J’ai bien dit que je serais de retour après l’expo, non ? »
« Si, si. » Maria acquiesça. « Mais j’ai une note ici qui dit que vos billets d’avion ont été décommandés, et donc je pensais que vous et Kerrisita alliez rester un peu plus longtemps. » Elle montra la feuille de papier. « Je sais que Kerrisita aime beaucoup Disney World. »
« Oh. » Dar se détendit. « Ouais, nous avons… » Ses narines se dilatèrent légèrement. « Je veux dire, on a décidé de prendre la voiture à la place de l’avion. On est rentré cette nuit. » Elle se retourna et ouvrit sa porte. « Vraiment tard cette nuit. »
« Vous voulez un cafecita, Dar ? » Demanda Maria d‘un air connaisseur.
« Un seau, oui. » Dar se laissa tomber sur sa chaise et donna un petit coup à sa trackball. « Peut-être que si je me colle la tête dedans j’arriverai à tenir pendant toute la conférence téléphonique des ventes à dix heures. » Elle démarra la machine sous son bureau et se pencha en arrière en attendant qu’elle se mette en route.
Sauf son envie grandissante de café, elle ne se sentait pas vraiment trop mal, se dit-elle puis elle retira un dossier de sa mallette et l’ouvrit sur son bureau. A l’intérieur se trouvait le cahier des charges de l’appel d’offres, après qu’elle l’ait jeté dedans la veille suite à une brève rencontre avec Peter Quest.
C’était un document relativement important. Elle ouvrit la première page et la replia pour étudier la couverture.
Son Pc s’alluma et réclama son attention. Dar tira son clavier vers elle et entra son login puis les trente-deux caractères de son mot de passe sans aucune hésitation. La machine répondit avec obéissance et ouvrit sa session, mais Dar tambourina des doigts sur le bureau, se rappelant les conversations qu’ils avaient eu à l’expo concernant la sécurité.
Elle appuya sur un bouton de son téléphone. On lui répondit après deux sonneries.
« Centre Informatique, M… oh, salut chef. » La voix de Mark sortit du téléphone entouré du bruit omniprésent de clavier. « Qu’est-ce qui se passe ? Quand est-ce que vous êtes revenues ? »

« Il y a quelques heures. » Répondit Dar. « Rappelle-moi pourquoi nous n’avons pas encore de sécurité biométrique ? » Demanda-t-elle en ouvrant son logiciel de courrier électronique et en regardant défiler les lignes noires qui apparaissaient.
« Euh… »
« Je me suis rendue compte alors que j’étais là à taper mon mot de passe, complètement épuisée, que si quelque un m’agressait et que je lui donnais, je pourrais faire couler toute la compagnie. » Dit Dar. « Arrange ça. »
« Euh. »
« Salut. » Dar raccrocha et posa la tête sur son poing. La plupart des gens savaient qu’elle était partie à la convention commerciale, mais sa boîte mail était complètement pleine, et elle cliqua pour trier les messages par degré d’ urgence.
Puis elle sélectionna tous ceux noté ’urgent’  et les supprima. « Si vous êtes assez stupides pour envoyer un email urgent à quelqu’un dont vous recevez les messages d‘absence, c’est que vous êtes trop stupides pour que je vous réponde. » Annonça Dar à son écran. « Suivant ? » Elle cliqua de nouveau sur le premier message non urgent et l’ouvrit, puis tourna de nouveau son attention sur la couverture du document devant elle.
Elle lut rapidement les premières lignes, et ouvrit le tiroir de son bureau pour attraper la boîte de nourriture pour les poissons. Elle le déboucha et pinça quelques flocons qu’elle saupoudra dans l’aquarium des combattants posé au bout de son bureau. « Comment allez-vous les gars, hein ? » Elle passa un instant à les regarder engloutir leur petit déjeuner. « Je me demande ce que ce serait de nager dans un aquarium plein de vos congénères ? »
Les poissons rouges soufflèrent des bulles vers elle. Dar leur répondit avec un sourire indulgent, puis retourna son attention vers ses papiers. Ce n’était pas les poissons du début, bien évidemment. Elle en avait déjà changé deux fois depuis sa première visite à l’animalerie, quand elle s‘était laissé convaincre de les accueillir dans son bureau. Mais elle s’était en quelque sorte habituée à eux, et maintenant elle appréciait d’avoir quelque chose d’autre pour occuper son attention entre deux tâches.
Elle s’était arrêtée pour regarder un serpent la dernière fois qu’elle étaient allées au Petsmart, intriguée par ses couleurs vives, mais elle avait accepté à contrecœur de laisser Kerry l’entraîner avant qu’elle n’envisage sérieusement de faire un ajout aux babioles de son bureau.
Oh bon. Dar jeta un coup d’œil vers son écran et supprima le premier message, ouvrant le deuxième avant de s’intéresser à l’offre. Peut-être qu’elle devrait commencer doucement, peut être avec un gecko. Elle tira le clavier vers elle et tapa une réponse rapide, jetant de temps en temps un coup d’œil à son écran pendant qu’elle tapait une réponse au mail, examinant en même temps le contrat devant elle.
Les termes étaient relativement clairs. Dar envoya sa réponse, puis étudia le courrier suivant, avant de le supprimer. « Imbécile. » Elle leva les yeux quand la porte s’ouvrit, son nez captant immédiatement les arômes d’un café cubain frais. « Ah. »
Maria portait un petit plateau d’argent qu’elle posa sur le bureau avant de placer devant Dar une minuscule tasse de porcelaine. Elle posa également une soucoupe sur le bord, et y posa une petite cafetière. « J’ai apporté ce qu‘il y avait de plus grand, Dar. Mais ils n’avaient pas de seaux. »
« Merci. » Dar souleva sa tasse et la sirota. Elle observa le plateau, qui comportait aussi tout un ensemble de pâtisseries feuilletées. « Ça aussi c’est pour moi ? »
« Si, bien sûr. » Les yeux de Maria brillèrent. « Vous vous êtes bien amusée, Dar ? J’ai vu Kerrisita en bas, et il m’a semblé que oui. »
Qu‘est-ce qu‘elle entendait par là ? Se dit Dar en se balançant dans sa chaise tout en sirotant son café pour considérer la question, étudiant le visage de Maria. L’expression de sa secrétaire était ouverte et chaleureuse. « Oui. » Répondit Dar. « On a fait une expo décente, et Kerry et moi avons passé un peu de temps dehors dans les parcs. Pourquoi ça n’aurait pas été ? »
Maria poussa un peu plus le plat de pâtisseries. « Tout le monde ici parle de vos interviews. »
Dar lui montra la chaise en face de son bureau. « Vraiment ? Je sais que j’ai donné un coup de pied dans la fourmilière le premier jour. » Admit-elle avec un sourire. « Mais  je pense que tout à été rétabli… on passe bien à la télé ? »
Sa secrétaire grimaça, puis attrapa une enveloppe coincée sous son bras et la tendit à Dar. « Ça vient du programme télé. J’ai regardé avec ma famille. On était vraiment fiers de vous et de Kerrisita, Dar. Vous étiez merveilleuses. »
Dar posa sa tasse et se redressa pour attraper l’enveloppe. Elle l’ouvrit et en sortit une photo format A4, puis la posa sur son bureau pour l’examiner. « Hmm. »
C’était une vue de leur stand, Kerry assise devant le pupitre en train de faire son exposé, prise au moment où elle regardait l’objectif avec une calme intensité qui vous accrochait. Dar, perchée derrière elle, était elle aussi sur la photo, et elle regardait elle aussi exactement vers l’objectif, ses bras croisés sur sa poitrine dans une attitude protectrice intimidante. « J’ai l’air plutôt effrayant. » Réfléchit-elle.
« Non, Dar, vous êtes vraiment très jolie ! » Objecta Maria.
« J’essayais d’être effrayante. » Dar leva les yeux de la photo. « Il y avait quelques personnes là-bas qui n’étaient pas des amis. » Elle s’étonnait que Maria n’en ait pas entendu parler. « La compagnie qui nous fait concurrence dans le Sud-Est… Telegenics ? »
« Ah. » Maria fronça les sourcils. « J’ai entendu leur nom, oui. »
« Elle est dirigée par Michelle Graver, et … hum… » Dar soupira. « Shari. »
Maria cligna des yeux, surprise. « Non, Dar, pas cette femme ? » Elle toussa. « Je ne peux pas le croire. C’est vrai ? Après tout ce temps, elle revient vous tracasser ? » Elle joignit les mains. « Je n’ai jamais détesté personne autant que cette femme. »
Dar venait d’être nommée directrice régionale et Maria assurait son secrétariat quand Shari était revenue dans sa vie pour la première fois. Elle avait fait les frais des commentaires caustiques de celle-ci quand elle avait découvert qui allait entrer dans leur compagnie. « Ouais, enfin. » Dar haussa les épaules. « Kerry et moi nous nous sommes occupées d’elles. Mais ça a tourné au vinaigre plusieurs fois. »
« Tch. »
« Ouais. » Dar étudia la photo. « Elle a eu de la chance. J’ai cru que Kerry allait lui frapper la tête avec un Pentium III. » Elle leva les yeux vers Maria. « D’une certaine manière, ça m’a fait du bien de la voir. »
Maria la fixa. « Parce que vous êtes heureuse maintenant. » Murmura-t-elle.
« Mhmm. » Dar hocha la tête. « Je le suis. Et je parierais que ça lui en a fichu un coup. » Un sourire canaille apparut sur ses lèvres. « Nous sommes en concurrence sur ça. » Elle montra le dossier qu’elle lisait. « C’est un truc qui nous est tombé dessus pendant l’expo. »
« Un bon truc ? »
Dar haussa les épaules. « Ça pourrait. Le contrat vaut entre vingt et trente millions, pas grand-chose pour nous, mais ça nous met le pied dans la porte d’un endroit où nous n’avions encore rien. » Elle feuilleta les pages. « Vous pouvez me faire une faveur ? Mettez ça dans la photocopieuse, et envoyez-en un exemplaire aux avocats, et un autre au bureau de José. »
« Si. » Maria se leva et prit le dossier. « C’est bon de vous avoir de nouveau ici, Dar. Les gens disaient cette semaine que les choses était… comment vous dites déjà… trop monotones ? » Essaya-t-elle. « Que vous avez fait des remous, mais que c’est une bonne chose. » Elle sourit à Dar, et quitta le bureau, en fermant la porte derrière elle.
Dar se versa une autre tasse de café et en prit une gorgée. Elle tendit un doigt, tapota la photo plusieurs fois, et sourit à son portrait. « Bon. » Soupira-t-elle finalement. « Je ne sais pas si c’est vraiment une bonne chose, mais je pense que nous le découvrirons. »
Pourtant, elle sentait que ce défi avait réveillé un intérêt qu’elle n’avait pas ressenti depuis qu’elle avait fini son projet de réseau. Créer une deuxième génération de technologie était bien, mais Dar n’y avait pas trouvé le même intérêt que pour l’original.
Et puis voilà ce projet tout nouveau qui débarque.
Dar captura une pâtisserie et la fit sauter dans sa bouche, puis la mâcha avec un enthousiasme pirate en époussetant quelques miettes de la surface nette de son bureau.
* * * * *
Kerry finit de gribouiller son nom pour la énième fois, et son regard glissa  sur l’ordre d’achat avant qu’elle le soulève pour le jeter dans sa boîte de départ. Elle avait la tête posée sur son poing, et elle se redressa en sifflant légèrement quand sa chemise frotta sur ses épaules brûlées par le soleil. « Fils de … biscuit. »
Son téléphone sonna. Elle vérifia le nom qui s’affichait, puis appuya rapidement sur le bouton. « Hé, Col. »
« Salut ma fille. » Répondit Coleen. « Tu es libre pour déjeuner ? »
Le déjeuner ? Kerry jeta un coup d’œil à sa montre. « Zut… je n’avais pas réalisé qu’il était si tard. Bien sûr. » Elle poussa le reste de la pile de papiers dans sa boite de dossiers entrant et elle se leva. « Descendons. Je n’ai pas franchement envie de mettre ma veste pour aller déjeuner dehors. »
« Ça marche pour moi. » Dit Colleen. « On se retrouve à l’ascenseur ? »
« Si tu veux. » Kerry raccrocha et s’étira avec précaution avant de faire le tour de son bureau pour se diriger vers la porte. Elle passa devant Mayté en plein travail, et elle tambourina des doigts sur le bureau de sa secrétaire. « Je vais déjeuner, tu gardes le fort pour moi, MT. »
« C’est-ce que je vais faire. » Répondit Mayté. « Je peux prendre ce que vous avez fini ? »
« Eh. » Kerry s’appuya sur ses phalanges. « Il n’y a pas grand-chose. J’ai signé quelques bons de commande en attente, et revu ce rapport d’intégration. Tu peux prendre ce que tu veux. J’attends un appel du bureau de L.A. à propos des nouveaux circuits, et je veux tenir Dar au courant. Elle a une conférence téléphonique musclée avec les bureaux de l‘étranger. »
« Elle aura besoin de vous, Ms. Kerry ? » Demanda Mayté.
Kerry pinça un peu les lèvres en entendant la formulation. « On ne sait jamais. » Dit-elle. « Si elle a besoin de moi, elle m’enverra probablement un SMS, mais elle pourrait avoir besoin de certaines statistiques sur lesquelles j’ai travaillé ces deux dernières semaines. Elles sont sur mon bureau, dans le dossier d’infrastructure. Okay ? »
Maïté hocha la tête et sourit, puis elle agita légèrement les doigts en guise de salut en quittant le bureau.
* * * * *
« Hé, Col. » Kerry repéra son amie alors qu’elle sortait de l’ascenseur, et la rejoignit à l’entrée de la cafétéria. « Comment tu vas ? »
« Je suis occupée. » Colleen lui jeta un coup d’œil. « Tu as pris un coup de soleil hein ? »
« Mmh. Je me suis endormie en plein soleil hier, comme une touriste. » Admit Kerry. « On décompressait un peu après l’expo. »
Colleen rit. « Ouais, on a vu l’interview, ma vieille… vous avez encore fait les nouvelles. Qu’est-ce qui lui a pris à Dar ? Elle était si abattue dernièrement, ça a été un vrai choc de la voir se battre comme ça. »
« Mmh. » Kerry prit un plateau et en donna un à son amie. Elle sourit au préposé et passa ses options en revue. « Une salade du chef, s’il vous plait, et un grand verre de thé glacé. » Quand elle fut sûre d’avoir été entendue, elle se tourna vers Colleen en attendant leurs commandes. « Je pense que Dar a simplement saisi l’occasion de faire un peu de pub. Tu sais. » Elle haussa une épaule. « C’est à ça que servent les salons commerciaux, Col. »
« Oh, je sais. » Colleen prit son plat et poussa Kerry du coude. « Et elle a vraiment fait du bon boulot. Duks vantait ses louanges dans tout l’immeuble. »
Elles se dirigèrent vers une table, dans la mezzanine de la cafétéria, un endroit pratiquement vide et qui, par une sorte de convention tacite, était généralement réservé aux membres des étages supérieurs qui n’aimaient pas manger dans les salles à manger du haut. Kerry posa son plateau et se laissa tomber sur une chaise, posant ses coudes sur la table avec une grimace.
« Tu as vraiment cramé, hein ? » Se moqua Colleen.
« Oh ouais. » Kerry prit une gorgée de son thé glacé et passa en revue sa salade du chef. Ce n’était pas un truc qu’elle aimait particulièrement, mais le temps chaud rendait la pensée d’un déjeuner chaud plutôt désagréable, et la salade était un mélange sympa de verdure et de protéines qui pourrait la garder éveillée pour l’après-midi. « Entre ça, et le fait que je n’ai pas dormi la nuit dernière, je suis en grande forme aujourd‘hui. »
« T’sais, Kerry, je peux me passer de toute cette information. » Son amie pointa sa fourchette vers elle.
« Hm ? »
Colleen gloussa doucement. « Tu n’as aucune idée de ce dont je parle, pas vrai ? »
Kerry transperça une tranche d’œuf et la mit dans sa bouche. « Non. » Elle secoua la tête. « De toutes façons, malgré tout ça, c’était un voyage sympa. On a quelques pistes pour de nouveaux contrats. »
« Hé, Ker ? Je peux te poser une question ? » La jeune femme rousse baissa la voix. « A propos d’un truc que j’ai entendu ? »
Aaah. « Hmm… bien sûr. » Répondit Kerry. « Si je peux y répondre, je le ferai. »
Colleen se rapprocha un peu d‘elle. « Quelqu’un a dit que l’une des nouvelles compagnies rivales qui nous cause des soucis est dirigée par un ancien béguin de Dar. C’est vrai ? »
Kerry sentit des émotions contradictoires monter en elle. D’un côté, elle connaissait Colleen depuis longtemps - plus longtemps que Dar en fait. La femme rousse avait été sa voisine à Kendall, et c’est quelqu’un avec qui elle avait passé beaucoup de temps, et elle s’en souvenait avec plaisir.
Mais elle détestait les commérages. Tout le monde savait qu’elle détestait les commérages. Elle ne voulait pas se livrer à ces commérages avec Colleen, mais elle ne voulait pas non plus que son amie pense qu’elle éludait la question.
Elle posa sa fourchette et se pencha sur ses avant-bras, fixant Colleen d’un regard direct.
« Oh oh. » Colleen fit la grimace. « Je n’avais pas vu ce regard de félin depuis un moment. »
Kerry fit une pause, un sourcil levé affichant un air dérouté. « Quel félin ? »
« Cet air ‘je vais te dire exactement quand tu vas mourir’ de félin. » Répondit son amie avec un sourire franc. « Désolée, Ker. J’ai touché un point sensible ? »
« J’ai cet air là ? » Kerry reposa son menton sur son poing. « Je sais que Dar l’a. »
« Tu l’as. C’est plus mignon, mais ça exprime bien le ‘va te faire voir’. » Admit Colleen.
La jeune femme blonde revint vers sa salade pour la décimer. « Et bien, ouais. Je crois que… tu sais à quel point je déteste les rumeurs de couloirs. Particulièrement sur ce sujet. »
« Je le sais. Tout le monde le sait. »
« C’est vrai. » Dit Kerry. « Telegenics est dirigé par Michelle Graver, dont je t‘ai déjà parlé. » Elle mâcha un moment puis avala. « Et son associée s’appelle Shari Englewood, elle a eu une histoire avec Dar pendant un temps. »
« Mmh. » Colleen grogna. « Ce genre de chose est toujours un peu raide. Tu as eu du mal avec ça ? »
« Moi ? » Kerry parut surprise. « A part que je mourrais d’envie de les étrangler toutes les deux parce qu’elles harcelaient Dar ? Non. Pourquoi ? » Elle prit une carotte et la mâcha.
Colleen joua avec sa fourchette. « Et bien, je veux dire… » Elle jeta un coup d’œil aux alentours, puis elle haussa une épaule. « Le fait qu’elle soit passée avant toi ne te fais pas quelques chose, Ker? Je sais que j’ai eu ce problème avec ce garçon que j’ai largué. On s’est retrouvé face à face avec son ex chez Quiznos, et après ça… va te faire voir, mon gars ! »
Kerry fronça les sourcils et son regard glissa sur un côté alors qu’elle considérait la chose.
Est-ce que ça importait pour elle ? « Hum… non, vraiment, ça ne fait aucune différence, d’autant plus que je sais que Dar n’a jamais eu de relation à long terme suivie et heureuse avant nous. » Répondit elle honnêtement. « Pourquoi je devrais m’inquiéter des ratages à part que ça m’embête que Dar en ait souffert, je veux dire ? »
Son amie se redressa, et s’essuya les lèvres avec sa serviette, observant simplement Kerry en silence pendant qu’elle finissait sa salade. Il y avait peu de ressemblance entre la femme avec qui elle était en train de partager un repas, et la voisine qu’elle avait rencontrée pour la première fois juste après que Kerry ait emménagé en Floride.
Kerry avait toujours été amusante. Elle était futée, et elle avait un sens de l’humour particulièrement pointu, et en général elle semblait prendre plaisir à vivre sa vie, en dépit des problèmes que Colleen lui connaissait avec sa famille.
Mais sa rencontre avec Dar l’avait profondément changée aux yeux de Colleen. Elle se souvenait clairement de cette nuit où Kerry était rentrée de Disney la première fois, tellement perdue dans les méandres de ce premier véritable amour, qu’elle avait eu peur que son amie s’y noie.
Personne, Kerry lui avait dit un jour, ne l’avait aimée juste pour elle. Jamais. Pas avant qu’elle rencontre Dar, et Colleen avait vraiment eu peur pour elle au début de cette histoire. Elle avait plongé si vite dans cette relation. « Vous deux c’est vraiment du solide. C’est cool. » Commenta-t-elle doucement. « Écoute, je suis désolée si j’ai mis les pieds dans le plat, Ker. Tu sais que je m‘inquiète juste pour toi. »
Les épaules de Kerry se relâchèrent sous le tissu de soie. « Ouais, je sais. » Dit-elle. « Bon sang, on était toutes les deux remontées contre elles. Tu sais ce qu'on a fait ? » Elle prit une expression espiègle.
« Non ? »
« Tu as déjà été a Epcot, pas vrai ? » C’était au tour de Kerry de baisser le ton.
« Oui. »
« Aux Living Seas ? Le grand aquarium ? »
« Avec les veaux marins, sûr. » Colleen convint aimablement.
« Dar et moi y sommes allées plonger. »
La jeune femme rousse se pencha en avant. « Exprès ? »
Kerry se mit a rire, vidant son verre de thé glacé. « Oui, exprès. C’est un nouveau programme qu’ils ont. Quoi qu’il en soit, nous sommes allées plonger, et une des vitres de l’aquarium donnait sur le restaurant. »
« Ouaip, j’y suis allée. Jolie vue. » Colleen hocha la tête.
« Ouais, et bien, Shari et Michelle étaient en train de dîner, et on leur a fichu une peur bleue et elles se sont renversé leurs plats dessus… » Lui dit Kerry. « C’était hilarant. On riait tellement qu’on a failli se noyer. »
Colleen se couvrit les yeux. « Par tous les dieux et leurs petits poissons, Kerry. Vous auriez pu être expulsées pour ça ! »
Sa compagne de déjeuner sourit. « Ça valait le coup. Elles nous tannaient tellement… tu sais que leur compagnie a essayé de nous recruter ? »
« Vous ? »
« Toutes les deux. Ils n’avaient aucune idée de qui nous étions ! » Répondit Kerry. « Et puis Michelle a carrément essayé de nous acheter… c’était vraiment le bordel. »
« Seigneur, Kerry. » Colleen ouvrit de grands yeux choqués. « Tu penses qu’elles nous ont visé délibérément ? À cause de Dar ? Que c’est pour ça qu’elles en ont après nos comptes ? »
Kerry fit un petit signe de la main pour lui faire baisser la voix quand plusieurs personnes vinrent les rejoindre. « Je ne sais pas… non, je ne pense pas que ce soit ça. Je pense que c’est simplement que nous sommes une grosse compagnie et que nous faisons une très bonne cible. S’il y avait quelque chose… » Elle hésita. «  Je crois qu’ils ont peur de Dar. »
« Hmh. » Son amie soupira, et prit une gorgée de sa boisson. « Et bien, après cette semaine de convention, s‘ils n‘étaient pas encore effrayés, ils devraient l’être. Au fait, ma grande, tu ne t’es pas encore vue à la télévision ? J’ai les enregistrements. »
« Eurf. » Kerry grimaça.
« Monte avec moi. » Lui dit Colleen en souriant.  « Tu n’as pas vu ce que faisait Dar derrière toi, je pense. »
« Hmm ah. » Kerry se leva, et porta son plateau sur la table du fond. « Dis moi qu’elle faisait des grimaces. »
« Et bien… »
Kerry gémit, et la suivit hors de la cafétéria.
* * * * *
« Très bien, Javier. » Dar s’adossa dans son fauteuil, les pieds posés sur le bureau. « Combien ça va me coûter ? »
« Écoutez, Dar… » Le directeur des ventes d’Amérique du Sud se mit à rire. « Vous savez que je n’ai jamais, jamais demandé plus de jouets que nous n’en avions besoin, pas vrai ?  »
Dar avait les yeux fermés, éblouie par la lumière de cette fin d’après-midi qui se déversait par ses fenêtres. « Si. »
« Bueno. Maintenant, si nous avions cette capacité disponible ici, à Buenos Aires, je pourrais vraiment faire des très bonnes choses avec. J’ai très bien vendu les systèmes que vous m’avez fournis, non ? »
« Oui. »
« Alors ? »
Dar agita ses orteils, réfléchissant en silence.
« Est-ce que c’est de ma faute si toutes ces personnes ont vu votre show à la télé ? » Demanda Javier, après un moment. « Six personnes m’ont demandé rien qu’aujourd’hui. Les gens sont très nerveux au sujet de la sécurité. »
« Alors ils veulent engager des hackers ? » Demanda Dar, perplexe. « Quelle image pensez-vous que cela donne au Brésil, Javier ? »
« Tccha. »
« Je jetterai un œil dessus, voir ce que nous avons de disponible pour vous. » Dit finalement Dar. « On pourrait avoir une installation que je peux détourner jusque là-bas, ça dépendra des projections de la semaine prochaine. »
La porte de son bureau s’ouvrit, laissant passer une Kerry apparemment très fatiguée et très chiffonnée. Dar bougea les doigts vers elle, lui lançant un regard ironique quand elle traversa péniblement la pièce et s’assit sur son bureau, un bras sur les jambes de Dar.
« Excellent ! Ce sont des très bonnes nouvelles, Dar. Je vais en parler à mon équipe. » Dit Javier d’un ton satisfait et joyeux. « Alors dites moi, est-ce que tous les hackers de la planète essayent de forcer nos portes ? C’était presque un défi que vous leur avez lancé - j’espère que ça ne va pas venir vous hanter. »
Dar se pencha et bougea sa souris, ramenant son écran à la vie, et réexamina les résultats. Elle étudia l’écran brièvement. « Eh. » Dit elle enfin. « Les essais sont en hausse, mais ça ne donne rien d’effrayant. » Elle détourna son attention de l’écran, préférant observer Kerry à la place. « Il n’y a qu’un seul gros site Web qui nous expose, et il est strictement en dehors du réseau. »
« Vraiment ? » Murmura Javier.
« Bien sûr. Tout notre réseau de classe A est masqué, alors le premier problème des hackers est déjà de nous trouver. On n’a pas grand-chose qui traîne dessus, et j’ai quatre tuyaux en plus qui vérifient le site en boucle, et tous les DOS détectés sur les liens sont automatiquement virés des paquets d’arrivée. » Dit Dar. « Alors ouais, ils pourraient probablement toucher à certains de nos comptes plus petits, mais seulement ceux à qui nous ne fournissons pas l’infrastructure. Le réseau en lui-même est complètement verrouillé. »
Un silence respectueux. Puis un des directeurs des ventes internationales s’éclaircit la gorge. « Splendide. Est-ce qu’on peut nous servir une assiette de frites avec ça, Dar? »
Dar rit. « Je suis ravie que l’expo nous ait fait un peu de bonne pub. J’essayerai de m’assurer que nous n’aurons pas de problèmes si un petit génie avait un peu de chance. » Dit-elle. « C’est toujours possible, mais Mark travaille sur de nouvelles routines qui incorporent une partie du système intelligent que j’utilise pour la mise à niveau du réseau, alors ça devrait aller. »
Un autre silence. « Je prendrai une pinte de Guinness avec ça. » Lança le même directeur. « Oubliez les frites. »
Il y eu une bordée de rires dans le téléphone. Kerry bougea son bras, et commença à masser les pieds nus de sa compagne, trop fatiguée pour vraiment se concentrer sur ce qui se disait. Bien sûr, les directeurs à l’autre bout du fil n’avait pas compris un mot sur dix de ce que disait Dar sur la partie technique du truc, mais ce n’était pas vraiment inhabituel.
« Écoutez les gars, je suis crevée. » Énonça Dar. « Je suis rentrée de l’expo très tard la nuit dernière. » Elle se redressa et posa une main sur la cuisse de Kerry, la caressant doucement. « J’ai bien noté les détails des actions que vous m’avez tous demandés - je vous ferais savoir demain ce que j’ai décidé. »
Elle coupa la ligne de conférence après les ’au revoir‘, et concentra son attention sur la femme blonde assise sur son bureau. « Tu parais grillée. »
« Attrape la confiture et le beurre, Simbad. » Admit Kerry. « Je te veux toi, une tasse de thé chaud, une douche et notre matelas à eau. Tu peux faire ça, chef ? »
Dar enleva ses jambes du bureau et se redressa, enfilant ses chaussures. « Tu peux parier tes miettes que je peux, mon petit toast Yankee. » Dit elle. « Que dirais tu de commander un truc léger au club de la plage, avant d’aller s’effondrer ? »
Kerry tituba jusqu’à l’endroit ou se tenait Dar et s’effondra sur elle, drapant ses bras par-dessus les épaules de sa compagne. « Emmène-moi. »
Dar parvint à se mettre sur ses pieds et transforma la position abandonnée de Kerry en une solide étreinte, faisant attention à ne pas serrer les épaules brûlées par les soleil de la femme blonde. « Allez. » Elle prit sa serviette et poussa Kerry du coude vers la porte. « Je suis tellement crevée que j’aurais dit oui à tout ce qu’ils auraient pu me demander pendant ce fichu coup de fil. »
« Ils ne s’en seraient probablement même pas rendu compte. » Kerry accrocha ses doigts à la ceinture de la jupe de Dar tandis qu’elle la suivait hors du bureau. L’extérieur était tranquille - Maria était partie peu de temps avant, et les bruits habituels de la soirée commençaient à s’élever dans l’immeuble. « Euh… ils shampouinent les tapis ce soir. »
Dar plissa le nez à l’odeur de moquette humide, salle et moisie qui circulait dans le vestibule. « C’est vraiment l’heure de partir. » Elle appuya sur le bouton de l’ascenseur. « Comment s’est passé ta réunion cet après-midi ? »
« Beuh. » Kerry ferma les yeux, et s’appuya contre Dar pendant qu’elles attendaient l’ascenseur. « J’ai un gros problème avec Vancouver que je n’arrive pas à isoler. Deux T1 qui sont supposés être redondants, mais j’en ai un qui garde les paquets et l’autre est aussi muet et joyeux qu’une grenouille et refuse de continuer le transfert si on ne le relance pas. »
« Hmm mhm. » Dar réfléchit, en guidant sa femme-sangsue vers les portes,  avant d’appuyer sur le bouton de l’étage inférieur. « Le protocole HSRP est réglé (NdlT: c’est un protocole propriétaire de la firme CISCO pour les routeurs) ? »
« Vouais. »
Dar regarda les étages défiler. « La graduation est vérifiée? »
« Biiip. Essaye encore. »
« J’essaye de t’aider là, Kerrison. »
« Je sais, mais nous avons déjà vérifié tout ça. » La femme blonde bailla. « Trois fois. J’ai même eu le fournisseur pour vérifier les configurations. »
L’ascenseur atteint sa destination, et s’ouvrit pour les libérer. « Pourquoi tu t’occupes de ça de toute façon ? » Demanda soudainement Dar pendant qu’elles traversaient le hall. « Depuis quand la directrice des Opérations répare les réseaux longue distance ? »
« Parce que le problème dure depuis quatre mois et que personne n’a réussi à le résoudre. » Répondit Kerry. « Et parce qu’ils pensent que si je m’y penche, et que c’est un casse-tête pour moi, alors j’irais voir ma patronne la DSI qui ne devrait pas non plus résoudre tous les problèmes de réseaux longue distance, mais qui est la meilleure chance qu’ils ont de résoudre véritablement le problème. »
« Hmph. »
Kerry était heureuse de voir la silhouette imposante de la Lexus, avec sa promesse de sièges en cuir confortables bien que surchauffés. Elle mit sa serviette à l’arrière et monta côté passager, s’installant délicatement avant de fermer la portière. « Ouille. »
Dar lui jeta un coup d’œil. « C’est l’heure de mettre un peu d’aloès. » Fit elle remarquer.
« Ouais. » Kerry se tourna sur le côté et posa sa tête contre le siège. Mais ses yeux se tournèrent vers la console entre elles quand le téléphone de Dar se mit à sonner. « Tu veux que je réponde ? »
« Sûr. » Dar avait les mains occupées à démarrer la voiture et allumer la clim avant qu’elles ne commencent à fondre.
« Allô ? » Kerry ouvrit le téléphone et écouta. « Oh, oui. Bonjour Mr Quest. » Elle lança un regard à Dar et en reçut un en réponse. « Non, elle est ici. Bien sûr. »
Dar prit le téléphone et alluma le haut parleur, puis le posa sur le bord de la console pendant qu’elle faisait marche arrière avec la Lexus. « Oui ? »

« Bonjour, Dar Roberts ? »
« Oui. » Répéta Dar, légèrement plus fort. « Vous m’attrapez au vol, Peter. Qu'est-ce que je peux faire pour vous ? » Demanda-t-elle. « J’ai passé un peu de temps à revoir vos clauses, mais je n’ai pas fini de les passer en revue. »
« Ouais, et bien, les plans ont changé. » Dit Quest. « Nous devons partir bientôt de Nouvelle-Zélande, donc nous ferons les finitions aux USA. »
« Ah. » Dar sentit une pointe de déception. Elle aurait aimé visiter cette partie du monde. « Et ? »
« Le port de Miami m’a fait une proposition. Je loue deux embarcadères de chargement pendant deux mois là-bas. Je me suis dit que ça serait bon pour vous au moins, à défaut de l‘être pour les deux autres compagnies en concurrence. »
« Eh. » Kerry ricana doucement. « On pourrait presque y aller à la nage depuis la maison. »
« En fait, c’est juste à côté de nos bureaux. » Répondit Dar. « Les autres ne vont pas penser que vous nous donnez un avantage ? »
Quest rit. « Je suis sûr qu’ils le feront. Mais vous pouvez gérer ça, à ce que j’ai entendu dire. »  Il s’éclaircit la gorge. « Nous avons également avancé les dates. Les deux bateaux seront au port dans deux semaines. Soyez prêtes ou laisser tomber.»
Il raccrocha, laissant un écho distinct dans l’habitacle.
Pendant quelques minutes, elles roulèrent en silence. Dar ferma le téléphone et courba ses doigts autour, tapant l’étui de cuir avec son pouce tandis que Kerry mâchouillait pensivement l’intérieur de sa lèvre. Et puis elles parlèrent toutes les deux en même temps.
« Il y a un truc… »
« Un truc n’est pas… »
« Ahem. » Dar toussa légèrement quand elles retombèrent dans le silence.
« Hm. » Dit enfin Kerry, les lèvres pincées. « Tu as fait des recherches sur ces types ? » Demanda-t-elle. « Tu veux que je lance notre requête sur client habituelle ? »
Dar se sentit légèrement embarrassée. « Ouais. » Elle ralentit pour tourner vers l'entrée du terminal du ferry. « Je ne me suis pas occupé de ça. Je hum… » Elle fit une pause, puis elle fronça les sourcils en empruntant une voie. « Merde. »
Kerry entoura simplement le poignet de Dar de ses doigts, et caressa le dos de sa main.
« Mon cerveau a dû griller finalement. » Dit sa compagne. « Je n‘ai même pas pensé à le faire, Ker. »
« Pas plus que moi, jusqu’à maintenant. Ne t’en fais pas. » Lui dit Kerry. « Je lancerai la requête quand nous serons à la maison, en attendant le dîner. » Elle vit les muscles de la mâchoire de Dar se détendre un peu. « Mais je suis déçue de ne pas faire ce voyage finalement. »
« Mmh. » Dar fixa un point au-delà du pare-brise. « Mais ça nous donne un avantage. » Elle tourna la tête, et regarda Kerry. « J’ai bien l’intention d’en profiter à fond. »
Kerry tapota sa main, et lui sourit. « C’est notre territoire. » Dit-elle.
« Notre territoire. » Répéta Dar doucement, en plissant les yeux. « Ouais. »
* * * * *
C‘était quelque chose, découvrit Kerry, d’être trop fatiguée pour même manger. Elle était étendue sur le canapé de cuir dans leur salon, Chino roulée en boule à ses pieds et elle s’assoupissait pas moment pendant que Dar faisait le tour du condo.
Elle voulait simplement se laisser aller et s‘enfoncer. Elle pouvait déjà sentir cette sorte de dissociation qu’elle ressentait souvent juste avant qu’elle s’endorme, et la seule chose qui la maintenait éveillée était la voix de Dar qui se parlait à elle-même alors qu’elles attendaient qu’on vienne leur livrer leur soupe et leurs sandwichs. « Dar. » Dit elle finalement en soupirant. « Laisse tomber. »
Le bruit de frottement de pieds nus contre le marbre lui répondit, s’approchant toujours plus jusqu’à ce qu’elle sente la présence de Dar et qu’un genou chaud vienne s’appuyer contre son coude. Au lieu d’ouvrir les yeux, Kerry leva simplement le bras pour l’enrouler autour de la cuisse de Dar, repliant son autre bras sous sa tête, et elle poussa un petit grognement de contentement.
Dar ne dit rien. A la place, elle réclama le bord du divan et s’assit à côté de Kerry, la serrant contre elle et enroulant un bras autour d’elle.
Ah. Parfait. Kerry s’enroula autour de celui de sa compagne et soupira. Elle ouvrit un œil quand Dar commença à lui frotter le dos du bout des doigts. « Tu vois ? C’est quand même mieux que de râler contre toi-même, non ? » Elle mordilla la cuisse de Dar.
Dar produisit un bruit évasif. « Je ne râlais pas vraiment. » Protesta-t-elle. « Je pensais juste à tout ce que j’ai dû laisser passer ces dernières semaines. »
Kerry commença à mordiller l’intérieur de la jambe de sa compagne, lui tirant un petit bruit de contestation. « Tu râleras demain » Dit-elle. « C’est l ‘heure de se détendre. » Les morsures devinrent des baisers quand Dar se pencha sur elle et l’étreignit. Elle se tortilla dans une position plus confortable, et émit un petit gloussement heureux quand Dar posa sa tête sur son épaule.
« Si je m’endors comme ça je suis cuite. » Dit Dar avec un soupir. « Je suis désolée Ker. Je suis tellement fatiguée que mon cerveau fait des boucles. »
« Ouais, je connais. »
« Peut-être qu’on aurait dû se contenter de céréales pour le dîner. »
« Peut-être. » Admit Kerry. « Mais nous ne l’avons pas fait, et … c’est garantie, à la seconde où on va s’endormir ils vont frapper à la porte. »
« Mmph. »
Kerry observa la télévision grand écran au fond du salon sans vraiment la voir. « Oh, regarde. » Dit-elle. « Un iguane. » Elle plissa le front. « Qu’est-ce qu’il est en train de faire avec sa langue ? » Dar décala son menton et lécha l’oreille de Kerry, la faisant éternuer de surprise. « Rien que je ne pourrais faire si j’essayais vraiment. »
« Ooh. »
Avec un autre petit soupir, Dar reposa sa tête contre son épaule et ferma à moitié les yeux, ayant apparemment oublié son auto-réprimande. Kerry leva la main et attrapa celle de Dar, la tirant jusqu’à son cœur, appréciant simplement le moment de calme contemplation quand elle en avait un.
Un coup vif fut frappé à la porte. Dar eut un petit rire narquois, puis elle se redressa et se dirigea vers la porte. Kerry resta où elle était, agitant ses orteils contre la fourrure de Chino tandis qu’elle observait sa compagne accueillir le serveur du club de la plage, lui faisant un rapide sourire quand il passa devant elle pour poser son plateau sur la table de la salle à manger.
« Wouff. » Chino redressa un peu la tête quand elle sentit un peu tardivement un intrus.
« Chh. » L’avertit Kerry. « C’est juste Carlos. Sois gentille ou tu n’auras pas de biscuit. »
Le labrador leva la tête et mit son museau sur la cheville de Kerry, gardant un œil brun acéré sur Carlos tandis qu’il installait leur dîner sur la table.
Dar signa le chèque et raccompagna le serveur jusqu’à la porte, puis elle se retourna et s’appuya contre la porte, observant la forme affalée de Kerry. « Tu veux que je te l’apporte ? »
« Hmm. » La femme blonde tambourina ses doigts sur le cuir, puis elle se redressa avec un soupir. « Ça aurait été autre chose que de la soupe, j’aurais dit oui. » Elle tira la première chaise du côté droit de la table et s’assit, attendant que Dar vienne s’installer en bout de table avant de trier la nourriture. « Alors, qu’est-ce que tu penses de ce total changement de programme, Dar ? Ça me semble franchement brutal. »
Dar lui jeta un coup d’œil tandis qu’elle beurrait un bout de pain. « On peut parler de pêche ? »
Kerry cligna des yeux de surprise, stoppant un instant son geste de se servir un jus de fruit. « Hmm. Okay. »
Sa compagne haussa légèrement les épaules. « Tu m’as dit de laisser tomber, tu t’en souviens ? »
C’est vrai. Kerry finit de verser sa boisson et garda le silence, ouvrant sa boîte de potage, et plongeant sa cuillère dedans. Ses yeux la brûlaient et elle se les frotta d’une main, avant de poser sa tête sur son poing tout en essayant de s’intéresser à son plat.
Pendant quelques minutes ce fut tellement calme qu’on entendait le bruit de la climatisation et ce silence était un peu effrayant. Kerry pouvait presque le sentir, comme une chose physique entre elles, et elle se demandait quand ça commencerait à devenir inconfortable.
Ses yeux la brûlaient encore, et elle les frotta, posa sa cuillère et essaya de trouver un peu d’intérêt au potage relativement inoffensif pour son estomac rebelle. « Bon, fait chier. » Elle rompit le silence avec un petit soupir. « Ça ne nous mène à rien. »
La soudaine sensation des doigts de Dar dans ses cheveux était indescriptible. Kerry leva les yeux de son plat et se retrouva plongée dans les yeux bleus rougis de fatigue qui la regardaient avec une douce lassitude.
« Laisse tomber le dîner. » Lui dit Dar en repoussant son plat avant de se lever.  Elle tendit la main vers Kerry en une invitation. « Allons au lit. »
Kerry abandonna sa soupe de nouilles et se leva, prenant la main de Dar pour la suivre vers la chambre à coucher sans même réfléchir. Les tons bleus apaisants de la pièce la firent se sentir mieux immédiatement, et fit face à Dar tandis qu’elles commençaient à se déshabiller. Un sourire naquit doucement sur ses lèvres.
Dar le vit. Elle déboucla la ceinture de Kerry d’une main, et elle tendit son autre main vers la joue de sa compagne, frottant sa pommette avec son pouce. La jeune femme cligna des yeux, puis elle leva la tête et rendit à Dar son regard direct.
Il était incroyable ce regard. Dar se demanda si Kerry savait à quel point il pouvait révéler ses sentiments. « Désolée, je suis qu’une sale capricieuse mal lunée. » Elle lui présenta ses excuses. « Je crois que je vais entrer dans la mauvaise période du mois. »
Les lèvres de Kerry se fendirent en un véritable sourire. « Je pensais que tu avais dit que tu n’avais aucun symptôme menstruel. »
« C’est toi qui as dit que je n’avais aucun symptôme. » La corrigea sa compagne. « J’ai dit que j’en avais, mais personne ne fait jamais la différence. »
Kerry finit de déboutonner les jeans de Dar, les fit glisser sur ses hanches et les laissa tomber sur le sol. Elle fit un pas en avant et enleva la chemise que Dar venait de déboutonner et elle mit ses bras autour de la taille de Dar. « Tu as le droit d’être mal lunée, chérie. » Murmura-t-elle. « Si tu m’autorises à être totalement effondrée et hypersensible quand c’est mon tour. »
Dar jeta la culotte de Kerry dans un coin et se tourna, les faisant tomber toutes les deux sur le lit à eau. Elle s’enroula autour de Kerry et elles roulèrent jusqu’au milieu du lit, la chaleur les entourant quand elle tira la couverture sur elles.
« Mmh. » Kerry ferma les yeux. « C’est génial. »
« Ouais. Mon dieu, je suis heureuse qu’on soit samedi demain. »
« Moi aussi. »
Elles s’installèrent confortablement et elles profitèrent du silence tranquille pendant un moment. Kerry commençait à sentir une vague de léthargie l’envahir, lui laissant juste assez d’énergie pour tracer doucement une ligne imaginaire sur le ventre de Dar, en rythme avec sa respiration lente.
Un faible bruit de cliquetis lui fit cependant ouvrir un œil. « Dar ? »
« Mmhmm ? »
« Tu as entendu ça ? »
« Je n’entends que les moutons. »
Kerry ouvrit son autre œil. « Les moutons ? »
« Je les compte pour m’endormir. »
Un autre cliquetis retentit clairement dans la salle de séjour, accompagné d’un bruit de fracas. « Dar. »
Sa compagne attrapa le bord des couvertures et les tira simplement au dessus de la tête de Kerry, la tapotant avec sollicitude. « C’est mieux ? »
Kerry saisit les couvertures et les rabaissa. « Non, parce que ça ne m’empêche pas de continuer à me demander ce qui se passe dans notre séjour. »
Dar tira les couvertures. « Kerrison, utilise ta logique, tu veux bien ? »
Kerry fronça les sourcils.
« On a laissé la nourriture sur la table, et un Labrador dans le salon. Qu’est-ce qui peut bien se passer à ton avis ? » Lui dit Dar. « C’est un buffet pour chiot. »
« Auw. » Kerry plissa le nez. « Dar, elle va tomber malade. » Avec un gémissement elle roula du centre du lit, et elle se leva, mais sentit qu’on l’attrapait et la tirait à nouveau dans un enchevêtrement de bras et de jambes. « Dar! »
« Chut. » Dar l’enveloppa dans les couvertures et se blottit contre elle. « Détends-toi. Elle ira bien. C’est juste de la soupe. »
Kerry entendait clairement des bruits de lapement. « Elle va en mettre partout. »
« Elle a une langue. Elle nettoiera. »
Un rire naquit dans la poitrine de Kerry. « Allez chérie… »  Elle essaya de se dépêtrer. « C’est d’accord pour ma soupe, mais il y avait des palourdes dans la tienne - elle va en manger pendant des jours. »
Dar refusa de la laisser partir. « Chino ! Qu’est-ce que tu fais, mauvaise fille ! » Elle tourna la tête et haussa la voix, la projetant jusqu’à la pièce à côté. « Arrête ça tout de suite ! »
Elle fut récompensée par des cliquetis de griffes sur le sol, et peu après une mâchoire de Labrador se posa sur le bord du lit à eau, tandis que deux yeux bruns innocents la regardaient avec admiration. « Chino. Qu’est-ce que tu faisais ? »
La chienne dressa les oreilles et elle inclina sa tête sur le côté d’un air interrogateur.
« Très mignon. » Kerry étendit un bras au-dessus du corps de Dar et enleva une nouille du nez noir de leur animal de compagnie. « Mais tu as été prise sur le fait. »
« Wouff. » Chino lécha ses doigts avant d’éternuer et de recracher un morceau de palourde sur les couvertures juste sous le nez de Dar.
Celle-ci observa le morceau brièvement, puis elle soupira. « Je crois qu’il vaut mieux fermer les placards de bouffe, hein ? »
Kerry commença à se relever. « Reste, j’y vais. »
« Non non. » Dar roula sur le lit, attrapant Kerry avec elle quand elle roula un peu trop loin et elle perdit l’équilibre, finissant toutes les deux sur le plancher. « Gah ! »
« Oh, Seigneur. » Riant nerveusement, Kerry ne put que rester étendue là tandis que Chino lui léchait le visage avec enthousiasme. « Chino, arrête. » Elle vit Dar s’appuyer contre le montant du lit et s‘asseoir. « Bah, bah, chérie, stop ! »
Dar s’assit sur le tapis et attrapa la queue de chien pour la tirer en arrière. « Chino ! Arrête ça ! »
« Waouff ! » Le Labrador tourna son attention vers sa grande propriétaire.
« Ta maman n’aime que ma langue pour la lécher. » Prévint solennellement Dar en secouant un long doigt vers le chien. « Alors tu garde cette grande chose rose entre tes dents, tu m’entends ? Ou alors. »
Kerry ricana et roula sur le côté, cachant son visage dans le creux de son bras.
Dar passa ses doigts dans ses cheveux, examinant le pêle-mêle de membres nus étendu devant elle. « C'est en train de tourner en histoire que les gens racontent sur toi quand tu as bu. » Se lamenta-t-elle. « Et je n’ai même pas bu une goutte. »
« Héhéhéhé. »
« Moque-toi, Yankee. »
Kerry se repoussa du plancher et se mit debout, balayant un peu de fibre de moquette de sa peau nue. « Allez. » Elle tendit une main à Dar. « A ce rythme, ça va nous prendre au moins une heure pour mettre la soupe dans le réfrigérateur et ensuite peut-être… je dis bien peut-être que nous pourrons trouver le sommeil. »
« Ou au moins retourner au lit. » Dar lâcha le chien et saisit la main de Kerry. « En avant, Rantanplan.  »
« Peut-être que je devrais te trouver une bière. »
« Qu’est-ce que tu dirais d’un milk-shake? »
« Avec du sirop au chocolat? »
« Hmm. »
* * * * *
A suivre.



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Commentaires
G
de rien ^^
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K
depuis le temps que je l'attends la voilà enfin la suite de cible mouvante<br /> Un énorme merci a sa traductrice Gaby pour ce travail formidable
Répondre
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