Amour et haine, partie 1a
Amour et haine
De Akilihan
Chapitre 1:
Un matin d'été dans une
petite ville, alors que le soleil encore bas dans le ciel réchauffe doucement
l'air et sèche les dernières traces de la pluie qui avaient accompagné l'orage
nocturne, une mère et sa fille flânent dans les rues animées du marché,
achetant et marchandant divers produits, avec des commerçants qui rivalisent
d'ingéniosité pour attirer les passants à leurs échoppes attrayantes et
colorées.
Malgré cet univers lumineux
et enjoué, qui respire la paix et l'amour, où tout le monde se connaît, discute
dans la bonne humeur, cette jeune fille blonde, qui suit docilement sa mère, au
milieu des rues, est perdue dans ses pensées, une lueur de tristesse dans ses
yeux émeraude.
_Gabrielle! Tu m'écoutes ?
_Oui, oui, bien sûr. Dit la
blonde avec un sourire qui n'exprime aucune joie.
_Nous avons tout ce qu'il
nous faut pour ton mariage, tu veux rentrer à la maison ou aller voir comment se
passe les préparatifs ?
_Je voudrais renter.
_Tu vas bien ma chérie? Lui
demande sa mère d'un air inquiet.
_Oui, je suis juste un peu
fatiguée.
Les deux femmes prennent le
chemin de leur maison, se frayant un passage au milieu des personnes qui vont
et viennent, quand elles croisent un jeune homme grand, brun qui leur sourit.
_Bonjour Perdicas !
_Bonjour madame, salut
Gabrielle, comment vas-tu ? Dit le garçon avec un éclat dans le regard.
La jeune fille lui répond
positivement en lui adressant un faible sourire.
_Je vais aider à préparer
notre mariage, tu veux venir ?
_Non, je vais aller me
reposer un peu, je suis fatiguée avec toute cette agitation.
_Bien. Alors on se voit plus
tard. Répond l'homme, légèrement déçu.
Gabrielle accepte de la tête
puis, accompagnée de la femme plus âgée, rentre chez elle où son père et sa sœur
les attendent.
La journée se passa dans la
joie et la chaleur, deux familles et leurs amis, s'affairent à préparer le
mariage le plus somptueux que ce village de paysans ai jamais connu. Tout le
monde s'en réjouit sauf la future mariée. La jeune fille se sent prisonnière, à
ses yeux, cette union représente des chaînes lourdes qui la priveront de tout
espoir de liberté, aussi lourdes que son cœur qui désir autre chose, une autre
vie.
La nuit est tombée depuis
longtemps, la dernière que la blonde aux yeux pers passera seule dans son lit,
la dernière avant une terne et monotone vie, sans échappatoire possible.
Dans la chambre, petite et
modeste comme le reste de la maison, Gabrielle se lève de son lit. Ses cheveux
clairs brillent à la lueur de la plaine lune alors qu'elle s'approche de la
fenêtre restée ouverte afin que la légère brise qui souffle rafraîchisse
l'atmosphère trop lourde. La jeune femme regarde les innombrables étoiles qui
parsèment le ciel aussi sombre que son cœur l'est devenu quand son père à donné
sa main à Perdicas. Tandis que la brise fraîche caresse la peau de son visage
et soulève ses cheveux d'or, les entraînant dans son sillage, son esprit se
perd dans ses souvenirs :
« _Maman je ne veux pas
me marier, je veux devenir barde !
_Bien sûr ma fille, on en reparlera plus tard.
_Le pire qui puisse nous
arriver demain, c'est que la Conquérante arrive pendant que l'on fête notre
union, vous n'êtes pas d'accord Hécuba ?
_Perdicas, ne parle pas de
malheur ! »
Un chien hurle à la mort au
loin, son cri lugubre transperce la nuit comme un couteau, ce qui sort
Gabrielle de ses pensées.
Regardant toujours les
milliers d'astres qui scintillent semblant être des diamants dans un monde de
ténèbres, alors que son cœur se ferme, elle se dit.
_Tu te trompes Perdicas, si
la Destructrice des Nations arrivait demain, ça ne serait pas pire que ce qui
m'attend.
Soudain, une voix
ensommeillée se fit entendre derrière elle, ce qui l'a fit sursauter.
_Gabrielle, parler toute
seule t'aide à trouver le sommeil ?
La jeune blonde se retourne
d'un bond puis s'approche du lit de sa jeune sœur en essuyant une larme
solitaire qui avait fait son chemin le long de sa joue.
_Je réfléchissait.
Lila s'assit dans son lit et
invite sa sœur à en faire autant en tapotant les couvertures.
_Gabrielle, dis-moi pourquoi
tu te maries puisque tu ne le veux pas ?
La blonde aux yeux verts,
soupire en baissant les yeux au sol.
_Perdicas est un homme très
gentil et aimant mais moi, je ne l'aime pas d'amour.
_Je sait que tu ne veux pas
jouer les femmes au foyer avec une dizaine d'enfants, alors pourquoi tu acceptes
ce mariage ?
_Je ne veux pas faire de
peine à nos parents. Dit Gabrielle en relevant la tête, regardant la brune dans
les yeux.
_Ecoute, si tu te maries tout
le monde sera heureux sauf toi. Tu perdras cette chaleur qui t'habites et qui
fait de toi un être exceptionnel. Tu ne dois pas subir ta vie mais en faire ce
que tu veux. De plus si père et mère veulent un beau mariage, je me ferais une
joie de le leur donner.
_C'est vrai que toi tu a
toujours voulu un mari et des enfants.
Lila sourit à ces paroles.
_Mais ce que je veux aussi,
Gabrielle, c'est te voir heureuse.
_Lila, qu'est-ce-que tu
dirais si je partais découvrir le monde ?
_Je serais triste de te voir
partir et en même temps heureuse que tu réalises ton rêve.
La jeune blonde prend sa sœur
dans ses bras, la serre un moment. Tout ce bouscule dans son esprit : le
mariage, son rêve, les paroles de sa sœur. Soudain, son cœur prend un nouvel
élan, une nouvelle énergie l'envahit. Elle soupire, lâche la brune, la fixe
dans les yeux en posant sa main sur son épaule, lui sourit puis se dirige vers
l'armoire en bois que les deux filles se partagent et entreprend d'ôter sa
chemise de nuit et de s'habiller.
_Gabrielle, que fais-tu ?
_Je pars pour Athènes,
apprendre avec les plus grands poètes.
Lila la regarde surprise :
_Maintenant ? Mais tu ne
comptes pas en parler aux parents ?
Une fois habillée d'un haut
et d'un gilet bleu, ainsi que d'une robe longue brune, elle s'assoit à nouveau
au bord du lit de sa sœur pour mettre ses bottines.
_Lila, tu sais que père ne me
laissera jamais partir. Tu leur expliqueras.
_Mais tu reviendras ? Supplie
presque la brune les larmes aux yeux.
Ayant finit de se chausser,
la blonde regarde sa sœur en lui prenant la main.
_Bien sûr, et je vous
écrirais très souvent, je te raconterais tout ce que je fais.
Elles s'enlacent, leurs yeux
remplient de larmes, de peine et de bonheur.
La blonde se libère, lui
sourit puis se dirige vers la porte, offrant à sa sœur un dernier sourire
accompagné d'un regard vif et lumineux.
_Soit heureuse Gabrielle.
_Toi aussi. A bientôt.
Gabrielle quitte la ville, se
dirigeant vers l'obscurité de la nuit et l'inconnu, avec l'envie d'hurler la
joie de sentir son cœur et son âme libérés de leurs cages.
Chapitre 2:
A la fin d'une guerre qui
avait durée des années, Xena et son armée étaient entrées dans Athènes. La
ville sous son contrôle, elle conquit le reste de la Grèce avec une facilité
déconcertante.
Mais ce ne fut pas suffisant
pour la brune aux yeux océan assoiffée de pouvoir.
La guerrière entreprit de
prendre le contrôle des pays voisins par la force, lâchant ses hommes tel des
meutes de chiens désirant sentir le goût du sang, village après village, pays
après pays.
Depuis qu'elle a imposé son
autorité, Xena savoure aussi bien la peur que la haine que son nom ou sa
présence provoque chez le peuple qu'elle domine, les hommes de ses troupes ou
le personnel de sa demeure.
Son palais à beau être
immense, entouré de grandes murailles, celle-ci séparées des murs du château
par de vastes jardins luxurieux, composés de plantes les plus variées et les
plus rares, toute personne qui passe à proximité entend les hurlements de
douleurs et d'agonies des prisonniers, enfermés au plus profond des entrailles
de la demeure de la Conquérante.
Les supplications vaines,
d'hommes encore vivants mélangées aux cris stridents des êtres devenus fous,
glacent le sang, envoient des frissons le long de la colonne vertébrale de
quiconque les entends, comme cet officier qui marche dans le couloir principal
qui mène à la salle du trône.
Les lourdes portes s'ouvrent,
il entre, son casque sous le bras, sa cape rouge à l'emblème noir dans le vent,
ses mains, son visage, son armure argentée couverts de sang séché. Le gradé
avance encore de quelques mètres, les yeux rivés au sol, puis pose un genou à
terre.
La grande salle est décorée
d'étoffes, de fourrures d'animaux magnifiques inconnus en Grèce, aux gueules
effrayantes avec leurs crocs acérés, de dorures somptueuses, une table
incroyablement longue, richement ornée face à la porte, un trône démesurément
grand, rouge avec en son centre un symbole couleur funèbre.
Sur la droite, une autre
table en bois, de taille plus respectable où sont disposés des fruits, une
carafe ainsi qu'un verre. Juste à côté, une fenêtre où est appuyée une femme
qui observe le coucher de soleil, ses longs cheveux noirs couvrant sont dos,
vêtue d'une robe de soie rouge couvrant entièrement son corps élancé.
_Je t'écoute Légendrios. Dit
la femme de dos.
Le ton froid et rigide de la
Conquérante le faisait toujours tressaillir malgré toutes ces années à
travailler à son service.
_Nous avons gagné majesté,
Rome est à toi.
_Et César ?
_Il s'est enfui.
La Destructrice des Nations
se retourne, s'approche de la petite table, sans daigner regarder son officier.
Elle se serre un verre de ce qui semble être, d'après la couleur, du vin. Elle
se retourne en buvant, puis, pose enfin son regard froid, glacial et dénué de
sentiment sur son lieutenant.
_Envoie des hommes à sa
poursuite, si je n'ai pas sa tête à la prochaine lune, je les tuerai de mes
propres mains.
_Bien Conquérante.
_Tu peux disposer.
_Oui Conquérante.
Le guerrier se relève, puis
fait demi-tour en se dirigeant vers la porte par où il était arrivé.
_Légendrios ! Dis aux
geôliers de tuer les prisonniers, j'en ai assez de ces cris.
_Tout de suite Conquérante.
Le soldat sort de la salle du
trône, avec le soulagement de savoir qu'il n'aura plus à entendre ces
hurlements, mais aussi triste pour ces hommes qui vont mourir simplement parce
que c'est le désir de la maîtresse des lieux.
Xena est retournée se poster
à la fenêtre. Le soleil a disparu, ne diffusant plus qu'un halo de lumière
rosée, de la douceur, petit à petit happée par les ténèbres. Elle observe les
étoiles naissantes dans le ciel, buvant son vin, un sourire cruel aux lèvres,
tandis que les hurlements s'arrêtent, le silence arrivant au même rythme que
l'obscurité nocturne.
Soudain, des coups à la porte
ce font entendre.
_Entrez !
Une femme, dans la fleur de
l'âge entre, les yeux rivés au sol, fait une révérence à la Conquérante qui
s'était assise sur son trône.
_Majesté, il est temps de
vous préparer pour la réception de ce soir.
_Tu as raison. Répond la
Destructrice d'un ton lasse.
La domestique traverse la
salle, suivit de Xena. Arrivée à l'entrée, cette dernière s'arrête.
_Toi, dis à Legendrios que je
veux le voir tout de suite dans mes appartements.
Le jeune homme, qui gardait
la porte depuis peu, se mit à transpirer.
_Oui...Oui...Majesté. Tout de
suite. Bégaye le portier avant de partir en courant, sous le regard et le
sourire moqueurs de la brune, qui est ravie de son effet.
Arrivé à sa chambre, la
Conquérante demande à sa domestique de lui préparer un bain, des bruits de pas
ce font entendre en même temps, elle les reconnut aussitôt.
Les pas s'arrêtent devant la
porte, des coups contre celle-ci ce font entendre.
_Entre Légendrios.
Il entre, restant le plus
prêt possible de la porte, admirant la peau de tigre qui sers de tapis au pied
du lit.
_Vous m'avez fait demander
majesté ?
_Oui. Je ne veux plus de la
tête de César.
Le guerrier lève la tête
surpris et croise le regard froid, la brune le toise en levant un sourcil, son
regard plus dur qu'à son habitude.
Le soldat comprend son erreur
et reprend sa contemplation du sol.
Xena lui tourne le dos puis
lui lance, avec du désir dans la voix.
_Je le veux vivant pour le
crucifier sur la grande place.
_Bien Conquérante. Lâche
Légendrios dans un souffle.
La servante entre par une
petite porte, dépose une robe bleue aux ornements argentés sur les couvertures
de soie du lit.
_Votre bain est prêt majesté.
_Tu peux disposer Légendrios.
Dit Xena en se dirigeant vers la porte par laquelle la domestique était venue.
_Majesté.
La destructrice s'arrête, se
retourne, le tout à une vitesse fulgurante.
_Quoi ? Dit-elle avec colère.
_Je me permet une question. Etant
votre lieutenant, pourrais-je savoir pourquoi vous organisez une soirée pour un
homme que vous détestez et qui, de plus, veut votre perte ?
Lentement, la brune se
rapproche de son officier, avec une grâce féline, d'un pas feutré, qui donne
l'étrange sensation qu'elle évolue dans les airs sans toucher le sol. A ce
moment, il sent sa transpiration couler le long de son dos. Par réflexe,
pensant avoir été trop loin et sa dernière heure venue, il retient son souffle.
_Parce que je veux son armée,
il me la donnera. Ses soldats lui sont fidèles, alors il faut qu'il leur
ordonne de m'obéir. Par la suite, il mourra lors d'un combat contre je ne sais
qu'elle armée ridicule qui essayera de défendre son pays. N'ayant plus de chef,
ils n'auront d'autres choix que de me suivre. Vas maintenant, tu en sais
suffisamment, pour l'instant.
Sur ces mots, le guerrier se
retire, une fois la porte fermée, il soupir, soulagé d'avoir encore la tête sur
les épaules, avant de prendre la direction de ses appartements, pour, lui
aussi, prendre un bain bien mérité.
Légendrios connaît
suffisamment la guerrière pour savoir qu'il y a une raison à sa cruauté, même
si il ne la comprenait pas.
''Un jour Xena, quelqu'un
réchauffera ton cœur et fera renaître ton âme." Pensa t-il en traversant
le couloir sombre et austère.
Chapitre 3:
Gabrielle est assise à une
table occupée à écrire, au milieu d'une immense salle, dont les murs sont
dissimulés par des étagères surchargés de parchemin.
Des pas résonnent sur les
dalles, elle lève la tête de son occupation afin de savoir qui vient. Voyant
une femme d'âge mur, brune les yeux couleur noisette, elle lui sourit, le
regard brillant.
_Bonjour Hélène ! Dit la
blonde en posant sa plume.
_Bonjour Gabrielle. Comment
vas-tu ?
_Bien merci.
La vieille femme s'assit en
face de sa cadette dont irradie une chaleur bienfaitrice, tandis que son
sourire quitte son visage ravagé par le temps.
_Gabrielle tu es la meilleur
élève qu'on n’ait jamais eu. Personne n'a appris et évolué aussi vite que toi.
Ca ne fait que trois ans que tu es à Athènes et tu n'as déjà plus rien à
apprendre. De plus, je n'ai jamais compris comment tu as fait pour convaincre Sappho
de te prendre sous sa coupe alors que tu n'avais aucune expérience.
Suite à ces mots, Gabrielle
eut un petit rire, alors que les traits tirés de la femme s'obscurcissent
davantage.
_Hélène, qu'est-ce qui se
passe ? Pourquoi parlons-nous de ça maintenant ? Pourquoi es-tu triste ?
Demande la blonde alors que son sourire disparaît et que l'inquiétude
s'installe sur son visage juvénile.
_Gabrielle, la Conquérante
organise une réception ce soir. Elle a demandé quelqu'un pour la distraire
ainsi que ses invités.
La femme fait une pause, se
voûtant comme si, soudainement, elle avait un poids énorme sur ses frêles
épaules.
_Elle en a assez d'entendre
toujours les mêmes histoires, elle désir de la nouveauté.
La jeune femme baisse la
tête, toute joie l'a quittée.
_Donc, je dois aller au
palais ce soir, amuser ces seigneurs de guerre. Cette phrase est plus une
affirmation qu'une question.
La vieille femme lève la
tête, cherchant la douceur du regard de la jeune blonde, mais ne la trouve pas.
_Gabrielle tu es une conteuse
d'exception! Tu rends tes histoires si vivantes, que ceux qui t'écoutent sont
hypnotisés. Je suis certaine que la Conquérante appréciera tes contes !
Hélène se veut rassurante
mais il manque dans sa voix de la confiance.
Tout le monde sait que la
Destructrice n'aime aucun genre d'histoire en particulier, et surtout pas les
contes sentimentaux et romantiques. Plusieurs bardes sont déjà repartis du
château morts ou la langue tranchée simplement parce que leur style n'a pas plu
à la maîtresse des lieux.
Gabrielle soupire avant
d'offrir un sourire à son amie morose qui n'ose pas la regarder, car elle vient
d'annoncer à cette jeune fille douce, pur, pleine de vie, qu'elle considère
comme la fille qu'elle n'a jamais eu, que ce soir, sa vie sera entre les mains
d'une personne cruelle et lunatique.
_Bon, il faut que j'aille me
préparer. Dit Gabrielle dont le ton et l'expression n'éprouvent plus la moindre
joie mais de la crainte.
Hélène se lève, prend la
blonde par le bras, alors qu'elle commençait à se diriger vers la sortie.
Elle lui donne une bourse en
lui ordonnant de s'acheter une tunique en rentrant chez elle, les yeux plus
délavés, dilatés que jamais, par la peur.
Les deux amies s'enlacent
pendant que la blonde la remercie puis elle quitte la pièce d'un pas lourd.
Après être rentré chez elle,
la blonde s'est lavée et vêtue de la tunique d'un blanc immaculé, ornée d'une
ceinture dorée, qu'elle vient d'acheter.
Seule dans sa modeste maison
composée d'une chambre et d’une pièce principale dénuée, ayant pour seul
mobilier une table, deux chaises, une étagère où sont rangés diverses denrées
et ustensiles, et un petit meuble de rangement.
A côté de la porte d'entrée,
un porte manteau où est suspendu un manteau qu'elle prend afin de se protéger
du froid de la nuit en ce début d'automne, également pour éviter d'attirer les
regards des hommes qu'elle pourrait croiser en chemin pour le château.
Pendant que cette jeune fille
marche dans les rues d'Athènes vers un destin incertain, dans les murs du
palais, les domestiques s'affairent aux cuisines, d'autres à servir différents
alcools aux seigneurs de guerre criants et braillant qui ne semble jamais en
être rassasiés.
La Conquérante, assise sur
son trône, se délecte de vin et des histoires de guerre aux détails sanglants
de ses généraux, surveillant tout et tous, imitant à la perfection le sentiment
d'intérêt et de désir pour Métrios, le seigneur de Sparte, qu'elle à en projet
de déposséder de son armée avant de le tuer, ce dernier, étant persuadé que la
Destructrice des Nations ignore tout de sa volonté de la détrôner, cède
lentement à ses charmes, aidé par l'alcool qui coule à flot, pensant pouvoir
obtenir ses faveurs avant de la tuer.
Tandis que les invités
boivent et mangent, Gabrielle arrive aux portes du palais où un soldat, à qui
il manque un bras, l'attend.
Malgré son regard vide, il
lui sourit. Cet homme vêtu en guerrier ne porte pas arme.
_Suis-moi. Dit-il sèchement
mais sans hostilité, voir même avec une pointe de chaleur.
Gabrielle le suit. Poussée
par sa curiosité naturelle, pensant qu'au pire elle n'aura pas de réponse, elle
prend la liberté de lui poser une question.
_Qu'est-il arrivé à ton bras ?
_La Conquérante me l'a coupé
parce que j'ai refusé de tuer un homme désarmé lors d'un combat.
Gabrielle a le souffle coupé,
ne croyant pas ce qu'elle vient d'entendre.
_Et le guerrier ? Demande la
blonde, incertaine de vouloir savoir.
_Elle lui a planté son épée
dans le ventre. Répond le soldat à une fille choquée.
La jeune femme se demande
comment cette femme peut être aussi cruel, bouleversée par ce qui est arrivé à
ce jeune qui doit être à peine plus âgé qu'elle. Pourtant une partie de son
esprit est persuadé que cette créature que tout le monde déteste et qualifie de
monstre sanguinaire ne peut pas être née comme ça. Sa violence, sa soif de
pouvoir, devaient avoir une raison. Un événement ou une personne avait changé
son cœur en pierre et son âme en glace.
Arrivé aux portes de la salle
du trône, après avoir traversé des couloirs éclairés de chandelles qui ne
rendent pas le lieu plus accueillant, le guerrier lui lance un regard toujours
aussi vide tandis que résonnent les rires des personnes qui assisteront
certainement à sa fin.
_Donne moi ton manteau. Je
pourrais savoir quel genre d'histoire tu racontes principalement ?
_D'amour. Répond la blonde en
lui donnant le vêtement demandé.
_Un conseil, ne la regarde
jamais dans les yeux. Dit-il après un soupir qui en disait long. Puis il
reprend le couloir en sens inverse, sous les yeux de la blonde qui pense à ce
moment que vivre sans espoir ni désir est pire que la mort.
Les portes s'ouvrent. Elle se
tient droite, tout en baissant la tête, inspire profondément et entre dans la
pièce où sa mort l'attend peut être.
Chapitre 4:
Gabrielle marche vers le
centre de la pièce, sentant les regards lubriques des guerriers la déshabiller,
un frisson lui parcours l'échine.
Elle s'arrête, les mains
jointes dans le dos. Sa curiosité étant plus grande que sa peur, elle lève les
yeux, parcourt les visages aux sourires sadiques dont certains sont balafrés,
preuve de leur bravoure au combat ou leur goût pour les prostitués très
convoitées. Son regard remonte toute la table, quand ses yeux se posent sur une
magnifique brune assise à la place d'honneur, son cœur manque un battement, son
souffle se coupe, elle n'entend plus rien ni ne peut voir autre chose que cette
sublime créature vêtue d'une robe bleue et argent qui moule à la perfection son
corps athlétique. Son esprit est incapable de réfléchir, tout semble terne,
seul cette femme paraît vivante.
Le temps passe au ralenti. Lentement,
Gabrielle voit les cheveux de jais s'envoler pour laisser apparaître des traits
réguliers et fins, alors que des yeux d'un bleu incroyablement clair, se
dirigent vers elle.
Lorsque Xena a entendu une
voix grave et injurieuse à l'encontre du barde, elle daigna enfin le regarder.
Au moment où le regard
d'acier croise les yeux couleur émeraude, tout disparaît. La seul chose que la
Conquérante est capable de voir est cette apparition divine, ces cheveux
blonds, ces yeux clair remplis de pureté et d'innocence, un ange entouré d'un
halo de lumière qui la regarde.
Cette vision lui procure une
sensation étrange, une impression de feu qui remonte du plus profond de ses
entrailles, qui éclair et réchauffe les ténèbres, envahissant son âme, son cœur.
Son être tout entier semble exploser sous la puissance de cette chaleur qui
irradie de la femme, l'empêchant de respirer ou de penser.
Des rires gutturaux la sorte
de sa contemplation.
_Silence ! Hurle-t-elle,
tentant de reprendre le fil de ses pensées, en quittant la jeune fille des
yeux.
La rupture du contact visuel
ressemble à une déchirure dans la poitrine de la barde, alors qu'elle
commençait à se noyer dans la mer de ces yeux qui sont redevenus glacial et
haineux. Le cri qui suivit la sortit de sa transe. Elle baisse à nouveau la
tête, tandis que s'installe un silence lourd et pesant.
Les jambes de la blonde
cessent de trembler, son cœur reprend un rythme normal, elle commence son
histoire, essayant tant bien que mal d'effacer ce visage aux yeux bleus de son
esprit.
_C'est l'histoire d'une femme
rongée par une haine profonde et destructrice, qui la pousse à commettre d'horribles
crimes et la mène lentement à sa perte.
Tout en racontant son
histoire, elle lutte contre son désir intense de plonger à nouveau son regard
sur le visage rigide et lisse, froid mais d'une beauté incomparable.
Pour Xena, la voix de la
barde est une douce mélodie. Son esprit ne peut rien entendre d'autre. Chaque
mot prononcé par cette femme est comme une musique douce, apaisante et
ensorcelante, qui lui procure un bien-être et un calme qu'elle n'a plus connue
depuis que le chaos a remplacé l'enfance.
Toute l'assemblée est
suspendue aux lèvres de la conteuse qui, jusqu'à présent, n'avait jamais eut
autant à se concentrer pour conter une histoire.
Est-ce son auditoire, l'idée
qu'elle rendra certainement l'âme ce soir ou le visage de cette femme gravé dans
son esprit qui la perturbe à ce point ?
_Cette jeune fille qui l'a
aidée à se libérer de sa haine, et réussit à faire fondre la prison de glace
dans laquelle le cœur de cette guerrière était enfermé à comblé le vide dans
son propre cœur en y laissant entrer l'amour, en même temps qu'elle lui
apprenait le sens de ce mot.
Gabrielle retient son
souffle, persuadée de sentir la lame froide de l'épée de la Conquérante
transpercer sa chair d'un instant à l'autre. Tout les regards se portent sur la
Destructrice des Nations qui baisse les yeux, de peur que quelqu'un puisse voir
le trouble qui c'est installé en elle durant le récit.
_Comment t'appelles-tu ?
Demande la guerrière d'un ton neutre, portant lentement son verre à sa bouche.
_Gabrielle majesté. Répond la
barde dont le timbre sensuel de la voix de la brune a fait frissonner.
_Tu peux disposer.
_Bien majesté.
Gabrielle se dirige vers la
porte, relâchant l'air trop longtemps retenu par la peur, heureuse que tout
soit terminé et triste pour une raison inconnue.
Xena regarde cet ange quitter
la pièce, son cœur se serre. Pourquoi l'avoir renvoyé alors qu'elle aurait
voulu la garder, admirer son visage, son corps sculptural digne d'une déesse,
entendre encore sa voix, se perdre dans la douceur qu'elle dégage. Métrios la
sort de ses songes.
_Conquérante, Si nous
reprenions notre discussion ?
_Tu as raison. Répond Xena en
reprenant son numéro de charme avec ce porc au regard vicieux.
La soirée se passa comme elle
avait commencé : récits sanglants, alcools, avec en plus des danseuses
exotiques à demi-nues, paniquées, qui n'avait pas d'autre choix que laisser les
mains sales et répugnantes faire leurs chemin sur elles.
La règle est simple :
une fille repousse un homme, elle meurt. Un homme va trop loin avec une fille
contre son gré, il meurt. Malgré toute les horreurs que la Conquérante a
commit, elle ne tolère pas le viol.
La fête se termine tôt, à la
grande déception des invités enivrés et surchauffés.
_Alors on est d'accord
Metrios, tu annonces publiquement demain que tu joins tes troupes au miennes ?
Demande la Conquérante alors que tous les invités sont déjà partis et qui
n'était pas d'humeur à écouter plus longtemps la vulgarité de ces hommes ivres,
son esprit étant ailleurs, avec une jeune blonde.
_Oui Conquérante, demain
matin.
_Bien. Laisse-nous Métrios,
je dois parler à mon lieutenant. Dit-elle, lasse de sentir son regard vitreux
sur elle.
_Je peux aussi rester. Après
tout, nous faisons partie de la même force d'attaque maintenant.
_Métrios, il faut que je
parle à Légendrios de problème courant, tu vas t'ennuyer, alors va plutôt te
coucher ou finir la soirée à te saouler avec tes hommes. Ordonne la guerrière
d'une voix et une attitude sensuelle et lascive.
_Très bien Conquérante. A
demain. Répond Métrios avec un air déçu.
_Dès que tout sera réglé, tu
auras une soirée en tête à tête que tu n'es pas prêt d'oublier. Fait-elle,
aguicheuse, cachant au mieux son dégoût pour cet homme lorsqu'elle passa un
doigt sur sa joue.
L'homme quitte la salle du
trône avec un regard brillant et un sourire sadique, persuadé d'avoir gagné
contre la Conquérante des Nations.
_Vieux chien ! Siffle Xena
sans que la personne concernée puisse l'entendre, avant de retourner sur son
trône. Après demain tu seras mort. Ajoute-elle un sourire inhumain aux lèvres,
une haine farouche dans les yeux.
_Majesté, je...
_Légendrios, laisse moi, je
ne suis pas d'humeur à discuter. Lui coupe la guerrière.
Le lieutenant se retire.
Xena, une fois seule, se dirige vers la fenêtre, buvant son vin, regarde les
étoiles briller.
_Gabrielle !
Au même moment, dans une
petite maison d'Athènes, une jeune fille blonde aux yeux verts s'approche de la
fenêtre, regarde le ciel parsemé de scintillements.
Les deux femmes, aux deux
opposés de la ville, totalement différentes, prononcent les mêmes mots au même
instant, comme une prière secrète.
_Je voudrais tant la revoir.
Le lendemain, l'annonce
publique fut faite. Le soir même, prétextant un combat sur le point d'être
perdu, Xena emmène Métrios, et leurs troupes aux frontières de ses terres, là
où a lieu un combat avec un pays voisin qui refuse d'être conquis.
Après une nuit et un jour de
marche, accompagné pour la Conquérante d'un visage d'une beauté surréaliste
orné de deux émeraudes, ils arrivent sur le champ de bataille. Rien n'est
visible à part les flammes des maisons en feu, les cris sauvages des soldats
qui après des mois passés à tuer ont perdus toute civilité, mélangés aux
hurlements de douleur des mourants abandonnés là où ils sont tombés, l'odeur du
sang, de la chair brûlée, de la mort, agit comme le plus puissant stimulant sur
les guerriers qui viennent d'arriver.
_Tuez les tous ! Hurle Xena,
levant son épée au ciel, partant au galop, une haine froide et cruelle dans les
yeux, un sourire d'envie meurtrière et carnassier. Tout ce qu'elle veut à ce
moment, c'est sentir son épée transpercer les chairs, voir le sang chaud couler
à grand flot emportant avec lui la vie d'hommes dont les regards blanchis se
vide avec leurs derniers souffles.
Les hommes courent, hurlent
leurs soifs de sang derrière la Destructrice des Nations qui tranche tout ce
qui se trouve à sa portée. Le liquide rouge gicle tandis que les chairs se
tordent et se déchirent sous la puissance de ses coups. Cette vision et cette
odeur particulière enivre les guerriers, les transforment en encore plus en
bête sauvage, des démons sanguinaires tout droit arrivés des enfers.
Ils n'ont plus qu'une
obsession : tuer, peu importe comment, mais tuer.
Le sol est rouge, jonché de
corps humains décapités, démembrés. Certains en charpie, dont les morceaux de
chairs et d'os sont éparpillés à travers tout le champ de bataille. Des amas de
viande crue piétinés, dispersés entre les ruines des maisons effondrées
détruites par le feu.
La Destructrice, qui prend un
plaisir immense à sentir la vie quitter ces hommes lorsque son épée entre et
tranche sans difficulté leurs corps, ne perd pas de vue son objectif :
tuer ce gros porc gras et vicieux de Métrios.
La fumée acre qui se dégage
de ce qui fut une ville, l'empêche de voir sa victime. Tandis qu'elle cherche
du regard celui qui lui donne envie de vomir par sa seule vu, elle voit un
ennemi, l'épée levée, prêt à la planter dans le dos de son lieutenant.
_Légendrios ! Hurle Xena.
Ce dernier se retourne, évite
le coup qui lui aurait été fatal, pendant que Xena arrive au galop, attrape le
lâche par les pieds grâce à son fouet et le traîne derrière son cheval, dans
une boue épaisse qui n'est pas composée d'eau mais de sang. Il cri quand son
corps heurte des pierres ou des cadavres dépecer, jusqu'à ce que son crâne
explose en heurtant des débris en feu.
Soudain la brune voit Métrios.
Elle s'arrête, lance son chakram et tue trois guerriers avant de décapiter le
roi de Sparte qui s' effondre lentement, puis rattrape son arme regardant le
liquide rouge sortir de ce qui fut son cou accompagné de lambeaux de chair.
Son rire cruel résonne tandis
que le massacre continu.
La victoire à été trop facile
pense la Conquérante tandis que ses hommes scandent son nom.
_Légendrios, dis aux troupes
de se reposer, demain ils repartent au combat. Je veux le pays entier sous ma
domination dans deux jours.
_Bien majesté.
Le lendemain matin, la
guerrière inspecte son armée, satisfaite qu'il n'y ait pas eu plus de perte. A
ses yeux, cela signifie qu'ils sont bien entraînés.
_Bien, votre chef est mort. C'est
regrettable mais dorénavant, vous portés mes couleurs. Dit-elle aux troupes de
Métrios.
Un jeune soldat trop
impétueux sort des rangs :
_Tout le monde sait que vous
vous fichez qu'il soit mort. Je refuse de travailler pour vous en sachant
que...
Il n'a pas le temps de finir
sa phrase que Xena, une lueur étrange dans le regard, prend une dague à la
ceinture d'un de ses officiers et lui lance en plein cœur, sans que personne
n'ai le temps de comprendre se qui ce passe.
_Quelqu'un d'autre a quelques
chose à me dire ? Fit Xena, arborant un regard plus dur que d'habitude.
Les guerriers savent qu'ils
devront se battre jour et nuit s’ils veulent espérer soumettre le pays dans les
temps. Mais la peur que leurs inculque la guerrière est pire que la mort, la
fatigue ou la souffrance. Ils se taisent sous l'expression de domination, ravie
mais sans joie de cette femme démoniaque.
Tandis qu'ils repartent au
combat, Xena, Légendrios et deux gardes rentrent à Athènes.
_Majesté, puis-je me permettre
de vous poser une question ? Demande le lieutenant avec la peur de mourir dans
un instant.
_Oui. Répond la Conquérante
sans daigner lui porter plus d'attention.
_Pourquoi vous m'avez sauvé ?
_Je ne t'ai pas sauvé, je
t'ai prévenu pour la simple et bonne raison que tu es le seul qui m'arrive à la
cheville. Par conséquent, les entraînements sans toi seraient d'un ennui
mortel.
Ailleurs, une jeune blonde et
une vieille femme œuvre dans une immense bibliothèque. Quand des cris au dehors
se font entendre, elles se dirigent vers la fenêtre.
_Le monstre a eu sa dose de
sang, alors il rentre. Dit Hélène le visage encore plus ridé par la colère et
le dégoût.
_Tu te trompes Hélène, je
suis sûr qu'il y a un cœur derrière ce mur de froideur et de haine. Il suffit
de réussir à détruire cette carapace pour le trouver. Répond la jeune femme un
sourire aux lèvres qui s'agrandit lorsque les battements de son cœur
s'emballent alors qu'apparaît, à sa vue, la femme qui hante ses jours et ses
nuits depuis qu'elle a posées ses yeux sur elle.
Sont regard s'illumine d'une
façon qu'Hélène n'avait jamais vue.
_Tu plaisantes ! C'est une
chienne, un démon qui vit pour le sang, et... Elle ne finit pas sa phrase en voyant
que Gabrielle ne l'écoute plus, surtout en comprenant qui provoque cette
lumière sur son visage.
Xena chevauche en direction
du palais, sachant que les habitants de cette ville simulent le plaisir de la
revoir.
Brusquement, poussée par une
force inconnue, elle lève les yeux vers le premier étage de la bibliothèque.
Son regard froid et vide s'adoucit lorsqu'il croise deux orbes d'un vert
magnifique, éclatant de douceur et de tendresse. Son cœur bat si fort qu'elle à
l'impression de ne plus pouvoir respirer. Le même sentiment de chaleur
l'envahit. Poussée par sa peur de perdre le contrôle d'elle-même, elle se force
à retourner son attention sur la route.
_Légendrios, ce soir je fête
ma victoire, je veux la jeune blonde. Ordonne la guerrière, confuse. Surtout
étonnée de l'envie qu'elle a de la voir, l'entendre, éprouver à nouveau se
calme que sa voix lui procure et d'admirer cette déesse dont elle sent le
regard la brûler à cet instant même.
_Bien majesté. Dit le
lieutenant avant de se diriger vers l'endroit où se trouve la barde.
Après que la Conquérante ai
disparu de leurs vues, les deux femmes retournent à leur travail. Hélène voit
très bien que Gabrielle est plongée dans ses pensées, un voile de tristesse s'est
déposé sur ses traits juvéniles. Son œil aiguisé et ses années d'expérience lui
ont permis de remarquer et surtout comprendre le regard que ces deux femmes qui
représentent à la perfection le jour et la nuit, se sont échangées.
_Gabrielle ! Dit une voix
féminine qui vient d'entrer dans la pièce.
_Oui ? Répond la conteuse que
l'appel vient de sortir de ses rêves avec un sursaut.
_La Conquérante désir tes
services ce soir.
A ces mots, le masque de
tristesse vole en éclats, remplacé par un sourire radieux et un visage
illuminé.
_D'accord.
_Tu devrais aller te préparer
si tu ne veux pas être en retard. Lui conseille Hélène qui n'a pas manqué le
changement d'expression de sa cadette.
_Tu as raison.
Seul réponse qu'elle eut
avant que la blonde parte, accompagnée de la domestique qui est venue la
prévenir, animée d'une nouvelle énergie, comme revigorée.
_Si tu as raison mon enfant,
que cette femme a un cœur, tu es certainement la seule qui puisse le trouver,
même si vous l'ignorez toute les deux, du moins pour l'instant Gabrielle. Pense
la femme âgée en regardant partir la jeune fille d'un pas léger.
Gabrielle arrive au palais et
comme la première fois, le soldat handicapé l'accueil et la guide, avant de lui
prendre son manteau qu'elle récupérera en partant. Elle entre la tête baissée,
mais avec une joie certaine.
Xena, assise sur son trône,
écoute distraitement la conversation proposée par son voisin de table.
Soudain, plus aucun son ne
lui parvient lorsque la jeune femme blonde entre, s'approche lentement, vêtue
de la même robe que la soirée précédente.
Quand elle s'arrête, le
silence s'impose de lui-même. La guerrière sent son être se réchauffer, devenir
vivant au rythme des paroles de la barde.
Le froid qui l'habite,
soudainement, est remplacé par une chaleur irradiante.
Cette fascination pour cette
femme fraîche, douce, lumineuse comme un matin de printemps, lui donne une
sensation étrange qui serre son cœur battant déjà trop vite. Ce sentiment inconnu
lui en engendre un autre, la peur.
La peur de ne pas comprendre
ce qui lui arrive, de perdre le contrôle de ses émotions.
''Qu'est-ce que tu m'as fait
Gabrielle ? Es-tu un ange venu me punir de mes crimes ? Ou m'as-tu simplement
ensorcelée ?"Pense la guerrière pendant qu'un autre feu, qu'elle connaît
trop bien l'envahit attisé par l'effroi de ce que cette fille provoque en elle,
et la peur de ce bien-être qu'elle n'a jamais connue jusque là. Deux feux
intenses la dévorent, remontent dans ses veines, le bien et le mal, la haine
qu'elle connaît et celui dont elle ignore le nom, l'amour.
_Tais toi ! Crie Xena, alors
que son verre ce fracasse à l'autre bout de la pièce.
L'ordre emplit de rage et le
bruit de l'objet qui se casse, que personne n'a vu partir tant c'est allé vite,
eurent pour effet de surprendre l'assemblée, toute les respirations se sont
arrêtés dans un même élan.
Gabrielle eut un sursaut
lorsqu'elle entendit la voix grave et forte. Ces yeux clairs croisent le regard
haineux et carnassier, un bleu glacial où brûle des flammes si terrifiantes que
la blonde ne peut que baisser les yeux, tétanisée par cette vision d'horreur.
Dans le silence pesant qui
c'est installé, seule la voix guttural de la Destructrice résonne, dont le ton
laisse présager la mort prochaine de la conteuse.
_Je n'aime pas les histoires
d'amour. Dit Xena en se levant, s'approchant lentement de la blonde avec sa
démarche de fauve prêt à bondir sur sa proie.
Le silence palpable est juste
interrompu par le bruit de l'épée de la Conquérante qui sort de son fourreau.
La jeune conteuse sent son cœur
prêt à exploser et les battements de l’afflux sanguin dans ses oreilles font
que ses jambes tremblantes ne peuvent plus la porter. Elle tombe à genoux alors
que Xena pose la lame froide contre sa gorge tendre.
Pourquoi s'est-elle énervée ?
Pourquoi décide-t-elle de la
tuer ?
Pourquoi ce n'est pas la mort
qui la terrifie mais le fait que ce soit elle qui la lui donne ?
Comment cette femme qui a
rempli son cœur d'un sentiment si pur peut aussi lui prendre son dernier
souffle ?
Tout se bouscule dans la tête
de la blonde. Une douleur vive et soudaine déchire sa poitrine, une souffrance
intérieur qui n'a rien de physique et pourtant bien réelle.
Alors que la seul chose que
son esprit lui dicte et qu'elle comprenne, c'est de voir une dernière fois cet
océan bleu, dans lequel toute les nuits, elle rêve de se noyer.
Poussée par une puissance
incontrôlable, elle lève ses yeux remplis de tristesse le long du corps élancé,
à la recherche de ce visage aux traits sublimes et réguliers qui la hante avec,
pour seul espoir, que ce sera la dernière chose qu'elle verra pour pouvoir emmener
ce souvenir pour l'éternité dans la mort.
La haine de Xena pour cette
femme qui l'a ensorcelée la dévore. Lorsque les mèches d'or font place à la
peau clair d'un visage si doux, son cœur se brise, sa rage disparaît plus vite
qu'elle n'est venue, son bras devient trop lourd tandis que son épée se baisse
sans qu'elle s'en rende vraiment compte.
Elle ne peut pas la tuer.
Son univers tourne, plus rien
ne semble réel sauf ce désir qui monte de poser sa main sur cette joue, pour
arrêter la première larme qui brille dans ces magnifiques yeux verts dès
qu'elle commencera à couler.
Le temps semble figé, comme
si le moindre bruit ou mouvement allait faire éclater la réalité, plongeant
tout les éclats du temps dans le néant.
Tous sont incrédules devant
la réaction de la Destructrice. Seul Légendrios ose enfin respirer. Il
s'approche de la guerrière lentement, lui pose une main sur l'épaule doucement,
tous ses muscles tendus, prêt à sentir le froid de l'air entrer dans son corps
et le sang chaud en sortir.
Ce geste sort Xena de sa
torpeur dans un sursaut. Elle regarde son sauveur, pendant que le temps reprend
son cours. Le lieutenant est stupéfait, juste avant que le masque dur et froid
reprenne sa place sur le visage de la brune, il a vu de la tristesse et de la
peur dans ces yeux d'habitude remplis de ténèbres.
_Va-t-en ! Je ne veux
plus jamais te revoir ! Ordonne la guerrière à la blonde en retournant
s'asseoir sans grâce, tant ses jambes tremblent.
Gabrielle se lève
lentement. Le cœur déchiré, elle se dirige vers la sortie. Xena ne vit ni ne
put arrêter la larme solitaire qui fait son chemin, brûlant la peau de ce
visage sur lequel le vide vient de s'installer.
_Du vin ! Ordonne la
Conquérante sur son trône.
Les discussions reprennent
timidement, mais tout est différent. Certain se demandent ce qui c'est passé,
d'autres pensent que la Conquérante est malade ou alors qu'elle a eut un
malaise, mais Légendrios sourit intérieurement.
Il a très bien vu ces deux
femmes se perdent dans le regard de l'autre, mues par un désir, une envie de
liberté et de bien-être que seul l'amour peut donner.
Il observe, du coin de l'œil
la guerrière, dont le regard vide cache une douleur profonde et inconnue.
Tard dans la nuit, bien après
que la fête se soit achevée, Xena ne trouve pas le sommeil. Seule dans le
silence et la pénombre qui règnent dans ses appartements, elle observe le ciel
qui lui semble encore plus obscur que d'habitude. Luttant contre le désir de
retrouver son ange, de la prendre dans ses bras pour la consoler. Sans
comprendre pourquoi, son cœur lui fait mal à chaque battement, le vide en elle
semble plus lourd et plus profond encore.
Ses yeux azurs qui brillent à
la lueur de la lune se ternissent, se remplissant de haine pur alors que les
ténèbres et les démons sont libérés du plus profond de son être.
A l'autre bout de la ville,
une jeune femme blonde seule dans son lit, ne dort pas non plus. Hantée par le
visage d'une beauté exceptionnelle qui est gravé dans son esprit, elle pleure
en silence la souffrance qui s'est ancrée en elle lorsque ces quelques mots,
d'une force telle qu'ils ont résonné dans sa tête, ont été prononcés.
L'épée de la brune plongée
dans sa poitrine aurait été moins douloureuse que d'entendre son désir de ne
plus jamais la revoir.
Ces deux femmes dont les cœurs
battent à l'unisson, l'une froide, dur, remplie de haine, l'autre douce,
chaleureuse, sensible, si différentes et pourtant, les mêmes émotions les
habitent, le même élan sentimental les pousse l'une vers l'autre
inexorablement.
Un amour impossible entre une
paysanne et une guerrière cruelle, qui sont terrifiées par ce sentiment
qu'elles ne connaissent pas.
Légendrios non plus ne dort
pas, il écoute les éclats de colère de Xena qui résonnent à travers les
couloirs sombres et immenses du palais, les hurlements de rage à glacer le sang
de la guerrière qui brise tout ce qui se trouve sur son passage.
"N'aie pas peur Xena,
laisse-la te conquérir, elle t'aidera à te libérer de tes démons." Pense
le lieutenant.
Loin des cris de peur et de
haine de la Destructrice des Nations, des soldats discutent dans la caserne du
château.
_J'en reviens pas que cette
chienne a tué ce type juste parce qu'il a osé ouvrir la bouche.
_Tu es jeune et nouveau, tu
t'y feras vite petit. Répond un soldat plus âgé en se retournant sur sa
paillasse.
_Tu sais, à la fin du combat,
ce soldat m'a dit qu'il la tuerait dès qu'il le pourrait car il l'a vu tuer le
roi de Sparte avec son chakram. C'était horrible.
_Ecoute petit, oublie ce
qu'il t'a dit? Si elle l'a fait c'est qu'elle avait une raison. Alors
maintenant laisse-moi dormir, mes vieux os sont fatigués.
_Bien sur. Je vais faire un
tour. Dit le jeune guerrier avec véhémence en se levant.
Une fois dehors, à la
fraîcheur de la nuit d'automne, il marche en parlant tout haut.
_De toute façon, les hommes
du roi Métrios ne vont pas se laisser faire.
_Pourquoi tu dis ça ? Demande
une voix derrière le jeune soldat qui se retourne surprit.
_Ah ! C'est toi ! Sourit le
soldat arrivé depuis peu dans les rangs de la Conquérante, quand il voit le
guerrier handicapé qui est à peine plus vieux que lui.
Bien qu'il le trouve gentil,
son regard vide semblable à celui d'un mort lui hérisse à chaque fois les poils
de la nuque.
_Pourquoi tu dis qu'ils ne
vont pas se laisser faire ? Demande le guerrier manchot sans aucune expression.
_Bon je te le dit parce que
je t'aime bien. Voilà la nuit suivant notre victoire et la mort du roi, j'ai
entendu des hommes de Sparte discuter. Ils disaient qu'ils voulaient se
rebeller contre la Conquérante.
_Mais ils ne peuvent rien,
ils ne sont pas assez nombreux.
_Ouais, mais l'un d'entre eux
a dit que Métrios avait un plan et des alliés pour le faire et que les gradés
voulaient le mettre à exécution en mémoire de leurs roi.
_Il faut prévenir la
Conquérante !
_T'as envie de te faire tuer ?
Déjà on ne sait pas de quoi il s'agit et de plus, plein comme ils l'étaient, ça
ne m’étonnerait pas que se soit des paroles en l'air.
Chapitre 5:
Cela fait déjà trois lunes
que Gabrielle avait été jetée du palais.
Depuis ce jour, elle ne
souriait plus et courait à la fenêtre de sa salle de travail dès que des cris
se faisaient entendre dehors, une lueur d'espoir transperçant son masque de
tristesse durant ce laps de temps avant de disparaître.
N'en pouvant plus de voir sa
fille adoptive ainsi, Hélène tente, encore une fois, de savoir ce qui lui
arrive.
_Gabrielle, dis-moi ce qui
t'arrive, ça me fait mal de te voir si taciturne.
_C'est juste... ma famille me
manque.
_Pourquoi tu ne demandes pas
quelques jours pour aller les voir...
Soudain la vieille femme,
incrédule à la réponse de la blonde, est interrompue par une voix féminine et
pleine de joie.
_Vous savez la dernière ?
César a été arrêté ! L'armée de la Conquérante le ramène pour le faire
crucifier sur la grande place.
_Tu es sûr ? Demande Hélène,
irritée d'avoir été coupée dans sa discussion.
_Oui ! Tout le monde ne parle
que de ça. Dès que l'on saura quand l'exécution aura lieu, je demande ma
journée pour y aller.
_Tu n'as pas encore vue assez
de mort ? Franchement, pour ma part, j'en ai vue assez pour les quelques années
qu'il reste à mes vieux os. Répond sur le ton de la plaisanterie Hélène.
_Voyons, tu vas tous nous
enterrer. Dit Gabrielle avec un sourire sans joie.
_Mais en faite, je veux y
aller pour deux raisons. Premièrement, ce n’est pas n'importe qui, c'est Jules
César, deuxièmement, la chienne qui nous gouverne sera forcement présente et
j'aimerais bien la voir. Pas que ça me rende heureuse, mais depuis trois mois
qu'elle n'est pas sortie de son palais, je me demande si elle n’est pas malade,
et sa peau hâlée a dut pâlir. Enfin, faut pas trop rêver, les charognes ont la
peau dure.
Gabrielle lève la tête à ses
mots. Son cœur fait un bond. La frayeur puis l'espoir passe sur son visage.
Dans l'esprit d'Hélène, tout
s'éclair. La soirée au palais que sa jeune amie a refusée de lui raconter, le
fait qu'elle n'ait pas été demandée depuis ce jour, la tristesse qu'elle
arbore.
"Ce n'est pas ta famille
qui te manque, mais la Conquérante." Pense la vieille femme, plus
déterminée que jamais à découvrir ce qui s'est passé ce soir là au château.
_Tu as raison Philimène, ce
n'est pas n'importe qui. Je pense aussi que je vais y aller, tu voudrais bien
m'accompagner Gabrielle ?
_Si tu veux. Tu sais bien que
je ne peux rien te refuser Hélène.
Il est vrai que la jeune
conteuse ne peut rien refuser à cette femme qui l'a prit sous son aile dès son
arrivée. Mais sa tristesse se brise, poussée par l'espoir ne serait-ce que d'apercevoir
la Conquérante.
Le soir même, César, la tête
haute et le sourire arrogant, fut amené dans les geôles du palais sous les
regards curieux des athéniens pour y être enfermé dans une cellule sombre,
froide et puante.
La Conquérante vint le voir,
quittant la salle du trône pour la première fois depuis qu'elle avait renvoyé
la jeune barde.
Lorsque les pas de la
guerrière ne résonnent plus, il lève la tête, son regard hautain croise les
yeux bleus haineux.
_Xena, je suis ravi de te
revoir. Dit l'ex empereur en lui offrant son plus beau sourire.
_Ce plaisir n'est pas
partagé.
_Allons Xena, avoue que je t'ai
fait courir et que tu y as pris du plaisir. Et me voir ici à ta merci en est la
sublimation.
_Le plus grand plaisir que
j'aurais, c'est demain quand tu seras attaché sur une croix.
_Non, ça n'arrivera pas.
_Ah non ? Et pourquoi ?
_Ce n'est pas ma destinée.
_On verra demain si tu es
toujours aussi arrogant et sûr de toi avec des clous aux extrémités de ton
corps.
Sur ces mots, la Conquérante
prend la direction de la sortie, la vue de cet homme ne faisant qu'ajouter à la
haine qui la ronge, depuis qu'elle a été incapable de tuer la jeune conteuse.
L'odeur putride de cet
endroit, le rire moqueur du romain, font bouillir sont sang, alors que la
guerrière sent une nouvelle crise de colère monter, un soldat a le malheur de
ne pas s'écarter suffisamment vite de son chemin, son épaule entre en contact
avec celle de sa souveraine.
Sans qu'il ait le temps de
réaliser ce qui lui arrive, le malheureux est à genoux, les bras tenues en
arrière, seul un bruit sec d'os qui se cassent résonne, suivit des hurlements
de douleur rauque du soldat qui tombe au sol. La souffrance, subite et brutal
de ses deux membres, remontent jusqu'à sa nuque sous le rictus sinistre de la
Conquérante.
_J'ai horreur que l'on me
touche. Dit la grande brune en partant.
Trois mois que le sourire
angélique et ses démons se battent la possession de son esprit, provoquant un
feu dévastateur, une rage qui lui dévore les entrailles libérés mais jamais
assouvis.
Le chaos la domine, des cris
d'horreur dans un monde dévasté, comme des griffes qui lacèrent son âme dans
les ténèbres où règnent le froid, la nuit, le sang. Une seule apparition
lumineuse vit au milieu des bêtes noires et difformes qui rampent. Une beauté
aveuglante, un halo de douceur qui éclair ce monde austère et violent, des
mèches blondes autour de deux opales couleur émeraude, comme un espoir, le seul
chemin vers la sortie de ce cauchemar.
Arrivée à la salle du trône,
Xena s'approche de la fenêtre. Après s'être servi un verre de vin, elle regarde
le ciel s'assombrir. Le soleil couchant à l'horizon diffuse ses derniers rayons
de lumière.
Légendrios arrive. Il
s'arrête à l'entrée de la grande pièce et voit ses épaules s'affaisser alors
qu'elle parle seule.
_Gabrielle, tu es un coucher
de soleil en moi.
A ces mots lourds de sens, le
lieutenant se sent soudain mélancolique. Ce n'est plus la Destructrice des
Nations froide, cruelle, fière qu'il ait devant lui, mais une femme capable
d'aimer, qui mène un combat intérieur, le plus dur qu'elle devra mener, sans
épées, sans armées, juste avec son cœur et son âme.
Heureux d'être à présent
certain que Xena à un cœur, en même temps triste, lui qui a toujours combattu à
ses côtés, de ne pas pouvoir l'aider pour celui-là. Parfaitement conscient que,
elle seule, peut changer les choses. Faire de cette jeune fille, son soleil
levant.
"Je ne peut pas l'aider
mais je peut la forcer à la voir. Si demain la jeune conteuse ne vient pas à
l'exécution, j'irais la chercher par la peau des fesses." Pense le gradé
en repartant.
Chapitre 6:
Le lendemain, les athéniens
sont réunis sur la place de la ville. Tous les regards sont rivés sur le
prisonnier de haut rang qui est escorté, la tête haute, digne, un sourire
hautain, vers la mort par crucifixion qui l'attend.
Dans la foule, une vieille femme
sourit. Une immense joie l'envahie de voir que sa jeune amie blonde a retrouvé
sa clarté, son regard pétillant fixé sur la grande femme brune qui se tient
droite sur l'estrade montée pour cette occasion.
A côté de l'estrade, le jeune
soldat démembré observe la jeune conteuse. Une voix grave le sort de sa
contemplation de cet être si vivant qui semble, par sa simple présence, lui
redonner vie.
_Il sont fort ces Spartes.
_Pourquoi ? Répond le jeune
guerrier, déçu qu'une personne lui cache la vue de la barde.
_Ben, quand ils étaient aux
frontières des terres de la Conquérante, César a essayé de passer en force et
les Spartes les ont mis en déroute et en plus ils ont attrapés cet homme que la
Destructrice cherche depuis plusieurs mois.
_Quoi ? Demande le jeune
handicapé stupéfait, se rappelant ce qu'un de ses collègues lui a raconté
quelques nuits plutôt.
_Ouais, à eux seuls ils ont
décimés toute l'armée romaine.
_C'est un piège !
La Conquérante sent le regard
de Gabrielle sur elle. Alors que son désir de la voir s'oppose à la peur de
perdre à nouveau le contrôle d'elle-même, elle ne voit pas le jeune soldat
qu'elle a mutilé s'approcher d'un pas rapide, ni n'entend la flèche fendre
l'air, signal de l'attaque.
Un choc qui l'a fait reculer,
suivi d'une brûlure soudaine dans son épaule droite, lui envoie des décharges
de douleur fulgurante dans le bras et la poitrine la ramenant à la réalité.
Tandis que les spectateurs
courent, en hurlant, elle regarde le projectile qui a transpercé son cuir.
Un vertige la prend, un bras
solide la soutien avant qu'elle ne s'écroule.
Gabrielle ne réagit pas, elle
n'entend pas les cris de terreur ni Hélène qui lui dit qu'il faut partir. Elle
ne voit pas les gens affolés courir, ni les gardes de la Conquérante perdre la
vie sous les épées des Spartes qui portent les même couleurs qu'eux. Les
hurlements et les pas lourds de l'armée romaine qui entre dans la ville sont
trop lointains pour qu'elle s'en rende compte.
Son cœur s'arrête de battre,
tout se passe comme dans un songe, son âme lui dit que c'est un cauchemar, Xena
n'est pas blessée, mais son esprit lui dicte qu'elle ne se réveillera pas car
ce n'est pas un rêve.
Le monde cesse de tourner
dans la tête de la brune, ses facultés de réflexion reviennent, elle voit la
bouche du jeune homme bouger mais aucun son ne lui parvient.
Son être tout entier ne
comprend plus qu'une chose, le feu qui déferle dans son corps, coulant dans ses
veines, plus rapide plus puissant que jamais, si profond que toute autres
pensées est impossible, la douleur de son épaule disparaît sous le tonnerre qui
gronde en elle, décuplant la haine dévorante qui grandit et surgit en son sein,
semblant posséder une volonté propre, celle d'être libérée.
La Destructrice des Nations se
redresse, arrache la flèche, tandis que la porte des ténèbres qui est en elle
s'ouvre, déversant par vague toute la noirceur et l'obscurité qui y étaient
enfermées.
Alors qu'apparaît dans ses
yeux une lueur plus sombre et terrifiante que jamais, l'image de l'enfer, un
hurlement sauvage de rage pur qui n'a rien d'humain s'échappe de sa gorge.
Le cœur de Gabrielle se remet
à battre quand elle voit la Conquérante se redresser. La barde sent une vague
de froid glacé traverser son corps entier, ses poils se hérissent, au moment où
ses yeux croisent ce regard haineux et remplit de violence.
La conteuse se rend compte
que quelqu'un la tire par le bras quand elle détourne la tête de cette vision
d'horreur qui la terrifie.
La blonde réalise que c'est
Hélène. Les supplications, les cris, tous les bruits qui l'entourent arrivent
comme une explosion dans sa tête.
_Gabrielle ! Il faut partir !
Electrisée par la peur, soudainement
consciente de ce qui se passe autour d'elle, la barde soutien son amie afin de
trouver un endroit à l'abri des combats.
Elle réagit plus par
instinct, alors que les bruits d'épées qui s'entrechoquent dominent les râles
des hommes qui donnent leurs vies pour un chef qui n'y porte aucune importance,
eux aussi, sont seulement poussés par l'instinct de survie.
Lorsque Légendrios a vu la
Conquérante blessée et ses hommes tombés, des dagues plantés dans le corps ou
la gorge béante ouverte par les soldats nouvellement enrôlés du roi de Sparte,
il ne réfléchit plus, son devoir seul compte, protéger la Conquérante.
La colère en lui monte,
contre ces traîtres et contre lui-même de n'avoir rien vu venir.
Alors qu'il se dirige vers
Xena tuant tout sur son passage, il remarque que le jeune garde estropié qui la
soutien lance des regards inquiets vers la place.
Après avoir décapité d'un
violent coup d'épée un des traites, alors que sa tête roule, laissant une
traînée de sang sur son trajet, le gradé porte son attention sur ce qui
inquiète le jeune homme plus que l'état de sa souveraine.
Pris de panique en voyant les
deux femmes, il s'assure que Xena est en état de se battre. Avec un rapide coup
d'œil, la voyant se redresser, il court protéger les deux proies de choix, dont
la plus jeune semble incapable de bouger, tétanisée.
A l'aide de son épée, le
lieutenant transperce les chairs de quiconque tente de s'approcher d'elles.
Les cadavres jonchent le sol.
Sans aucun scrupule, les guerriers marchent dessus. Certains tombent, glissant
à cause du sang qui couvre leurs cuirs, puis meurent, une épée plantée dans le
thorax sans qu'ils aient eu le temps de se relever.
Pour la première fois, les
hommes de la Conquérante ne se battent pas pour des terres, ni pour étendre le
pouvoir de leurs chef ni pour tuer mais juste pour sauver leurs vies.
Xena avance, son épée dans
une main et une autre récupéré dans un amas de chair sans tête, tranchant tout
ce qui est devant elle, prenant plaisir à voir le sang jaillir des membres ôtés
par ses soins.
Les boyaux se rependent sous
les yeux de leurs propriétaires horrifiés qui tente désespérément de les
remettre à leurs places avant de s'écrouler.
Le feu qui brûle dans son
corps redouble de puissance lorsque le haut du corps d'un homme, tombe au sol,
tandis que ses jambes sont toujours debout, lui dévoilant l'objet de sa fureur,
César.
D'un coup de pied, elle
envoie les jambes voler loin du buste qui ce vide de ce qu'il contenait, puis
elle suit le romain qui tente de s'enfuir.
Légendrios, jette un regard
au guerrier manchot qui a récupéré une épée. Le voyant se battre, il se rend
compte qu'il a dût s'entraîner longtemps pour réussir à tenir une arme de la
main gauche. C'est alors qu'il voit Xena partir, la chair, le sang, les os giclant
sur son chemin.
Il entreprend de la suivre,
maintenant que Gabrielle et son amie sont parties.
Un guerrier court vers lui,
arrivant sur sa droite. Le lieutenant lève son arme juste avant que celle de
son ennemi ne s'abaisse, recevant en plein visage le sang qui jaillit de son
aorte au lieu de sa lame.
Gabrielle, qui a retrouvée sa
lucidité, se dirige le plus loin possible de cette boucherie. Hélène trébuche,
elle l'aide à se relever, une voix grave se fait entendre.
_Attend, je vais la porter.
Un jeune homme vigoureux
prend la vieille femme dans ses bras, Gabrielle les suit.
Xena emprunte le chemin de sa
proie au détour des rues, elle marche, son cuir couvert de sang ses mâchoires
si serrées que ses dents son prêtes à craquer, ses mains crispées sur ses
armes, glissent humidifiées par le sang.
Alors qu'elle tourne au coin
d'une maison, un cavalier fond sur la guerrière qui l'esquive de justesse,
laissant son arme plantée dans l'artère fémorale du soldat, criant sa douleur,
regardant le sang giclé de sa cuisse à chaque battement.
Un deuxième cavalier le
suivait de près.
La Conquérante saute pour
éviter le coup qui vise sa gorge, puis sent la lame froide écarter la chair de
sa jambe, mais aucune douleur ne lui parvient, ni même quand, en posant ses
pieds au sol, elle s'effondre, seul un craquement d'os brisés se fait entendre.
Elle tente de se relever sans
y parvenir.
Vexée de s'être fait avoir
ainsi, la brune lance son chakram, la tête du soldat tombe dans la poussière
alors que le cheval continu sa course avec le reste du corps.
L'ex-empereur de Rome sourit,
son épée levé, tandis qu'il s'approche de la guerrière en train de se lever,
prenant appuie contre un mur.
Xena se redresse
difficilement, sa vue se trouble, elle secoue la tête, sa haine semble
diminuer, la douleur commence à naître dans ses membres blessés.
_Je te l'ai dit Xena, ma
destinée n'est pas de mourir, mais la tienne si.
_Parce que tu crois que je vais
te laisser me tuer comme ça ?
A ce moment, Légendrios
arrive. C’est un excellent combattant mais il commence à fatiguer. De plus,
voir sa chef au bord de l'évanouissement ne l'aide pas à se concentrer.
_Ne te mêle pas de ça soldat,
c'est entre elle et moi.
_Tu devras d'abord me tuer.
Les deux hommes se battent. Les
coups portés rivalisent de puissance sous les yeux de la Conquérante qui a de
plus en plus mal. Sa tête tourne.
_Xena va t-en !
_C'est à moi de le tuer.
_Si tu meurs tu ne seras plus
d'aucune utilité.
Sous la logique de ses mots,
la Destructrice des Nations s'éloigne, s'appuyant contre les murs, sa vue se
brouille à chaque élan de douleur.
Elle n'entend presque plus de
bruit de combat, sans savoir si c'est dû à son état ou parce que tout est fini.
César redouble d'effort de
peur et de frustration que Xena s'enfuit ou ne meurt avant qu'il ait pu se
venger et savourer sa victoire.
A bout de force, la brune se
laisse tomber. La douleur lancinante qui traverse son corps domine toute autre
sensation, son sang se glace dans ses veines, sa fureur disparaît alors que
tout deviens noir.
Elle sent l'inconscience
arriver, ces démons font place à une vision de douceur, un sourire qui la
hante.
La guerrière prononce un
dernier mot, comme un appel au secours dans la nuit que personne ne peut
entendre.
_Gabrielle !
La conteuse aux yeux
émeraudes court avec le jeune homme qui porte Hélène.
Soudain, arrivée à un
croisement, elle s'arrête net. Son cœur explose. Des milliers d'aiguilles
pénètrent chaque partie de son corps, son regard est inexorablement attiré par
une forme noire inerte au sol dans la rue adjacente. Alors que la peur la
foudroie, elle s'approche, tremblante, priant que ce ne soit pas la personne à
laquelle elle pense.
Alors que la blonde découvre
que son espoir est vint, en découvrant le visage couvert de sang, les larmes
envahissent ses yeux, elle tombe à genoux.
Son cœur bat à tout rompre
tandis que la jeune fille sent son monde s'écrouler. Elle pose une main sur la
joue, tourne la tête aux cheveux de jais, désirant voir les yeux bleus si
hypnotisant.
Le contact ne la dégoûte pas
mais lui envoie des frissons comme une traînée de feu qui lui donne une
sensation inconnue jusqu'à maintenant.
Sa panique diminue, un espoir
naît lorsque la jeune conteuse voit la poitrine de Xena se soulever au rythme
lent de sa respiration.
Les battements assourdissants
de son cœur s'amenuisent, lui permettant d'entendre des cris, des bruits de
métal qui s'entrechoquent, d'hommes qui courent.
Tout s'embrouille dans sont
esprit, la blonde ne comprend qu'une chose, il faut qu'elle cache la
Conquérante. Ignorant si ce sont ses hommes ou les romains, Gabrielle la prend
sous les bras, la traîne dans la rue cherchant un endroit pour se cacher et
surtout, retrouver son calme afin de réfléchir.
Légendrios, qui fait tout son
possible pour arrêter César réalise en entendant lui aussi les cris se
rapprocher à grande vitesse, que tout sera terminé dans quelques minutes.
L'issue de son combat dépend
des couleurs arborées par les guerriers en approchent.
L'appréhension s'installe,
alors que tout se passe à une vitesse fulgurante, César regarde derrière le
lieutenant et un sourire apparaît sur son visage. Le soldat comprend que ses
hommes ont perdu la bataille mais aussi que cette inattention est la seule
chance qu'il ait de tuer l'ex empereur de Rome.
Seulement, la fatigue qui
pèse dans tous ses muscles ralentit ses mouvements, son adversaire esquive le
coup.
Alors que le lieutenant se
retourne, puisant dans ses dernières ressources, poussé par l'unique désir de
le tuer, une explosion de douleur irradie sa nuque, envoyant des points
lumineux devant ses yeux. Le sol se rapproche, tout devient noir.
Quand le romain a vu ses hommes
arriver, il a sut que l'attaque avait tourné en sa faveur.
_Non ! Ne le tue pas ! Puisqu'il
aime tant sa souveraine, il sera crucifié avec elle. Dit César à un homme qui
venait de lever son épée au-dessus de l'inconscient, tout en partant bien
décidé à retrouver la Conquérante.
A quelques mètres, au détour
d'une rue, un sourire de satisfaction s'installe sur son visage lorsque le
romain de haut rang voit des tâches de sang en quantité mêlés à la poussière.
Sur de lui, il suit les traces rouges jusqu'au porche d'une maison.
_Fouillez cette masure de
fond en comble !.
Les soldats s'exécutent
vérifiant chaque coin d'ombre.
_Il n'y a personne. Dit un
garde à son chef en sortant de la demeure.
_Trouvez Xena! Blessée comme
elle l'est, elle n'a pas pu aller loin. Et emmenez son officier dans une
cellule du château. Ordonne le dignitaire dont la joie a été remplacée par la
colère en se dirigeant vers la grande place où sont réunis les guerriers de la
Destructrice encore vivant.
Parmi eux, le jeune handicapé
observe les villageois qui ont été rattrapés par les troupes ennemis et amenés
sur le lieu du carnage. Ecœuré que ces hommes montrent à des enfants les corps
dépecés, en lambeaux, méconnaissable, preuves de la cruauté et de la sauvagerie
dont l'homme est capable, il regarde chaque visage où est inscrit la peur et le
dégoût, mais ne trouve pas celui qu'il cherche.
Son espoir que la jeune barde
a pu s'enfuir vacille lorsque ses yeux croisent ceux de la vieille femme,
remplis d'effroi.
Ce n'est pas la peur de
mourir ou celle de ce qui va se passer, mais une peur impersonnelle pour une
autre personne.
En arrivant sur le lieu de la
boucherie, César cache son dégoût en voyant ces hommes, femmes, enfants, réunis
au milieu des quartiers de chair qui étaient, avant, des êtres humains.
Leurs camp est indéfinissable
tant leurs armures sont souillées de sang, qui pour certains, bouillonne encore
s'échappant de plaies béantes.
Alors qu'il marche vers ses
prisonniers, entre les carcasses sanglantes aux yeux blanchis, exorbités, où
est gravée l'horreur d'une mort atroce pour l'éternité, le chef romain s'adresse
d'abord aux villageois puis aux soldats.
Après que Gabrielle a traînée
Xena à l'intérieur d'une modeste maison, elle la dépose contre un mur,
respirant profondément pour se calmer.
"Réfléchit ma fille,
réfléchit." Se dit la barde terrifiée à l'idée que cette magnifique femme
meurt devant elle sans se soucier de se qu'il pourrait lui arriver si les
romains la trouvaient, mais plutôt de ce qu'ils feraient s’ils la trouvaient
elle.
Alors qu'elle inspire
profondément les yeux fermés, son cœur ralentissant pour retrouver à peu prêt
un rythme normal, son esprit retrouve ses capacités de réflexion.
Elle se redresse, cherche des
linges propres, avec des gestes nerveux. La maison n'étant pas grande, la
blonde trouve rapidement ce qu'elle cherche dans une petite commode.
Gabrielle entreprend de
soigner l'épaule et la jambe de la femme inerte. Du moins, stopper la perte de
sang jusqu'à ce qu'elle puisse lui faire des pansements corrects.
Plus un bruit ne se fait
entendre dehors, les combats sont terminés. Dans un silence lourd et pesant,
une question surgit dans son esprit, qui a gagné ?
A sa peur pour la vie de Xena
se joint la crainte que les romains ont remporté la victoire et l'espoir que se
soit les hommes de la Conquérante.
Elle décide d'en avoir la
certitude car dans le deuxième cas, elle n'aurait qu'à demander aux guerriers
de l'emmener pour la soigner.
Après un regard à la brune, la
jeune fille se dirige vers la porte.
Lorsqu'elle l'ouvre, son cœur
fait un bond, sa respiration se coupe, elle regarde, hagarde, le sang qui
laisse une trace évidente, indiquant leur cachette.
Un éclair traverse ses
pensées, si les romains ont gagnés, ils trouveront la guerrière.
Gabrielle marche, aux aguets,
avec son fardeau si précieux, son cœur battant trop vite, par peur que cette
créature si belle qui a kidnappée son âme perde la vie dans ses bras, par peur
d'être découverte.
"Le meilleur endroit
pour cacher quelque chose, c'est à la vue de tout le monde." Pense la
blonde en voyant un massif d'arbustes, qui n'a pas été entretenu depuis
longtemps, ce qui fait désordre au milieu de la place du marché.
Gabrielle allonge le corps
inconscient, puis le recouvre de branches. Des pas lourd de bottes et des
cliquetis de métal se font entendre.
La blonde sent son cœur
s'accélère encore, des picotements parcourent sa peau, tandis qu'elle s'éloigne
du massif.
Au moment où la blonde arrive
au coin d'une maison, prête à jeter un œil aux couleurs que portent les
guerriers qui arrivent, la barde ne voit pas les buissons se multiplier,
devenir denses à une vitesse incroyable, cachant ainsi totalement le corps de
la blessée bloquant tout accès au trésor qu'ils renferment.
_Hé toi !
Une voix grave se fait
entendre derrière elle, la faisant se retourner en un sursaut.
Paniquée en voyant le romain
courir vers elle depuis l'autre bout de la rue, alors que la peur transcende
son être, empêchant son esprit de réfléchir, Gabrielle se met à courir sans but
précis.
L'un d'eux lui saute
lourdement dessus, la coinçant entre le sol dur et son corps massif.
En voyant le sol se
rapprocher trop vite, la conteuse met ses mains en avant. Mais sous le poids de
son agresseur cela ne sert à rien, elle heurte violemment la terre. Une douleur
subite apparaît dans ses genoux et ses hanches, tous ses organes semblent être
retournés.
Tandis que la jeune fille a
la sensation que son diaphragme se déchire sous la pression de son estomac, son
menton cogne le sol dur, elle voit des étoiles devant ses yeux.
Deux mains calleuses la
soulèvent par les bras, tandis que les lumières s'estompent.
_Retrouvez la Conquérante,
j'amène la gamine rejoindre ses compatriotes.
A ces mots, l'esprit de
Gabrielle se remet en marche, lui rappelant une personne à laquelle elle
n'avait plus pensé depuis sa découverte du corps inerte de la Destructrice des
Nations, Hélène.
Sur la grande place, une
vieille femme et un jeune guerrier sont partagés entre la peur que la jeune
blonde soit morte et l'espoir qu'elle a réussi à fuir.
César détourne les yeux des
villageois écœurés par le spectacle sanglant qui s'offre à eux, tétanisés par
la peur de mourir. Puis il s'adresse aux gardes de Xena, eux aussi incertain de
leurs sorts, puis leur explique que désormais, ils seront à son service.
Soudain un romain arrive,
tenant par le bras la jeune barde.
Tous les regards se tournent
vers eux, dont deux se remplissent de soulagement.