Amour et haine, partie 1b
Chapitre 7:
César a pris possession du
palais, il admire la décoration, quand l'un de ses généraux arrive.
_César, mes hommes ont
fouillés toute la ville sans résultat.
_Elle n'a pas pu filée toute
seule, donc on l'a aidé. Etends les recherches jusqu'aux limites du monde connu
si il le faut, mais ramène-la moi ! Dit le nouveau souverain, inquiet des
lourdes pertes qu'il y a eu lors de l'attaque et furieux qu'une femme aussi
dangereuse soit en liberté.
Pendant ce temps, les soldats
de Xena creusent une fosse commune suffisamment grande pour accueillir les amas
sanglants des guerriers morts aux combats, se demandant ce qui a bien pu
arriver à leur souveraine.
Gabrielle arrive chez elle.
Le soulagement d'être à
l'abri remplace la peur de se faire surprendre qui l'a accompagnée depuis
qu'elle a quittée la place du marché avec la brune.
Tout c'est passé très vite. Il
s'est écoulé environ une heure entre sa décision de protéger la guerrière et
maintenant. Mais pour la blonde, ça semblait une éternité.
Sa poitrine la brûle tant son
cœur bat fort, ses muscles commencent à la faire souffrir, la fatigue
s'installe alors que l'adrénaline qui engorgeait son corps diminue.
Pourtant la seule chose qui
lui importe est l'état de la femme blessée.
Gabrielle prie en silence
toute les divinités connues et inconnues, certaine, sans savoir pourquoi, que
si la Conquérante
Elle allonge Xena sur son
lit.
Avec la peur au ventre, la
blonde déshabille la rescapée, nettoie ses blessures avant de les panser, ainsi
que le sang qui couvre sa peau.
Etrangement, ce qui
d'habitude l'aurait écœurée, ne la répugne pas.
Ayant donné les meilleurs
soins qu'elle pouvait, Gabrielle la recouvre. Puis avec une boule dans la
gorge, entreprend de ranger le désordre que les guerriers ont causé lors de
leur chasse à l'homme, tout en essayant de faire également le ménage dans son
esprit. Comprendre comment tout cela a pu arriver. Comment la Conquérante
Son cœur se serre, devient
douloureux, non pas à l'idée qu'elle soit découverte et tuée pour l'avoir
aidée, mais à la peur que ces paupières qui cachent un océan d'un bleu si
clair, dans lequel se perdre et se noyer représente le bonheur suprême au-delà
de toute espérance, ne réapparaisse plus.
Tard dans la nuit, Gabrielle
avait succombé à l'épuisement.
Ce sont des coups à la porte
qui la sorte de son sommeil, encore emplit par des songes étranges.
Elle se lève, quitte la
chambre la mine défaite, son dos et sa nuque lui font mal d'avoir dormi sur une
chaise. Elle va ouvrir, après s'être assurée que la porte de la chambre est
bien fermée.
Le soleil l'éblouit, tandis
que le soulagement de voir Hélène remplace l'appréhension.
_Gabrielle, tu as une tête
horrible.
_Bonjour Hélène. Entre.
La vieille femme s'exécute et
va s'asseoir à la table, regardant son amie fermer la porte en se frottant un œil.
_Je viens de me lever. Dit la
jeune blonde toute engourdie de sommeil.
_Tu vas bien ? Tu es partis
si vite hier que je me suis inquiétée.
_Oui, c'est juste… tout s'est
passé si vite hier et la vue de tout ce sang, je me sentais pas très bien.
_Je te comprends, moi aussi
ça m'a retourné, j'ai mal dormi. Répond Hélène, tout en regardant la jeune
fille préparer du café après avoir ravivé le feu avec des gestes nerveux, qui
ne manque pas d'être remarqué par la femme plus âgée, qui met ceci sur le
compte des événements de la veille.
_Tu sais Gabrielle, en
venant, j'ai vue les gens ranger leurs demeures saccagés par les soldats qui
cherchaient la
Conquérante. Mais la Destructrice
Gabrielle se crispe à ces
mots, puis avec un sourire qui ne trompe pas son amie, elle va s'asseoir à la
table.
_Oui. Tu veux un café ?
_Non Merci. Gabrielle, je vois
très bien que quelque chose ne va pas, dis-moi ce que c'est ?
_Je te l'ai dit, je suis
encore sous le choc des événements. Je veux dire, ces changements soudain, ces
visions d'horreur, tout s'est passé si vite.
_Oui, mais peut-être que ce
romain sera moins dur que la Conquérante. Bon la Conquérante
_Pourquoi tu me parles d'elle
?
_Oh comme ça ! Je pense que
comme tout le monde, tu dois te demander où elle est.
_Oui comme tout le monde.
Répond la barde, son inquiétude se voit dans ses yeux verts si profond.
_Je vais aller à la
bibliothèque. Avec toute ces radoteuses, je suis sûre d'être au courant de
tout. Fait la femme âgée, inquiète pour sa fille adoptive, en se levant.
_D'accord, tu excuseras mon
absence.
_Bien sur.
Gabrielle accompagne son amie
à la porte, puis, après l'avoir remerciée de sa sollicitude, retourne dans sa
chambre. Une boule se forme dans son estomac quand elle entreprend de changer
les pansements de la blessée qui transpire et délire, sous l'effet de la fièvre
qui l'a submerge.
Chapitre 8:
_Une semaine que vous
cherchez, et vous n'avez rien trouvé ! Ni traces de pas, ni sang, ni Xena !
Fulmine César dans la salle du trône, qui fut celle de la Destructrice
_Nous cherchons, nous avons
envoyé la moitié des troupes, à sa recherche, nous finirons bien par la
retrouver.
_Je ne veux pas de
supposition, mais des faits ! Et qu'a donné l'interrogatoire de son lieutenant ?
_Il ne sait rien, il ne
connaît aucun endroit où elle aurait pu se cacher.
_Bien sur, elle ne fait
confiance à personne, surtout pas à ceux qui sont proche d'elle à cause du
risque de se faire trahir. Fouillez les villages voisins, ce dont je suis sûr
c'est qu'elle a besoin de soins.
_Bien César.
L'officier ambitieux quitte
la pièce, bien déterminé à trouver la guerrière, espérant monter en grade en
remplissant cette mission.
Depuis que le romain était au
pouvoir, Hélène était venue voir son amie tout les jours en sortant de la
bibliothèque, n'apportant aucune nouvelle, ni sur César, qui n'a pas encore
quitté son palais, ni sur Xena. Elle n'était pas non plus rassurée, sa jeune
compagne semblant avoir une peur constante, ses pensées tournées vers autre
chose ou quelqu'un d'autre.
Depuis que Xena a été
détrôné, Gabrielle veille et soigne la brune, vivant à chaque instant avec la
peur que son cœur s'arrête et l'espoir que sa fièvre disparaisse, et enfin
revoir le bleu de ces yeux.
Ce matin alors que la blonde
s'éveille, endolorie sur le fauteuil qui lui serre de lit, elle lève les yeux
sur la forme allongée qui semble plus calme. La conteuse se lève après avoir
repoussé sa couverture, s'approche du lit, pose une main sur le front de la
femme endormie puis, du bout des doigts, caresse le contour du visage, s'arrête
sur la joue, afin de profiter encore un peu de la douceur de cette peau qui
était, d'habitude si hâlée.
Le soulagement s'empare
d'elle tandis qu'une joie vive réchauffe son cœur, elle réalise que son vœu
c'est exaucé, la fièvre qui brûlait son corps a disparut.
Alors qu'un sourire orne ses
lèvres, elle admire ces traits ciselés, si paisible.
Le bruit léger et profond de
la respiration lente de la femme, l'apaise, la crainte qui voilait son cœur
s'envole, comme une douce brise d'été qui emporte les dernières cendres d'un
incendie, laissant apparaître la beauté qui se cache en dessous.
Son âme est soudainement
libérée d'un poids trop lourd, pour un être aussi pur.
Habitée par un nouvel élan,
un mélange de joie et de satisfaction, comme une nouvelle énergie, Gabrielle a
passé sa journée à vaquer à des occupations diverses jusqu'à ce qu'Hélène
vienne lui rendre sa visite quotidienne, heureuse de voir son amie sourire mais
intriguée de ce changement d'humeur brutale.
Cette dernière repartie avec
les derniers rayons de soleil, la blonde rallume le feu dans la cheminée avant
d'aller s'asseoir au chevet de la guerrière.
Alors qu'elle est perdu dans
ses pensées, fixant un point au loin, deux mots sortent la conteuse de sa
rêverie. Gabrielle regarde la femme aux cheveux de jais, ses battements
cardiaques s'accélèrent, une chaleur soudaine dévore ses entrailles lorsque ses
yeux verts croisent deux éclats bleus si limpide, l'incarnation d'un désir
secret, qui à eux seuls représentent un rêve de bonheur éternel, si proche et
pourtant si inaccessible.
Quand Xena ouvre les yeux, la
première chose qu'elle voit est ce visage angélique qui est ancré en elle. Il
lui faut quelques secondes pour réaliser que ce n'est pas un songe.
Ces deux émeraudes
scintillantes, ce sourire étincelant, qui lui procure une sensation de douceur
et de bien-être, comme une promesse de paradis terrestre, sont là.
Sans s'en rendre compte, sa
bouche libère sa pensée.
_Mon ange.
Gabrielle ne peut quitter ces
orbes cobalts remplis de douceur paisible, qui semblent l'envelopper comme une
soie douce et protectrice, comme si plus rien d'autre ne pouvait la toucher.
Un gémissement de douleur la
sort de sa contemplation.
_Ne bougez pas. Il faut vous
reposer. Dit la blonde en posant une main tremblante sur le bras droit de la
brune.
En sentant son bras, sa jambe
et sa hanche recevoir des décharges de douleur, tous ses muscles rongés de
courbatures, Xena décrète que sa salvatrice a raison. Puis acceptant de se laisser
aller dans ce confort, ce bien-être où le temps semble couler sans rien
altérer, la guerrière demande à la barde de lui conter les événements survenus
lors de son inconscience, afin de savoir à quoi s'en tenir, mais aussi pour
entendre sa douce voix.
Bizarrement, apprendre que
César lui a pris son trône, ne lui cause pas de crise de rage, seulement de la
colère et du dépit.
Mettant ceci sur le compte de
sa faiblesse et sa fatigue, ou la voix apaisante de la conteuse, une question
traverse son esprit.
_Gabrielle pourquoi m'as-tu
sauvée ?
_Mon côté bon samaritain sans
doute. Il se fait tard, vous devriez-vous reposer majesté. Répond la blonde,
absolument pas convaincue de sa réponse, mais comment expliquer qu'un sentiment
qu'elle ne comprend pas l'a poussé à le faire.
Alors qu'elle se dirige vers
la porte qui mène à l'autre pièce, une voix faible et douce l'arrête.
_Tu peux me tutoyer, s'il te
plaît, et appelle moi Xena. Je ne suis plus la souveraine des terres connues.
_Bien. Fut la seule réponse
que la barde put donner, estomaquée d'avoir entendu la Destructrice
Cette nuit-là, la blonde ne
trouve pas le sommeil, surexcitée se retenant de sauter et crier sa joie en
pensant à la requête de la brune, surtout à cause du bonheur qui l'irradie,
comme une lumière éblouissante de savoir la guerrière hors de danger.
Le lendemain, lorsque la nuit
tombe, la Conquérante
Xena sent la chaleur
étourdissante envahir son être à cette vue.
_Bonjour. Comment te sens-tu ?
_Mieux. As-tu des nouvelles
de ce qui se passe en ville ? Demande la brune, désirant trouver un sujet de
conversation avant qu'elle ne perde ses capacités de réflexion.
_Mon amie Hélène m'a appris
que les hommes qui étaient partis à ta recherche, rentrent à Athènes. César va
être furieux qu'ils reviennent bredouilles.
Xena ne peut rien répondre,
elle se sent fondre devant son air enfantin. Son petit nez retroussé en même
temps qu'elle sourit, la fait craquer.
Gabrielle est incapable de
penser, son cœur explose, lorsqu'elle voit se dessiner un sourire sur les
traits d'ordinaire si stoïque.
_Tu as faim ? Demande la
conteuse dans le seul but de rompre l'envoûtement de cette vision.
_Très faim. Répond la
guerrière charmée.
Chapitre 9:
Quelques jours plus tard, le
soleil à peine levé, César, fou de rage, est prêt à trancher la tête de son
général au milieu du couloir principal du palais.
_Elle était au bord de
l'évanouissement, elle n'a pas pu aller loin, ni se volatiliser.
_On a fouillé chaque parcelle
de terrain, on n'a trouvé aucune trace, les villageois ne l'ont pas vue. Répond
l'officier terrifié.
_Es-tu sûr que personne ne
l'a cachée ?
_Oui majesté, on a menacé et
torturé des villageois, personne ne l'a aperçue.
Un déclic se produit dans la
tête de l'empereur, il baisse son épée.
_Elle perdait beaucoup de
sang, donc elle n'a pas pu aller très loin dans cet état, si quelqu'un l'a
aidé, il a dû s'arrêter pour lui donner des soins.
_Oui majesté, et dans se cas,
on aurait trouvé une piste. Dit l'officier avec un soupir de soulagement et le
désir encore plus grand de plaire à son chef.
_Et si cette chienne n'avait
jamais quitté la ville.
_Ca expliquerait que l'on n'a
rien trouvé.
_Où sont tes hommes ?
_Ils ne sont pas très loin,
ils seront dans Athènes dans peu de temps.
_Envoie tous les soldats qui
sont ici les attendre aux portes de la ville. Dés que tes troupes seront arrivées,
je veux qu'elles ratissent à nouveau la ville.
_Bien majesté.
Le gradé part exécuter les
ordres, tandis que l'empereur sourit, sûr de sa victoire.
Alors que le soleil atteint
son zénith, Gabrielle, qui est retournée travailler aussitôt qu'elle était sûre
que Xena soit hors de danger, discute avec Hélène dans une des pièces de la
grande bibliothèque.
Quand une voix féminine ce
fait entendre.
_Vous savez la dernière,
César croit que la garce de Conquérante n'a jamais quitté la ville, que
quelqu'un la cache.
_Il faudrait être fou ou
inconscient pour faire ça. Répond la femme âgée.
_Apparemment, il croit que
quelqu'un en est capable.
_Pourquoi ? Demande la blonde
soudain intriguée.
_Parce qu'il a envoyé toutes
ces troupes fouillées Athènes.
_Quoi ! S'exclame Gabrielle.
_C'est vrai, et...
La jeune femme porteuse de
nouvelle ne finit pas sa phrase, regardant ahurie Gabrielle partir en courant.
_Qu'est-ce qui lui prend ?
_Je l'ignore. Répond Hélène
intriguée par le départ soudain de son amie.
Ne comprenant pas ce qui se
passe, la femme ridée, entreprend de la suivre.
La blonde court dans les
rues, son cœur bat si fort qu'il semble qu'il va sortir de sa poitrine. L'air
froid brûle ses poumons, sa vue se trouble, ses yeux s'emplissent de larmes
lorsqu'elle voit les soldats entrer et sortir des maisons.
Sa peur est remplacé par le
désespoir, une douleur profonde s'infiltre en elle, comme une preuve que tout
ceci n'est pas illusoire, alors que deux guerriers pénètrent dans sa maison, où
la femme qu'il cherche ce trouve.
Des mains fermes la stoppent
dans sa course.
_Laissez-moi !
_Calme-toi petite fille.
Répond une voix grave.
Gabrielle se débat, jusqu'au
moment où ses forces l'abandonnent, ses larmes coulent silencieusement.
Sa raison lui dit que tout
est fini, alors que son cœur bat avec l'espoir de voir une dernière fois cette
beauté surnaturelle.
Son esprit n'a qu'une envie,
voir ces hommes éjectés de sa demeure, par la guerrière, mais ce vœu ne peut
pas se réaliser, Xena n'est pas en état de se battre, ni même de ce lever.
La brune entend des bruits
lourds, les poils de sa nuque se hérissent, une chose et certaine, ce n'est pas
Gabrielle. Elle tente de se lever, mais cela lui est impossible, tant à cause
de la douleur dans sa jambe et son bras que sa hanche cassée.
Quand la porte de la chambre
s'ouvre, une armure romaine apparaît, la seule chose à la quelle la brune peut
pensée est ce qu'ils vont faire à sa barde.
Le soldat entre, referme la
porte derrière lui, la regarde.
Les deux sont stupéfaits de se
voir. Elle de reconnaître un de ses hommes, lui de la voir, allongée et blessée
mais en vie.
La voix de Gabrielle les sort
de leurs torpeurs.
_Gabrielle ! Dit la femme
avec frayeur.
Le guerrier lève son unique
bras, frappe sa poitrine avant de ressortir.
Xena entend la voix du soldat
à travers la porte fermée.
_Il n'y a rien ici.
Les deux soldats quittent la
demeure de la conteuse, la blonde s'attend à voir sa locataire, son esprit ne
comprend plus rien, son cœur manque un battement en croisant le regard vide du
jeune homme qui l'avait escorté dans les couloirs du château, se pourrait-il
qu'il n’ait pas dénoncé Xena ?
Alors qu'ils continuent leurs
recherches, la barde aux yeux pers se précipite chez elle.
Après avoir fermé la porte,
elle se dirige vers la chambre, une boule dans la gorge.
Lorsque la blonde entre dans
la pièce, les deux femmes relâchent l'oxygène qu'elles avaient retenu trop
longtemps.
_Xena qu'est-ce qui c'est
passé ?
_C'était un de mes hommes,
j'ignore pourquoi il ne m'a pas dénoncé.
Gabrielle s'assit au bord du
lit, son corps tremble encore des émotions qui l'on submergée il y quelques
minutes.
_Peut-être qu'au fond, il
t'aime bien, malgré ce que tu lui as fait. Dit la barde en baissant la tête
tristement.
_Peut-être. Mais comment tu
sais ça ?
_Il me l'a avoué quand il m'a
escorté le premier soir où je suis venue au palais, mais ce que j'ignore c'est
pourquoi.
Sans vraiment comprendre,
Xena ressent le besoin et le désir de lui expliquer son acte.
_Il est mort dans sa tête
quand il a vu ses parents se faire décapiter devant ses yeux par des brigands.
La mort n'aurait pas été une punition pour lui, mais une bénédiction.
Le silence lourd qui c'est
imposé, est rompu par des coups à la porte.
Gabrielle va ouvrir avec la
peur au ventre que les soldats reviennent. Un soupir de soulagement lui échappe
en voyant Hélène.
_Gabrielle qu'est-ce qui ce
passe ? Tu m'as fait peur en partant comme ça.
_Entre, je vais tout te
raconter.
Ce qui venait de se passer
était trop pour la jeune fille. Elle avait besoin de parler à quelqu'un, de libérer
son angoisse, ses nerfs déjà trop tendus, prêt à craquer.
_Mon dieu Gabrielle ! Je suis
désolée que tu ais eu à subir tout ça toute seule, mais tu as fait preuve d'un
grand courage. Dit Hélène, estomaquée par le récit et par le fait que pendant
que tout le monde cherchait la
Conquérante
_Promet-moi de n'en parler à
personne.
_promis, mais soit prudente,
tu sais de quoi cette femme est capable.
_Ne t'inquiète pas, je ne
peux pas te dire pourquoi, mais je suis persuadée qu'elle ne me fera pas de
mal.
"Folle, inconsciente ou
amoureuse." Pense la femme âgée, en se rappelant la discussion qu'elles
ont eu plus tôt, avant que Gabrielle ne se sauve en courant.
Quelques semaines plus tard,
alors que les premiers flocons de neige commencent à tomber dans le silence de
la nuit, Xena boîte plus qu'elle ne marche dans la chambre. Lorsque Gabrielle
arrive, surprise de ne pas l'avoir entendue arriver, la brune bascule en avant.
La blonde à le réflexe de la rattraper pour éviter qu'elle ne s'écroule. Ses
mains sur les hanches de la guerrière semblent lui brûler la peau, une chaleur
irradiante l'envahie, une explosion de bien-être, alors qu'elle se perd dans le
vert de ses yeux.
Gabrielle sent son cœur s'affoler,
plus aucune pensée ne lui parvient tandis qu'elle se perd dans cet océan azur.
Leurs visages sont si proche
que leurs souffles se mêlent, caressant doucement leurs peaux, alors que leurs
lèvres se rapprochent, inconsciemment. Des coups à la porte les sortent de leur
état de transe.
Xena s'assoit sur le lit,
Gabrielle va ouvrir, essayant tant bien que mal de retrouver le fil de ses pensées.
Lorsque la blonde ouvre, elle
frisonne tant à cause de la fraîcheur de l'air que de la personne qui se trouve
face à elle.
_Bonsoir mademoiselle, je
désire parler à la
Conquérante. Dit
Après un instant de stupeur,
sa crainte s'estompe, la conteuse le fait entrer.
_Attendez ici, je vais la
chercher.
_Merci.
Le jeune homme la regarde
disparaître dans la pièce adjacente avant de revenir en soutenant la guerrière.
_Majesté. Dit-il surprit de
voir la Conquérante
_Je ne suis plus ta
souveraine. Que veux-tu me dire ? Demande la brune en s’attablant, tandis que
l'obscurité qui l'avait quitté depuis qu'elle était là, commençait à remonter
en voyant son uniforme.
_On a besoin de vous.
_Ah oui ? Et que veux-tu que
je fasse ? Répond la guerrière sur un ton froid.
_Enlevez votre manteau, je
vais préparer du thé. Propose Gabrielle qui est déçue de voir à nouveau la Destructrice
_Merci. Reprenez votre trône.
Dit le soldat handicapé en prenant une chaise.
_Et avec quelle armée ?
_La votre. J'ai parlé avec
vos hommes, s’ils devaient choisir, c'est pour vous qu'ils se battraient. La
soif de pouvoir de César est plus effrayante que... vous. D'après ce que j'ai
entendu dire, vous avez de nombreux partisans car contrairement à ce romain, vous
torturez seulement ceux qui ont commis un crime et non les innocents, vous n'oppressez
pas le peuple, vous prenez les territoires par la force mais après, ils
reprennent leurs vies tranquillement, vous êtes juste dans vos jugements, lui
il tue juste parce qu'une tête ne lui revient pas.
_Vous savez ce que l'on dit,
contente-toi de ce que tu as, tu ne sais pas ce que tu auras après.
Les deux guerriers regardent
la blonde qui vient de parler.
_Combien d'homme reste-t-il ?
Légendrios est toujours en vie ? Demande la brune en regardant la barde verser
le thé dans les tasses.
Son esprit repasse tout ce
temps où le bonheur était présent, la sensation de liberté quand elle discutait
avec son ange, la quiétude quand, chaque matin, elle l'a regardait dormir recroquevillée
dans son fauteuil, le pincement au cœur à cette vue de l'innocence, la douceur
en elle lorsque la blonde lui sourit.
Si elle reprend son trône,
ces moments de pur bien-être deviendront de simples souvenirs, son cœur léger
redeviendra lourd, encore plus lourd, car en plus de ses démons, il y aura ses
souvenirs, elle regrettera ce qu'elle ne connaissait pas avant.
Mais si elle choisit
Gabrielle elle devra vivre cachée. Peut-elle laisser le monde souffrir pour un
dictateur, juste pour préserver son paradis ? Peut-elle vivre avec la peur
d'être découverte ? Peut-elle vivre en sachant que sa capture signifierait la
mort de Gabrielle ? Peut-elle risquer la vie de cet être si pur ?
_Une centaine d'hommes
seulement a survécu, épargné uniquement s’ils servaient César et le lieutenant
est dans une cellule.
_Bien, on va envoyer ce
romain au Tartare. Recrute une armée hors de la ville pour ne pas éveiller les
soupçons. Trouve un homme de confiance pour faire ce travail, n'en parle à
personne tant que ce n'est pas fait. Dit la guerrière au soldat alors que le
même éclat qu'elle avait dans le regard lors des batailles apparaît dans ses
yeux.
_Mais on ne pourra jamais
avoir assez d'hommes pour renverser les romains, il nous faut un autre plan.
_Non, mais on a l'effet de
surprise, de plus si on attaque de nuit, par l'extérieur et l'intérieur en même
temps, ça augmente déjà nos chances.
_Bien sûr et si les hommes
tuent déjà ceux qui dorment, après il n'y aura plus qu'a s'occuper de ceux qui
sont de garde. Dit le jeune fière de montrer à sa chef son intelligence.
_Oui. Tiens-moi au courant
lorsque tu auras rassemblé des troupes.
Gabrielle écoutait buvant son
thé en silence, son cœur semble se déchirer. Si la Conquérante
Chapitre 10:
Cela fait déjà une lune que
Xena a pris la décision de renverser César.
Les jours passent. Chacune
des deux femmes profite de cet univers parfait, sachant que ce monde idyllique
prendra bientôt fin. La blonde appréhende chaque nuit, que la personne qui
viendra casser ce rêve arrive.
Une nuit, la crainte de la
conteuse se concrétise, le monde réel et souffrant vient frapper à sa porte.
Ce paradis où le temps s'était
arrêté vole en éclat tandis que le guerrier handicapé entre en sa demeure.
_Cinq cent hommes attendent
l'ordre d'attaquer. Dit le jeune homme.
_Bien, qu'ils se dispersent
et marchent sur la ville, toi pendant ce temps tu recrutes parmi les troupes de
César, mais fait attention à qui tu en parles, on lancera l'attaque dès qu'ils
arriveront. La première chose à faire, c'est libérer Légendrios.
_Oui, je suis sûr que la
moitié des hommes qui faisaient partie de vos troupes sont de votre côté, ils
seront d'accord pour se rebeller.
_Xena doit être un bon chef
alors. Demande Gabrielle avec un sourire sans joie.
_Oui, elle ne prive pas ces
hommes, et leurs donne ce dont ils ont besoin contrairement à ce romain. Répond
le soldat obnubilé par la blonde.
_C'est juste pour que vous ne faiblissez pas au combat. Se
défend la guerrière.
Xena ressent une étrange
sensation, son cœur lourd à l'idée de la séparation de sa barde, se gonfle de
colère, tout devient rouge à ses yeux, en voyant ce garçon sourire bêtement
devant la conteuse.
La jalousie qui s'infiltre en
elle tel un serpent vicieux qui lui fait perdre sa confiance, l'empêche
d'entendre leurs discussions.
Le sang qui bat dans ses
oreilles, devient moins assourdissant, lorsqu'elle le voit perdre son sourire
idiot, et la tristesse s'installer sur son visage.
Son cerveau enregistre à
nouveau les mots prononcés.
_Tu n'as jamais rien fait
dans ta vie par amour ? Questionne la barde surprise.
_Non, mais si un jour ça
m'arrivait, je mourrais heureux. Répond le garçon avec déception.
_Fait ce que je t'ai dit.
Maintenant pars avant que quelqu'un ne remarque ton absence. Dit la brune alors
que son sang c'est mit à bouillir lorsque Gabrielle a posée une main sur
l'avant bras du soldat dans un geste de réconfort.
Le jeune comprend l'ordre de
partir et s'exécute.
Après avoir refermé la porte
derrière le soldat, la blonde regarde la femme aux cheveux de jais, son cœur se
fend encore, la chagrin pèse sur ses épaules, alors qu'elle va s'asseoir.
_Xena, qu'est-ce qui se
passera quand tu auras reprit ton rang ? Demande la conteuse, muée par un
espoir insensé qu'elles ne seront pas séparées. Cette prière prend forme au
milieu de la peur qui la domine.
_Je gouvernerais à nouveau le
monde connu et toi tu reprendras ta petite vie tranquille de barde. Répond la
guerrière avec véhémence.
Lorsque son regard croise
deux opales qui l'hypnotisent, elle se sent soudain triste, son cœur se serre,
la colère l'a quitte.
_Je ne pourrais jamais te
remercier, ni oublier tout ce que tu as fait pour moi. Je ne pourrais jamais
t'oublier. Dit la guerrière comme si ces pensées s'étaient muées en paroles sans
qu'elle s'en rende compte.
Une douleur survient dans la
poitrine de Xena en voyant les yeux verts se remplirent de larmes.
Gabrielle se lève, pour aller
attiser le feu, sous le regard bleu emplit de tristesse, coupant l'élan de la
femme aux cheveux de jais, qui voulait poser sa main sur la joue juvénile et
recueillir la larme qui avait commencé à perler.
_Mais tu viendras au palais,
conter tes histoires, si tu le veux.
A ces mots, le nœud qui s'était
formé dans l'estomac de la blonde s'estompe. Gabrielle regarde la guerrière, de
la joie dans les yeux, un sourire timide aux lèvres.
Les jours passent, le temps
file sans altérer leur réalité, pourtant tout semble diffèrent, comme si dans
ce monde de douceur, un monstre, tapis dans l'obscurité, attend de se montrer.
Les deux femmes vivent chaque
instant comme le dernier, gravant dans leurs mémoires chaque geste, chaque
parole, chaque regard, chaque détail, comme un trésor plus précieux que
n'importe quelle richesse auxquelles elles seules auront jamais accès.
Un soir, alors Xena va se
coucher, elle regarde Gabrielle s'installer dans son fauteuil, bien qu'il ait
l'air confortable, ça ne vaut pas un bon lit.
_Gabrielle, tu ne veux pas
dormir avec moi ?
_Pourquoi ? Demande la barde,
sans comprendre ce qui lui prend de poser une question aussi stupide.
_Je pense qu'il est assez
grand pour nous deux et ça fait un moment que tu dors dans ce fauteuil. Tu doit
en avoir marre de plus, c'est ton lit donc il n'y a pas de raison que je sois
la seule à en profiter. Dit la guerrière, sentant le besoin de se justifier,
s'en voulant de ne pas le lui avoir proposé plus tôt.
Répondant par un simple
sourire, Gabrielle se lève et va s'allonger aux côté de la brune, son cœur
battant à tout rompre. Pour chacune, le sommeil a été dur à trouver.
Le matin, Xena se réveil, son
bras sur la taille de la petite blonde blottie contre elle. Son parfum enivre
ses sens, la respiration de la petite femme calme réchauffe sa gorge, une
sensation de bien-être l'envahie. Elle ne veut pas bouger, rester pour toujours
ainsi.
Lorsque Gabrielle sort de ses
songes, elle éprouve une sensation de protection, comme si rien ni personne ne
pouvait la toucher. Elle soupir de satisfaction avant de se rendre compte de la
respiration qui passe dans ses cheveux, les battements cardiaque à son oreille.
Elle ouvre les yeux lorsqu'elle se rend compte que ce n'est pas un rêve, c'est
bien la peau douce du dos de la
Conquérante
Troublée, elle s'écarte.
_Bonjour. Dit-elle incertaine
de savoir si Xena lui en veux de s'être imposée pour la nuit.
_Bonjour. Tu as bien dormi ?
Demande la guerrière déçue que ce contact bienfaiteur soit rompu.
_Oui. Merci, je vais faire du
café. Répond la blonde en ce levant, alors qu’elle aussi aurait voulu profiter
encore de ce bonheur.
Quelques soirées plus tard,
des coups à la porte sonnent comme le glas pour les deux femmes. Le cœur lourd,
Gabrielle va ouvrir mettant fin à leur vie équivalente au paradis, dont les
journées étaient hantées par le désir que le soir arrive pour retrouver l'autre
et la peur que la nuit amène le messager de leur apocalypse.
Seulement ce soir là, le
jeune manchot n'est pas le seul à avoir quitté la caserne. Un de ses collègue
l'a suivit, intrigué par ses sorties nocturnes.
Le guerrier entre avec
l'impression d'être un intrus.
Alors que les trois discutent
de l'attaque qui aura lieu demain soir, aucun d'eux ne voit l'espion caché dans
l'obscurité de la nuit, qui les observe à travers la fenêtre.
_Tous les hommes savent ce
qu'ils ont à faire ? Demande la guerrière alors que ses épaules s'affaissent en
pensant que demain, si tout ce passe bien, elle sera seule dans son immense
palais froid et vide, certaine que même toute ces troupes réunis autour d'elle
ne rempliront pas le vide que laissera l'absence de son ange.
_Oui, demain ils attaqueront
de l'extérieur de la ville, pendant que ceux qui sont dans l'enceinte
s'occuperont des romains par l'intérieur.
Les deux femmes se jettent
des regards discrets, une impression de vide les envahis, chacune pensant que
les nuits passées à dormir côte à côte ont été trop peu nombreuses, tandis que
l'espion cours en direction du palais.
Après une soirée à parler de
stratégie, au cours de laquelle, la peur c'est installée dans les esprits, le
jeune homme retourne à la caserne.
Alors que César parle avec
trois de ses soldats, un guerrier arrive en courant.
_Majesté, je sais où se
trouve la Conquérante
_Tu es sûr ? Demande
l'empereur en se levant de son trône.
_Oui majesté, une fille l'a
cache chez elle.
_Amenez-la moi ici, mais
faites ça discrètement. Ordonne César aux guerriers avec un sourire
complaisant.
Le jeune manchot marche dans
les rues, en se demandant s’il pourra revoir la blonde une fois que tout ceci
sera fini, quand une voix le sort de ses pensées.
_C'est lui le traite,
attrapez-le !
Le cœur du jeune guerrier se
met à battre trop vite en voyant les romains courir. Son esprit ne lui dicte
plus qu'une chose, ils savent tout.
Sans se soucier du comment
ils l'ont su, il se met à courir pour prévenir la Conquérante
Xena assise à la table,
regarde tristement son ange faire la vaisselle, cherchant quelques chose à lui
dire, pour voir à nouveau ce sourire, mais comment lui expliquer que son cœur
lui fait mal d'un sentiment qu'elle n'avait jamais ressenti avant, que sa vie
ne sera plus jamais pareil après cette séparation.
_On ne peux pas regretter ce
que l'on ne connaît pas.
Alors que Gabrielle se
retourne pour avoir une explication à cette phrase inattendue, prononcée par la
guerrière, la porte s'ouvre avec fracas, causant un sursaut chez lez deux
femmes.
_Les hommes de César arrivent
!
La surprise créée par
l'entrée du soldat handicapé, est remplacée par la stupéfaction.
Les bruits de bottes et de
métal, font réagir la guerrière qui se lève puis, se dirige vers la porte
ouverte.
_Protège Gabrielle. Dit Xena
en prenant l'épée du guerrier.
Tandis que la Conquérante
Gabrielle ne peut plus
bouger, son rythme cardiaque s'accélère, son monde s'écroule, une main ferme
lui prend le bras, la traîne dehors.
_Viens vite ! Ordonne le
soldat handicapé, qui l'attire pour l'entraîner loin du combat.
_Xena ! Crie la barde en
voyant la guerrière tuer le deuxième ennemi.
_Vas-t'en Gabrielle !
Conseille la brune dont le combat est rendu difficile tant par sa mobilité
réduite, que son manque de concentration, son esprit étant avec la conteuse.
Si bien que la brune ne voit
pas le guerrier arriver à sa droite, elle ne sent qu'une douleur fulgurante qui
envahit sa nuque. Alors que ses jambes ne peuvent plus la porter, que tout
deviens noir, son esprit lui dicte une dernière chose, une dernière phrase
comme une révélation soudaine, à une personne qui ne peux pas l'entendre.
_Je t'aime Gabrielle.
_On les rattrapes ?
_Non. On a celle que l'on est
venu chercher.
Gabrielle terrifiée à l'idée
de ce qu'ils vont faire à Xena, essai en vain de se libérer de la poigne qui la
tire hors de la ville.
_Il faut aller l'aider !
_On ne peux rien contre César
et encore moins contre son armée. Ecoute Gabrielle, notre seule chance de
l'aider c'est de lancer l'attaque.
Sur ces mots, les deux
compères marchent vers la forêt, certain que la guerrière a été arrêté.
Quelques heures plus tard,
Xena se réveille dans la salle du trône qui fut sienne, engourdie, ses tempes
semblant prêtes à exploser tant son sang y bat fort, une douleur lancinante se
propage depuis sa nuque.
_Tu pourras te vanter de
m'avoir fait courir. Dit l'empereur sarcastique.
_C'est ce que je ferais après
t'avoir tué. Répond la guerrière alors que les ténèbres reprennent possession
de son corps, tandis qu'elle se relève.
_Je viens d'avoir une idée,
quand j'aurais retrouvé cette blonde, je la crucifierais avec toi.
A ces mots, la rage envahit
la guerrière, la noirceur se repend dans son cœur, ses démons se libèrent
sublimant toutes autres sensations, le feu dévorant, la soif de sang,
contrôlent à nouveau son être.
Le sourire arrogant du romain
disparaît pour faire place à la peur, alors que Xena prend l'épée de son garde,
lui plante dans le ventre avant de tuer le deuxième de la même manière, à une
vitesse telle que personne n'a le temps de réagir.
L'empereur n'entend plus que
son cœur qui bat, terrifié par la vue de cette femme à l'aspect démoniaque qui s'approche
de lui, le visage déformé par la haine, le regard si violent qu'il en est
insoutenable.
Dans un réflexe, il sort sa
dague, contrôlé par son instinct et non plus par sa volonté, la dirige vers son
assaillant alors que la lame de la guerrière s'abaisse à l'endroit où se trouve
son cœur.
Le temps semble figé, puis le
sang coule en bouillonnant de la bouche du romain qui s'effondre lentement, les
yeux exorbités.
Alors que Xena regarde son
ennemi au sol, sa haine s'envole, étouffant le feu qui la ronge, elle tombe à
genoux, un liquide chaud coule le long de son estomac.
La guerrière retire la dague
de son sternum, ce qui provoque une perte de sang plus importante.
Machinalement, son esprit ne
voit plus qu'un visage aux yeux pers, entouré de mèche d'or. Son cœur qui
venait d'être réchauffé par une flamme brûlante et irradiante, si agréable, qui
a fait fondre la prison de glace dans laquelle il était enfermé, ralenti ses
battements. Son être entier, réchauffé par l'amour, ce refroidit subitement
sous l'effet de la mort qui l'enveloppe.
Sa dernière pensée pour
l'ange qui lui a redonné vie, s'envole avec son dernier soupir.
La Destructrice
Deux jeunes marchent dans la
forêt, approche d'un campement. Soudain, Gabrielle sent comme une lame qui
transperce son cœur. Le souffle lui en est coupé, une souffrance qui paraît
s'étendre au-delà de la chair pour toucher son âme, d'une puissance fulgurante.
_Ca ne va pas ? Demande le
jeune handicapé en voyant sa compagne s'arrêter brutalement.
Lentement, la douleur diminue
sans s'estomper. La blonde lui répond, sans comprendre pourquoi, elle a
l'impression de perdre une partie de son être.
_Oui, ça va.
Ils continuent d'avancer, un
homme aux cheveux gris s'approche d'eux.
_Qu'est-ce que tu fais là ?
Qui est-ce ?
_Elle s'appelle Gabrielle. La Conquérante
Tout se passe trop vite, la
blonde ne cherche plus à comprendre, ses pensées sont tourné vers la brune aux
yeux azur, elle ne ressent ni peur, ni crainte, ni espoir, juste une sensation
de manque, de vide et cette douleur dans sa poitrine.
Elle suit les deux hommes
dans le camp sombre, aucun feu n'a été allumé pour ne pas dévoiler leur
position.
Sur le mont Olympe, les dieux
observent les mortels.
_Athéna, tu ne peux pas
laisser Xena mourir, leur amour est trop pur. Dit tristement la déesse de
l'amour.
_Aphrodite, tu les as déjà
aidées en faisant foisonner ces arbustes pour que ses ennemis ne trouvent pas
le corps inerte de Xena.
_C'est vrai, mais leurs âmes
sont liées, elles ne peuvent pas être séparées.
_Peut-être mais celle de Xena
m'appartient maintenant. Intervient Adès souriant.
_Elle ne t'appartient pas et
ne t'appartiendra jamais, Gabrielle seule possède l'âme de Xena. Fulmine
Aphrodite.
_Peu importe, elle est au
Tartare et elle y restera. Crie Adès insensible.
_Ca suffit ! Si la vérité est
avouée, le secret dévoilé, l'amour accepté avant le levé du soleil, son âme
sera libérée.
La condition d'Athena met fin
à la discussion.
Aphrodite regarde la suite
des événements avec l'espoir que la barde puisse prendre conscience que les sensations
qui l'habitent, sont causé par la plus belle chose qu'il existe, la même que
celle dont elle parle dans ses contes et qu'elle prononce les deux mots qui
changeront sa destinée et celle de la guerrière.
Alors que les envahisseurs
courent vers la porte de la ville, les sentinelles donnent l'alerte.
Les hommes de la Conquérante
Dans le palais, le général
arrive à la salle du trône, tout ce qu'il y trouve ce sont quatre cadavres.
La tristesse qu'il a ressentie
en voyant celui de son empereur, se transforme en colère à la vue de celui de
Xena.
Pourquoi n'a-t-il pas été
prévenu de son arrestation ? Comment quelqu'un a pu remplir la mission qu'il
s'était inculqué ?
Il repart, l'épée à la main,
décidé à venger la mort de César par le sang.
Les romains, assiégés, ne
savent plus où regarder. Ils sont vite décimés, entourés par l'ennemi, les uns
les poussant vers la sortie de la ville, les autres arrivants de l'extérieur,
les poussent vers l'intérieur.
Les corps jonchent une fois
de plus le sol d'Athènes, des tas de carcasses démembrées, comme des amas de
viandes entassées, d'où s'écoulent des traînées sanguinolentes.
Dans la caserne, l'odeur de
la mort ce mélange à celle du sang, rendant l'air suffocant, les morceaux de
chair des romains qui n'ont pas eu la possibilité de sortir, couvrent le sol.
Lorsque le général sort du
palais, il voit les guerriers arriver, enivrés par le massacre qu'ils ont
commis, prenant plaisir à décapiter, jetant au loin les quartiers de viande,
qui étaient des hommes, à coup de pied, faisant gicler sang, os et organes.
A son tour, le gradé se lance
dans le combat, décidé à voir le plus d'entrailles ennemis possible couler.
Gabrielle, qui avait reçu
pour ordre de rester à l'écart, n'en fit qu'à sa tête.
Ecœurée par la vue de ce qui
semble être des organes humains, elle se dirige vers le château, persuadée que
Xena est là-bas. Elle refoule une envie de vomir en voyant la cage thoracique
d'un soldat ouverte en longueur, les côtes brisées se soulevant sous la
pression du liquide rouge.
Légendrios, seul et sale
depuis trois lunes est enfermé dans une cellule à se demander ce qui est advenu
de la Conquérante
_En route lieutenant. Ordonne
le guerrier en tendant une épée à son supérieur.
Légendrios ne comprend pas,
mais prend l'arme et suit son libérateur.
_Qu'est-ce qu'il se passe ?
Demande l'ex-prisonnier en entendant des bruits de combat.
_On rend à la Conquérante la
Conquérante.
_Où est elle ?
_César l'a arrêtée, elle doit
être dans le palais. Répond le soldat en sortant le premier.
_Où l'a-t-il trouvé, elle va
bien ? Demande le gradé en sortant à son tour.
_Les détails plus tard. Rétorque
le guerrier en assenant un violent coup de pied en plein visage d'un ennemi,
dont le crâne va éclater contre le mur de la prison.
Le lieutenant regarde le
corps s'affaisser, laissant des morceaux d'os et de cervelle contre la pierre,
avant de se détourner pour participer au carnage qui se déroule devant lui.
Gabrielle court vers le
palais, la douleur dans sa poitrine ne l'en dissuade pas, lorsque son regard
est attiré par un soldat gradé romain, qui crie en arrivant sur sa droite. La
blonde reste paralysée devant la mort qui se dirige vers droit sur elle.
Le guerrier manchot, qui se
trouve à quelques pas, ne pense qu'à une chose, sauver la barde.
Il se place entre le général
de Rome et la conteuse, l'arme ennemie le transperce de part en part.
Légendrios cours vers la
blonde en voyant le danger, le sacrifice du jeune n'a fait que retarder le
tueur. Le lieutenant arrive à leur hauteur, plante son épée dans le flan de
l'ennemi, au moment où il levait son arme au dessus de Gabrielle.
La blonde sort de sa torpeur
quand son assaillant s'effondre les yeux exorbités. La conteuse se jette à
genoux et prend celui qui s'est sacrifié pour elle dans ses bras.
_Pourquoi tu as fait ça ?
C'était stupide. Déclame la blonde les larmes aux yeux.
_C'était peut-être stupide,
mais je meurs heureux. Répond le mourant, dans son dernier souffle.
_Ca va ? Demande le gradé à
la blonde qui dépose le corps sans vie.
_Il faut que je retrouve
Xena. Déclare la barde. Son cœur douloureux l'empêche presque de respirer,
c'est comme un mauvais pressentiment qui l'étouffe.
_Viens.
Le gradé la prend par le
bras, ensemble, ils se dirigent vers le palais, l'officier tranche quiconque
essaye de les empêcher de passer.
Lorsqu'ils arrivent à la
salle du trône, ce qu'ils voient les stoppent net, comme leurs cœurs semblent
le faire durant un instant.
Légendrios retourne au
combat, la tristesse a envahit son être en voyant Xena sans vie, laissant
Gabrielle seule.
Gabrielle avance lentement,
fixant le corps allongé, espérant la voir se relever, lui sourire. Alors que
son cœur se déchire, une douleur incommensurable encore plus violente que
précédemment la submerge.
Son esprit ne voit plus rien,
ni n'entend ni ne comprend plus rien, son sang se glace, l'air lui manque, son
univers tourne et disparaît, ses jambes tremblantes sont lourdes, les larmes
qui coulent le long de son visage la brûlent.
Tandis qu'elle tombe à
genoux, son être entier se vide de la même manière que ses forces l'ont quitté
il y a quelques secondes. Quand elle pose une main tremblante sur le visage
froid et pâle de cette femme si belle qui a fait naître un sentiment puissant
en elle, comme si son être, son esprit, son âme étaient complet, comme si elle
avait enfin trouvé le sens qu'elle cherchait à sa vie.
Le vide glacé qui s'est
installé en elle est remplacé par un élan brutal et douloureux, qui surgit,
pendant qu'elle prend le corps dans ses bras, ses yeux se ternissent, se vide
de la douceur et de la clarté qu'ils possédaient.
Gabrielle hurle au ciel sa
rage, son désespoir, la haine qui s'insinue dans son être, essayant en vain de
se libérer de ce cœur en lambeau qui la fait souffrir, alors que l'obscurité
coule dans ses veines.
Quand l'officier est sorti du
palais, les combats étaient terminés les guerriers heureux d'avoir vaincu,
jubilent devant les romains encore vivant.
_Eh lieutenant, où est la Conquérante
_Elle est morte. Répond
faiblement l'officier en baissant la tête.
Les cris de joie s'arrêtent
avec cette simple phrase, puis les hurlements de rage à glacer le sang de la
conteuse résonnent, comme un mélange de haine et de supplications adressés à un
être supérieur qui refuse d'entendre.
_Tuez-les tous ! Crie le
gradé, dont les hurlements de la barde brisent le cœur déjà lourd.
Les cris emplis de désespoir
de la conteuse durèrent jusque tard dans la nuit, accompagnant les guerriers
qui tuaient les prisonniers, sans joie, mais avec sauvagerie.
Lorsque l'aube commence à
filtrer, les premiers curieux, arrive afin de savoir ce qui s'est passé, tandis
que Légendrios ce dirige vers la salle du trône.
Il y trouve Gabrielle en
train de bercer doucement le corps de Xena, lui caressant les cheveux.
L'officier ne trouve pas le
courage de la déranger, et encore moins d'affronter son regard.
Les premiers rayons de soleil
éclairent la pièce, Gabrielle ne ressent rien à part un vide immense.
_Je t'aime Xena !
En même temps que la blonde
prononce ces mots, qui décrivent ce qu'elle a ressentie depuis des mois et
qu'elle vient juste de comprendre, la dernière larme que semble encore contenir
ses yeux, glisse sur sa peau, tombe sur le cœur de la guerrière.
Soudain, celui-ci fait un
bond puis se remet à battre, sous les yeux incrédules de la barde. La bouche de
Xena s'entrouvre dans une inspiration rapide, sa peau se réchauffe, l'océan de
ces yeux si clair apparaît.
Le cœur de Gabrielle explose
lorsque ses yeux pers voient ce regard si limpide qu'elle aime tant. Son être
se remplit d'espoir et de joie, une nouvelle énergie l'envahit, le vide se
remplit de bonheur et de gratitude.
Xena sourit à son ange qui
pleure, heureuse que cette résurrection ne soit pas un rêve. Alors que son être
s'enflamme sous la puissance de la vie qui la pénètre, elle regarde ces yeux
verts retrouver leurs clarté.
Tout le corps de Gabrielle, y
compris son âme semble imploser, une sensation de chaleur soudaine qui
l'irradie lorsque la
Conquérante
_Je t'aime. Dit Xena en
caressant ce visage si beau.
Gabrielle n'a pas besoin de
parler, son regard exprime toute ses pensées alors la conteuse se contente de
lui sourire.
Légendrios, après s'être
remis de sa surprise, s'approche, gonflé de joie, sous les regards heureux des
deux femmes qui ne lui accordent que peu d'attention.
_C'est pas croyable ! Les
dieux sont avec vous. Dit le lieutenant qui se sent de trop.
_Sûrement. Répond la blonde.
_Je vais annoncer la bonne
nouvelle.
N'ayant ni réponse ni la moindre
attention, il se retire prévenir ses hommes que la Conquérante
Poussées par une force et un
désir incontrôlable, Gabrielle se penche lentement, leurs souffles chauds se
mêlent, une décharge de chaleur et de satisfaction les pénètrent lorsque leurs
lèvres se joignent dans un premier baiser rempli de douceur, exprimant tout ce
que les mots ne peuvent décrire, ce sentiment qui les ronge depuis des mois,
est enfin libéré.
Chapitre 11:
Depuis la résurrection,
Gabrielle a élue domicile dans les appartements de la guerrière.
Par sa simple présence, le
château paraît plus accueillant, comme si la lumière dont la conteuse irradie
illumine cet univers, cette même chaleur qui a transformé le monstre froid et
cruel qu'était la
Conquérante
Après un temps d'adaptation,
les soldats ce sont habitués à obéir à la blonde comme le peuple s'est habitué
à voir leur souveraine sereine et calme.
Xena et son lieutenant
discute dans la salle du trône lorsque Gabrielle arrive.
_Gabrielle, où étais-tu ?
Demande la brune en souriant à la vue de son ange.
_J'ai été me recueillir sur
la tombe de Merrias, il est mort pour me sauver tu sais. Dit tristement la
conteuse en s'approchant de la guerrière.
_Je sais. Répond sur le même
ton la Conquérante
_Je vais faire exécuter vos
ordres majesté. Annonce le gradé dans le silence lourd qui vient de s'imposer.
Alors qu'il se dirige vers la
sortie, Xena se tourne vers Gabrielle.
Le lieutenant, aux portes de
la grande salle, manque de heurter Hélène qui arrive.
_Bonjour, je cherche
Gabrielle. Propose la vieille femme.
_Elle est là.
Alors que le gradé lui
indique la pièce qu'il vient de quitter, il se retourne pour voir Xena mettre
difficilement un genou à terre, à cause de sa hanche brisée pas encore tout à
fait guérie, devant Gabrielle qui la regarde intriguée.
_Tiens, tiens. Fait
l'officier curieux de savoir ce qui va se passer.
_Gabrielle, veux-tu m'épouser
? Demande la guerrière avec la peur d'un refus.
A ces mots, la barde ne peut
contenir sa joie, avec un sourire radieux, elle se laisse tomber dans les bras
de sa promise, lui offrant un baiser passionné.
_A mon avis ça veux dire oui.
Propose Hélène heureuse pour son amie.
_Je le pense aussi. Répond le
soldat avec un sourire.
_Oui. Murmure la conteuse son
front contre celui de la brune, avec une larme de bonheur.
Xena se relève, deux bras fin
autour de son cou, tenant son ange par la taille, leur paradis terrestre n'est
plus un rêve, mais une réalité éternelle, aussi vrai que les sourires qu'elles
s'échangent entre deux baisers.
Tandis que le printemps
réveil ce qui est endormi, que le soleil réchauffe la terre et les cœurs,
l'univers entier paraît sourire à ces deux âmes sœurs enfin réunies par la plus
belle chose que l'on puisse trouver, la seul qui donne un sens à une vie.