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17 octobre 2009

Sassem, partie 10

PARTIE X : Nouvelle vie.

 

 

Chapitre 1 :

 

Fou de rage, Sassem se lança à sa poursuite. Il sauta à travers le mur fracassé après avoir arraché une arme des mains d’un de ses hommes, et il commença à tirer vers elle tout en courant. Malheureusement, elle réussit à se mettre à couvert et il cria de frustration.

 

- Monsieur, fit un inconscient en se portant à ses côtés, l’attaque de l’organisation, lui rappela-t-il, inquiet. Que doit-on faire ? Les gens paniquent !

 

Enervé à cause d’une interruption qui lui avait coûté sa victime préférée, Sassem pointa son arme sur lui et l’abattit. Le fidèle soldat s’écroula, un petit trou ornant son front. Les hommes qui le suivaient s’arrêtèrent automatiquement et le regardèrent s’enfoncer dans la jungle. Ils échangèrent des regards consternés, puis, comme si un signal avait été donné, ils se ruèrent sur le premier véhicule qu’ils virent et prirent la fuite.

 

Dès qu’il franchit la lisère des arbres, Sassem ralentit. La lumière était fortement atténuée et les cachettes étaient nombreuses. She-wolf pouvait être partout. Il avança, l’arme en avant. Il avait voulu jouer avec elle et il le souhaitait encore, mais elle était trop dangereuse et cette salope… cette salope avait attaqué toute son organisation ! Pour qui se prenait-elle ?! Elle allait le lui payer cher, très cher !

 

Au milieu du vacarme que les explosions, les tirs et les cris, faisaient, il entendit distinctement un bruit de course sur sa droite. Vif comme l’éclair, il se retourna, mais ce n’était qu’un foutu animal. Il n’avait pu s’en apercevoir avant, à cause de son œil enflé. Cette salope l’avait salement handicapé !

 

De rage, il lui tira dessus à plusieurs reprises, le manquant à chaque fois, et son arme cliqueta bientôt dans le vide.

 

Il la jeta brutalement contre un tronc et poursuivit son avancée. Il finirait bien par la trouver, elle n’avait jamais pu lui échapper. Et ici, c’était son territoire.

 

 

***************************************

 

Conception et Alexia traversèrent le camp comme deux fusées. Comme prévu, les soldats ennemis étaient trop surpris pour réagir assez vite, et les hommes et le tank qui les poursuivaient se retrouvèrent vite bloqués par leurs alliés.

Alexia mit quelques minutes à se souvenir où se trouvait la résidence de Sassem. Elle bifurqua à droite et entra dans un immeuble, dont l’entrée béante, ne contenait plus que des corps sans vie.

- Pourquoi on entre ici ? l’interrogea la militaire en la suivant alors qu’elle s’enfonçait plus profondément dans les couloirs.

- Tia m’a montré sur un plan où se trouvait la demeure de Sassem et cet immeuble, même s’il rallonge un peu le chemin, y mène. Etre ici me semble plus sûr que dehors. Bon évidemment, on n’a pas intérêt à traîner, je doute que les soldats aient manqué notre entrée et ils vont essayer de nous bloquer. Pour peu qu’ils en restent à l’intérieur on est faite.

- Tu sais où tu vas au moins ?

- A peu près. Si tu me laissais réfléchir je manquerais moins de nous perdre.

Conception lui jeta un œil noir. Cette fille, même si elle était le bras droit de Linya était énervante au possible. Elle lui parlait comme si elle était un boulet, alors que c’était elle qui les avait mises dans cette position intenable ! Elle était si têtue, et d’une mauvaise foi ! Conception ravala sa colère et la suivit avec malgré tout une pointe d’admiration.

Non seulement elle avait l’air de réellement savoir ce qu’elle faisait mais en plus sa volonté de ne pas laisser sa compagne derrière elle, même si elle devait risquer sa vie pour ça, était touchante.

Enfin, une porte apparut devant elles. Malheureusement, ce ne fut pas la seule chose qui apparut! Une flopée de soldats, armés et à l’air belliqueux, leur bloquait le passage. Alexia pila, puis agrippant le bras de sa partenaire, la propulsa dans la première pièce libre qu’elle vit et claqua la porte derrière elles.

Immédiatement, Conception chercha des yeux quelque chose susceptible de la coincer. Elle attrapa une chaise et la plaça sous la poignée de la porte. Elle repéra ensuite une armoire.

- Aide-moi, fit-elle à la petite blonde en saisissant un côté du meuble.

Alexia secoua la tête.

- Laisse tomber, jeta-t-elle en se dirigeant vers la fenêtre. On n’a pas le temps. Ils ne vont pas tarder à se rappeler l’existence des fenêtres.

Elle en ouvrit une et se hissa au dessus.

- Dépêche ! la pressa-t-elle en voyant qu’elle ne bougeait pas.

Elle passa de l’autre côté et Conception se précipita à sa suite alors que des coups résonnaient contre la porte. Des cris furent échangés, puis le chien d’un fusil qu’on arme se fit entendre. La militaire eut juste le temps de se laisser tomber avant que des coups de feu, ne commence à faire voler la porte en éclats.

Alexia la rattrapa et dit avec un sourire :

- On a de la chance, ils sont cons. Ils vont à toutes forces essayer de passer par l’entrée. On a pile le temps de s’éloigner et de se cacher.

- Et après ? fit la femme en se relevant.

- La maison de notre cible est dans cette direction, fit l’apprentie en pointant le doigt sur sa droite.

Conception hocha la tête et alors que les soldats semblaient sur le point de parvenir à passer la porte, elles s’élancèrent en direction de l’abri qu’offrait un camion éventré et tombé sur le flanc.

 

*****************************************

 

Tia courait sans même essayer de savoir où. Elle ne réfléchissait plus, seul l’instinct parlait. Les branches la giflaient mais elle ne les sentait pas. Dès l’instant où elle avait mis le pied sous le couvert des arbres, la douleur qui lui transperçait les yeux avait sensiblement diminuée.

Soudain, une branche basse particulièrement noueuse apparut, l'obligeant à se déporter sur la droite en se baissant et elle n’aperçut pas la racine qui heurta son pied, faisant remonter un arc électrique douloureux le long de sa jambe et l’envoyant rouler un peu plus loin. Elle s’affala de tout son poids sur le sol et ne bougea plus.

A bout de souffle, épuisée, les yeux mi-clos, elle se laissa aller. Les bruits de combat au loin, les mains et la bouche de Sassem… les souvenirs éclatèrent en autant de petites bulles qu’elle ne put plus contenir.

Elle se mit à trembler de peur et de dégoût. Il avait voulu remettre ça… et elle avait failli le laisser faire ! Un cri de rage lui échappa. Au même moment, l’homme de ses cauchemars déboula à sa gauche. Il s’arrêta en la voyant au sol et eut un sourire cruel, un rictus sauvage qui signifiait torture atroce pour elle.

La peur céda le pas devant la colère. Sa haine de cet homme et de ce qu’il lui avait fait subir la submergea. Il lui avait fait tant de mal… y avait pris tant de plaisir… Avec un cri puissant, si plein de haine et rage qu’il en semblait vivant, elle se jeta sur lui avec force.

Surpris, il bascula avec elle et se retrouva bientôt cloué sur le dos. Il croisa le regard plein d’une hargne si complète qu’il eut peur. Dans ce regard, il n’y avait pas d’enfant perdue, il n’y avait même plus d’être humain. She-wolf était entièrement animée par la soif de vengeance et une exaltation si puissante, que l’être qu’elle était avant s’était évanouie.

Elle leva le poing et il y vit sa mort. Instinctivement, il leva la main qui s’était refermée sur une pierre, et frappa de toutes ses forces contre sa tête.

Le bruit lui prouva qu’il l’avait touchée, tout comme le sang qui gicla et le mouvement de recul que fit sa tête, mais le regard ne changea pas et comme si elle n’avait rien senti, elle abattit son poing sur son visage.

La douleur explosa et paniqué il frappa de sa pierre le corps qui l’écrasait, sans parvenir à voir où elle se fracassait. S’il la touchait, elle n’en laissait rien paraître, sa grêle de coups ne s’arrêta pas une seconde et bientôt tout cela n’eut plus aucune importance… la nuit tomba, la douleur disparue et sa main retomba sur le sol. La pierre roula un peu plus loin… Il était mort.

Et pour la première fois depuis qu’il était né… il se sentit libéré de tous les sentiments douloureux qui l’avaient toujours agité.

Tia vit le visage en bouilli de son adversaire et rejeta la tête en arrière. Elle poussa un hurlement de victoire où la toute puissance se mêlait à une colère qui ne s’était pas éteinte.

Son cri se répercuta dans la jungle et venu d’aussi loin que sa soif de sang, un hurlement identique retentit, lui répondant, lui signifiant qu’elle n’était pas seule et qu’il comprenait. Le hurlement s’éteignit et ne se renouvela pas, mais Tia avait entendu. Elle ne savait pas d’où il venait, ni qui lui avait répondu… ou quoi. Mais elle ne s’en préoccupa pas. Elle le trouverait quand elle en aurait besoin, elle le savait.

Posant le regard sur ce qui restait de son bourreau, ce monstre qui avait détruit sa vie, la rage en elle loin de s’apaiser, gonfla encore. Elle se releva comme une automate, et une douleur fulgurante transperça son coté droit. Elle baissa les yeux et vit de larges et très moche bleus s’étaler sur ses côtes. De nouvelles déformations étaient apparues et elle en conclut qu’elle avait d’autres côtes de cassées.

Un engourdissement lent la saisit et si sa colère ne la quitta pas, elle sembla se glacer, se figer en même temps qu’une faiblesse générale qui l’obligea à se rasseoir. Elle se plia soudain en deux et vomit. La douleur qui vrilla son crâne perça brièvement le voile de coton qui l’enveloppait et elle aperçut un hématome noir sur son abdomen. Elle le fixa un moment et le vit s’élargir.

« Une hémorragie interne », en conclut la grande femme. Si elle ne trouvait pas rapidement de l’aide, elle allait mourir là. « Et après ?, songea-t-elle engourdie, quelle importance ? » Elle était tellement fatiguée d’avoir mal… Elle ferma les yeux et laissa les ténèbres l’emporter. Après tout… elle leur avait toujours appartenu.

 

**************************************

 

Alors qu’elles parvenaient enfin à la résidence de Sassem, quelque chose en Alexia la fit s’arrêter. Elle secoua la tête tentant de savoir ce qui lui arrivait, sans y parvenir. C’était diffus, léger et en même temps, urgent.

Elle les yeux sur les bois un peu plus loin et eut la certitude qu’elle devait y aller. Sans prêter attention à Conception qui la pressait d’entrer, elle tourna les talons et s’enfonça dans la jungle.

Incrédule, la militaire la regarda faire. Puis, décidant que son devoir était de suivre cette folle où qu’elle aille, elle se rua sur ses traces, non sans écouter avec attention les échanges en Grec. Apparemment, le chef d’unité savait comment se débarrasser des chars d’assaut et il transmettait la technique à tous ses soldats.

Conception écouta attentivement. Cela pouvait servir. A partir de là, et tout en gardant un œil sur Alexia et leur environnement, à l’affut du moindre danger, elle écouta son chef d’unité mettre au point divers pièges ingénieux qui la surprirent. C’était astucieux et elle devait convenir que pour un homme, celui-ci savait de quoi il parlait. Avec ça, ils avaient une chance de reprendre l’avantage et de mettre enfin un terme à une bataille, qui durait depuis maintenant, elle jeta un œil à sa montre, Cinq heures ?!

Seulement ?! Elle avait l’impression que cela faisait une semaine entière ! Devant elle, Alexia poussa un cri de détresse et instantanément, l’attention de la militaire se concentra sur elle. Tout en s’approchant rapidement, elle scruta les alentours, à la recherche du danger mais n’en vit pas.

Elle fronça les sourcils et revint à sa partenaire. Celle-ci, le visage empli de détresse, fixait un point à terre. Elle s’avança encore un peu et aperçut enfin ce qui la mettait dans cet état. Elle eut un haut le cœur, difficilement réprimé à la vue du cadavre sanguinolent de Sassem. Puis elle vit Tia et son cœur se serra.

Elle était pâle comme la mort, le visage et le corps couvert de sang, elle ne semblait plus présente. Alexia se jeta sur elle et la prit dans ses bras. Pendant que celle-ci lui parlait avec un désespoir croissant, Conception ouvrit son micro.

- Ici chef de le garde A. J’ai besoin d’une assistance médicale de toute urgence. Je répète j’ai besoin d’une assistance médicale de toute urgence.

 - Un hélico ! cria Alexia en ouvrant son propre micro. Frédéric, on a besoin d’un hélico, c’est Tia !

Il y eut quelques bruits sourds et un grondement bas, de l’autre côté puis la voix de Frédéric retentit aussi clair et calme qu’un matin de printemps.

- Que se passe-t-il ?

- Elle… elle est blessée, elle ne se réveille pas et elle est couverte de sang… je sais pas quoi faire !

- Décris-moi ses blessures.

Pendant qu’Alexia s’exécutait, Conception écouta comment se déroulait les pièges du chef d’unité. Et entendit avec satisfaction que les deux premiers avaient fonctionné à merveille. Elle se permit, quand une pause se fit dans les ordres, de lancer la bonne nouvelle :

- La cible principale est anéantie. Je répète, Sassem est mort, dit-elle finalement en un espagnol parfaitement compréhensible.

Des fois que leur ennemi l’écoute… Des cris et des exclamations de joie fusèrent et elle sentit une galvanisation soudaine, regonfler à bloc tout les soldats. Elle sourit puis revint a sa collègue qui laissa un échapper une plainte apeurée.

- On ne peut rien faire ?! Frédéric !

- Un hélicoptère est en route, mais si vous voulez qu’il atterrisse, il vous faut, soit trouver un terrain dégagé et y amener Tia, soit faire le grand ménage au centre de l’école.

- Je m’occupe du ménage de printemps, lança Conception en intervenant.

- Très bien, je préviens le pilote, répondit Frédéric.

Alexia dévisagea la militaire et hocha la tête devant sa demande silencieuse. Elle ne bougerait pas de là… jusqu’à son retour. Elle la regarda partir puis reporta son attention sur sa compagne.

Elle était si pâle… Comme une autre de ces fois… se souvint-t-elle sans trop savoir de quoi.

- Ne me quitte pas Tia. Tu n’as pas le droit ! Pas encore ! Bon dieu, tu te rends compte ?! C’est toujours toi qui pars la première ! Et moi je dois rester derrière toute seule ! C’est injuste, c’est égoïste et je t’interdis de me faire encore une fois ce coup !

Tia ne réagit pas, son corps se refroidissant de plus en plus et la colère la prit. Une colère puissante, venue d’une autre vie, où la douleur de la séparation avait été insupportable. Et si elle ne comprenait pas vraiment ce qu’elle disait, elle sentait que c’était la stricte vérité.

- Je te déteste ! lui cria-t-elle. Tu ne me laisse jamais le choix, tu décides pour tout et je dois tout accepter sans broncher ! ? Pourquoi ?! Qu’est-ce qui te donne le droit de décider pour moi ?! Ton amour ?! C’est quoi ça ?! Et le mien ?! Il ne compte pas ?! N’agis pas encore une fois comme ça, je t’en prie, fit-elle sa colère retombant soudainement. J’ai besoin de toi… j’ai besoin de ta force… de ton amour… j’ai besoin de toi, bon dieu et tes enfants aussi ! Tu leur as promis que tu ferais tout ce que tu pourrais pour revenir vers eux ! C’était quoi ? Un mensonge ?! Alors tu abandonnes c’est ça ?! lança-t-elle la colère flambant de nouveau. Tu n’as pas le droit ! Je t’aime moi, fit-elle en revenant au désespoir. Ne fais pas comme si ça n’était pas important… pour une fois, s’il te plaît… pense à moi… et laisse-moi te montrer que ta vie est importante… plus que ta mort… laisse-moi une chance de te prouver que tu as le droit de vivre et encore plus celui d’être heureuse. Que tu le mérite, même si tu penses le contraire… je t’en prie… laisse-moi au moins une chance…

Alexia sentit un frémissement et elle fixa, avec une peur mêlée d’espoir, le visage de sa bien-aimée. Elle vit son front se plisser, comme sous le coup d’un effort colossal. Et si elle n’ouvrit pas les yeux, sa compagne sentit un la peur desserrer son étreinte glacée sur son cœur.

- N’ouvre pas les yeux, mon cœur, c’est inutile. Economise tes forces, chuchota-t-elle tout près de son oreille.

Alexia s’installa contre un arbre et prit son amie contre elle, sa tête reposant sur son épaule. Elle décida de faire la seule chose qu’elle savait réconfortante pour elle deux. C’était peut-être sa seule chance de la maintenir auprès d’elle. Il fallait donc que ça la touche, pour accrocher son attention faible et vacillante.

- Tu sais je connais une chouette histoire sur les loups. Enfin c’est pas vraiment une histoire, plus un genre de poème. Je… c’est moi qui l’ai écrit… pour toi, dit-elle sa voix se brisant sur les derniers mots, alors peut-être qu’il n’est pas si génial que ça, mais écoute-le, ok ? Et tu me diras ce que tu en penses, après. Ça s'appelle : Rêve de loup.

Lorsque mère nature ferme ses paupières à la nuit tombée
Que les étoiles l'enveloppent le soir au creux de leurs bras
De sa blancheur Sirius étoile du chien de la voûte céleste
Accueille Dame lune soufflant le voile au vent des ombres
Une brise légère aux effluves d'ambre, de vanille, de rosée
Caresse la forêt pour que s'éveillent les sapins assoupis
Fredonne une douce mélodie aux animaux baignés de songes
Blottis dans leur sommeil émergeant de lueurs spectrales
Pas un soupir ne brise le silence fondu dans les sous-bois
Seul le firmament couronne de ses bijoux l'azur du repos

Sous les vieux pins bleus bercés par la plainte endormie
Tapis sur le lit de fleurs blanches que les pétales ont formé
Le Loup allongé de sa grâce dans son épais manteau gris
Veille de ses yeux mi-clos aux rayons d'or de l'horizon
En ses lieux, solitaire dans son âme, solitaire dans sa paix
Et dans ce calme de l'éternel, ses pensées s'évanouissent
Aux ondes des murmures, à l'ouverture des portes du rêve...

Telle une prière à tous ces hommes dont le regard du mal
Provoque, haine, ignorance, souffrance aux gestes impurs
Vos dieux m'ont louangé de terreur et de mauvais présages
Tel un démon de cruauté, une incarnation du diable
Moi, qui ne suis que noblesse, qui ne suis que pureté !
Pourquoi me traquez-vous avec autant d'acharnement ?

Apprenez à connaître ce qui m'anime dans mon instinct
Écoutez mon chant du soir lorsque ma voie se fait entendre
Ce n'est pas la peur ni la mort que mon message évoque
C'est un hommage à la vie, de l'éveil à la conscience
Je suis le guide de vos sentiers de la terre et de l'au-delà
Je suis fidèle, père de famille et ne tue pas par plaisir

Tout comme vous, j'ai une Âme, un Cœur, une Essence
Ainsi, je ne suis pas la réalité que forment vos esprits…

De son œil amande une goutte de nuit perle d'espérance
Elle s'élève au ciel, brillante, parmi le champ d'étoiles
Une larme luit à jamais pour le cœur des hommes…

( poème pris sur le site : http://cercledevie.e-monsite.com/rubrique,reve-de-loup,156198.html )

- Alors ? Qu’est-ce que tu en dis ? C’est pas mal, hein ?, fit-elle en regardant au loin.

Elle n’avait plus senti aucun frémissement et elle avait si peur de vérifier si la vie était encore présente en elle… Les larmes coulèrent sans bruit sur ses joues et un sanglot monta. Elle le retint, elle ne voulait pas troubler le repos de son amour, quel qu’il soit.

Soudain elle se figea. Un murmure, quasi-inaudible et si faible qu’on l’aurait dit inexistant, avait sifflé à son oreille. Elle se pencha sur Tia et retint son souffle.

- Encore…

Le cœur d’Alexia fit un bond si puissant qu’il lui fit mal.

- Tia, fit-elle en lui caressant avec fébrilité le visage.

Ses yeux frémirent, clignèrent puis se fixèrent un bref instant sur les siens. Alexia réprima un nouveau sanglot, de soulagement cette fois, et chercha fébrilement une autre histoire à raconter.

Tia était là. Elle était avec elle.

- Tiens le coup amour, souffla-t-elle. Les secours arrivent.

Un imperceptible mouvement de la tête, qui sembla la chose la plus magnifique, à Alexia lui répondit.

- Ok, une histoire, hein ?

Autre hochement imperceptible.

- Ok. Tu connais la légende des Ojibwas ? Selon eux, c’est le loup qui a appris à l’homme tout ce qu’il sait aujourd’hui. Aucune de leur histoire sur eux ne parle de la peur du loup comme nous savons si bien le faire. Non eux, ils respectent tout chez lui.

Et alors qu’elle se mettait à conter l’histoire de Nanabush et Tooth, Tia se concentra sur la voix apaisante de celle qui l’avait arrachée à son tunnel. Non, elle ne pouvait pas la laisser. Pas cette fois. Même si elle ne savait pas pourquoi, ni comment, elle lui avait déjà fait trop de mal. Elle l’avait laissé seule suffisamment souvent… elle n’en avait plus le droit.

 

Chapitre 2 :

 

Quelques temps plus tard, Tia apprit ce qui s’était passé après son évacuation. Alexia et Linya s’amusèrent à le lui relater pour la distraire un peu et la faire patienter. Après la nouvelle exposition de ses yeux aux rayons du soleil, elle avait dû subir une opération au laser, sensée évacuer les tissus brûlés et leur laisser une chance de renouveler les tissus perdus. Elle devait prendre des gouttes et et des bandes de gaze entourait sa tête pour protéger ses yeux de la lumière.

Pendant les 48h suivant son hospitalisation, son état avait été jugé critique et elle avait subi diverses opérations en urgence. Il avait fallu s’occuper de son hémorragie interne, mais aussi de la commotion que les coups sur sa tête avaient provoquée.

Alexia avait eu bien du mal à faire comprendre au personnel médical que sa présence auprès d’elle était indispensable et plus que tout, que c’était sa voix qui la maintenait parmi eux. Elle ne pouvait le leur expliquer, elle ne savait pas elle-même d’où lui venait une telle certitude. Tout ce qu’elle savait, c’était que Tia se battrait et passerait le cap critique qu’elle vivait, si elle l’incitait à le faire.

Après pas mal de négociations et autant de dons faits à l’hôpital par Linya, Alexia avait reçu l’autorisation de rester avec Tia dans sa chambre.

Aujourd’hui, une semaine après son arrivée, elle était sortie d’affaire. Alexia était, comme à son habitude, assise à ses côtés. Elle avait été si près de la perdre… elle contempla son amie endormie et fit une fois de plus le tour de ses blessures en se demandant par quel miracle elle avait tenu si longtemps.

Outre son pansement sur les yeux, elle portait une écharpe pour soutenir le bras qui avait eu une épaule déboitée. La plupart des côtes de son flanc droit étaient brisées en plusieurs endroits, ce qui l’obligeait à rester tranquille et à parler sans s’agiter. Elle portait un pansement au niveau de l’estomac qui dissimulait une fine cicatrice, là où il avait fallu l’opérer. Enfin, elle avait des bleus et des plaies sur tout le corps.

Les plus moches étaient sur son ventre, son torse et sa tête. En détaillant son si beau visage, ainsi abimé, Alexia sentit, comme à chaque fois, une vague de colère sourde l’envahir. Elle ne regrettait pas la mort de Sassem. Elle ne regrettait pas que se soit Tia qui en soit responsable. Et même si le souvenir de ce qu’elle lui avait fait, resterait à jamais gravé en elle, elle ne voulait pas imaginer une fin plus paisible pour lui. Il avait mérité ce qui lui était arrivé. Il était mort comme il avait vécu, avec violence et sauvagerie.

Elle ne savait pas encore comment sa compagne avait ressenti leur confrontation. Tia dormait presque tout le temps. Ça l’avait d’ailleurs beaucoup inquiétée, mais les médecins lui avaient expliqué que c’était la façon dont son corps récupérait des dommages qu’on lui avait infligé.

Alors elle passait la plupart de ses journées, à la regarder, à veiller sur elle et à la remercier de s’être battue. Elle pensa même, une ou deux fois, à adresser une prière aux dieux qui devaient veiller sur elles. Elle n’avait jamais cru en dieu, mais dès l’instant où elle avait rencontré la mercenaire, elle s’était mise à y penser, comme si ils étaient plusieurs et existaient vraiment. Comme si elle n’en doutait pas… c’était vraiment bizarre, mais ça la réconfortait alors elle n’y réfléchissait pas trop. Un peu comme tout ce qu’elle vivait avec sa compagne.

Elle attendait avec patience, consciente qu’elle avait de la chance d’attendre, que sa compagne récupère suffisamment pour l’interroger sur sa santé émotionnelle. Lorsqu’elle était éveillée, elle lui expliquait ce qu’il était en train de se passer dans le monde. Comment les médias avaient eu vent des différentes attaques et comment les gouvernements impliqués après diverses réunions, avaient élu un conseil représentatif qui s’était adressé à la presse en une série de conférences, expliquant l’attaque, les raisons de celle-ci, sa réussite et les conséquences qui en résultaient.

Apparemment, ce conseil était en train de mettre en place une armée de la paix, comme l’Onu en fait, mais en moins armé. Il voulait envoyer des hommes et des femmes régler les problèmes que cette attaque avait eu sur les gouvernements et les problèmes de politiques internationales que le fait d’avoir tout révélé avait créés.

Il fallait apaiser les esprits, financer les reconstructions et négocier de nouveaux accords. Mais avant tout cela, il fallait réélire plusieurs présidents et essayer de limiter la casse avec ce qu’il restait de certaines familles royales.

Le scandale provoqué par l’organisation caché de Sassem avait et faisait encore les choux gras de la presse mondiale. Les médias exigeaient le nom de celui qui avait mis tout cela à jour et qui l’avait dirigé. La mise en place du conseil avait eu pour but de calmer les questions à ce sujet. Toute l’opération était une coopération des différents gouvernements. Aucun élément extérieur n’avait participé.

Quelques bribes d’infos avaient filtré, comme la participation de certains mercenaires et d’une force armée inconnue, mais tout avait été démenti par les porte-paroles des gouvernements.

Linya avait été satisfaite de la réaction. L’anonymat pour Lyoko était une garantie de sécurité, elle ne pouvait prendre le risque d’être associée à cette opération. Alexia quant à elle n’était pas mécontente non plus. Le nom d’Enyo avait été cité à plusieurs reprises. Cela garantissait un futur rempli de clients. Ce n’était pas demain la veille qu’elle serait au chômage !

En échange de son « aide » sur l’opération et de son silence sur sa participation, elle avait été graciée. A partir d’aujourd’hui, Tia, alias She-wolf, alias Enyo, était aussi pure qu’un bébé qui venait de naître ! Elle avait hâte de lui apprendre la nouvelle !

Alexia essaya d’imaginer les prochains mois. Tia devrait se poser quelque part pendant un bon moment, le temps de guérir, et elle pourrait le faire en toute tranquillité. Maintenant, elles pourraient s’établir. Fonder une famille. Avoir un bébé. Alexia gloussa. Une petite Tia. Qu’elle porterait.

Elle frémit d’anticipation. Bon, évidemment, elle devrait en reparler avec la mercenaire, mais…, elle posa la main sur son ventre plat, peut-être que bientôt…

Elle tourna la tête lorsque Linya entra dans la chambre. Celle-ci la salua d’un hochement de tête et d’un sourire et s’installa à ses côtés.

- Comment va-t-elle ? chuchota-t-elle.

Linya venait leur rendre visite tous les jours peu avant midi. Après le repas, c’était le tour de Frédérique. Il restait jusqu’à ce qu’elle se réveille et ils échangeaient quelques mots, avant de téléphoner aux jumeaux. Ils étaient surexcités depuis qu’ils savaient qu’elle serait bientôt de retour. Ils avaient semblé très inquiets en apprenant qu’elle était à l’hôpital.

Mais rassurés quand Alexia leur avait déclaré qu’elle ne bosserait plus pendant plusieurs mois. Cependant, il avait fallu leur expliquer que leur mère n’allait pas être en mesure de bouger pendant quelques temps et qu’elle ne reviendrait donc pas aussi vite qu’ils le souhaiteraient. Frédéric les avait calmés en leur disant qu’à chaque vacances scolaires, ils viendraient la voir et visiter la Colombie. A l’idée de voyager leur contrariété s’était envolée. Depuis lors, ils attendaient avec impatience les prochaines vacances. 

Tia avait voulu protester mais le soulagement audible dans leur voix, ainsi dans celle de sa compagne l’en avait empêchée. D’après ce qu’elle avait entendu, Alexia en avait pas mal bavé pendant l’attaque. Elle méritait bien un peu de tranquillité.

- Ça va. Elle dort, elle mange, elle accepte de ne pas trop bouger. C’est plutôt encourageant, fit-elle soucieuse.

Linya la dévisagea un instant, puis posa sa main sur la sienne.

- Qu’est-ce qu’il y a ?

Alexia hésita.

- C’est… elle semble fatiguée.

- Eh bien oui, confirma son amie perplexe, le docteur a dit que c’était normal.

- Oui, je sais, mais… ce n’est pas de ça que je parle. Elle manque d’énergie.

En voyant l’air perdue de sa meilleure amie, Alexia soupira de frustration et passa une main dans ses cheveux.

- Ce que j’essaye de dire c’est que… son moral n’a pas l’air bon. Elle… n’a pas son ressort habituel.

- C’est sûrement l’hospitalisation. Ça ne lui est pas facile d’être immobilisée ainsi et elle doit s’angoisser au sujet de ses yeux aussi. Ne pas savoir si elle recouvrira la vue… pour quelqu’un comme elle, ça doit être l’enfer.

- Peut-être, répondit-elle lentement.

Mais Alexia en doutait. Quelque chose… quelque chose s’était passé. Peut-être des souvenirs ou… peut-être la façon dont elle avait tué Sassem ? D’après ce qu’elle s’en rappelait, la dernière profonde dépression de Tia avait commencé avec une chose similaire qu’elle avait faite à une prisonnière. Peut-être que c’était ça ?

Si ça l’était, elle avait bien l’intention de la faire parler. La dernière fois ça avait semblé lui suffire pour commencer à remonter la pente. Satisfaite de sa décision, elle revint à Linya.

- Tu as vu mon père ? la questionna-t-elle.

- Oui. Il a dit qu’il passerait te voir bientôt.

-Vraiment ?

Alexia était surprise. Leur dernière entrevue avait été pour le moins houleuse. Il n’avait pas apprécié qu’elle se jette au milieu de la zone de combat en le laissant derrière elle. Pour une criminelle qui plus est. En entendant ses mots, sans pouvoir faire se retenir ou même songer à le faire, elle avait levé la main et l’avait giflé.

Ils avaient été aussi stupéfait l’un que l’autre par son geste. Mais Alexia s’était vite reprise.

- Ne redis plus jamais ça.

Il l’avait dévisagée comme s’il la voyait pour la première fois. Son expression lui avait fait mal, mais elle ne pouvait pas, ne voulait pas rattraper son geste ou s’en excuser. Elle avait été à deux doigts de la perdre, elle était fatiguée et Tia était alors en salle d’opération pour subir une série d’interventions urgentes.

Elle n’avait pas envie de s’excuser d’avoir choisi sa compagne plutôt que lui. S’il ne parvenait pas à comprendre qu’elle l’aimait comme il avait aimé sa mère, alors tant pis.

Il était parti furieux et depuis elle n’avait plus eu de nouvelles. Aujourd’hui, elle le regrettait un peu. Pas ce qu’elle avait fait ou même pensé mais… il avait été séquestré et elle n’avait même pas vraiment pu savoir si il allait réellement bien. S’il avait regretté autant qu’elle leur séparation depuis tout ce temps. Si…

Elle soupira en secouant la tête. 

- Pourquoi ?

- Je ne sais pas.

- Il t'a paru furieux ? Inquiet ?

- Ni l’un, ni l’autre, fit-elle en haussant les épaules. Je l’ai croisé pendant le débriefing avec les grands pontes et il m’a juste dit de te prévenir.

- Ok. Quand passe-t-il ?

- Il ne l’a pas précisé mais… il sait que tu es là et qu’elle sera coincée ici pendant plusieurs mois, donc…

- Il a tout le temps.

- C’est ça.

- Cela dit, je pense qu’il viendra rapidement. Papa l’a vu le mois dernier et il avait l’air inquiet et soucieux en parlant de toi. Il en a conclu que tu lui manquais et qu’il allait reprendre le contact assez vite.

- Ouais mais depuis il a été enlevé et on a eu une « discussion ».

- Mais…

- Laisse tomber Lin. C’est gentil d’essayer de me tranquilliser mais je ne suis pas inquiète. J’ai choisi et je ne regrette pas mon choix. De toutes façons s’il ne m’y avait pas obligée, on n’en serait pas là. C’est entièrement de sa faute, alors ce n’est pas moi qui vais regretter l’état actuel de nos relations.

- Ok, ok, fit-elle en levant les mains devant sa véhémence. Je te crois.

Alexia reposa son regard sur sa compagne endormie.

- Elle ne tiendra pas des mois comme ça. Elle est déjà déprimée et ça fait une semaine seulement.

- Pourtant le personnel vous traite comme des reines.

- Oui, acquiesça-t-elle avec un sourire. C’est marrant d’ailleurs. Officiellement, Tia et moi n’avons pas pris part à l’attaque, mais officieusement tout le monde sait que c’est elle qui l’a mise au point. Ils lui sont très reconnaissant de les avoir libérés, du coup on a droit à un traitement de faveur et à de vrais repas ! 

- Ça devrait rendre les choses moins difficiles, non ?

- Pas vraiment. Elle n’aime pas être bloquée sur un lit, encore moins dans une chambre d'hôpital. Ça lui rappelle de mauvais souvenirs. En plus de ça, on se trouve dans le pays de ses cauchemars. Il faut trouver une autre solution. On doit bien pouvoir la bouger d’ici ?

- Alexia, je sais que tu t’inquiètes mais ça n’est pas possible. Ses côtes sont dans un trop mauvais état.

- Je sais mais… elle ne va pas bien et rester ici n’arrangera rien.

- Alex, calme-toi. Ça va s’arranger. Ce n’est qu’un mauvais moment à passer. Elle est forte, elle va s’en remettre. Et puis tu seras là.

Alexia réfléchit un moment. Puis soupira.

- Je crois que je n’ai pas vraiment le choix, de toutes façons, non ?

- Pas vraiment. Fais-lui confiance. Et fais-toi confiance. Tant que tu es à ses côtés, elle ira bien.

- J’espère.

 

********************************************

 

Quelques jours plus tard, le père d’Alexia fit enfin une apparition. Sa fille était au chevet de sa compagne endormie. Il passa la porte et se tint un instant immobile à l’observer.

Elle avait l’air fatigué et soucieuse. Il vit qu’elle tenait la main de cette femme et ne semblait pas vouloir la lâcher. Il ne jeta même pas un œil sur la blessée. Il n’avait que faire de ce genre de personne.

Il se signala par un raclement de gorge et étudia attentivement son expression lorsqu’elle le reconnut. La surprise. Une étincelle de joie. La colère. Et une tension sous-jacente. Jadis, il ne voyait dans ses yeux que de la joie. Il aurait voulu en accuser la grande femme, mais c’était entièrement de sa faute. Cependant, s’il le savait, il ne pouvait pour autant pas l’accepter.

Elle lui fit signe de la suivre dans le couloir et jeta un petit regard d’excuse à la femme allongée. Elle passa à côté de lui sans le regarder et cela lui fit mal. Elle ne l’avait même pas salué.

- Qu’est-ce que tu veux ?

De but en blanc. Elle avait toujours été franche et aussi désagréable que c’était en ce moment, il apprécia de voir qu’elle était encore un peu elle-même.

- Te voir.

Elle fronça les sourcils et attendit. Mais une soudaine timidité le saisit et il ne sut pas quoi dire. Alexia avait toujours été sa petite fille, il avait toujours cédé à ses caprices, sauf cette fois. Pourquoi ? Qu’y avait-il de différent cette fois ? En la voyant jeter un regard anxieux vers la porte, il comprit. Ce n’était pas un caprice. Et c’était bien pire.

- Je trouvais regrettable que se soit un enlèvement qui nous ait réuni.

- La faute à qui ? Tu as clairement établi les règles.

- Et comment voulais-tu que je fasse autrement ? Tu veux que je te laisse aller tranquillement avec cette… cette femme ?! s’écria-t-il furieux. Elle est dangereuse, elle te fais mener une vie dangereuse ! Elle te change en quelqu’un que tu n’es pas ! Regarde-toi, bon sang ! Tu es fatiguée, inquiète et tu es loin d’avoir l’air en forme ! Ce n’est pas toi, ça ! Toi, tu es une personne joyeuse, pleine de vie et curieuse de tout ! Tu aimes être vue et là, tu te caches en permanence ! Ne me dis pas que ça te rends heureuse, je ne te croirai pas !

Alexia le fixa de plus en plus en colère, puis tourna les talons sans répondre.

- Où vas-tu ?!

- Je retourne auprès de Tia.

- On n’a pas fini de discuter !

- On ne discute pas papa, tu hurles et je subis.

Il souffla bruyamment et contrôla sa frustration.

- Très bien, excuse-moi. On peut discuter maintenant ?

Alexia revint vers lui, non sans refermer soigneusement la porte.

- Qu’est-ce que tu attends de moi ? demanda-t-elle en croisant les bras.

- Mais… rien ! Je voudrais juste…

- Quoi ? Tu veux t’assurer que je vais bien ? Je vais bien. Que je suis heureuse ? Je suis heureuse. Mais tu ne veux entendre ni l’un, ni l’autre.

- Alex…, fit l’homme complètement découragé.

- Écoute, parce que je crois vraiment que tu es inquiet pour moi, je vais essayer de t’expliquer encore une fois. Tu dis que je ne suis pas celle que tu vois aujourd’hui, que je n’étais pas ainsi avant et tu as raison. Mais celle que j’étais avant n’était pas heureuse, papa. Elle en donnait l’illusion, c’est tout. Ma vie, telle que tu la vois, me satisfait vraiment. Et si je n’avais pas rencontré Tia, c’est vrai que je ne serais pas mercenaire aujourd’hui, mais ce que tu ne comprends pas c’est que ça aurait été une chose qui m’aurait vraiment manqué. Et que même sans elle dans l’avenir, je continuerai. J’aime ce travail. Je fais des choses importantes et papa, c’est une sensation tellement extraordinaire que de se rendre compte que notre présence compte vraiment ! On change les choses, on les rend meilleures ! Alors oui, il y a des sacrifices à faire, et ça n’est pas toujours facile à accepter, mais ça en vaut la peine, dit-elle en posant sa main sur son bras. Tu te rends compte ?! Je peux faire la différence, comme Tia, comme ce qu’on a fait avec Sassem ! C’est… c’est bien non ? Si tu ne le vois pas… je ne peux rien pour toi, conclut-elle finalement.

- Je peux comprendre que tu veuilles te rendre utile, accepta-t-il. Mais il y a d’autres façons moins dangereuses de le faire. Et si c’est vraiment les femmes ton… truc, alors ok, mais tu peux trouver mieux qu’elle.

- Tu refuses de comprendre, dit-elle désabusée. Papa, je t’aime, mais j’aime Tia encore plus et si je peux vivre sans toi, je ne peux pas même envisager d’être à moins de trois pas d’elle. Je suis désolée si tu penses qu’elle ne vaut rien, car elle est la personne la plus extraordinaire et la plus merveilleuse qui soit. Elle me comble au-delà de toutes raisons. Elle est attentive, romantique, forte, sensible et elle possède un sens de l’humour formidable. Elle est la personne qu’il me faut. Celle qui me soutient quand j’en ai besoin, qui me botte les fesses s’il le faut, qui me dit qu’elle m’aime et qui le prouve. Je ne pourrais jamais trouver mieux qu’elle. Elle est parfaite pour moi et je ne veux personne d’autre.

Son père secoua la tête mais elle poursuivit, abattant sa dernière carte.

- Et tu sais papa, toi qui a toujours voulu que je me trouve un bon parti… tu devrais être content, Tia est la 8ième fortune mondiale. Elle a tout ce qu’il faut pour prendre soin de moi. Mais tu sais même pauvre comme Job, elle serait parfaite pour moi.

- Je ne comprends pas, répondit-il les sourcils froncés mais sans aucune animosité. Tu dis que tu aimes une vie qui te met en péril. Que tu aimes une femme qui est, excuse-moi mais c’est la vérité, une tueuse. Mais pour moi ça n’a aucun sens. Et ça n’en aurait pas eu pour toi avant.

- Tu regrettes une personne qui n’a jamais vraiment été. Cette fille capricieuse qui te manque… ça, ça n’était pas moi. Tia m’a révélée à moi-même. Elle m’a montré que je valais mieux que ça.

Son père la regarda, puis secoua de nouveau la tête.

- On n’y arrivera pas. Pas tant qu’elle sera entre nous.

- Ce n’est pas elle le problème.

Il ne répondit pas et tourna les talons. Elle le regarda faire en soupirant. Ils étaient aussi malheureux l’un que l’autre et rien ne risquait de changer avant longtemps.

 

***********************************

 

Le lendemain Enyalios rendit visite à Tia.

- Enfin ! s’exclama Alexia en le voyant franchir le pas de la porte.

- Quoi ? répondit-il nonchalamment. Je t’ai manqué tant que ça ?

- Ça fait presque deux semaines que ton amie est hospitalisée, tu aurais quand même pu venir plus tôt, répliqua-t-elle en souriant.

- Je n’aurais pas pu, non madame. J’ai dû négliger pas mal de mes propres affaires pour répondre à son appel.

- Oh. Eh bien, c’était très sympa de ta part.

- N’est-ce pas ?

 Elle lui sourit de nouveau.

- Alors, comment va-t-elle ?

- Elle dort.

- Mais encore ?

- Elle en a pour des mois à se remettre, mais d’après le médecin, ses yeux semblent prendre un bon chemin.

- Parce qu’elle risquait de devenir aveugle ?! s’exclama-t-il surpris.

- Le danger n’est pas encore complètement écarté, mais ils sont optimistes.

Il hocha la tête. Linya entra à ce moment là.

- Salut !

- Eh, salut beauté !

- Enyalios, c’est ça ?

- Vous vous souvenez de moi ? dit-il avec un sourire vaniteux.

Linya leva un sourcil railleur et se tourna vers Alexia.

- Comment c’est aujourd’hui ?

- Pareil.

- Je vois. Tiens, dit-elle en lui tendant un paquet, j’ai pensé à renouveler ton stock de loisirs.

- Merci.

- Au fait, dis-moi, ton stage avec Angelsson, c’est dans quelques mois, non ?

- Je crois, oui. Pourquoi ?

- Tia sera encore là ?

- Non, elle devrait sortir juste avant. Mais je n’ai pas l’intention d’y aller, je ne veux pas la laisser seule.

- Arrête, c’est ton rêve ! protesta sa meilleure amie. Et tu sais ce qu’a dû faire Tia pour te décrocher ça ? C’est son cadeau, tu vas la vexer si tu y renonces.

- Je ne vais pas partir et la laisser derrière moi alors qu’elle a besoin d’aide ! s’insurgea-t-elle.

- Ce n’est pas ce que je te dis, calme-toi. En fait, j’avais une proposition.

- Désolé, je suis un peu à cran. Je m’ennuie pas mal et je m’inquiète autant.

- Pas de problème.

- Dites-moi les filles, je ne vous dérange pas ? fit la voix grave d’Enyalios.

- Non, pourquoi ? répondirent-elles en cœur.

- Non, rien.

Il renonça à essayer de s’incruster dans la conversation, s’assit de l’autre côté du lit et observa son ancienne élève. Elle avait repris des couleurs et si les pansements étaient assez impressionnant, elle en avait eu des pires. Il était soulagé de la revoir. Et rassuré de voir qu’Alexia était toujours là. Si elle était restée après Sassem, elle resterait quoi qu’il arrive. Sa protégée était entre de bonnes mains.

- Bon, alors ta proposition ? reprit Alexia comme si elles n’avaient pas été interrompues.

- Ma famille voudrait rencontrer Tia. Alors je me disais qu’à sa sortie d’hôpital, je pourrais l’amener à la maison. Comme ça, toi tu serais libre d’aller à ton stage avec Angelsson.

- Mais pourquoi ta famille veut la rencontrer ?

- J’imagine qu’ils savent qu’elle a un lien avec mes récents allez-et-retours et les mouvements nombreux et conséquents des membres de l’association et de nos fonds. Ne t’en fait pas, je pense qu’ils veulent juste s’assurer que ce n’est pas une profiteuse ou quelque chose dans ce genre.

- Ok, mais dans ce cas, je préfère être là.

- Eh bien, je comptais sur toi pour m’aider à la traîner là-bas alors pas de souci ! répondit-elle joyeusement.

- Ça ne me plaît pas de la laisser.

- Tu n’as pas confiance en moi ? demanda son amie gravement.

- Bien sûr que si. Là, n’est pas le problème… c’est juste…

- Que tu n’aimes pas être séparée d’elle.

- Oui, et puis je pensais qu’elle serait là pour mon stage. Sans quoi, c’est moins… amusant.

- Peut-être qu’on pourra y faire un saut ? Si elle se sent bien. Mais si tu n’y vas pas à cause d’elle, elle va s’en vouloir. Et elle sera déçue aussi.

- Je sais. Écoute, on verra ça à sa sortie, ok ?

- Ok.

 

Chapitre 3 :

 

Les mois passèrent et l’état de Tia s’améliora sensiblement. Si vite en fait, qu’elle sortit plus tôt que prévu. Ses enfants qui étaient là, eurent droit à une visite guidée par ses soins. Ils rentrèrent chez eux, à la fin des vacances de la Toussaint avec la satisfaction de savoir que leur mère rentrerait définitivement, excepté pour le travail, pour les vacances de Noël.

Le stage d’Alexia ayant lieu seulement le mois suivant, elle put l’accompagner et rester avec sa compagne.

- Ça tombe bien, fit-elle, ça fait un petit moment que je n’ai pas revu ta famille. Tes parents m’ont beaucoup manqué.

- Et la réciproque est vraie. Ils seront ravis de te revoir. Lance et Richard seront là aussi. Richard vient avec toute sa petite famille.

- Oh, y’aura Drew et Jason alors ?

- Qui sont Drew et Jason ? l’interrogea sa petite amie.

- Les enfants de Richard et Donna, lui répondit-elle. Et Lance ? Il amène sa dernière conquête ?

- Non. Il est célibataire en ce moment.

- Ouaaah les miracles existent donc vraiment ?

La réflexion arracha un petit rire à Linya. Alexia attrapa la main de Tia et la serra un peu en la regardant. Celle-ci avait le regard fixé droit devant elle. Depuis sa sortie, mais aussi bien avant ça, elle n’avait sourit qu’en de très rares occasions et elle n’avait plus fait aucune de ses blagues tordues. Elle ne répondait même plus à celles de Linya. Son amie lui avait dit que c’était sûrement un contrecoup de toutes ces semaines d’immobilité, que ça finirait par passer, qu’elle devait être patiente.

« Mais Linya ne sait pas de quoi elle parle, songea la jeune femme. Elle ne connait pas Tia comme je la connais. Même dans ses pires moments, elle n’était pas aussi distante. Absente, oui. Mais pas distante. »

La distance elle l’avait prise avec elle et, lui semblait-il, avec la vie elle-même. Et ça, ça lui faisait vraiment peur. Elle tenta une nouvelle approche.

- Linya, tu savais qu’il était possible, qu’un jour, si Tia est d’accord bien sûr, je pourrais porter son enfant ?

La jeune femme s’étrangla avec son carré de chocolat et finit par le recracher au loin. Rouge comme une tomate, elle la fixa d’un air ébahi.

- P… porter son enfant ?! Tu te fous de moi ?!

- Non, non. Ti m’a dit que c’était possible. Pas vrai ? fit-elle en se tournant vers elle.

- En effet. Mais ce n’est pas très courant et ça ne fonctionne pas à tous les coups.

- Bah, on n'aura qu’à essayer plusieurs fois. Un bébé de toi, dit-elle toute excitée, ça en vaut la peine et puis, avec ton ADN, je suis sûr qu’il s’accrochera ! Comme sa maman !

Son sourire heureux et sa joie toute simple touchèrent le cœur engourdi de la mercenaire. Lentement, elle le lui retourna. La petite étincelle qui pétilla alors, lui confirma qu’elle avait bien fait de faire cet effort. Elle lui pressa gentiment la main et déclara :

- On en reparlera une autre fois.

- Bien sûr ! On a tout le temps maintenant !

Le temps… C’était vrai. Elle avait le temps, sembla-t-elle réaliser seulement maintenant. Elle avait donc tout le temps qu’il lui fallait pour régler ce qu’elle sentait s’agiter en son sein. Cette chose noire et visqueuse qu’elle sentait vivre et se nourrir de son énergie, lui glaçait le cœur et la distanciait de ce qui l’entourait.

Elle ne comprenait pas ce qui lui arrivait. C’était comme si cette chose était vivante. Elle avait peur de perdre ce qu’elle avait si durement gagné et plus que tout, elle avait peur, le jour où ça arriverait, de s’en foutre complètement.

Elle observa le visage de cette femme pour qui elle aurait tout braver, tout affronter, et laissa les émotions éteintes depuis quelques temps remonter à la surface. L’amour. La tendresse. La douceur. L’envie de la toucher. Son besoin irrépressible de l’entendre rire. De lui faire plaisir…

Des mots montèrent en elle.

- Je t’aime.

Alexia tourna vivement la tête, étonnée.

- Qu… quoi ?!

- Je t’aime, répéta son amie gravement.

Alexia dut se mordre la lèvre pour ne pas se laisser aller à l’émotion. Cela faisait des mois qu’elle attendait ces mots. Depuis la mort de Sassem, elle ne lui avait plus dit un seul mot tendre. Elle n’était même plus câline. Dans les premiers temps elle avait même semblé ne plus apprécier ses contacts.

Avec le temps, elle l’avait vu se détendre et les réapprécier. Mais c’était si lent, si laborieux, qu’elle ne s’attendait pas à une si grande avancée avant encore plusieurs mois. Le simple fait de lui presser la main était un vrai miracle !

Tia vit les larmes et levant son index en récupéra une, qui hésitait à tomber. Elle la regarda un instant, puis leva les yeux sur sa compagne.

- Je suis désolée. Je ne suis pas facile depuis quelques temps. Je ne sais pas pourquoi. Je ne sais même pas d’où ça me vient. Je suis juste… engourdie.

- Ce n’est pas grave, souffla-t-elle tout à sa joie. Ça va passer. Je t’y aiderai, ajouta-t-elle en voyant son air sceptique. C’est un peu comme pour tes yeux, en fait. Ton cœur est blessé. Il en a tant subi en si peu de temps. Il lui faut du temps pour guérir et pouvoir à nouveau fonctionner normalement. Un peu de gym et hop, il sera comme neuf !

- Peut-être.

- Ne t’en fait pas, déclara Linya, on va le faire bosser ! On commencera par des trucs tout simples comme un peu de rigolade et quand tu seras prête, on passera aux choses sérieuses, comme le sexe !

- Tu es en train de me proposer de coucher avec toi ? lui demanda la grande femme avec un petit sourire.

- Faut voir, répliqua son amie. Il te faudra être convaincante, mais qui sait ?

Tia secoua la tête, amusée mais fatiguée. Alexia ne chercha pas à en rajouter comme elle l’aurait fait avant, d’ailleurs Linya s’arrêta là, elle aussi. Cette phrase toute simple était déjà un progrès et Alexia s’en contenterait.

- Ta cion aga mort, Je t'aime, lui répondit-elle finalement en gaélique.

L’expression surprise, mais ravie, de sa compagne lui confirma qu’elle avait bien fait de chercher d’autre langue dans laquelle lui parler. Un sentiment profond de bien-être la prit. Alexia recommença enfin à se sentir complète.

La mercenaire ne connaissait pas cette langue, mais elle en comprit parfaitement le sens et la poésie des sonorités lui plu. Elle lui caressa le dos de la main de son pouce et éprouva un soulagement intense à se rendre compte que cela lui plaisait de nouveau. Peut-être que cette chose noire en elle pourrait être contenue ? Peut-être même vaincue ? Si quelqu’un en était capable, c’était Alexia. Elle croyait en elle et en son pouvoir comme en personne d’autre sur terre.

Lex, sa Lex, pouvait mettre en échec cette bête tapie au fond d’elle.

 

*********************************


Deux semaines plus tard, elles étaient toutes les trois dans la résidence principale de la famille de Linya. Quoique étrange, la première semaine se passa bien. La famille Obson fit bon accueil à Tia et sembla plus qu’enchantée de revoir Alexia.

Ce qui rendit ce séjour étrange, fut l’obstination de ses parents à tout connaître de la mercenaire, ainsi que les petites phrases sibyllines, lourdes de sens mais qui ne voulait rien dire pour les trois filles.

Déjà, la phrase avec laquelle ils avaient accueilli Alexia.

- Bienvenue dans la famille ! Depuis le temps que nous l’espérions !

Pas, bon retour dans la famille, non, bienvenue. Bizarre. Ensuite, ils n’avaient cessé de leur poser des questions étranges. Du style : « Alors on va bientôt avoir droit à une fête ? » ou encore : « il n’y a pas quelque chose que l’on devrait fêter ? » et aussi : « Vous n’avez pas une nouvelle à nous apprendre ? »

Linya supposait qu’ils parlaient de la participation de Lyoko dans l’attaque et qu’ils souhaitaient avoir plus de détails, mais elle ne comprenait pas pourquoi ils n’allaient tout simplement pas droit au but.

Leur attitude avec Tia était aussi assez spéciale. Outre l’interrogatoire très serré auquel elle était soumise lorsqu’elle n’était pas trop fatiguée, ils essayaient tous de se trouver des points communs avec elle. Ils l’invitaient sans cesse à tout un tas de jeux, qu’elle ne connaissait pour la plupart pas du tout.

Le seul bon point de tout ce ramdam, était que ça distrayait la grande femme autant que sa compagne. Linya s’inquiétait pour elles deux. A part en de rares occasions, Tia était d’humeur sombre, de plus en plus en vérité, et Alexia ne savait plus quoi inventer pour la faire revenir vers elle. A chaque fois, sa compagne lui disait qu’elle n’était pas partie et ne partirait nulle part. Qu’elle l’aimait beaucoup trop pour cela.

Linya pensait que le problème de la mercenaire venait du fait que le but de sa vie avait été atteint en tuant Sassem et qu’elle ne savait plus quoi faire. Elle avait conseillé à son amie de lui en trouver un.

En conséquence, dès le début de la semaine, Alexia s’était mise en tête de convaincre Tia de fonder une famille avec elle. Une où les jumeaux auraient leur place bien évidemment. Elle lui parlait mariage, enfants, installation…

Si Tia ne semblait pas choquer par tout cela, elle n’avait pas non plus l’air enthousiaste. Mais Alexia n’en démordait pas. Elle allait faire de leur famille, la nouvelle raison de vivre de Tia.

Linya pénétra dans la bibliothèque plongée dans le noir où elle savait trouver la grande femme. Elle était debout devant la fenêtre, baignée par le clair de lune. Elle vit grâce aux rayons doux, que la mercenaire avait retiré ses lunettes et les avaient posés sur une étagère à portée de main.

- Tia ? fit-elle un peu hésitante.

Dans cet élément, la grande femme semblait si parfaitement à son aise, qu’elle en était un peu intimidante. Et son besoin de s’isoler était si flagrant qu’elle craignait de troubler son tête à tête avec elle-même.

La mercenaire tourna la tête et le regard qu’elle posa sur elle la transperça comme un laser. Elle recula d’un pas, saisie d’angoisse. Tia s’en aperçut et s’empara de ses lunettes. Elle les mit sur son nez mais c’était trop tard. Linya avait vu ce que cachait son amie.

Le feu brûlant qui couvait en elle et semblait avoir touché l’essence même de son âme, la noirceur qu’elle avait décelé au milieu du bleu de ses yeux, étaient impossible à oublier.

Alexia avait raison, Tia allait mal et s’était bien plus grave et bien plus profond que ce qu’elles craignaient.

- Oui ? fit la voix grave de son amie.

- Je… euh… tu vas bien ? ne put-elle s’empêcher de demander.

La mercenaire resta un moment silencieuse. Elle avait remarqué la réaction de Linya. Elle avait vu. Servirait-il à quelque chose de prétendre le contraire ?

- Pas vraiment, répondit-elle enfin. Mais ce n’est pas une chose contre laquelle tu puisses quoi que se soit.

- Et Alex ? tenta-t-elle encore.

Un silence. Puis tout bas, un mot léger comme une aile de papillon :

- J’espère…

Linya hésita. Devait-elle pousser plus loin ? Elle avança d’un pas et posa une main sur son bras. Elle remarqua avec soulagement que la grande femme ne tressaillit pas. Elle posa son regard sur les lunettes et leva une main hésitante vers elle. Voyant que son amie ne faisait rien pour l’en empêcher, elle les lui retira et put enfin plonger son regard dans le bleu profond des yeux de sa compagne.

Elle n’y vit plus ce feu brûlant qu’elle craignait. Une grande tristesse et une lassitude toute aussi grande, l’avait remplacé.

- On est amies Tia, commença-t-elle en ne quittant pas son regard une seconde. Tu peux tout me dire. Même ce que tu ne peux pas avouer à Alexia. Mais si tu penses qu’elle peut t’aider en quoi que se soit, alors n’hésite pas. Parle-lui. Car il n’y a rien en ce monde, qu’elle ne ferait pour toi.

- Je sais.

Mais le savoir et se l’entendre dire était deux choses bien distinctes. La tristesse en elle sembla refluer un peu.

- Mais je ne suis pas sûre qu’elle y puisse quelque chose.

- Mais tu n’es pas certaine du contraire non plus. Tente ta chance, qu’as-tu à perdre ?

- Mon dernier espoir ?

Linya passa une main sur sa joue.

- Qu’est-ce qui te trouble ainsi ? fit son amie avec inquiétude.

Tia l’observa. Pouvait-elle lui parler de cette bête noire tapie en elle et qui ne demandait qu’à sortir ? De sa lutte constante contre elle, et qui l’épuisait ? De sa soif de sang si brûlante qu’elle avait l’impression de disparaître chaque jour un peu plus derrière cette chose ?

- J’ai peur de ne plus exister, dit-elle finalement.

Linya ne comprenait pas. C’était visible à son expression mais elle ne lui en voulait pas. Qu’y pouvait-elle ? Elle ne connaissait rien à la mort, à l’assassinat, encore moins à la vengeance.

Elle n’aurait jamais dû tuer Sassem comme elle l’avait fait. Ça l’avait changé. Et elle ne voyait aucune porte suffisamment solide derrière laquelle ranger cette horreur, aucun bouton de retour en arrière. Rien. Rien que ce cri qui lui avait répondu et semblait contenir tout ce qu’elle était.

Et puis deux yeux verts surgirent.

Du tréfonds d’elle-même, la douce chaleur qui accompagnait ce regard, l’envahit. Alexia. A chaque fois qu’elle s’imaginait perdue, Alexia surgissait et disait ou faisait ce qu’il fallait pour la soulager.

- Ça va, fit-elle en revenant au présent.

Elle prit la main de Linya et la retira de sa joue.

- Je parlerais à Lex.

- Promis ?

- Promis. Mais…

- Mmm ?

- Merci. Tu… ça fait du bien de savoir qu’en cas de problème, j’ai quelqu’un d’autre vers qui me tourner.

- Pas de problème ! répondit la blonde avec un sourire heureux.

La peine de Tia avait sensiblement diminuée, elle décela même une étincelle de joie lorsqu’elle lui retourna son sourire.

- Au fait, pourquoi étais-tu là ? lui demanda-elle en remettant ses lunettes.

- Oh oui, fit-elle en se tapant sur le front, le dîner ! Je suis venue te chercher.

- Alors, je te suis.

Parvenue au salon, Mme Obson renvoya sa fille à la recherche d’Alexia et invita Tia à s’asseoir à ses côtés. En face d’elle, se trouvait un oncle de Linya qu’elle salua d’un bref hochement de tête.

On servit un verre de vin à la mercenaire en attendant que les autres convives arrivent et la conversation roula sur divers sujets mondains jusqu’à ce que Mme Obson ne se racle la gorge et ne se tourne vers elle, l’air un peu nerveuse.

- Alors dites-moi Mlle Kensington, c’est sérieux ?

- Quoi donc ? fit-elle en fronçant les sourcils.

- Eh bien, vos… euh… relations. Vous, eh bien, vous semblez très bien vous entendre et ma foi, cela m’amène à m’interroger.

Tia était un peu perdue. Elle avait compris qu’elle parlait de sa relation avec Lex mais elle ne comprenait pas vraiment le sous-entendu.

- A quel propos ?

- Envisagez-vous de vous marier ?

Tia cracha sa gorgée de vin sur son voisin et s’excusa en bafouillant. Ça s’était une question qu’un père posait à son futur gendre ! Alors, bon, Alexia n’était pas en bon terme avec le sien, et elle savait que la famille de Linya était comme une seconde famille pour elle, mais elle ne s’attendait vraiment pas à ça !

- Euh… eh bien, oui. Pas tout de suite, mais… oui. Sûrement.

- Oh. Mais, ce ne sera pas un peu difficile ? s’enquit la femme un peu perplexe.

- Difficile ?

Pourquoi ça serait difficile ? Les mariages gays étaient légaux quasiment partout !

- Oui, eh bien, vous savez, ce… heu… genre de couple n’est pas très orthodoxe, enfin, ce que je veux dire, c’est qu’il ne doit pas être évident de trouver quelqu’un qui voudra vous marier.

Tia cligna des yeux plusieurs fois. Cette conversation était surréaliste.

- Euh… eh bien, je connais quelques endroits où ça ne posera pas de problème, répondit-elle enfin avec l’impression d’être dans un rêve.

- Oh vraiment ? Merveilleux ! s’exclama la maîtresse de maison enchantée. D’autant plus que si vous envisagez le mariage avec autant de sérieux, cela signifie que cette relation n’est pas une expérience ou une passade. C’est excellent ! Vous êtes une personne très correcte, je suis ravie de vous accueillir dans notre famille !

- Ha ? Et bien, merci.

- Tu entends ça Andrew, fit-elle à son époux. Nous qui désespérions de voir notre fille se ranger un jour ! C’est merveilleux, positivement merveilleux, reprit-elle à l’attention de la mercenaire en lui tapotant le genou.

Qu’est-ce que Linya venait faire là-dedans ?

- Je ne vous cache pas que lorsque nous avons appris votre relation particulière, nous avons été un peu choqués. Cela dit, nous avons bien vu qu’elle était heureuse ainsi et que vous êtes une personne bien. De plus nous sommes ravis de voir Alexia faire enfin partie officiellement de notre famille ! Alors tout va pour le mieux !

Tia la fixait confuse. Mais de quoi parlait cette bonne femme ?!

- Excusez-moi, vous parlez de moi et Linya ? Et Alexia ?

Mme Obson hocha vigoureusement la tête.

- Comme un couple, vous voulez dire ?

- Bien sûr, Lance nous a dit que vous formiez un trio.

Un trio ?!!!!! Un trio ?!!!! Un… TRIO ?!!!!!!!!!! La mâchoire de la jeune femme se décrocha. Au même moment Linya et Alexia franchirent le pas de la porte.

- Les filles, lança la mère de Linya toute guillerette, Tia viens de nous affirmer qu’elle envisageait le mariage ! Je suis ravie pour vous trois ! Je ne savais pas que l’on pouvait mariez les trios, mais c’est une excellente nouvelle, fit-elle en serrant leur main entre les siennes.

Les deux filles tournèrent la tête vers la mercenaire qui n’avait pas bougé de sa place et affichait toujours une expression stupéfaite. Puis un mot fit tilter Linya.

- Attends une seconde maman, tu as dit un trio ?!

- Oui. Lance nous a annoncé cette extraordinaire nouvelle il y a quelques mois. Nous avons mis un peu de temps à nous y faire, mais Tia est une jeune femme sérieuse et elle prend votre relations très au sérieux ce qui nous rassure beaucoup.

Linya laissa pérorer sa mère et se tourna vers son frère avec colère :

- Lance ! cria-t-elle, qu’est-ce que tu es encore allez raconter ?!

 

FIN.

 

Pour l’instant…

 

 

 

 

 

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Commentaires
C
J ai vraiment aimé. Très bien écrit et passionnant. Bravo et merci
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E
Entièrement d'accord, on s'y laisse prendre totalement en +. J'ai beaucoup aimé. Bravo !
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T
Je savais que le combat final serait à la hauteur, mais là c'est plus qu'espéré, car autant psychique et émotionnel que physique.<br /> J'aime beaucoup la transition finale qui rappelle cet horrible épisode de la mort de xena avec les supplications de Gabrielle qu'on a certainement tous imaginés à en faire des cauchemars, ici magnifiquement retranscrit dans les mots d'Alexia.<br /> <br /> Cette fiction est un régal, dommage qu'il n'y ait pas plus de commentaires!!!
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