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5 juillet 2010

Cible mouvante, partie 8

MOVING TARGET par Melissa Good
CIBLE MOUVANTE
Partie 8
Traductrice: Gaby

Chapitre 16

Dar émergea de nouveau à la lumière du soleil, après que son voyage de soixante secondes dans le métro se soit allongé à vingt minutes. Elle s'était, cependant, fait apparemment une nouvelle amie,  vu que Scuzzy ne montrait aucune envie de partir de son côté quand elles sortirent toutes les deux de ce qui apparaissait à Dar comme un labyrinthe qui aurait fait fuir en courant le Minotaure lui-même.
Une station de métro ? Dar jeta un coup d'œil derrière elle vers l'une des nombreuses cages d'escaliers qui recrachait des gens de ses entrailles. Ça ressemblait plus à un cauchemar d'un écrivain de science fiction.
La chaleur était un peu plus intense, ou peut-être qu'elle s'était simplement habituée à la fraîcheur des confins du monde souterrain.
« Alors, Dar. Où est-ce que tu vas ? » Scuzzy interrompit le cours de ses pensées. « T'es juste venue pour voir le Square ? »
« Non. Pour ça. » Dar sortit la brochure de sa poche et la lui montra, se tournant légèrement pour essayer de s'orienter dans la rue bondée. Des buildings s'élevaient de tous les côtés, et les rues semblaient s'éparpiller dans toutes les directions.
Qu'est-ce que c'est que ce bordel ?
Après un moment à cligner des yeux, elle réalisa pourquoi l'endroit lui semblait si familier. Elle n'avait jamais mis les pieds ici autant qu'elle pouvait s'en souvenir, et elle prit un moment pour regarder autour d'elle.
Times Square. Dar inclina la tête sur le côté, et réalisa qu'elle avait toujours considéré cet endroit plus comme un plateau de tournage que comme un vrai quartier. Son regard se détourna.
Des rues.
En vrai.
Les panneaux publicitaires perchés sur les façades des bâtiments s'exhibaient exactement comme à la télévision, et Dar leva la tête pour voir le pilier duquel elle avait vu tomber la boule plus de soirs de Saint-Sylvestre qu'elle ne pouvait s'en souvenir.. Elle se mit à rire, et elle se concentra pour essayer de trouver son chemin vers la rivière Hudson.
« Tu aimes ce genre de trucs ? » Scuzzy l'avait suivit jusque dans la rue. « Les armes et tout ? » Elle lui rendit la brochure.
Dar s'arrêta et la regarda.
« Hé ! » La fille leva les deux mains. « C'est cool ! Pas de problème ! Moi aussi j'aime bien cette série Gunsmoke ( NdlT: série américaine, 'Police des Plaines'), t'aimes bien toi ? C'est génial ! »
« Non. » Dar chercha quelle direction prendre et commença à marcher. « Mon père était dans la Navy. » Elle vérifia le numéro des rues et avança avec plus de confiance. Elle fut à peine surprise quand Scuzzy choisit de la suivre, avançant d'un pas traînant sur le trottoir près d'elle. Elle lança un regard spéculatif à la jeune femme.
« Disons que je veux être sûre que tu arrives à bon port. » Expliqua Scuzzy. « Et puis je reprendrai le bus. »
Dar s'arrêta, forçant la fille à s'arrêter aussi  avant qu'elle lui rentre dedans. Elle baissa ses lunettes de soleil et regarda sa persistante nouvelle amie de haut en bas, puis elle répéta l'exercice sur son propre corps. Elle releva finalement les yeux sur le visage de Scuzzy et haussa les sourcils de manière explicite. « Merci. » Dit-elle d'une voix traînante. « Mais ça va aller. »
Scuzzy l'étudia pendant une minute. « Tu essayes de me dire quelque chose ? »
Avec un petit soupir, Dar remit ses lunettes sur l'arrête de son nez et recommença à marcher en secouant la tête. Une petite brise se leva, soufflant légèrement entre les buildings et lui envoyant au visage un indéfinissable parfum d'eau. Elle jeta un coup d'œil aux devantures en passant, intriguée pas la diversité des clubs dont le genre changeait presque à chaque pas. « De tout pour tous les goûts, hein ? » Remarqua-t-elle en passant d'un club de jazz à un autre qu'elle imaginait fréquenté par une foule gothique.
« T'as dit quelque chose ? » Scuzzy la dévisagea. « Hé, t'es déjà venue en ville ? »
« Ouais, je suis déjà venue ici. » Dit finalement Dar, elle se décala légèrement sur le côté pour que la jeune femme puisse marcher à côté d'elle sans se cogner dans les arbres plantés de manière incongrue au centre des trottoirs. « Je ne suis pas vraiment une adoratrice. »
« Miami est différente, hein ? »
Dar regarda autour d'elle et laissa échapper un petit rire. « Comme le jour et la nuit. Je n'échangerai pour rien au monde. »
« Non, hein . » La fille regarda tout autour. « Et bein t'sais, le voisinage n'était pas génial. » Dit-elle. « Crois-moi, tu n'avais pas envie de traîner dans le coin. Mais ils ont fait du bon boulot pour arranger tout ça maintenant. »
Dar observa le théâtre quand elles passèrent devant, et elle réalisa qu'elle avait entendu son nom pendant la moitié de sa vie sans jamais réaliser où il se situait. « Mauvais voisinage, hein ? » Demanda-t-elle avec intérêt.
« Oh, ouais, absolument. » Scuzzy acquiesça. « Les putes étaient alignées, culs contre seins, ouais. »
« Ah ouais ? »
« Absolument ! »
Il était difficile d'imaginer tous ces gens dans leurs manteaux de vison venant voir des expositions en évitant les clochards et les dealers sur le trottoir. Dar mit l'idée de côté pour y repenser plus tard, et elle se décala pour éviter un homme pressé qui promenait son Dalmatien. Ou peut être que c'était le Dalmatien qui promenait l'homme, vu que le chien semblait bien plus détendu que son maître. «  Tu es venue quand c'était comme ça ? » Demanda-t-elle à Scuzzy. « Quand c'était mal famé ? »
Scuzzy semblait ravie que Dar s'intéresse à elle. « Oh oui. » Elle fit un geste vague. « Mon frère et moi on avait l'habitude de passer par ici tout le temps pour prendre le bus pour aller voir mon paternel à DC. »
« Ah. » Murmura Dar. « Ça devait être effrayant. »
« Nan, juste différent. » Scuzzy jeta un coup d'œil derrière elle en direction de Times Square. « Pas mal de gens vivaient là-bas, t'sais ? Plus maintenant. Je sais pas trop où ils sont allés. A Center Park peut-être. Tu dois avoir du fric pour vivre ici maintenant. » Elle plissa un peu le nez. « Richousses. »
Dar fut frappée par une similitude inattendue. « Ouais. » Dit-elle. « C'est arrivé à South Beach aussi. »
« Ah ouais ? »
« Ouais. Il y avait pleins d'hôtels pour les retraités. Vingt dollars la semaine, un truc dans ce genre. » Dit Dar. « Et puis ils ont tous investi là-dedans, et maintenant, avec vingt dollars, tu dois pouvoir te payer le parking pour la nuit. Et encore. »
Même pas sûr. « C'est du n'importe quoi. » Admit Dar. « Tu payes trente dollars pour un coca et un foutu hot dog. »
« C'est clair ! » Scuzzy acquiesça rapidement. « Tu connais ça hein ? » Elle donna un coup de pied dans un caillou, et il partit loin devant elles avant de descendre dans les escaliers qui devaient mener à l'appartement de quelqu'un. « Et alors où vont les personnes âgées maintenant ? »
Dar ralentit, et inclina la tête sur le côté tandis qu'elle réfléchissait à la question. « Je ne sais pas trop. » Répondit-elle finalement. « Mais je me souviens de ce que j'avais ressenti quand on vivait sur la base et qu'ils nous parlaient de la fermer. » Le souvenir de ces moments flotta dans son esprit. « Ils voulaient vendre pour construire un supermarché. »
« Oh, c'est dur. » Scuzzy lui tapota le dos. « Alors tu vivais avec tous ces gars de la Navy ? Ça devait être plutôt cool. »
« Ouais, ça l'était. » Dar éloigna les souvenirs. « Alors, où vas-tu en bus aujourd'hui, Scuzzy ? » Demanda-t-elle alors qu'elles arrivaient au bas de la rue et qu'elles se trouvaient face à une route à quatre voies qui les séparait des quais. D'un côté, Dar pouvait voir la silhouette distinctive de l'Intrépide, et elle sourit.
« Nulle part. » Scuzzy haussa les épaules. « J'ai pris un billet pour aller me balader quelque part et revenir. Je me suis fait virer la semaine dernière. »
Dar se sentit soudainement poussée par un de ces accès de témérité qui la prenaient parfois. « Qu'est-ce que tu as fait ? » Demanda-t-elle avant de se tourner et de s'appuyer contre un poteau de signalisation. « Pourquoi tu as été virée ? »
Prise par surprise, la fille fit un geste vague de la main. « Oh, tu sais, des trucs administratifs. Je m'occupais des amendes, j'appelais des gens.. Tout ce qu'on voulait que je fasse, mais ils ont dû faire des coupes sombres dans les budgets et ils m'ont renvoyée. »
« Tu bossais pour la police ? » Clarifia Dar.
« Ouais, en quelque sorte. » Scuzzy semblait gênée. « C'est pour ça que je n'aime pas que les gens aient des ennuis, tu vois ? » Elle s'éclaircit la gorge. « Alors qu'est-ce que tu fais toi, Dar de Miami ? On te paye pour bosser dans quoi ? »
« Je bosse dans les ordinateurs. » Dar sortit son PDA de sa poche et ouvrit son étui. Elle attrapa une carte de visite blanche, la retourna et attrapa un stylo avant d'écrire une note au dos du petit carton.
« Ah ouais ? » Scuzzy se redressa. « T'as de la chance. J'adore les ordinateurs. Je me suis fait une adresse mail le mois dernier à la bibliothèque, et j'adore aller vérifier si j'ai reçu des trucs. »
Dar relut ce qu'elle venait d'écrire, puis elle la leva et la retourna pour que Scuzzy puisse la voir. « Va là. » Elle indiqua l'adresse au dos. « Et quand tu y seras, donne ça au garde à l'entrée. » Elle retourna la carte et le logo d'ILS scintilla brièvement dans la lumière du soleil. « Dis leur que j'ai dit qu'il fallait qu'ils t'engagent. » Elle lui tendit la carte.
Scuzzy regarda la carte, puis elle regarda Dar. « Pour de vrai ? » Demanda-t-elle après un moment. « Sans rire ? Si je leur donne ce truc, ils ne vont pas me foutre dehors et appeler les flics ? »
Dar rit. « Non. » Elle imagina pendant un instant de délice malveillant le bazar qu'elle venait de faire pour le bureau de Manhattan. « Ils vont prendre soin de toi. »
Scuzzy baissa de nouveau le regard vers la carte et la retourna. « Vice-présidente des systèmes d'information. » Elle leva les yeux vers Dar. « Tu gagnes beaucoup d'argent pour ça ? »
« Ouais. » Dar hocha la tête. « Mais tu peux en gagner pas mal toi aussi. »
« Ah ouais ? » Maintenant il y avait une touche d'incrédulité dans la voix de Scuzzy. « Tu sais quoi ? Quand je me suis levée ce matin, je savais qu'il allait m'arriver quelque chose. » Elle rangea soigneusement la carte dans la poche de sa chemise, et elle lui tendit la main. « C'est super. »
Dar la prit et la serra. « Salut. » Elle relâcha la main de Scuzzy et se tourna quand le feu changea de couleur, la laissant traverser vers le quai.
« Salut. » Répéta Scuzzy, attendant jusqu'à ce que la silhouette ait disparue sur la place devant le quai. « Si ça c'est pas du bol. » Elle sortit la carte de sa poche et l'étudia. « Je viens de trouver du travail, alors c'est la dernière fois que tu me dis de ne pas parler aux gens dans le métro, maman ! »
Elle se retourna et commença à descendre la rue d'un pas joyeux, retournant vers Times Square.
* * * * *
Dar s'arrêta un instant avant d'entrer dans le musée, elle prit le temps d'apprécier la brise fraîche du fleuve et la joie d'être sortie de la ville confinée au moins pour un moment. Elle trouva un banc et s'installa dessus avant de sortir son PDA et de l'allumer.
A sa surprise, elle y trouva un message qu'elle n'avait pas entendu. Elle l'ouvrit.
Est ce que je t'ai déjà dit à quel point je t'aime ?
Dar cligna des yeux plusieurs fois, puis elle se frotta les yeux du dos de la main d'un geste impatient. Plusieurs fois en fait. Mais je ne me lasse jamais de te l'entendre dire.
Elle pouvait presque entendre le soupir émanant des mots de Kerry quand elle répondit.
Je suis assise à une table en face de Shari et Michelle, et je prends mon mal en patience devant une salade d'endives avec en perspective du blanc de poulet sur du riz pilaf.
Eurk. Dar étendit ses jambes au soleil et les croisa. Et bien, je suis assise près de l'Hudson, et je viens juste d'envoyer une vagabonde à notre bureau local pour qu'elle trouve du travail.
(rire) Et tu dis que c'est moi la fauteuse de troubles ?
Dar sourit en réflexe. Hé, j'ai pris le métro pour venir ici.
J Sans rire ? C'est pas juste ! Je n'étais même pas là pour venir avec toi !
Sa gorge se serra. Dar respira un grand coup et fit tourner le stylet entre ses doigts avant de répondre. Il n'y avait personne pour me voir détaler comme une poule mouillée !
L Mais tu ne l'as pas fait.
Vrai. Ouais, surtout que ce foutu truc s'est coincé trois fois pendant que j'étais dedans. C'est officiel, il ne m'aime pas. Dit Dar. Bon, je vais aller visiter l'Intrépide, ensuite peut être que j'irai trouver un stand de hot-dogs pour me rendre malade.
(petit rire) Prends-en un pour moi, vu que je dois supporter une vinaigrette rance. Hé – achète moi un béret de marin que je puisse voir danser avec mon hamster grandeur nature.
Oh, Mon Dieu. Dar se mit à rire, sa bonne humeur revenue. Très bien. Garde ton calme et va prendre un hamburger après la réunion. C'est ce que je ferais.
D'accord Je t'aime.
Dar sentit une chaleur identique à celle de l'extérieur la réchauffer de l'intérieur. Je t'aime aussi. Elle envoya le message, et se leva, étirant son dos avant de se diriger vers l'impressionnante structure du porte-avion.
Un béret de marin, hein ? Dar regarda autour pour trouver un vendeur, et pas seulement pour sa compagne. New York, décida-t-elle, était potentiellement intéressant après tout.
* * * * *
Le déjeuner était aussi aigre que la vinaigrette. Kerry s'essuya les lèvres avec sa serviette et la remit à sa place sur ses cuisses Elle n'avait même pas encore goûté au poulet, qui paraissait sec, même avec la petite sauce citronnée qui le recouvrait. Elle prit une gorgée de thé glacé à la place, et elle calma son estomac gargouillant avec des petits pains et du beurre à priori sans danger dont la table était garnie.
Révolus étaient les jours, songea-t-elle, où elle pouvait se contenter d'une poignée de carottes et d'un peu d'eau. Elle aimait toujours en grignoter, et elle avait même réussi à en faire manger à Dar, mais ça ne lui suffisait plus comme repas, pas plus que ce prétentieux rebut de jardin et ces bouts de poulet rabougris. 
Beurk. Kerry s'adossa et sirota un peu de thé. La conversation était vraiment légère autour de la table, et elle ne prêtait qu'une oreille distraite à la discussion sur la mise en service anticipée d'un nouveau système d'exploitation pour serveur.
« Hé, Kerry ? »
Kerry leva les yeux vers un autre de leurs concurrents, un peu plus agréable que les autres et avec qui elle s'entendait plus ou moins bien. « Oui, Ross ? »
« Votre équipe n'utilise qu'un seul système ? J'ai entendu dire que vous étiez mono-marque. »
« Nan. » Kerry secoua la tête. « On a un peu de tout, ça dépend de l'application. On supporte trop de compagnies différentes pour n'avoir qu'un seul système. » Dit-elle. « Des serveurs centraux, des minis-serveurs, six évolutions d'Unix, la gamme complète de Microsoft, quelques évolutions Novell, pour en nommer quelques uns. »
« Ça doit être un cauchemar pour le support. » Dit Ross Cunningfurth avec un sourire.
« La formation prend une grosse partie de mon budget. » Répliqua simplement Kerry. « Mais ça en vaut la peine. On est au point sur tout – j'ai six centres principaux de support qui assurent le backup pour chacun des autres. »
« Six ? »
Kerry fit un geste vague de la main. « Au niveau international. »
« Merde. » Ross se contenta de secouer la tête avec un petit rire.
« Ouais, mais comment pouvez-vous penser à donner un service personnel à vos clients avec une affaire de cette taille ? » La voix de Shari était méprisante. « Vous travaillez à la chaîne. »
Kerry se demanda pendant un instant si elle allait engager le débat. Mais avant qu'elle puisse se décider, Mark prit la parole quasiment pour la première fois de l'après-midi.
« Ce n'est pas si dur. » Dit le chef GSI. « On a un système qui fait le profil de tous les différents comptes et systèmes, alors  peu importe qui répond au client, il a tout l'historique en quelques clics. » Il haussa les épaules. « Ce qui compte c'est qu'on vous transfère vers quelqu'un qui saura régler le problème. C'est aussi simple que ça. »
« Exactement. » Kerry reprit la discussion en douceur. « Mais ça vous le savez tous. Ce n'est pas de la science de pointe. » Ajouta-t-elle. « On garde les surdoués pour les équipes  d'aide. »
Mark se mit à rire.
« Alors... c'est quoi cette histoire avec le nouveau système que vous avez annoncé ? » Demanda Ross. « Bud, là, était à l'expo, et il a dit que Dar avait appris aux routeurs à penser tout seul ? »
Shari rit et dit d'un air moqueur. « C'est des conneries tout ça. »
Kerry regarda de l'autre côté de la table et croisa le regard de Michelle. La femme détourna le regard, puis elle soupira et poussa sa compagne du coude. Shari la regarda d'un air outragé, mais Michelle baissa le menton et la fixa jusqu'à ce qu'elle lâche prise.
« Dar travaille sur beaucoup de nouveautés technologiques. » Continua finalement Kerry après l'interruption embarrassante. « Je ne peux pas vous dire grand chose là-dessus, mais il est juste de dire que nous sommes très agressifs quand il s'agit de dépasser les limites de notre nouveau matériel. »
« Ouais, j'imagine bien ce que vous avez vendu au gouvernement sur le dos de nos impôts. » Shari fixa Kerry. « Combien de millions vous a donnés la Navy ? »
Garce. Kerry posa son coude sur le bras de son accoudoir et posa son menton sur sa main. « Et bien... » Elle s'adressa directement à Shari cette fois. « Étant donné que le système qu'ils utilisaient jusqu'à présent était celui que Dar avait dessiné quand elle avait quinze ans, je pense qu'ils se sont dits qu'il était temps de le mettre à niveau. » Un scintillement mauvais apparut dans les orbes verts. « Ça a été un très bon contrat pour nous. J'ai aimé travailler dessus. Ça m'a fait plaisir de savoir que nous avons fait de notre mieux pour les gens qui défendent notre pays. »
Shari leva les yeux au ciel.
« Bon, si vous avez fini. » Quest apparut, ses cheveux en désordre, comme s'il avait passé ses mains dedans à plusieurs reprises. « Continuons cette réunion. J'ai plusieurs choses dont il faut qu'on s'occupe. »
Kerry se leva joyeusement, repoussa sa chaise et jeta sa serviette sur son assiette quasiment intacte. « Ça sera assurément avec plaisir. » Elle fit signe à Mark de la précéder, et elle accéléra le pas pour éviter Ross tandis qu'ils se dirigeaient vers la porte.
A l'extérieur elle toucha brièvement le bras de Mark. « Vas-y, je m'arrête deux minutes. » Elle lui indiqua les toilettes.
« Okay. » Mark acquiesça. « Mais tu reviens ensuite, pas vrai ? » Demanda-t-il avec un regard ironique. « Je veux dire, tu veux que j'appelle le centre et qu'ils nous rappellent pour un faux désastre qui nous ferait sortir d'ici ? »
Kerry plissa les yeux. « Ne me tente pas. » Murmura-t-elle en lui donnant une petite tape. « Vas-y. Peut-être que Quest va nous lâcher un peu et qu'il va faire court. »
Mark continua vers l'escalier, et elle se tourna après un moment pour se diriger vers la porte des toilettes. Elle entendit des pas venir vers elle, et elle sentit une sensation bizarre grimper le long de sa nuque alors qu'elle imaginait que c'était Shari.
Son cœur commença à battre plus fort et elle ressentit la même appréhension dans son estomac que quand elle se battait en cours de kick-boxing, une réponse au défi qui lui fit serrer les poings dans une réaction soudaine.
Elle s'avança et saisit la poignée de la porte, l'ouvrit et la tint pour non pas Shari comme elle le pensait, mais Michelle, qui la suivait, et elle se retourna à moitié pour faire face à sa poursuivante.
Peut être que Michelle avait compris l'avertissement. Elle recula rapidement et attendit, observant Kerry avec un regard un peu inquiet. « Désolée. »
Kerry jeta un coup d'œil derrière Michelle, et s'assura qu'elle étaient seules. « Où est votre stupide moitié ? » Demanda-t-elle franchement. « Elle n'est pas venue avec vous pour critiquer le papier toilette ? »
Michelle soupira, et passa devant Kerry qui tenait toujours la porte ouverte. « Je ne vais pas répondre à ça. » Dit-elle. « On a tous nos problèmes. »
« Ce n'est pas un problème. » Kerry la suivit à l'intérieur et se dirigea vers un box. « C'est un cerveau de la taille d'une noix et un ego de la taille d'une forêt. » Elle ferma la porte d'un geste. « Et un manque total de professionnalisme qui vous fait passer pour des imbéciles. »
Michelle s'éclaircit la voix. « Allez, Kerry. Dites-moi ce que vous ressentez vraiment. Ne vous cachez pas. »
« Allez vous faire voir. » Lança Kerry. « Vous avez été sur mon dos toute la semaine. Grandissez un peu, bon sang. »
Silence de mort.
Kerry attrapa son PDA avec joie et relut les quelques messages  de Dar qu'elle avait sauvegardés, des formules concises qui faisaient souvent naître un sourire sur son visage.
« Et bien, je vois qu'on vous a vraiment mise en colère. » Dit finalement Michelle après un long silence. « La vraie Kerry Stuart se montre. » Elle fit couler un peu d'eau dans le lavabo, faisant un léger écho. « Écoutez, Shari pense qu'elle a le droit d'essayer de ternir votre réputation quand elle le peut. Les affaires sont les affaires, non ? »
« Shari fait ça parce qu'elle en veut à Dar. » Répliqua Kerry sur le même ton. « Ça n'a rien à voir avec les affaires et nous le savons toutes les deux. »
Michelle s'éclaircit la gorge doucement. « Elle a un point de vue personnel, » Fit-elle remarquer. « C'est admissible. »
Kerry réapparut et s'appuya contre la paroi des toilettes pour faire face à son adversaire. « Moi aussi j'ai un point de vue personnel. » Dit-elle à Michelle. « Vous voulez que je vous rappelle cette réunion où vous avez dragué Dar et où vous avez essayé de vous glisser sous sa jupe ? Ou quand vous avez essayé de lui faire du chantage en envoyant des photos de nous au siège de la société ? Ou quand... »
« Okay. » La voix de Michelle était sèche et dure. « On se détend. »
Kerry attendit, les yeux rivés sur la femme en face d'elle. Après un long moment où aucune des deux ne dit rien, elle se rapprocha. « Ecoutez-moi bien. » Dit -elle d'une voix légèrement plus basse que d'habitude. « Vous voulez qu'on reste civilisé ? Ça me va très bien. Je veux qu'on reste civilisé. Je veux que la concurrence soit rude, et que la meilleure offre l'emporte. Est-ce qu'on pourrait mettre les rancoeurs personnelles de côté ? »
Michelle recula et s'appuya contre le mur. « C'est pour ça que Dar s'est échappée ? Ça devenait trop chaud pour elle ? »
Kerry leva les yeux au ciel. « Seigneur. » Elle leva les mains. « J'abandonne. Très bien. On ouvre le bal des garces. Mais soyez sûre de savoir où trouver un abri quand je vais commencer à taillader. » Elle se tourna et se dirigea vers la porte, mais Michelle la contourna et lui barra la route. « Vous ne voulez vraiment pas être sur mon chemin, Michelle. »
« Okay – okay – okay. » Graver passa une main dans ses cheveux, dérangeant sa coiffure soignée. « Écoutez, comme vous, moi aussi j'ai un intérêt dans tout ça. Vous n'aimez peut être pas ses méthodes, mais je respecte les talents de Shari en Marketing, et c'est en grande partie grâce à elle que nous avons progressé cette année. »
Kerry posa a main sur la porte et commença à pousser.
« Ouais, okay – elle est un peu à cran avec Dar, mais je pense que c'est mutuel, non ? » Persista Michelle. « Elle a une dent contre elle et elle a maintenant l'opportunité de faire virer Dar, exactement comme Dar l'a fait virer. C'est humain. »
Kerry arrêta de pousser. « Michelle. » Dit-elle calmement. « Est-ce qu'elle vous a déjà dit pourquoi Dar l'avait fait virer ? »
La femme secoua la tête légèrement. « Est-ce qu'elle avait besoin d'une raison ? »
« Dar a toujours une raison. » Kerry poussa encore une fois et se retrouva dans le hall clair et bruyant de l'hôtel. « Vous voulez que ça devienne méchant ? » Elle se tourna et regarda Michelle. « Je peux rendre ça méchant. Dar est honnête et franche. » Elle lui sourit d'un air sinistre. « Je suis la fille d'un politicien. Vous vous attaquez à moi à vos risques et périls. »
Ce fut si bon de se retourner et de simplement traverser le hall en ayant conscience des yeux de Michelle vissés sur son dos. « Garce, garce, garce. » Lâcha-t-elle dans un souffle alors qu'en montant les escaliers du deuxième étage vers les salles de conférence. « Il y a des jours où je regrette de ne pas avoir écouté mes parents et être devenue institutrice. » Elle atteignit le haut des marches et elle se retourna pour voir Michelle et Shari qui se tenaient à côté des toilettes, apparemment en pleine discussion animée. « Hé. Mais aujourd’hui n'en fait pas partie. » Elle tapota la rambarde puis continua son chemin vers la salle de conférence dont les portes étaient grandes ouvertes.
Et tandis qu'elle passait le seuil, la lumière dans l'hôtel s'éteignit, laissant la pièce, et le reste du bâtiment dans l'obscurité la plus totale.
* * * * *
Il y avait assez de brise pour que Dar puisse s'installer confortablement, permettant au soleil de cette fin d'après-midi de la baigner dans la lumière curieusement pâle. Après une promenade au parcours complexe, deux sacs  plein de souvenirs touristiques et un estomac rempli de crème glacée vanille-cerise, elle était satisfaite.
La vie était belle.
Le musée l'avait charmée, et elle était presque sûre que tous ces bibelots allaient charmer sa famille.
Sa famille. Dar dut s'arrêter et prendre une inspiration, qu'elle relâcha doucement en pensant à combien sa famille comptait dans sa vie maintenant. Elle avait un modèle de sous-marin et un pull pour son père, une navette spatiale et un tee-shirt qui disait 'mon mari est dans la Navy et je n'ai eu droit qu'à ce tee-shirt et à un seau d'algue' pour sa mère, et un sac rempli de seul Dieu savait quoi pour Kerry. Même Chino avait eu droit à son jouet.
C'était un changement radical pour elle, d'avoir tellement de personnes pour qui acheter des trucs. Dar attrapa la petite capsule spatiale Apollo en se disant que Chino allait la détruire en peu de temps, et elle l'examina, la secouant doucement entre ses doigts pour écouter le petit bruit de couinement.
Faire du shopping était nettement plus amusant maintenant. Dar sourit. Elle s'était pris quelques trucs pour elle, mais elle retirait bien plus de plaisir à acheter des choses pour les autres, et en particulier pour sa compagne.
C'était des trucs idiots. Mais Dar était certaine que Kerry allait les adorer, et qu'un bon nombre d'entre eux allaient trouver leur chemin jusqu'à son bureau pour se retrouver perchés dans des endroits inattendus. Les heures d'exploration lui avaient rendu sa bonne humeur, autant que les moments de douce indulgence pour les vieux souvenirs que lui rappelait l'odeur de cuivre et de diesel.
En fait... Dar attrapa son PDA bien trop silencieux, l'ouvrit, y gribouilla une petite note et l'envoya d'un geste. Elle attendit un petit moment, mais elle n'eut aucune réponse, et elle se dit que Kerry devait probablement être encore occupée avec la réunion, ou qu'elle s'était endormie dans la salle de conférence, mais que tout allait probablement bien.
Dar décida qu'elle s'était assez reposée, et après s'être étiré les mollets plusieurs fois, elle se leva et attrapa ses sacs, puis elle reprit sa route vers la ville et s'éloigna des quais. Alors que la soirée approchait, le nombre de piétons augmentait, et les gens pressés se détendaient à la fin de leur journée de travail.
Et bien, si elle était coincée à New York, au moins elle avait eu son après-midi de libre. Dar flânait sur les trottoirs quand un bar attira son attention. Après un moment d'hésitation, elle haussa une épaule et entra pour trouver un coin tranquille où s'installer.
Elle s'assit sur un haut tabouret, laissa tomber les sacs à ses pieds et posa ses avant-bras sur la table ronde en bois alors qu'une serveuse s'approchait rapidement. « Salut. »
« Qu'est-ce que je peux vous servir ? » Demanda la jeune femme en déposant une petite serviette en papier près du coude de Dar.
Du lait ? Dar jeta un coup d'œil à l'endroit, d'où émanait une atmosphère de taverne qu'elle pouvait presque sentir sur sa peau. Hmm. Son regard tomba sur un robinet de bière, et elle reconnut le nom d'une marque que Kerry appréciait. « Ah, je vais prendre une Killian. » Décida-t-elle, en levant les yeux vers le tableau des suggestions près du bar. « Et une assiettes d'ailes de poulets. »
« Pas de problème, c'est noté. » La femme lui lança un regard approbateur. « Je reviens tout de suite. » Elle retourna vers le bar, laissant Dar apprécier pleinement l'endroit.
Les bars n'étaient en général pas des endroits où elle aimait traîner. Du moins pas toute seule. Par égard pour le penchant de Kerry pour la bonne bière, elle accompagnait sa compagne dans les pubs sans broncher et elle aimait ça, mais plus pour la bonne compagnie que pour l'alcool.
Une télévision était allumée au-dessus du bar, et elle se détendit en regardant le match de basketball diffusé, un peu surprise de trouver des équipes féminines. Une barre de nouvelles défilait sous l'image, mais elle l'ignora, jusqu'au moment où un mot familier attira son attention.
Miami.
Dar se pencha en avant et se concentra sur les nouvelles, plissant légèrement les yeux pour pouvoir lire les mots.
Elle comprit très vite. « Nom de Dieu. » Lâcha-t-elle avec humeur. « Pourquoi diable ne m'a-t-elle pas appelée ? » Dar détacha sa ceinture et pressa la touche d'appel rapide, attendant qu'il se connecte avant de le coller à son oreille.
Il y eut huit sonneries avant qu'elle ait une réponse, et puis elle entendit soudain un bruit de cliquetis et un sérieux juron aux accents  du Middle-West.
« Que Dieu bénisse le laitier... oui allô ? » Grogna Kerry dans le téléphone, avec le ton de quelqu'un qui semblait à bout.
Dar attendit un moment puis elle soupira. « Je t'aime. »
Après quelques instants de silence, un léger grognement traversa la ligne, et Dar reconnut le bruit de Kerry quand elle se laissa tomber dans son fauteuil en cuir.
« Seigneur. » Soupira Kerry.
« Non, ce n'est que moi. » Répondit Dar. «  Je viens juste de voir les titres à la télé. Comment ça va là-bas ? »
« Et bien. » Dit Kerry. « Toute la ville est sans électricité. Chaque employé de l'immeuble a allumé un cierge à ton effigie pour avoir un générateur assez puissant pour remettre en marche l'air conditionné. J'ai un mal de tête de la taille de Jupiter, et Bellsouth a envoyé toute l'énergie de son backup vers un central et une pointe de trafic a mis en rade son autre backup optique, et du coup nous n'avons plus de télécom dans le bâtiment. »
Dar se couvrit les yeux en réaction. « Bon Dieu de merde. »
« « Je comptais t'appeler une fois que j'aurais été certaine que la seule chose que tu puisse faire soit de me tapoter la tête. » Kerry soupira. « J'ai mis tous les trucs critiques sur le satellite, mais... »
« Seigneur. »
« Non, c'est juste moi. » Un autre soupir. « La seule chose bien qui me soit arrivée aujourd'hui, c'est que cette merde de fichue réunion a été annulée. »
La serveuse revint, posa sa bière devant elle et lui fit un petit sourire. « Les wings arrivent, okay ? »
Dar hocha la tête, attrapa sa chope de bière fraîche et en prit une longue gorgée. « Ker... »
« Dis-moi que tu es dans un bar en train de boire une bière et il se pourrait bien que je saute dans un vol pour New York pour te mordre les fesses. »
Dar faillit cracher sa gorgée de bière par dessus la table, mais elle parvint finalement à l'avaler. « Euh... » Elle s'éclaircit la gorge. « Tu veux que je prenne un avion pour revenir ? »
Kerry poussa un soupir audible. « Oui. » Dit-elle d'un ton calme. « Il n'y a rien que je ne voudrais plus au monde que de t'avoir ici près de moi. »
Dar regarda sa montre puis attrapa son PDA. « Donne-moi une minute... laisse moi vérifier les prochains vols... »
« Chérie, calme-toi. » Dit Kerry. « Il y a déjà assez de gens qui sont en colère contre nous ici, est ce que tu veux vraiment qu'un autre client nous en en veuille parce que tu les auras lâché ? »
« Qu'ils aillent se faire voir. » Dar était occupée à programmer son vol.
« Dar. »
« Sans parler du fait que tu es bien plus importante à mes yeux , Kerry, le reste de la compagnie passe avant eux. » Répondit Dar en passant ses options en revue. « Tu aurais dû m'appeler avant. »
« Ouais, je sais. » La voix de Kerry montrait simplement sa fatigue. « Mais j'aime à penser que je suis parfois capable de faire le boulot pour lequel tu me payes. »
Dar s'arrêta au milieu de sa recherche. Elle posa son PDA et se concentra uniquement sur son téléphone. « Kerry, ça n'a rien à voir avec tes compétences. C'est en dehors de la portée de tout le monde. » Elle hésita. « Tu veux que je te laisse gérer tout ça toute seule ? »
Il y eu un très long silence. Finalement, avec quelques faibles reniflements, Kerry reprit. « Professionnellement ? Oui. »
Dar grimaça.
« Personnellement, non. » Continua simplement Kerry. « Alors qu'est-ce que je devrais faire ? Est-ce que tu pourrais me donner quelques conseils que je puisse essayer de faire la paix avec moi-même ? »
Au moins ça mettait le problème dans une perspective qu'elle pouvait plus facilement gérer. Dar souffla après avoir retenu son souffle, et elle mit de l'ordre dans ses pensées, en prenant une gorgée de bière tout en réfléchissant. « Okay. » Dit-elle. « Je suppose que le plus gros problème, ce sont nos lignes coupées. »
« Ouais. »
« Et je suppose que tu as déjà menacé et intimidé tout le monde à Bellsouth pour avoir la priorité. »
« Mmmph... ouais. Le problème c'est que c'est les urgences qui sont prioritaires, pas nous. »
C'était vrai. « Okay. » Dar ferma les yeux et réfléchit. « Le commutateur en rade est hors de portée pour toi... mais est-ce que l'autre central est simplement éteint ? »
« Ouais. »
« Envoie Mark à Home Depot et dis-lui d'acheter leur plus gros générateur, puis tu l'amènes dans le local et tu forces le groupe pour le mettre à pleine puissance. »
« Ils ne nous laisseront jamais faire ça. »
« Ne leur demande pas. » Dit Dar calmement. « Tu y vas, tu entres et tu ne te contentes pas d'un 'non' comme réponse. »
« Ils vont penser qu'on est timbré. »
« Ouais. » Dar acquiesça. « Mais nos clients penseront qu'on fait des miracles. »
Un léger bruit de clavier traversa la ligne, accompagné d'un léger reniflement. « Tu as raison. » Dit Kerry après que les cliquetis se soient arrêtés. « J'aurai dû t'appeler plus tôt. » Admit-elle. « Fichtre. »
Kerry avait fait tout ce qui était humainement possible, Dar en était sûre. Elles avaient traversé ensemble assez de crises pour qu'elle fasse confiance de manière implicite au jugement de sa compagne. Mais parfois, quand Kerry se retrouvait face à l'improbable et qu'elle était soumise à beaucoup de stress, il arrivait que son premier instinct ne lui dicte pas de sortir des sentiers battus.
C'était toujours ce que Dar faisait en premier. « C'est bon, ma chérie. » Elle essaya de plaisanter. « C'est pour ça que tu me payes autant, tu te souviens ? »
Elle fut récompensée par un petit rire.
« Je n'aurais appelé personne non plus. » Admit Dar. « Je n'ai jamais été capable de le faire. Alors... »
« C'est l'hôpital qui se fout de la charité. » Kerry soupira ironiquement. « Je peux te tenter avec des macaroni au fromage ? »
Dar se détendit un petit peu, et les nœuds dans son estomac se détendirent légèrement quand elle sentit les battements de son cœur se calmer, cessant de cogner douloureusement dans son crâne. « Ça paraît super. »
Kerry étouffa un petit rire. « Tu peux me faire une faveur ? »
« Tout ce que tu veux. » Répondit Dar. « J'ai les horaires des vols devant moi. Mon offre tient toujours. »
Kerry resta calme pendant un moment et Dar lui donna un peu de temps pour débattre avec elle-même. Et puis finalement, elle grogna doucement. « On passe un accord. Si ça ne marche pas, je t'appelle et je te donne directement l'heure du prochain vol okay ? »
Un compromis. Dar l'accepta à contrecœur. « Tu sais que je vais m'inquiéter toute la nuit, pas vrai ? » Dit-elle quand même.
« Je sais. » Lui dit sa compagne. « Mais si ça marche, je mettrai une annonce d'une page complète dans le Herald, et je dirais à tout le monde quelle personne futée et étonnante j'ai comme patron. »
« C'est supposé me faire me sentir mieux ? »
Au moins ça fit rire Kerry, même si ce fut bref. « Ou peut-être qu'ils vont remettre en route le réseau électrique, Dar. Avoir toute la ville sans courant génère plus de pression sur les huiles que tout ce que je pourrais faire. »
« Mmph. »
« Je t'appelle dès que je sais quelque chose d'autre. » Continua Kerry. « C'est promis. »
« Okay. » Dar soupira. « Montre-leur de quoi tu es capable, Ker. »
« Je t'aime. »
« Je t'aime aussi. » Dar raccrocha à contrecœur, ses pensées se bousculaient dans son esprit. Elle leva les yeux quand un plat de wings apparut devant elle, et elle croisa le regard de la serveuse.
« Vos ailes de poulet. » Dit la femme.
Si seulement je pouvais en avoir une paire. Dar hocha la tête en réponse, fixant les morceaux croustillants et dorés devant elle. Elle poussa un soupir avant d'en attraper et de le tourner dans ses doigts, complètement désintéressée par tout ce qui n'était pas la voix évanouie à l'autre bout de son téléphone éteint.
* * * * *

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Commentaires
L
C'est cool de lire les aventures de Kerry et Dar, j'attends la suite avec une très grande impatience. Je dévore leurs histoires et je me perds dedans.<br /> Vite, vite la suite
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G
Merci à vous pour les gentils commentaires ! ;)
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G
Peu importe l'attente. C'est toujours un plaisir de retrouver la suite des aventures de Dar et Kerry. Merci de traduire ça pour nous.
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X
Merci mille fois pour tes traductions gros bisous
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