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5 juillet 2010

Infidélité, de Gaxé

 

 

 

 

 INFIDELITE

 

De Gaxé

 

 

 

 

 

Ne t’en va pas, ne me laisse pas. Je t’en supplie, reste avec moi !

 

Je sais, je n’ai pas été la meilleure des compagnes pour toi. Je connais mon égoïsme. Je suis assez lucide pour voir tous mes défauts, tous mes travers. Mais si j’ai une qualité, c’est de t’aimer.

 

Tu es sans doute trop belle, trop douce, trop prompte à pardonner pour une femme comme moi qui suis tout le contraire de toi. Je n’ai ni ta patience, ni ta tendresse, ni ta compassion, ni ta capacité à comprendre et à pardonner. Je ne suis qu’impatience, brusquerie, impulsivité…

 

Rappelle-toi, quand nous nous sommes connues, tu me plaisais tant que je voulais tout de toi, tout de suite, alors que tu souhaitais d’abord voir où cela allait nous mener. Fallait-il que je t’aime pour accepter d’attendre, ou même pour avoir l’idée de t’offrir des fleurs ! Ce n’était pas mon genre, je n’en avais jamais offert à personne. Mais toi, avec ton si beau sourire, tes jolis yeux, ta main qui caressait ma joue…

 

Ne t’en va pas, ne me laisse pas !

 

Je t’ai trompée… Que dire pour ma défense ? Que je n’ai aucun sentiment pour elle et que tu es la seule qui compte pour moi ? Quelle importance ? Pourtant, c’est la vérité, tu es la seule dans mon cœur, la seule et unique. Mais je l’ai fait et je ne sais même pas pourquoi. Parce qu’elle était jolie, qu’elle me voulait… C’était si évident, elle n’arrêtait pas de me tourner autour, comme une abeille autour du miel. Moi, je la regardais faire et je me sentais flattée, ma vanité prenait le dessus.

Oui, elle était jolie. D’une manière différente de la tienne, mais elle l’était. Et surtout, elle a vite compris que je n’étais pas une sainte, que j’étais incapable de résister à la tentation. J’ai essayé pourtant, je te le jure. J’ai pensé à toi, aux sentiments que tu m’inspires. Mais elle était toujours là, à me sourire, à me frôler du bout des doigts, à me murmurer que ce que tu ignorais ne pouvait pas te faire de mal. Et elle m’a convaincue, ou plutôt, je me suis laissée convaincre. Par faiblesse, par envie de vivre autre chose, par stupidité…

Je pensais que ça n’aurait pas d’importance, juste une heure ou deux dans l’après-midi, quelques moments de plaisir volés à une vie un peu trop routinière. Et c’est bien ce que ça a été, un plaisir vif et passager. Ca n’avait rien de comparable à ce que je connais avec toi. Son corps était aussi beau que je le supposais, elle était sensuelle, et exigeante, et insatiable. Sa peau était douce et pendant ces quelques instants, je t’ai oubliée. J’ai honte de l’avouer, mais c’est bel et bien ce qui s’est passé.

Pourtant, je n’arrivais pas à être satisfaite, elle m’a donné un plaisir intense, et je lui en ai offert tout autant, mais il me manquait quelque chose. Quelque chose que je n’ai jamais trouvé ailleurs que dans tes bras, quelque chose que j’ai du mal à définir exactement. Peut-être la sérénité que je ressens après l’amour avec toi, ou peut-être parce que la culpabilité émergeait déjà.

 

Je me suis sentie coupable, oui. C’est une piètre consolation pour toi sans doute, mais c’est un fait. Cette fille que je trouvais jolie et attirante m’a dégoûtée immédiatement après, et je ressentais la même chose pour moi-même. Je croyais que je pourrais effacer ça de ma mémoire, mais c’est le contraire qui s’est produit. J’y pensais constamment, et elle ne se privait pas de me le rappeler, chaque fois que je la croisais. Elle me souriait d’un air narquois, me faisait des petits clins d’œil, me murmurait qu’elle n’attendait qu’un signe de moi pour recommencer… Jusqu’au jour où je l’ai rembarrée sans ménagement. Je ne voulais plus la voir, je ne supportais plus sa présence qui me rappelait ma faute. J’étais si pleine de remords que j’aurais fait n’importe quoi pour te faire plaisir. Je crois avoir toujours été plutôt gentille avec toi, mais là, j’en faisais tant que ça t’a intriguée, je me rappelle que tu m’as demandée plusieurs fois si quelque chose n’allait pas. Je haussais les épaules et je te souriais en te disant que je t’aimais. Ce n’était pas un mensonge, je te le jure. Je t’aime vraiment, comme je n’ai jamais aimé personne. J’espérais qu’avec le temps, ma culpabilité disparaîtrait, ou du moins s’amenuiserait. Mais j’avais tort, ça empirait de jour en jour.

Et puis hier, elle est revenue à la charge. Elle est entrée dans mon bureau, a fermé doucement la porte et s’est approchée de moi d’une démarche sensuelle qui ne laissait aucun doute sur son désir de séduction. Je l’ai toisée sans aucune amabilité, mais elle ne s’est pas laissée décourager et est passée derrière moi pour entourer mon cou de ses bras en mordillant délicatement mon oreille, Je me suis levée, me suis retournée et je l’ai repoussée avec brusquerie. Ca l’a vexée, je l’ai vu dans son regard, mais je n’en avais rien à faire. Elle a insisté encore une fois en se rapprochant pour essayer de m’embrasser. J’ai reculé si vivement, que je me suis cognée contre le mur. Elle m’a foudroyé du regard et est sorti de la pièce en me disant que je le regretterai. Et apparemment, elle savait quoi faire pour se venger.

 

Je t’en prie Gabrielle, ne me laisse pas ! Je reconnais que j’ai tous les torts, que je n’ai aucune excuse, mais pardonne-moi !

 

 Elle est venue te voir ce matin, elle t’a tout raconté. Et tu ne t’es même pas mise en colère après moi. Quand je suis rentrée, tu étais simplement là, à me regarder avec des yeux pleins de reproche, avec des larmes qui coulaient doucement sur tes joues. Je t’ai fait mal et je le sais, mais quand je t’ai tendu les bras et que tu t’es détournée de moi, j’ai cru que j’allais mourir de chagrin.

Ne me laisse pas, je t’en prie !

 Je te jure que ça n’est arrivé qu’une seule fois, je te jure que je n’y ai pas attaché d’importance, c’était juste… Ce n’était rien d’autre qu’une stupide faiblesse de ma part, un moment d’égarement !

Je te promets que ça n’arrivera plus jamais, que j’ai bien compris la leçon. Pardonne-moi, je me suis comportée comme une idiote, et je ne mérite sans doute pas de t’avoir à mes côtés, mais je t’aime.

 

Ne t’en va pas, regarde autour de toi ! Regarde cet appartement, cette pièce. Rappelle-toi quand nous avons emménagé, je faisais les peintures du plafond et tu t’es moquée de moi parce que j’avais une tache au bout du nez. Ce jour là, nous avons fait l’amour sous l’escabeau, couchées sur les bâches de plastique qui recouvraient le parquet.

Nous avons tant de merveilleux souvenirs !

 

Souviens-toi de notre anniversaire, il y a quelques semaines seulement, Du repas et de la soirée romantiques que tu avais préparé, des délicieux moments passés sur la terrasse, sous le clair de lune, du merveilleux baiser que tu m’as donné en murmurant que nous aurions encore des dizaines d’années pour célébrer le jour de notre rencontre.

 

 

Ne t’en va pas, je t’en prie !

Je ne sais pas quoi te dire ou te promettre pour te retenir, je ne sais pas quoi faire, je n’attends qu’une seule chose, que tu me dises ce que tu veux et je le ferai, Je te prouverai mon amour de toutes les manières que tu souhaiteras.

 

 

 Tu ne dis rien, tu pleures et tu ne veux pas que je te touche, tu recules dès que je t’approche. Tu fais ta valise, tu veux t’en aller, mais je ne vais pas te laisser partir, je ne peux pas !

Je retire les vêtements que tu mets dans la valise au fur et à mesure, tu ne dis toujours rien, te contentant de me regarder avec tant de chagrin que ça me fait pleurer. C’est la première fois que tu me vois verser des larmes, tu soupires et tu éclates en sanglots. Je te prends dans mes bras, tu me repousses durement et tu cries.

-« Ne me touche pas ! »

Tu retournes à ta valise, tes gestes trahissent ton désarroi et ta colère. Je viens vers toi pour recommencer à défaire ce que tu fais, mais tu me bouscules une nouvelle fois. Cette fois, tu ne cries plus, ta voix est aussi lasse qu’elle est brisée quand tu me jettes :

-« Laisse-moi tranquille, ne rends pas les choses encore plus difficiles. »

Je ne bouge plus, je ne réponds pas. Le dos contre le mur, je me laisse glisser au sol. Tu ne perds pas de temps, semblant savoir exactement ce que tu veux emmener. Tu boucles la valise, tournes ton visage baigné de larmes vers moi en murmurant : « Comment as-tu pu nous faire ça ? » Et puis tu sors de la chambre. J’entends la porte d’entrée s’ouvrir et se fermer et je m’écroule sur le sol.

Je pleure longtemps, une bonne partie de la nuit en fait. Et puis je tape du poing sur la moquette et je me redresse enfin. Je ne vais pas rester là à pleurnicher sur l’amour que j’ai perdu par ma propre faute, je vais me battre et le reconquérir !

 

J’ai pris une semaine de congé, j’ai besoin de temps. Je suppose que tu t’es réfugiée chez ta sœur. Déjà qu’elle ne m’a jamais beaucoup aimée, ça ne va pas améliorer l’opinion qu’elle a de moi. Mais ça n’a pas d’importance, ce qui compte c’est que je connais son adresse. Je m’installe dans la rue, en bas de chez elle et j’attends. Il est encore tôt et je sais que tu ne vas pas sortir à cette heure là, mais je préfère être en avance et attendre plutôt que de prendre le risque de rater ton passage.

Et soudain, je te vois franchir la porte de l’immeuble. Même à quelques mètres de distance comme je le suis, je peux voir que tu as passé une très mauvaise nuit. Tes traits sont tirés, tes yeux cernés, une ride barre ton front. Penser que c’est à cause de moi que tu as si mauvaise mine me dégoûte un peu plus de moi-même. J’inspire profondément et je presse le pas pour te rattraper avant que tu n’arrives à ton arrêt de bus. Je t’attrape par le bras, je parle tout bas.

-« Gabrielle, attends s’il te plaît. »

Tu me regardes brièvement, dégages ton bras d’un geste brusque et te détournes immédiatement, reprenant ta marche comme si je n’étais pas là. Je reprends ton bras et je serre suffisamment fort pour que tu ne puisses pas te dégager cette fois. Tu ne tournes même pas ton regard vers moi quand tu prononces, les dents serrées :

-« Lâche-moi, Léna. Et laisse-moi tranquille ! »

Mais je continue à tenir ton bras.

-« Je t’en prie, Gabrielle, il faut qu’on parle. »

Cette fois, tes yeux se posent sur moi, ils sont pleins de chagrin, mais aussi de colère.

-« Il n’y a rien à dire. Tu m’as trahie. J’avais confiance en toi, je voulais passer ma vie avec toi, et tu m’as trompée. Je ne veux plus te voir. »

Tu te dégages et tu t’en vas si vite que tu cours presque. Je reste bêtement les bras ballants à te regarder t’éloigner puis je pars la tête basse et les mains dans les poches.

 

Je t’envoie une douzaine de roses rouges, à ton bureau. Je sais que tu les aimes, et j’espère que, même si tu ne veux pas me parler, tu apprécieras un peu le geste. Il me faut de longues minutes pour décider quoi inscrire sur la carte, quelque chose de simple qui te fasse comprendre à quel point je t’aime, à quel point je regrette, à quel point je m’en veux… Je ne trouve pas, je me contente d’un « Pardonne-moi », je sais bien que ça ne suffira pas, mais si seulement ça pouvait t’amener à me parler.

 

Je passe la journée à traîner dans les rues proches de ton lieu de travail, j’essaie de m’encourager en me disant que tu m’aimes, que ça ne peut pas finir comme ça, que tu vas me laisser une chance de t’expliquer… Je t’ai fait tellement de mal…

Je suis sur le trottoir lorsque tu finis enfin ta journée de travail. Tu sembles inquiète, je me cache derrière un platane alors que tu parcours la rue du regard avant de t’avancer lentement. Tu n’as pas meilleure mine que ce matin, au contraire tu as l’air encore plus déprimé. Je te suis doucement et je m’aperçois que tu ne prends pas la direction de l’appartement de ta sœur, tu vas exactement dans la direction opposée. Il me faut un long moment avant que je ne comprenne que tu te diriges vers le square où nous avons échangé notre premier baiser. Tu t’arrêtes à seulement quelques mètres du bouquet d’arbres derrière lequel nous nous étions cachées et tu t’assieds sur un banc en mettant ton visage dans tes mains.

Je m’approche doucement, silencieusement, et je m’assieds près de toi discrètement, sans te toucher. Tu pleures, les larmes coulent au travers de tes doigts. J’attends un peu mais tu ne te calmes pas, alors je murmure ton prénom. « Gabrielle ». Tu sursautes, je tends un bras et te prends la main, tu la retires vivement mais tu restes là, à me regarder avec une expression si douloureuse, si pleine de souffrances que je ne peux que baisser les yeux. Et puis tu t’effondres dans mes bras, tu sanglotes si fort sur ma poitrine que ma chemise est trempée. Je ne sais pas quoi faire ou dire pour te consoler, je t’enlace en chuchotant des mots rassurants dans le creux de ton oreille.

-« Chut… Calme-toi ma chérie… Je te demande pardon…. »

Nous restons un long moment ainsi sans nous préoccuper des regards en coin des passants. Quand tes larmes finissent par se tarir, tu te redresses en essuyant tes yeux et tu fais mine de te lever. Je t’attrape par l’avant bras et je te retiens.

-« Ne pars pas ! Laisse-moi une chance, s’il te plaît. Je t’en prie, Gabrielle, je sais que j’ai eu tort, mais ne me laisse pas… »

Tu me regardes un instant. J’essaie de déchiffrer ton expression, de voir ce qui se cache derrière ton chagrin, mais je n’y arrive pas vraiment. De la déception, de la colère sans doute, peut-être de la rancune. Et puis tu secoues la tête et tu parles tout bas, mais suffisamment fort pour que je t’entende.

-« J’avais confiance en toi… »

Je ne sais que répondre, je me sens horriblement mal. J’essaie de te serrer de nouveau contre moi, mais tu refuses de te laisser aller et restes simplement là, la tête basse, frottant tes yeux du bout des doigts. J’attends un moment en silence, te tendant un mouchoir en papier lorsque tu renifles. Tu le saisis en marmonnant un « merci » machinal, te mouches puis me regardes de nouveau, et cette fois, je distingue parfaitement l’amour dans tes yeux rougis, même si j’y vois aussi ta douleur. Je tends une main hésitante et la pose sur ta joue avec toute la délicatesse dont je suis capable. La caresse te fait fermer les paupières une demi-seconde, puis tu te recules, comme si tu regrettais de t’être laissée aller. Tu t’adosses de nouveau contre le banc, les yeux fixés sur les enfants qui jouent non loin de là. Je baisse la tête, cherchant quoi te dire pour te convaincre de me redonner une chance. Tu soupires, et tu fais mine de te lever, mais je ne veux pas que tu t’en ailles, que tu brises le lien fragile et minuscule que nous venons de tisser, là, sur ce banc. Je tends une main pour la poser sur la tienne en murmurant

-« S’il te plaît, Gabrielle… »

Tu grimaces, et je dois tendre l’oreille pour t’entendre chuchoter, si bas que j’ai l’impression que tu te parles à toi-même bien plus qu’à moi.

-« Je pourrais te pardonner, je ne suis pas sûre d’être capable de vivre sans toi. Mais… »

Mon cœur fait un bond dans ma poitrine, je ne peux m’empêcher d’espérer. Je serre un peu plus ta main, tu ne la retires pas, tu me jettes un regard rapide et poursuis

-« Je ne sais pas si je pourrais te faire de nouveau confiance un jour. »

Cette fois tu te lèves en me retirant ta main, mais je ne veux pas te laisser t’éloigner, je me plante face à toi, mes yeux dans les tiens

-« Regarde-moi, Gabrielle. C’est moi, je suis la même. Ca fait dix ans que nous nous aimons, ça ne peut pas disparaître comme ça ! »

Tu secoues la tête dans un geste de dénégation, avec un petit sourire triste qui me brise le cœur.

-« Notre amour n’a pas disparu, ce serait beaucoup plus facile si je ne t’aimais plus. Mais… »

Tu portes une main à ton visage, te frottant la tempe comme si tu avais mal à la tête.

-« J’ai besoin de réfléchir, Léna. J’ai besoin de temps pour savoir si je suis capable de te pardonner, si je peux… non pas oublier, mais ne pas y penser constamment. »

Tu te détournes et tu t’en vas, d’une démarche rapide qui me fait comprendre que je ne dois pas insister. Je te regarde t’éloigner, les bras ballants et furieuse après moi-même, hors de moi comme je ne l’ai jamais été. Je donne un grand coup de pied dans un caillou qui traîne devant moi, puis reprends la direction de l’appartement, les mains dans les poches et le cœur lourd, cherchant quelles solutions s’offrent à moi.

Une fois arrivée, je t’écris. Une longue lettre dans laquelle je t’explique tout ce que je ressens, ma culpabilité, mes remords… Mais j’y évoque aussi nos souvenirs, les nombreux moments de bonheur, mais aussi les périodes un peu plus difficiles, nos quelques disputes. Et je te parle de toi, de ce que tu représentes pour moi, de l’être humain extraordinaire que tu es, de tout ce que tu m’as apporté. Enfin, je te rappelle les projets que nous faisions il n’y a pas si longtemps : Un voyage, une espèce de lune de miel, pour cet été, et peut-être un enfant l’année prochaine. Je termine en faisant ce que je n’ai jamais fait avec qui que ce soit jusqu’à présent, je te supplie de me pardonner, et je te promets de t’attendre, aussi longtemps qu’il le faudra.

Je ferme l’enveloppe qui contient tous mes espoirs et je l’envoie le soir même. A partir de ce moment là, je ne fais plus rien d’autre que t’attendre. Je ne me poste plus en bas de ton bureau, ni dans la rue de ta sœur, je refuse de voir qui que ce soit. Je me contente d’aller travailler chaque jour, de faire quelques courses une fois par semaine, et d’attendre.

 

 

Deux mois. Cela fait plus de huit semaines que je ne t’ai plus vue et je ne sais pas si j’ai encore des raisons d’espérer ou si je dois me résigner. Chaque jour qui passe pèse un peu plus lourd que le précédent sur mes épaules, et si je ne perds pas complètement espoir, c’est seulement parce que, excepté la valise que tu as emmenée le premier jour, tu n’es jamais venue réclamer tes autres affaires. Tes livres, tes DVD, tes CD et une quantité d’autres petites choses sont encore là. Il m’arrive de passer de longues minutes assise devant certains objets, les caressant du regard mais aussi du bout des doigts, comme s’ils étaient une partie de toi.

 

C’est en soupirant profondément que je me lève du canapé sur lequel je suis allongée, et que je me dirige vers la porte d’entrée après la sonnerie inattendue qui m’a fait sursauter alors que je m’assoupissais devant la télévision. Je traîne les pieds, prête à faire décamper l’importun qui me dérange ainsi. J’ai un petit sourire amer en songeant aux premiers jours de notre séparation, à la manière dont je me précipitais à chaque sonnerie du téléphone, à chaque coup frappé à la porte, avec toujours l’espoir de te voir ou de t’entendre. Mais maintenant, je n’ose même plus penser que ce pourrait être toi. Et pourtant tu es là, une expression un peu embarrassée sur le visage. Je m’attends tellement peu à te voir que je reste un instant pétrifiée, retenant mon souffle, à te regarder comme si tu étais une apparition divine. Ca te fait sourire, mais d’une manière un peu crispée, alors que je vois tes mains se frotter nerveusement l’une contre l’autre. J’avance vers toi, prête à tendre les bras et à t’enlacer, mais tu recules d’un pas, levant tes mains paumes tournées vers moi, brisant immédiatement mon élan.

Tu hésites une seconde et ta fébrilité m’angoisse terriblement. Je suis sûre que tu es venue pour m’annoncer que c’est définitivement terminé, que tu ne veux plus jamais entendre parler de moi, que tu as rencontré quelqu’un peut-être…

Je sens mes jambes se dérober sous moi alors que toutes ces pensées me traversent l’esprit, et je m’appuie contre le montant de la porte, essayant de garder une attitude nonchalante bien que tout en moi semble se briser. Et puis, tu commences à parler. Entendre de nouveau le son de ta voix après autant de temps provoque un petit frisson le long de ma colonne vertébrale, frisson que je m’efforce de dissimuler pendant que je t’écoute.

-« Je suis venue pour te donner un rendez-vous, Léna. »

Un rendez-vous ? Je fronce les sourcils, pas certaine d’avoir bien compris. Tu prends une petite inspiration avant de poursuivre.

-« Il y a deux mois, quand j’ai découvert que… » Tu fais un geste vague de la main, indiquant que tu n’as pas envie d’en parler plus explicitement, avant de reprendre

-« Jamais je n’aurais pensé que tu puisses nous faire ça, j’ai eu l’impression que je ne te connaissais pas, que tu n’étais pas celle que je croyais. »

Tu baisses la tête un instant, les yeux fixés sur le carrelage du palier. Je ne sais pas quoi te répondre, la culpabilité qui ne m’a jamais quittée revient en force et je me sens horriblement mal à l’aise. Je reste immobile et silencieuse, et quand tu relèves les yeux et que tu les poses sur moi, c’est moi qui baisse le regard.

-« Je veux savoir si nous pouvons encore nous entendre. Nous nous accordions si bien que ça me donnait parfois l’impression d’un miracle, et… je ne sais pas si… »

Tu lèves tes mains devant toi avant de les laisser retomber doucement, reprenant aussitôt.

-« J’aimerais savoir si c’est encore possible, s’il y a encore un avenir pour nous. »

Ta voix comme ton intonation sont un peu incertaines, mais je ne peux retenir l’espoir que je sens soudain gonfler dans ma poitrine et qui transparaît certainement dans le ton que j’emploie, alors que je te pose la question qui me brûle les lèvres depuis que je t’ai ouvert la porte.

-« Gabrielle… Tu m’as pardonnée ? »

C’est surprenant comme ton regard paraît effrayé, tu secoues négativement la tête, recule d’un pas et murmure « je ne sais pas » d’une voix à peine audible. Et puis, sans transition, tu me donnes le lieu et l’heure du rendez-vous, et, sans attendre que je te réponde, tu t’engages immédiatement dans les escaliers. Je me penche par-dessus la rampe pour te regarder encore quelques secondes. Ce n’est que quand la porte de l’immeuble claque que je rentre lentement dans mon appartement, réfléchissant à cette démarche inattendue tout en essayant de calmer le sentiment d’euphorie que je sens monter en moi.

Pour la première fois depuis deux mois, j’ai l’impression d’apercevoir une lueur au bout du tunnel, je crois comprendre pourquoi tu souhaites organiser cette rencontre. Je me sers un verre de soda et pose le verre sur mon front pour en sentir la fraîcheur, puis m’assieds sur le canapé sans pouvoir retenir un petit sourire optimiste. Tu veux tout simplement que nous refassions connaissance, que je te fasse la cour sans doute, que je te reconquérisse.

J’appuie ma tête en arrière, contemplant le plafond, sirotant lentement mon soda en imaginant l’entrevue à venir, je t’amènerai une rose rouge, te regarderai sourire et peut-être que tu me laisseras te prendre la main…

 

 

 

 

Pour cette première rencontre, tu as choisi un petit café où nous ne sommes jamais allées ensemble, ce n’est pas un endroit que nous fréquentions. J’entre et je parcoure la salle du regard. Tu n’es pas là, mais j’ai une dizaine de minutes d’avance. Ma rose à la main, je me dirige vers le fond de la salle, choisissant une table un peu éloignée des autres mais d’où je peux surveiller facilement la porte d’entrée et guetter ton arrivée.

Tu viens avec un peu de retard, mais je te soupçonne de l’avoir fait exprès, tu connais mon manque de patience. Je t’accueille d’un sourire…

 

 

 

Ca a été long, très long. Pendant très longtemps, tu as été un peu méfiante avec moi, distante, comme si tu ne voulais pas te laisser aller. Mais à aucun moment je ne me suis inquiétée. Tu acceptais de me voir et c’est tout ce qui importait. Et puis, un soir, au bout d’environ six mois, je t’ai entraînée sur les quais. Je me suis agenouillée devant toi et je t’ai fait une déclaration. J’avais répété pendant des jours, je ne voulais surtout pas bafouiller. Et tu as apprécié. Tu m’as tendu les bras, m’as relevée et m’as serrée contre toi, longtemps. Ensuite, tu m’as embrassée, enfin.

Ca a été long, très long. Mais aujourd’hui, nous sommes de nouveau là, ensemble. Tu es couchée contre moi, encore endormie, un petit sourire errant sur tes lèvres. Je me penche vers toi, je caresse ton ventre, soupirant de plaisir lorsque je sens le petit coup contre ma paume. Les mauvais jours sont loin maintenant et ne reviendront plus, je me le suis promis et je te l’ai promis à toi aussi. Je me rallonge et je ferme les yeux en souriant, rêvant à notre avenir. Je ne pourrais pas être plus heureuse.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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