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27 août 2017

Cible mouvante, partie 16, chapitre 33

MOVING TARGET par Melissa Good 

CIBLE MOUVANTE

Partie 16

Traductrice : Gaby

 

Chapitre 33

« Hey, Tout-moche ! »

Andrew leva les yeux de la caisse qu'il était méthodiquement en train de vider, supposant que la voix s'adressait à lui. « Ouaip ? »

Le superviseur s'approcha rapidement vers lui. « Hé, écoute... tu te souviens de ce truc que tu m'as dit à propos de ces factures ? Vous en avez reçus d'autre dans ce genre ? »

Andrew s'appuya sur sa caisse et considéra l'homme d'un œil perspicace. « Peut-être. Vous avez quelque chose de mieux à me faire faire que ce bordel avec ces caisses ? »

L'homme se mordilla la lèvre. « Et bien, je pourrais... j'ai pas envie de te laisser partir de ce poste parce que t'es le seul gars qui ne râle pas à longueur de journée, mais je peux te mettre la moitié de la journée ici et l'autre dans le bureau, qu'est-ce que t'en dit ? »

« Ils ont du café à l'intérieur ? »

L'homme gloussa. « Oui. »

« Très bien. » Andy hocha la tête. « J'ai vu des poids-lourds arriver ce matin. »

« Sans blague. Tous ces foutus informaticiens avec leurs milliers de pièces et pas un seul registre. Allez viens. » Le superviseur lui fit signe de le suivre. « On va voir ce qu'on peut faire pour que ça ne devienne pas un bordel monstre. »

Andrew le suivit volontiers, laissant derrière lui sa caisse pleine de boulons et d'écrous, et il sortit de l'entrepôt de stockage pour émerger dans la lumière du soleil. Il était encore tôt en ce mercredi matin, mais il était heureux de sortir de ce bâtiment bruyant et chaotique pour pouvoir faire quelque chose de plus intéressant.

Pas qu'il n'ait jamais vidé de caisses. Il avait vidé plus de caisses que Dar n'avait de cellules grises, mais le boulot était plutôt limité côté mental, même s'il demandait beaucoup d'efforts physiques.

Ils entrèrent dans la caravane utilisée comme bureau. C'était petit et à peine rafraîchi par un climatiseur mural surmené, et quatre hommes transpirants étaient assis devant de vieux bureaux en bois pour travailler.

« Hé Brady... donne-moi ce dossier. » Le superviseur tendit la main et quand l'objet en papier recyclé lui fut donné, il se tourna promptement et le fit passer à Andy. « Voilà... vois ce que tu peux faire avec ce truc. Ça ressemble à du grec pour moi. Je m'y connais en tapis roulant, en marteaux ou en pièces de machines... mais ce truc c'est incompréhensible. »

Andy ouvrit le fichier et étudia la première page. « Bon. » Il renifla pensivement. « Ma gosse est du genre de ces accros de l'informatique. Je pense que je vais m'en sortir avec ce truc. »

« Ouais ? » Le superviseur sembla soudain intéressé. « Elle veut un boulot ? »

Les yeux bleu pâle se levèrent vers lui. « Elle en a déjà un, mais merci de demander. » Andy  s'avança vers une chaise près d'un mur de la caravane et il s'assit en posant le dossier sur ses genoux. Ce qu'il avait là, réalisa-t-il après avoir étudié les papiers quelques minutes, était tout ce dont Dar et Kerry avaient parlé d'installer sur leur navire. Alors c'était un pari sûr de dire que les deux personnes qui travaillaient contre ses gamines avaient fait leur propre liste, et c'était exactement ce qu'il avait. « Avant tout. » Il leva les yeux vers le superviseur. « Il vaudrait mieux que je fasse des copies pour pouvoir écrire dessus. »

« C'est juste là. » Brady, le caissier costaud pointa un mur en placo sans même lever les yeux.

Andrew se releva et fit le tour du mur pour y trouver une photocopieuse. Avec un grognement satisfait, il posa le tas de papiers sur la vitre, et il appuya d'abord sur la touche 2 avant de lancer la copie.

Le superviseur passa la tête par l'embrasure. « Ecoute, je t'ai libéré un coin de table là-bas – tu peux l'utiliser pour travailler, okay ? »

« Très bien. »

« Génial ! » L'homme disparut, laissant Andy observer la photocopieuse faire son boulot. Il se balança sur ses talons une fois ou deux en sifflotant doucement dans sa barbe, jusqu'à ce qu'il entende la porte claquer.

« Où est donc encore passé ce connard ? » S'exaspéra une voix de femme.

Andy haussa les sourcils quand il reconnut l'une des deux cibles qu'il avait entendues la veille.

« Pardon ? » Demanda Brady d'un ton ennuyé. « Vous devrez être plus précise, madame. Il y a pas mal de connards par ici. »

« Hé. » Ricana Andy doucement. « Si ça ce n'est pas la fichue vérité. »

« Ne jouez pas à ça avec moi... ah, vous êtes là. Où est notre équipement ? »

Il y eu un raclement, puis un bruit de coup quand la porte des toilettes de la caravane se referma, et des pas lourds se firent entendre sur le sol. « On travaille dessus, madame. J'ai mis mon meilleur gars pour trier les livraisons. »

Les yeux d'Andy scintillèrent d'amusement et il secoua la tête. « Seigneur. »

« Ça ne m'aide pas. J'ai besoin de savoir ce qui est là et ce qui ne l'est pas. » Cingla la voix en retour. « Nous n'avons pas de temps à perdre avec votre stupidité. »

Andrew prit sa pile de papiers copiés et les arrangea en deux piles. Il leva les yeux quand le superviseur s'avança au coin du mur. « On dirait bien que quelqu'un s'est fait piquer les fesses par une abeille. » Dit-il doucement d'une voix trainante.

« Seigneur. » Le superviseur leva les yeux au ciel. « Tu penses que tu peux me faire une liste avec tout ça ? »

« Ouaip. » Dit Andy. « Dans une heure environ. »

« Bien. » L'homme s'esquiva en reculant. « Madame, on aura quelque chose pour vous dans une heure. Nous venons juste de recevoir les factures. »

« Vous avez plutôt intérêt, ou alors votre compagnie devra m'expliquer pourquoi vous ne pouvez même pas vous occuper correctement de ces camions de livraisons. » La voix s'atténua puis disparut, et la porte extérieure se referma dans un claquement.

« Quelle garce. » Grogna Brady. «  Elle aurait bien besoin de se faire remettre les pendules à l'heure. »

« Tu peux la prendre, ce n'est pas mon genre. » Le superviseur sortit lui aussi, fermant la porte bien plus gentiment derrière lui.

Andy s'approcha de la petite fenêtre pour jeter un oeil à l'extérieur, et il repéra la silhouette trapue de la plus grande femme qui sortait de la caravane. Il la regarda disparaître à l'intérieur du bâtiment principal du port, puis il se replongea dans son travail, il attrapa les différents tas de feuilles et revint dans la pièce principale.

Les autres hommes dans la pièce levèrent les yeux vers lui avant de retourner à leurs propres tâches quand il prit un siège à une extrémité de la longue table de travail. Il déposa ses papiers et ramassa un crayon qui trainait sur la table, puis il examina pensivement la première page.

Quand Dar avait montré un intérêt pour l'informatique, il avait mis un point d'honneur à se renseigner et lire tout ce qui lui passait sous la main sur ce truc dont elle avait décidé de faire sa vie. La plupart n'était pas si différent de toutes ces choses qu'il avait déjà eu l'occasion de rencontrer dans la Navy, mais avec son propre langage.

Depuis qu'il était à la retraite, il en avait profité pour creuser un peu plus profondément le sujet, et il estimait qu'il en était arrivé à un point où il pouvait avoir une conversation un tant soit peu soutenue avec sa fille là-dessus. Alors quand il jeta un œil à toutes ces pages de pièces, au moins les noms et les descriptions lui étaient quelque peu familiers.

C'était un peu comme si quelqu'un les avait expédiés au petit bonheur la chance. Andy se gratta la tête et fronça les sourcils. Il connaissait les noms, mais il devait admettre que les fonctions de chacun de ces bidules étaient un peu brumeuses, et il n'avait en fait aucun moyen de savoir si telle partie allait avec la suivante, sauf peut-être en devinant.

Bon sang.

« Bon. » Avec un geste de la tête il commença à trier les pièces par fabricant, en se disant que s'il pouvait au moins rassembler celles qui venaient du même endroit, ça pouvait être un début.

« C'est un beau bordel, hein ? » Dit Brady en levant les yeux vers lui. « Ceux qui ont expédié ça sont vraiment des idiots. »

« Ouaip. » Andy gribouilla quelques notes. « Une vraie plaie, ça c'est sûr. Je sais pas à quoi pensaient ces mecs. »

Brady se leva et observa par-dessus son épaule. « Ils ne pensaient pas. » Commenta-t-il brièvement. « Vous y comprenez quelque chose à ces trucs ? J'pensais que vous étiez qu'un manutentionnaire. »

« J'ai fait quelques boulots. » Répondit Andy. « J'ai passé trente ans dans la Navy, j'ai bien  fini par apprendre quelques trucs. »

« Wow. » L'attitude de Brady changea brusquement. « Vraiment ? Vous étiez sur les navires ? »

Les yeux bleu pâle l'observèrent rapidement. « C'est ce qu'on fait dans la Navy. » Répondit-il. « Mais j'vais vous dire que'que chose, si quelqu'un es aussi désorganisé sur un transporteur, il finit par être jeté par-dessus bord ou renvoyé à terre avant même d'avoir eu le temps de dire 'ouf'. »

« Ouais. » Le caissier acquiesça. « Ils ne semblent même pas savoir ce qu'ils font, non ? Comme si tout le monde faisait son propre truc et que personne ne se consultait. Et ensuite ce genre de garce débarque et se comporte comme si tout lui appartenait. »

« C'est ce que pensait cette femme. » Andy hocha la tête. « C'est pas une façon de faire les choses. »

« Ouais. » Dit de nouveau Brady. « Peut-être qu'on pourrait arrêter de se mettre au garde à vous quand elle aboie. Comme ça elle arrêtera. »

« On pourrait. » Acquiesça doucement l'ex-marin. « Tu peux être certain que je ne la saluerai pas, ça c'est sûr. »

Brady se redressa et se dirigea vers l'autre table pour se pencher vers deux hommes assis là en train de travailler. Andy lui jeta un coup d'œil, puis il pencha de nouveau la tête avec un sourire en continuant son tri.

* * * * *

Dar  poussa la porte du centre des Opérations d'un grand mouvement du bras, cognant presque un des techniciens en chemin. « Désolée. »

Le technicien s'écarta rapidement de son chemin et bégaya une excuse, puis il la contourna quand elle s'avança dans la pièce. Dar passa le bureau du MIS et se dirigea vers le bureau de Mark, où elle pouvait d'ors et déjà entendre des voix fortes engagées dans une conversation animée. « Hé. »

Mark releva rapidement la tête quand elle entra. « Oh… hé chef. » L'accueillit-il. « Regarde ça ! »

Dar fit obligeamment le tour du bureau et se concentra sur la petite boîte grise qui trônait dessus. « Je regarde. Qu'est-ce que c'est ? »

Mark se tourna et afficha une carte de circuit. « Une unité intégrée. Je l’ai branchée sur notre port supplémentaire du projecteur en bas et voilà le résultat. » Il fit glisser un petit panneau sur le côté. « Un téléphone portable. »

Dar observa attentivement. « Tu déconnes ? »

« Non. » Dit Mark. « Ils ont composé le numéro et ils l'ont activé – ça a envoyé le ver dans la liaison, avant de le refaire passer ensuite dans le port de réseau. Si Kerry ne l'avait pas trouvé... Seigneur. »

Dar attrapa l'objet et l'observa de près. « Bon Dieu. »

« Ouais. »

« C'est vraiment sophistiqué. » Dit l'assistant de Mark, le grand et maigre Peter. « J'ai vérifié sur le net la nuit dernière. On dirait... un truc du marché noir. »

« Mmh. » Dar hocha la tête. « Tout à fait. » Elle leva les yeux. « Alors, dîtes-moi pourquoi on n'a pas attrapé un méchant MAC dans le réseau ? »

Peter glissa ses mains dans ses poches. Mark s'éclaircit la gorge.

« Vous voulez bien nous excuser, s'il vous plait ? » Dar regarda Peter. « Et fermez la porte en sortant. »

L'homme s'échappa avec soulagement, il ferma la porte derrière lui, les laissant seuls dans le bureau.

Mark lui lança un regard qui aurait pu venir de Chino, quand elle était prise en train de voler des gâteaux dans le placard. « Ce n'est pas une excuse. » Temporisa-t-il. « Mais ce fichu projecteur... on a dû le réparer au moins six fois dans les quatre dernières semaines. »

« Et ? »

« Alors le gars m'a dit la dernière fois qu'il pensait que c'était le blocage du MAC qui le faisait déconner. » Admit Mark.

« Donc vous l'avez éteint. »

« Pour ce port, oui. » Admit le chef de la Sécurité. « Ça a résolu le problème. »

Dar croisa les bras, puis elle marcha jusqu'à la fenêtre du bureau de Mark et regarda à l'extérieur. « C'est une brèche dans notre politique de sécurité. » Fit-elle remarquer doucement, en gardant le regard fixé vers l'extérieur quand aucune réponse ne vint derrière elle. « Et Kerry s'en veut de ne pas avoir demandé de vérification, et le fait est que la pièce a été délibérément laissée grande ouverte. »

Mark bougea dans sa chaise, le cuir grinçant légèrement. « Tu... veux ma démission. » Demanda-t-il d'une voix sombre. « C'est de ma faute, Dar. J'ai enlevé la sécurité de ce port, ce n'est pas un de mes gars. »

Dar observa un petit bateau qui traversait l'eau. « Pour le moment je m'intéresse plus à qui savait ce que vous avez fait qu'à toi ou au technicien qui s'est occupé du projecteur. »

Mark garda le silence pendant quelques instants supplémentaires. « Je ne sais pas, chef. Je ne l'ai dit à personne ici. »

Dar se tourna et s'appuya contre la fenêtre. « Donc – soit quelqu'un ici a vu le changement et a été acheté.... soit on a un problème avec un fournisseur, parce que celui qui a fait ça... » Elle montra l'appareil. « Le savait très certainement. »

Mark se détendit légèrement. « Tu penses que c'est un de ces crétins de Telegenics, c'est ça ? »

Vraiment ? C'était tentant. Ils étaient dans la salle, c'était dans la salle, et sans aucun doute, ils avaient un motif. Et pourtant... « C'est plus technique que ce dont est capable Shari, et bon sang, je pense que Michelle a trop d'éthique pour ça. »

« Hmm. »

« Mais on ne sait jamais. On va commencer la chasse. » Décida Dar. Elle se dirigea vers la porte, s'arrêtant au moment où elle l'atteignait, et elle se retourna. « Non, je ne veux pas ta fichue démission. J'ai merdé, Kerry a merdé, tu as merdé... c'est comme ça. On a épuisé notre quota de connerie. Plus d'erreur à partir de maintenant. »

Elle sortit et ferma la porte derrière elle, laissant un Mark légèrement assommé s'asseoir en silence à son bureau. Après un moment la porte se rouvrit et Peter passa prudemment la tête par l'entrebâillement. « Tu vas bien ? »

« Ouais. » Mark relâcha finalement sa respiration qu'il avait jusque-là retenue. « Je pense. Elle est juste vraiment en colère. » Il haussa les sourcils. « Je crois. »

« Tu crois ? »

« Ouais. » Mark posa son menton sur son poing. « Mais je ne peux pas vraiment dire contre qui elle est le plus en colère, le farceur qui a collé ce truc sur le réseau, ou elle-même. »

Peter sembla confus, alors il retira sa tête et referma la porte, laissant Mark considérer la question tout seul.

* * * * *

« Kerry ? » Mayté passa la tête par l'entrebâillement de la porte. « J'ai un fax pour vous. »

Kerry leva les yeux de son tas de paperasserie, un sourcil blond haussé. « Chic. J'avais besoin d'un peu plus de papiers sur mon bureau. Apporte-le. »

Mayté traversa le bureau et posa l'épaisse liasse de papiers. « C'est à propos du port, mais je ne comprends pas ce que c'est exactement. »

Kerry jeta un œil à la couverture et vit une représentation un peu rudimentaire d'un sceau griffonné sur la page.  « Ah. » Elle mit de côté sa liste actuelle de commandes et attrapa la liasse. « Moi si, et bon sang, on sait d’où Dar tient son penchant pour le griffonnage. » Elle feuilleta les pages en se penchant en avant pour étudier les détails. « Ah. » Répéta-t-elle doucement. « Intéressant. »

« Kerry ? »

Kerry leva les yeux. « Désolée, Mayté... tu as besoin d'autre chose ? »

Son assistante étudia ses mains jointes, puis s'assit dans l’un des fauteuils visiteurs. « Est-ce que je peux vous poser une question un peu personnelle pour moi ? »

Oh oh. « Bien sûr. » Kerry mit le fax de côté et concentra son attention. « Qu'est-ce qui se passe ? »

« Est-ce... je suis désolée, c'est très embarrassant, mais... est-ce que vous avez su tout de suite que vous appréciiez la jefa ? »

Apprécier ? « Hmm... et bien, pas vraiment. » Répondit lentement Kerry. « Si... Mayté, est-ce que tu es en train de me demander quand est-ce que j'ai su que j'étais amoureuse de Dar ? »

Mayté devint rouge brique, malgré sa peau déjà bien bronzée. « Si. » Répondit-elle dans un chuchotement.

« Bon, ça c'est une question difficile. » Kerry fronça les sourcils. « Parce qu’on s'est rencontrées dans des circonstances tellement bizarres... avec le travail et tout ça. Mais... tu sais, je vais te dire un truc. J'ai senti quelque chose ici... » Kerry toucha sa poitrine. « A partir du moment où j'ai posé les yeux sur elle. Je ne savais simplement pas ce que c'était pendant quelques temps. »

Mayté hocha doucement la tête. « Ça paraît sensé. »

« Est-ce que tu... mmh... » La femme blonde hésita. « Est-ce que tu es intéressée par quelqu'un ? » Demanda-t-elle finalement, un peu maladroitement, juste avant qu'elles lèvent toutes les deux les yeux quand la porte  intérieure du bureau de Kerry s'ouvrit et que Dar entra.

Les yeux bleus passèrent d'une femme à l'autre, et Dar s'arrêta. « Désolée. Je ne voulais pas vous interrompre. » Dit-elle en revenant sur ses pas.

« Non, non... j'allais justement partir. » Mayté se releva d'un bond et sortit presque en courant, fermant rapidement la porte derrière elle.

Dar observa la porte puis revint vers Kerry. Elle haussa les sourcils.

« J’hallucine. »Kerry secoua la tête. « Elle me demandait juste comment savoir quand on est amoureux. »

« Mmh mmh. » Dar avança de nouveau. « Quelqu'un lui a tapé dans l'œil ? Maria ne m'a rien dit en tout cas. »

« Je pense bien que oui. » Kerry poussa le fax vers elle. « Regarde ce que Papa a envoyé... et est-ce que tu as parlé à Mark ? Il m'a fait un débriefing sur le truc qu'il a trouvé... sainte vache, Dar. »

Dar feuilleta les pages, puis leva les yeux vers Kerry. « Qu'est-ce que tu lui as dit ? »

Deux yeux vers clignèrent de confusion. « Hein ? Qu'est-ce que j'ai dit à qui ? »

« Mayté. »

« A propos de quoi ? »

Dar jeta un coup d'œil vers la fenêtre. « A propos de savoir quand on est amoureux. » Elle baissa les yeux vers Kerry, avec un sourire légèrement décontenancé. « Ou est-ce que j'ai interrompu cette partie ? »

« Oh. » Kerry se pencha en arrière dans son fauteuil. « Ouais, je crois bien que tu as interrompu. » Considéra-t-elle en tapotant ses pouces l'un contre l'autre. « C'est probablement un bonne chose... Je ne pense pas que la description des battements accélérés de mon cœur et de mes paumes transpirantes puisse aider en quoi que ce soit nos rapports professionnels. »

« Probablement pas. » Dar lui sourit.

« Je lui ai quand même dit que je l'ai su à la seconde où je t'ai rencontrée. » Kerry lui sourit en retour. « Je ne suis pas sûre de savoir pourquoi elle est sortie en courant comme ça cependant. » Elle étouffa un bâillement. « Est-ce que j'ai dit quelque chose qu'il ne fallait pas ? »

Dar s'installa sur le bord du bureau de Kerry, et la regarda avec une petite expression amusée.

« Arrête ça. » Kerry la frappa sur la jambe. « Ne recommence pas avec cette histoire de béguin, Dar. La dernière chose sur terre qu'elle me demanderait si elle avait vraiment un béguin serait cette question. Pas vrai ? »

La grande femme haussa une épaule.

Kerry fit la grimace. « Tu crois vraiment ? »

« Oui. » Répondit Dar. « Mais je ne pense pas que tu aies vraiment besoin de t'en inquiéter – elle sait que tu es prise. »

Maintenant ce fut aux yeux de Kerry de scintiller. « Ça c'est sûr. » Elle appuya sa tête contre le cuir de son fauteuil. « J'attends le cours de ce soir avec impatience... tu pourras sortir de ta réunion à temps ? »

Dar avait assez étudié le fax. Elle le laissa tomber sur le bureau de Kerry et se redressa. « Ouaip. » Elle montra les papiers. « Je ne sais pas trop ce que ça veut dire, mis à part qu’ils sont en train d’acheter le matériel standard. Mais c'est gentil de la part de papa de nous l'avoir envoyé. Je me demande comment il a eu ça ? »

« Ouais. » Kerry se tapota les pouces. « Au moins je sais qu'on paye moins qu'eux. La taille doit compter pour quelque chose, hein ? » Elle poussa le fax du bout de l'index. « Qu'est-ce que tu penses de ce truc que Mark a trouvé ? »

Dar s'était postée devant la fenêtre et observait l'extérieur. « Astucieux. »

Kerry attendit, mais Dar ne lui offrit rien de plus sur ce sujet. « Okay. » Elle se pencha en avant et étudia son courrier, reconnaissant une rebuffade quand elle en voyait une. « Je pense que je vais laisser ça à ton estimation. La mienne est occupée. » Elle baissa la tête et se concentra sur l'écran, en essayant de ne pas devenir hyper-consciente de la silhouette derrière elle.

Elle savait que Dar la regardait cependant. Elle pouvait le sentir, sentir l'impact de ces yeux bleus sur l'arrière de sa tête avant même qu'elle n'entende le léger frottement de tissu quand Dar se retourna. Elle entendit le frottement des pas contre la moquette, et contre sa volonté, elle se rendit compte qu'elle faisait de gros efforts pour savoir s'ils s'approchaient ou s'ils s'éloignaient.

« Je ne sais vraiment pas quoi penser. » La voix de Dar sembla bien trop forte dans le bureau.

Kerry continua à taper sur son clavier. « Et bien, je suis sûre que tu vas pouvoir le gérer. »

Dar reprit sa place sur le bord du bureau de Kerry, rendant très difficile de l'ignorer. Kerry essaya, mais après un moment, elle sentit un coup de coude contre son épaule, et elle pouvait soit lever les yeux, ou alors laisser escalader ses sentiments jusqu'à l'affrontement.

Est-ce qu'elle voulait se battre ? Kerry pivota un petit peu et posa son menton sur son poing en levant les yeux vers sa compagne. Elle n'avait jamais vraiment voulu se battre, c'était juste que parfois leurs différences les poussaient dans des directions opposées jusqu'à ce que ça clashe. « Ouiii ? »

« Est-ce que j'ai été une garce ? » Demanda Dar.

Kerry haussa une épaule.

« Je n'essayais pas d'en être une. » Admit la femme brune. « Ce truc que Mark a trouvé m'a perturbée. »

« Pourquoi ? »

Le téléphone de Kerry sonna, et elle lui lança un regard méchant. Elle appuya sur le bouton de l'interphone. « Mayté, tu peux t'occuper de ça s'il te plait ? Je suis au milieu d'une réunion importante là. »

« Si, bien sûr. » Répondit promptement Mayté, avant de raccrocher.

Kerry retourna son attention vers sa compagne. « Qu'est-ce qui te perturbe, chérie ? Ce n'était pas ce à quoi tu t'attendais ? Mark m'a montré les détails... ça à l'air plutôt sophistiqué. »

Dar soupira. « C'est assez sophistiqué. » Admit-elle en passant ses doigts dans ses cheveux d'un geste distrait. « Ker, je sais que tu penses que ça vient de Shari et Michelle, mais je... »

« Tu ne le crois pas ? Vraiment ? Voyons Dar... qui d'autre aurait pu faire ça ? » Kerry faillit rire. « Je veux dire, soyons réalistes. Nos pires ennemies étaient là dans notre bâtiment, je les ai laissées sans surveillance pendant plus d'une demi-heure, et quelques jours plus tard on se retrouve frappé par un problème interne. » Elle posa sa main sur la jambe de Dar. « Chérie. »

Sa compagne soupira. « Maintenant tu sais pourquoi je n'avais pas envie d’en parler. » Elle se leva et se dirigea vers son propre bureau en secouant la tête. « Oublie. Ouais, c'était probablement elles. »

« M... » Kerry se leva et lui courut après. « Dar ! Attends une minute... » Elle la rattrapa au niveau de la porte intérieure, et lui attrapa gentiment le bras. « Hé... hé... hé... »

Dar s'arrêta, mais elle fit une pause imperceptible avant de se retourner, et quand elle le fit, son expression était renfrognée. « Quoi ? »

Au fur et à mesure que leur relation avait progressée, Kerry avait appris petit à petit ce qui marchait avec Dar et ce qui ne marchait pas. Elle n'avait aucune idée de ce qui n'allait pas avec elle, mais elle en savait assez pour savoir que tenter de l'apaiser serait totalement inutile. « Okay. »

« Okay quoi ? » Répéta Dar, mais d'un ton légèrement différent.

« Okay, on a déjà eu toutes les deux nos règles ce mois-ci, et ce n'est pas la pleine lune. Alors sortons de ce bureau et allons déjeuner. » Dit Kerry. « Quelque part dehors. »

Dar hésita, puis elle plissa le nez et fit claquer sa langue. « Je suis vraiment de mauvaise humeur. Tu n'as pas envie de déjeuner avec moi. Peut-être que je devrais descednre au coin de la rue et me prendre un hot-dog. » Dit-elle. « Tu es la dernière personne avec qui je veux me disputer. »

Kerry la cogna gentiment. « Allez. » Répondit-elle avec douceur. « On parlera du nouvel aquarium. » Elle leva les yeux vers ceux de Dar et observa les lignes fortes du visage de sa compagne se détendre comme si les nuages de la tempête étaient en train de s'éloigner. « Je suis désolée si je t'ai mise en colère... ce n'était pas mon intention. »

Dar fit la grimace, mais c'était l'une desces plus engageantes. « C'est bon. Je ne voulais pas être aussi susceptible ce matin. » Elle se rappocha et prit une grande inspiration alors que son corps se détendait. « Le déjeuner me tente. Tu peux essayer de me convaincre à propos de ces petits crabes en boîte. » Elle donna un petit coup à Kerry sur son côté. « Laisse moi le temps d'aller éteindre mon ordinateur, et on peut y aller. »

Kerry recula et la regarda partir, son corps se détendant après la tension qu'elle ressentait toujours les fois où elles étaient en désaccord. « Merci mon Dieu ça n'arrive pas souvent. » Elle se tourna et revint vers son bureau, appuyant sur le bouton de l'intercom au moment où elle s'assit. « Mayté ? Est-ce que c'était quelque chose de critique ? Rejoins-moi. »

Après un moment, la porte extérieure s'ouvrit et Mayté passa la tête à l'intérieur avant d'entrer pour se diriger vers le bureau de Kerry. « C'était Mr. José. Il a un gigantesque problème avec quelque chose à Los Angeles. » Elle lui tendit un morceau de papier avec quelques notes. « Jai écrit ce qu'il a dit, mais il voulait vous parler. »

Kerry relut les notes. « Et bien, il va devoir attendre jusqu'après le déjenuer. » Décida-t-elle. « Dar est de mauvaise humeur, et je dois travailler sur ça pour que ça s'arrange. Fais lui savoir que j'irai directement à son bureau dès que je reviens. »

Mayté lui fit un clin d'oeil. « Si. » Dit-elle doucement. « Je vais le faire. Et merci au fait, Kerry, pour votre conseil. Il est apprécié. »

« Sans problème. » Kerry sourit. « Bonne chance. »

Mayté lui sourit en retour, puis elle partit.

Kerry se pencha dans son fauteuil et étudia la porte qui se refermait. « Nan. » Elle secoua la tête. « Ce n'est pas moi. » Avec un petit claquement elle referma son ordinateur portable, et se mit en route pour batailler avec les poissons.

* * * * *

« Oh merde ! »

C'est comme si quelque chose avait explosé contre sa tête. A un moment elle lançait un coup de pied défensif, et l'instant suivant le monde sembla tourner autour d'elle et le sol se rapprocha bien trop vite, dans un très mauvais angle.

« Ker ! » Dar baissa ses mains et bondit, esquivant le bras de son partenaire de combat surpris. Le corps de Kerry avait à peine touché le tatami qu'elle était déjà tombé sur un genou à ses côtés, la main tendue vers le bras que Kerry avait enroulée autour de sa tête.

« Seigneur ! Je suis vraiment désolé ! » Le partenaire d'entraînement de boxe de Kerry s'agenouilla également, l'air mortifié. « Je ne voulais pas te frapper comme ça ! »

« Ow... ce n'est pas ta faute. » Dit difficilement Kerry. « Je l'ai cherché... ooh... ça fait mal. » Elle roula à moitié sur le côté, reconnaissant les bras qui se refermaient autour d'elle. « Je suis habituée à quelqu'un de plus grand. »

« Doucement. » Dar éloigna sa main. « Laisse-moi voir. »

« Aah... Dr. Dar. » Kerry tourna la tête doucement, son visage seulement à moitié visible sous son équipement de mousse protecteur. « Je pense que sa botte... »

« A atterri directement dans ton oeil. » Grimaça Dar.

Plusieurs autres élèves s'étaient rassemblés autour d'eux, avec des expressions concernées. Le professeur s'approcha et s'accroupit à leur côté en fronçant les sourcils. « Qu'est-ce qui s'est passé ? »

Dar retira doucement le casque protecteur et  poussa les mèches blondes mouillées de sueur de Kerry pour révéler un gonflement rouge écarlate qui commençait juste au dessus de son sourcil droit et qui s'étendait de son oeil jusqu'à sa pommette. L'oeil lui-même était à moitié fermé, des larmes s'échappant du coin intérieur. « Oh bon sang. »

Kerry tendit la main mais la laissa retomber quand Dar prit doucement son visage entre ses mains. « On était en train de travailler ce nouveau coup de pied circulaire et je me suis tournée du mauvais côté. » Dit-elle. « Aïe. »

« Ca va marquer. » Dit l'un des élèves d'une voix compatissante. « Tu devrais mettre de la glace dessus. »

« Ouais. » Acquiesça l'instructeur. « Je pense aussi que tu devrais. » Il jeta un oeil à travers la salle de classe. « On en a fini de toutes façons, j'étais sur le point de lancer les combats. »

« Moi aussi » Répondit Dar promptement. « Viens, Ker. »

Ne voulant pas vraiment être soulevée et portée, Kerry roula lentement sur le côté avant de réunir ses genoux sous elle. Elle était contente que la main de Dar la tienne cependant, parce que quand elle essaya d'ouvrir son oeil, les larmes brûlantes lui firent très vite fermer la paupière de nouveau.

Ca faisait un mal de chien. Elle se releva, avec les mains de Dar fermement posées sur son poignet et sur son épaule, et elle resta là un moment pour retrouver son équilibre. « Seigneur, ça fait horriblement mal. »

Dar émit un petit bruit que Kerry reconnut immédiatement. Elle prit une profonde inspiration et elle se redressa, en donnant un petit coup à sa compagne. « Okay, donne-moi une seconde pour reprendre mon souffle et on pourra allez jusqu'à la glacière. »

« Je pense qu'on devrait faire un détour. » Dit Dar en penchant la tête de Kerry vers la lumière pour examiner la contusion qui se formait. « J'aimerais que le Dr. Steve jette un coup d'oeil à ça. »

« Dar... »

« C'est une très bonne idée. » Intervint Don, leur instructeur. « Je pense que Dar a raison. Vous devriez y aller, également parce que ça m'inquiète que quelqu'un puisse se blesser dans ma classe. »

« Seigneur, je suis tellement désolé. » Répéta le partenaire de combat de Kerry. « Kerry, je ne crois pas que tu te sois trompée de côté. Je  pense que c'est moi. Je devais aller à droite. »

Kerry sentit un mal de tête arriver, et son oeil la lançait douloureusement maintenant. Elle ne voulait pas aller voir le docteur, mais elle ne voulait pas non plus rester ici à se disputer. « Okay. » Dit-elle. « Allons-y. » Elle laissa Dar la guider jusqu'aux vestiaires, et elle s'assit calmement tandis que sa compagne délaçait ses gants et les lui enlevait.

« Ca va faire mal. » Murmura Dar. « Connard. »

« Il ne l'a pas fait exprès, chérie. » Kerry sentit que son mal de tête empirait, et elle ne protesta pas quand Dar la prit par les épaules  et la remit debout pour pouvoir lui enlever son équipement. « Je vais avoir un oeil au beurre noir, pas vrai ? »

Dar prit son visage au creux de ses mains. « Oh oui. » L'informa-t-elle à regret. « Tu peux ouvrir ton oeil ? » Elle observa attentivement tandis qu'un éclat de blanc injecté de sang et un peu de vert apparurent. « Tu y vois ? »

Kerry ferma l'autre oeil et cligna plusieurs fois, puis elle hocha la tête. « Ouais, ça fait juste mal. » Elle rassura Dar. « Je pense que j'ai besoin de compresses froides. » Elle fit une pause. « Ou peut-être carrément le remède de grand-mère... un bon morceau d'escalope congelée. »

Dar laissa échapper un petit rire. « Je crois que c'est sensé être de l'aloyau cru. » Elle rangea l'équipement de Kerry dans son casier, et lui tendit un tee-shirt. « Enfile ça. Laisse-moi juste le temps d'enlever tout ça. »

Kerry glissa le tee-shirt au-dessus de sa tête pendant que Dar se débarassait de son équipement et qu'elle enlevait son haut trempé de sueur pour passer un débardeur gris par dessus son soutien-gorge de sport. « Hé, Dar ? »

Dar se retourna pour lui faire face. « Hmm ? »

« Tu es vraiment sexy quand tu es toute transpirante. Comment tu fais ça ? »

Sa compagne regarda autour d'elle puis de nouveau vers elle. « Tu essayes de me distraire pour qu'on n’aille pas chez le docteur ? »

« Moi ? » Kerry ajusta son tee-shirt sur ses épaules. « Est-ce que je ferais un truc comme ça ? Non. Je faisais juste une observation. » Elle suivit tranquillement Dar en dehors du vestiaire, en accrochant ses doigts à la ceinture des shorts de Dar, alors que son mal de tête s'intensifiait.

Peut-être qu'une visite chez le docteur n'était pas une si mauvaise idée après tout.

* * * * *

A suivre.

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Commentaires
F
Je sais... ça fait presque un an. Nous espérons tous que Gaby n'a rien de trop méchant qui l'empêche de faire la suite. Bon mois d'août à tout le monde :-)
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F
Mais Gaby va se mettre àla reconnaissance vocale :-)
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K
Pas de suite traduite encore malheureusement.
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E
Bsr, <br /> <br /> <br /> <br /> La suite de l’histoire n’est pas traduite ? Si oui, ou puis je la trouver ? <br /> <br /> <br /> <br /> Merci
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G
Salut, pourrais-je savoir combien reste-il de parties et chapitres ? Merci!
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